Un pas marqué vers des formes plus démocratiques
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Un pas marqué vers des formes plus démocratiques
Un pas marqué vers des formes plus démocratiques
PORT-AU-PRINCE, 28 Février - Le Parlement entre en séance aux environs de 1 heure pm. Le Premier ministre Alexis et le gouvernement au complet, accompagné de leurs conseillers, ont pris place.
Ouverture des débats par le bureau de la Chambre des députés sous la direction de son président Pierre Eric Jean Jacques.
Cependant le spectacle est dans la rue. Depuis les premières heures de la matinée, une foule a commencé à se rassembler devant le Palais législatif à la Place d'Italie, Cité de l'Exposition (communément appelée le Bicentenaire).
S'il n'y a pas démocratie sans participation populaire, alors le peuple haïtien est l'un des plus démocratiques de la terre.
Mais ce que cette expérience nous montre, c'est que la participation massive ne suffit pas pour qu'il y ait démocratie.
Beaucoup de facteurs nouveaux entrent en ligne de compte qui n'existaient pas autrefois.
Citons le pacifisme. La foule est immense et elle manifeste bruyamment ses préférences. En majorité elle est pro-Alexis et contre la menace de renvoi que des députés avaient agitée contre le chef du gouvernement.
Mais ce n'est pas comme en été 1991 quand pour empêcher l'interpellation d'un certain premier ministre René Préval, des manifestants pro-gouvernementaux en étaient venus aux mains avec des députés de l'opposition.
Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et les uns comme les autres ont appris qu'on peut se faire entendre sans avoir besoin de faire taire l'autre en l'envoyant à l'hôpital ou dans la tombe.
Mais la leçon vaut évidemment pour tout le monde. En 1991, il y avait aussi l'armée attendant au tournant pour faire son énième coup d'état...
Et il y avait au sein du parlement et dans les couloirs du parlement l'opposition politique tirant les ficelles.
Or tout cela n'est plus tout à fait le même et beaucoup a même considérablement changé.
Prenons la police. Ce n'est même plus la police des années difficiles 2003 - 2004 (puis 2004 - 2006) dont les chefs devaient leur nomination directement au Palais national.
Voire la police du major Michel François, numéro 2 du futur coup d'état du 30 septembre 1991, et qui assurait la sécurité lors de ces journées chaudes.
Le pacifisme de la foule est donc directement proportionnel au professionnalisme et à l'indépendance ou l'apolitisme du corps de police.
Ce jeudi, un important dispositif policier était en place dès l'aube devant le parlement et dans tout le périmètre attenant, différentes unités et différentes spécialités, contrôlant l'arrivée des officiels, ainsi que celle des journalistes et surtout des groupes de manifestants qui débarquaient de plus en plus nombreux venant de différents quartiers populaires de la capitale et de ses faubourgs.
La foule a accepté sans difficulté de se tenir derrière les barrières métalliques installées à cet effet. Elle ne semblait pas ressentir la police comme une menace. Et vice-versa. Ni les manifestants braillards et du genre agitateurs professionnels qu'on a connus. Ni une police bardée d'équipements lourds comme des extra-terrestres.
A part ces importantes transformations dans l'attitude des manifestants ainsi que des forces de l'ordre, le troisième facteur qui nous semble déterminant pour assurer le bon déroulement d'un événement politique de cette dimension et aussi chargé de passion, car il y a seulement une semaine des députés ne cachaient pas leur volonté de renverser à tout prix le chef du gouvernement en même temps que de son côté celui-ci a su mobiliser une importante participation populaire en sa faveur, eh bien, dans une atmosphère aussi chargée d'électricité, le troisième grand changement qui permet aujourd'hui de faire la différence c'est le sang froid avec lequel le plus grand nombre de partis politiques ont vécu la situation. Ceux qui sont représentés au gouvernement (et tout ex-partis de l'opposition qu'ils soient) apportant carrément leur appui au locataire de la primature.
Définitivement quelque chose a changé (ou est en train de l'être) dans l'environnement politique. Et c'était manifeste dans les événements de ce jeudi.
S'il est vrai qu'il n'y a pas de démocratie sans électeurs, donc sans participation populaire, mais une participation sur fond de violence ce n'est pas la démocratie. On se souvient d'ailleurs qu'en 1991 le débat c'était entre démocratie représentative (rejetée par les chefs de la majorité populaire selon qui seul doit compter la loi du nombre) et démocratie participative où les groupes de base devaient s'imposer aux élus.
Eh bien, ce jeudi 28 février les deux ont pu jouer leur partition. Démocratie participative massivement dans la rue devant le Parlement. Démocratie représentative ou celle des élus recevant le témoignage du chef du Gouvernement.
Mais pourquoi les deux ont-elles pu cohabiter cette fois contrairement à toutes les années passées depuis plus de 20 ans?
Réponse: à cause des transformations survenues en d'autres points sur l'échiquier.
Les groupes de base subissant moins de manipulation d'un côté...
Et de l'autre, la classe politique plus soucieuse d'un certain respect des règles du jeu. Qu'elle y soit forcée, c'est une autre paire de manches. C'est le résultat qui compte.
Conclusion: il faut de tout pour faire un monde. Mais force est de constater qu'il n'y a pas de démocratie sans participation populaire, tant que l'on puisse arriver à faire que celle-ci s'exerce de manière pacifique (mais pour cela faut-il bien éviter aussi les provocations du camp d'en face, que ce soit les forces de l'ordre, que ce soit les politiciens adeptes du lynchage politique)...
Car sans participation populaire, c'est une démocratie sans électeurs, donc sans véritable légitimité. Sans couleurs aussi. Oui, toutes ces dames venues devant le parlement les bras chargés de produits locaux natif natal (igname, pois congo, petit mil, banane grosse botte, patate ti malice, jus empaqueté de fabrication locale) pour rappeler à nos députés que le premier objectif de leur interpellation (au cas où ils l'auraient oublié pour sombrer dans les purs ou les pires calculs politiques) c'était la vie chère et que le premier responsable de la cherté de la vie c'est l'abandon de la production nationale (et qui ne date pas d'aujourd'hui).
Pour finir, nous ne savons pas quel parti a gagné effectivement ce jeudi. Mais une chose est certaine: du comportement même des différentes parties en cause, on peut conclure que le gagnant c'est l'évolution d'Haïti vers des formes plus démocratiques.
Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince
[b]
PORT-AU-PRINCE, 28 Février - Le Parlement entre en séance aux environs de 1 heure pm. Le Premier ministre Alexis et le gouvernement au complet, accompagné de leurs conseillers, ont pris place.
Ouverture des débats par le bureau de la Chambre des députés sous la direction de son président Pierre Eric Jean Jacques.
Cependant le spectacle est dans la rue. Depuis les premières heures de la matinée, une foule a commencé à se rassembler devant le Palais législatif à la Place d'Italie, Cité de l'Exposition (communément appelée le Bicentenaire).
S'il n'y a pas démocratie sans participation populaire, alors le peuple haïtien est l'un des plus démocratiques de la terre.
Mais ce que cette expérience nous montre, c'est que la participation massive ne suffit pas pour qu'il y ait démocratie.
Beaucoup de facteurs nouveaux entrent en ligne de compte qui n'existaient pas autrefois.
Citons le pacifisme. La foule est immense et elle manifeste bruyamment ses préférences. En majorité elle est pro-Alexis et contre la menace de renvoi que des députés avaient agitée contre le chef du gouvernement.
Mais ce n'est pas comme en été 1991 quand pour empêcher l'interpellation d'un certain premier ministre René Préval, des manifestants pro-gouvernementaux en étaient venus aux mains avec des députés de l'opposition.
Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et les uns comme les autres ont appris qu'on peut se faire entendre sans avoir besoin de faire taire l'autre en l'envoyant à l'hôpital ou dans la tombe.
Mais la leçon vaut évidemment pour tout le monde. En 1991, il y avait aussi l'armée attendant au tournant pour faire son énième coup d'état...
Et il y avait au sein du parlement et dans les couloirs du parlement l'opposition politique tirant les ficelles.
Or tout cela n'est plus tout à fait le même et beaucoup a même considérablement changé.
Prenons la police. Ce n'est même plus la police des années difficiles 2003 - 2004 (puis 2004 - 2006) dont les chefs devaient leur nomination directement au Palais national.
Voire la police du major Michel François, numéro 2 du futur coup d'état du 30 septembre 1991, et qui assurait la sécurité lors de ces journées chaudes.
Le pacifisme de la foule est donc directement proportionnel au professionnalisme et à l'indépendance ou l'apolitisme du corps de police.
Ce jeudi, un important dispositif policier était en place dès l'aube devant le parlement et dans tout le périmètre attenant, différentes unités et différentes spécialités, contrôlant l'arrivée des officiels, ainsi que celle des journalistes et surtout des groupes de manifestants qui débarquaient de plus en plus nombreux venant de différents quartiers populaires de la capitale et de ses faubourgs.
La foule a accepté sans difficulté de se tenir derrière les barrières métalliques installées à cet effet. Elle ne semblait pas ressentir la police comme une menace. Et vice-versa. Ni les manifestants braillards et du genre agitateurs professionnels qu'on a connus. Ni une police bardée d'équipements lourds comme des extra-terrestres.
A part ces importantes transformations dans l'attitude des manifestants ainsi que des forces de l'ordre, le troisième facteur qui nous semble déterminant pour assurer le bon déroulement d'un événement politique de cette dimension et aussi chargé de passion, car il y a seulement une semaine des députés ne cachaient pas leur volonté de renverser à tout prix le chef du gouvernement en même temps que de son côté celui-ci a su mobiliser une importante participation populaire en sa faveur, eh bien, dans une atmosphère aussi chargée d'électricité, le troisième grand changement qui permet aujourd'hui de faire la différence c'est le sang froid avec lequel le plus grand nombre de partis politiques ont vécu la situation. Ceux qui sont représentés au gouvernement (et tout ex-partis de l'opposition qu'ils soient) apportant carrément leur appui au locataire de la primature.
Définitivement quelque chose a changé (ou est en train de l'être) dans l'environnement politique. Et c'était manifeste dans les événements de ce jeudi.
S'il est vrai qu'il n'y a pas de démocratie sans électeurs, donc sans participation populaire, mais une participation sur fond de violence ce n'est pas la démocratie. On se souvient d'ailleurs qu'en 1991 le débat c'était entre démocratie représentative (rejetée par les chefs de la majorité populaire selon qui seul doit compter la loi du nombre) et démocratie participative où les groupes de base devaient s'imposer aux élus.
Eh bien, ce jeudi 28 février les deux ont pu jouer leur partition. Démocratie participative massivement dans la rue devant le Parlement. Démocratie représentative ou celle des élus recevant le témoignage du chef du Gouvernement.
Mais pourquoi les deux ont-elles pu cohabiter cette fois contrairement à toutes les années passées depuis plus de 20 ans?
Réponse: à cause des transformations survenues en d'autres points sur l'échiquier.
Les groupes de base subissant moins de manipulation d'un côté...
Et de l'autre, la classe politique plus soucieuse d'un certain respect des règles du jeu. Qu'elle y soit forcée, c'est une autre paire de manches. C'est le résultat qui compte.
Conclusion: il faut de tout pour faire un monde. Mais force est de constater qu'il n'y a pas de démocratie sans participation populaire, tant que l'on puisse arriver à faire que celle-ci s'exerce de manière pacifique (mais pour cela faut-il bien éviter aussi les provocations du camp d'en face, que ce soit les forces de l'ordre, que ce soit les politiciens adeptes du lynchage politique)...
Car sans participation populaire, c'est une démocratie sans électeurs, donc sans véritable légitimité. Sans couleurs aussi. Oui, toutes ces dames venues devant le parlement les bras chargés de produits locaux natif natal (igname, pois congo, petit mil, banane grosse botte, patate ti malice, jus empaqueté de fabrication locale) pour rappeler à nos députés que le premier objectif de leur interpellation (au cas où ils l'auraient oublié pour sombrer dans les purs ou les pires calculs politiques) c'était la vie chère et que le premier responsable de la cherté de la vie c'est l'abandon de la production nationale (et qui ne date pas d'aujourd'hui).
Pour finir, nous ne savons pas quel parti a gagné effectivement ce jeudi. Mais une chose est certaine: du comportement même des différentes parties en cause, on peut conclure que le gagnant c'est l'évolution d'Haïti vers des formes plus démocratiques.
Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince
[b]
Sasaye- Super Star
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Date d'inscription : 02/03/2007
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