Comment pouvons-nous aider cette dame?

Haïti: Le triomphe de la persévérance


Mérana François est l'une des
bachelières handicapées qui a pu réussir aux examens de la session
ordinnaire du baccalauréat 2009 deuxième partie. Cette jeune dame au
teint clair, qui fait partie de la faune de nos beautés nationales, a
connu des déboires dans sa vie, à cause de sa cécité. Cependant, sa
réussite au bac lui permet de rêver de franchir d'autres étapes.

Agée de 35 ans et mère d'une petite fille de 7 ans appelée Ganaëlle,
Mérana vient de franchir une nouvelle étape dans sa vie en dépit de sa
cécité.

Elle est devenue aveugle de manière graduelle, selon son médecin.
Mérana souffre d'une dégénérescence maculaire. Mérana a connu des
moments amers dans sa vie, à cause de sa cécité. En 1992, pour la
première fois, Mérana se rendait aux examens du baccalauréat de la
première partie et, arrivée dans la salle d'examen, feuille en main,
elle ne pouvait ni lire ni écrite. Malheureuse, impuissante, elle s'en
alla désolée. Ensuite son copin lui avait promis de lutter à ses côtés.
Ayant constaté que la visibilité de Mérana se détériorait peu après son
accouchement, il l'a laissé tomber.

Toujours courageuse, Mérana a appris dans la difficulté la jardinière.
Elle s'est mise à travailler et, soudain, elle a perdu sa vue. Alors,
elle ne pouvait plus exercer la profession de jardinière. Heureusement,
nous a-t-elle dit, « j'ai entendu parler de la Société Haïtienne d'Aide
aux Aveugles (SHAA) à laquelle je me suis intégrée avec des personnes
comme Muller Lundy et Eliphète Myrthil qui m'ont aidé à apprendre le
braille et la dactylographie».

En octobre 2007, Mérana est inscrite au baccalauréat permanent de la
première partie qui a eu lieu en décembre de la même année. Sitôt ses
proches parents informés de cette initiative, ils l'ont chahutée (en
disant Mérana tu vas perdre ton temps), se souvient-elle. Mais, têtue
comme une mule, elle a poursuivi son petit bonhomme de chemin.
Malheureusement, elle n'a pas réussi en décembre 2007. Par contre, en
mars 2008, cette fois-ci elle a pu réussir au bac I. Ses proches
parents tombaient des nues, a-t-elle martelé. En septembre 2008, la
Commission d'adaptation scolaire et appui social (CASAS) l'aide à
intégrer le Lycée Anténor Firmin pour la philo.

«J'ai passé dix mois en compagnie de mes camarades de classe qui m'ont
beaucoup aidée, raconte-t-elle. Ma fille Ganaëlle a lu mes notes de
sciences sociales et de philosophie que j'ai enregistrées sur radio
cassette, pour que je puisse étudier. Ainsi, grâce à Dieu, j'ai pu
réussir dès juin la philo. C'est pour moi une victoire, je la dédie à
ma fille Ganaëlle. Elle a beaucoup souffert avec moi dans mes jours
difficiles. Si, aujourd'hui, j'ai gagné une manche, je vais lutter pour
en gagner d'autres. Je compte m'inscrire à la faculté des Sciences
humaines pour étudier le service social. Le cas échéant, je
m'intéresserai aux sciences de l'éducation. Je m'efforcerai de marcher
toute seule dans les rues, car je n'accepterai pas de rater un cours,
si je ne trouvais pas quelqu'un pour m'accompagner.»

Ronald Montès

Félicitation à cette dame. On se rend compte quel chance nous avons d'avoir nos deux yeux. Parfois on se plaint même d'une myopie quand certains se taisent et ils ont pire