Port-au-Prince le 16 Janvier 2013
LETTRE A LA NATION
Chères concitoyennes,
Chers concitoyens,
Chers Mandantes et mandants de Delmas-Tabarre,
Peuple Haïtien,
J’ai été élu par la population de la circonscription de Delmas-Tabarre pour la représenter, défendre ses intérêts et ceux de la Nation Haïtienne tout entière. Je me réjouis de cet honneur qui m’a été fait et je me suis toujours engagé à respecter le sens de mon mandat et à travailler pour la satisfaction des attentes de mes mandantes et de mes mandants ainsi que celles du peuple haïtien.
Armé de courage et de fierté propre à caractériser le vote de mon peuple, je tiens à faire des sacrifices qu’il faut pour confronter des difficultés majeures qui s’imposent à la 49e législature.
En effet, le climat de travail à la chambre des Députés et le rôle du parlementaire ne cessent de se dégrader. Cette dégradation est telle que je me trouve dans l’impossibilité d’accomplir la mission que la population de Delmas-Tabarre m’a confiée. Dans cette perspective, il y a lieu de mentionner certains comportements du pouvoir exécutif qui ne peuvent que révolter la conscience citoyenne et collective. Je suis moi-même révolté. Parmi ces exactions révoltantes, citons :
1) le gouvernement a choisi de violer la loi des finances en désaffectant un fonds alloué au Parlement haïtien et pour le réaffecter à un ministre qui le redistribue illégalement à des Députés proches;
2) le gouvernement s’est impliqué directement dans les décisions internes du parlement, dans la formation de bloc parlementaire qui est un droit réservé spécifiquement au parlement. Il tente, par tous les moyens, dans le mépris des normes et des principes, d’échapper au contrôle du parlement;
3) des ministres et le chef du Gouvernement n’ont aucun respect pour le Parlement, pour les partis politiques et pour les citoyens. C’est ainsi que le Ministre chargé des relations avec le Parlement a osé traiter les personnes ayant grandi dans les familles monoparentales de malappris et celles qui ont évolué dans les orphelinats de marginaux et de non citoyens ; il a même considéré les Parlementaires pour le renforcement institutionnel (PRI) comme des kamikazes ;
5) les sept (7) péchés capitaux du gouvernement Martelly Lamothe dénoncés par le bloc parlementaire PRI auquel j’appartiens ;
4) le gouvernement a cherché à tout pris à corrompre les parlementaires en vue de créer un climat délétère propre à faciliter son enrichissement illicite au détriment de la nation.
Pour ces diverses raisons, je présente mes plus véhémentes excuses au peuple haïtien, à mes mandantes et mandants de Delmas-Tabarre, plus particulièrement à mes Honorables collègues Députés du PRI. En raison de la gradation de la situation à la Chambre des Députés, je ne veux pas continuer à travailler uniquement pour mon bien-être personnel en contribuant d’une manière ou d’une autre à la vassalisation d’une institution aussi prestigieuse que le Parlement Haïtien. Je tire encore une fois la sonnette d’alarme comme celle qui a secoué les voûtes de notre enceinte à l’occasion de la première Assemblée Nationale de 2013, à l’intention des partis politiques, des autorités religieuses, des acteurs sociaux, des différents groupes organisés de la société civile, etc. pour qu’ils s’engagent afin de contrer cette dérive qui sévit du Parlement haïtien. Si rien n’est fait, je serai obligé de me retirer définitivement au Parlement haïtien pour ne pas contribuer à la destruction de l’institution parlementaire qui reste et demeure, somme toute, le dernier rempart de la démocratie haïtienne.
Caveant consules ! (Que les Consuls prennent garde) !
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Arnel BELIZAIRE
Député Du Peuple