Chef-d’œuvre !
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Chef-d’œuvre !
Chef-d’œuvre !
C’est un truisme de dire que nous sommes un peuple extraordinaire. En fait, un peuple assez spécial sur notre île magique. C’est notre petit coin de terre à nous, détaché en tout du reste du monde. On peut en user et en abuser. Au nom d’un certain droit dit souverain. Comme si tout était élastique et extensible à l’infini. Nous vivons tout dans le merveilleux et l’onirisme. Le futur, c’est hier. Le passé, c’est déjà demain. Ici, c’est le temps qui n’existe pas. On se la coule douce dans une insouciance toute primitive. Le chronographe qui enregistre les durées et marque la fuite du temps n’a pas été inventé pour nous. Il y a le temps haïtien et le temps humain réel. Nous avions inventé un monde dans le monde. Et, dans ce petit monde bien à nous, taillé sur mesure, c’est comme une fierté de susciter l’émerveillement chez le visiteur venu d’un autre monde. Notre palmarès est tellement impressionnant.
Peuple d’artistes et de braves. Ingénieux. Lors d’un certain passé, nous avions pu même vaincre la Grande Armée de Napoléon. Première république noire. Nous résistons aux intempéries. Nous construisons nos demeures n’importe où et n’importe comment. Nous défions toutes les lois humaines et naturelles, notamment celles de la pesanteur, de la résilience et de la tolérance face à l’intolérable. Unique PMA des Amériques, nous avons encore des ressources naturelles à dilapider et des trésors humains à sous-exploiter. Nos villes, ce sont des bidonvilles. Nos forêts ? Ce sont désormais des déserts sauvages en nette progression. Nos enfants de famille, nos jeunes, c’est aujourd’hui cette petite armée en guenilles et désœuvrée de nos rues. Nos dirigeants, des protecteurs ? Ce sont justement les loups du troupeau. N’est-ce pas extraordinaire pour un peuple d’avoir réalisé autant en si peu de temps d’existence ? De la perle mythique à la peau de chagrin, il faut le faire.
Il y a vraiment lieu d’en être fiers. Les générations gouvernantes actuelles ont poussé notre génie créateur si loin qu’elles réussissent souvent le tour de force de transformer les bisbilles de clans en motifs sérieux de conflits interminables très couteux pour la nation. La présente crise constitutionnelle en est un échantillon. L’apport des uns et des autres en fait une œuvre collective. Un vrai chef-d’œuvre d’artistes postmodernes. Ils sont autant beaux et élégants que l’œuvre elle-même.
Imaginez un René Préval qui n’avait, en tant que président, que cette révision constitutionnelle à offrir à l’histoire comme réalisation majeure. Une révision justement qu’il appelait de ses vœux inlassablement, et qui, reconnaissons-le, constitue une contribution majeure, et tout à son honneur, dans le processus d’institutionnalisation démocratique en Haïti. Imaginez ce même Préval qui, dans sa légèreté légendaire de chef d’État, a tout fait pour noyer son propre bébé durant ses dernières heures au palais national. A trop vouloir jouer avec le temps, notamment en l’instrumentant pour rendre ineffective toute dissidence et placer ses adversaires devant le fait accompli de ses blitz fatals; et pour avoir fait de la révision une affaire personnelle, il a publié, le 13 mai 2011, dans le journal officiel de la république, Le Moniteur, un texte soi-disant final qu’il semble n’avoir pas soumis à une relecture patiente et experte, truffé d’erreurs et d’incohérences, en plus d’être jugé non conforme au document adopté, le 9 mai, par le Parlement en Assemblée Nationale. Depuis, cette question de révision constitutionnelle, qui, en d’autres lieux, aurait constitué une formalité régulière, limpide et légitime, s’est muée en marécage infect. En mutant insensé, chacun y patauge, laid et indigne. Préval se tait alors qu’il a des comptes à rendre sur ce qui s’est réellement passé le 13 mai 2011 quand il devait transmettre le texte de la révision aux Presses Nationales. Certains silences relèvent souvent de complots mafieux. Les assemblées de sénateurs et de députés ne savent même plus quel texte correspond vraiment au document final qu’elles avaient adopté. Ceux, parmi les parlementaires, qui devraient nous dire la vérité, rien que la vérité, s’épuisent à semer le trouble dans nos esprits, à déparler, à se chercher des boucs émissaires et de fausses circonstances atténuantes pour excuser leurs forfaitures multiples. Dans tout cela, le président Martelly continue à trainer les pieds sur la question par de vraies fausses solutions. Il ne fait qu’embrouiller les choses depuis l’échec de la tentative de son camp visant à faire inclure, dans la révision constitutionnelle, le principe de deux mandats présidentiels consécutifs. Des voix crédibles lui prêtent même l’intention de dissoudre le Parlement et de vouloir une refonte complète de la Constitution de 1987 au travers d’une Assemblée constituante. Ruses. Manœuvres déloyales. Complots. Projets anti-démocratiques. Et ce chef-d’œuvre de crise constitutionnelle continue. Une simple révision constitutionnelle transformée outrageusement, et par enchantement, en crise d’État et en grand poker menteur. N’est-ce pas extraordinaire la force de la magie haïtienne et l’ingéniosité de nos politiciens prestidigitateurs? Même nos « experts » en droit constitutionnel sortent aussi des pigeons fabuleux de leurs chapeaux pour faire durer le spectacle.
Le cirque a trop duré. Nos pitreries aussi. Nous ne sommes pas aussi beaux et extraordinaires que nous pensons l’être dans le monde réel des gens normaux. Il nous faut la constitution amendée. L’institution du Conseil constitutionnel, et celle du Conseil supérieur du Pouvoir judiciaire, constituent des avancées démocratiques et institutionnelles majeures. L’une nous évitera les crises institutionnelles d’attributions et les cafouillages dans l’interprétation de la constitution. Avec l’autre, le Pouvoir judiciaire cessera d’être le vassal de l’Exécutif. Ces innovations ne sauraient attendre encore cinq ans avant de devenir opérantes. Elles sont nécessaires aujourd’hui plus qu’hier.
Le vrai chef-d’œuvre, en fait, ce sera une Haïti bien gouvernée, expurgée de ses faux artistes, forgeurs de fausses œuvres et de vraies crises d’État.
Daly Valet
C’est un truisme de dire que nous sommes un peuple extraordinaire. En fait, un peuple assez spécial sur notre île magique. C’est notre petit coin de terre à nous, détaché en tout du reste du monde. On peut en user et en abuser. Au nom d’un certain droit dit souverain. Comme si tout était élastique et extensible à l’infini. Nous vivons tout dans le merveilleux et l’onirisme. Le futur, c’est hier. Le passé, c’est déjà demain. Ici, c’est le temps qui n’existe pas. On se la coule douce dans une insouciance toute primitive. Le chronographe qui enregistre les durées et marque la fuite du temps n’a pas été inventé pour nous. Il y a le temps haïtien et le temps humain réel. Nous avions inventé un monde dans le monde. Et, dans ce petit monde bien à nous, taillé sur mesure, c’est comme une fierté de susciter l’émerveillement chez le visiteur venu d’un autre monde. Notre palmarès est tellement impressionnant.
Peuple d’artistes et de braves. Ingénieux. Lors d’un certain passé, nous avions pu même vaincre la Grande Armée de Napoléon. Première république noire. Nous résistons aux intempéries. Nous construisons nos demeures n’importe où et n’importe comment. Nous défions toutes les lois humaines et naturelles, notamment celles de la pesanteur, de la résilience et de la tolérance face à l’intolérable. Unique PMA des Amériques, nous avons encore des ressources naturelles à dilapider et des trésors humains à sous-exploiter. Nos villes, ce sont des bidonvilles. Nos forêts ? Ce sont désormais des déserts sauvages en nette progression. Nos enfants de famille, nos jeunes, c’est aujourd’hui cette petite armée en guenilles et désœuvrée de nos rues. Nos dirigeants, des protecteurs ? Ce sont justement les loups du troupeau. N’est-ce pas extraordinaire pour un peuple d’avoir réalisé autant en si peu de temps d’existence ? De la perle mythique à la peau de chagrin, il faut le faire.
Il y a vraiment lieu d’en être fiers. Les générations gouvernantes actuelles ont poussé notre génie créateur si loin qu’elles réussissent souvent le tour de force de transformer les bisbilles de clans en motifs sérieux de conflits interminables très couteux pour la nation. La présente crise constitutionnelle en est un échantillon. L’apport des uns et des autres en fait une œuvre collective. Un vrai chef-d’œuvre d’artistes postmodernes. Ils sont autant beaux et élégants que l’œuvre elle-même.
Imaginez un René Préval qui n’avait, en tant que président, que cette révision constitutionnelle à offrir à l’histoire comme réalisation majeure. Une révision justement qu’il appelait de ses vœux inlassablement, et qui, reconnaissons-le, constitue une contribution majeure, et tout à son honneur, dans le processus d’institutionnalisation démocratique en Haïti. Imaginez ce même Préval qui, dans sa légèreté légendaire de chef d’État, a tout fait pour noyer son propre bébé durant ses dernières heures au palais national. A trop vouloir jouer avec le temps, notamment en l’instrumentant pour rendre ineffective toute dissidence et placer ses adversaires devant le fait accompli de ses blitz fatals; et pour avoir fait de la révision une affaire personnelle, il a publié, le 13 mai 2011, dans le journal officiel de la république, Le Moniteur, un texte soi-disant final qu’il semble n’avoir pas soumis à une relecture patiente et experte, truffé d’erreurs et d’incohérences, en plus d’être jugé non conforme au document adopté, le 9 mai, par le Parlement en Assemblée Nationale. Depuis, cette question de révision constitutionnelle, qui, en d’autres lieux, aurait constitué une formalité régulière, limpide et légitime, s’est muée en marécage infect. En mutant insensé, chacun y patauge, laid et indigne. Préval se tait alors qu’il a des comptes à rendre sur ce qui s’est réellement passé le 13 mai 2011 quand il devait transmettre le texte de la révision aux Presses Nationales. Certains silences relèvent souvent de complots mafieux. Les assemblées de sénateurs et de députés ne savent même plus quel texte correspond vraiment au document final qu’elles avaient adopté. Ceux, parmi les parlementaires, qui devraient nous dire la vérité, rien que la vérité, s’épuisent à semer le trouble dans nos esprits, à déparler, à se chercher des boucs émissaires et de fausses circonstances atténuantes pour excuser leurs forfaitures multiples. Dans tout cela, le président Martelly continue à trainer les pieds sur la question par de vraies fausses solutions. Il ne fait qu’embrouiller les choses depuis l’échec de la tentative de son camp visant à faire inclure, dans la révision constitutionnelle, le principe de deux mandats présidentiels consécutifs. Des voix crédibles lui prêtent même l’intention de dissoudre le Parlement et de vouloir une refonte complète de la Constitution de 1987 au travers d’une Assemblée constituante. Ruses. Manœuvres déloyales. Complots. Projets anti-démocratiques. Et ce chef-d’œuvre de crise constitutionnelle continue. Une simple révision constitutionnelle transformée outrageusement, et par enchantement, en crise d’État et en grand poker menteur. N’est-ce pas extraordinaire la force de la magie haïtienne et l’ingéniosité de nos politiciens prestidigitateurs? Même nos « experts » en droit constitutionnel sortent aussi des pigeons fabuleux de leurs chapeaux pour faire durer le spectacle.
Le cirque a trop duré. Nos pitreries aussi. Nous ne sommes pas aussi beaux et extraordinaires que nous pensons l’être dans le monde réel des gens normaux. Il nous faut la constitution amendée. L’institution du Conseil constitutionnel, et celle du Conseil supérieur du Pouvoir judiciaire, constituent des avancées démocratiques et institutionnelles majeures. L’une nous évitera les crises institutionnelles d’attributions et les cafouillages dans l’interprétation de la constitution. Avec l’autre, le Pouvoir judiciaire cessera d’être le vassal de l’Exécutif. Ces innovations ne sauraient attendre encore cinq ans avant de devenir opérantes. Elles sont nécessaires aujourd’hui plus qu’hier.
Le vrai chef-d’œuvre, en fait, ce sera une Haïti bien gouvernée, expurgée de ses faux artistes, forgeurs de fausses œuvres et de vraies crises d’État.
Daly Valet
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Date d'inscription : 01/08/2007
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