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Lettre ouverte d'un Haitien à son président

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Lettre ouverte d'un Haitien à son président Empty Lettre ouverte d'un Haitien à son président

Message  Sasaye Lun 5 Mai 2008 - 22:33

Lettre ouverte de Philippe Malval au Président de la République

Port-au-Prince, le 18 avril 2008

C'est le droit et le devoir du citoyen que je suis de vous écrire, parce que je ne peux plus continuer à me plaindre, à participer à des discussions stériles sur la situation du pays, et à ruminer les mêmes propos. J'ai honte de mon silence, qui pourrait être jugé approbateur, alors qu'il n'en est rien.

Je dirai d'entrée de jeu que cette lettre ne revêt aucun caractère
personnel, et que je l'aurais écrite à quiconque serait le Président à ce moment si critique de notre histoire.

Mon but n'est pas de vous critiquer négativement, comme beaucoup le font, quoi qu'il ait mille et une raisons de le faire. Il est encore moins de vous insulter, comme certains le font, car mon éducation, le respect de l'autre et des règles de la bienséance, mon tempérament et mes principes me l'interdisent absolument. Mon but n'est certainement pas d e vous flatter. Ce n'est pas du tout mon genre, et il y a déjà autour de vous, je l'imagine, assez de gens à le faire.

Je ne suis qu'un chimiste. Je ne suis pas, n'ai jamais été et ne serai
JAMAIS un politicien. Cependant, je suis un citoyen qui aime passionnément son pays, et qui est désespéré de le voir au fond du gouffre. Rester passivement les bras croisés n'est plus une option.

Le seul et unique but de cette lettre est de vous poser quelques questions, et de vous faire humblement quelques suggestions.

(1) Pourquoi dites-vous qu'on vous demande de faire des miracles, « fe san sòt nan wòch » ? Monsieur le Président, personne ne vous le demande. Tous savent que la situation est extrêmement difficile, et que quiconque à la tête de ce pays serait confronté à des problèmes effarants. Sincèrement, je ne souhaiterais pas être à votre place.

Cependant, ce que le peuple Haïtien dans sa grande majorité vous demande, c'est de l'écouter, de lui parler, de faire ce que vous pouvez pour soulager, ne serait-ce qu'un tout petit peu, sa misère abjecte. Votre gouvernement avait choisi les termes « apaisement social », tout à fait appropriés, et que tout le monde avait applaudis, espérant qu'il ne s'agirait pas de vains mots.

Apaisement social, Monsieur le Président, ne signifie pas seulement
distribuer de l'argent et de la nourriture à ceux qui en ont désespérément besoin, créer des emplois. Cela veut dire aussi écouter les citoyens, leur montrer que vous êtes à leur service. Il ne suffit pas de leur répéter que vous n'aviez rien promis, et que par conséquent ils ne doivent attendre quoi que ce soit.

(2) Pourquoi ne vous adressez-vous pas régulièrement au peuple Haïtien, comme l'avait fait l'ex-Président Manigat (on se rappelle « Ti koze anba tonèl »). Rendons justice à Monsieur Manigat, et disons que, pendant quelques mois, avec lui, on a quand même volé plus haut.

Parlez à la population, confiez-lui vos états d'âme, dites-lui à quelles difficultés vous êtes confronté. Elle saura vous écouter, et être un peu plus patiente. Mais attention, cette patience à des limites. Ne vous contentez pas de lui jeter quelques mots au micro d'un journaliste, à l'occasion d'un voyage à l'étranger, ou quand les choses tournent au pire.

C'est ce qui a valu l'appellation de « gouvernement pompier ».
Le peuple haïtien est fondamentalement bon et peu exigeant. Il ne faut pas beaucoup pour le contenter; par contre, il ne peut pas se contenter de rien.

(3) Pourquoi, quand les gens se plaignent à vous, vous sentez-vous obligé de vous plaindre à votre tour ? Ce qui selon vous devrait être pris pour de la commisération est plutôt perçu comme de l'indifférence, voire même de la faiblesse.

(4) Le pouvoir de par sa nature même tend à isoler ceux qui l'exercent. C'est tout à fait compréhensible. Mais n'oubliez p as que, dans tous les pays, une partie de l'entourage des dirigeants s'emploie à ériger des barrières entre eux et le peuple, pour leur cacher la vérité, et ainsi obtenir qu'ils vivent dans une bulle ou « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Monsieur le Président, il vous suffit de lire les journaux et de suivre la radio et la télé, pour vous rendre compte que la vérité est tout autre. Il y a dans ce pays d'excellents journalistes, qui, avec professionnalisme et objectivité, chaque jour s'attellent à leur tâche ardue et ingrate, très souvent au péril de leur vie. Lisez-les, écoutez-les.
Vous serez édifié.

(5) Quand vous dites au peuple de passer vous chercher quand il va manifester contre le chômage, la misère, l'insécurité, vous donnez l'impression de vous moquer de lui, et d'ajouter l'insulte à l'injure. Ceux que la faim tenaille, Monsieur le Président, n'ont pas le sens de l'humour. C'est un luxe qu'ils ne peuvent pas se payer.

(6) Nous commettons tous des erreurs, qui que nous soyons. Les reconnaître, s'en excuser, et les corriger, c'est être Grand. C'est aussi apaiser.

(7) Certains leaders politiques patriotes et courageux (malheureusement, ils ne sont pas légion) vous adressent régulièrement des critiques constructives, et des suggestions. Ne permettez pas qu'ils soient écartés. Ecoutez-les, ils n'ont rien de personnel contre vous. Ce ne sont pas des «ennemis de la patrie ». Ils veulent tout simplement que les choses changent.

(Cool Je travaille depuis plus de trente ans avec les jeunes universitaires de ce pays. Je peux témoigner que la plupart sont sérieux, honnêtes, qu'ils ont une soif de savoir, qu'ils étudient dans des conditions socio-économiques désastreuses. Ils veulent des lendemains meilleurs. Ils y ont tout à fait droit. Ils sont à la recherche de modèles. Il n'y a pas exactement pléthore parmi nos dirigeants. Récemment, nous avons eu droit à un spectacle pénible et honteux offert par certains de nos parlementaires.

Monsieur le Président, il vous revient d'apporter les redressements qui s'imposent par des sanctions sévères. Lors de votre premier mandat, vous aviez promis de rétablir l'autorité de l'Etat. La nation entière vous convie à faire en sorte que ces mots deviennent réalité.

(Cool Pourquoi a-t-on l'impression que certaines manifestations dégénèrent seulement quand il y a quelque part une volonté qu'il en soit ainsi? Il est assez clair que, pendant ces derniers jours, la PNH avait plutôt placé des journalistes dans les rues, qui se contentaient de rapporter les faits, pas des policiers qui devaient prendre les mesures appropriées. Pourquoi? Les citoyens ont droit à des réponses. Vous, la PNH et la MINUSTAH, êtes tenus
de les leur fournir.

(9) Construire des ponts, des routes, avoir des projets d'infrastructure sur un an, trois ans, dix ans et plus , to ut cela est absolument nécessaire, souhaitable et louable. Mais il y a un présent, un quotidien qui vous interpellent. A quoi tout cela aura-t-il servi si une bonne partie de la population aura succombé à la faim et que notre environnement se sera dégradé de manière irréversible? ASSEZ DE COMMISSIONS ET DE COLLOQUES! ASSEZ
DE BEAUX DISCOURS, OU TOUS LES MOTS EN ISME ET IQUE SONT EPUISES, ET OU DES TAS DE SUBJONCTIFS PLUS-QUE-PARFAITS Y LAISSENT LEUR PEAU. LES GENS EN ONT RAZ-LE-BOL!! !
Ayez une équipe qui travaille sur L'AUJOURD'HUI.
Exemple: dans le domaine touristique, avec seulement la sécurité et la propreté, il est possible, avec le marketing approprié, d'attirer une clientèle bien spécifique, qui recherche la différence, l'aventure, et qui pourra remplir les chambres d'hôtel dont le pays dispose, en attendant que les belles autoroutes, les Hilton et les Sheraton soient construits, ce qui amènera les touristes traditionnels.
CESSEZ DE CHERCHER MIDI A QUATORZE HEURES!

(10) Il y a en Haïti deux groupements sociaux aux antipodes l'un de l'autre, et qui sont littéralement à couteaux tirés.
En grande partie, ils se connaissent peu, se parlent très peu, ne s'écoutent pas les rares fois où ils se parlent.

Cette méconnaissance engendre la méfiance, qui à son tour
amène la haine. Il faut créer des occasions pour que ces deux groupes se rencontrent, (ex: activités sportives, culturelles, etc.), en dehors du carnaval.

Ils apprendront à se connaître, à mieux appréhender leurs
problèmes respectifs. Cela est incontournable, et contribuera à amener aussi l'apaisement social. Vous conviendrez que les récents événements, ainsi que celui du genre Hôtel Montana, ne sont pas faits pour arranger les choses.

(11) Passez des instructions pour que cessent les tracasseries
administratives dont sont victimes les commerçants, industriels,
professionnels, etc... quand ils veulent tout simplement obtenir d'un bureau de l'Etat un service auquel ils ont droit.

Faites tout pour que dirigeants et dirigés soient des partenaires, pas des ennemis.

(12) Haïti se trouve à un carrefour de son histoire où l'opportunité vous est offerte de redresser la barque. Donnez le ton, Monsieur le Président, le bon ton, et la réaction des gens vous étonnera. Des milliers sont prêts à apporter leur concours BENEVOLE. Il suffit que des signaux clairs soient donnés, indiquant une volonté irréductible de changement. Le choix est clair pour vous: devenir un grand homme que tout le pays applaudira, ou échouer
piteusement, en vous contentant tout simplement de boucler un second mandat, sans trop de casse; gravir une montagne jugée inaccessible, ou rester tristement au fond de la vallée, avec le remords de n'avoir pas su vous élever. Des millions d'Haïtiens vous exhortent à faire le bon choix.

(13) Tous les dirigeants de tous les pays sont censés être des SERVITEURS DE L'ETAT.
La conception tribale du CHEF n'est plus de mise en 2008, hormis dans les pays où sévissent encore des dictatures féroces.
Les dirigeants sont rémunérés indirectement par les contribuables, et c'est à eux qu'ils doivent avant tout rendre des comptes.
Aucun dirigeant ne doit jamais l'oublier.

(14) Imaginez quelqu'un qui demande: "fè m jwen yon ti mayi moulen, mwen grangou", et qu'on lui réponde qu' il ne peut avoir du maïs aujourd'hui, mais qu'on lui permettra de manger régulièrement homard et filet dans trois mois.

Tout cela est très joli. Cependant, dans trois mois, il ne sera plus
vivant. Gérer le présent est incontournable. Les derniers événements l'ont prouvé éloquemment.

(15) Il n'est pas anormal dans tout pays qu'un parti politique veuille
garder le pouvoir le plus longtemps possible. Cependant, la manière d'atteindre cet objectif est parfois complètement inorthordoxe.

Monsieur le Président, j'ignore si vous aimez le pouvoir et si vous vous y accrochez à n'importe quel prix. Cependant, si vous montrez à vos concitoyens que vous prenez leur cas en considération, que vous résolvez quelques-uns de leur
myriade de problèmes, je vous assure qu'ils vous en seront reconnaissants, et que vous et votre parti garderez le pouvoir.... J'AI FAILLI DIRE.... A VIE!!!

J'aurais encore beaucoup à dire, mais je ne voudrais assommer ni vous ni les lecteurs. J'aurais vivement souhaité que d'autres, restés silencieux jusqu'à présent, fassent eux aussi entendre leur voix. Le silence n'est plus de mise, la peur non plus.

Monsieur le Président, je vous remercie d'avoir pris le temps de lire cette lettre. Elle est d'un citoyen qui tout simplement désire ardemment un changement, et qui ne saurait souhaiter le naufrage d'un navire à bord duquel il se trouve lui aussi.

Monsieur le Président, il est très tard, mais il n'est pas encore trop tard. Donnez le ton, le bon ton.

Un pays tout entier vous attend. Une nation tout entière demande qu'à vous être reconnaissante de lui redonner sa fierté, son
goût de vivre. Il est encore possible pour vous de rentrer dans l'Histoire par la grande porte. CARPE DIEM !

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes meilleurs sentiments.

Philippe Malval
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Sasaye
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