Plus de 200 armes de guerre recuperees selon la CNDDR

Des armes de guerre récupérées grâce à un programme de réinsertion

PORT-AU-PRINCE, 9 avr 2007 (AFP)- Depuis trois mois, des dizaines d'armes ont été récupérées en Haïti dans le cadre d'un programme de désarmement, démobilisation et réinsertion, mais le pays, où l'insécurité reste un fléau, en compterait encore plus de 250.000 détenues illégalement.

"Plus de 200 armes de guerre", des fusils de longue portée et d'assaut de type M1, M14, T-60, "et plus de 6.000 cartouches ont été rendues aux autorités", indique à l'AFP Alix Fils-Aimé, président de la Commission nationale de désarmement, démobilisation et réinsertion (CNDDR). "Si nous avons pu arriver à ces résultats, c'est grâce aux efforts et aux pressions combinés de la mission de l'ONU en Haïti et de la police nationale", ajoute-t-il.

Selon les autorités, plus de 300 membres de gangs armés, la plupart issus de Cité Soleil, ont rejoint le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion qui leur était proposé.

Ce mouvement a accompagné une politique agressive menée depuis décembre 2006 par l'ONU, en accord avec le gouvernement haïtien, pour en finir avec les zones de non-droit à Port-au-Prince, comme dans le bidonville de Cité Soleil. Quelque 400 membres de gangs armés ont été arrêtés par les Casques bleus qui ont confisqué des dizaines d'armes et récupéré plusieurs milliers de munitions.

Globalement, l'insécurité a diminué dans la capitale et le nombre d'enlèvements à des fins de rançon a chuté, selon des statistiques de l'ONU.

Les "démobilisés", des jeunes dont la moyenne d'âge ne dépasse pas 23 ans, reçoivent une allocation en échange de leur participation au programme de réinsertion. S'ils ne sont pas poursuivis par la justice, ils intègrent un programme de formation à un métier et bénéficient d'une assistance psychologique pendant dix mois, selon une procédure établie avec le concours de l'ONU.

La prochaine étape du processus de désarmement est de récupérer les armes de poing, privilégiées par les auteurs d'enlèvements, et les armes défensives possédées par les membres du secteur privé.

"Il serait nécessaire et encourageant que tous les secteurs contribuent à instaurer un processus équilibré et non discriminatoire de désarmement", fait valoir le président de la commission nationale, conscient de la difficulté de convaincre les Haïtiens d'abandonner les armes en leur possession.

Selon une enquête publiée en 2005 par une ONG suisse, plus de 250.000 armes illégales circulent en Haïti.

Le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion, s'il commence à porter ses fruits, ne fait pas l'unanimité en Haïti. Il est critiqué par des organisations de défense des droits de l'homme et des groupes de la société civile.

"Ce programme est inefficace et ne se fait pas dans la transparence, il pourrait encourager l'impunité", regrette ainsi Pierre Espérance, membre de la Coalition haïtienne des droits de l'homme. Selon lui, plusieurs bénéficiaires du programme poursuivent des activités criminelles.

Les opposants au programme devraient au contraire l'encourager, estime Alix Fils-Aimé. "Où veulent-ils voir ces gens, à l'école ou dans le maquis avec leurs armes?" "Le programme n'est pas un sanctuaire pour ceux qui tentent d'échapper à la justice. Si des gens sont admis (dans le programme) alors qu'ils sont recherchés, ils seront remis à la justice", assure-t-il.