Haiti en Marche sur la question de la peine capitale
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Haiti en Marche sur la question de la peine capitale
Haïti: Pour ou contre la peine de mort?
</B>PORT-AU-PRINCE, 3 Décembre – Il est impropre de dire que le sénateur Gabriel Fortuné appelle au rétablissement de la peine de mort mais plutôt qu’il ouvre une réflexion sur cet aspect de l’actualité.
Le sénateur du Sud s’est ému (comme tout un chacun) devant le récent assassinat aprés son enlévement d’un garçonnet de 7 ans. N’ayant pas obtenu la totalité des 25.000 dollars américains de rançon qu’ils exigeaient, les kidnappeurs ont abandonné leur petit otage sans vie et horriblement mutilé.
Devant un tel crime, la conscience se révolte. Pour beaucoup, et pas seulement le sénateur, seule la mort peut expier un acte aussi inhumain.
Mais chez nous la réflexion est un phénoméne qui hésite à se manifester sur la place publique.
Or c’est le moment ou jamais et c’est le sujet le mieux placé aujourd’hui pour soulever une telle interrogation.
La mort d’un enfant innocent que rien n’excuse...
La peine capitale est interdite dans la constitution haïtienne de 1987.
Personne n’y a trouvé à redire. Jusqu’à la vogue des kidnappings de ces derniéres années et chaque fois surtout que l’un d’eux finit dans la tragédie comme l’assassinat de l’otage.
Voire la mort d’un enfant innocent que rien n’excuse, comme on dit dans Les Fréres Karamazov.
Le sénateur Fortuné vient de soulever tout haut une réflexion que d’aucuns murmurent tout bas.
La question a été quelquefois abordée mais sans jamais un véritable débat auquel chacun aurait la possibilité d’apporter sa pierre.
C’est comme le port d’armes dont on se souvient combien il horripilait nos intellectuels dans les années ayant suivi immédiatement le renversement du régime sanguinaire des Duvalier. Aujourd’hui personne ne s’y oppose en théorie.
Les mêmes vous répondent que la peine de mort largement pratiquée dans un pays comme les Etats-Unis n’a aucun effet sur le nombre de crimes commis.
La peine de mort coûterait même plus cher...
Par exemple, une derniére statistique révéle que plus de 170 policiers ont été tués aux Etats-Unis pendant l’année écoulée.
Les chiffres semblent donc leur donner raison. Au point qu’on voit des Etats américains commençant l’un aprés l’autre à proposer d’y renoncer.
Le dernier en date est le New Jersey. Selon une étude, la peine de mort coûterait même plus cher que de garder les coupables en prison à perpétuité.
Qui pis est, le nombre d’erreurs judiciaires relevées aprés-coup est suffisant pour dérouter plus d’un magistrat et d’élus, comme l’ex-gouverneur de l’Illinois, George Ryan, qui en attendant mieux a mis temporairement un stop aux exécutions dans cet Etat.
Ensuite, il y a ceux chez nous qui disent: avant d’en arriver à cette extrémité (entendez revenir à la peine de mort), commençons par appliquer les lois.
La constitution prévoit la prison à vie (sauf en matiére politique).
Or on serait bien en peine de citer un seul Haïtien en train de purger une peine à vie et dont on est sûr qu’il ne sortira de prison un jour ou l’autre pour une raison ou une autre. Habituellement à la faveur d’une évasion massive du seul vrai centre carcéral du pays, le Pénitencier national, planté au centre ville de la capitale, fait pour recevoir quelque 750 détenus et qui en renferme aujourd’hui prés de 4.000.
Les travaux forcés à perpétuité...
D’autre part, n’importe qui vous dira aujourd’hui qu’il faut durcir au maximum les méthodes carcérales.
Non seulement garder les meurtriers pendant longtemps au secret (vulgairement parlant, au cachot), au trou, mais aussi mettre littéralement en application les travaux forcés à perpétuité. Travaux non rétribués et au bénéfice de la collectivité.
Si l’on comprend bien, à défaut de la mort physique, les condamner à la destruction morale ou même psychique. Comme Alex, le héros du film « Orange mécanique ».
C’est que mine de rien, cette insécurité, parce que depuis trop longtemps impossible à maîtriser, est en train d’opérer une transformation profonde dans notre mentalité. On glisse lentement vers une conception plus conservatrice, si ce n’est pis.
Une ville en état de siége...
Dans d’autres circonstances, une telle concentration de policiers armés jusqu’aux dents dans les rues, serait effrayante.
La secrétaire d’Etat française Rama Yade visitant récemment Haïti en a été frappée dés sa descente d’avion. L’impression, a-t-elle dit, d’une ville en état de siége.
Or loin de nous en émouvoir, au contraire nous en redemandons. Tellement cette cavalcade de la criminalité rend tout le monde paranoïaque. Et tous sans exception, quelle que soit sa conception philosophique ou religieuse.
Un autre point à signaler: la peine de mort est appliquée dans la presque totalité des Etats de la Caraïbe dont nous sommes membres ou CARICOM.
La Jamaïque a préféré claquer la porte à l’éminente juridiction du Commonwealth britannique afin d’avoir les mains libres pour continuer à pendre haut et court littéralement parlant ceux qui enfreignent le droit à la vie de leurs compatriotes.
Le nombre de déportés...
Or qu’est-ce qui nous unit encore à ces petits pays de la Caraïbe (dont le tourisme est la principale industrie – or tourisme et criminalité galopante, voire impunité, ne vont pas ensemble) c’est le nombre de déportés reçus des grands voisins du nord (Etats-Unis, Canada, Grande Bretagne).
On a la preuve que nombre des derniers kidnappings perpétrés à Port-au-Prince sont l’œuvre de ces anciens criminels refoulés en Haïti aprés avoir achevé leur sentence en Floride ou à New York.
Or l’Amérique de Bush ne veut pas en entendre parler. Au contraire cette année, le nombre de déportés est passé de 100 à 300 par mois.
La grande majorité serait des citoyens en contravention avec l’immigration américaine ou qui avaient été arrêtés pour des délits mineurs.
Mais à raison de 300 par mois, même si le nombre réellement dangereux était restreint que c’est déjà trop pour un petit pays du Sud aux moyens négligeables et vivant loin des techniques poussées (y compris jusque dans l’inhumanité) des grandes organisations criminelles du Nord.
D’un côté, les déportés arrivent en quantité comme chez nous, mais de l’autre côté la Jamaïque et nos autres voisins du CARICOM ne céderont pour rien au monde leur usage presque systématique de la peine de mort.
La peine de mort contre des ennemis politiques...
Enfin chez nous encore, certains expliquent leurs réserves du fait que des gouvernements pourraient se servir du rétablissement de la peine de mort contre des ennemis politiques.
En politique haïtienne, quand on veut noyer son chien, on l’accuse de la rage. Ainsi on a vu il n’y a pas longtemps des candidats potentiels à la présidence être accusés de kidnapping suivi d’assassinat, ou même de génocide. Etc. Tous « crimes » qui pourraient être punis de la peine de mort dans le cas où cette derniére existerait. Il suffirait d’y ajouter cet autre concept tout aussi flou appelé la clameur publique.
Voilà donc différents éléments d’appréciation pour une réflexion plus large et aussi participative que possible sur l’un des points les plus importants d’une actualité que nous vivons on ne peut plus dans notre chair.
Il ne suffit pas que quelqu’un émette une opinion pour qu’on s’en empare aussitôt en attendant de pouvoir s’en servir demain contre lui. Ni de distribuer des notes stigmatisantes à droite comme à gauche.
Ce n’est pas ça une réflexion. Cependant le plus souvent, hélas, c’est ce qu’on voit chez nous.
</B>PORT-AU-PRINCE, 3 Décembre – Il est impropre de dire que le sénateur Gabriel Fortuné appelle au rétablissement de la peine de mort mais plutôt qu’il ouvre une réflexion sur cet aspect de l’actualité.
Le sénateur du Sud s’est ému (comme tout un chacun) devant le récent assassinat aprés son enlévement d’un garçonnet de 7 ans. N’ayant pas obtenu la totalité des 25.000 dollars américains de rançon qu’ils exigeaient, les kidnappeurs ont abandonné leur petit otage sans vie et horriblement mutilé.
Devant un tel crime, la conscience se révolte. Pour beaucoup, et pas seulement le sénateur, seule la mort peut expier un acte aussi inhumain.
Mais chez nous la réflexion est un phénoméne qui hésite à se manifester sur la place publique.
Or c’est le moment ou jamais et c’est le sujet le mieux placé aujourd’hui pour soulever une telle interrogation.
La mort d’un enfant innocent que rien n’excuse...
La peine capitale est interdite dans la constitution haïtienne de 1987.
Personne n’y a trouvé à redire. Jusqu’à la vogue des kidnappings de ces derniéres années et chaque fois surtout que l’un d’eux finit dans la tragédie comme l’assassinat de l’otage.
Voire la mort d’un enfant innocent que rien n’excuse, comme on dit dans Les Fréres Karamazov.
Le sénateur Fortuné vient de soulever tout haut une réflexion que d’aucuns murmurent tout bas.
La question a été quelquefois abordée mais sans jamais un véritable débat auquel chacun aurait la possibilité d’apporter sa pierre.
C’est comme le port d’armes dont on se souvient combien il horripilait nos intellectuels dans les années ayant suivi immédiatement le renversement du régime sanguinaire des Duvalier. Aujourd’hui personne ne s’y oppose en théorie.
Les mêmes vous répondent que la peine de mort largement pratiquée dans un pays comme les Etats-Unis n’a aucun effet sur le nombre de crimes commis.
La peine de mort coûterait même plus cher...
Par exemple, une derniére statistique révéle que plus de 170 policiers ont été tués aux Etats-Unis pendant l’année écoulée.
Les chiffres semblent donc leur donner raison. Au point qu’on voit des Etats américains commençant l’un aprés l’autre à proposer d’y renoncer.
Le dernier en date est le New Jersey. Selon une étude, la peine de mort coûterait même plus cher que de garder les coupables en prison à perpétuité.
Qui pis est, le nombre d’erreurs judiciaires relevées aprés-coup est suffisant pour dérouter plus d’un magistrat et d’élus, comme l’ex-gouverneur de l’Illinois, George Ryan, qui en attendant mieux a mis temporairement un stop aux exécutions dans cet Etat.
Ensuite, il y a ceux chez nous qui disent: avant d’en arriver à cette extrémité (entendez revenir à la peine de mort), commençons par appliquer les lois.
La constitution prévoit la prison à vie (sauf en matiére politique).
Or on serait bien en peine de citer un seul Haïtien en train de purger une peine à vie et dont on est sûr qu’il ne sortira de prison un jour ou l’autre pour une raison ou une autre. Habituellement à la faveur d’une évasion massive du seul vrai centre carcéral du pays, le Pénitencier national, planté au centre ville de la capitale, fait pour recevoir quelque 750 détenus et qui en renferme aujourd’hui prés de 4.000.
Les travaux forcés à perpétuité...
D’autre part, n’importe qui vous dira aujourd’hui qu’il faut durcir au maximum les méthodes carcérales.
Non seulement garder les meurtriers pendant longtemps au secret (vulgairement parlant, au cachot), au trou, mais aussi mettre littéralement en application les travaux forcés à perpétuité. Travaux non rétribués et au bénéfice de la collectivité.
Si l’on comprend bien, à défaut de la mort physique, les condamner à la destruction morale ou même psychique. Comme Alex, le héros du film « Orange mécanique ».
C’est que mine de rien, cette insécurité, parce que depuis trop longtemps impossible à maîtriser, est en train d’opérer une transformation profonde dans notre mentalité. On glisse lentement vers une conception plus conservatrice, si ce n’est pis.
Une ville en état de siége...
Dans d’autres circonstances, une telle concentration de policiers armés jusqu’aux dents dans les rues, serait effrayante.
La secrétaire d’Etat française Rama Yade visitant récemment Haïti en a été frappée dés sa descente d’avion. L’impression, a-t-elle dit, d’une ville en état de siége.
Or loin de nous en émouvoir, au contraire nous en redemandons. Tellement cette cavalcade de la criminalité rend tout le monde paranoïaque. Et tous sans exception, quelle que soit sa conception philosophique ou religieuse.
Un autre point à signaler: la peine de mort est appliquée dans la presque totalité des Etats de la Caraïbe dont nous sommes membres ou CARICOM.
La Jamaïque a préféré claquer la porte à l’éminente juridiction du Commonwealth britannique afin d’avoir les mains libres pour continuer à pendre haut et court littéralement parlant ceux qui enfreignent le droit à la vie de leurs compatriotes.
Le nombre de déportés...
Or qu’est-ce qui nous unit encore à ces petits pays de la Caraïbe (dont le tourisme est la principale industrie – or tourisme et criminalité galopante, voire impunité, ne vont pas ensemble) c’est le nombre de déportés reçus des grands voisins du nord (Etats-Unis, Canada, Grande Bretagne).
On a la preuve que nombre des derniers kidnappings perpétrés à Port-au-Prince sont l’œuvre de ces anciens criminels refoulés en Haïti aprés avoir achevé leur sentence en Floride ou à New York.
Or l’Amérique de Bush ne veut pas en entendre parler. Au contraire cette année, le nombre de déportés est passé de 100 à 300 par mois.
La grande majorité serait des citoyens en contravention avec l’immigration américaine ou qui avaient été arrêtés pour des délits mineurs.
Mais à raison de 300 par mois, même si le nombre réellement dangereux était restreint que c’est déjà trop pour un petit pays du Sud aux moyens négligeables et vivant loin des techniques poussées (y compris jusque dans l’inhumanité) des grandes organisations criminelles du Nord.
D’un côté, les déportés arrivent en quantité comme chez nous, mais de l’autre côté la Jamaïque et nos autres voisins du CARICOM ne céderont pour rien au monde leur usage presque systématique de la peine de mort.
La peine de mort contre des ennemis politiques...
Enfin chez nous encore, certains expliquent leurs réserves du fait que des gouvernements pourraient se servir du rétablissement de la peine de mort contre des ennemis politiques.
En politique haïtienne, quand on veut noyer son chien, on l’accuse de la rage. Ainsi on a vu il n’y a pas longtemps des candidats potentiels à la présidence être accusés de kidnapping suivi d’assassinat, ou même de génocide. Etc. Tous « crimes » qui pourraient être punis de la peine de mort dans le cas où cette derniére existerait. Il suffirait d’y ajouter cet autre concept tout aussi flou appelé la clameur publique.
Voilà donc différents éléments d’appréciation pour une réflexion plus large et aussi participative que possible sur l’un des points les plus importants d’une actualité que nous vivons on ne peut plus dans notre chair.
Il ne suffit pas que quelqu’un émette une opinion pour qu’on s’en empare aussitôt en attendant de pouvoir s’en servir demain contre lui. Ni de distribuer des notes stigmatisantes à droite comme à gauche.
Ce n’est pas ça une réflexion. Cependant le plus souvent, hélas, c’est ce qu’on voit chez nous.
Editorial, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince
gwotoro- Super Star
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Nombre de messages : 3974
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Date d'inscription : 20/08/2006
Feuille de personnage
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Re: Haiti en Marche sur la question de la peine capitale
Si on tient compte de la conception des haitiens :Pito nou led nou la"alors je partage la recommendation de la peine capitale pour les kidnapeurs ;sinon ce pehenomene s'accentuera et le tourisme haitien ne sera qu'une illusion.Les etats-unis refoulent aussi les cubains illegaux qui ne respectent pas les lois pourquoi ces deportés cubains ne pratiquent-ils pas le kidnaping a Cuba? en haiti ils savent qu'ils pourront toujours s'echapper de la prison centrale ou bien payer un juge pour leur liberation ;alors qu'on ne nous dise pas la peine capitale n'est pas un deterrent. Peut-etre s'il n'y avait pas la peine capitale aux etats-Unis le nombre de policiers tués serait beaucoup plus élevé.
Rodlam Sans Malice- Super Star
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Date d'inscription : 21/08/2006
Feuille de personnage
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