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Renaud Benodin interroge le Sénateur Fortuné

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Renaud Benodin interroge le Sénateur Fortuné Empty Renaud Benodin interroge le Sénateur Fortuné

Message  piporiko Dim 15 Juil 2007 - 13:14

Sénateur Gabriel Fortuné, nous vous souhaitons la bienvenue sur les ondes de Radio Classique Inter.





Robert Bénodin : Préval dans son discours à l’occasion du 18 mai, a lancé une campagne anti-corruption et anti-drogue. Dans le domaine de la corruption, il y a plusieurs dossiers qui restent sans réponse jusqu'à présent. Par exemple :

-Le rapport de la Commission d’Enquête Administrative,

-Le dossier de la chancellerie,

-Le dossier de la SOCABANK impliquant à la fois des banquiers et des législateurs,

-Le dossier des 2,500 barils d’asphalte vendus en Dominicanie,

-La poursuite judiciaire contre Aristide pour dilapidation de fonds publics stoppée par Préval.

A quel point se trouvent tous ces dossiers ?



Gabriel Fortuné : Effectivement il y a pas mal de dossiers, comme ceux que vous venez de citer qui sont restés lettre morte. Après tant de dénonciations et même après les déclarations du président de la République, faisant croire qu’il va lutter ardemment contre la corruption.

En toute honnêteté, j’ai le droit de dire, en tant que sénateur de la République et en tant qu’ancien député, qu’il est très difficile pour le moment de combattre effectivement la corruption en Haïti, pour diverses raisons.

La première raison est que la nature même de l’Etat haïtien permet que nous vivions dans la corruption. La nature même de l’Etat haïtien. Deuxièmement l’héritage de ce régime ne permet pas à un gouvernement comme celui de Préval/Alexis d’entreprendre une telle campagne. Quand on voit la présidence il ne faut pas voir seulement le président de la République, il faut surtout voir son entourage. Donc ces faits ne permettent pas, ni ne créent pas les conditions pour pouvoir lutter effectivement contre la corruption. Le mode de fonctionnement du parlement, la faiblesse des institutions, comme la Cour Supérieure des Comptes par exemple, tout ça, lorsque nous examinons leurs fonctions traditionnelles, ça encourage beaucoup plus le maintien de la corruption, que de permettre de lutter contre la corruption.

En tout état de cause, je pense, que des sénateurs et des députés courageux, peuvent dénoncer des dossiers importants, avec tous les risques que ça comporte. Par exemple, j’ai pris le risque de dénoncer certaines choses. Mais je dois être honnête avec les citoyens du onzième Département, la Diaspora, que ça ne suffit pas. Et que nous sommes loin de pouvoir combattre la corruption.

Donc il faudrait que l’on entreprenne de grandes réformes. Réforme d’abord de la nature de cet Etat traditionnel, au niveau de ses structures, au niveau de son fonctionnement. Entreprendre des réformes au niveau de l’administration publique haïtienne. Comment on est nommé dans l’administration publique, comment on est révoqué, comment on est promu. Au niveau des institutions indépendantes, comme la Cour Supérieure des Comptes, il faudrait les repenser totalement. Au niveau du système judiciaire, il faudrait le repenser totalement. C’est après ça que l’on pourrait passer à la lutte contre la corruption.

La lutte contre la corruption c’est un véritable programme. Je dirais de réforme de l’Etat. Et parmi les objectifs stratégiques, la lutte contre la corruption pourrait être un des axes stratégiques de ce programme.

Je voudrais dire que je souhaite que l’on continue à éprouver cette soif de vouloir éradiquer la corruption. Parce que ne voulant pas mentir au sujet de la corruption, nous devons avouer que le moment, nous ne pouvons que dénoncer la corruption.



RB : Vous voulez dire qu’il y a une refondation de l’Etat qui doit se faire selon un certain model ?



GF : Evidemment, dans le cas d’Haïti, il y a plus que l’Etat à réformer. Il y a le problème de la société. Lorsqu’on a une société dans laquelle la notion de la corruption n’a aucune importance. Elle est banalisée. On n’assimile pas la corruption au vol. On assimile la corruption à une preuve d’intelligence, pour détourner les fonds de l’Etat de façon inaperçue. Ceux qui entreprennent de faire ces détournements, constituent des models dans cette société. Lorsque dans une société, la tradition veut que voler l’Etat, n’est pas voler. Qu’il faut déplumer la poule, mais sans la faire crier. L’Etat est le cheval de papa, que chacun peut enfourcher à tour de rôle.

Donc il y a un travail d’éducation civique à faire. Pour enseigner aux citoyens, les méfaits, les conséquence fâcheuses, les retombés négatives de la question de corruption, avant d’attaquer la reconstruction des institutions.

Donc lutte contre l’impunité. Combien de personne son emprisonnée pour les questions de corruption, quand Transparency International nous classe comme l’un des pays les plus corrompus du monde. Il nous faut nous rendre compte et prendre conscience de cette question. C’est une question très très sérieuse. Et aussi longtemps que nous ne prenons pas conscience de l’importance de la corruption, que nous avons cette tendance à vouloir la banaliser, il y a des niveaux que nous ne pourrons pas atteindre en terme d’Etat moderne.



RB : Pourquoi laisse-t-on pourrir dans les tiroirs le dossier bien documenté de la CEA ? Là il y a des preuves, de la documentation, des noms cités, des processus décrits. Il y a une investigation complète dans ce dossier.



GF : Il nous faut être claire sur ce point. Que nous avons maintenant, un régime lavalas revu et corrigé au pouvoir. Malgré toutes les bonnes intentions exprimées par le président, il n’est pas vraiment dans une position où il peut lutter contre ce phénomène et donner suite au dossier dont vous parlez. Ce dossier dont vous parlez a mis, en quelque sorte, à nu le régime lavalas.

Alors aujourd’hui, que vous entendez Alexis, que vous entendez Préval, il y a une certaine distance prise envers certaines pratiques telles que l’assassinat, le trafique de stupéfiants. On peut dire que ceux sont les modérés lavalassiens qui sont au pouvoir, les plus modérés. La Base du régime, la clientèle électorale de LESPWA, qu’on le veuille ou non, ceux sont les militants de lavalas. 60% de l’électorat de LESPWA c’est l’électorat de lavalas.

Est-ce que ce régime peut saper sa propre base ? Il est très difficile, mais pas impossible. Parce qu’à n’importe quel moment, si le président a la volonté politique et les moyens de sa politique, il peut opérer un revirement. Mais pour le moment, ce n’est pas le cas.



RB : Le dossier de la corruption à la chancellerie est très complexe et contient plusieurs facettes.

Quelles sont les différentes facettes de ce dossier ?

Quels sont ceux qui y sont impliqués ?



GF : C’est un dossier qui se traite au niveau de la commission des affaires étrangères. Je n’ai jamais eu l’opportunité de m’informer réellement, d’étudier et de participer de façon active dans ce dossier. Je n’ai pas toutes les données. C’est ce pourquoi je n’aimerais pas spéculer ou improviser sur ce dossier. Je sais que ce dossier est en train d’être traité. Mais je ne connais pas vraiment ce dossier.



RB : Vous connaissez bien ce dossier. Dans le dossier de la SOCABANK, on a procédé à l’incarcération de Frank Ciné et de certains dirigeants de cette banque, avec des interdictions de départ pour d’autres.

Pensez-vous qu’il y aura des législateurs accusés d’avoir accepté des pots de vin, à être interpellés ?



GF : A moins que monsieur Ciné fasse des révélations officielles. Dans le cas contraire, je doute fort que l’on puisse interpeller des sénateurs qui se sont faits soudoyer.



RB : Comment avez-vous pu être informé de ce qui s’est passé entre des dirigeants de la banque et des sénateurs ? C’est vous qui avez fait éclater le scandale.



GF : C’était d’abord un dossier public. Un dossier qui concernait la Banque Centrale. Il ne faut pas oublier que la mission de la Banque Centrale, c’est de superviser toutes les banques. Elle a l’attribution et l’autorité pour surveiller, pour protéger, pour garantir l’épargne des déposants. Il faut se rappeler dans ce cadre, que le Conseil d’administration de la Banque Centrale, est ratifié par le Sénat de la République. Et le Sénat à coté de la Chambre des députés a une responsabilité de contrôle politique. Donc toutes informations dont nous avons besoin de la Banque Centrale nous pouvons les obtenir. Dans la mesure où ces informations ne sont pas des informations d’Etat, pouvant mettre l’institution en danger, la nation ou l’Etat haïtien en danger.

Le dossier avait commencé à être traité au niveau de la commission et publiquement aussi à la radio. Mais j’étais très vigilant. Une fois, je me rappelle avoir rencontré des sénateurs au bureau du président du Sénat, ils étaient en train de discuter du dossier, je leur ai dit messieurs faites attention, c’est un dossier sensible un dossier fragile, je n’aimerais pas que le Sénat fonce tête baissée dans ce dossier. C’est une affaire mafieuse. J’ai immédiatement laissé le bureau en claquant la porte.

Finalement le dossier a continué à faire son chemin, mais pas de façon très régulière. Parce que jusqu'à présent il n’y a jamais eu un débat sérieux au sujet de ce dossier. Aussitôt que le président de la République avait pris un arrêté pour nommer une commission d’avocat sur ce dossier, 48 heurs plus tard, le Sénat avait réagi par l’adoption d’une résolution condamnant l’initiative du président, condamnant le gouvernement de la République, et demander une négociation entre les partis. J’ai trouvé ça très suspect. Et automatiquement, j’ai mis mes antennes en branle pour savoir qui a causé de façon précipitée, l’adoption de cette résolution par le Sénat de la République.

J’ai trouvé des éléments assez intéressants. Et c’est à partir de là que j’ai convoqué une conférence de presse, pour dire que : « Ce vote est intéressé. » Le vote de la résolution du 26 janvier 2007.

Et par la suite avec des contacts, nous avons trouvé beaucoup plus d’éléments, des éléments de preuve, que des sénateurs malheureusement se sont laissés soudoyer pour faire passer cette résolution. « La résolution de la honte. »



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Message  Marc-Henry Dim 15 Juil 2007 - 13:34

GF : C’est un dossier qui se traite au niveau de la commission des affaires étrangères. Je n’ai jamais eu l’opportunité de m’informer réellement, d’étudier et de participer de façon active dans ce dossier. Je n’ai pas toutes les données. C’est ce pourquoi je n’aimerais pas spéculer ou improviser sur ce dossier. Je sais que ce dossier est en train d’être traité. Mais je ne connais pas vraiment ce dossier.

Well , vous ne cherchez pas à connaitre des dossiers accusants l'ancien regime dont vous avez tissé des liens d'amitié politique. Neg sa yo gen lan kô'w. je neg sayo seche konsa.
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Message  piporiko Lun 16 Juil 2007 - 13:16

RB : Quelle est la quantité d’argent qu’ils ont reçu ?



GF : C’est une affaire qui se chiffre à $300.000 US. Mais il y a plus d’une dizaine de sénateurs qui sont impliqués. Il y a des sénateurs qui ont reçu entre $20,000 et $25,000 etc. Mais l’essentiel, je n’ai pas tout le détail, Comme tout le monde le sait. Tous les sénateurs le savent, Le président, des officiels, des ambassadeurs savent que j’ai ces informations. Ceux sont de bonnes informations.



RB : Il y a eu la formation d’une Commission d’enquête présidée par Edmonde Supplice Beauzil. On avait donné à cette commission un délai trop court pour faire l’investigation. Elle a dû recommander que l’UCREF et l’ULCC fassent l’enquête. Et juste après, le 7 mars 2007, le Sénat a pris une résolution qui a mis une muselière à la bouche du Sénat qui force les sénateurs à ne plus pouvoir dénoncer publiquement ce qui se passe au Sénat. Mais que désormais toutes dénonciations devraient se faire par-devant une commission.

Comment percevez-vous cette résolution ?



GF : Non, par la suite j’ai fais des dénonciations relative aux affaires du ministère des affaires sociales à l’ONA.



RB : Mais pas au Sénat



GF : Oui, au Sénat de la République.



RB : Oui, mais n’impliquant pas des sénateurs.



GF : Non, ça n’a pas impliqué des sénateurs. Parce que les sénateurs n’étaient pas impliqués.



RB : Oui, le problème est ceci, que la résolution du 7 mars, empêche à un sénateur de dénoncer publiquement l’implication d’autres sénateurs.



GF : Pour qu’une résolution soit valide et acceptable, il faut qu’elle respecte les grandes valeurs morales, les valeurs démocratiques, les valeurs républicaines et la Constitution. C’est la Constitution elle-même qui fait obligation à chaque sénateur et à chaque député, de surveiller et de rapporter tout ce qui ne sert pas les intérêts de la nation. Moi, c’est la Constitution que je respecte. Ceux sont les principes démocratiques que je respecte. C’est la population que je représente qui me dit l’engagement que j’ai envers elle. Qu’il me faut veiller et défendre ses intérêts. Personne ne peut pas prendre une résolution pour me dire, quand je peux ou ne peux pas parler. C’est une résolution qui vous concerne personnellement, mais qui ne concerne pas Gabriel Fortuné comme sénateur de la République. L’assemblée des sénateur et le président du Sénat savent que cela ne me concerne pas.



RB : Il n’y a eu que douze sénateurs à voter pour l’adoption de cette résolution, alors qu’il y a une majorité de dix-sept qui n’ont pas voté. Comment se fait-il que ce soit ces douze qui ont adopté les résolutions du 26 janvier et du 7 mars 2007, et les autres 17 qui sont en face, les ont laissé faire adoptant des résolutions au nom du Sénat ?



GF : Il y a un problème de quorum. C’est un problème technique. Nous avons 30 sénateurs. Le quorum c’est 16. Avec 16 sénateurs réunis on peut organiser une séance. Maintenant le quorum sur 16 c’est 9. Avec 9 sénateurs sur 16 on peut prendre des décisions. Dans certains cas, la Constitution dit que l’on peut prendre une décision à la majorité du corps. Mais dans d’autres cas, pour des situations régulières, c’est à la majorité du quorum.



RB : C’est l’aspect technique. Mais un sénateur est un représentant, et l’ensemble du Sénat représente la mosaïque des intérêts nationaux. Lorsque 9 sénateurs ont le droit d’engager l’adoption d’une résolution qui impose une muselière à tous les sénateurs. Certainement sénateur Fortuné ne l’accepte pas. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas au Sénat des sénateurs qui constituent la majorité, pour dire non, que ces types de résolutions ne peuvent pas être adoptées ?



GF : Le fait que chaque sénateur sait que s’il lui plait de prendre la parole, la résolution ne peut pas l’empêcher de le faire, il n’y a pas de nécessité forcément pour qu’on se réunisse sur cette question. Ces résolutions ne sont pas trop contraignantes, parce qu’elles vont à l’encontre des grands principes et des grandes valeurs. Si c’étaient des questions qui concernent la sécurité nationale, sur les questions d’Etat, où on pourrait évoquer la raison d’Etat. Les sénateurs savent que si la question est trop sensible, qu’ils ne peuvent pas la rendre publique. Les sénateurs savent ce qui relève de la sécurité nationale. Ils connaissent les limites de ce qu’ils peuvent dire publiquement. Ce ne sera pas cette résolution vraiment qui pourrait empêcher aux sénateurs de s’exprimer publiquement. D’ailleurs dans l’affaire de l’ONA, il était clairement dit que le bureau avait demandé de ne pas faire de révélations. Mais tout de suite après, j’ai fait personnellement des révélations. Parce que j’avais estimé que cette histoire ne relevait pas de la raison d’Etat. Elle n’affectait pas la sécurité nationale. Le sénateur Anacacis m’avait appuyé dans mes déclarations.



RB : Dans le dossier de la SOCABANK, il y a une première étape qui a été franchie, l’arrestation de Ciné, de certains dirigeants de la banque et l’interdiction de départ pour d’autres.

Avez-vous l’impression, qu’à partir de manipulations politiques qui se font, que le dossier de la SOCABANK ne pourra pas avancer ?



GF : Ce que je pense. Je continue de croire qu’avec une certaine volonté politique, on peut récupérer une partie des 50 millions de dollars US injectés au niveau de la SOCABANK. Mais je ne crois pas que ce soit un dossier qui ira jusqu’au bout, traité définitivement, pour servir de leçon, comme le souhaite la nation.



RB : Pourquoi vous n’y croyez pas ?



GF : C’est parce qu’il y a trop de politique là dedans. Comme je l’ai dit en prenant en considération la nature du régime, il est très difficile de couper la branche sur laquelle ont est assis. Quand on considère le manque de capacité, le manque de volonté de nos institutions, comme le Parquet, comme la Cour Supérieure des Comptes, comme ULCC, il est très difficile pour que ces dossiers avancent et aboutissent.

Le parlement est divisé sur ce dossier. On n’arrive pas à obtenir une majorité pour faire avancer ce dossier. Il y a ceux qui sont très timides. Il y a ceux qui ont peur. Donc jusqu'à présent c’est une minorité de députés et de sénateurs qui croient que ce dossier devrait aller très loin. Moi je n’espère pas que l’on trouvera une résolution de ce dossier qui se fera selon les normes, qui pourrait nous permettre de le désigner comme un début, une leçon dans la lutte contre la corruption.



RB : Il y a quelque chose que j’ai entendue cette semaine, qu’il y a des dossiers très sensibles en provenance de l’UCREF qui seront présentés par-devant le Commissaire de gouvernement.

Etes-vous au courant de ça ?





GF : Oui, nous sommes au courant. Nous l’avons exigé. Dans une réunion qui a eu lieu au palais national avec le président sur ces questions, Nous avions demandé à quelle étape ces dossiers se trouvaient. Le responsable de l’UCREF monsieur Jean Yves Noël nous a fait savoir que ces dossiers sont prêts. Et qu’ils vont utiliser les procédures en cour pour les transmettre au Parquet.



RB : Quels sont ces dossiers ?



GF : Ceux sont des dossiers qui sont au niveau de l’UCREF. Il ne faut pas oublier qu’au niveau du Sénat de la République, la loi fait obligation à l’UCREF de lui fournir des rapports réguliers. Moi j’ai l’obligation de faire avancer ces dossiers en tant que président de la Commission d’anti-corruption au Sénat.

Je crois qu’au cours du mois d’août nous allons entrer dans une nouvelle dynamique, pour déterminer ce qui peut se faire pour le traitement de ces dossiers.

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Message  piporiko Lun 16 Juil 2007 - 13:19

RB : Quels sont ces dossiers ? Pouvez-vous nous le dire ?



GF : Nous n’avons pas encore la liste. L’UCREF doit nous l’envoyer. L’UCREF doit venir par-devant le Sénat pour présenter et débattre ce rapport. C’est ce que dit la loi. En dehors des poursuites judiciaires, l’UCREF a l’obligation pour venir faire des rapports au Sénat de la République.



RB : Ceux sont des dossiers très importants ?



GF : Des dossiers très importants qui concernent la drogue le blanchiment d’argent etc., des détournements de fonds. Des dossiers qui sont très importants. Mais je veux être sincère avec vous. Ca n’arrivera pas trop loin. Les conditions ne sont pas réunies. Parce que ce n’est pas un individu qui peut donner la réponse à des problèmes aussi importants. Ce n’est ni le président, ni le sénateur, mais des institutions. Or les institutions ne sont pas prêtes.



RB : Est-ce que vous avez l’impression que dans ces dossiers qui vont venir sur le tapis, il y aura-t-il des jeux de corruption, de pot de vin, pour protéger certains intérêts ?



GF : Tout peut se faire pour cacher certaines choses, pour protéger certains intérêts. Mais ma proposition que je vais présenter au cours d’un forum que je veux organier sur la question de la corruption, c’est de faire la lumière sur tous ces dossiers. Faire connaître la vérité sur eux. Etablir les dossiers. Faire la publication des dossiers. Maintenant pour les poursuites, je doute que l’Etat haïtien a la capacité de les engager contre ceux qui y sont impliqués. Maintenant, ce serait d’engager des réformes administratives judiciaires qui permettront de limiter les dégâts dans un premier temps, faire des préventions et sanctionner le cas échéant tous les nouveaux cas.

Comme je vois les choses, tel qu’elles sont, nous n’avons pas la capacité politique, nous n’avons pas la volonté politique aussi pour faire avancer les choses. Il y a trop de gens qui sont impliqués de près ou de loin.



RB : Dans ce cas la déclaration de Préval, est-elle en train de nous jeter de la poudre aux yeux ? C’est simplement une déclaration pour la galerie.



GF : Je pensais que c’était d’abord une guerre psychologique. Dans le sens de freiner certaines appétits. C’est ça seulement. Il n’a pas les moyens de cette politique.



RB : Est-ce seulement une mesure préventive ?



GF : Je ne crois pas que le président ait les moyens ni de ses ambitions, ni de sa politique. Comme je l’ai dit, pour combattre la corruption en Haïti, il faut commencer pas une réforme en profondeur des institutions.



RB : Recréer l’Etat ?



GF : Il faut le recréer. Parce que c’est le système lui-même qui génère la corruption. Le système lui-même garantit la corruption, il le protége par le culte de l’impunité.



RB : Voulez-vous dire qu’il y a un culture de la corruption ?



GF : Il est à la fois culture, coutume et culte. Ce ne sera pas facile. Ca exige tout un complot national pour combattre ce système. Seul un système peut remplacer un autre système. A l’intérieur même de cet Etat, tel qu’il est organisé et qu’il fonctionne, on ne peut pas réformer.



RB : Il y a-t-il un effort qui se fait dans ce sens. Il y a 3 projets de loi qui sont présentés par-devant le Sénat. 3 projets de loi qui ont pour mission la réforme judiciaire. Pierre Espérance, au cours d’une entrevue, m’a dit que le travail d’atelier pour modifier ces 3 projets de loi a été fait.

Comment se fait-il que jusqu'à présent ces 3 projets de loi ne sont pas adoptés ?



GF : Je n’ai pas exactement les raisons pour lesquelles ces 3 projets ne sont pas encore mis au vote. Je pense qu’à n’importe quel moment on peut les mettre au vote. Ce n’est pas vraiment une opposition, ou une réserve très sérieuse que la commission a ou que l’Assemblée du Sénat a envers ces 3 projets de loi. Pendant ces derniers temps, il y a une sorte de laxisme au niveau du parlement et au niveau du gouvernement. Je pense que ce soit la raison pour laquelle ces 3 projets de loi n’ont pas été mis au vote.

Je n’ai aucun problème avec ces 3 projets de loi. J’ai des réserves au niveau méthodologique. Je dis que ce ne devait pas être par là qu’il fallait commencer. Ceux sont 3 projets de loi importants. Mais, la justice est un sous-système à l’intérieur de l’Etat. Quand je dis, que je veux d’un autre Etat. Il me faut un plan global de façon holistique, avant d’entrer dans les sous-systèmes. Je dois avoir une vue d’ensemble du système général, l’Etat haïtien, sa nature, son future, son fonctionnement. Et ensuite après l’analyse et la diagnostique du système, comme mon objectif est de refonder cet Etat, je vais commencer, par attaquer les sous-systèmes, comme la justice, comme le parlement, comme la police etc. Mais commencer avec ces 3 projets de loi sur la police et la justice, je ne crois pas que ça va nous donner les résultats escomptés. C’est comme si on installait dans un véhicule totalement délabré une transmission neuve. Je pense que ça ne fera pas démarrer le véhicule.



RB : C’est aussi l’opinion que Sauveur Pierre Etienne a exprimée dans une entrevue, il y a deux semaines.



GF : C’est l’approche scientifique. C’est l’Etat qu’il faut repenser. Je l’ai déjà prôné dans vos émissions. Après une diagnostique générale de la situation, qui dit réforme de l’Etat, dit réforme de la Constitution. Parce que la réforme de l’Etat c’est dans la Constitution qu’elle va se manifester, comme loi mère. C’est à ce moment là que nous allons venir avec un ensemble de législation qui s’harmoniseront avec la nouvelle Constitution. Si je laisse la Constitution tel quel, alors que cette Constitution est le produit de l’Etat traditionnel. Si je commence à faire des réformes dans les lois, et elles doivent être en harmonie avec la Constitution, je ne crois pas que je suis en train de faire un bon travail.



RB : 8,500 barils d’asphalte ont été reçus en cadeau du Venezuela. 2,500 ont été vendus en Dominicanie. Préval avait promis de lancer une enquête sur ce dossier.

Quel en est le résultat



GF : Je ne crois pas que le président puisse organiser une enquête. Le président de même que mois en tant que sénateur, nous pouvons dire que nous voulons une enquête. Mais qui va organier et matérialiser l’enquête ? Est-ce que ceux qui vont matérialiser l’enquête sont intéressés à faire avancer cette enquête ? Les choses sont compliquées. Quel est l’entourage que le président a ? Quelle structure, quel organe que le président a pour contrôler effectivement et garantir des résultats dans ces dossiers ?

Il n’y a rien de changer en Haïti.



RB : Dans ce cas le chef de l’Etat peut-il exprimer et matérialiser sa volonté politique ?



GF : Non, il ne peut pas. Il lui faut une équipe. Mais il faut que son équipe ait les mêmes objectifs et les mêmes intérêts que lui. Il faut qu’il y ait une complicité en lui et son équipe. Est-ce que vraiment ce président a une équipe ? Est-ce que cette équipe et lui ont un plan et un programme communs, et qu’ils se décident ensemble pour l’expérimenter, ou l’implémenter ? Je ne crois pas que cela existe.



RB : Nous sommes dans une situation où toutes ces déclarations de campagne anticorruption et antidrogue, c’est pour la galerie.



GF : Je ne dirais pas pour la galerie. Parce que ce n’est pas du tempérament de président Préval de jouer pour la galerie. Mais je peux dire en terme technique, qu’il n’a pas les moyens ni de ses ambitions, ni de sa politique.



RB : Dans ce cas, disons que Préval soit sincère. Il veut vraiment mettre fin à la corruption etc. Quels sont les moyens que cela requière, pour mettre quelque chose en marche, pour commencer à initier le travail d’extirpation de la corruption ?



GF : C’est un travail de longue haleine. Qui prendra du temps.



RB : Par où commencer ?



GF : Ce serait par une campagne d’éducation civique. Après cette campagne d’éducation civique, on pourrait aboutir à une sorte de forum national, une sorte de conférence nationale, sur la question de l’Etat. Et à partir de là, il y aura des réformes à faire au niveau des partis politiques. Vous voyez où je commencerais. La façon dont les parties politiques fonctionnent, génère la corruption.

Aujourd’hui, entendez-vous des partis politiques en train de protester dans le pays ? Parce que ces partis qui ont des députés et des sénateurs au parlement, se trouvent au sein d’un gouvernement de coalition. Ils ont chacun leur tranche de gâteau. Chacun de ces ministères, c’est un gouvernement, au sein du gouvernement. Je ne vous embête pas. Ne venez pas m’embêter. Ces types de partis que vous avez maintenant ne permettront pas que vous alliez au fond des dossiers.



RB : Quelle capacité ont-ils pour empêcher la poursuite d’un dossier ?



GF : Il y a trois grosses instances qui sont concernées par le dossier de la corruption : La Cour Supérieure des Comptes, le Parquet, les cabinets d’instruction et le Parlement.

Le parlement c’est l’instance politique, la plus haute instance politique. Le parlement c’est une mosaïque d’intérêts, qui souvent ne respecte pas certains principes et certaines valeurs. Je peux défendre les intérêts d’un secteur de la société, mais je dois le faire en respectant certaines valeurs démocratiques, certaines valeurs morales. Souvent ce n’est pas le cas.

Lorsqu’un ministre appartient à un parti politique, ayant des députés et des sénateurs au parlement, il devient intouchable. Il y a un marchandage qui se fait. C’est la raison pour laquelle qu’à chaque fois qu’il y a une tentative d’interpellation d’Alexis, elle n’aboutit pas. Il connaît ce jeu de marchandage. Il le gère extrêmement bien au parlement.

Or le chef du gouvernement en Haïti, de la façon dont nous le choisissons, il travail plus avec le président alors que c’est le parlement qui est son patron. La façon dont on choisit le premier ministre, il n’a pas une autorité politique réelle. Il n’a aucune légitimité politique. Tout ceci ne permet pas au parlement de s’imposer. Le parlement fait beaucoup plus de marchandage et de chantage avec le dossier de la corruption. C’est ce qui explique les pots de vin et autres. Il y a des choses qui se font qu’on peut cacher. Il y a des fois que l’on entend quelqu’un parler, des fois c’est l’initiative du marchandage qu’il entame. C’est extrêmement grave.

La société civile manque de vigilance dans ce dossier. On ne sent pas une société civile active, veillant sur ses intérêts, qui exige que les autorités rendent compte de leur gestion.

Il ne faut pas oublier que l’Etat n’est pas le secteur le plus corrompu en Haïti. La différence avec le secteur privé, avec les ONG, avec les églises, les affaires d’Etat, sont médiatiques. Lorsqu’un scandale arrive au parlement, s’est débattu dans tous les médias. Tandis qu’au niveau des autres secteurs, le scandale ne fait pas automatiquement l’objet de débats publics.

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Renaud Benodin interroge le Sénateur Fortuné Empty Re: Renaud Benodin interroge le Sénateur Fortuné

Message  piporiko Lun 16 Juil 2007 - 13:20

RB : Quel est le secteur le plus corrompu ?



GF : A niveau des affaires en Haïti, pour les trafiques de stupéfiants, on utilise les appareils d’Etat. Au niveau de la contrebande, on utilise la douane. On utilise les structures de l’Etat, les organes de l’Etat.

Les ONG qui gèrent des millions et des millions de dollars exploitant la population démunie, ils n’ont de compte à rendre à personne. Ce n’est pas sans raison que la corruption est devenue une question taboue en Haïti. Ceux qui parlent de corruption sont considérés comme des énergumènes. Vous importunez la bonne société quand vous parlez de corruption.



RB : Les ONG sont impliqués dans la corruption. Comment la corruption s’opère au sein des ONG ?



GF : Ca nécessiterait une enquête. Pour ce que nous savons, les fonds n’arrivent jamais à destination. Il y a des mécanismes qui sont mis en place pour détourner les fonds. Quand on présente un projet pour qu’il soit agréé, il y a une commission à qui il faut payer en amont. Et en aval les exécutants font ce qu’ils veulent. Les commissions d’évaluation sur le terrain, s’organisent en amont et en aval pour cacher certaines choses. C’est pourquoi les rapports qui sont présentés au niveau des bailleurs de fonds ne font pas état de cette situation. Quand on constate la situation en Haïti, si les ONG fonctionnaient honnêtement on ne serait pas dans cet état.



RB : Au cours de la semaine, je crois mardi, il y avait une réunion au palais national avec la participation de certains législateurs, pour discuter d’une campagne anti-contrebande.

A quoi cette réunion a-t-elle abouti ?



GF : Je ne crois pas que ce soit la meilleure méthode. Si vous voulez combattre la contrebande, la première chose à faire, est de savoir comment la contrebande se fait. Qui sont les principaux acteurs, Quelle est les sources. Comment elle est agencée. C’est ce qu’il faut savoir. Une fois connu, vous allez mettre un anti-système. Je ne crois pas que ce qu’on est en train de faire maintenant, pourra combattre la contrebande. C’est types de réunion ne permettra pas de lutter contre la contrebande.

Quand on considère comment on paie un fonctionnaire de l’Etat, comment on recrute un fonctionnaire de l’Etat, comment on nomme un directeur général, tout ça rentre dans le mécanisme de la corruption. Je ne peux pas empêcher au premier ministre, au président ou au parlement de faire des réunions sur ces sujets. Mais je maintiens que ce n’est pas la meilleure voie pour combattre ce fléau.



RB : Qu’est-ce qu’ils ont conclu ? Ont-ils formé une commission ? Vont-ils entamer une action ?



GF : Je ne sais pas. Je n’ai pas participé à cette réunion. On n’a pas encore donné de rapports sur leurs conclusions. Je n’ai pas de détail vraiment. Mais je sais que la rencontre a eu lieu. Ce n’est pas la première rencontre qui s’est tenue sur ce sujet. Je ne crois pas que ce soit la bonne formule.

Mardi ou mercredi je rentrerai en contact avec vous, pour que vous puissez prendre connaissance d’une lettre que j’ai adressée au président Préval sur les problèmes du pays.



RB : Vous voulez la publier ?



GF : Oui je veux la publier. D’ici mardi ou mercredi vous l’aurez à travers votre Email.



RB : Il y a quelque chose qui a fait du bruit, les révocations en masse à la Téléco. Il y a aussi une levée de bouclier contre la privatisation de la Téléco. Sénateur Lambert a déclaré qu’il n’y aura pas de privatisation, comme les médias l’ont annoncée.

De quoi s’agit-il ?



GF : Je n’ai pas entendu la déclaration de président Lambert. Si c’est vrai, qu’il a fait une telle déclaration, il faudra qu’il nous donne des explications. Parce qu’il y a une réforme qui est entamé au niveau de la Téléco. Il n’y a aucun rapport. Il n’y a aucun plan communiqué au parlement. On n’est pas informé. Président Préval avait commencé depuis 1995, ces genres de réforme qui ont été très malheureuses pour le pays.

Maintenant il a un deuxième mandat, il aurait dû faire un bilan critique de la privatisation de Ciment d’Haïti et de la Minoterie d’Haïti, avant de se lancer dans cette voie.

Pour la question de la Téléco, il faut le voir sur deux angles. L’angle des révocations massives. Effectivement, il y a des études qui ont montré que la Téléco a un surplus d’employés. Une direction peut entreprendre de résoudre ce problème. Je n’ai aucun problème à ce sujet.

Mais maintenant, si le gouvernement veut privatiser la Téléco, ce n’est pas par la révocation massive qu’il faut commencer. Il vous faut donner un plan de réforme avec des objectifs démontrant comment on procédera pour moderniser cette entreprise pour devenir plus performante, plus compétitive, plus rentable etc. Ce n’est pas ce qu’on a fait. En tant que sénateur de la République, c’est à la radio que j’ai appris la privatisation de la Téléco. Avec l’expérience négative qu’on a faite avec le Ciment d’Haïti, la formule qu’il utilise n’est pas correcte.

J’ai demandé au président Lambert d’inviter le conseil d’administration de la Téléco, pour expliquer au Sénat cette réforme ou ce processus de privatisation.

Nous disons que toute privatisation doit s’intégrer dans un plan de réforme économique pour le pays. La privation ne peut pas être une liquidation d’entreprises publiques au profit de petits groupes.



RB : Il y a beaucoup de critiques qui se font sur ce sujet.



GF : Nous avons eu écho de ça. Faites moi confiance. D’ici 2 semaines, nous allons avoir des éléments de réponse. Parce que le conseil d’administration de la Téléco viendra au Sénat pour dire de quoi il en retourne.



RB : Quelle est la position de Préval sur la privatisation ? Car il y a des gens qui disent que pour faire accepter son retour au pouvoir par le milieu international, c’est sur la privatisation que l’on avait mis l’emphase ?



GF : Préval peut avoir la position qu’il désir. C’est nous comme sénateurs qui doivent sanctionner la décision du président. Soit positivement. Soit négativement. Mais maintenant l’intention du président, peut s’exprimer par une déclaration publique, ou par un arrêté présidentiel. Mais au conseil des ministres, il faut analyser l’arrêté du président et le traduire en politique de gouvernement. Et si nécessaire permettre au Sénat de le sanctionner. C’est ça la règle. C’est ça la procédure.

Un président ne peut pas avoir une idée et essayer de la matérialiser. Ce n’est pas comme ça que l’on gère les affaires de la République. Il faut que ce soit fait dans la plus grande transparence. Il y a des procédures établies pour ces grands dossiers.



RB : Dans le cas de l’affaire de SOCABANK, vous pensez que ça n’ira pas trop loin parce que trop de gens y sont impliqués.

Est-ce que dans le Sénat des gens comme vous, qui avez fait éclater le scandale, peuvent organiser une levée de bouclier pour forcer la poursuite de ce dossier jusqu’au bout ?



GF : Non. Vous n’avez pas besoin de l’espérer. Le Sénat est totalement divisé sur la question. La réalité de ce dossier est que, les sénateurs qui ne sont pas impliqués dans le scandale, ont peur. D’ailleurs, vous pouvez remarquer que ceux sont très peu de sénateurs qui se prononcent sur ce dossier. Alors que tout le monde sait de quoi il en retourne.



RB : De quoi ont-ils peur ?



GF : Il n’y a pas encore de Démocratie dans le pays. On n’a pas encore l’Etat de droit dans le pays. Ceux qui sont courageux s’exposent. Je dis bien, ils s’exposent. Parce que il y a des risques. Quand vous entrez dans ce dossier, on vous considère comme un cadavre ambulant. C’est ça la réalité. Il nous faut être clair, il n’y a pas l’Etat de droit en Haïti. Il n’y a pas de Démocratie en Haïti. On est en train de travailler pour établir la Démocratie. On est en train de travailler pour établir l’Etat de droit.

On parle de beaucoup de choses qui ne sont pas sérieuses. Mais à chaque fois que des problèmes sérieux se posent, il y a des tentatives d’intimidation qui se font, pour vous forcer de capituler.

Nous ne sommes ni aux Etats-Unis, ni en Amérique de Nord.



RB : Quand est-ce qu’on aura les élections pour les troisièmes sénateurs ?



GF : Certains disent que c’est en novembre. D’autres disent que c’est en avril. On ne sait pas.

Nous sommes en train d’improviser. Il ne faut pas s’étonner que l’on puisse retomber dans une crise. Je vous rappelle des petites choses, qui sont quand même importantes. Jusqu'à présent au niveau de la diplomatie on n’a pas encore nommé d’ambassadeurs. Jusqu'à présent au niveau des Départements, on n’a pas encore nommé des délégués. Jusqu'à présent il y a un vide au niveau de la Cour de Cassation. Jusqu'à présent le Sénat n’a pas encore ratifié les conseils d’administration des organismes autonomes.



RB : Mais pourquoi ? Il y a-t-il un blocus ?



GF : Je ne sais pas. Ceci est clair. Tout le monde est au courant. La société civile est au courant. Mais ça passe. J’ai l’impression que notre société est morte.

Comment expliquer qu’un gouvernement au pouvoir après tout ce temps là, il n’a pas de représentants légitimes à l’étranger ? Comment expliquer, qu’à l’intérieur du pays, le gouvernement n’a pas de représentants légitimes dans les Départements. Comment expliquer ce vide au niveau du pouvoir judiciaire, à la Cour de Cassation.



RB : Est-ce que c’est un vide que le gouvernement veut volontairement maintenir ? Ou est-ce l’incapacité de pouvoir nommer ?



GF : Ce n’est pas l’incapacité de nommer. C’est dans les attributions du Sénat.



RB : Les attributions sont là, cela ne fait aucun doute. Mais est-ce qu’il en est capable ?



GF : Naturellement, je ne suis pas le président de Sénat. Tout le monde se demande qu’est-ce qui entrave ce processus ?



RB : Il n’y a pas longtemps, que Lambert en a parlé. Certains interprètent les remarques de Lambert, comme une menace, parce qu’on avait l’impression que Lambert était inquiété par l’arrestation de Ciné.



GF : Je ne sais pas vraiment. Mais moi je suis très inquiet et très inconfortable face à cette lenteur.



RB : J’aimerais vous remercier, pour votre participation, participation très brillante d’ailleurs à cette émission. J’aimerais aussi vous inviter pour une prochaine émission. J’espère que vous allez nous envoyer cette lettre pour la publier.



GF : Mardi ou mercredi au plus tard, je vous ferai avoir la lettre que j’ai adressée au président de la République, sur la situation du pays.



RB : Merci.

piporiko
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