Vivement Moise
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Vivement Moise
Moïse, le porte-bâton
Farouche opposant au président Michel Martelly, Moïse Jean-Charles, 45 ans, n'est pas un néophyte en politique. Dès son adolescence, sur les bancs de l'école, le deuxième sénateur du Nord, commence à militer dans des organisations de base, il se présente aussi comme l'un des fondateurs de la Fokal. Portrait d'un sénateur qui n'a pas sa langue dans la poche.
Haïti: Moïse Jean-Charles, né à Milot le 20 avril 1967, se passe de présentation. Il se révèle l'adversaire politique numéro un du président Martelly depuis qu'il a évoqué dans la presse le dossier de sa multiple nationalité. Depuis, il est devenu l'une des personnalités politiques haïtiennes les plus médiatisées. Il est à longueur de journée sollicité par les journalistes. Personne n'aurait cru que la simple déclaration du parlementaire dans la presse sur la nationalité étrangère du président Michel Martelly allait devenir une boîte de Pandore. N'est-elle pas pour quelque chose dans la détérioration des relations entre Michel Martelly et le Premier ministre Garry Conille, qui a dû démissionner de son poste ?
L'ancien maire de Milot, père de six enfants, dont un conçu avant le mariage, ne se voit pas comme vaincu dans la bataille livrée contre le président Martelly sur son éventuelle nationalité étrangère. « Je sais que je suis face à l'appareil d'Etat, mais cela ne m'effraie pas », explique le natif du Nord, ne doutant pas une seconde que Michel Joseph Martelly dispose d'un passeport étranger. Il avoue n'être pas seul dans son combat. « Je reçois des informations de partout sur le président Martelly », affirme Moïse, niant toutefois être manipulé par une quelconque frange de la communauté internationale.
La rumeur sur la nationalité étrangère de l'ancien président du compas courait avant même sa prestation de serment comme président de la République. « Personne n'en faisait cas. Même pas l'ancien président René Préval », précise Moïse Jean-Charles, qui dénonçait à tout bout de champ la formation d'une milice rose par l'ancien chanteur vedette de Sweet Micky devenu président de la République. Même si le deuxième sénateur du Nord n'en parle plus, il s'avère qu'il a raison aujourd'hui avec l'occupation des anciennes casernes des FAD'H par des éléments en uniforme.
Même si les preuves qu'il a fournies à la commission sénatoriale d'enquête spéciale ne tiennent pas, Moïse Jean-Charles tient à l'aboutissement de l'enquête. « Je n'imagine pas un scénario où la commission va donner gain de cause au président Martelly », déclare l'homme de Milot élu sénateur en 2009 sous la bannière de la plateforme Lespwa devenue INITE. Aujourd'hui, il n'est pas trop enchanté quand il parle de INITE et de Fanmi Lavalas, son ancienne formation politique. « Maintenant je dépasse la simple question de Lavalas et de INITE, répond-il quand on lui demande sa tendance politique. Je suis un homme de gauche, un révolutionnaire. » Il dit toutefois garder de bons rapports avec les anciens présidents Jean-Bertrand Aristide et René Préval.
Un leader en herbe
Moïse Jean-Charles n'a pas grandi dans une famille de politiciens. Son père et sa mère préférèrent s'occuper de leur lopin de terre et de leur commerce de détail au lieu de faire de la politique. Ce qui leur a permis de mener une vie paisible. Cela n'a pas empêché le jeune Moïse de développer le goût de la politique. « J'ai été témoin des exactions des Tonton macoutes à Milot, dont l'arrestation et le bastonnade de beaucoup de citoyens, explique-t-il. Cela m'a ouvert les yeux. »
Sur les bancs de l'école, au lycée Philippe Guerrier, l'adolescent se révèle déjà un leader. « J'étais toujours président des comités de classe », affirme le fils des époux Moïse. Bourré d'initiatives et plein de fougue, il est parmi les membres fondateurs de l'Association des élèves du Nord (AEN) qui se rattachait à l'Assemblée populaire nationale (APN) de Ben Dupuy. L'association s'est fait connaître dans des manifestations et des mots d'ordres de grève à travers la deuxième ville du pays. « Grâce à ces journées de protestations, le département du Nord est aujourd'hui doté de plusieurs lycées », se réjouit Moïse qui est né dans le catholicisme, puis s'est converti au protestantisme avant de se faire attirer par les « ginen ».
Pendant qu'il suivait encore des cours au lycée, Moïse Jean-Charles rejoint le Mouvement paysan de Milot. La superficie de la commune est de 79 kilomètres carrés. Plus de la moitié des terres de la commune appartenait à l'époque des Duvalier à la famille Leconte et à un groupe de missionnaires canadiens. « Cette situation m'a révolté», avance-t-il en rappelant son passage au PDCH de Sylvio Claude. Puis, le natif de Milot s'est fait inscrire au Groupe haïtien de recherche et d'action pédagogique (GHRAP), une organisation de la société civile qui encadrait des organisations du monde paysan. « Les formations et visites de terrain organisées par le GHRAP m'ont permis de mieux appréhender les problèmes des paysans», souligne le sénateur Moïse. «J'ai pu constater que les problèmes de Milot sont identiques à ceux des autres communes du pays. »
C'est au GHRAP que le professeur Jean Rénol Elie a fait la connaissance de Moïse Jean-Charles qui allait devenir le maire de Milot. « Il était actif dans l'organisation et participait aux sessions de formation que j'animais avec le professeur Camille Charlmers », confirme le professeur Elie.
Après le départ de Duvalier en 1986, les paysans de Milot récupèrent les terres qui étaient entre les mains des missionnaires canadiens et de la famille Leconte. Une première victoire dans la longue carrière politique du jeune militant. « Cela ne s'est pas fait pas sans heurt », se rappelle-t-il en citant le massacre du 15 avril 1987. On avait enregistré un mort et plusieurs dizaines de paysans, précise-t-il, en sont sortis blessés.
Son engagement dans la politique
En 1990, Moïse Jean-Charles, comme la majorité des jeunes de son âge, supporte corps et âme la mouvance lavalas. Ses rapports avec des prêtres catholiques du Nord lui permettaient de décrocher le poste de coordonnateur des élections pour le compte du candidat Jean-Bertrand Aristide. « La victoire de l'ancien président Jean-Bertrand Aristide apportait beaucoup d'espoir à la population de Milot qui attendait des semences, des outils agricoles et la légalisation des terres à peine récupérées », se souvient Moïse, avouant son amour pour la politique.
Le coup d'Etat du 30 septembre 1991 a mis fin brutalement à l'euphorie populaire. Ayant été au-devant de la scène, Moïse Jean-Charles s'est mis à couvert pour éviter d'être la proie des militaires. Il reste cependant soudé avec les leaders lavalas qui font de la résistance en Haïti. Quelques semaines après le putsch, il a été choisi avec une vingtaine d'autres jeunes militants pour voyager à Washington en vue de rencontrer le président Jean-Bertrand Aristide. Après avoir reçu les mots d'ordre du leader lavalas, les membres de la délégation conduite par Camille Charlmers et Chavannes Jean-Baptiste devaient retourner en Haïti pour renforcer la résistance. « J'étais le seul, à côté des deux responsables de la délégation, à retourner en Haïti », confirme Moïse Jean-Charles 21 ans plus tard.
En acceptant de retourner en Haïti, le jeune militant savait le risque qu'il courait. Avant même de regagner sa cachette à Milot, il a été arrêté au Cap-Haïtien. « On m'a conduit à la caserne de Milot », précise Moïse, issu d'une famille de quatre enfants, dont trois filles. Grâce à une forte mobilisation de la population, Moïse a été libéré le jour même.
Moïse à Cuba
Même si Moïse Jean-Charles a été libéré, il n'a pas eu pourtant la garantie de pouvoir circuler en toute quiétude dans les rues de Milot. Inquiet pour sa sécurité, il a dû quitter le pays pour Cuba avec l'aide de ses amis dominicains. « J'ai reçu une bourse d'études du gouvernement cubain suite à des démarches des responsables du Parti révolutionnaire dominicain », souligne celui par qui le scandale de la nationalité étrangère du président Martelly est arrivé. « J'ai décroché un certificat en communication à Centro estudo para America latina », poursuit-il. C'est aussi à Cuba, spécialement dans la ville Morón, que Moïse dit avoir vécu le plus beau jour de sa vie. « Lors d'une visite dans cette ville en 1997 à titre de maire de Milot, on m'avait reçu avec des honneurs militaires », raconte-t-il souriant.
Le président Jean-Bertrand Aristide est revenu au pouvoir le 15 octobre 1994. Moïse Jean-Charles le suit quelque mois plus tard. Le militant politiques explique n'avoir pas fait un passage à vide en territoire cubain. « J'ai rencontré Georges Soros pendant qu'il visitait les réfugiés haïtiens à Guantanamo », raconte-t-il. Cette rencontre va beaucoup apporter à Moïse. « A mon retour dans le pays, le multimillionnaire avait envoyé Carole Shith dans le pays, indique-t-il avec un luxe de détails. La visite de madame Shith a été, d'après Moïse Jean-Charles, à la base de la création de la Fondation connaissance et liberté ''FOKAL ''. Au début, informe-t-il, la FOKAL avait pour mission d'accompagner les paysans.
Si l'homme de Milot se présente avec l'ancien député de Savanette, Steven Louis , comme les fondateurs de l'institution, sur le site internet de la Fokal, il n'y a aucune trace de cette information. Interrogé sur la question, l'un des anciens présidents du conseil d'administration de la FOKAL dit ne pas être en mesure de confirmer l'information. « Moïse m'a toujours dit que c'est lui qui avait mis Michèle Pierre-Louis en contact avec Georges Soros, rapporte-t-il sous le couvert de l'anonymat. Je ne sais pas plus à ce sujet. »
De la Fokal à la mairie de Milot
En 1995, des élections législatives et municipales se tiennent dans le pays. Moïse Jean-Charles doit choisir entre la politique et la Fokal qui lui rapportait, à côté des voyages et formation à l'étranger, près de 2 000 dollars américains par mois. « C'était énorme pour un jeune de l'époque », reconnaît Moïse. Finalement, il a opté pour aller aux élections. Son choix s'est révélé payant. Il est élu maire de Milot pour la première fois sous la bannière du Parti Louvri Baryè (PLB). Il a été réélu en 1998 et en 2001 sous la bannière de Fanmi Lavalas. Parmi ses réalisations, l'ancien maire de Milot cite la création de la conférence de Milot qui s'est transformée en Association des maires du Nord. « Cette organisation est le pionnier des associations de maires du pays », avance-t-il. Moïse s'enorgueillit aussi d'avoir occupé en 2002, le poste de vice-président de l'Association mondiale des maires. « Je jouissais de la solidarité internationale pendant mes mandats », fait-il remarquer en rappelant le jumelage de Milot l'Etat de avec de Floride, Puerto Alegre, Oakland et de la ville de Miami City.
Moïse Jean-Charles se réjouit aussi d'avoir pu réaliser certains projets d'infrastructures pendant ses mandats à la mairie de Milot, notamment l'asphaltage du centre-ville. « J'ai transformé l'école nationale où j'ai réalisé mes études primaires en la plus grande école nationale du pays, précise-t-il. Dotée de 32 salle de classes, l'institution peut accueillir jusqu'à 1 500 élèves. La sauvegarde de l'environnement et des monuments historiques de la commune, ajoute-t-il, a été au centre de son combat quotidien. Ce projet n'a pas eu les résultats escomptés», admet-t-il aujourd'hui.
Etant maire de Milot et coordonnateur départemental du Parti Fanmi Lavalas, Moïse Jean-Charles entretenait des rapports cordiaux avec l'ancien président Jean-Bertrand Aristide. D'ailleurs, en 2004, il luttait pour son maintien au pouvoir. « A un certain moment, j'organisais des contre-manifestations dans le Nord, souligne-t-il, reconnaissant que les rapports de force n'étaient pas en sa faveur. Les manifestations de l'opposition réunissaient beaucoup plus de gens que celles du Parti Fanmi Lavalas. » Même si Moïse Jean-Charles n'était pas membre du directoire de cette formation politique, il a été contraint de prendre le maquis lors de la prise de la région du Nord par les rebelles conduits par Guy Philippe.
La réélection de René Préval à la présidence du pays a été bénéfique pour bon nombre de Lavalassiens déchus, dont Moïse Jean-Charles. « Le président Préval m'a appelé pour être son conseiller politique », indique-t-il en soulignant qu'il était en face de René Préval lors de son premier mandat. Aux législatives de 2009, Moïse Jean-Charles a été désigné candidat de Lespwa pour le département du Nord. On se rappelle encore le tollé qu'avait provoqué sa candidature dans les médias. « Les accusations d'assassinat du frère de l'ancien député Hugues Célestin portées contre moi sont fausses », se défend-il encore aujourd'hui, mettant au défi ses détracteurs de prouver qu'il a l'habitude d'inciter des gens à la violence.
La mère de Moïse ne voulait pas que son fils fasse de la politique. Comme toute mère, elle a vécu avec peine les moments noirs qu'a connus son fils pendant les périodes de crise, surtout pendant la période 2004. « Les militaires étrangers avaient installé un char devant la maison de ma mère pendant trois mois après le départ d'Aristide. Elle est tombée malade depuis », regrette le parlementaire, digérant mal certaines critiques de ses détracteurs. Parfois sous-estimé, même par certains de ses collègues sénateurs, parce qu'il s'exprime toujours en créole, Moïse Jean-Charles souligne que le fait de s'exprimer en créole n'a rien à voir avec son niveau d'instruction. « Étant communicateur, je parle pour me faire comprendre par mon public », indique-t-il.
Elu en 2009 pour un mandat de six ans, Moïse Jean Charles ne sait pas encore ce qu'il va faire après aura quitté le Sénat. « Tout dépendra de la manière dont je terminerai mon mandat », déclare-t-il. En attendant, il dit réfléchir sur la meilleure formule pour structurer deux fondations qu'il a créées. Il s'agit de la fondation Moïse Jean-Charles, qui s'occupe de la promotion de la démocratie et des droits humains et de la fondation Henri Christophe créée pour appuyer la paysannerie. Ces deux fondations, explique-t-il, évoluent dans le département du Nord où sa popularité est en decrescendo à cause de son bras de fer avec le président Michel Martelly. Le sénateur Jean-Charles croit cependant que sa cote de popularité est en hausse dans les autres départements géographiques du pays.
Jean Pharès Jérôme
Farouche opposant au président Michel Martelly, Moïse Jean-Charles, 45 ans, n'est pas un néophyte en politique. Dès son adolescence, sur les bancs de l'école, le deuxième sénateur du Nord, commence à militer dans des organisations de base, il se présente aussi comme l'un des fondateurs de la Fokal. Portrait d'un sénateur qui n'a pas sa langue dans la poche.
Haïti: Moïse Jean-Charles, né à Milot le 20 avril 1967, se passe de présentation. Il se révèle l'adversaire politique numéro un du président Martelly depuis qu'il a évoqué dans la presse le dossier de sa multiple nationalité. Depuis, il est devenu l'une des personnalités politiques haïtiennes les plus médiatisées. Il est à longueur de journée sollicité par les journalistes. Personne n'aurait cru que la simple déclaration du parlementaire dans la presse sur la nationalité étrangère du président Michel Martelly allait devenir une boîte de Pandore. N'est-elle pas pour quelque chose dans la détérioration des relations entre Michel Martelly et le Premier ministre Garry Conille, qui a dû démissionner de son poste ?
L'ancien maire de Milot, père de six enfants, dont un conçu avant le mariage, ne se voit pas comme vaincu dans la bataille livrée contre le président Martelly sur son éventuelle nationalité étrangère. « Je sais que je suis face à l'appareil d'Etat, mais cela ne m'effraie pas », explique le natif du Nord, ne doutant pas une seconde que Michel Joseph Martelly dispose d'un passeport étranger. Il avoue n'être pas seul dans son combat. « Je reçois des informations de partout sur le président Martelly », affirme Moïse, niant toutefois être manipulé par une quelconque frange de la communauté internationale.
La rumeur sur la nationalité étrangère de l'ancien président du compas courait avant même sa prestation de serment comme président de la République. « Personne n'en faisait cas. Même pas l'ancien président René Préval », précise Moïse Jean-Charles, qui dénonçait à tout bout de champ la formation d'une milice rose par l'ancien chanteur vedette de Sweet Micky devenu président de la République. Même si le deuxième sénateur du Nord n'en parle plus, il s'avère qu'il a raison aujourd'hui avec l'occupation des anciennes casernes des FAD'H par des éléments en uniforme.
Même si les preuves qu'il a fournies à la commission sénatoriale d'enquête spéciale ne tiennent pas, Moïse Jean-Charles tient à l'aboutissement de l'enquête. « Je n'imagine pas un scénario où la commission va donner gain de cause au président Martelly », déclare l'homme de Milot élu sénateur en 2009 sous la bannière de la plateforme Lespwa devenue INITE. Aujourd'hui, il n'est pas trop enchanté quand il parle de INITE et de Fanmi Lavalas, son ancienne formation politique. « Maintenant je dépasse la simple question de Lavalas et de INITE, répond-il quand on lui demande sa tendance politique. Je suis un homme de gauche, un révolutionnaire. » Il dit toutefois garder de bons rapports avec les anciens présidents Jean-Bertrand Aristide et René Préval.
Un leader en herbe
Moïse Jean-Charles n'a pas grandi dans une famille de politiciens. Son père et sa mère préférèrent s'occuper de leur lopin de terre et de leur commerce de détail au lieu de faire de la politique. Ce qui leur a permis de mener une vie paisible. Cela n'a pas empêché le jeune Moïse de développer le goût de la politique. « J'ai été témoin des exactions des Tonton macoutes à Milot, dont l'arrestation et le bastonnade de beaucoup de citoyens, explique-t-il. Cela m'a ouvert les yeux. »
Sur les bancs de l'école, au lycée Philippe Guerrier, l'adolescent se révèle déjà un leader. « J'étais toujours président des comités de classe », affirme le fils des époux Moïse. Bourré d'initiatives et plein de fougue, il est parmi les membres fondateurs de l'Association des élèves du Nord (AEN) qui se rattachait à l'Assemblée populaire nationale (APN) de Ben Dupuy. L'association s'est fait connaître dans des manifestations et des mots d'ordres de grève à travers la deuxième ville du pays. « Grâce à ces journées de protestations, le département du Nord est aujourd'hui doté de plusieurs lycées », se réjouit Moïse qui est né dans le catholicisme, puis s'est converti au protestantisme avant de se faire attirer par les « ginen ».
Pendant qu'il suivait encore des cours au lycée, Moïse Jean-Charles rejoint le Mouvement paysan de Milot. La superficie de la commune est de 79 kilomètres carrés. Plus de la moitié des terres de la commune appartenait à l'époque des Duvalier à la famille Leconte et à un groupe de missionnaires canadiens. « Cette situation m'a révolté», avance-t-il en rappelant son passage au PDCH de Sylvio Claude. Puis, le natif de Milot s'est fait inscrire au Groupe haïtien de recherche et d'action pédagogique (GHRAP), une organisation de la société civile qui encadrait des organisations du monde paysan. « Les formations et visites de terrain organisées par le GHRAP m'ont permis de mieux appréhender les problèmes des paysans», souligne le sénateur Moïse. «J'ai pu constater que les problèmes de Milot sont identiques à ceux des autres communes du pays. »
C'est au GHRAP que le professeur Jean Rénol Elie a fait la connaissance de Moïse Jean-Charles qui allait devenir le maire de Milot. « Il était actif dans l'organisation et participait aux sessions de formation que j'animais avec le professeur Camille Charlmers », confirme le professeur Elie.
Après le départ de Duvalier en 1986, les paysans de Milot récupèrent les terres qui étaient entre les mains des missionnaires canadiens et de la famille Leconte. Une première victoire dans la longue carrière politique du jeune militant. « Cela ne s'est pas fait pas sans heurt », se rappelle-t-il en citant le massacre du 15 avril 1987. On avait enregistré un mort et plusieurs dizaines de paysans, précise-t-il, en sont sortis blessés.
Son engagement dans la politique
En 1990, Moïse Jean-Charles, comme la majorité des jeunes de son âge, supporte corps et âme la mouvance lavalas. Ses rapports avec des prêtres catholiques du Nord lui permettaient de décrocher le poste de coordonnateur des élections pour le compte du candidat Jean-Bertrand Aristide. « La victoire de l'ancien président Jean-Bertrand Aristide apportait beaucoup d'espoir à la population de Milot qui attendait des semences, des outils agricoles et la légalisation des terres à peine récupérées », se souvient Moïse, avouant son amour pour la politique.
Le coup d'Etat du 30 septembre 1991 a mis fin brutalement à l'euphorie populaire. Ayant été au-devant de la scène, Moïse Jean-Charles s'est mis à couvert pour éviter d'être la proie des militaires. Il reste cependant soudé avec les leaders lavalas qui font de la résistance en Haïti. Quelques semaines après le putsch, il a été choisi avec une vingtaine d'autres jeunes militants pour voyager à Washington en vue de rencontrer le président Jean-Bertrand Aristide. Après avoir reçu les mots d'ordre du leader lavalas, les membres de la délégation conduite par Camille Charlmers et Chavannes Jean-Baptiste devaient retourner en Haïti pour renforcer la résistance. « J'étais le seul, à côté des deux responsables de la délégation, à retourner en Haïti », confirme Moïse Jean-Charles 21 ans plus tard.
En acceptant de retourner en Haïti, le jeune militant savait le risque qu'il courait. Avant même de regagner sa cachette à Milot, il a été arrêté au Cap-Haïtien. « On m'a conduit à la caserne de Milot », précise Moïse, issu d'une famille de quatre enfants, dont trois filles. Grâce à une forte mobilisation de la population, Moïse a été libéré le jour même.
Moïse à Cuba
Même si Moïse Jean-Charles a été libéré, il n'a pas eu pourtant la garantie de pouvoir circuler en toute quiétude dans les rues de Milot. Inquiet pour sa sécurité, il a dû quitter le pays pour Cuba avec l'aide de ses amis dominicains. « J'ai reçu une bourse d'études du gouvernement cubain suite à des démarches des responsables du Parti révolutionnaire dominicain », souligne celui par qui le scandale de la nationalité étrangère du président Martelly est arrivé. « J'ai décroché un certificat en communication à Centro estudo para America latina », poursuit-il. C'est aussi à Cuba, spécialement dans la ville Morón, que Moïse dit avoir vécu le plus beau jour de sa vie. « Lors d'une visite dans cette ville en 1997 à titre de maire de Milot, on m'avait reçu avec des honneurs militaires », raconte-t-il souriant.
Le président Jean-Bertrand Aristide est revenu au pouvoir le 15 octobre 1994. Moïse Jean-Charles le suit quelque mois plus tard. Le militant politiques explique n'avoir pas fait un passage à vide en territoire cubain. « J'ai rencontré Georges Soros pendant qu'il visitait les réfugiés haïtiens à Guantanamo », raconte-t-il. Cette rencontre va beaucoup apporter à Moïse. « A mon retour dans le pays, le multimillionnaire avait envoyé Carole Shith dans le pays, indique-t-il avec un luxe de détails. La visite de madame Shith a été, d'après Moïse Jean-Charles, à la base de la création de la Fondation connaissance et liberté ''FOKAL ''. Au début, informe-t-il, la FOKAL avait pour mission d'accompagner les paysans.
Si l'homme de Milot se présente avec l'ancien député de Savanette, Steven Louis , comme les fondateurs de l'institution, sur le site internet de la Fokal, il n'y a aucune trace de cette information. Interrogé sur la question, l'un des anciens présidents du conseil d'administration de la FOKAL dit ne pas être en mesure de confirmer l'information. « Moïse m'a toujours dit que c'est lui qui avait mis Michèle Pierre-Louis en contact avec Georges Soros, rapporte-t-il sous le couvert de l'anonymat. Je ne sais pas plus à ce sujet. »
De la Fokal à la mairie de Milot
En 1995, des élections législatives et municipales se tiennent dans le pays. Moïse Jean-Charles doit choisir entre la politique et la Fokal qui lui rapportait, à côté des voyages et formation à l'étranger, près de 2 000 dollars américains par mois. « C'était énorme pour un jeune de l'époque », reconnaît Moïse. Finalement, il a opté pour aller aux élections. Son choix s'est révélé payant. Il est élu maire de Milot pour la première fois sous la bannière du Parti Louvri Baryè (PLB). Il a été réélu en 1998 et en 2001 sous la bannière de Fanmi Lavalas. Parmi ses réalisations, l'ancien maire de Milot cite la création de la conférence de Milot qui s'est transformée en Association des maires du Nord. « Cette organisation est le pionnier des associations de maires du pays », avance-t-il. Moïse s'enorgueillit aussi d'avoir occupé en 2002, le poste de vice-président de l'Association mondiale des maires. « Je jouissais de la solidarité internationale pendant mes mandats », fait-il remarquer en rappelant le jumelage de Milot l'Etat de avec de Floride, Puerto Alegre, Oakland et de la ville de Miami City.
Moïse Jean-Charles se réjouit aussi d'avoir pu réaliser certains projets d'infrastructures pendant ses mandats à la mairie de Milot, notamment l'asphaltage du centre-ville. « J'ai transformé l'école nationale où j'ai réalisé mes études primaires en la plus grande école nationale du pays, précise-t-il. Dotée de 32 salle de classes, l'institution peut accueillir jusqu'à 1 500 élèves. La sauvegarde de l'environnement et des monuments historiques de la commune, ajoute-t-il, a été au centre de son combat quotidien. Ce projet n'a pas eu les résultats escomptés», admet-t-il aujourd'hui.
Etant maire de Milot et coordonnateur départemental du Parti Fanmi Lavalas, Moïse Jean-Charles entretenait des rapports cordiaux avec l'ancien président Jean-Bertrand Aristide. D'ailleurs, en 2004, il luttait pour son maintien au pouvoir. « A un certain moment, j'organisais des contre-manifestations dans le Nord, souligne-t-il, reconnaissant que les rapports de force n'étaient pas en sa faveur. Les manifestations de l'opposition réunissaient beaucoup plus de gens que celles du Parti Fanmi Lavalas. » Même si Moïse Jean-Charles n'était pas membre du directoire de cette formation politique, il a été contraint de prendre le maquis lors de la prise de la région du Nord par les rebelles conduits par Guy Philippe.
La réélection de René Préval à la présidence du pays a été bénéfique pour bon nombre de Lavalassiens déchus, dont Moïse Jean-Charles. « Le président Préval m'a appelé pour être son conseiller politique », indique-t-il en soulignant qu'il était en face de René Préval lors de son premier mandat. Aux législatives de 2009, Moïse Jean-Charles a été désigné candidat de Lespwa pour le département du Nord. On se rappelle encore le tollé qu'avait provoqué sa candidature dans les médias. « Les accusations d'assassinat du frère de l'ancien député Hugues Célestin portées contre moi sont fausses », se défend-il encore aujourd'hui, mettant au défi ses détracteurs de prouver qu'il a l'habitude d'inciter des gens à la violence.
La mère de Moïse ne voulait pas que son fils fasse de la politique. Comme toute mère, elle a vécu avec peine les moments noirs qu'a connus son fils pendant les périodes de crise, surtout pendant la période 2004. « Les militaires étrangers avaient installé un char devant la maison de ma mère pendant trois mois après le départ d'Aristide. Elle est tombée malade depuis », regrette le parlementaire, digérant mal certaines critiques de ses détracteurs. Parfois sous-estimé, même par certains de ses collègues sénateurs, parce qu'il s'exprime toujours en créole, Moïse Jean-Charles souligne que le fait de s'exprimer en créole n'a rien à voir avec son niveau d'instruction. « Étant communicateur, je parle pour me faire comprendre par mon public », indique-t-il.
Elu en 2009 pour un mandat de six ans, Moïse Jean Charles ne sait pas encore ce qu'il va faire après aura quitté le Sénat. « Tout dépendra de la manière dont je terminerai mon mandat », déclare-t-il. En attendant, il dit réfléchir sur la meilleure formule pour structurer deux fondations qu'il a créées. Il s'agit de la fondation Moïse Jean-Charles, qui s'occupe de la promotion de la démocratie et des droits humains et de la fondation Henri Christophe créée pour appuyer la paysannerie. Ces deux fondations, explique-t-il, évoluent dans le département du Nord où sa popularité est en decrescendo à cause de son bras de fer avec le président Michel Martelly. Le sénateur Jean-Charles croit cependant que sa cote de popularité est en hausse dans les autres départements géographiques du pays.
Jean Pharès Jérôme
Marc H- Super Star
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Opinion politique : Démocrate
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Date d'inscription : 28/08/2006
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Jeu de rôle: Le voyeur
Re: Vivement Moise
nanpren moun onet ki ka nye bravou,militans, kouraj Moise Jean Charles, men tankou leklesyas di "Yon tan pou chak choz"peyi ya beswen yon break nan hing hang eternel la.Se pou goch ayisyen la ta pwofite tankou chilyen yo te profite manda Edouardo Frei pou yo pran pouvwa apre depa martelly.se pou yo ta konstwi yon lot tonel ki pou rasanble tout mouvman goch yo pou kreye yon pwogram gouvenman ki pou bay resilta.Atake martelly san ke w pa ka pwouve sa w di ya ap diskredite mouvman popilè ya.
Le gros roseau- Super Star
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Re: Vivement Moise
J'aimerais lire notre hôte du cap, l'autre sur la vie de notre honorable sénateur du Nord. Il va surement nous dire qu'il est un Bôko .lol
Marc H- Super Star
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Jeu de rôle: Le voyeur
Re: Vivement Moise
MARC;
Il va dire qu'il est un bòkò;qu'il est coupable de l'assassinat de ce ""certain"" CELESTIN bien que JEAN CHARLES dise qu'il n'a rien à y voir.
Le seul personnage que le ""KÒK"" CAPOIS hait plus que JEAN CHARLES est JEAN BERTRAND ARISTIDE.
Il va dire qu'il est un bòkò;qu'il est coupable de l'assassinat de ce ""certain"" CELESTIN bien que JEAN CHARLES dise qu'il n'a rien à y voir.
Le seul personnage que le ""KÒK"" CAPOIS hait plus que JEAN CHARLES est JEAN BERTRAND ARISTIDE.
Joel- Super Star
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