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Haiti en Marche analyse l'intervention de Preval a l'ONU

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Message  gwotoro Mar 2 Oct 2007 - 20:50

ASSEMBLEE GENERALE DE L'ONU
Ce que le président Préval n'a pas dit...


PORT-AU-PRINCE, 30 Septembre - Le discours prononcé par le président René Préval, le 26 septembre écoulé, devant l'Assemblée générale de l'ONU, est d'une bonne facture.

Il se divise en trois parties bien distinctes :

1) Nous sommes un peuple fier et sourcilleux de notre souveraineté nationale.

2) La présence internationale chez nous aujourd'hui est vécue comme " une blessure ", mais elle est " indispensable " pour permettre aux Haïtiens de retrouver la paix.

3) Cependant " il appartient aux Haïtiens de profiter de cette accalmie pour se ressaisir. "

Pour cela, il y a des efforts à accomplir. Des décisions à prendre. Décisions politiques. Comme lorsqu'il a fallu ordonner aux forces de l'ordre (Minustah ou mission onusienne de maintien de la paix et PNH/Police nationale d'Haïti) d'opérer un crackdown sur les quartiers populaires pour éliminer les gangs.

Aujourd'hui, dit Préval, " il n'y a plus de zone interdite sur aucun espace de notre territoire. "

L'inflation au-dessous de 10%...

Ensuite, efforts pour assainir l'économie.

Le président annonce avec fierté que l'inflation a été ramenée " au-dessous de 10%, après avoir pavoisé pendant plusieurs années (...) dans les hauteurs de 40%. "

On doit regretter ici que le président n'ait pas souligné que les efforts réels (les efforts les plus cruels) pour arriver à ces résultats économiques sont faits par la grande majorité, ceux et celles qui subissent de plein fouet l'absence de création d'emplois (emplois véritables), les prix à la consommation qui continuent à caracoler de plus belle, et la suppression de maints programmes, y compris des programmes d'apaisement social préalablement promis mais jamais accomplis.

Il est vrai qu'il a annoncé d'entrée de jeu qu'il parle " au nom d'un peuple qui depuis 200 ans endure l'expérience d'une grande souffrance : privations matérielles de toutes sortes, vulnérabilité face aux risques naturels et aux désastres, difficultés d'accès aux soins de santé et à l'éducation, décès de centaines de milliers d'enfants pour cause de malnutrition ", etc.

La conséquence aussi des modèles économiques...

Cependant il est bon aussi de faire comprendre que ces malheurs ne sont pas dus à la fatalité ni à la seule mauvaise gouvernance, mais sont aussi la conséquence des modèles économiques que de tout temps nous avons choisis.

Tant d'efforts pour le paiement de la dette. Mais il y a dette et dette. Il y en a une qui se matérialise en infrastructures (routes, eaux, électricité, téléphone, environnement) et dont les générations futures comprendront la nécessité d'en continuer le paiement. Mais il y a la dette qui disparaît en fumée dans les salaires et arriérés de salaires des services administratifs dont on cherche en vain pour quels services... Sans oublier la corruption qui colle à nous comme une guigne, pardon comme une sangsue.

Toujours au calendrier des efforts accomplis, René Préval note : " nous avons patiemment œuvré à établir un climat d'apaisement et de convivialité au sein de la classe politique (...) pour permettre aux forces politique du pays de mettre fin à leurs sempiternelles querelles de clans et de se mobiliser autour d'un véritable projet de reconstruction nationale. "

Il est certain que les partis politiques les plus à l'avant-garde ont enterré (depuis, mais jusques à quand ?) la hache de guerre.

Mais quant à cette mobilisation de la classe politique, comme le souhaite le Président, " autour d'un véritable projet de reconstruction nationale ", ce n'est guère encore évident.

Indifférence ou résignation ?...

Bien au contraire la prestation du chef de l'Etat devant l'Assemblée générale de l'ONU vient renforcer une perception que non seulement notre seule alternative " pour retrouver la paix ", comme il dit, c'est la présence internationale. Mais que c'est elle et elle seule. Et que nous n'envisageons aucune alternative à cette alternative obligée. Autrement dit de sortir jamais de la présence internationale !

Nous soulignerons d'abord que le message du Président n'a produit aucun écho dans le milieu local. Indifférence ou résignation ? Ou les deux.

Plus sûrement impuissance, diront les spécialistes. La classe politique n'a guère appris à penser en termes de programme, de plan pluriannuel, d'agenda ou de vision. Mais uniquement de pièges à tendre à son compétiteur pour l'envoyer à terre ou plus sûrement en exil ou pis encore.

Or la situation qui nous arrive n'est pas unique dans l'histoire. Ce fut celle, par exemple, de l'Allemagne mise à genoux par les vainqueurs de la Première guerre mondiale, avec la France envahissant tout le temps son territoire pour réclamer des dédommagements pour ses milliers de soldats qui avaient péri dans les tranchées.

A force de volonté et de discipline, on sait que l'Allemagne devait en sortir. Et même plus qu'il n'en faut puisque jusqu'à produire le nazisme.

Nous ne sommes pas l'Allemagne ! Nous risquons même d'être l'excès contraire. Car le silence de notre classe politique autour des démenées du chef de l'Etat avec l'international, n'annonce pas forcément quelque chose de bon. C'est peut-être le wait-and-see classique haïtien. Pays de saints thomas. Sa m wè pou ou, antoine nan gonmye paka wè l .

D'autre part, nous ne sommes plus au temps de cette Allemagne-là, où la politique restait tout de même une affaire entre messieurs du beau monde, l'Allemagne des junkers.

Sortir du cadre de la table ronde...

Aujourd'hui la démocratie impose que les décisions, ou tout au moins les consultations, dépassent le cadre des chevaliers de la table ronde, au sens où semble le concevoir le président Préval.

Il ne suffira pas au gouvernement (comme nous sommes en train de nous en apercevoir) d'avoir accompli les efforts qu'il estime nécessaires pour que le tour soit joué, pour produire automatiquement les milliers d'emplois ou faire baisser les prix du riz, de la farine ou du charbon, alors ?

Le climat de convivialité dont se félicite le président de la république se doit alors de dépasser le cadre étroit des sectes politiques pour atteindre les vrais " forgeurs du projet de reconstruction nationale. " C'est-à-dire ceux-là qui portent actuellement sur le dos tous les efforts du projet d'assainissement économique (pour ne pas dire qui en font les frais). Et qui n'en récolteront pas obligatoirement demain les meilleurs fruits.

Excellent discours pour l'Assemblée générale de l'ONU. Mais qui n'en mérite pas moins (chez nous et entre nous) d'y ajouter quelques petits rappels.

Editorial, Mélodie 103.3 FM

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