Le G-8,un cirque indecent....
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Le G-8,un cirque indecent....
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Le sommet du G8 : un cirque indécent
Crise énergétique, crise alimentaire, crise économique, crise de confiance, le sommet du G8[1] qui s’est ouvert ce lundi 08 juillet 2008 à Toyako intervient dans un contexte extrêmement difficile et particulièrement tendu.
Un climat qui contraste avec la « sérénité » affichée en 2007 où l’économie mondiale était « en bonne condition ». Entre temps il y a eu les subprimes avec une Amérique au bord de la récession, la flambée du prix du baril du pétrole, le réchauffement climatique (sempiternelle urgence) et les émeutes de la faim (près de 2500 personnes meurent toujours de faim chaque jour dans le monde). Le G8, naguère club privé des « Grands » de ce monde, véritable conseil de sécurité bis, a perdu le sens des réalités et n’est plus que l’ombre de lui-même, incapable de répondre efficacement aux problèmes auxquels la planète fait face.
Boudé par la Chine, pourtant acteur incontournable de la scène politico-économique mondiale, ignoré par l’Inde et l’Arabie Saoudite, regardé avec suspicion par le Brésil, le Groupe des 8 pays les plus industrialisés, du moins dans l’esprit même si dans les faits pour certains de ses membres ce n’est plus le cas, a du mal à s’adapter à son époque. Il est bien loin le sommet de Rambouillet en 1975 où le président français Valérie Giscard d’Estaing proposa à ses collègues des pays riches de se réunir chaque année afin de définir les nouvelles priorités au monde. Aujourd’hui, le G8 est un spectateur comme les autres du jeu économique mondial, dépassé par l’émergence de nouvelles puissances dont la voracité inquiète autant qu’elle suscite l’admiration. Ces nouvelles économies qui commencent à peser de tout leur poids sur l’échiquier mondial faisant plier les anciennes « Glorieuses », forcées comme l’a dit le président français d’en tenir « compte ». Ainsi, malgré les apparences, le sort du monde ne se décide plus lors de cette grande messe de l’inutilité où les déplacements en avion, par exemple, et autres gaspillages contribuent à polluer un peu plus cette planète que l’on voudrait « sauver ».
Le pouvoir est désormais ailleurs. La preuve encore ce matin les bourses internationales sont plongées dans le rouge écarlate faisant craindre le retour des heures sombres de l’économie mondiale. C’est vrai on nous annonce une déclaration commune sur le changement climatique et un objectif fixé en 2050, comme d’habitude les déclarations, les promesses n’engagent que ceux qui y croient, après le fiasco de Bali et l’accord au minima arraché par les Organisations non gouvernementales, cette annonce fait l’effet d’un coup d’épée dans l’eau et donne l’impression désagréable d’une irresponsabilité assumée. Qui se souvient encore de la déclaration du Millénaire de laquelle découle les Objectifs du Millénaire pour le Développement ? Il était question de réduire la pauvreté de moitié d’ici 2015, à mi parcours, le bilan est un cinglant échec. Au-delà du « revirement » américain, il faudrait rappeler que les émissions de gaz à effet de serre au rythme actuel feront de la terre un lieu pratiquement invivable avant 2050. L’on pointe du doigt le « mauvais élève » chinois et sa grosse « usine à pollution », l’on invective l’Inde avec sa volonté affichée de « copier coller » la société de consommation occidentale, mais l’on omet soigneusement de dire que durant des décennies bien avant le boom économique de ces deux pays, l’occident à participer activement à « tuer » la planète et que les considérations industrielles passaient avant la protection de l’environnement. D’ailleurs, les Etats-Unis dont on salue la « sagesse » retrouvée aujourd’hui n’ont pas toujours ratifié le protocole de Kyoto et qu’ils ont à eux seuls fait capoter la dernière conférence des Nations Unies sur le changement climatique en Indonésie. N’oublions pas que même ceux qui ont ratifié ce protocole traînent les pieds pour faire appliquer ses recommandations. Rarement une déclaration commune aura suscitée tant de déceptions et provoquer tant de désespoir pour ces organisations qui se battent tous les jours pour permettre aux générations futures de vivre dans un monde infiniment plus propre.
Croissance en berne, malaise financier, délitement politique, alors à quoi sert encore le G8 ? Une question que même les membres de ce groupe se pose depuis quelque temps. L’on sait qu’ils demanderont une augmentation substantielle de la production du pétrole et que celle-ci ne se fera pas, puisque l’OPEP par la voix de son président, le Ministre algérien du pétrole et des énergies, a réaffirmé que la production actuelle était suffisante. Peut-être les yeux doux fait au Nigeria pourront-ils suffire au géant africain pour qu’il produise plus comme il a été le cas pour l’Angola ? Rien n’est moins sûr. Pourtant face à cette envolée du prix du baril, il serait sans doute intelligent de se dire qu’il est temps de tourner progressivement la page de l’or noir et d’encourager des politiques plus respectueuses de l’environnement en allouant aux départements de recherches les budgets nécessaires au développement de nouvelles sources d’énergies renouvelables. La hausse du prix du baril est donc une opportunité en surfant sur la vague d’adhésion populaire au « bio » d’impulser ce changement profond et de rompre avec l’addiction forte des économies au pétrole. Mais face au lobbying important et le manque de volonté politique illustré une fois encore par ce G8 transparent, il est bon d’être athée et de ne croire en rien, au risque de tomber violement des nues[2].
Il se murmure qu’à Toyako il viendra une autre déclaration dite « spécifique » sur la crise alimentaire. Quoi de nouveau par rapport à la pathétique conférence du FAO tenue à Rome il y a quelques semaines ? Sûrement l’originalité viendra des mots utilisés, on devrait s’attendre à « urgence » en lieu et place d’ « impératif », une sorte de jeu de synonymes pour exprimer à la perfection la nécessité de ne rien faire. Nicolas Sarkozy voudrait plaider en faveur d’un « partenariat mondial sur la sécurité alimentaire », humaniste invertébré du libéralisme fringant et clinquant, le président de l’Union Européenne oublie toutefois que vouloir la sécurité alimentaire c’est permettre aux paysans des pays du Sud de pouvoir faire face au rouleau compresseur des subventions agricoles occidentales. Car ce dont il est question ici c’est l’inéquité dans les rapports de force entre le Nord et le Sud, l’avenir alimentaire des pays pauvres se jouant principalement en occident. L’on aura beau offrir aux paysans kenyans[3] ou malgaches 1 milliard d’euro issus des 40 milliards de fonds d’aides agricoles (PAC) non utilisés de l’Union Européenne comme le fait si « gentiment » José Manuel Barroso, si l’ensemble du système n’est pas repensé, c’est toute une partie de l’humanité qui risque d’en payer le prix fort. L’une des grosses réussites de ce sommet du G8 s’est d’avoir pu trouver en un temps record près de 1000 milliards de dollars pour « sauver de l’effondrement les banques engluées dans les subprimes »[4], mais d’être incapable de tenir ses engagements envers les pays les plus pauvres. C’est tout dire.
Au cours de ce sommet du G8, les « Grands » vont exigés des nations émergentes et nouvelles donatrices de l’aide au développement[5] de « conditionner » leur aide au respect des droits de l’homme[6]. On voit d’ici le tableau. La Chine[7], democraticide décomplexée, menaçant de retirer son aide au Soudan pour non respect de la dignité humaine. Un tableau surréaliste. Durant des années les mêmes donneurs de leçons[8] ont utilisé l’aide au développement pour mieux aliéner les pays du Sud. Les dégâts causés par les aléas de cette aide sont importants. Renforcement des dictatures[9], répressions des populations, pillages des ressources au travers de l’exploitation sauvage des matières premières, importations massives des produits occidentaux fragilisant ainsi le tissu économique local, etc. L’aide au développement a enrichi les comptes bancaires occidentaux des leaders du Sud et participé à l’éclosion du pire dans des zones qui étaient deja économiquement sinistrées. S’ils souhaitent réellement aider les pays pauvres dans leur développement, les pays riches devraient reformer structurellement leur conception de l’aide et considérer que leurs politiques économiques sont dans de nombreux cas extrêmement dévastatrices, à l’instar de véritables bombes nucléaires. La volonté manifestée ce lundi du Japon de « partager l’expérience de la forte croissance asiatique avec l’Afrique » constitue une avancée louable dans l’élaboration d’une redéfinition de la coopération entre les nations riches et celles plus démunies.
Inutile et inefficace, le sommet du G8 qui se déroule sur la grande île d’Hokkaïdo, réfugié dans les montagnes japonaises, loin des affrontements altermondialistes de Sapporo et du contre-sommet des pauvres au Mali, accouchera d’un satisfecit général au sein d’un groupe désormais illégitime. Le G8 ne fera pas mieux que la très décevante Union Africaine sur le dossier zimbabwéen, bloqué par une Russie égale à elle-même. Pas de sanctions donc, mais de fortes remontrances[10] qui ne perturberont pas le sommeil du sanguinaire Mugabe, et une porte ouverte aux négociations autour d’une improbable réconciliation nationale, le scénario kenyan étant inadaptable au contexte zimbabwéen. Souvent considéré comme un conseil de sécurité moins bureaucratique, le G8 ne tenant en compte que ses propres intérêts, s’est pris à son propre jeu et a été incapable de s’adapter aux évolutions actuelles. En voyant les images de ces « puissants » en tenue décontractée, presque sympathiques, on ne peut s’empêcher de penser que le monde mérite sans doute mieux que ce cirque indécent et coûteux qui n’amuse que ceux qui ont le ventre plein.
piporiko- Super Star
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Re: Le G-8,un cirque indecent....
[1] « Le Groupe des huit (G8) est un groupe de discussion et de partenariat économique de huit pays parmi les plus puissants économiquement du monde : les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l’Italie, le Canada, et la Russie. Ensemble, les pays du G8 représentent 61% de l’économie mondiale. » - Source Wikipedia.
[2]« "A échéance de vingt ans, l’Afrique pourrait être un continent autosuffisant en matière énergétique, compte tenu de ses immenses réserves en énergies renouvelables" : comme l’indique M. Camdessus, le document met en exergue le potentiel "vert" d’un continent doté de vastes ressources d’hydroélectricité, de géothermie, d’énergie solaire et éolienne. » - Source Le Figaro.
[3] "L’Afrique a accompli des progrès importants au cours de ces dernières années. Toutefois, la crise alimentaire actuelle menace d’anéantir une bonne partie de ces progrès durement acquis. Avec 100 millions de personnes sur le point de tomber dans une pauvreté abjecte, le coût des denrées alimentaires ne se calculera pas en prix du blé ou du riz, mais en nombre croissant de décès de nourrissons et d’enfants dans toute l’Afrique" –Koffi Annan, Source Le Figaro.
[4] Takumo Yamada, d’Oxfam Japon
[5] « Réunis en sommet au Japon, les pays riches pourraient porter l’aide au continent à 50 milliards de dollars par an d’ici 2010. Un engagement déjà pris... en 2005. » - Source RFI
[6] « Les pays du G8 vont aussi demander "davantage de transparence dans les politiques d’aide de la part des nouveaux donateurs", notamment la Chine. » - Source BBC
[7] « Selon Shinichi Takeuchi, un spécialiste de l’Afrique à l’Institut des économies en développement de Chiba (région de Tokyo), la Chine est dans le collimateur car "elle a généreusement distribué son aide à des gouvernements africains corrompus, sans se soucier" des règles internationales en la matière. » - Source Euronews
[8] « Officiellement, Etats-Unis, Union européenne et Japon demandent aux pays bénéficiaires de leur aide d’améliorer la situation des droits de l’homme et de lancer des réformes de structure. » - Source RFI
[9] Il y a dans le monde deux sortes de dictateurs : les gentils ou les fréquentables, qui collaborent et font profité de leurs ressources aux « Grands », et les méchants ou les infréquentables qui n’en font qu’à leur tête, finalement ont de gros ennuis.
[10] «Je suis extrêmement déçu par l’élection, que j’ai qualifiée d’élection truquée», a estimé le président américain George W. Bush » - Source AFP
Ludewic Mac Kwin De Davy In God I trust.. (TIRE DE AGORAVOX)
[2]« "A échéance de vingt ans, l’Afrique pourrait être un continent autosuffisant en matière énergétique, compte tenu de ses immenses réserves en énergies renouvelables" : comme l’indique M. Camdessus, le document met en exergue le potentiel "vert" d’un continent doté de vastes ressources d’hydroélectricité, de géothermie, d’énergie solaire et éolienne. » - Source Le Figaro.
[3] "L’Afrique a accompli des progrès importants au cours de ces dernières années. Toutefois, la crise alimentaire actuelle menace d’anéantir une bonne partie de ces progrès durement acquis. Avec 100 millions de personnes sur le point de tomber dans une pauvreté abjecte, le coût des denrées alimentaires ne se calculera pas en prix du blé ou du riz, mais en nombre croissant de décès de nourrissons et d’enfants dans toute l’Afrique" –Koffi Annan, Source Le Figaro.
[4] Takumo Yamada, d’Oxfam Japon
[5] « Réunis en sommet au Japon, les pays riches pourraient porter l’aide au continent à 50 milliards de dollars par an d’ici 2010. Un engagement déjà pris... en 2005. » - Source RFI
[6] « Les pays du G8 vont aussi demander "davantage de transparence dans les politiques d’aide de la part des nouveaux donateurs", notamment la Chine. » - Source BBC
[7] « Selon Shinichi Takeuchi, un spécialiste de l’Afrique à l’Institut des économies en développement de Chiba (région de Tokyo), la Chine est dans le collimateur car "elle a généreusement distribué son aide à des gouvernements africains corrompus, sans se soucier" des règles internationales en la matière. » - Source Euronews
[8] « Officiellement, Etats-Unis, Union européenne et Japon demandent aux pays bénéficiaires de leur aide d’améliorer la situation des droits de l’homme et de lancer des réformes de structure. » - Source RFI
[9] Il y a dans le monde deux sortes de dictateurs : les gentils ou les fréquentables, qui collaborent et font profité de leurs ressources aux « Grands », et les méchants ou les infréquentables qui n’en font qu’à leur tête, finalement ont de gros ennuis.
[10] «Je suis extrêmement déçu par l’élection, que j’ai qualifiée d’élection truquée», a estimé le président américain George W. Bush » - Source AFP
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Re: Le G-8,un cirque indecent....
C'est honteux.
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