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Les miséreux de l'Inde prospère

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Message  gwotoro Mar 24 Oct 2006 - 12:43

Les miséreux de l'Inde prospère

Laura-Julie Perreault


Envoyée spéciale de La Presse (journal montrealais), 24 octobre 2006

Bombay, Inde


Dis-moi ce que tu manges, je te dirai où tu en es. Pour mesurer les résultats de la lutte contre la pauvreté, l’Inde ne regarde pas dans les portefeuilles de ses 1,1 milliard d’habitants, mais dans leur ventre. Et le pays vient tout juste de découvrir que le développement économique effréné des 10 dernières années en laisse beaucoup trop sur leur faim.

Pour atteindre le seuil de la pauvreté en Inde, un individu doit consommer au moins 2100 calories dans les zones urbaines et 2400 en zone rurale. Ce minimum n’est pas très difficile à défoncer : la cuisine indienne, qui utilise abondamment le beurre clarifié pour enrichir ses plats en sauce, est hautement calorifique. Une portion de poulet au beurre contient à elle seule 600 calories.

Mais selon une nouvelle étude du National Sample Survey Organisation – l’équivalent indien de Statistique Canada – un Indien sur cinq est incapable d’en mettre assez dans son assiette pour atteindre le minimum requis.

Cette nouvelle donnée jette une ombre sur les succès économiques de l’Inde des 10 dernières années. Entre 1993 et 2006, l’économie indienne a engraissé d’au moins 6 % par an. Mais cette prise de poids n’a pas atteint les plus démunis. Sur la même période, la pauvreté extrême n’a régressé que de 0,7 %.

En marge du boom

Dans les ruelles de Dharavi, immense bidonville au cœur de Bombay, ces statistiques ne surprennent personne. Certes, les habitants du plus grand quartier malfamé de l’Asie ont vu la capitale économique de l’Inde s’enrichir et se transfigurer au cours des dernières années : ils ont eux-mêmes participé à la construction des nouveaux gratte-ciel et des tours à appartements. Ils nettoient quotidiennement les planchers des centres commerciaux qui vendent des produits de luxe et des marques étrangères. Ils font la lessive des hôtels cinq étoiles qui sont toujours pleins à craquer. Et ils font le ménage dans les appartements des jeunes Indiens de la classe moyenne, qui, grâce à la multiplication des centres d’appels et l’éclosion du secteur des hautes technologies, peuvent à 22 ans se permettre d’engager des domestiques.

Mais le soir quand ils rentrent à la maison, ils doivent se contenter d’un plat de riz blanc et de dal, une soupe aux lentilles. « Ça fait 12 ans que je travaille à Dharavi et je fais toujours le même salaire. Quand je me plains, on me dit que je peux partir. Que d’autres veulent mon travail », expose Hafiz Ullaz, musulman dans la trentaine qui travaille pour une compagnie de récupération, située à Dharavi.

Son travail est toute sa vie. Non seulement il travaille plus de 80 heures par semaine dans l’entrepôt de son patron, il y dort aussi. Pour un mois de travail, il reçoit 3000 roupies (75 $). Avec ce salaire, il doit non seulement voir à ses besoins, mais il doit aussi envoyer assez d’argent à sa femme, qui vit dans un village de l’Uttar Pradesh, pour qu’elle nourrisse ses deux enfants et ses deux parents.

« Le boom économique a fait augmenter les prix de presque tout. Plus je travaille, plus ma famille est pauvre », explique l’homme mince qui porte un médaillon arborant une photo de La Mecque.

À Dharavi, plus d’un millions de personnes sont dans les mêmes draps qu’Hafiz Ullaz. Immigrants venus des campagnes pour aider leur famille à subsister, ils vivent dans des maisons en terre cuite et en tôle. Partagent des ruelles minuscules avec leurs voisins. Même si le droit d’exister du bidonville est reconnu depuis 1995, ils craignent sans cesse d’être délogés par des promoteurs immobiliers qui aimeraient mettre la main sur les terrains qu’ils occupent.

Ce n’est pourtant pas l’activité économique qui manque à Dharavi. Par leur travail, les habitants du bidonville génèrent 665 millions de dollars par année. Mais ils le génèrent pour les autres, pas pour eux.

Le patron de Hafiz vit lui aussi à Dharavi. Mais son bedon bien rond, comme celui du dieu hindou à la tête d’éléphant, Ganesh, indique que les temps sont meilleurs pour lui et sa famille. « Un lopin de terre que j’ai acheté il y a cinq ans vaut maintenant cinq fois plus. Les affaires sont bonnes », explique Hamit Hussein sans se soucier de l’air dégoûté de ses employés.

L’histoire d’Hafiz Ullaz et d’Hamit Hussein est une parfaite métaphore pour illustrer le développement actuel de l’Inde. Ceux qui possédaient un minimum de biens et de capital il y a une décennie les ont vu fructifier, ceux qui n’avaient rien ont encore le ventre vide.

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