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Le Groupe de Rio et le cas Haïti

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Le Groupe de Rio et le cas Haïti Empty Le Groupe de Rio et le cas Haïti

Message  gwotoro Sam 10 Mar 2007 - 11:48

Le Groupe de Rio et le cas Haïti

Par Sabine Manigat
sabine.manigat@lematinhaiti.com

Un article commentant les travaux du Groupe de Río rapportait que « Le principal thème des discussions a porté sur la situation en Haïti, où le regain de violence menace la mission de stabilisation de l’Onu (Minustah)… Les signataires se sont engagés à accélérer la libération des aides financières promises ». C’était en novembre 2004, et il s’agissait du dix-huitième sommet de cette entité qui s’est tenu à Río de Janeiro (Le Figaro, 9 novembre 2004). Près de deux ans et demi et deux exercices électoraux plus tard il semblerait que le Groupe a bien du mal à changer de discours puisque son président du moment, le chef d’État dominicain Leonel Fernandez, déclare encore en ce mois de mars 2007 que « on a noté en Haïti une tendance à l’augmentation de la violence et pour cela nous appuyons la présence de la Minustah ». On peut convenir que la question de la violence mafieuse en Haïti n’est pas réglée malgré des opérations spectaculaires et répétées de la mission onusienne. On peut aussi, à l’instar du représentant de la Chine au conseil de Sécurité de l'Onu, discuter de la priorité relative à accorder aux différents dossiers du cas haïtien : Sécurité, reconstruction économique, consolidation des institutions et de la gouvernance. À cet égard il est vrai que la déclaration de Georgetown sur Haïti indique également que « La communauté internationale n’a pas été suffisamment rapide dans le support à fournir pour répondre aux problèmes du pays » (Le Matin du 5 mars).

On retrouve ici sans surprise la position exprimée par le groupe latino-américain au sein de l’ONU lors du vote de la résolution 1743. Il importe davantage de relever que cette coïncidence naturelle indique non seulement l’importance du thème haïtien pour les pays de la région mais aussi, à mon avis, l’importance du « cas Haïti » pour la politique et la diplomatie régionales. Au fil des années depuis la création du Groupe en 1986 s’est consolidée une position des principaux pays de la région qui ont dans leur sillage rallié une majorité d’États latino-américains. Face aux États-Unis d’Amérique d’abord, face au monde aujourd’hui (y compris l’Union Européenne), l’Amérique latine pratique une politique de club sinon de bloc et défend des intérêts précis. Or Haïti fait partie de son « territoire » d’influence et représente donc des intérêts importants. On peut lire ces intérêts sous deux angles : celui d’une revendication de l’appartenance de notre pays à un espace distinct, déjà largement construit sinon totalement autonome du Nord ; et donc un pays à défendre. Celui aussi d’un cas-test de la capacité du groupe à jouer dans la cour des grands à l’heure des initiatives décisives qui conditionnent la situation de certains pays. Je parierais que les deux lectures – qui du reste ne s’excluent pas mutuellement – sont exactes à des degrés variables et pour des raisons diverses, pour la plupart des membres du Groupe. On en a déjà eu une démonstration lors des élections haïtiennes de février 2006. Là où le bas blesse, c’est que les moyens d’intervention du Groupe sont encore limités dans une large mesure à l’envoi de troupes car tout n’est pas résolu dans ces pays et l’intervention économique, l’aide au développement comme on l’appelle, requiert de moyens dont ils peuvent difficilement disposer.

Ceci dit la cohésion du groupe latino-américain dans les fora et espaces politiques internationaux est d’autant plus remarquable qu’elle se double d’avancées indéniables encore que relatives sur le plan économique. De leur côté les pays de la Caraïbe aussi ont progressé dans la construction d’un espace propre. La nouveauté la plus récente ce sont les articulations de plus en plus fortes observées entre ces deux entités sous- régionales. Par-delà l’instance formelle de l’OEA et sous la poussée de certains ténors comme le Venezuela et le Mexique l’espace du sous-continent du Mexique à la terre de Feu semble progresser plus rapidement qu’auparavant vers l’acquisition d’une personnalité propre face au nord du continent. Dans cette évolution et comme condition de sa consolidation, tout et tous sont importants.

Globalisation des intérêts, des échanges et des crises oblige, la différence, l’exception haïtienne, ne sont plus de mise. Or Haïti n’est pas un partenaire. Nous n’avons pas su nous construire comme tels. Premier pays indépendant de la sous-région Haïti est le moins bien intégré de tous à un sous-ensemble ou à un autre. Aujourd’hui il nous reste le rôle d’enjeu, de cas-test, de problème à gérer. C’est ce qu’en bon Espagnol le Groupe de Río a exprimé lors de son XIXe sommet. À noter que d’autres pays de la région constituent des motifs de divergences qu’il faut respecter pour la survie de l’unité : Cuba, par exemple, pour ne citer que le plus notoire. Mais on a dans ce cas affaire à un acteur de la région, et pas des moindres.

Enfin il convient de noter qu’il y a certainement dans le Groupe, comme c’est souvent le cas en politique, des positions communes servant des intérêts distincts. Tout le Groupe est d’accord pour que la Minustah soit maintenue « tout le temps nécessaire » en Haïti. Le temps nécessaire pour une normalisation selon les critères de la mondialisation ou, du moins, de la latino- américanisation. Toutefois sur fond de diagnostic convergeant concernant Haïti il n’est pas anodin d’observer l’emphase de la République dominicaine qui justement assure la présidence tournante de l’instance régionale. Il y a fort à parier que le Honduras par exemple ne joue pas avec la même mise que notre voisin, ou encore que le Brésil. L’essentiel et le drame dans tout cela est que le pays n’exprime aucune volonté ferme, jusqu’à présent, de sortir de la condition de cas pour devenir un acteur, pour lui-même et dans la région.

mercredi 7 mars 2007

gwotoro
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