Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
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Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
Sa a se yon NOUVO ATIK pa TONTONGI EDDY TOUSSAINT ,yon MOUN ke w ka rele "travailleur de la plume ,de longue date"
Si yon MOUN vle diskite sou TEKS ,nou pa bezwen fe "ad hominem".Pa akize TONTONGI ke ANVI ki fe l atake LAFERRIERE.
TONTONGI se MANM AKADEMI KREYOL lan.
[bBien que les chefs de la Révolution Haïtienne fussent, à quelques exceptions près, des semi-analphabètes et ne parlassent le français qu’approximativement, ils décidèrent, le moment venu de former un gouvernement, d’adopter le français et la culture franco-judéo-chrétienne comme langue nationale et référent identitaire de la nouvelle nation.
C’étaient 211 années de cela. Entre-temps, Haïti a connu une multiplicité de coups d’État, d’invasions et occupations étrangères, de révolutions et de contre-révolutions, mais jamais le choix de la langue et de la culture franco-judéo-chrétienne comme langue et culture dominantes n’a été reconsidéré, malgré un piètre dossier et héritage d’échecs en termes d’alphabétisation et d’accès à la culture de la majorité de la population, qui ne parle que le créole haïtien ou l’haïtien.
Récemment, une politicienne canadienne d’origine haïtienne, Michaële Jean, a été élue secrétaire générale de l’OIF (Organisation internationale de la francophonie), seulement quelques mois après l’élection de Dany Laferrière, l’écrivain canado-haïtien, à l’Académie française. Quand on met ces deux événements, d’apparence séparés, dans leur contexte historique, c’est-à-dire dans une conjoncture historique où le français perd de plus en plus du terrain par rapport à l’anglais et où la France cherche éperdument à maintenir ses influences culturelles et politiques dans ses anciennes colonies, et si on y ajoute le fait que François Hollande, le président français, a déjà rencontré trois fois son homologue haïtien, Michel Martelly, au cours de ses trois années de fonction, on voit bien qu’il y a une campagne de charme par la France pour ancrer davantage Haïti dans sa sphère d’influence, spécialement à la lueur des nouveaux développements en matière linguistique qui ont eu cours en Haïti.
En effet, la France voit avec alarme l’actuel processus de conscientisation haïtienne vers un renouveau identitaire qui ne dépend en rien des dogmes légitimants dominants de l’impérialisme culturel de la France, et qui fonde sa légitimité sur la revalorisation linguistique et culturelle du créole et du vodou haïtiens, remettant en question, et espérant éventuellement abolir, l’ancienne épistémè colonialiste commencée depuis la fin du XVIIe siècle et qui se manifeste ces derniers temps par ce que j’appelle des symboliques zombifiantes (comme l’élection à l’Académie française d’un nègre caraïbéen, après le nègre africain Léopold Sédar Senghor), c’est-à-dire des gestes conciliants et creux qui ne font que rejouer les anciennes interactions grand-blanc-et-petit-nègre qui perpétuent la problématique colonialiste et les rapports inégaux entre les humains et entre les nations.
Voici ce que je dis en 2010 dans un article consacré à l’indemnité: «Nous appelons l’indemnité une escroquerie pour deux raisons particulières: Premièrement parce qu’elle a été demandée sur de fausses prémisses de droit, à savoir que les anciens colons avaient perdu des biens à cause de l’abolition de l’esclavage et que redressement leur était dû; deuxièmement, parce que l’indemnité a été imposée sous la menace de l’invasion militaire. La France ne s’était même pas payé le luxe de l’apparence: Le 17 avril 1825, une flotte de 14 navires de guerre était à la remorque, là dans la rade de Port-au-Prince, prête à intervenir. Donc, c’était par l’utilisation de la violence, et non pas suite à un traité ou aux délibérations d’un tribunal international conséquent que l’indemnité a été demandée. Jean-Pierre Boyer, le président haïtien, pouvait certainement refuser et résister à toute attaque française, mais on peut aussi comprendre pourquoi il ne voudrait pas donner à la France une excuse de plus pour attaquer Haïti, d’autant plus qu’elle n’a cessé de menacer d’intervention militaire pour reprendre son ancienne colonie.»1
Ce n’est pas seulement une dette «morale» dont la France doit s’acquitter dans ce cas-là. C’est une obligation, vue d’une perspective de justice historique, incombée à la France non pas de repayer une dette morale, mais plutôt de consentir à la réparation d’une politique rapacitaire appliquée sur une durée de 122 années qui a beaucoup perturbé le projet de développement du jeune état libre haïtien.
L’offre par le président français d’aider à l’amélioration de l’éducation en Haïti n’a rien de nouveau. Elle ne fait que continuer l’ancienne formule de contrôle par l’éducation commencée depuis le Concordat de 1860 qui concède aux Frères de l’Instruction Chrétienne, une officine de l’Église catholique, le monopole de l’éducation en Haïti; une décision qui consolidera plus d’un siècle et demi de zombification linguistique et d’impérialisme culturel français en Haïti. Le ton même de l’offre du président Hollande revêt un certain paternalisme de la part du «donateur» d’éducation et de culture à un peuple qu’il juge inculte.
En réalité, Haïti est culturellement auto-suffisante, dû en partie à sa riche tradition de productivité culturelle, et nous venons juste de réaliser que notre langue créole est un atout de développement et de complétude identitaire des plus libérateurs. En outre, il y a déjà en Haïti un grand nombre de spécialistes haïtiens très imbus de la question de l’éducation et de l’importance de la langue maternelle dans celle-ci.
Ce dont en revanche Haïti a grand besoin de la part de la France, c’est plutôt l’engagement à rembourser l’argent soutiré illégalement, un remboursement qui peut être réalisé soit par simple versement de la somme équivalente au taux actuel d’échange (une option qui doit être considérée avec un minutieux examen étant donné la corruption administrative rampante existant en Haïti) ou par voie d’aide – équivalente à l’argent dû à Haïti – à la construction de l’infrastructure matérielle du pays, comme la construction d’efficients réseaux routiers qui relient les départements géographiques, ou de l’aide à la production alimentaire, à la préservation de l’écosystème, au reboisement en particulier. Ces objectifs concrets, ciblés, rendront des services énormes au développement d’Haïti, contrairement aux fétiches, jeux de miroir et autres symboliques zombifiantes qui brouillent les enjeux.
Chaque empire a ses propres symboliques zombifiantes qu’il fait miroiter aux yeux des dominés pour leur faire rêver d’un monde meilleur, et accepter d’avaler d’autant la pilule amère de l’exploitation et de la dégradation. Jadis on avait évoqué la rédemption et la «mission civilisatrice» de la chrétienté pour inciter tour à tour les hérétiques et les «sauvages» du «Nouveau Monde» à recevoir – de gré ou de force – la délivrance divine que l’État impérial ou esclavagiste garantissait, souvent accompagnée par des petits privilèges accordés comme compensation terrestre. C’est un système que l’État esclavagiste à Saint-Domingue avait pratiqué à merveille, conférant titres, avantages et honneurs au commandeur de la plantation, qui épie ses propres frères et sœurs de race, souvent celui-ci est beaucoup plus féroce que le maître.
Ce n’est pas seulement les empires et États esclavagistes qui pratiquent les procédés de la symbolique zombifiante, les dictatures et les corporations le font aussi. Par exemple, quand François Duvalier a remplacé le clergé breton par un clergé haïtien. En apparence, c’est une bonne chose, des visages de prêtres noirs au lieu des visages de prêtres blancs dans la République noire d’Haïti. Mais quand on voit le processus de macoutisation qui eu lieu après coup au sein du clergé haïtien, y compris parmi les plus hautes figures de la hiérarchie comme les Mgrs François-Wolff Ligondé et Emmanuel Constant, et l’emploi de suppôt à la dictature dont la nouvelle configuration se complait à jouer, on comprend que son «indigénisation» n’a été qu’un prétexte pour des fins exécrables.
En effet, comme l’a dit Laennec Hurbon parlant des relations osmotiques entre culture et dictature en Haïti, particulièrement en relation à l’usage symbolique qu’en a fait Papa Doc durant l’entreprise de consolidation de son pouvoir dictatorial: «Il s’agissait pour lui de laisser courir des rumeurs sur son allégeance aux dieux du vaudou, et qu’ainsi les classes dominées puissent trouver une interprétation toute faite du pouvoir ou, plus exactement, que les classes s’engagent dans un processus de consentement à ce pouvoir.» C’était pour Duvalier un mouvement tactique au profit, non pas d’une vision centenaire pour «sauver la race», comme la propagande duvaliériste le claironnait, mais pour des objectifs plus terre à terre: «La nomination d’évêques catholiques haïtiens, ironise Hurbon qui détecte le subterfuge zombifiant du système duvaliériste, c’est cependant l’accession des masses à la lumière, l’acte par excellence du héros, du messie rédempteur de la race, à l’instar des héros de l’indépendance qui prouvent au monde blanc la valeur et la dignité – égale à la civilisation (blanche) – du monde noir.»2
On comprend bien que la consécration de Laferrière ait suscité des émotions fortes chez ses concitoyens et lecteurs, mais une apologie publiée sur le site Parole en archipel du 5 juin 2015 l’a empoté en exagération, appelant Laferrière un «trublion», un homme qui «comme Toussaint Louverture [ou Jean-Jacques Dessalines], le fondateur de sa nation, [...] n’a aucun complexe ni aucun devoir de reconnaissance envers la France».4
Un trublion? Laferrière peut bien être fier d’être Haïtien, mais il n’est certainement pas un trublion qui – comme je présume que l’auteur se réfère au sens nouveau du terme – signifie agitateur, perturbateur, empêcheur de danser en rond. À ce que je sache, ultérieurement à son départ d’Haïti en 1976, à part son anti-jeanclaudisme verbal à travers sa rubrique hebdomadaire au journal newyorkais Haïti Observateur au début des années 1980, Dany Laferrière n’a pris aucune action politique ou littéraire d’envergure qui le qualifierait de «trublion», un terme qui voudrait dire, dans le contexte politique et intellectuel actuel, une action qui défie l’ordre politique ambiant, c’est-à-dire les pouvoirs constitués, que ce soit en Haïti (après Jean-Claude Duvalier), aux États-Unis ou au Canada. À moins qu’on considère la publication de son livre Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer comme une action de «trublion»!
Dans une interview qu’il a donnée à la chaîne de télévision TV5 Monde la semaine de sa réception à l’Académie française, parlant du créole haïtien, Laferrière affirme essentiellement qu’il ne s’embarrasse pas de ne l’avoir pas utilisé comme langue d’écriture en guise du français et que s’exprimer ou écrire en créole haïtien n’a rien de spécial puisque les Tonton-macoutes eux aussi le parlaient. À la question «À quoi ça sert l’Académie?», il répond qu’il espère qu’elle ne sert à rien, pour continuer sur une belle envolée rhétorique: «J’espère qu’elle sert à dire qu’il y a un espace qui négocie avec l’éternité. Vous savez, à force de ne plus rien faire qui dure plus de dix ans, l’esprit de mes contemporains ne peut même pas concevoir ce qu’est une cathédrale qui prenait des siècles pour se construire. On ne peut plus le concevoir. Pour moi ça sert à une interprétation de l’écriture qui dépasse le temporel, c’est-à-dire le politique.» Hum...
Le discours de réception devant être, selon l’usage de l’Académie française, un hommage du nouvel élu à l’«Immortel» dont il vient d’occuper la chaise, Laferrière parle naturellement de Hector Bianciotti, l’auteur argentin décédé en 2012. Cette partie du discours est bien intéressante même si un peu houleuse à cause de la longueur, mais Laferrière y fait jouer, là aussi, la magie du tour de phrase qui vous captive jusqu’au point où vous vous écoulez, fatigué.
Il commence avec une prose coulante, d’un ordre grammatical simple, limpide comme un ruisseau, à sa manière coutumière. Il fait des petits rappels historiques ça et là, comme l’aide d’Alexandre Pétion à Simon Bolivar en 1815 pour libérer l’Amérique latine de la colonisation espagnole; ou l’occupation étatsunienne d’Haïti entre 1915 et 1934. Dans le long discours d’hommage à son prédécesseur, un discours qui met en vitrine sa grande érudition sur les grands textes de la nomenclature intellectuelle occidentale, je retiens ces beaux mots sur Bianciotti: «Ici, on se souvient d’Hector Bianciotti comme d’un homme généreux, élégant et cultivé. Trois qualificatifs qui reviennent dès qu’on apprend quelque part que j’entre à l’Académie française. “Au fauteuil de qui?” “Hector Bianciotti.” “Ah, me répond-on, vous êtes chanceux! Ça va être facile d’en dire du bien. C’est un bon écrivain et un homme courtois.” (...) Passerai-je l’examen? (...) Comme dans un roman de Proust qu’il ne nomme pas souvent, lui préférant Alberto Savinio, mais dont la grande ombre s’étend sur son œuvre, on remarque chez Bianciotti l’incessant exercice de mémoire où les détails s’accumulent et les analyses se bousculent jusqu’à couvrir parfois la musique intime qui relie les visages aux paysages. Une demi-douzaine de thèmes reviennent presque à chaque livre: la ferme du père, la monotone pampa dont il a tiré des sons plus proches de la musique classique que de la milonga locale, une famille fellinienne, en fait plus proche de Kusturica que de Fellini, avec de gros plans comme ceux sur la grand-mère qui montrent un goût certain pour le cinéma, les départs toujours précipités, l’errance dans les grandes villes, le retour avec son cortège d’émotions confuses, le temps circulaire qui appelle ces étourdissantes répétitions, tout cela fait penser à un enfant qui refuse de descendre du manège malgré une peur croissante.»
Les expressions d’excitation et d’apologie pour l’image rehaussée et positive que reflète le standing d’un Haïtien dans un centre culturel international respecté, sont bien compréhensibles. Ainsi, dans un article élogieux en l’honneur de Laferrière le poète Joël Des Rosiers a trouvé des mots profonds bien choisis pour rendre compte de la solennité du moment et de l’exceptionnalité de la cérémonie de réception à l’Académie française: «Et nous ressentons par une sorte d’intrusion surnaturelle toute borgésienne, peu coutumière sous la plume de Laferrière, lisant debout en costume vert dans le décor irréel de la Coupole baignée de lumière de fin d’après-midi, tout le pouvoir de la littérature. Ce qui aurait pu être un artifice littéraire, terriblement superficiel – prononcer l’éloge d’un écrivain dont on ne fréquente que l’œuvre –, devient alors un grand moment de connivences entre l’écrivain disparu, devenu à la fois le semblable et le proche de celui qui lui succède. Quand bien même Bianciotti et Laferrière divergent dans leur traitement de l’érudition, ce dernier poursuit son dialogue avec lui, au long du discours sur la capacité du langage à produire des symboles de l’exil. L’exil qui fait perdre à l’homme l’enfance, le monde et le langage.» Le «petit Dany» du quartier, pour reprendre le surnom affectueux que lui donne Marcus Garcia, ayant atteint de son vivant ses grands rêves de gloire littéraire, a ainsi inspiré de l’admiration parmi certains de ses pairs. C’est normal.
Il y a cependant une petite phrase dans l’hommage de Des Rosiers à Laferrière qui illustre notre inquiétude quant aux implications malheureuses du choix de siéger Dany Laferrière à l’Académie française: «Il y eut cet après-midi un moment de dignité. Les phrases fusaient à vrai dire avec l’espoir qu’elles se graveraient pour toujours dans le marbre de la Coupole. C’était comme si, à l’instar d’Hector Bianciotti, les victimes de l’esclavage n’étaient jamais vraiment mortes.»5
Et c’est justement là le danger: la possibilité qu’avec des gestes symboliques et un verbe complaisant la France puisse se dispenser de payer réparation ou compensation pour les crimes contre l’humanité commis durant l’esclavage, et après par voie de l’indemnité et des complots ultérieurs contre l’aspiration démocratique haïtienne.
À un public disposé à acclamer des nouvelles positives venant de ce coin malade de la terre qu’est Haïti, l’image d’un compatriote haïtien assis sur la chaise et dans le siège de la gloire littéraire française peut susciter d’intenses émotions, mais nous ne devons pas non plus oublier que l’Académie française est une institution française, qui sert essentiellement les intérêts de la langue et de la culture françaises.
Nous devons nous rappeler aussi que les prix littéraires tels le Médicis ou le Metropolis Bleu, que Laferrière a jusqu’ici gagnés et qu’on a souvent cités comme parcours légitimant qui le fait mériter la «montée» à l’Académie, sont des institutions culturelles respectivement française et franco-canadienne qui font la promotion de la francité telle exprimée dans la langue et la culture, et articulée, raffinée dans l’enseignement et la littérature. En tant que telles elles font partie de l’arsenal d’abord de la colonisation française, ensuite de l’impérialisme ou du néocolonialisme français pour asservir et dominer les peuples par le triple emploi de l’armée, de l’économie et de la langue/culture.
En exceptant toutes gratifications propres à l’auteur, je ne vois pas en quoi l’élection d’un Haïtien à l’Académie française puisse servir les intérêts d’Haïti et sa problématique actuelle, dont le rapport d’inégalité entre le français et la langue haïtienne en est justement une des composantes.
Venant après l’installation de l’Académie du créole haïtien en décembre dernier à Pétion Ville, Haïti, un grand événement historique passé largement inaperçu par ces médias internationaux qui encensent aujourd’hui l’«induction» de Dany Laferrière, on ne peut s’empêcher d’en soupçonner l’intention.
Pourquoi en effet ce tapage médiatique sur l’installation de Dany Laferrière à l’Académie française en France et tant de silence sur celle de l’Académie du créole haïtien en Haïti? Cette juxtaposition de réactions aux deux événements montre déjà l’ampleur du décalage linguistique en Haïti. C’est une aliénation qui a déjà trop duré, un mal qui a mis trop longtemps à être remédié. À supposer que la France voudrait vraiment reconnaître les 10% ou 15% d’Haïtiens qui parlent le français, pourquoi en faire un événement médiatique alors que l’événement médiatique vraiment extraordinaire – la création de l’Académie du créole haïtien – a été reçu avec grand silence?
Il est vrai que l’image ou, pour employer un terme à la mode aujourd’hui, l’«optique» d’un Dany Laferrière, l’air fier, agréable, souriant, dans l’hémicycle de la vénérable institution est préférable à l’image coutumière des boatpeople haïtiens, l’air ahuris, peureux, misérables, fuyant leur nation dans des canots de malheur, et à celle des tentpeople vivant toujours sous les tentes ou simplement dans la rue, cinq ans après le tremblement de terre. En ce sens, la fierté ressentie par plus d’un est bien naturelle, excepté que le prix à payer pour ce sentiment de fierté pourrait être d’autant plus grave et dangereux qu’il est insidieux, camouflé sous les pompes de la gloire de la francité.
Moi aussi, il y a une part de moi qui applaudit l’élection de Laferrière avec grand émoi et qui dit «Bravo, mon compatriote, pour ce grand exploit!», mais il y aussi l’autre part de moi-même, mon petit surmoi critique qui répond: «Pourquoi une Haïti indépendante, et fière de l’être, serait-elle passible des institutions culturelles françaises dans le sens de la légitimation de sa propre validité culturelle?»
Dans un monde où l’universalité de l’Être ne pose pas de problème, un nègre haïtien à l’Académie française serait un insignifiant sans grande conséquence parce que l’ethnicité de l’Être est transcendée par la pratique égalitaire parmi ses multiples manifestations ou représentations, mais dans le monde réel où nous vivons, qui use la race, la nationalité, le statut socio-économique, le niveau d’éducation et d’accès à la culture comme facteurs d’exclusion, prétendre qu’un petit nègre haïtien qui siège à l’Académie française confère valeurs et légitimité, c’est accepter, sans esprit critique, les prémisses aliénantes de l’auto-centrisme de la colonisation européenne.
Si yon MOUN vle diskite sou TEKS ,nou pa bezwen fe "ad hominem".Pa akize TONTONGI ke ANVI ki fe l atake LAFERRIERE.
TONTONGI se MANM AKADEMI KREYOL lan.
Dany Laferrière et la néocolonisation d’Haïti par la culture Eddy Toussaint Tontongi |
C’étaient 211 années de cela. Entre-temps, Haïti a connu une multiplicité de coups d’État, d’invasions et occupations étrangères, de révolutions et de contre-révolutions, mais jamais le choix de la langue et de la culture franco-judéo-chrétienne comme langue et culture dominantes n’a été reconsidéré, malgré un piètre dossier et héritage d’échecs en termes d’alphabétisation et d’accès à la culture de la majorité de la population, qui ne parle que le créole haïtien ou l’haïtien.
Récemment, une politicienne canadienne d’origine haïtienne, Michaële Jean, a été élue secrétaire générale de l’OIF (Organisation internationale de la francophonie), seulement quelques mois après l’élection de Dany Laferrière, l’écrivain canado-haïtien, à l’Académie française. Quand on met ces deux événements, d’apparence séparés, dans leur contexte historique, c’est-à-dire dans une conjoncture historique où le français perd de plus en plus du terrain par rapport à l’anglais et où la France cherche éperdument à maintenir ses influences culturelles et politiques dans ses anciennes colonies, et si on y ajoute le fait que François Hollande, le président français, a déjà rencontré trois fois son homologue haïtien, Michel Martelly, au cours de ses trois années de fonction, on voit bien qu’il y a une campagne de charme par la France pour ancrer davantage Haïti dans sa sphère d’influence, spécialement à la lueur des nouveaux développements en matière linguistique qui ont eu cours en Haïti.
En effet, la France voit avec alarme l’actuel processus de conscientisation haïtienne vers un renouveau identitaire qui ne dépend en rien des dogmes légitimants dominants de l’impérialisme culturel de la France, et qui fonde sa légitimité sur la revalorisation linguistique et culturelle du créole et du vodou haïtiens, remettant en question, et espérant éventuellement abolir, l’ancienne épistémè colonialiste commencée depuis la fin du XVIIe siècle et qui se manifeste ces derniers temps par ce que j’appelle des symboliques zombifiantes (comme l’élection à l’Académie française d’un nègre caraïbéen, après le nègre africain Léopold Sédar Senghor), c’est-à-dire des gestes conciliants et creux qui ne font que rejouer les anciennes interactions grand-blanc-et-petit-nègre qui perpétuent la problématique colonialiste et les rapports inégaux entre les humains et entre les nations.
Les jeux de miroir et les symboliques zombifiantes
À en juger par les déclarations de François Hollande durant sa visite en Haïti en mai dernier, il saute aux yeux que la France ne prend pas Haïti au sérieux. En témoigne sa déclaration en Guadeloupe que «Quand je viendrai en Haïti, j’acquitterai à mon tour la dette que nous avons [envers Haïti]», qui a fait croire à plus d’un qu’il entendait restituer la rançon de 150 millions de francs-or que la France avait soutirée à Haïti de 1825 à 1947 (dont la balance de paiement est passée aux États-Unis après l’occupation de 1915). Sa rectification du lendemain qu’il entendait par là «une dette morale» montre qu’il se moque du pays et que la France n’a pas encore pris la décision morale de corriger une injustice et forfaiture historiques qui ont désastreusement affecté Haïti. Il faut rappeler que cette indemnité a été imposée sous menace d’intervention militaire.Voici ce que je dis en 2010 dans un article consacré à l’indemnité: «Nous appelons l’indemnité une escroquerie pour deux raisons particulières: Premièrement parce qu’elle a été demandée sur de fausses prémisses de droit, à savoir que les anciens colons avaient perdu des biens à cause de l’abolition de l’esclavage et que redressement leur était dû; deuxièmement, parce que l’indemnité a été imposée sous la menace de l’invasion militaire. La France ne s’était même pas payé le luxe de l’apparence: Le 17 avril 1825, une flotte de 14 navires de guerre était à la remorque, là dans la rade de Port-au-Prince, prête à intervenir. Donc, c’était par l’utilisation de la violence, et non pas suite à un traité ou aux délibérations d’un tribunal international conséquent que l’indemnité a été demandée. Jean-Pierre Boyer, le président haïtien, pouvait certainement refuser et résister à toute attaque française, mais on peut aussi comprendre pourquoi il ne voudrait pas donner à la France une excuse de plus pour attaquer Haïti, d’autant plus qu’elle n’a cessé de menacer d’intervention militaire pour reprendre son ancienne colonie.»1
Ce n’est pas seulement une dette «morale» dont la France doit s’acquitter dans ce cas-là. C’est une obligation, vue d’une perspective de justice historique, incombée à la France non pas de repayer une dette morale, mais plutôt de consentir à la réparation d’une politique rapacitaire appliquée sur une durée de 122 années qui a beaucoup perturbé le projet de développement du jeune état libre haïtien.
L’offre par le président français d’aider à l’amélioration de l’éducation en Haïti n’a rien de nouveau. Elle ne fait que continuer l’ancienne formule de contrôle par l’éducation commencée depuis le Concordat de 1860 qui concède aux Frères de l’Instruction Chrétienne, une officine de l’Église catholique, le monopole de l’éducation en Haïti; une décision qui consolidera plus d’un siècle et demi de zombification linguistique et d’impérialisme culturel français en Haïti. Le ton même de l’offre du président Hollande revêt un certain paternalisme de la part du «donateur» d’éducation et de culture à un peuple qu’il juge inculte.
En réalité, Haïti est culturellement auto-suffisante, dû en partie à sa riche tradition de productivité culturelle, et nous venons juste de réaliser que notre langue créole est un atout de développement et de complétude identitaire des plus libérateurs. En outre, il y a déjà en Haïti un grand nombre de spécialistes haïtiens très imbus de la question de l’éducation et de l’importance de la langue maternelle dans celle-ci.
Ce dont en revanche Haïti a grand besoin de la part de la France, c’est plutôt l’engagement à rembourser l’argent soutiré illégalement, un remboursement qui peut être réalisé soit par simple versement de la somme équivalente au taux actuel d’échange (une option qui doit être considérée avec un minutieux examen étant donné la corruption administrative rampante existant en Haïti) ou par voie d’aide – équivalente à l’argent dû à Haïti – à la construction de l’infrastructure matérielle du pays, comme la construction d’efficients réseaux routiers qui relient les départements géographiques, ou de l’aide à la production alimentaire, à la préservation de l’écosystème, au reboisement en particulier. Ces objectifs concrets, ciblés, rendront des services énormes au développement d’Haïti, contrairement aux fétiches, jeux de miroir et autres symboliques zombifiantes qui brouillent les enjeux.
Chaque empire a ses propres symboliques zombifiantes qu’il fait miroiter aux yeux des dominés pour leur faire rêver d’un monde meilleur, et accepter d’avaler d’autant la pilule amère de l’exploitation et de la dégradation. Jadis on avait évoqué la rédemption et la «mission civilisatrice» de la chrétienté pour inciter tour à tour les hérétiques et les «sauvages» du «Nouveau Monde» à recevoir – de gré ou de force – la délivrance divine que l’État impérial ou esclavagiste garantissait, souvent accompagnée par des petits privilèges accordés comme compensation terrestre. C’est un système que l’État esclavagiste à Saint-Domingue avait pratiqué à merveille, conférant titres, avantages et honneurs au commandeur de la plantation, qui épie ses propres frères et sœurs de race, souvent celui-ci est beaucoup plus féroce que le maître.
Ce n’est pas seulement les empires et États esclavagistes qui pratiquent les procédés de la symbolique zombifiante, les dictatures et les corporations le font aussi. Par exemple, quand François Duvalier a remplacé le clergé breton par un clergé haïtien. En apparence, c’est une bonne chose, des visages de prêtres noirs au lieu des visages de prêtres blancs dans la République noire d’Haïti. Mais quand on voit le processus de macoutisation qui eu lieu après coup au sein du clergé haïtien, y compris parmi les plus hautes figures de la hiérarchie comme les Mgrs François-Wolff Ligondé et Emmanuel Constant, et l’emploi de suppôt à la dictature dont la nouvelle configuration se complait à jouer, on comprend que son «indigénisation» n’a été qu’un prétexte pour des fins exécrables.
En effet, comme l’a dit Laennec Hurbon parlant des relations osmotiques entre culture et dictature en Haïti, particulièrement en relation à l’usage symbolique qu’en a fait Papa Doc durant l’entreprise de consolidation de son pouvoir dictatorial: «Il s’agissait pour lui de laisser courir des rumeurs sur son allégeance aux dieux du vaudou, et qu’ainsi les classes dominées puissent trouver une interprétation toute faite du pouvoir ou, plus exactement, que les classes s’engagent dans un processus de consentement à ce pouvoir.» C’était pour Duvalier un mouvement tactique au profit, non pas d’une vision centenaire pour «sauver la race», comme la propagande duvaliériste le claironnait, mais pour des objectifs plus terre à terre: «La nomination d’évêques catholiques haïtiens, ironise Hurbon qui détecte le subterfuge zombifiant du système duvaliériste, c’est cependant l’accession des masses à la lumière, l’acte par excellence du héros, du messie rédempteur de la race, à l’instar des héros de l’indépendance qui prouvent au monde blanc la valeur et la dignité – égale à la civilisation (blanche) – du monde noir.»2
L’instrumentalisation de Dany Laferrière
Il y a un proverbe haïtien qui dit: Se gwo non ki tiye tichen («C’est son gros nom pompeux qui tue le petit chie »). On l’a ébloui avec tant de d’honneurs glorifiants qu’il finit par perdre son équilibre, son âme, sa vie. L’élection de Dany Laferrière à l’Académie française aurait été une source de fierté aux Haïtiens si elle était un effort sérieux de la part de l’intelligentsia française à rendre hommage à la littérature haïtienne d’expression française, et non pas une mise en scène propagandiste pour étaler la bonhomie française. Malheureusement, comme je l’ai dit dans un précédent article sur cette élection, les arrières-pensées françaises sont moins généreuses: «En fin de compte, l’élection de Dany Laferrière à l’Académie française – vue de la perspective de l’aspiration nationale d’Haïti et du peuple haïtien à la liberté, à la dignité et au développement économique –, n’équivaudrait qu’à un jeu de mirage et de dupes, l’une de ces pseudo manigances honorifiques mises à profit par le maître colon pour flatter la vanité de l’esclave domestique. Il y a aliénation quand le bouffon du roi ne se rend pas compte de la tragédie derrière la comédie.»3On comprend bien que la consécration de Laferrière ait suscité des émotions fortes chez ses concitoyens et lecteurs, mais une apologie publiée sur le site Parole en archipel du 5 juin 2015 l’a empoté en exagération, appelant Laferrière un «trublion», un homme qui «comme Toussaint Louverture [ou Jean-Jacques Dessalines], le fondateur de sa nation, [...] n’a aucun complexe ni aucun devoir de reconnaissance envers la France».4
Un trublion? Laferrière peut bien être fier d’être Haïtien, mais il n’est certainement pas un trublion qui – comme je présume que l’auteur se réfère au sens nouveau du terme – signifie agitateur, perturbateur, empêcheur de danser en rond. À ce que je sache, ultérieurement à son départ d’Haïti en 1976, à part son anti-jeanclaudisme verbal à travers sa rubrique hebdomadaire au journal newyorkais Haïti Observateur au début des années 1980, Dany Laferrière n’a pris aucune action politique ou littéraire d’envergure qui le qualifierait de «trublion», un terme qui voudrait dire, dans le contexte politique et intellectuel actuel, une action qui défie l’ordre politique ambiant, c’est-à-dire les pouvoirs constitués, que ce soit en Haïti (après Jean-Claude Duvalier), aux États-Unis ou au Canada. À moins qu’on considère la publication de son livre Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer comme une action de «trublion»!
Dans une interview qu’il a donnée à la chaîne de télévision TV5 Monde la semaine de sa réception à l’Académie française, parlant du créole haïtien, Laferrière affirme essentiellement qu’il ne s’embarrasse pas de ne l’avoir pas utilisé comme langue d’écriture en guise du français et que s’exprimer ou écrire en créole haïtien n’a rien de spécial puisque les Tonton-macoutes eux aussi le parlaient. À la question «À quoi ça sert l’Académie?», il répond qu’il espère qu’elle ne sert à rien, pour continuer sur une belle envolée rhétorique: «J’espère qu’elle sert à dire qu’il y a un espace qui négocie avec l’éternité. Vous savez, à force de ne plus rien faire qui dure plus de dix ans, l’esprit de mes contemporains ne peut même pas concevoir ce qu’est une cathédrale qui prenait des siècles pour se construire. On ne peut plus le concevoir. Pour moi ça sert à une interprétation de l’écriture qui dépasse le temporel, c’est-à-dire le politique.» Hum...
Le discours de réception devant être, selon l’usage de l’Académie française, un hommage du nouvel élu à l’«Immortel» dont il vient d’occuper la chaise, Laferrière parle naturellement de Hector Bianciotti, l’auteur argentin décédé en 2012. Cette partie du discours est bien intéressante même si un peu houleuse à cause de la longueur, mais Laferrière y fait jouer, là aussi, la magie du tour de phrase qui vous captive jusqu’au point où vous vous écoulez, fatigué.
Il commence avec une prose coulante, d’un ordre grammatical simple, limpide comme un ruisseau, à sa manière coutumière. Il fait des petits rappels historiques ça et là, comme l’aide d’Alexandre Pétion à Simon Bolivar en 1815 pour libérer l’Amérique latine de la colonisation espagnole; ou l’occupation étatsunienne d’Haïti entre 1915 et 1934. Dans le long discours d’hommage à son prédécesseur, un discours qui met en vitrine sa grande érudition sur les grands textes de la nomenclature intellectuelle occidentale, je retiens ces beaux mots sur Bianciotti: «Ici, on se souvient d’Hector Bianciotti comme d’un homme généreux, élégant et cultivé. Trois qualificatifs qui reviennent dès qu’on apprend quelque part que j’entre à l’Académie française. “Au fauteuil de qui?” “Hector Bianciotti.” “Ah, me répond-on, vous êtes chanceux! Ça va être facile d’en dire du bien. C’est un bon écrivain et un homme courtois.” (...) Passerai-je l’examen? (...) Comme dans un roman de Proust qu’il ne nomme pas souvent, lui préférant Alberto Savinio, mais dont la grande ombre s’étend sur son œuvre, on remarque chez Bianciotti l’incessant exercice de mémoire où les détails s’accumulent et les analyses se bousculent jusqu’à couvrir parfois la musique intime qui relie les visages aux paysages. Une demi-douzaine de thèmes reviennent presque à chaque livre: la ferme du père, la monotone pampa dont il a tiré des sons plus proches de la musique classique que de la milonga locale, une famille fellinienne, en fait plus proche de Kusturica que de Fellini, avec de gros plans comme ceux sur la grand-mère qui montrent un goût certain pour le cinéma, les départs toujours précipités, l’errance dans les grandes villes, le retour avec son cortège d’émotions confuses, le temps circulaire qui appelle ces étourdissantes répétitions, tout cela fait penser à un enfant qui refuse de descendre du manège malgré une peur croissante.»
Les expressions d’excitation et d’apologie pour l’image rehaussée et positive que reflète le standing d’un Haïtien dans un centre culturel international respecté, sont bien compréhensibles. Ainsi, dans un article élogieux en l’honneur de Laferrière le poète Joël Des Rosiers a trouvé des mots profonds bien choisis pour rendre compte de la solennité du moment et de l’exceptionnalité de la cérémonie de réception à l’Académie française: «Et nous ressentons par une sorte d’intrusion surnaturelle toute borgésienne, peu coutumière sous la plume de Laferrière, lisant debout en costume vert dans le décor irréel de la Coupole baignée de lumière de fin d’après-midi, tout le pouvoir de la littérature. Ce qui aurait pu être un artifice littéraire, terriblement superficiel – prononcer l’éloge d’un écrivain dont on ne fréquente que l’œuvre –, devient alors un grand moment de connivences entre l’écrivain disparu, devenu à la fois le semblable et le proche de celui qui lui succède. Quand bien même Bianciotti et Laferrière divergent dans leur traitement de l’érudition, ce dernier poursuit son dialogue avec lui, au long du discours sur la capacité du langage à produire des symboles de l’exil. L’exil qui fait perdre à l’homme l’enfance, le monde et le langage.» Le «petit Dany» du quartier, pour reprendre le surnom affectueux que lui donne Marcus Garcia, ayant atteint de son vivant ses grands rêves de gloire littéraire, a ainsi inspiré de l’admiration parmi certains de ses pairs. C’est normal.
Il y a cependant une petite phrase dans l’hommage de Des Rosiers à Laferrière qui illustre notre inquiétude quant aux implications malheureuses du choix de siéger Dany Laferrière à l’Académie française: «Il y eut cet après-midi un moment de dignité. Les phrases fusaient à vrai dire avec l’espoir qu’elles se graveraient pour toujours dans le marbre de la Coupole. C’était comme si, à l’instar d’Hector Bianciotti, les victimes de l’esclavage n’étaient jamais vraiment mortes.»5
Et c’est justement là le danger: la possibilité qu’avec des gestes symboliques et un verbe complaisant la France puisse se dispenser de payer réparation ou compensation pour les crimes contre l’humanité commis durant l’esclavage, et après par voie de l’indemnité et des complots ultérieurs contre l’aspiration démocratique haïtienne.
À un public disposé à acclamer des nouvelles positives venant de ce coin malade de la terre qu’est Haïti, l’image d’un compatriote haïtien assis sur la chaise et dans le siège de la gloire littéraire française peut susciter d’intenses émotions, mais nous ne devons pas non plus oublier que l’Académie française est une institution française, qui sert essentiellement les intérêts de la langue et de la culture françaises.
Nous devons nous rappeler aussi que les prix littéraires tels le Médicis ou le Metropolis Bleu, que Laferrière a jusqu’ici gagnés et qu’on a souvent cités comme parcours légitimant qui le fait mériter la «montée» à l’Académie, sont des institutions culturelles respectivement française et franco-canadienne qui font la promotion de la francité telle exprimée dans la langue et la culture, et articulée, raffinée dans l’enseignement et la littérature. En tant que telles elles font partie de l’arsenal d’abord de la colonisation française, ensuite de l’impérialisme ou du néocolonialisme français pour asservir et dominer les peuples par le triple emploi de l’armée, de l’économie et de la langue/culture.
En exceptant toutes gratifications propres à l’auteur, je ne vois pas en quoi l’élection d’un Haïtien à l’Académie française puisse servir les intérêts d’Haïti et sa problématique actuelle, dont le rapport d’inégalité entre le français et la langue haïtienne en est justement une des composantes.
Venant après l’installation de l’Académie du créole haïtien en décembre dernier à Pétion Ville, Haïti, un grand événement historique passé largement inaperçu par ces médias internationaux qui encensent aujourd’hui l’«induction» de Dany Laferrière, on ne peut s’empêcher d’en soupçonner l’intention.
Pourquoi en effet ce tapage médiatique sur l’installation de Dany Laferrière à l’Académie française en France et tant de silence sur celle de l’Académie du créole haïtien en Haïti? Cette juxtaposition de réactions aux deux événements montre déjà l’ampleur du décalage linguistique en Haïti. C’est une aliénation qui a déjà trop duré, un mal qui a mis trop longtemps à être remédié. À supposer que la France voudrait vraiment reconnaître les 10% ou 15% d’Haïtiens qui parlent le français, pourquoi en faire un événement médiatique alors que l’événement médiatique vraiment extraordinaire – la création de l’Académie du créole haïtien – a été reçu avec grand silence?
Il est vrai que l’image ou, pour employer un terme à la mode aujourd’hui, l’«optique» d’un Dany Laferrière, l’air fier, agréable, souriant, dans l’hémicycle de la vénérable institution est préférable à l’image coutumière des boatpeople haïtiens, l’air ahuris, peureux, misérables, fuyant leur nation dans des canots de malheur, et à celle des tentpeople vivant toujours sous les tentes ou simplement dans la rue, cinq ans après le tremblement de terre. En ce sens, la fierté ressentie par plus d’un est bien naturelle, excepté que le prix à payer pour ce sentiment de fierté pourrait être d’autant plus grave et dangereux qu’il est insidieux, camouflé sous les pompes de la gloire de la francité.
Moi aussi, il y a une part de moi qui applaudit l’élection de Laferrière avec grand émoi et qui dit «Bravo, mon compatriote, pour ce grand exploit!», mais il y aussi l’autre part de moi-même, mon petit surmoi critique qui répond: «Pourquoi une Haïti indépendante, et fière de l’être, serait-elle passible des institutions culturelles françaises dans le sens de la légitimation de sa propre validité culturelle?»
Dans un monde où l’universalité de l’Être ne pose pas de problème, un nègre haïtien à l’Académie française serait un insignifiant sans grande conséquence parce que l’ethnicité de l’Être est transcendée par la pratique égalitaire parmi ses multiples manifestations ou représentations, mais dans le monde réel où nous vivons, qui use la race, la nationalité, le statut socio-économique, le niveau d’éducation et d’accès à la culture comme facteurs d’exclusion, prétendre qu’un petit nègre haïtien qui siège à l’Académie française confère valeurs et légitimité, c’est accepter, sans esprit critique, les prémisses aliénantes de l’auto-centrisme de la colonisation européenne.
Dernière édition par Joel le Mer 29 Juil 2015 - 7:31, édité 2 fois
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Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
SUITE DE L'ARTICLE
Naturellement, ce n’est tout le monde qui partage cette vision rosée de la «consécration» de Laferrière. En fait, seulement le lendemain, le professeur Gérard Bissainthe publie un court texte-réponse à l’article de Léonidas intitulé «L’écrivain Dany Laferrière est-il un Immortel ou un Zombi dans le firmament intellectuel et littéraire d’Haïti?» Il ironise le sous-titre de l’article de Léonidas: «Il manque à ce pied-de-nez pour qu'il soit effectif une condamnation formelle de la tutelle inconstitutionnelle des Nations Unies à laquelle participe la France.» Bissainthe place l’élection de Dany Laferrière à l’Académie française dans le contexte de la lutte entre deux Haïti: «A) Une Haïti qui accepte l’occupation, à laquelle participe la France, du territoire national par la communauté Internationale. Comme il faut appeler les choses par leurs noms, c’est l’Haïti des Collabos, formellement notre Vichy. B) Une autre Haïti qui refuse et combat cette occupation: c’est l’Haïti Libre et Souveraine. La France n’ayant aucune autorité ni juridiction sur cette Haïti Libre, les Haïtiens qu’elle immortalise n’y sont, en fait, que des Zombis intellectuels, peu estimés, à moins qu’ils n’aient condamné haut et clair, urbi et orbi, cette occupation inconstitutionnelle d’Haïti.» Bref, Bissainthe voit toute la mascaraderie de la chose.
À la vérité Bissainthe n’est pas trop méchant envers Laferrière, il lui laisse une porte de sortie pour se racheter s’il consent à faire une seule chose: «Jusqu’à preuve du contraire, l’écrivain Dany Laferrière immortalisé par la France est pour l’Haïti Libre et Souveraine un Zombi Intellectuel. Son statut pourra changer, lorsqu'il fera haut et clair, urbi et orbi, une condamnation de l’occupation inconstitutionnelle d’Haïti, ce qui le dédouanera et lui permettra d’être apprécié à sa juste valeur par les Haïtiens de l’Haïti Libre et Souveraine et par l’ensemble du peuple haïtien libre et souverain.»7
C’est intéressant que Bissainthe emploie le terme «Zombi littéraire» [ou Zombie, Zonbi], pour désigner Laferrière lui-même. Dans l’imaginaire haïtien un Zonbi est quelqu’un qui est induit à l’état d’asservissement grâce à l’action de détournement et de dépersonnalisation d’une autre personne (un bòkò, sorcier).
Cette caractérisation rejoint, métaphoriquement parlant, l’analyse que je fais ici sur l’encensement de Laferrière par l’Académie française, que je vois comme un artifice, une symbolique zombifiante mise à profit par l’impérialisme culturel français pour l’amadouer dans le but d’aider à sa consolidation en Haïti. En ce sens, un Zonbi littéraire est un terme ni trop fort, ni trop dur pour qualifier la sorte d’instrumentalisation dont Laferrière s’est laissé employer.
On peut certes objecter que cette caractérisation n’est pas si pertinente parce que l’état de zombification est toujours une victimisation, une action maléfique contre la volonté et l’appréhension d’une autre personne, alors que la consécration de Laferrière par l’Académie française a été instiguée et voulue par lui-même. C’est vrai, mais on ne peut pas oublier que l’opprimé, comme l’a montré Frantz Fanon dans le cas de Mayotte Capécia, l’auteure de Je suis Martiniquaise – œuvre d’auto-myopie et d’auto-dévaluation des plus exécrables –, peut passer de l’état d’asservissement à auto-asservissement quand son ascension dans la hiérarchie de valeurs instaurée par l’ordre dirigeant ambiant l’amène à internaliser les présupposés justificateurs de cet ordre dirigeant.8
Le professeur Michel DeGraff est l’un des éminents intellectuels haïtiens qui voient l’élection de Dany Laferrière pour ce qu’elle est en réalité: une entreprise pour consolider l’emprise hégémonique du français en Haïti contre l’affirmation de la langue haïtienne: «On m’a appris à mépriser la langue créole depuis mon tout jeune âge sur les bancs de Saint Louis de Gonzague où le Frère Raphaël Berrou (un Blanc français) nous disait que le créole ne peut nous mener pas plus loin que La Gonâve. Et puis, les frères de Saint Louis nous enjoignaient d’apprendre par cœur les poèmes de Carl Brouard, qui a dit que les palabres sur le créole sont prématurés parce qu’Haïti ne peut se développer avec le créole.»
Linguiste, proche de Yves Déjean, le farouche défenseur du créole haïtien, DeGraff a en horreur les dégâts qu’ont causés l’épistémè francophile et les pratiques d’acculturation et d’exclusion au sein de la société haïtienne, que ce soit en Haïti ou en Diaspora. Dans sa réponse au discours de réception de Laferrière, il énumère six raisons «qui m’amènent, dit-il, en tant que linguiste qui travaille sur la langue et l’éducation comme facteurs de développement en Haïti, à critiquer le discours que Dany Laferrière a prononcé devant l’Académie française en date du 28 mai 2015».
Les six raisons sont les suivantes:
Comme on le voit, les six raisons de DeGraff renferment toute une vision de la révolution linguistique en Haïti. Après avoir cité Amin Maalouf, membre de l’Académie française, qui s’est demandé dans sa réponse à Laferrière «Comment persuader nos contemporains, et notamment nos compatriotes, qu’ils ont toute leur place au sein de la civilisation globale qui se construit, sans qu’ils aient à sacrifier leur langue, leur culture, leur trajectoire propre, ni leur dignité? Comment leur éviter de se sentir dépossédés, envahis, exclus ou marginalisés?», DeGraff termine avec ces mots: «Le créole est important: pour apprendre aux élèves à se servir de leur langue maternelle comme de droit, ce qui les aidera à devenir brillants dans n’importe quelle discipline. Ainsi, ils pourront se servir de leur propre richesse linguistique et culturelle pour créer plus de richesse pour eux-mêmes et pour leur pays.»10
Tout au commencement de sa réponse, DeGraff s’est demandé si, après lecture, on ne va pas lui demander «si c’est parce que je suis contre le français que je critique Dany Laferrière». Il estime que si on lit sa note on comprendra le bien-fondé de sa position. En vérité, je doute fort qu’on comprendra jamais – «on » se réfère ici à la classe intellectuelle francophile – pourquoi la domination de la langue et de la culture françaises en Haïti est servie comme obstacle non seulement au développement d’Haïti, mais aussi, plus profondément, à la complétude existentielle des Haïtiens.
À remarquer en outre que DeGraff soutient, comme d’ailleurs la majorité des linguistes haïtiens, la revendication qui demande que le créole haïtien devienne la langue d’instruction principale dans tous les niveaux de l’éducation, du jardin d’enfants à l’université.
Il y a justement aliénation quand des données qui devraient normalement aller de soi – comme cet axiome sur l’enseignement dans la langue maternelle – ne sont pas si claires après tout et que les protagonistes, les individus «en situation», comme dirait Sartre, ferment leurs yeux ou deviennent récalcitrants aux possibilités de dépassement et de transcendance.
À un point de son livre, Said s’est demandé: «Peut-on parler de l’impérialisme comme étant si enraciné dans l’Europe du XIXe siècle qu’il devient indiscernable de la culture comme un tout?» Anticipant une réponse des ses critiques, il continue: «L’objection qui dit que la culture ne devrait pas être considérée comme part de l’impérialisme peut être une tactique pour empêcher de connecter les deux.» Said a cité toute une liste d’auteurs européens (Conrad, Flaubert, Ruskin, Kipling, etc.) dont l’œuvre reflète l’influence du discours impérialiste dominant: «Ce n’est pas nécessaire de minimiser le décalage de pouvoir mis en place par l’impérialisme et continué durant la rencontre coloniale. (...) La fiction de Kipling qui peint l’Indien comme une créature qui a clairement besoin de la tutelle britannique est certainement un aspect important du mode d’instillation insidieux de l’hégémonie culturelle impérialiste.»11
Outre que Kipling et Flaubert, Said a parlé aussi de Camus, plus connu de l’intelligentsia étatsunienne comme un existentialiste libéral, comparé à Sartre, un radical. Said semble voir Camus pour ce que moi aussi j’ai toujours pensé qu’on a fait de lui: la caution intellectuelle de la droite qui ne veut pas aller aussi loin que les «irresponsables» comme Sartre, de Beauvoir ou Genet voulaient aller.
Dans une série d’articles publiés récemment sur le site Alter Presse, le politologue haïtien, Leslie Péan, a montré comment certains comportements des politiciens haïtiens d’aujourd’hui (tendances conspirationnelles, coups bas, opportunisme, déloyauté, manque de jugement sur les conséquences des actes posés, etc.) tirent directement leur source depuis le système esclavagiste et les pères fondateurs de la nation: «Le système de valeurs pourries sorties de l’esclavage a traversé deux siècles pour s’imposer au détriment des valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité. Les malfaiteurs aux képis et aux uniformes chamarrés font main basse sur l’espace haïtien. La zombification s’est répandue et la population constate médusée le comportement inqualifiable des autorités qui détruisent tout.»12
C’est le même phénomène qui s’est produit au niveau de la politique de langue et de la transmission de la culture en Haïti, même si son taux de fatalités et de destruction n’est pas aussi visible que dans son pendant politique. Des comportements, attitudes, façons de faire, privilèges et préjugés qui remontent depuis la colonie, continuent à être ainsi prévalents malgré le passage du temps et les bouleversements politiques. Comment un peuple d’insurgés qui a combattu et vaincu les redoutables armées de la France, de l’Angleterre et de l’Espagne, toutes des grandes puissances de l’époque, est-il arrivé à accepter la mystification du contrôle néocolonialiste par la langue et la culture?
Cette «duale opération» regroupant un détachement de marines étatsuniens avec des forces spéciales françaises était une action illégale qui violait – quoi que vous pensiez du régime d’Aristide –, l’intégrité territoriale d’Haïti, détruisant également plusieurs décennies d’ardus efforts par les forces démocratiques haïtiennes et leurs alliés pour instituer un régime de droit en Haïti. Elle a aussi ouvert la voie à la consolidation du contrôle impérialiste sur Haïti, affaiblissant les institutions proprement nationales haïtiennes; une situation que viendra aggraver et envenimer le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
C’est une Haïti terriblement affaiblie, démoralisée, accablée par une multiplicité de problèmes épineux que prendra en charge la soi-disant «communauté internationale», qui met sur pied une institution bidon, le Conseil intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH), pour la gérer, selon le modèle néocolonial.
Tout le monde a le droit de faire ce qui bon lui semble de sa vie; ça vaut aussi pour les écrivains. Mais je le trouve un peu indécent qu’on puisse déclamer un discours de plus d’une heure sur les belles lettres françaises et latino-américaines sans dire un mot sur la souffrance des peuples et sur les intérêts impérialistes et géopolitiques qui causent cette souffrance.
Je pense qu’il y a une mission éthique qui est dévolue à l’écrivain et qui est mise à profit même chez les plus amoraux et immoraux d’entre eux. En effet, même le Marquis de Sade, dans l’amoralité et Jean Genet, dans l’immoralité, ont poursuivi la mission éthique de l’écrivain: le premier pour montrer les hypocrisies et la faiblesse humaine cachées derrière le semblant de vertu de la société monarchique; le second pour miner les fondations moralisatrices de la société bourgeoise moderne et insister sur une autre éthique.
Laferrière a dit dans l’émission de TV5 Monde qu’il est «dégagé» de la politique, cette affirmation est un vœu pieux que la réalité ne supporte pas, car, comme l’a dit Jean-Paul Sartre dans Qu’est-ce que la littérature?, l’écrivain est toujours «dans le coup,quoi qu’il fasse, marqué, compromis jusque dans sa plus lointaine retraite».
Dans ce livre, Sartre a montré que même le silence est déjà une action, chargé de signification, parce qu’il cautionne l’état de fait ambiant imposé par le plus fort dans une problématique d’oppression, particulièrement dans une situation de domination coloniale ou de répression politique: «L’écrivain est, dit-il, en situation dans son époque: chaque parole a des retentissements. Chaque silence aussi. Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivait la Commune de Paris [1871] parce qu’ils n’ont pas écrit une ligne pour l’empêcher.»13
Oui l’écrivain, qu’il le veuille ou non, a, comme l’ouvrier ou le boulanger du coin, une «fonction sociale». Prétendre qu’on puisse «transcender» cette condition par un «dégagement» est une fabulation. C’est ce travail pluri-centenaire de ce que j’appelle dans mon dernier ouvrage créole la «zombification de Bouki» qui doit prendre fin aujourd’hui.
À un moment où toute l’Amérique latine et Haïti en particulier sont confrontées à une panoplie de problèmes et défis qui causent aux seins des populations beaucoup de bouleversements et malheurs demandant des engagements considérables à la fois étatique, collectif et individuel; à un moment où l’être humain est de plus en plus dévalué au profit de sa valeur d’échange, de sa fortune personnelle, des outputs productivistes que son travail – ou son génie spéculateur – procurent à la corporation ou à Wall Street; à un moment où Haïti, le pays d’origine de Laferrière, gémit sous les poids de deux cents ans de brimades et contrôle impérialistes ou néocolonialistes, souvent camouflés sous le masque de la charité humanitaire; à un moment où la langue identitaire du pays – le créole haïtien – essaie de s’affranchir de trois siècles de zombification et d’infériorisation au profit du français, la langue des élites, la langue à travers laquelle la France a pu continuer son contrôle sur l’Haïti indépendante (grâce en partie aux bonnes missions «civilisatrices» des Frères de l’Instruction Chrétienne); oui, à un moment où tant de questionnements sollicitent des réponses, et où tant d’inquiétudes et de peines se bénéficieraient de la sagesse et de la connaissance d’un Académicien, l’allocution-fleuve de Dany Laferrière devant l’Académie française n’en dit pratiquement rien. Rien.
Sensible à la critique que son élection à l'Académie française provient du désir de la France de maintenir son ancienne colonie sous la coupe réglée de son hégémonie culturelle, Laferrière a recouru à une astuce: il s’est fait fabriquer une épée spéciale, coupée sous le signe de Legba, connu dans le panthéon vodou comme le dieu des chemins croisés, des rencontres, comme l’initiateur qui ouvre les cérémonies vodou, célébré par Laferrière comme le dieu des écrivains (pour ma part, je considérerais plutôt Simbi, la déesse vodou des eaux, des grands espaces marins, de l’émerveillement, comme la déesse des écrivains et des conteurs).
Naturellement, beaucoup ont vu dans l’invitation de Legba par Laferrière dans le grand temple de la culture française comme une métaphore de l’accession d’Haïti à la gloire littéraire mondiale, comme un grand honneur à la culture haïtienne. Ce serait peut-être vrai si cet «honneur» n’était pas assaisonné d’implications malencontreuses, s’il n’était pas part des symboliques zombifiantes mentionnées plus haut: une symbolique est zombifiante quand derrière les qualités et positivités apparentes qu’elle exhibe se cache une intentionnalité dont la fonction principale est de mystifier, donner le change, illusionner. Legba à l’Académie française envoie une image frappante qui peut éblouir tout en véhiculant une image positive, une image généreuse, tolérante de la «mère-patrie», la France, dont, en réalité, la politique étrangère et culturelle a causé beaucoup de dommages à Haïti.
Legba à l'Académie française, c’est aussi ce que les Étatsuniens appellent un «token», un gage, une sorte de fausse compensation pour son «dégagement» politique et son sentiment de trahison culturelle. Bien sûr ce dégagement est lui aussi un voeu pieux, parce que dans une totalité environnante comme Haïti où des hommes et femmes réels sont condamnés à des conditions de vivre sub-humaines elles aussi réelles et dues à l’action malhonnête et oppressive d’autres humains, un écrivain qui s’en dégage, c’est-à-dire, en clair langage, qui ferme ses yeux pour ne pas les voir, est en réalité complice de par l’impossibilité de neutralité dans l’enfer, comme l’a dit encore Sartre: «L’homme est l’être vis à vis de qui aucun être ne peut garder l’impartialité, même Dieu. Car Dieu, s’il existait, serait, comme l’ont bien vu certains mystiques, en situation par rapport à l’homme.»14
Cela dit, quand bien même nous ne questionnons ni le mérite ni la qualification de Laferrière pour siéger à l’Académie française, nous regrettons seulement qu’il se soit laissé servir comme instrument des objectifs impérialistes de l’hégémonie culturelle française. Contrairement aux suggestions de l’apologie «révisionniste» mentionnée plus haut, Dany Laferrière est loin d’un créoliste, et sa déclaration à la chaîne de télévision TV5 Monde le prouve bien, des deux langues officielles d’Haïti, le créole et le français, il choisit celle-ci comme langue (unique) d’écriture et ne conçoit le créole que comme ajout folklorique dont on évoque à grands cris de cœur mais qu’on laisse dans le vestibule des grandes occasions.
À cause de toute cette réalité, l’élection d’un Haïtien à l’Académie française ne sert en rien les intérêts actuels d’Haïti. Peut-être que dans deux cents ans, quand la parité linguistique aura été accomplie en Haïti, l’élection de Laferrière sera vue sous un angle meilleur; mais aujourd’hui où les Haïtiens ont encore si honte de leur langue maternelle qu’ils refusent de l’utiliser dans les occasions importantes de leur vie comme le mariage, l’enterrement, le baptême, la graduation, etc., on a encore un long chemin à faire. Et les mystifications ne feront qu’empirer les choses et retarder l’avènement d’une nation fière de sa langue et de sa culture afro-caraïbéennes.
«Dany Laferrière est-il un Immortel ou un zonbi littéraire?»
Comme on peut le voir, les sentiments d’exaltation exprimés par plusieurs compatriotes ne proviennent pas seulement du «petit peuple», mais aussi d’un bon nombre de membres prééminents de la soi-disant intelligentsia, qui rivalisent d’apologies, sans souvent se garder d’exagérer le sens de l’événement, comme par exemple l’écrivain et médecin Jean-Robert Léonidas qui affirme: «Plus de 30 ans après Marguerite Yourcenar, la première femme à l’Académie Française, plus de trente-trois ans après Léopold Sédar Senghor, le premier Africain à y siéger, Dany Laferrière vient d’être effectivement admis sous la Coupole. Il y fait une entrée triomphale et avec lui toute une culture, tout un pays. Haïti existe bel et bien dans tous les secteurs. Elle est même devenue immortelle en littérature, après tant d’éclats réalisés dans le domaine par plusieurs de ses fils et filles. Mais Dany Laferrière a porté tout cela au paroxysme. (...) Cette montée en puissance d’Haïti au niveau des lettres, c’est un pied de nez à une certaine vision misérabiliste, au questionnement sans doute malencontreux de la réalité existentielle même du pays.» Plus loin dans ce texte, Léonidas estime que Laferrière «mérite» cet honneur, et qu’il est un homme généreux: «Pénétrer sous la coupole sera glorieux pour lui, pour le monde et pour Haïti. Il aime Haïti et sa littérature. Il accueille les succès littéraires du pays, y compris le dernier prix Fémina attribué à Yanick Lahens. D'un point de vue personnel, c'est un collègue tellement généreux! À la Porte de Versailles, au salon du livre de Paris 2013 il est même venu acheter mon dernier roman. À chacun son big-bang. Bravo Monsieur Laferrière!»6Naturellement, ce n’est tout le monde qui partage cette vision rosée de la «consécration» de Laferrière. En fait, seulement le lendemain, le professeur Gérard Bissainthe publie un court texte-réponse à l’article de Léonidas intitulé «L’écrivain Dany Laferrière est-il un Immortel ou un Zombi dans le firmament intellectuel et littéraire d’Haïti?» Il ironise le sous-titre de l’article de Léonidas: «Il manque à ce pied-de-nez pour qu'il soit effectif une condamnation formelle de la tutelle inconstitutionnelle des Nations Unies à laquelle participe la France.» Bissainthe place l’élection de Dany Laferrière à l’Académie française dans le contexte de la lutte entre deux Haïti: «A) Une Haïti qui accepte l’occupation, à laquelle participe la France, du territoire national par la communauté Internationale. Comme il faut appeler les choses par leurs noms, c’est l’Haïti des Collabos, formellement notre Vichy. B) Une autre Haïti qui refuse et combat cette occupation: c’est l’Haïti Libre et Souveraine. La France n’ayant aucune autorité ni juridiction sur cette Haïti Libre, les Haïtiens qu’elle immortalise n’y sont, en fait, que des Zombis intellectuels, peu estimés, à moins qu’ils n’aient condamné haut et clair, urbi et orbi, cette occupation inconstitutionnelle d’Haïti.» Bref, Bissainthe voit toute la mascaraderie de la chose.
À la vérité Bissainthe n’est pas trop méchant envers Laferrière, il lui laisse une porte de sortie pour se racheter s’il consent à faire une seule chose: «Jusqu’à preuve du contraire, l’écrivain Dany Laferrière immortalisé par la France est pour l’Haïti Libre et Souveraine un Zombi Intellectuel. Son statut pourra changer, lorsqu'il fera haut et clair, urbi et orbi, une condamnation de l’occupation inconstitutionnelle d’Haïti, ce qui le dédouanera et lui permettra d’être apprécié à sa juste valeur par les Haïtiens de l’Haïti Libre et Souveraine et par l’ensemble du peuple haïtien libre et souverain.»7
C’est intéressant que Bissainthe emploie le terme «Zombi littéraire» [ou Zombie, Zonbi], pour désigner Laferrière lui-même. Dans l’imaginaire haïtien un Zonbi est quelqu’un qui est induit à l’état d’asservissement grâce à l’action de détournement et de dépersonnalisation d’une autre personne (un bòkò, sorcier).
Cette caractérisation rejoint, métaphoriquement parlant, l’analyse que je fais ici sur l’encensement de Laferrière par l’Académie française, que je vois comme un artifice, une symbolique zombifiante mise à profit par l’impérialisme culturel français pour l’amadouer dans le but d’aider à sa consolidation en Haïti. En ce sens, un Zonbi littéraire est un terme ni trop fort, ni trop dur pour qualifier la sorte d’instrumentalisation dont Laferrière s’est laissé employer.
On peut certes objecter que cette caractérisation n’est pas si pertinente parce que l’état de zombification est toujours une victimisation, une action maléfique contre la volonté et l’appréhension d’une autre personne, alors que la consécration de Laferrière par l’Académie française a été instiguée et voulue par lui-même. C’est vrai, mais on ne peut pas oublier que l’opprimé, comme l’a montré Frantz Fanon dans le cas de Mayotte Capécia, l’auteure de Je suis Martiniquaise – œuvre d’auto-myopie et d’auto-dévaluation des plus exécrables –, peut passer de l’état d’asservissement à auto-asservissement quand son ascension dans la hiérarchie de valeurs instaurée par l’ordre dirigeant ambiant l’amène à internaliser les présupposés justificateurs de cet ordre dirigeant.8
Le professeur Michel DeGraff est l’un des éminents intellectuels haïtiens qui voient l’élection de Dany Laferrière pour ce qu’elle est en réalité: une entreprise pour consolider l’emprise hégémonique du français en Haïti contre l’affirmation de la langue haïtienne: «On m’a appris à mépriser la langue créole depuis mon tout jeune âge sur les bancs de Saint Louis de Gonzague où le Frère Raphaël Berrou (un Blanc français) nous disait que le créole ne peut nous mener pas plus loin que La Gonâve. Et puis, les frères de Saint Louis nous enjoignaient d’apprendre par cœur les poèmes de Carl Brouard, qui a dit que les palabres sur le créole sont prématurés parce qu’Haïti ne peut se développer avec le créole.»
Linguiste, proche de Yves Déjean, le farouche défenseur du créole haïtien, DeGraff a en horreur les dégâts qu’ont causés l’épistémè francophile et les pratiques d’acculturation et d’exclusion au sein de la société haïtienne, que ce soit en Haïti ou en Diaspora. Dans sa réponse au discours de réception de Laferrière, il énumère six raisons «qui m’amènent, dit-il, en tant que linguiste qui travaille sur la langue et l’éducation comme facteurs de développement en Haïti, à critiquer le discours que Dany Laferrière a prononcé devant l’Académie française en date du 28 mai 2015».
Les six raisons sont les suivantes:
- «Avec les grands pouvoirs viennent toujours les grandes responsabilités»;
- «L’Académie française est là pour défendre la France, pas pour défendre Haïti»;
- «Nous ne devons pas oublier qu’Haïti est un pays où tout le monde parle le créole à côté d’une petite minorité qui parle le français»;
- «Jean-Jacques Dessalines lui aussi défendait la langue créole et il savait bien que la France pourrait se servir de la langue française pour ligoter notre esprit»;
- «Moi aussi, comme linguiste, éducateur et académicien siégeant à l’Académie créole, je me sens obligé de défendre la langue créole même si je n’ai rien contre ni le français, ni aucune autre langue»;
- «Je hais les barrières érigées entre les langues qui continuent de bloquer l’accès à la connaissance pour la plupart des Haïtiens.»9
Comme on le voit, les six raisons de DeGraff renferment toute une vision de la révolution linguistique en Haïti. Après avoir cité Amin Maalouf, membre de l’Académie française, qui s’est demandé dans sa réponse à Laferrière «Comment persuader nos contemporains, et notamment nos compatriotes, qu’ils ont toute leur place au sein de la civilisation globale qui se construit, sans qu’ils aient à sacrifier leur langue, leur culture, leur trajectoire propre, ni leur dignité? Comment leur éviter de se sentir dépossédés, envahis, exclus ou marginalisés?», DeGraff termine avec ces mots: «Le créole est important: pour apprendre aux élèves à se servir de leur langue maternelle comme de droit, ce qui les aidera à devenir brillants dans n’importe quelle discipline. Ainsi, ils pourront se servir de leur propre richesse linguistique et culturelle pour créer plus de richesse pour eux-mêmes et pour leur pays.»10
Tout au commencement de sa réponse, DeGraff s’est demandé si, après lecture, on ne va pas lui demander «si c’est parce que je suis contre le français que je critique Dany Laferrière». Il estime que si on lit sa note on comprendra le bien-fondé de sa position. En vérité, je doute fort qu’on comprendra jamais – «on » se réfère ici à la classe intellectuelle francophile – pourquoi la domination de la langue et de la culture françaises en Haïti est servie comme obstacle non seulement au développement d’Haïti, mais aussi, plus profondément, à la complétude existentielle des Haïtiens.
À remarquer en outre que DeGraff soutient, comme d’ailleurs la majorité des linguistes haïtiens, la revendication qui demande que le créole haïtien devienne la langue d’instruction principale dans tous les niveaux de l’éducation, du jardin d’enfants à l’université.
Il y a justement aliénation quand des données qui devraient normalement aller de soi – comme cet axiome sur l’enseignement dans la langue maternelle – ne sont pas si claires après tout et que les protagonistes, les individus «en situation», comme dirait Sartre, ferment leurs yeux ou deviennent récalcitrants aux possibilités de dépassement et de transcendance.
La transhistoricité de la domination culturelle
Edward Said, dans Culture And Imperialism, a bien compris ce qu’il appelle l’interconnectivité entre le passé et le présent colonial: «La façon dont nous articulons ou représentons le passé conditionne notre compréhension et notre point de vue du présent», dit-il. Il voit bien le rapport de complémentarité inter-pénétrante qui existe entre les diverses composantes de l’impérialisme: à savoir les composantes politique, économique, militaire et culturelle. Sa critique de la focalisation politico-économique des penseurs influents du XIXe et XXe siècles est un témoignage de ce souci: «Ces autorités [Max Müller, Renan, Charles Temple, Darwin, Benjamin Kidd, Emerich de Vattel, etc.] pour la plupart ont beaucoup débattu les questions politiques et économiques. Pourtant, très peu d’attention est portée sur ce que je crois être le rôle privilégié de la culture dans l’expérience impériale moderne, et très peu d’emphase est portée au fait que l’emprise globale de l’impérialisme européen du XIXe et XXe siècles projette toujours un spectre considérable sur notre époque.»À un point de son livre, Said s’est demandé: «Peut-on parler de l’impérialisme comme étant si enraciné dans l’Europe du XIXe siècle qu’il devient indiscernable de la culture comme un tout?» Anticipant une réponse des ses critiques, il continue: «L’objection qui dit que la culture ne devrait pas être considérée comme part de l’impérialisme peut être une tactique pour empêcher de connecter les deux.» Said a cité toute une liste d’auteurs européens (Conrad, Flaubert, Ruskin, Kipling, etc.) dont l’œuvre reflète l’influence du discours impérialiste dominant: «Ce n’est pas nécessaire de minimiser le décalage de pouvoir mis en place par l’impérialisme et continué durant la rencontre coloniale. (...) La fiction de Kipling qui peint l’Indien comme une créature qui a clairement besoin de la tutelle britannique est certainement un aspect important du mode d’instillation insidieux de l’hégémonie culturelle impérialiste.»11
Outre que Kipling et Flaubert, Said a parlé aussi de Camus, plus connu de l’intelligentsia étatsunienne comme un existentialiste libéral, comparé à Sartre, un radical. Said semble voir Camus pour ce que moi aussi j’ai toujours pensé qu’on a fait de lui: la caution intellectuelle de la droite qui ne veut pas aller aussi loin que les «irresponsables» comme Sartre, de Beauvoir ou Genet voulaient aller.
Dans une série d’articles publiés récemment sur le site Alter Presse, le politologue haïtien, Leslie Péan, a montré comment certains comportements des politiciens haïtiens d’aujourd’hui (tendances conspirationnelles, coups bas, opportunisme, déloyauté, manque de jugement sur les conséquences des actes posés, etc.) tirent directement leur source depuis le système esclavagiste et les pères fondateurs de la nation: «Le système de valeurs pourries sorties de l’esclavage a traversé deux siècles pour s’imposer au détriment des valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité. Les malfaiteurs aux képis et aux uniformes chamarrés font main basse sur l’espace haïtien. La zombification s’est répandue et la population constate médusée le comportement inqualifiable des autorités qui détruisent tout.»12
C’est le même phénomène qui s’est produit au niveau de la politique de langue et de la transmission de la culture en Haïti, même si son taux de fatalités et de destruction n’est pas aussi visible que dans son pendant politique. Des comportements, attitudes, façons de faire, privilèges et préjugés qui remontent depuis la colonie, continuent à être ainsi prévalents malgré le passage du temps et les bouleversements politiques. Comment un peuple d’insurgés qui a combattu et vaincu les redoutables armées de la France, de l’Angleterre et de l’Espagne, toutes des grandes puissances de l’époque, est-il arrivé à accepter la mystification du contrôle néocolonialiste par la langue et la culture?
La mission éthique de l’écrivain
Le 28 juillet 2015 ramène le centième anniversaire de l’occupation étatsunienne d’Haïti. Cent ans que le pays est soumis et dominé, soit par l’impérialisme étatsunien, soit par la terreur d’un tyran pathologique. Cette journée de détresse aura endeuillé le pays pour longtemps, jusqu’à aujourd’hui encore, cent ans après. De même que la France avait passé la balance de paiement de l’indemnité de 1825 aux Étatsuniens sitôt que ceux-ci prennent charge d’Haïti en 1915, de même les États-Unis s’accommoderont de l’hégémonie culturelle française en Haïti. Après avoir facilité conjointement l’exil luxueux de Bébé Doc pour le dispenser de la justice, les Étatsuniens comploteront avec les Français en 2004 pour renverser le gouvernement constitutionnel de Jean-Bertrand Aristide.Cette «duale opération» regroupant un détachement de marines étatsuniens avec des forces spéciales françaises était une action illégale qui violait – quoi que vous pensiez du régime d’Aristide –, l’intégrité territoriale d’Haïti, détruisant également plusieurs décennies d’ardus efforts par les forces démocratiques haïtiennes et leurs alliés pour instituer un régime de droit en Haïti. Elle a aussi ouvert la voie à la consolidation du contrôle impérialiste sur Haïti, affaiblissant les institutions proprement nationales haïtiennes; une situation que viendra aggraver et envenimer le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
C’est une Haïti terriblement affaiblie, démoralisée, accablée par une multiplicité de problèmes épineux que prendra en charge la soi-disant «communauté internationale», qui met sur pied une institution bidon, le Conseil intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH), pour la gérer, selon le modèle néocolonial.
Tout le monde a le droit de faire ce qui bon lui semble de sa vie; ça vaut aussi pour les écrivains. Mais je le trouve un peu indécent qu’on puisse déclamer un discours de plus d’une heure sur les belles lettres françaises et latino-américaines sans dire un mot sur la souffrance des peuples et sur les intérêts impérialistes et géopolitiques qui causent cette souffrance.
Je pense qu’il y a une mission éthique qui est dévolue à l’écrivain et qui est mise à profit même chez les plus amoraux et immoraux d’entre eux. En effet, même le Marquis de Sade, dans l’amoralité et Jean Genet, dans l’immoralité, ont poursuivi la mission éthique de l’écrivain: le premier pour montrer les hypocrisies et la faiblesse humaine cachées derrière le semblant de vertu de la société monarchique; le second pour miner les fondations moralisatrices de la société bourgeoise moderne et insister sur une autre éthique.
Laferrière a dit dans l’émission de TV5 Monde qu’il est «dégagé» de la politique, cette affirmation est un vœu pieux que la réalité ne supporte pas, car, comme l’a dit Jean-Paul Sartre dans Qu’est-ce que la littérature?, l’écrivain est toujours «dans le coup,quoi qu’il fasse, marqué, compromis jusque dans sa plus lointaine retraite».
Dans ce livre, Sartre a montré que même le silence est déjà une action, chargé de signification, parce qu’il cautionne l’état de fait ambiant imposé par le plus fort dans une problématique d’oppression, particulièrement dans une situation de domination coloniale ou de répression politique: «L’écrivain est, dit-il, en situation dans son époque: chaque parole a des retentissements. Chaque silence aussi. Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivait la Commune de Paris [1871] parce qu’ils n’ont pas écrit une ligne pour l’empêcher.»13
Oui l’écrivain, qu’il le veuille ou non, a, comme l’ouvrier ou le boulanger du coin, une «fonction sociale». Prétendre qu’on puisse «transcender» cette condition par un «dégagement» est une fabulation. C’est ce travail pluri-centenaire de ce que j’appelle dans mon dernier ouvrage créole la «zombification de Bouki» qui doit prendre fin aujourd’hui.
À un moment où toute l’Amérique latine et Haïti en particulier sont confrontées à une panoplie de problèmes et défis qui causent aux seins des populations beaucoup de bouleversements et malheurs demandant des engagements considérables à la fois étatique, collectif et individuel; à un moment où l’être humain est de plus en plus dévalué au profit de sa valeur d’échange, de sa fortune personnelle, des outputs productivistes que son travail – ou son génie spéculateur – procurent à la corporation ou à Wall Street; à un moment où Haïti, le pays d’origine de Laferrière, gémit sous les poids de deux cents ans de brimades et contrôle impérialistes ou néocolonialistes, souvent camouflés sous le masque de la charité humanitaire; à un moment où la langue identitaire du pays – le créole haïtien – essaie de s’affranchir de trois siècles de zombification et d’infériorisation au profit du français, la langue des élites, la langue à travers laquelle la France a pu continuer son contrôle sur l’Haïti indépendante (grâce en partie aux bonnes missions «civilisatrices» des Frères de l’Instruction Chrétienne); oui, à un moment où tant de questionnements sollicitent des réponses, et où tant d’inquiétudes et de peines se bénéficieraient de la sagesse et de la connaissance d’un Académicien, l’allocution-fleuve de Dany Laferrière devant l’Académie française n’en dit pratiquement rien. Rien.
Sensible à la critique que son élection à l'Académie française provient du désir de la France de maintenir son ancienne colonie sous la coupe réglée de son hégémonie culturelle, Laferrière a recouru à une astuce: il s’est fait fabriquer une épée spéciale, coupée sous le signe de Legba, connu dans le panthéon vodou comme le dieu des chemins croisés, des rencontres, comme l’initiateur qui ouvre les cérémonies vodou, célébré par Laferrière comme le dieu des écrivains (pour ma part, je considérerais plutôt Simbi, la déesse vodou des eaux, des grands espaces marins, de l’émerveillement, comme la déesse des écrivains et des conteurs).
Naturellement, beaucoup ont vu dans l’invitation de Legba par Laferrière dans le grand temple de la culture française comme une métaphore de l’accession d’Haïti à la gloire littéraire mondiale, comme un grand honneur à la culture haïtienne. Ce serait peut-être vrai si cet «honneur» n’était pas assaisonné d’implications malencontreuses, s’il n’était pas part des symboliques zombifiantes mentionnées plus haut: une symbolique est zombifiante quand derrière les qualités et positivités apparentes qu’elle exhibe se cache une intentionnalité dont la fonction principale est de mystifier, donner le change, illusionner. Legba à l’Académie française envoie une image frappante qui peut éblouir tout en véhiculant une image positive, une image généreuse, tolérante de la «mère-patrie», la France, dont, en réalité, la politique étrangère et culturelle a causé beaucoup de dommages à Haïti.
Legba à l'Académie française, c’est aussi ce que les Étatsuniens appellent un «token», un gage, une sorte de fausse compensation pour son «dégagement» politique et son sentiment de trahison culturelle. Bien sûr ce dégagement est lui aussi un voeu pieux, parce que dans une totalité environnante comme Haïti où des hommes et femmes réels sont condamnés à des conditions de vivre sub-humaines elles aussi réelles et dues à l’action malhonnête et oppressive d’autres humains, un écrivain qui s’en dégage, c’est-à-dire, en clair langage, qui ferme ses yeux pour ne pas les voir, est en réalité complice de par l’impossibilité de neutralité dans l’enfer, comme l’a dit encore Sartre: «L’homme est l’être vis à vis de qui aucun être ne peut garder l’impartialité, même Dieu. Car Dieu, s’il existait, serait, comme l’ont bien vu certains mystiques, en situation par rapport à l’homme.»14
Conclusion
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec l’assertion de Dany Laferrière que l’Académie française ne sert à rien. Même si elle n’est plus la dispensatrice de mérite littéraire qu’on voulait la faire passer pour un temps, elle a montré, par l’élection même de Laferrière, qu’elle peut encore manipuler les esprits pour faire avancer les objectifs culturels de la politique impérialiste de la France. Les temps ont peut-être changé, mais non pas les habitudes, les réflexes, les intérêts.Cela dit, quand bien même nous ne questionnons ni le mérite ni la qualification de Laferrière pour siéger à l’Académie française, nous regrettons seulement qu’il se soit laissé servir comme instrument des objectifs impérialistes de l’hégémonie culturelle française. Contrairement aux suggestions de l’apologie «révisionniste» mentionnée plus haut, Dany Laferrière est loin d’un créoliste, et sa déclaration à la chaîne de télévision TV5 Monde le prouve bien, des deux langues officielles d’Haïti, le créole et le français, il choisit celle-ci comme langue (unique) d’écriture et ne conçoit le créole que comme ajout folklorique dont on évoque à grands cris de cœur mais qu’on laisse dans le vestibule des grandes occasions.
À cause de toute cette réalité, l’élection d’un Haïtien à l’Académie française ne sert en rien les intérêts actuels d’Haïti. Peut-être que dans deux cents ans, quand la parité linguistique aura été accomplie en Haïti, l’élection de Laferrière sera vue sous un angle meilleur; mais aujourd’hui où les Haïtiens ont encore si honte de leur langue maternelle qu’ils refusent de l’utiliser dans les occasions importantes de leur vie comme le mariage, l’enterrement, le baptême, la graduation, etc., on a encore un long chemin à faire. Et les mystifications ne feront qu’empirer les choses et retarder l’avènement d’une nation fière de sa langue et de sa culture afro-caraïbéennes.
-Tontongi
(Écrivain, éditeur en chef de la revue Tanbou)
(Écrivain, éditeur en chef de la revue Tanbou)
Notes
- Cf. Tontongi, «La France doit restituer à Haïti la rançon de l’indemnité», Alter Presse, 24 août 2010.
- Laennec Hurbon, Culture et dictature en Haïti: l’imaginaire sous contrôle, éd. L’Harmattan, 1979.
- Tontongi, «Les implications malheureuses de l’élection de Dany Laferrière à l’Académie française», Alter Presse, février 2014.
- Cf. Saïdo Alcény Barry: «Dany Laferrière: Un anti-Senghor à l’Académie française», Parole en archipel, 5 juin 2015.
- Joël Des Rosiers, «“Un fauteuil américain” pour Dany Laferrière sous la Coupole de l’Académie française», Alter Presse, 7 juin 2015.
- Jean-Robert Léonidas, «Dany Laferrière à l'Académie française: un pied de nez à la vision misérabiliste d'Haïti». Édition en ligne du Nouvel Observateur, du29 mai 2015.
[Mes remarques sur les réactions apologétiques à la consécration de Dany Laferrière des auteurs ici cités ne doivent pas être interprétées comme une critique d’eux-mêmes ou de leurs respectives œuvres. Les réactions affectives ne sont pas toujours déterminées par affinités.]
- Gérard Bissainthe «L’écrivain Dany Laferrière est-il un Immortel ou un Zombi dans le firmament intellectuel et
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Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
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YON NÒT SOU DANY LAFERRIÈRE NAN ACADÉMIE FRANÇAISE: Defann franse pa vle di sakrifye kreyòl; kreyòl se nannan istwa nou, idantite nou, dwa nou, devlòpman nou
il y a 1 mois Publié le 17 juin 2015
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Mwen gen plizyè bon zanmi ak lòt konesans k ap plede mande m pou ki sa mwen te “atake” Dany Laferrière ki fèk antre nan pi gwo enstitisyon k ap defann lang franse a—Académie française (AF). Se sou paj Facebook mwen ke mwen te kritike sèten pawòl ke Laferrière te di nan yon entèvyou ke li te bay nan televizyon TV5 ak jounal Le Monde nan dat 24 me 2015 (http://on.fb.me/1IAkSGE) epi nan diskou li tè jou li te antre nan AF, nan dat 28 me 2015 (http://on.fb.me/1KoknyL). Apre sa, anpil moun ap mande m si se paske mwen kont franse, ki fè m ap kritike Dany Laferrière. M espere ke ti nòt sa a pral reponn kesyon sa yo pandan m ap esplike rezon ki fè mwen te oblije kritike sèten pawòl Dany Laferrière sou lang nan peyi d Ayiti. Rezon sa yo antre nan nannan travay mwen kòm lengwis, kòm edikatè e kòm akademisyen nan Akademi Kreyòl Ayisyen. An patan, fòk nou rekonèt ke lang pa nan goumen ak lang. Se moun ki nan goumen ak moun. E moun sèvi ak lang ANSANM AK LIV kòm zam pou yo goumen pou pouvwa (http://on.fb.me/1JDHNRn). Se kon sa Antonio de Nebrija, youn nan premye lengwis ki te fè rechèch sou lang panyòl la, te ekri yon gramè panyòl kòm kado pou Izabèl ki te Rèn Espay. An 1492, Nebrija te esplike Rèn Izabèl ki jan lang panyòl la ansanm ak gramè panyòl li a te ka sèvi kòm zam pou ede Espay konkeri pèp amerendyen yo. Se kon sa lang ak liv toujou sèvi kòm zam pou kolonizasyon. E se menm penpenp lan pou mouvman Frankofoni a tou ki sèvi ak AF epi Òganizasyon Entènasyonal Frankofoni (OIF) pou Lafrans ka vale teren sou plan ekonomik ak politik. Ki fè, tout konba lengwistik se konba politik. Kidonk, se moun ki plis bezwen pwoteksyon pou dwa lengwistik yo . Kòm lengwis e kòm pwofesè, mwen konnen aklè jan gen bèl avantaj nan pale plizyè lang e nan chache konesans sou plizyè lang. Se nan fouye zo nan kalalou sou franse, ilandè, angle, elatriye, ke mwen vin dekouvri richès lang natif-natal mwen ki se kreyòl. E poutan kreyòl se yon lang yo te aprann mwen meprize lè m te ti katkat sou ban lekòl ann Ayiti, nan Sen Lwi Gonzag, kote Frè Raphaël Berrou (yon blan franse) te konn di nou kreyòl pa fouti mennen nou pi lwen ke Lagonav. Epi frè Sen Lwi yo te fè nou aprann pa kè powèm Carl Brouard ki di ke pawòl kreyòl sa a se yon pawòl wòwòt paske Ayiti pa fouti devlope ak kreyòl la. Brouard te mande pou paran timoun yo pa pale kreyòl ak timoun yo: “La question du créole frise le ridicule. Je vous le demande quel rayonnement Haïti peut-elle tirer de son créole? ... Le créole ne sera jamais qu’un patois, comme le bigorrois. Il n’y a rien à faire. ... Parents, ne parlez jamais créole à vos enfants. Le français, c’est une habitude ! Corrigez impitoyablement les créolismes!” (Histoire de la littérature haïtienne illustrée par les textes, Tome 3, Raphaël Berrou & Pradel Pompilus, Éditions Caraïbes, 1978). E paran ki pale kreyòl sèlman yo, ki lang pou yo pale ak timoun yo? Genlè fòk yo pe bouch yo nèt! Ki sa nou wè nan pawòl sa yo? Se pa franse k ap atake kreyòl. Se vye prejije moun ki damou franse k ap kraze moral timoun sa yo ki leve kote se plis kreyòl ki pale—sa se majorite popilasyon an. An tou ka, defann franse pa dwe sakrifye kreyòl. Ann Ayiti, nou pa fouti bati yon frankofoni ki solid anvan nou rive bati, kòm fondasyon, yon kreyolofoni ki pi solid toujou. Se kreyolofoni sa a ki pou ouvri wout konesans pou tout popilasyon an---ata konesans sou lang tankou franse, angle ak panyòl. Se ak yon kreyolofoni ki solid ke nou ka kreye yon lekòl tèt an wo pou yon peyi tèt an wo kote timoun yo ka rive maton nan TOU sa y ap aprann. Kounyea, men 6 rezon ki fè mwen menm, kòm lengwis k ap travay sou lang ak edikasyon pou devlòpman ann Ayiti, m oblije kritike diskou Dany Laferrière fè nan AF nan dat 28 me 2015. M oblije fè kritik sa a malgre tout respè ak admirasyon mwen gen pou Laferrière. Se respè ak admirasyon sa a ki motive m pou m esprime m aklè sou pwoblèm ke mwen wè nan diskou li a. Kòm Laferrière se yon konpatriyòt ki renmen Ayiti, m espere l ap ka pran remak sa yo an konsiderasyon pou pwochen diskou li yo. 1. GWO POUVWA TOUJOU MAKONNEN AK GWO RESPONSABILITE Jan pawòl la di ann angle: “With great powers comes great responsibility”. Wi, gwo pouvwa toujou makonnen ak gwo responsabilite. Laferrière antre ak anpil siksè, ki byen merite, nan Académie française (AF). Sa se yon gran onè ki merite pou nou mete chapo nou byen ba devan yon Laferrière ki p ap janm mouri. AF se yon kokennchenn enstitisyon ki la depi 17èm syèk pou defann lang franse ansanm ak enterè Lafrans. Misyon AF se tankou misyon Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) kote nou jwenn lidèchip Michaëlle Jean kòm Sekretè Jeneral OIF. Defann lang franse a se gwo responsabilite tout bon vre pou Ayisyen natif-natal sa yo, sitou lè nou reyalize ke se sèlman yon ti zuit pousantaj Ayisyen ki pale franse byen: pa gen plis pase 5% popilasyon an ki rive maton nan franse. E se ti gwoup frankofòn sa a, ansanm ak yon lòt ti gwoup ki anglofòn tou, k ap kontwole pifò richès ak pouvwa nan peyi a, alòske pifò Ayisyen pale kreyòl sèlman e se lang kreyòl la ke 9 milyon Ayisyen sa yo bezwen kòm bon jan zouti ki pou louvri wout konesans pou yo, ata konesans sou lòt lang tankou franse, angle, panyòl, eks. E se konesans sa yo (sitou konesans nan syans, matematik ak divès pwofesyon) ki ka ede peyi a devlope. Ki fè, kesyon lang lan dwe antre nan nannan pwojè ki pou devlope Ayiti cheri nou an, sitou lè nou konsidere bèl chans ke nou genyen gras a yon lang ke 100% Ayisyen pale alèz. Sa se yon gwo avantaj ki dwe ede nou bati yon sistèm edikasyon pou yon nasyon ki djanm. Malerezman, ajanda neyo-kolonyal (“mission civilisatrice”) Lafrans ansanm ak baryè ant klas sosyal ann Ayiti fè nou pa ko janm rive pwofite de bèl avantaj lengwistik sa a. Se pou sa kesyon lang ann Ayiti se yon dosye ki mennen gwo responsabilite. 2. ACADÉMIE FRANÇAISE SE POU DEFANS LAFRANS. SE PA POU DEFANS AYITI. Yon fwa ke Dany Laferrière rantre kòm nouvo akademisyen nan AF, li vin tounen yon zouti nan men Lafrans. Lafrans, pou pwòp enterè ekonomik ak politik pa li, toujou vle enpoze franse kòm lang prensipal pou fè lekòl ann Ayiti ak nan lòt peyi ke OIF vle konsidere kòm peyi “frankofòn” menm si pifò moun nan peyi sa yo pa pale franse. Lè Prezidan Hollande te kontre ak Prezidan Martelly an Frans nan dat 31 oktòb 2014, li te mande Martelly pou Ayiti pa pèdi idantite l kòm peyi frankofòn (http://bit.ly/1E5DKoP). Prezidan Hollande vle enpoze franse kòm lang nan lekòl ann Ayiti. Epi tou, li mande pou se pwofesè fransè ki pou vin anseye franse ann Ayiti. Martelly li menm te pwopoze pou se pwofesè franse ki deja pran retrèt yo (ki vle di: pwofesè ki fin granmoun) ki pou vin anseye ann Ayiti pou fòme “nouvo Ayisyen ke peyi a bezwen”. Ala traka! Pwopozisyon sa yo pa fouti sèvi enterè Ayiti. Y ap sèvi enterè Lafrans ansanm ak enterè ti gwoup Ayisyen sa yo ki deja pale franse e ki gen pouvwa nan men yo. E se sa ke Giscard d’Estaing (Prezidan Lafrans, 1974–1981) te esplike kòm objektif mouvman frankofoni a: mouvman sa a se pou avanse enterè politik ak enterè ekonomik Lafrans (http://on.fb.me/1ItNXk1). 3. NOU PA DWE JANM BLIYE KE AYITI SE YON PEYI KOTE TOUT MOUN PALE KREYÒL A KOTE YON TI ZUIT POUSANTAJ KI PALE FRANSE TOU Nan premye diskou Laferrière bay nan batiman Académie française (AF), nan dat 28 me 2015, li pale kòm si Ayiti se yon peyi ki frankofòn—kote TOUT MOUN PALE FRANSE. Nan diskou li a, li pa di yon mo sou egzistans kreyòl ann Ayiti. Men, li di: “.... après une effroyable guerre coloniale, on a mis la France esclavagiste d’alors à la porte tout en GARDANT SA LANGUE.” Sa vle di: Apre zansèt nou yo mete Lafrans deyò, yon Lafrans ki te kenbe zansèt nou yo nan esklavaj, peyi d Ayiti kenbe lang franse a. Wi, se vre: ann Ayiti, nou te kenbe lang franse a kòm eritaj ki soti nan istwa peyi a kòm ansyen koloni Lafrans. Men, nan diskou li a, Laferrière pa esplike ki kantite ak ki kalite Ayisyen ki kenbe lang franse a. Moun sa yo ki t ap koute diskou Laferrière a e ki pa konn Ayiti pa ta janm konnen ke Ayiti se yon peyi kote se sèlman yon ti gwoup tou zuit ki pale franse alòske tout moun ann Ayiti pale kreyòl. Yo pa t ap janm konnen ke kreyòl se sèl lang ki “simante tout Ayisyen ansanm” e se yon lang ki ofisyèl ann Ayiti tou, ansanm ak franse (selon atik 5 Konstitisyon 1987 la). Ata Napoleon, depi nan 18èm syèk, te rekonèt ke pifò moun nan koloni Sen Domeng, se kreyòl yo te pale. Lè li te voye Komisè Sonthonax vin pwoklame abolisyon esklavaj nan Sen Domeng an 1793 (kòm estrateji pou bloke revolisyon zansèt nou yo), li te tradui pwoklamasyon li yo an kreyòl pou tout moun te ka konprann. Kreyòl pale, kreyòl konprann. Men, 222 ane apre Napoleon te fè ekri pwoklamasyon li yo an kreyòl, Laferrière nan AF rive pale de Ayiti kòm si se franse sèlman ke zansèt nou yo te kenbe kòm lang. An tou ka, majorite Ayisyen pa ta fouti konprann diskou an franse Dany Laferrière a. E yo pa t ap janm konnen non plis ke Laferrière, an 1999, se lang kreyòl la li t ap defann, lè li te ekri: “On n’est chez soi que dans sa langue maternelle et dans son accent. Il y a des choses que je ne saurais dire qu’en créole. ... si vous ne pouvez comprendre comment on dit ‘mwen renmen ou, mwen ta renmen pale avè ou, karese w, gen tout kè m pou ou’. Si vous ne pouvez pas comprendre cela, il y a quelque chose qui manque. ... C’est comme si c’est une moitié de moi-même qui vous parlait, la moitié francophone. C’est pour cela que dans le grand combat au Québec sur la langue, je suis toujours très distant sur la langue française” 4. JEAN-JACQUES DESSALINES TOU T AP DEFANN LANG KREYÒL LA E LI TE KONNEN KE LAFRANS KA SÈVI AK LANG FRANSE A POU METE CHENN NAN LESPRI NOU Laferrière fè yon erè grav lè li di ke ewo endepandans nou yo pa te gen anyen kont franse: “Ces guerriers n’avaient rien contre une langue qui parlait parfois de révolution, souvent de liberté.” Li pale de zansèt nou you (“ces guerriers”) kòm si yo (tout?) te aksepte franse kòm lang pou revolisyon ak libète. E poutan, nou gen bon jan dokimantasyon ki montre jan Dessalines te pito pale kreyòl olye pou li pale franse. Dessalines se youn nan pi gran gèrye nou yo. Dessalines se te Legba nou: se li ki te louvri wout libète ann Ayiti kòm peyi endepandan. Legba sa a te kont senbòl ke lang franse a te reprezante pou zansèt nou yo. Depi nan 18èm syèk, Dessalines te deja konnen ke se ak franse ke Lafrans t a pral eseye kenbe lespri nou nan chenn esklavaj. Li te kondane jan blan franse yo te konn sèvi ak lang franse a pou yo twonpe popilasyon Sen Domeng lan. Men sa li te di nan Deklarasyon Endepandans nou an: “notre crédulité et notre indulgence, vaincu non par les armées françaises, mais par la piteuse éloquence des proclamations de leurs agents”. Epi tou, Dessalines te konn mande: “Nou gen lang pa nou. Pou ki sa pou nou vle lang lòt nasyon?” Nou jwenn dènye pawòl sa a kouche sou papye nan rapò ki soti dirèk anba plim yon blan franse, Michel Etienne Descourtilz, ki t ap obsève Dessalines pandan batay endepandans yo e ki te pibliye yon liv an 1809 ki rele “Voyages d’un naturaliste à Saint-Domingue” (http://bit.ly/1TafQ6A). Epi tou, te gen sekretè Dessalines, Boisrond Tonnerre, ki te esplike jan mo “franse” a t ap mete peyi a nan tenèb paske blan franse yo te maton nan sèvi ak lang franse pou yo te trayi zansèt nou yo (http://on.fb.me/1FQbPdB). Rezon ki fè Boisrond-Tonnerre te ekri pwoklamasyon endepandans yo an franse se paske Dessalines ak ekip li te vle mete blan franse ak lemonn antye sou pinga yo: Pinga yo janm vin eseye konkeri Ayiti ankò. Se te “Libète oswa Lanmò...” pou tout tan gen tan. Zansèt sa yo pa te nan okenn tete lang ak Lafrans. Men, yo te ekri an franse pou yo te eseye fè lemonn antye konprann mesaj “Libète oswa Lanmò” a. Se analiz sa a nou jwenn pami plizyè istoryen (egzanp: liv Deborah Jenson ki rele “Beyond the slave narratives” http://bit.ly/1KUhKmg). 5. MWEN TOU, KÒM LENGWIS, KÒM EDIKATÈ E KÒM AKADEMISYEN NAN AKADEMI KREYÒL AYISYEN AN, M OBLIJE DEFANN LANG KREYÒL LA MENM SI MWEN PA GEN ANYEN NI KONT FRANSE NI KONT OKENN LANG Nou wè aklè ke Dessalines te respekte lang kreyòl li a. Men, li te dakò pou li te sèvi ak lang franse a kòm zouti pou li patisipe nan zafè entènasyonal—ak tout diyite li, san li pa sakrifye istorik ak idantite nasyon ke li te fèk kreye a. Ki fè, Dessalines PA te rayi lang franse kòm zouti pou li regle zafè peyi li. Se menm jan ke mwen menm, kòm lengwis, kòm anseyan e kòm aktivis k ap goumen pou peyi a ka devlope, mwen pa rayi lang franse ditou. Mwen pa rayi okenn lang. O kontrè, mwen panse ke se lang tankou franse, angle, panyòl, elatriye, ki enpòtan pou timoun ann Ayiti aprann. Epi, kòm lengwis e kòm pwofesè, mwen konnen ke se kòm 2èm lang ke pifò timoun sa yo ka pi byen aprann franse (ansanm ak lòt lang ki pa kreyòl) paske se sèlman kreyòl ke timoun sa yo pale e ke yo tande nan fanmi yo, nan kominote yo—tou patou nan lavi tou lè jou. Se opinyon pwofesyonèl mwen, apre anpil etid ansanm ak rechèch sou teren, ke fòk timoun yo ta jwenn opòtinite pou yo aprann kèlkeswa lang ke yo ta renmen aprann, swa pou devlòpman pèsonèl yo, swa pou avansman ekonomik yo. Men, se kreyòl la, KÒM SÈL LANG MATÈNÈL PIFÒ TIMOUN YO, ki pou sèvi kòm fondasyon solid ki pou bay timoun sa yo chapant ki pral pèmèt yo aprann syans, matematik ak lòt lang tankou franse, angle, eks. (https://youtu.be/CU4NuFcK8D0 , https://youtu.be/HJ6kx7JX24U , http://videohall.com/p/519 ). 6. MWEN RAYI BARYÈ LANG K AP PLEDE BARE WOUT KONESANS POU PIFÒ AYISYEN Sa mwen rayi tout bon vre se sa franse souvan (twò souvan!) reprezante ann Ayiti kòm zouti esklizyon. Mwen rayi jan sèten swadizan “entelektyèl”, swadizan “edikatè” epi swadizan “lidè” ap plede sèvi ak franse pou mete baryè sou wout konesans ak sou wout pouvwa pou pèp la. Si nou vle pou Ayiti devlope, sa pa ka kontinye kon sa. Ki fè fòk nou kritike kèlkeswa zotobre k ap plede di pawòl k ap sèvi pou bare wout konesans pou pifò popilasyon ann Ayiti. Sa popilasyon an bezwen se defans kreyòl la kòm zouti ki pou bay yo konesans san baryè. Ki fè, kòm Ayisyen konsekan, fòk nou defann kreyòl la pou enterè peyi a, menm si nou ka apresye bèlte zèv Laferrière ak lòt gwo ekriven frankofòn (oswa anglofòn) nou yo. NOU PA FOUTI AKSEPTE POU DEFANS FRANSE VIN METE BARYÈ SOU WOUT MOUN KI PALE KREYÒL SÈLMAN YO. NOU PA FOUTI AKSEPTE POU DEFANS FRANSE VIN SAKRIFYE LANG, ISTWA, IDANTITE AK DEVLÒPMAN PEYI NOU. Selon Amin Maalouf (yon lòt Akademisyen nan AF), fòk Dany Laferrière ansanm ak tout lòt Akademisyen nan AF ede tout moun jwenn plas yo nan sivilizasyon mondyal k ap develop a, san okenn nan nou pa bezwen sakrifye lang nou, kilti nou, istwa nasyon nou, diyite nou. Fòk AF goumen pou okenn nan nou pa santi ke n ap deperi anba esplwatasyon, abi, esklizyon oswa prejije. Men sa Maalouf di, an franse: “Comment persuader nos contemporains, et notamment nos compatriotes, qu’ils ont toute leur place au sein de la civilisation globale qui se construit, sans qu’ils aient à sacrifier leur langue, leur culture, leur trajectoire propre, ni leur dignité ? Comment leur éviter de se sentir dépossédés, envahis, exclus ou marginalisés?” An final, men sa m ap mande tout moun pandan n ap selebre konpatriyòt imòtèl nou, Dany Laferrière, nan fyète ak lajwa: An nou pa bliye gen 9 milyon Ayisyen, pou pi piti, ki toujou ap chache jwenn yon ti mòso nan konesans ak pouvwa ke gwo lidè ak gwo entelektyèl nou yo deja genyen . Nèf milyon Aysyen sa yo, yo menm tou ta renmen jwenn menm opòtinite ki te bay Laferrière kalite konesans ke li genyen nan tèt li jounen jodi a. Se sa ki fè kreyòl la enpòtan: POU TIMOUN YO KA SÈVI AK LANG MATÈNÈL YO KÒM SA DWA POU YO VIN MATON NAN NENPÒT KI DISIPLIN. KON SA, Y AP KA SÈVI AK RICHÈS LENGWISTIK AK KILTIRÈL YO POU YO KREYE PLIS RICHÈS POU TÈT YO AK POU PEYI YO. GWO POUVWA TOUJOU MAKONNEN AK GWO RESPONSABILITE... Michel DeGraff se pwofesè lengwistik nan MIT : http://mit.edu/degraff. Li se yon manm fondatè Akademi Kreyòl Ayisyen. L ap dirije Inisyativ MIT-Ayiti a ki se yon pwojè kote lang kreyòl ak teknoloji ap sèvi pou amelyore aksè ak kalite nan edikasyon syans ak matematik ann Ayiti. Epi tou, li se yon manm Komisyon Nasyonal pou Refòm Kourikoulòm nan Ministè Edikasyon Nasyonal ak Fòmasyon Pwofesyonèl. Nou ka jwenn plis detay nan sit sa yo : http://videohall.com/p/519 and http://haiti.mit.edu
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AUTEUR
Pwofesè Michel DeGraff Depatman Lengwistik ak Filozofi Massachusetts Institute of Technology (MIT) Akademi Kreyòl Ayisyen Komisyon Nasyonal pou Refòm Kourikoulòm, Ministè Edikasyon Nasyonal ak Fòmasyon Pwofesyonèl
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YON NÒT SOU DANY LAFERRIÈRE NAN ACADÉMIE FRANÇAISE: Defann franse pa vle di sakrifye kreyòl; kreyòl se nannan istwa nou, idantite nou, dwa nou, devlòpman nou
il y a 1 mois Publié le 17 juin 2015
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Mwen gen plizyè bon zanmi ak lòt konesans k ap plede mande m pou ki sa mwen te “atake” Dany Laferrière ki fèk antre nan pi gwo enstitisyon k ap defann lang franse a—Académie française (AF). Se sou paj Facebook mwen ke mwen te kritike sèten pawòl ke Laferrière te di nan yon entèvyou ke li te bay nan televizyon TV5 ak jounal Le Monde nan dat 24 me 2015 (http://on.fb.me/1IAkSGE) epi nan diskou li tè jou li te antre nan AF, nan dat 28 me 2015 (http://on.fb.me/1KoknyL). Apre sa, anpil moun ap mande m si se paske mwen kont franse, ki fè m ap kritike Dany Laferrière. M espere ke ti nòt sa a pral reponn kesyon sa yo pandan m ap esplike rezon ki fè mwen te oblije kritike sèten pawòl Dany Laferrière sou lang nan peyi d Ayiti. Rezon sa yo antre nan nannan travay mwen kòm lengwis, kòm edikatè e kòm akademisyen nan Akademi Kreyòl Ayisyen. An patan, fòk nou rekonèt ke lang pa nan goumen ak lang. Se moun ki nan goumen ak moun. E moun sèvi ak lang ANSANM AK LIV kòm zam pou yo goumen pou pouvwa (http://on.fb.me/1JDHNRn). Se kon sa Antonio de Nebrija, youn nan premye lengwis ki te fè rechèch sou lang panyòl la, te ekri yon gramè panyòl kòm kado pou Izabèl ki te Rèn Espay. An 1492, Nebrija te esplike Rèn Izabèl ki jan lang panyòl la ansanm ak gramè panyòl li a te ka sèvi kòm zam pou ede Espay konkeri pèp amerendyen yo. Se kon sa lang ak liv toujou sèvi kòm zam pou kolonizasyon. E se menm penpenp lan pou mouvman Frankofoni a tou ki sèvi ak AF epi Òganizasyon Entènasyonal Frankofoni (OIF) pou Lafrans ka vale teren sou plan ekonomik ak politik. Ki fè, tout konba lengwistik se konba politik. Kidonk, se moun ki plis bezwen pwoteksyon pou dwa lengwistik yo . Kòm lengwis e kòm pwofesè, mwen konnen aklè jan gen bèl avantaj nan pale plizyè lang e nan chache konesans sou plizyè lang. Se nan fouye zo nan kalalou sou franse, ilandè, angle, elatriye, ke mwen vin dekouvri richès lang natif-natal mwen ki se kreyòl. E poutan kreyòl se yon lang yo te aprann mwen meprize lè m te ti katkat sou ban lekòl ann Ayiti, nan Sen Lwi Gonzag, kote Frè Raphaël Berrou (yon blan franse) te konn di nou kreyòl pa fouti mennen nou pi lwen ke Lagonav. Epi frè Sen Lwi yo te fè nou aprann pa kè powèm Carl Brouard ki di ke pawòl kreyòl sa a se yon pawòl wòwòt paske Ayiti pa fouti devlope ak kreyòl la. Brouard te mande pou paran timoun yo pa pale kreyòl ak timoun yo: “La question du créole frise le ridicule. Je vous le demande quel rayonnement Haïti peut-elle tirer de son créole? ... Le créole ne sera jamais qu’un patois, comme le bigorrois. Il n’y a rien à faire. ... Parents, ne parlez jamais créole à vos enfants. Le français, c’est une habitude ! Corrigez impitoyablement les créolismes!” (Histoire de la littérature haïtienne illustrée par les textes, Tome 3, Raphaël Berrou & Pradel Pompilus, Éditions Caraïbes, 1978). E paran ki pale kreyòl sèlman yo, ki lang pou yo pale ak timoun yo? Genlè fòk yo pe bouch yo nèt! Ki sa nou wè nan pawòl sa yo? Se pa franse k ap atake kreyòl. Se vye prejije moun ki damou franse k ap kraze moral timoun sa yo ki leve kote se plis kreyòl ki pale—sa se majorite popilasyon an. An tou ka, defann franse pa dwe sakrifye kreyòl. Ann Ayiti, nou pa fouti bati yon frankofoni ki solid anvan nou rive bati, kòm fondasyon, yon kreyolofoni ki pi solid toujou. Se kreyolofoni sa a ki pou ouvri wout konesans pou tout popilasyon an---ata konesans sou lang tankou franse, angle ak panyòl. Se ak yon kreyolofoni ki solid ke nou ka kreye yon lekòl tèt an wo pou yon peyi tèt an wo kote timoun yo ka rive maton nan TOU sa y ap aprann. Kounyea, men 6 rezon ki fè mwen menm, kòm lengwis k ap travay sou lang ak edikasyon pou devlòpman ann Ayiti, m oblije kritike diskou Dany Laferrière fè nan AF nan dat 28 me 2015. M oblije fè kritik sa a malgre tout respè ak admirasyon mwen gen pou Laferrière. Se respè ak admirasyon sa a ki motive m pou m esprime m aklè sou pwoblèm ke mwen wè nan diskou li a. Kòm Laferrière se yon konpatriyòt ki renmen Ayiti, m espere l ap ka pran remak sa yo an konsiderasyon pou pwochen diskou li yo. 1. GWO POUVWA TOUJOU MAKONNEN AK GWO RESPONSABILITE Jan pawòl la di ann angle: “With great powers comes great responsibility”. Wi, gwo pouvwa toujou makonnen ak gwo responsabilite. Laferrière antre ak anpil siksè, ki byen merite, nan Académie française (AF). Sa se yon gran onè ki merite pou nou mete chapo nou byen ba devan yon Laferrière ki p ap janm mouri. AF se yon kokennchenn enstitisyon ki la depi 17èm syèk pou defann lang franse ansanm ak enterè Lafrans. Misyon AF se tankou misyon Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) kote nou jwenn lidèchip Michaëlle Jean kòm Sekretè Jeneral OIF. Defann lang franse a se gwo responsabilite tout bon vre pou Ayisyen natif-natal sa yo, sitou lè nou reyalize ke se sèlman yon ti zuit pousantaj Ayisyen ki pale franse byen: pa gen plis pase 5% popilasyon an ki rive maton nan franse. E se ti gwoup frankofòn sa a, ansanm ak yon lòt ti gwoup ki anglofòn tou, k ap kontwole pifò richès ak pouvwa nan peyi a, alòske pifò Ayisyen pale kreyòl sèlman e se lang kreyòl la ke 9 milyon Ayisyen sa yo bezwen kòm bon jan zouti ki pou louvri wout konesans pou yo, ata konesans sou lòt lang tankou franse, angle, panyòl, eks. E se konesans sa yo (sitou konesans nan syans, matematik ak divès pwofesyon) ki ka ede peyi a devlope. Ki fè, kesyon lang lan dwe antre nan nannan pwojè ki pou devlope Ayiti cheri nou an, sitou lè nou konsidere bèl chans ke nou genyen gras a yon lang ke 100% Ayisyen pale alèz. Sa se yon gwo avantaj ki dwe ede nou bati yon sistèm edikasyon pou yon nasyon ki djanm. Malerezman, ajanda neyo-kolonyal (“mission civilisatrice”) Lafrans ansanm ak baryè ant klas sosyal ann Ayiti fè nou pa ko janm rive pwofite de bèl avantaj lengwistik sa a. Se pou sa kesyon lang ann Ayiti se yon dosye ki mennen gwo responsabilite. 2. ACADÉMIE FRANÇAISE SE POU DEFANS LAFRANS. SE PA POU DEFANS AYITI. Yon fwa ke Dany Laferrière rantre kòm nouvo akademisyen nan AF, li vin tounen yon zouti nan men Lafrans. Lafrans, pou pwòp enterè ekonomik ak politik pa li, toujou vle enpoze franse kòm lang prensipal pou fè lekòl ann Ayiti ak nan lòt peyi ke OIF vle konsidere kòm peyi “frankofòn” menm si pifò moun nan peyi sa yo pa pale franse. Lè Prezidan Hollande te kontre ak Prezidan Martelly an Frans nan dat 31 oktòb 2014, li te mande Martelly pou Ayiti pa pèdi idantite l kòm peyi frankofòn (http://bit.ly/1E5DKoP). Prezidan Hollande vle enpoze franse kòm lang nan lekòl ann Ayiti. Epi tou, li mande pou se pwofesè fransè ki pou vin anseye franse ann Ayiti. Martelly li menm te pwopoze pou se pwofesè franse ki deja pran retrèt yo (ki vle di: pwofesè ki fin granmoun) ki pou vin anseye ann Ayiti pou fòme “nouvo Ayisyen ke peyi a bezwen”. Ala traka! Pwopozisyon sa yo pa fouti sèvi enterè Ayiti. Y ap sèvi enterè Lafrans ansanm ak enterè ti gwoup Ayisyen sa yo ki deja pale franse e ki gen pouvwa nan men yo. E se sa ke Giscard d’Estaing (Prezidan Lafrans, 1974–1981) te esplike kòm objektif mouvman frankofoni a: mouvman sa a se pou avanse enterè politik ak enterè ekonomik Lafrans (http://on.fb.me/1ItNXk1). 3. NOU PA DWE JANM BLIYE KE AYITI SE YON PEYI KOTE TOUT MOUN PALE KREYÒL A KOTE YON TI ZUIT POUSANTAJ KI PALE FRANSE TOU Nan premye diskou Laferrière bay nan batiman Académie française (AF), nan dat 28 me 2015, li pale kòm si Ayiti se yon peyi ki frankofòn—kote TOUT MOUN PALE FRANSE. Nan diskou li a, li pa di yon mo sou egzistans kreyòl ann Ayiti. Men, li di: “.... après une effroyable guerre coloniale, on a mis la France esclavagiste d’alors à la porte tout en GARDANT SA LANGUE.” Sa vle di: Apre zansèt nou yo mete Lafrans deyò, yon Lafrans ki te kenbe zansèt nou yo nan esklavaj, peyi d Ayiti kenbe lang franse a. Wi, se vre: ann Ayiti, nou te kenbe lang franse a kòm eritaj ki soti nan istwa peyi a kòm ansyen koloni Lafrans. Men, nan diskou li a, Laferrière pa esplike ki kantite ak ki kalite Ayisyen ki kenbe lang franse a. Moun sa yo ki t ap koute diskou Laferrière a e ki pa konn Ayiti pa ta janm konnen ke Ayiti se yon peyi kote se sèlman yon ti gwoup tou zuit ki pale franse alòske tout moun ann Ayiti pale kreyòl. Yo pa t ap janm konnen ke kreyòl se sèl lang ki “simante tout Ayisyen ansanm” e se yon lang ki ofisyèl ann Ayiti tou, ansanm ak franse (selon atik 5 Konstitisyon 1987 la). Ata Napoleon, depi nan 18èm syèk, te rekonèt ke pifò moun nan koloni Sen Domeng, se kreyòl yo te pale. Lè li te voye Komisè Sonthonax vin pwoklame abolisyon esklavaj nan Sen Domeng an 1793 (kòm estrateji pou bloke revolisyon zansèt nou yo), li te tradui pwoklamasyon li yo an kreyòl pou tout moun te ka konprann. Kreyòl pale, kreyòl konprann. Men, 222 ane apre Napoleon te fè ekri pwoklamasyon li yo an kreyòl, Laferrière nan AF rive pale de Ayiti kòm si se franse sèlman ke zansèt nou yo te kenbe kòm lang. An tou ka, majorite Ayisyen pa ta fouti konprann diskou an franse Dany Laferrière a. E yo pa t ap janm konnen non plis ke Laferrière, an 1999, se lang kreyòl la li t ap defann, lè li te ekri: “On n’est chez soi que dans sa langue maternelle et dans son accent. Il y a des choses que je ne saurais dire qu’en créole. ... si vous ne pouvez comprendre comment on dit ‘mwen renmen ou, mwen ta renmen pale avè ou, karese w, gen tout kè m pou ou’. Si vous ne pouvez pas comprendre cela, il y a quelque chose qui manque. ... C’est comme si c’est une moitié de moi-même qui vous parlait, la moitié francophone. C’est pour cela que dans le grand combat au Québec sur la langue, je suis toujours très distant sur la langue française” 4. JEAN-JACQUES DESSALINES TOU T AP DEFANN LANG KREYÒL LA E LI TE KONNEN KE LAFRANS KA SÈVI AK LANG FRANSE A POU METE CHENN NAN LESPRI NOU Laferrière fè yon erè grav lè li di ke ewo endepandans nou yo pa te gen anyen kont franse: “Ces guerriers n’avaient rien contre une langue qui parlait parfois de révolution, souvent de liberté.” Li pale de zansèt nou you (“ces guerriers”) kòm si yo (tout?) te aksepte franse kòm lang pou revolisyon ak libète. E poutan, nou gen bon jan dokimantasyon ki montre jan Dessalines te pito pale kreyòl olye pou li pale franse. Dessalines se youn nan pi gran gèrye nou yo. Dessalines se te Legba nou: se li ki te louvri wout libète ann Ayiti kòm peyi endepandan. Legba sa a te kont senbòl ke lang franse a te reprezante pou zansèt nou yo. Depi nan 18èm syèk, Dessalines te deja konnen ke se ak franse ke Lafrans t a pral eseye kenbe lespri nou nan chenn esklavaj. Li te kondane jan blan franse yo te konn sèvi ak lang franse a pou yo twonpe popilasyon Sen Domeng lan. Men sa li te di nan Deklarasyon Endepandans nou an: “notre crédulité et notre indulgence, vaincu non par les armées françaises, mais par la piteuse éloquence des proclamations de leurs agents”. Epi tou, Dessalines te konn mande: “Nou gen lang pa nou. Pou ki sa pou nou vle lang lòt nasyon?” Nou jwenn dènye pawòl sa a kouche sou papye nan rapò ki soti dirèk anba plim yon blan franse, Michel Etienne Descourtilz, ki t ap obsève Dessalines pandan batay endepandans yo e ki te pibliye yon liv an 1809 ki rele “Voyages d’un naturaliste à Saint-Domingue” (http://bit.ly/1TafQ6A). Epi tou, te gen sekretè Dessalines, Boisrond Tonnerre, ki te esplike jan mo “franse” a t ap mete peyi a nan tenèb paske blan franse yo te maton nan sèvi ak lang franse pou yo te trayi zansèt nou yo (http://on.fb.me/1FQbPdB). Rezon ki fè Boisrond-Tonnerre te ekri pwoklamasyon endepandans yo an franse se paske Dessalines ak ekip li te vle mete blan franse ak lemonn antye sou pinga yo: Pinga yo janm vin eseye konkeri Ayiti ankò. Se te “Libète oswa Lanmò...” pou tout tan gen tan. Zansèt sa yo pa te nan okenn tete lang ak Lafrans. Men, yo te ekri an franse pou yo te eseye fè lemonn antye konprann mesaj “Libète oswa Lanmò” a. Se analiz sa a nou jwenn pami plizyè istoryen (egzanp: liv Deborah Jenson ki rele “Beyond the slave narratives” http://bit.ly/1KUhKmg). 5. MWEN TOU, KÒM LENGWIS, KÒM EDIKATÈ E KÒM AKADEMISYEN NAN AKADEMI KREYÒL AYISYEN AN, M OBLIJE DEFANN LANG KREYÒL LA MENM SI MWEN PA GEN ANYEN NI KONT FRANSE NI KONT OKENN LANG Nou wè aklè ke Dessalines te respekte lang kreyòl li a. Men, li te dakò pou li te sèvi ak lang franse a kòm zouti pou li patisipe nan zafè entènasyonal—ak tout diyite li, san li pa sakrifye istorik ak idantite nasyon ke li te fèk kreye a. Ki fè, Dessalines PA te rayi lang franse kòm zouti pou li regle zafè peyi li. Se menm jan ke mwen menm, kòm lengwis, kòm anseyan e kòm aktivis k ap goumen pou peyi a ka devlope, mwen pa rayi lang franse ditou. Mwen pa rayi okenn lang. O kontrè, mwen panse ke se lang tankou franse, angle, panyòl, elatriye, ki enpòtan pou timoun ann Ayiti aprann. Epi, kòm lengwis e kòm pwofesè, mwen konnen ke se kòm 2èm lang ke pifò timoun sa yo ka pi byen aprann franse (ansanm ak lòt lang ki pa kreyòl) paske se sèlman kreyòl ke timoun sa yo pale e ke yo tande nan fanmi yo, nan kominote yo—tou patou nan lavi tou lè jou. Se opinyon pwofesyonèl mwen, apre anpil etid ansanm ak rechèch sou teren, ke fòk timoun yo ta jwenn opòtinite pou yo aprann kèlkeswa lang ke yo ta renmen aprann, swa pou devlòpman pèsonèl yo, swa pou avansman ekonomik yo. Men, se kreyòl la, KÒM SÈL LANG MATÈNÈL PIFÒ TIMOUN YO, ki pou sèvi kòm fondasyon solid ki pou bay timoun sa yo chapant ki pral pèmèt yo aprann syans, matematik ak lòt lang tankou franse, angle, eks. (https://youtu.be/CU4NuFcK8D0 , https://youtu.be/HJ6kx7JX24U , http://videohall.com/p/519 ). 6. MWEN RAYI BARYÈ LANG K AP PLEDE BARE WOUT KONESANS POU PIFÒ AYISYEN Sa mwen rayi tout bon vre se sa franse souvan (twò souvan!) reprezante ann Ayiti kòm zouti esklizyon. Mwen rayi jan sèten swadizan “entelektyèl”, swadizan “edikatè” epi swadizan “lidè” ap plede sèvi ak franse pou mete baryè sou wout konesans ak sou wout pouvwa pou pèp la. Si nou vle pou Ayiti devlope, sa pa ka kontinye kon sa. Ki fè fòk nou kritike kèlkeswa zotobre k ap plede di pawòl k ap sèvi pou bare wout konesans pou pifò popilasyon ann Ayiti. Sa popilasyon an bezwen se defans kreyòl la kòm zouti ki pou bay yo konesans san baryè. Ki fè, kòm Ayisyen konsekan, fòk nou defann kreyòl la pou enterè peyi a, menm si nou ka apresye bèlte zèv Laferrière ak lòt gwo ekriven frankofòn (oswa anglofòn) nou yo. NOU PA FOUTI AKSEPTE POU DEFANS FRANSE VIN METE BARYÈ SOU WOUT MOUN KI PALE KREYÒL SÈLMAN YO. NOU PA FOUTI AKSEPTE POU DEFANS FRANSE VIN SAKRIFYE LANG, ISTWA, IDANTITE AK DEVLÒPMAN PEYI NOU. Selon Amin Maalouf (yon lòt Akademisyen nan AF), fòk Dany Laferrière ansanm ak tout lòt Akademisyen nan AF ede tout moun jwenn plas yo nan sivilizasyon mondyal k ap develop a, san okenn nan nou pa bezwen sakrifye lang nou, kilti nou, istwa nasyon nou, diyite nou. Fòk AF goumen pou okenn nan nou pa santi ke n ap deperi anba esplwatasyon, abi, esklizyon oswa prejije. Men sa Maalouf di, an franse: “Comment persuader nos contemporains, et notamment nos compatriotes, qu’ils ont toute leur place au sein de la civilisation globale qui se construit, sans qu’ils aient à sacrifier leur langue, leur culture, leur trajectoire propre, ni leur dignité ? Comment leur éviter de se sentir dépossédés, envahis, exclus ou marginalisés?” An final, men sa m ap mande tout moun pandan n ap selebre konpatriyòt imòtèl nou, Dany Laferrière, nan fyète ak lajwa: An nou pa bliye gen 9 milyon Ayisyen, pou pi piti, ki toujou ap chache jwenn yon ti mòso nan konesans ak pouvwa ke gwo lidè ak gwo entelektyèl nou yo deja genyen . Nèf milyon Aysyen sa yo, yo menm tou ta renmen jwenn menm opòtinite ki te bay Laferrière kalite konesans ke li genyen nan tèt li jounen jodi a. Se sa ki fè kreyòl la enpòtan: POU TIMOUN YO KA SÈVI AK LANG MATÈNÈL YO KÒM SA DWA POU YO VIN MATON NAN NENPÒT KI DISIPLIN. KON SA, Y AP KA SÈVI AK RICHÈS LENGWISTIK AK KILTIRÈL YO POU YO KREYE PLIS RICHÈS POU TÈT YO AK POU PEYI YO. GWO POUVWA TOUJOU MAKONNEN AK GWO RESPONSABILITE... Michel DeGraff se pwofesè lengwistik nan MIT : http://mit.edu/degraff. Li se yon manm fondatè Akademi Kreyòl Ayisyen. L ap dirije Inisyativ MIT-Ayiti a ki se yon pwojè kote lang kreyòl ak teknoloji ap sèvi pou amelyore aksè ak kalite nan edikasyon syans ak matematik ann Ayiti. Epi tou, li se yon manm Komisyon Nasyonal pou Refòm Kourikoulòm nan Ministè Edikasyon Nasyonal ak Fòmasyon Pwofesyonèl. Nou ka jwenn plis detay nan sit sa yo : http://videohall.com/p/519 and http://haiti.mit.edu
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AUTEUR
Pwofesè Michel DeGraff Depatman Lengwistik ak Filozofi Massachusetts Institute of Technology (MIT) Akademi Kreyòl Ayisyen Komisyon Nasyonal pou Refòm Kourikoulòm, Ministè Edikasyon Nasyonal ak Fòmasyon Pwofesyonèl
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Joel- Super Star
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Jeu de rôle: Le patriote
Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
Se pou DEGRAFF kontinye eseye foure lan TET ZOT ke DESALIN te kont FRANSE kom LANG peyi an.
Mwen li kote DESCOURTILZ rapote ke DESALIN te entedi MOUN pale FRANSE lan prezans li.
DESCOURTILZ di li tande DESALIN di PLIZYE FWA ,menm ak pitit FRANSE YO "Nou gen LANG a nou,nou pa bezwen LANG ZOT"
DESCOURTILZ rapote sa DESALIN te di an BON KREYOL NEG NO.Pa bliye ke misye te pibliye LIV li an ,an 1809.
DESCOURTILZ ak BOISROND TONNERRE (ki te MATON lan ekri FRANSE) PE pou FRANSE yo pa t ize LANG FRANSE an pou yo NEO-KOLONIZE peyi an.
Kom DESALIN se te yon PWOFET ;se te sa k te rive.
Yon lot REZON pou nou regret SASINAY DESALIN lan apre mwens ke 2 ZAN sou POUVWA a.
Mwen li kote DESCOURTILZ rapote ke DESALIN te entedi MOUN pale FRANSE lan prezans li.
DESCOURTILZ di li tande DESALIN di PLIZYE FWA ,menm ak pitit FRANSE YO "Nou gen LANG a nou,nou pa bezwen LANG ZOT"
DESCOURTILZ rapote sa DESALIN te di an BON KREYOL NEG NO.Pa bliye ke misye te pibliye LIV li an ,an 1809.
DESCOURTILZ ak BOISROND TONNERRE (ki te MATON lan ekri FRANSE) PE pou FRANSE yo pa t ize LANG FRANSE an pou yo NEO-KOLONIZE peyi an.
Kom DESALIN se te yon PWOFET ;se te sa k te rive.
Yon lot REZON pou nou regret SASINAY DESALIN lan apre mwens ke 2 ZAN sou POUVWA a.
Joel- Super Star
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Jeu de rôle: Le patriote
Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
Se yon NOT pou pwofese DEGRAFF.
EMINAN ENTELEKTYEL ke li ye an ,konnen anpil anpil ,men li pa ka konnen tout bagay.
Ak RESOUS ,PAKET RESOUS ke li genyen lan MIT yo ,li Ka verifye sa PWOFESE JANE ETIENNE te di a
.
Sa a se yon KONFERANS JANE ETIENNE te pwononse lan youn lan JOUNEN ENTENASYONAL KREYOL yo
JANE ETIENNE se yon KREYOLIS MATINIKE.
Se pa t NAPOLEON Selman ki te reyalize ke MOUN lan KOLONI FRANSE lan AMERIK lan ,se KREYOL yo te pale.
Manmzel di e pandan tout peryod REVOLISYONE FRANSE ,rive jis lan KORONASYON NAPOLEON an ;le la FRANS te vle KOMINIKE ak KOLONI li yo ;se te an KREYOL
A la fin du 18è siècle, nous tombons sur une vraie curiosité à la fois linguistique et juridique : les 40 proclamations de l’ère révolutionnaire, puis napoléonnienne rédigées en créole. Nous disposons des textes de ces 40 proclamations en guyanais, en guadeloupéen, en martiniquais en haïtien et même en louisianais. Ce sont les seuls et uniques textes juridiques français rédigés dans une autre langue que le français et publiés au journal officiel de la toute nouvelle République française. A l’examen de ces proclamations, leur caractère oral saute aux yeux ou plutôt le fait qu’ils étaient destinés – selon l’étymologie même du mot «proclamer» – à être dits à haute voix. C’était là une pratique tout à fait courante en France jusqu’à ce qu’à la fin du 19è siècle, Jules Ferry instaure l’école gratuite et obligatoire. Les Français des 17è, 18è et 19è siècles étaient en effet majoritairement analphabètes si bien que les rois, puis les dirigeants révolutionnaires usaient de la pratique qui consistait à faire battre le tambour sur les places publiques des villages et à faire lire les textes de lois. En général, ces textes étaient lus en français, puis immédiatement traduits dans la langue locale (breton, occitan, basque, corse etc…) mais parfois, ils étaient rédigés dans la langue locale elle-même. C’est ce qui s’est passé aux Antilles.
Les proclamations en créole sont de deux sortes: celles de la période révolutionnaire en général très progressistes et émancipatrices; celles de l’ère napoléonienne qui a suivi en général réactionnaires et sournoisement favorables au rétablissement de l’esclavage. Toujours est-il qu’ils constituent tous un trésor, un témoignage irremplaçable sur le créole tel qu’il était parlé à l’époque et aujourd’hui, on n’a pas encore fini de les analyser tous. Ils mériteraient d'ailleurs d'être publiés et commentés dans un seul ouvrage, ce que le GEREC-F souhaite faire depuis longtemps et qu’il ne peut pas faute de moyens financiers. Avis donc aux assemblées locales!
Quand on examine le type de créole utilisé dans ces proclamations, on est en droit de supposer, vu le mélange de créole et de français qu’on y trouve, qu’ils ont dû avoir été rédigés de concert par des Blancs créoles et des révolutionnaires français, puis des officiers napoléoniens.
Permettez-moi de vous citer un court extrait de la «Proclamation du 8 novembre 1801» signé «par Primié Consil : Napoléon Bonaparte»:
En résumé, on constate que les textes de cette première période – dite «proto-littérature » – sont peu nombreux et disparates mais assez significatifs. De toutes façons ce sont les seuls documents dont nous disposons et ils gagneraient à être connus d’un large public pour une meilleure compréhension de notre histoire car l’écrit et la littératures en créole sont les grands oubliés de cette dernière. Je le répète: on a toujours écrit en créole dans nos pays et cela très tôt. L’écrit créole ne commence pas à la fin du 20è siècle, comme se l’imagine trop souvent le grand public, avec Joby Bernabé, Hector Poullet, Monchoachi, Max Rippon, Raphaël Confiant ou Térez Léotin mais bien à la fin du 17è siècle avec la traduction de «La Passion selon Saint-Jean».
http://www.potomitan.info/bannzil/litterature.html
EMINAN ENTELEKTYEL ke li ye an ,konnen anpil anpil ,men li pa ka konnen tout bagay.
Ak RESOUS ,PAKET RESOUS ke li genyen lan MIT yo ,li Ka verifye sa PWOFESE JANE ETIENNE te di a
.
Sa a se yon KONFERANS JANE ETIENNE te pwononse lan youn lan JOUNEN ENTENASYONAL KREYOL yo
JANE ETIENNE se yon KREYOLIS MATINIKE.
Se pa t NAPOLEON Selman ki te reyalize ke MOUN lan KOLONI FRANSE lan AMERIK lan ,se KREYOL yo te pale.
Manmzel di e pandan tout peryod REVOLISYONE FRANSE ,rive jis lan KORONASYON NAPOLEON an ;le la FRANS te vle KOMINIKE ak KOLONI li yo ;se te an KREYOL
A la fin du 18è siècle, nous tombons sur une vraie curiosité à la fois linguistique et juridique : les 40 proclamations de l’ère révolutionnaire, puis napoléonnienne rédigées en créole. Nous disposons des textes de ces 40 proclamations en guyanais, en guadeloupéen, en martiniquais en haïtien et même en louisianais. Ce sont les seuls et uniques textes juridiques français rédigés dans une autre langue que le français et publiés au journal officiel de la toute nouvelle République française. A l’examen de ces proclamations, leur caractère oral saute aux yeux ou plutôt le fait qu’ils étaient destinés – selon l’étymologie même du mot «proclamer» – à être dits à haute voix. C’était là une pratique tout à fait courante en France jusqu’à ce qu’à la fin du 19è siècle, Jules Ferry instaure l’école gratuite et obligatoire. Les Français des 17è, 18è et 19è siècles étaient en effet majoritairement analphabètes si bien que les rois, puis les dirigeants révolutionnaires usaient de la pratique qui consistait à faire battre le tambour sur les places publiques des villages et à faire lire les textes de lois. En général, ces textes étaient lus en français, puis immédiatement traduits dans la langue locale (breton, occitan, basque, corse etc…) mais parfois, ils étaient rédigés dans la langue locale elle-même. C’est ce qui s’est passé aux Antilles.
Les proclamations en créole sont de deux sortes: celles de la période révolutionnaire en général très progressistes et émancipatrices; celles de l’ère napoléonienne qui a suivi en général réactionnaires et sournoisement favorables au rétablissement de l’esclavage. Toujours est-il qu’ils constituent tous un trésor, un témoignage irremplaçable sur le créole tel qu’il était parlé à l’époque et aujourd’hui, on n’a pas encore fini de les analyser tous. Ils mériteraient d'ailleurs d'être publiés et commentés dans un seul ouvrage, ce que le GEREC-F souhaite faire depuis longtemps et qu’il ne peut pas faute de moyens financiers. Avis donc aux assemblées locales!
Quand on examine le type de créole utilisé dans ces proclamations, on est en droit de supposer, vu le mélange de créole et de français qu’on y trouve, qu’ils ont dû avoir été rédigés de concert par des Blancs créoles et des révolutionnaires français, puis des officiers napoléoniens.
Permettez-moi de vous citer un court extrait de la «Proclamation du 8 novembre 1801» signé «par Primié Consil : Napoléon Bonaparte»:
«Paris, 17 Brimer, an 10 Répioblik francé, yonn é endivisib.
Consils La Répiblique francé a tout zabitans Saint–Domingue
Qui ça vout tout yé, qui couleur vous yé, qui côté papa zot vini, nous pas regardé ça ; nous savé tant selman que zote tout libre, que zote toute égal doubant bon Dié é dans zieur la Répiblique…
Capitaine Général Leclerc, que nous voyé pour commandé Saint–Domingue, li méné avec li tout plen navire, tout plen soldat, tout plen canon ; mais pas crère sila–yo qui va di zote que Blanc vlé faire vous esclave encore…»
En résumé, on constate que les textes de cette première période – dite «proto-littérature » – sont peu nombreux et disparates mais assez significatifs. De toutes façons ce sont les seuls documents dont nous disposons et ils gagneraient à être connus d’un large public pour une meilleure compréhension de notre histoire car l’écrit et la littératures en créole sont les grands oubliés de cette dernière. Je le répète: on a toujours écrit en créole dans nos pays et cela très tôt. L’écrit créole ne commence pas à la fin du 20è siècle, comme se l’imagine trop souvent le grand public, avec Joby Bernabé, Hector Poullet, Monchoachi, Max Rippon, Raphaël Confiant ou Térez Léotin mais bien à la fin du 17è siècle avec la traduction de «La Passion selon Saint-Jean».
http://www.potomitan.info/bannzil/litterature.html
Joel- Super Star
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Jeu de rôle: Le patriote
Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
Permettez-moi de porter une petite correction . J'ai lu que l'auteur a parlé de l'élection d'un haïtien à l’académie Française . Ce n'est pas l'élection d'un Haïtien mais d'un citoyen canadien d'origine haïtienne. C'est très important de faire cette nuance . Je persiste à dire que Monsieur Laferriere ne serait jamais élu s'il n'avait pas un passeport canadien.
Marc H- Super Star
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Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
C'EST BIEN CA!
Que ce soit TONTONGI TOUSSAINT ou MICHEL DE GRAFF ;ils reconnaissent que la nomination de LAFERRIERE etait un acte politique.
Acte qui sert les interets de la FRANCE.
LAFERRIERE est il l'un des meilleurs ou le meilleur ECRIVAIN QUEBECOIS? .
J'en doute mais vous savez mieux que moi a propos des ECRIVAINS QUEBECOIS.
Avec DANNY LAFERRIERE ,LES francais ont fait un "DEKABES",Ils ont gagne sur toute la ligne avec un geste "symbolique" qui n'a leur rien coute.
La nomination de LAFERRIERE avait domine la presse haitienne ,peut etre dix fois plus que la constitution de l'ACADEMIE HAITIENNE.
Il est bon d'entendre l'autre son de cloche ,meme si ce que dit TONTONGUI et MICHEL DEGRAFF sur cette question resonne par le
silence fait a propos de ce qu'ils disent;dans la presse haitienne!
Que ce soit TONTONGI TOUSSAINT ou MICHEL DE GRAFF ;ils reconnaissent que la nomination de LAFERRIERE etait un acte politique.
Acte qui sert les interets de la FRANCE.
LAFERRIERE est il l'un des meilleurs ou le meilleur ECRIVAIN QUEBECOIS? .
J'en doute mais vous savez mieux que moi a propos des ECRIVAINS QUEBECOIS.
Avec DANNY LAFERRIERE ,LES francais ont fait un "DEKABES",Ils ont gagne sur toute la ligne avec un geste "symbolique" qui n'a leur rien coute.
La nomination de LAFERRIERE avait domine la presse haitienne ,peut etre dix fois plus que la constitution de l'ACADEMIE HAITIENNE.
Il est bon d'entendre l'autre son de cloche ,meme si ce que dit TONTONGUI et MICHEL DEGRAFF sur cette question resonne par le
silence fait a propos de ce qu'ils disent;dans la presse haitienne!
Joel- Super Star
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Jeu de rôle: Le patriote
Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
Pou antonnen yon lòt chante, mwen sispèk jisteman ke se anvi ki fè Totongi lage de gidon lan dèyè Dani Laferyè.
Se pou yo kite nèg la trankil, ba l repo.
Li pa komèt yon krim trayizon kont nasyon Ayisyen, ni kont Lang Ayisyen an.
Kèlkelanswa si yo rekrite l oubyen si se li ki poze kandidati l. Kote krim nan?
Mwen sispèk nèg tankou Jera Bisent tou koke dèyè kamyonèt lan pou l pran yon woulib. Li fè sonje ke li la. Bisent pat rele Toto Bisent yon zonbi literè lè l te popilarize chante NÈG GEN MOVE MANYÈ.
Mwen pa wè yo leve dèyè Nanfi ki pa di yon mo lan zafè dominikani kote l ap viv.
Si se defann yap defann lonè Ayiti.
Mwen pa wè nèg yo mande anraje sou Rene Dépès ak Lyonèl Twouyo. De nèg ki montre yo se restavék frankofoni kòm zonbi literè.
Mwen respekte pwofesè DeGraff paske limenm, li eksprime sa l panse pwofesyonèlman san li pa ensilte nèg lan.
Finalman. Zafè kebekwa dorijin ayisyen an, kite sa.
Lè w yon moun natiralize, li konnen li adopte yon peyi pou rezon sosyoekonomik ou politik.
Sa pa change ADN yon moun.
Lè w ap tete grann, ou konnen se pa manman w.
Si kebekwa kouri di yon imigran se kebekwa, se paske yo wè yon avantaj (nasyonal). Sonje kijan yo te lage Ben Johnson.
Sasaye- Super Star
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Localisation : Canada
Opinion politique : Indépendance totale
Loisirs : Arts et Musique, Pale Ayisien
Date d'inscription : 02/03/2007
Feuille de personnage
Jeu de rôle: Maestro
Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
Sasaye, j'ai pensé effectivement à Ben Johnson en répondant à JOEL.
Quand les Américains partent en guerre, ils recrutent même parmi les illégaux pour gonfler leur armée déjà importante. Hum!
Dany Laferrière réside aux États-Unis, pour votre information...
Pour quelqu'un qui criait "Assez de littérature dans le site", JOEL vient de nous proposer tout un volume pondu par des intellectuels malhonnêtes. Tout ceux qui reprennent ces discours motivés par l'envi souffrent de misérabilisme. Dany a remporté plusieurs prix littéraires avant d'accéder à l'Académie. C'est les mêmes individus du site qui chouchoutent Edwige Danticat alors qu'elle aussi, elle est prisée dont les livres sont traduits en français. Si elle n'était pas connue par ces gens-là comme d'expression anglaise, ils l'auraient assurément maltraitée. Danticat a gagné de gros prix, parfois le décuple de ce que reçoit Dany si on peut parler d'argent.
Le seul crime de Dany, c'est d'être un écrivain. JOEL et compagnie prétendent qu'il ne mérite pas de gagner sa vie avec sa plume. Est-ce que ces individus boiraient du poison si Dany était un prix Nobel. Je leur signale que Frankétienne jouit aussi d'un grand lectorat international et que ses fans l'ont déjà pressenti pour le prix Nobel de littérature à cause de son oeuvre philosophique. Je suis convaincu que ceux qui l'encensent ici comme dramaturge (créole) n'ont aucune idée du reste de sa production littéraire. Frankétienne écrit aussi en français.
Permettez que j'ajoute que nos académiciens (créoles) du site sont de mauvaise foi. On calque les autres et puis on les méprise. Il n'y a pas de plus "blanc" que ça comme réflexe. Les Haïtiens ont tout inventé, peut-être que cette attitude de nos africanibus nous a aussi coulés.
Marc-H, sans vous contredire, son accession à l'Académie est une réalisation parmi tant d'autres. Je n'ai rien à reprocher non plus au Québec et au Canada.
Je rappellerais que l'immigration a permis et à la France et aux Etats-Unis de rester des grandes puissances à tous les points de vue. Que ce soit dans les arts, les sciences, de grandes têtes américains ou français sont nés ailleurs ou de la première génération d'immigrants. JOEL a oublié qui est Barack Obama? Qui est Sarkozy? Plusieurs immigrants ont déjà été élus gouverneurs aux États-Unis. Entre parenthèse - voyez ce que notre fils d'immigrant à nous nous fait ou nous a laissé... en partie. Hum!
Le discours des créolisses n'est qu'une évasion pour des colonisés en mal de vivre. Les suiveux sont ceux-là mêmes qui gardent un boulet dans la tête. Quand je les entends, je me demande s'ils ne sont pas parfois gênés d'être des immigrants. L'immigration peut être aussi pénible que la colonisation.
Quand les Américains partent en guerre, ils recrutent même parmi les illégaux pour gonfler leur armée déjà importante. Hum!
Dany Laferrière réside aux États-Unis, pour votre information...
Pour quelqu'un qui criait "Assez de littérature dans le site", JOEL vient de nous proposer tout un volume pondu par des intellectuels malhonnêtes. Tout ceux qui reprennent ces discours motivés par l'envi souffrent de misérabilisme. Dany a remporté plusieurs prix littéraires avant d'accéder à l'Académie. C'est les mêmes individus du site qui chouchoutent Edwige Danticat alors qu'elle aussi, elle est prisée dont les livres sont traduits en français. Si elle n'était pas connue par ces gens-là comme d'expression anglaise, ils l'auraient assurément maltraitée. Danticat a gagné de gros prix, parfois le décuple de ce que reçoit Dany si on peut parler d'argent.
Le seul crime de Dany, c'est d'être un écrivain. JOEL et compagnie prétendent qu'il ne mérite pas de gagner sa vie avec sa plume. Est-ce que ces individus boiraient du poison si Dany était un prix Nobel. Je leur signale que Frankétienne jouit aussi d'un grand lectorat international et que ses fans l'ont déjà pressenti pour le prix Nobel de littérature à cause de son oeuvre philosophique. Je suis convaincu que ceux qui l'encensent ici comme dramaturge (créole) n'ont aucune idée du reste de sa production littéraire. Frankétienne écrit aussi en français.
Permettez que j'ajoute que nos académiciens (créoles) du site sont de mauvaise foi. On calque les autres et puis on les méprise. Il n'y a pas de plus "blanc" que ça comme réflexe. Les Haïtiens ont tout inventé, peut-être que cette attitude de nos africanibus nous a aussi coulés.
Marc-H, sans vous contredire, son accession à l'Académie est une réalisation parmi tant d'autres. Je n'ai rien à reprocher non plus au Québec et au Canada.
Je rappellerais que l'immigration a permis et à la France et aux Etats-Unis de rester des grandes puissances à tous les points de vue. Que ce soit dans les arts, les sciences, de grandes têtes américains ou français sont nés ailleurs ou de la première génération d'immigrants. JOEL a oublié qui est Barack Obama? Qui est Sarkozy? Plusieurs immigrants ont déjà été élus gouverneurs aux États-Unis. Entre parenthèse - voyez ce que notre fils d'immigrant à nous nous fait ou nous a laissé... en partie. Hum!
Le discours des créolisses n'est qu'une évasion pour des colonisés en mal de vivre. Les suiveux sont ceux-là mêmes qui gardent un boulet dans la tête. Quand je les entends, je me demande s'ils ne sont pas parfois gênés d'être des immigrants. L'immigration peut être aussi pénible que la colonisation.
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Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
Mwen pa t vle fe bagay lan ,yon bagay pesonel.
Mwen byen kwe ke TONTONGI te la SORBONNE ,li fe CHWA li e m ap li TANBOU ,MAGAZIN misye depi KEK TAN an e mwen pa kwe ke misye gen okenn ANVI pou LAFERRIERE.
Kanta BISSAINTHE menm ,se yon POUTCHIS ,de longue date ,ansyen KONSEYE CEDRAS ;sa l ap di ,m ap pran sa ak yon GRENN SEL.
Pou DEGRAFF menm ,ki sa li ta gen pou l anvye a LAFERRIERE ,misye REKONET kom yon gran LENGWIS JENERASYON li ;youn lan pi gran ESPESYALIS sou KREYOL ,tout KREYOL ak WOL TRANSFOMATIF yo...
Kanta DANY ,se pa sa TONTONGI ou nenpot lot t a ekri jounen Jodi an ,ki ap chanje jan MOUN yo panse ak SIYIFIKANS.
Espri AYISYEN KOLONIZE ,gen travay ki pou FET.
Se tankou mwen tande yon NEG ki renmen FRANSE ak LANG FRANSE an ,sa gen kek MWA ap pale de "SOULOUQUERIES"
Le FRANSE yo t ap pale de "SOULOUQUERIE" ,se te menm EPOK ke LOUIS NAPOLEON t ap fe KOUDETA SANGLAN li an ,an FRANS kote anviwon 6000 MOUN mouri,an DESANM 1851.
Petet NEG sa a ,pa konn sa .Pandan KOUDETA sa a ,anpil PWOGRESIS FRANSE tankou VICTOR HUGO ak VICTOR SCHOELCHER ak ZOT te blije KRAZE RAK pou LOUIS NAPOLEON ki declare TET li ANPERE NAPOLEON III pa t pase yo a LENFINITIF.
Epitou NEG kite se SOULOUQUE ,yon NASYONALIS ENTEGRAL yo kite yo ap derespekte L.
Neg ki ap repete bagay tankou "SOULOUQUERIE" an ,se yo ki kontwole OPINYON an ,ann AYITI e se la PWOBLEM lan ye!
Mwen byen kwe ke TONTONGI te la SORBONNE ,li fe CHWA li e m ap li TANBOU ,MAGAZIN misye depi KEK TAN an e mwen pa kwe ke misye gen okenn ANVI pou LAFERRIERE.
Kanta BISSAINTHE menm ,se yon POUTCHIS ,de longue date ,ansyen KONSEYE CEDRAS ;sa l ap di ,m ap pran sa ak yon GRENN SEL.
Pou DEGRAFF menm ,ki sa li ta gen pou l anvye a LAFERRIERE ,misye REKONET kom yon gran LENGWIS JENERASYON li ;youn lan pi gran ESPESYALIS sou KREYOL ,tout KREYOL ak WOL TRANSFOMATIF yo...
Kanta DANY ,se pa sa TONTONGI ou nenpot lot t a ekri jounen Jodi an ,ki ap chanje jan MOUN yo panse ak SIYIFIKANS.
Espri AYISYEN KOLONIZE ,gen travay ki pou FET.
Se tankou mwen tande yon NEG ki renmen FRANSE ak LANG FRANSE an ,sa gen kek MWA ap pale de "SOULOUQUERIES"
Le FRANSE yo t ap pale de "SOULOUQUERIE" ,se te menm EPOK ke LOUIS NAPOLEON t ap fe KOUDETA SANGLAN li an ,an FRANS kote anviwon 6000 MOUN mouri,an DESANM 1851.
Petet NEG sa a ,pa konn sa .Pandan KOUDETA sa a ,anpil PWOGRESIS FRANSE tankou VICTOR HUGO ak VICTOR SCHOELCHER ak ZOT te blije KRAZE RAK pou LOUIS NAPOLEON ki declare TET li ANPERE NAPOLEON III pa t pase yo a LENFINITIF.
Epitou NEG kite se SOULOUQUE ,yon NASYONALIS ENTEGRAL yo kite yo ap derespekte L.
Neg ki ap repete bagay tankou "SOULOUQUERIE" an ,se yo ki kontwole OPINYON an ,ann AYITI e se la PWOBLEM lan ye!
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Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
Marc-H, sans vous contredire, son accession à l'Académie est une réalisation parmi tant d'autres. Je n'ai rien à reprocher non plus au Québec et au Canada. a écrit:
Moreau
C'était juste un rappel dans la mesure ou l'auteur du papier ci-haut a omis de souligner ce fait important dans son analyse . Danny est un écrivain québécois . Ses livres font partie de la littérature québécoise .Il ne fait aucun doute que sa représentativité, si je peux m'exprimer, québécoise , canadienne et haïtienne a facilité son élection à l’académie Française .
Marc H- Super Star
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Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
MAK;
Sa pa ENPOTAN ou non ENPOTANS ke KEBEK ta akode ak NOMINASYON LAFERYE an.
Tankou ekspresyon AMERIKEN an "GOOD FOR QUEBEC"
KEBEK se desandan FRANSE ,yo gen pwop lit yo y ap Mennen kont dominasyon yo MONN ANGLOFON lan.
Noumenm ,gen NEG ki pa renmen sa;nou pa gen preske anyen pou nou we ak la FRANS .
Se yon peyi ki te kolonize nou sa gen plis ke 200 ZAN.
Lan epok sa a ,a pa de ZILE ki rete KOLONI li yo ;yo te kolonize ST LISI,DOMINIK,TRINIDAD ak GRENAD tou.
Gen NEG depi gen MOUN ki gen OPINYON ki kontre ak yo ;yo pa atake sa y ap di an ,se MOUN lan yo atake.
TONTONGI ak DEGRAFF pami ZOT se pa kesyon ke LAFERYE entegre AKADEMI FRANSE an y ap atake ;se ENPOTANS ke yo bay sa ann AYITI.
Sitou gen MOUN ann AYITI ,ti ELIT LEPANDYE an ,santi ke DOMINASYON ke yo ize ak ITILIZASYON LANG FRANSE an ,menase.
Se menm jan ,an FRANS ,ENTELEKTYEL FRANSE ki te itilize LATEN pou diferansye yo de res POPILASYON an ,te santi yo menase ak monte LANG FRANSE an.
Yo te deklare kareman ke lang FRANSE an se lang MOUN SOT ,alos ke LATEN se LANG MOUN SAVE!
Yo te deklare ke FRANSE se "la langue vulguaire"
Sa pa ENPOTAN ou non ENPOTANS ke KEBEK ta akode ak NOMINASYON LAFERYE an.
Tankou ekspresyon AMERIKEN an "GOOD FOR QUEBEC"
KEBEK se desandan FRANSE ,yo gen pwop lit yo y ap Mennen kont dominasyon yo MONN ANGLOFON lan.
Noumenm ,gen NEG ki pa renmen sa;nou pa gen preske anyen pou nou we ak la FRANS .
Se yon peyi ki te kolonize nou sa gen plis ke 200 ZAN.
Lan epok sa a ,a pa de ZILE ki rete KOLONI li yo ;yo te kolonize ST LISI,DOMINIK,TRINIDAD ak GRENAD tou.
Gen NEG depi gen MOUN ki gen OPINYON ki kontre ak yo ;yo pa atake sa y ap di an ,se MOUN lan yo atake.
TONTONGI ak DEGRAFF pami ZOT se pa kesyon ke LAFERYE entegre AKADEMI FRANSE an y ap atake ;se ENPOTANS ke yo bay sa ann AYITI.
Sitou gen MOUN ann AYITI ,ti ELIT LEPANDYE an ,santi ke DOMINASYON ke yo ize ak ITILIZASYON LANG FRANSE an ,menase.
Se menm jan ,an FRANS ,ENTELEKTYEL FRANSE ki te itilize LATEN pou diferansye yo de res POPILASYON an ,te santi yo menase ak monte LANG FRANSE an.
Yo te deklare kareman ke lang FRANSE an se lang MOUN SOT ,alos ke LATEN se LANG MOUN SAVE!
Yo te deklare ke FRANSE se "la langue vulguaire"
Joel- Super Star
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Jeu de rôle: Le patriote
Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
Annou klase dosye saa lan pèspektiv li.
Dany Laferyè eli kòm manm Akademi Fransèz lan yon eleksyon ant manm Akademi an. Kidonk se pa yon nominasyon politik gouvèman franse.
Akademi Fransèz lan se yon enstitisyon akademik ki jere fonksyonman lang franse an. Si yo jije ke DL pi kalifye pase yon lòt se akòz de antesedan ak pri ke l te resevwa pou literati.
Sa pa vle di nonplis ke li se pi bon ekriven ki sou planèt lan. Noumenm, nou pa kalifye pou jije merit nonm lan kòm ekriven.
E si gouvènman franse ap sèvi avèk enstitisyon saa pou fè pwopagann politik oubyen ekonomik. Se pa wòl Akademi an. Sa pa gen anyen a wè avèk paspò nèg lan. Dayè, nèg ke misye ranplase an se te yon Ajanten. Mwen pa konnen ke ajanten se frankofou.
Manm ki vote pou Dany yo pa reprezante politik ak gouvènman franse. E si Dany fè yon pwopozisyon se byen pou Lang franse an e sa pa genyen anyen arevwa ak politik franse.
Map repete l, gen plizyè ekriven ayisyen ki pi frankofou ke Dany. Lan de sa m site yo deja, youn trayi revolysion 1946 lan ke li te youn lan enstigatè yo. Lè revolisyonè kiben yo akeyi misye akòz de sa, li vann yo ak Lafrans. Kounyea li se sitwayen franse, li pa menm yon franse dorijin ayisyen.
Lòt lan ale an Frans ak labanyè lan tout lari ap fè kanpay pou sabote Bisantnè endepandans de la Repiblik Dayiti.
Mwen panse nèg sayo plis merite kout pye lan pantalon yo.
Mwen vle repete ke remak mwen yo se te pou Tontongi ak Jera Bisent.
Mwen byen note ke Pwofesè Degraff se eksepsyon lan jan li trete zafè saa.
Dany Laferyè eli kòm manm Akademi Fransèz lan yon eleksyon ant manm Akademi an. Kidonk se pa yon nominasyon politik gouvèman franse.
Akademi Fransèz lan se yon enstitisyon akademik ki jere fonksyonman lang franse an. Si yo jije ke DL pi kalifye pase yon lòt se akòz de antesedan ak pri ke l te resevwa pou literati.
Sa pa vle di nonplis ke li se pi bon ekriven ki sou planèt lan. Noumenm, nou pa kalifye pou jije merit nonm lan kòm ekriven.
E si gouvènman franse ap sèvi avèk enstitisyon saa pou fè pwopagann politik oubyen ekonomik. Se pa wòl Akademi an. Sa pa gen anyen a wè avèk paspò nèg lan. Dayè, nèg ke misye ranplase an se te yon Ajanten. Mwen pa konnen ke ajanten se frankofou.
Manm ki vote pou Dany yo pa reprezante politik ak gouvènman franse. E si Dany fè yon pwopozisyon se byen pou Lang franse an e sa pa genyen anyen arevwa ak politik franse.
Map repete l, gen plizyè ekriven ayisyen ki pi frankofou ke Dany. Lan de sa m site yo deja, youn trayi revolysion 1946 lan ke li te youn lan enstigatè yo. Lè revolisyonè kiben yo akeyi misye akòz de sa, li vann yo ak Lafrans. Kounyea li se sitwayen franse, li pa menm yon franse dorijin ayisyen.
Lòt lan ale an Frans ak labanyè lan tout lari ap fè kanpay pou sabote Bisantnè endepandans de la Repiblik Dayiti.
Mwen panse nèg sayo plis merite kout pye lan pantalon yo.
Mwen vle repete ke remak mwen yo se te pou Tontongi ak Jera Bisent.
Mwen byen note ke Pwofesè Degraff se eksepsyon lan jan li trete zafè saa.
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Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
Il n'y a pas de mal à aimer une langue. Il a toujours existé des cénacles pour promouvoir des idées ou des courants politiques et littéraires. Pour ce qui est de l'Académie française, elle a permis de faire une certaine unité de la langue en France et cela n'empêche pas que les Bretons, entre autres, continuent à apprendre et à parler leur langage. L'accession de Dany à l'AF n'a rien à voir avec un complot "imaginaire" pour aliéner les Haïtiens.
On en a entendu de toutes sortes dans ce site au sujet de Dany comme celui-là qui le rabaissait tout en affirmant qu'il ne connaissait rien de l'oeuvre de l'autre. Pire encore, son cavalier polka abondait dans le même sens. Croyez-moi, si vous voulez vous retremper un peu dans la culture haïtienne, lisez Dany. J'ai rarement vu un écrivain haïtien exploitant autant les souvenirs de sa jeunesse et de son pays. Vous avez intérêt à apprécier l'authenticité de l'homme de lettres. En général, les écrivains haïtiens débordent d'imagination. Dans les milieux littéraires, on vante l'excellence de nos auteurs. Un phénomène qui étonne étant donné les problèmes extrêmes du pays.
Comme on dit, nul n'est prophète en son pays. Ce pays-là, c'est dans l'esprit des individus déconnectés, d'une génération d'émigrés fatalistes, figés dans de vieilles conceptions. Les jeunes Haïtiens ont soif de savoir et de s'ouvrir plus sur le monde.
On en a entendu de toutes sortes dans ce site au sujet de Dany comme celui-là qui le rabaissait tout en affirmant qu'il ne connaissait rien de l'oeuvre de l'autre. Pire encore, son cavalier polka abondait dans le même sens. Croyez-moi, si vous voulez vous retremper un peu dans la culture haïtienne, lisez Dany. J'ai rarement vu un écrivain haïtien exploitant autant les souvenirs de sa jeunesse et de son pays. Vous avez intérêt à apprécier l'authenticité de l'homme de lettres. En général, les écrivains haïtiens débordent d'imagination. Dans les milieux littéraires, on vante l'excellence de nos auteurs. Un phénomène qui étonne étant donné les problèmes extrêmes du pays.
Comme on dit, nul n'est prophète en son pays. Ce pays-là, c'est dans l'esprit des individus déconnectés, d'une génération d'émigrés fatalistes, figés dans de vieilles conceptions. Les jeunes Haïtiens ont soif de savoir et de s'ouvrir plus sur le monde.
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Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
Yeah!
Il n'y a pas de mal a aimer une langue?
Bonne chance a quiconque voudrait avoir l'ESPAGNOL ou l'ANGLAIS comme langue d'EDUCATION.
Allez lire l'un des longs papiers scientifiques de MICHEL DE GRAFF et il vous expliquera pourquoi certains persistent a avoir le FRANCAIS comme langue d'EDUCATION.
La place preponderante accordee au FRANCAIS n'est pas nouvelle.
Championnant la langue francaise ,ce n'est pas s'ouvrir sur le monde non plus ,c'est s'enfermer.
Des gens comme TONTONGI ,qui etait aussi a la SORBONNE .comme je l'ai deja remarque ,justement d'apres mon humble opinion;ses objections sont que plus de prestige accorde au FRANCAIS sert comme barricade au CREOLE.
HAITI doit se developper avec le CREOLE.
Ca n'empechera pas que ceux qui aiment le FRANCAIS en HAITI d'avoir des clubs litteraires et tutti quanti.
La langue francaise doit etre regardee comme la langue etrangere qu'elle est comme l'ESPAGNOL,L'ANGLAIS ou le PORTUGUAIS BRESILIEN.
Le PORTUGUAIS BRESILIEN est un peu different du PORTUGUAIS du PORTUGUAL,soit dit en passant.
Le BRESIL a sa propre ACADEMIE ,tout comme les anciennes colonies espagnoles .
Il doit y avoir une complete acceptation du CREOLE ,pas comme une langue exotique ,mais comme notre langue ;sans prejuge.
Dans tous les niveaux educatifs,l'administration ,la justice etc..
SASAYE;
Ou di ke gouvenman franse an pa gen twop pou l we ak AKADEMI FRANSE an.Se pa twop fin vre non
Prezidan franse an ,se "le protecteur de l'ACADEMIE".Prezidan an dwe apwouve nominasyon yon MANM lan AKADEMI an,byen ke la plipa di TAN se yon FOMALITE.
Epitou,pou sa sa vo ;PHILIPPE PETAIN ,gwo TRET devan LETENEL se te MANM AKADEMI an ,alos ke VICTOR HUGO pa t MANM!
Il n'y a pas de mal a aimer une langue?
Bonne chance a quiconque voudrait avoir l'ESPAGNOL ou l'ANGLAIS comme langue d'EDUCATION.
Allez lire l'un des longs papiers scientifiques de MICHEL DE GRAFF et il vous expliquera pourquoi certains persistent a avoir le FRANCAIS comme langue d'EDUCATION.
La place preponderante accordee au FRANCAIS n'est pas nouvelle.
Championnant la langue francaise ,ce n'est pas s'ouvrir sur le monde non plus ,c'est s'enfermer.
Des gens comme TONTONGI ,qui etait aussi a la SORBONNE .comme je l'ai deja remarque ,justement d'apres mon humble opinion;ses objections sont que plus de prestige accorde au FRANCAIS sert comme barricade au CREOLE.
HAITI doit se developper avec le CREOLE.
Ca n'empechera pas que ceux qui aiment le FRANCAIS en HAITI d'avoir des clubs litteraires et tutti quanti.
La langue francaise doit etre regardee comme la langue etrangere qu'elle est comme l'ESPAGNOL,L'ANGLAIS ou le PORTUGUAIS BRESILIEN.
Le PORTUGUAIS BRESILIEN est un peu different du PORTUGUAIS du PORTUGUAL,soit dit en passant.
Le BRESIL a sa propre ACADEMIE ,tout comme les anciennes colonies espagnoles .
Il doit y avoir une complete acceptation du CREOLE ,pas comme une langue exotique ,mais comme notre langue ;sans prejuge.
Dans tous les niveaux educatifs,l'administration ,la justice etc..
SASAYE;
Ou di ke gouvenman franse an pa gen twop pou l we ak AKADEMI FRANSE an.Se pa twop fin vre non
Prezidan franse an ,se "le protecteur de l'ACADEMIE".Prezidan an dwe apwouve nominasyon yon MANM lan AKADEMI an,byen ke la plipa di TAN se yon FOMALITE.
Epitou,pou sa sa vo ;PHILIPPE PETAIN ,gwo TRET devan LETENEL se te MANM AKADEMI an ,alos ke VICTOR HUGO pa t MANM!
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Jeu de rôle: Le patriote
Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
Vous perdez la boule, mon cher. Vous ne réussirez plus à m'attirer dans cette répétition.
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Re: Danny Laferriere ou laneocolonisation par la culture
Wi !
Fasil pou wou ,le yon DISKISYYON kon sa ,sou yon bagay LANG ;se pa sou SIJE an ;se sou mwen ak ou.
Pou mwenmen ;ki sa ou ye ou pa ye ,ki moun ou ye ou pa ta ye ;sa pa okenn ENPOTANS.
Se sa w ap di sou SIJE an ki ta ENPOTAN.
Nenpot MOUN ki bay yon OPINYON ki ta kontre ak pa w lan ;se MOUN lan w atake.
Kanta lang FRANSE NOU bali plis ENPOTANS ke FRANSE ki ap viv an FRANS yo.
Kanta AYISYEN ki ap bay bon EKRIVEN yo ;ti AYISYEN ann AYITI yo pase 2 FWA PLIS TAN ap aprann FRANSE ke yon ti FRANSE an FRANS!
M ale ;paske mwen sanble m ap reponn ou e se pa OPINYON w ;m ap tonbe lan PYEJ lan!
Fasil pou wou ,le yon DISKISYYON kon sa ,sou yon bagay LANG ;se pa sou SIJE an ;se sou mwen ak ou.
Pou mwenmen ;ki sa ou ye ou pa ye ,ki moun ou ye ou pa ta ye ;sa pa okenn ENPOTANS.
Se sa w ap di sou SIJE an ki ta ENPOTAN.
Nenpot MOUN ki bay yon OPINYON ki ta kontre ak pa w lan ;se MOUN lan w atake.
Kanta lang FRANSE NOU bali plis ENPOTANS ke FRANSE ki ap viv an FRANS yo.
Kanta AYISYEN ki ap bay bon EKRIVEN yo ;ti AYISYEN ann AYITI yo pase 2 FWA PLIS TAN ap aprann FRANSE ke yon ti FRANSE an FRANS!
M ale ;paske mwen sanble m ap reponn ou e se pa OPINYON w ;m ap tonbe lan PYEJ lan!
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