Au dela de la simple affaire BRH/Sogebank
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Au dela de la simple affaire BRH/Sogebank
Voici un article tres interessant sur le systeme bancaire haitien et sur ses lacunes qui causent tant de torts au pays. Au dela d'accusations politiques de premier niveau que l'auteur aimerait amener, il revele beaucoup de choses a serieusement prendre en compte pour l'avenir d'Haiti.
AFFAIRE BRH / SOCABANK / Le débat n’est pas clos
Par Jean-Claude Casimir, 13 Novembre 2006 (Floride)
jccasimir@hotmail.com
Suite à la publication, dans notre édition du jeudi 26 octobre 2006, d’un article sur le dossier de l’acquisition de la Socabank par la BRH, un de nos lecteurs nous a adressé ses commentaires. Nous les soumettons à l’appréciation de notre lectorat.
Après lecture d’un article publié dans les colonnes de Le Matin par Thomas Lalime sur la Socabank, je me permets de jeter dans le débat trois aspects du problème national qui devraient être au premier plan de l’actualité politique.
L’un regarde l’impunité, un autre, le rôle de la BRH comme banque centrale dans le contrôle du crédit et le troisième le sens d’une contribution éventuelle de la diaspora au financement du développement d’Haïti.
En septembre 2004, j’écrivais dans une brochure publiée sous le titre de Bréviaire économique qu’il ne suffisait pas d’obtenir de faire partir les dirigeants du régime d’Aristide. Il incombait au gouvernement Boniface-Latortue de rechercher les malversations de fonds publics effectuées par les comptables des deniers publics pendant la période.
Je disais à l’époque que les autorités financières (ministre des Finances, Banque centrale) devaient solliciter des banques commerciales la liste de leurs actionnaires. Cela aurait pu permettre de voir que la Socabank était au moins partiellement propriété de J.B. Aristide. Les actions, après procédures légales appropriées, deviendraient la propriété de l’État haïtien dûment représenté par le ministre des Finances et non par la BRH. Les choses n’ont pas été faites comme il se devait parce que le gouvernement Boniface-Latortue ne s’était jamais vraiment distancé du régime lavalas.
Le gouvernement haïtien pourrait disposer de ces actions pour financer une banque agricole ou une banque industrielle. Ceci nous amène à l’argument du sénateur Hérivaux, à savoir que la Banque centrale ne doit pas se constituer en concurrent des autres banques commerciales. C’est là une thèse que j’ai longtemps soutenue (dans un article publié en mai 1966, j’introduisais pour la première fois en Haïti, la notion de Banque centrale).
J’expliquais que la Banque centrale, pour contrôler le crédit bancaire, exigeait des institutions bancaires qu’elles maintiennent auprès de la Banque centrale, un dépôt égal à un certain pourcentage des dépôts des clients. Il en résulte qu’elle est moralement obligée à ne pas se servir de ces fonds pour leur faire la concurrence.
À ce sujet, il est bon de souligner que l’existence même de la Banque nationale de crédit constitue une anomalie criarde dans l’accomplissement de sa tâche de Banque centrale par la BRH. Quoique la loi eût à séparer la BRH et la BNC, cette dernière est une banque commerciale dont le propriétaire est le même que celui de la BRH. J’ai toujours défendu la nécessité de dissoudre la BNC, car il n’y a pas de raison pour l’État d’entrer dans le circuit du financement des activités commerciales. Les fonds de la BNC pourraient servir à constituer le capital d’une banque agricole et d’une banque industrielle. La BNC ne fait que perpétuer les pratiques inflationnistes de l’ancienne BNRH qui mettait ses fonds à la disposition des usuriers dans les opérations de prêts aux employés de l’État dont les chèques étaient déjà escomptés auprès de la Banque nationale.
Le sénateur semble déplorer le prix obtenu pour les actions de la Socabank. Mais qui a reçu cette valeur ? La Socabank ou le propriétaire des actions, en l’occurrence M. Aristide ? Le sénateur n’aurait pas d’objection à voir une banque nationale tomber entre les mains d’une institution financière étrangère (peut-être que la banque des Caraïbes n’était qu’un prête-nom utilisé par l’ami du sénateur).
Un parlementaire, sénateur nationaliste, aurait toujours voté contre le capital étranger dans le secteur bancaire. M. Hérivaux voit le signe du dollar et estime immédiatement que le pays sortirait gagnant de l’opération. La banque caraïbéenne qui fait des offres sans nul doute représente les intérêts d’un client du Commonwealth britannique (Caraïbes ou Afrique du Sud).
Le sénateur fait allusion à la transaction de la vente de Socatransfert. Ceci nous amène à une autre anomalie du système financier haïtien. Le Socatransfert est considéré comme un investissement de Socabank en transfert d’argent. Une transaction de transfert d’argent est une opération bancaire et toute institution qui s’engage dans de telles transactions doit s’organiser sous l’égide de la loi sur les banques. Ainsi donc les maisons de transfert, au lieu de se constituer en institutions auto- nomes, devaient se présenter comme des branches d’une organisation bancaire. Elles tombent donc sous le coup de la loi bancaire qui exige un dépôt de cinq millions de gourdes auprès de la Banque centrale pour ouvrir une banque commerciale (voir décret du 14 novembre 1980 organisant le système bancaire). Quand on fait appel à la participation de la diaspora, l’on doit cesser d’aborder le problème haïtien en marginal. Trop souvent on a recours au volontariat, au secourisme ou à l’amateurisme. La bonne volonté seule ne saurait suffire pour dynamiser l’épargne de la diaspora.
Ce n’est pas parce que nos compatriotes souffrent de nostalgie du pays, qu’ils vont pouvoir assurer la revitalisation de l’industrie du tourisme en Haïti. On ne doit pas oublier que nos touristes nationaux font la descente chez des parents et non dans une chambre d’hôtel. En finances publiques, le tourisme sert à combler un déficit passager de la balance des paiements. Vu que les ressources touristiques sont très vulnérables (un cyclone ou un éditorial des chaînes de télévision des États-Unis suffisent pour ruiner les recettes touristiques du pays) on a tort de se reposer sur le tourisme pour financer le développement.
J’ose le déclarer malgré que la Banque mondiale, le Fonds monétaire et l’OEA n’aient cessé de nous encourager à promouvoir le tourisme. Ce qu’ils ne nous ont pas appris, c’est comment tirer profit des remises en dollars de nos compatriotes de l’étranger. C’est pourtant la clef du développement économique d’Haïti.
Ce n’est pas en réduisant les frais de commission payés aux maisons de transfert qu’on va maximiser l’apport des envois de la diaspora. L’économiste Kesner Pharel, se prévalant de l’opinion ex catedra du Fonds monétaire et de la Banque mondiale, estime que les familles des immigrants restées au pays ont pu conserver des sommes énormes qui auraient pu aller grossir les revenus provenant des frais et commissions des maisons de transferts.
Toute politique visant l’intérêt national commencera par redonner à la Banque centrale son rôle de seule dépositaire des devises étrangères. Les fonds reçus au pays à travers les maisons de transferts ne doivent aboutir aux récipiendaires que sous forme de gourdes. Comme tout pays organisé, le dollar doit être déposé dans la Banque centrale où il remplira deux fonctions : il ira augmenter les réserves de devises qui permettront de créer davantage de monnaie nationale. Ces réserves permettront de mettre à la disposition de nos voyageurs les billets verts dont ils auront besoins et le gouvernement trouvera les capitaux requis par les paiements de biens d’équipement à l’étranger.
Ainsi sans procéder à la taxation de qui que ce soit, le système bancaire et le gouvernement seraient en possession d’un flux constant de numéraire tant en dollar qu’en monnaie nationale.
Je sais que toutes ces mesures paraissent simples d’application, mais on doit se rappeler que les intérêts en jeux sont énormes et ne vont pas céder facilement à l’intérêt national. Mais ces reformes et décisions de haute valeur patriotique nous permettront de cesser de tendre le « coui » (la sibylle) à nos soi-disant donneurs, bailleurs de fonds (que sais-je ?) et amis d’Haïti qu’on recrute dans la communauté internationale.
mercredi 15 novembre 2006
AFFAIRE BRH / SOCABANK / Le débat n’est pas clos
Par Jean-Claude Casimir, 13 Novembre 2006 (Floride)
jccasimir@hotmail.com
Suite à la publication, dans notre édition du jeudi 26 octobre 2006, d’un article sur le dossier de l’acquisition de la Socabank par la BRH, un de nos lecteurs nous a adressé ses commentaires. Nous les soumettons à l’appréciation de notre lectorat.
Après lecture d’un article publié dans les colonnes de Le Matin par Thomas Lalime sur la Socabank, je me permets de jeter dans le débat trois aspects du problème national qui devraient être au premier plan de l’actualité politique.
L’un regarde l’impunité, un autre, le rôle de la BRH comme banque centrale dans le contrôle du crédit et le troisième le sens d’une contribution éventuelle de la diaspora au financement du développement d’Haïti.
En septembre 2004, j’écrivais dans une brochure publiée sous le titre de Bréviaire économique qu’il ne suffisait pas d’obtenir de faire partir les dirigeants du régime d’Aristide. Il incombait au gouvernement Boniface-Latortue de rechercher les malversations de fonds publics effectuées par les comptables des deniers publics pendant la période.
Je disais à l’époque que les autorités financières (ministre des Finances, Banque centrale) devaient solliciter des banques commerciales la liste de leurs actionnaires. Cela aurait pu permettre de voir que la Socabank était au moins partiellement propriété de J.B. Aristide. Les actions, après procédures légales appropriées, deviendraient la propriété de l’État haïtien dûment représenté par le ministre des Finances et non par la BRH. Les choses n’ont pas été faites comme il se devait parce que le gouvernement Boniface-Latortue ne s’était jamais vraiment distancé du régime lavalas.
Le gouvernement haïtien pourrait disposer de ces actions pour financer une banque agricole ou une banque industrielle. Ceci nous amène à l’argument du sénateur Hérivaux, à savoir que la Banque centrale ne doit pas se constituer en concurrent des autres banques commerciales. C’est là une thèse que j’ai longtemps soutenue (dans un article publié en mai 1966, j’introduisais pour la première fois en Haïti, la notion de Banque centrale).
J’expliquais que la Banque centrale, pour contrôler le crédit bancaire, exigeait des institutions bancaires qu’elles maintiennent auprès de la Banque centrale, un dépôt égal à un certain pourcentage des dépôts des clients. Il en résulte qu’elle est moralement obligée à ne pas se servir de ces fonds pour leur faire la concurrence.
À ce sujet, il est bon de souligner que l’existence même de la Banque nationale de crédit constitue une anomalie criarde dans l’accomplissement de sa tâche de Banque centrale par la BRH. Quoique la loi eût à séparer la BRH et la BNC, cette dernière est une banque commerciale dont le propriétaire est le même que celui de la BRH. J’ai toujours défendu la nécessité de dissoudre la BNC, car il n’y a pas de raison pour l’État d’entrer dans le circuit du financement des activités commerciales. Les fonds de la BNC pourraient servir à constituer le capital d’une banque agricole et d’une banque industrielle. La BNC ne fait que perpétuer les pratiques inflationnistes de l’ancienne BNRH qui mettait ses fonds à la disposition des usuriers dans les opérations de prêts aux employés de l’État dont les chèques étaient déjà escomptés auprès de la Banque nationale.
Le sénateur semble déplorer le prix obtenu pour les actions de la Socabank. Mais qui a reçu cette valeur ? La Socabank ou le propriétaire des actions, en l’occurrence M. Aristide ? Le sénateur n’aurait pas d’objection à voir une banque nationale tomber entre les mains d’une institution financière étrangère (peut-être que la banque des Caraïbes n’était qu’un prête-nom utilisé par l’ami du sénateur).
Un parlementaire, sénateur nationaliste, aurait toujours voté contre le capital étranger dans le secteur bancaire. M. Hérivaux voit le signe du dollar et estime immédiatement que le pays sortirait gagnant de l’opération. La banque caraïbéenne qui fait des offres sans nul doute représente les intérêts d’un client du Commonwealth britannique (Caraïbes ou Afrique du Sud).
Le sénateur fait allusion à la transaction de la vente de Socatransfert. Ceci nous amène à une autre anomalie du système financier haïtien. Le Socatransfert est considéré comme un investissement de Socabank en transfert d’argent. Une transaction de transfert d’argent est une opération bancaire et toute institution qui s’engage dans de telles transactions doit s’organiser sous l’égide de la loi sur les banques. Ainsi donc les maisons de transfert, au lieu de se constituer en institutions auto- nomes, devaient se présenter comme des branches d’une organisation bancaire. Elles tombent donc sous le coup de la loi bancaire qui exige un dépôt de cinq millions de gourdes auprès de la Banque centrale pour ouvrir une banque commerciale (voir décret du 14 novembre 1980 organisant le système bancaire). Quand on fait appel à la participation de la diaspora, l’on doit cesser d’aborder le problème haïtien en marginal. Trop souvent on a recours au volontariat, au secourisme ou à l’amateurisme. La bonne volonté seule ne saurait suffire pour dynamiser l’épargne de la diaspora.
Ce n’est pas parce que nos compatriotes souffrent de nostalgie du pays, qu’ils vont pouvoir assurer la revitalisation de l’industrie du tourisme en Haïti. On ne doit pas oublier que nos touristes nationaux font la descente chez des parents et non dans une chambre d’hôtel. En finances publiques, le tourisme sert à combler un déficit passager de la balance des paiements. Vu que les ressources touristiques sont très vulnérables (un cyclone ou un éditorial des chaînes de télévision des États-Unis suffisent pour ruiner les recettes touristiques du pays) on a tort de se reposer sur le tourisme pour financer le développement.
J’ose le déclarer malgré que la Banque mondiale, le Fonds monétaire et l’OEA n’aient cessé de nous encourager à promouvoir le tourisme. Ce qu’ils ne nous ont pas appris, c’est comment tirer profit des remises en dollars de nos compatriotes de l’étranger. C’est pourtant la clef du développement économique d’Haïti.
Ce n’est pas en réduisant les frais de commission payés aux maisons de transfert qu’on va maximiser l’apport des envois de la diaspora. L’économiste Kesner Pharel, se prévalant de l’opinion ex catedra du Fonds monétaire et de la Banque mondiale, estime que les familles des immigrants restées au pays ont pu conserver des sommes énormes qui auraient pu aller grossir les revenus provenant des frais et commissions des maisons de transferts.
Toute politique visant l’intérêt national commencera par redonner à la Banque centrale son rôle de seule dépositaire des devises étrangères. Les fonds reçus au pays à travers les maisons de transferts ne doivent aboutir aux récipiendaires que sous forme de gourdes. Comme tout pays organisé, le dollar doit être déposé dans la Banque centrale où il remplira deux fonctions : il ira augmenter les réserves de devises qui permettront de créer davantage de monnaie nationale. Ces réserves permettront de mettre à la disposition de nos voyageurs les billets verts dont ils auront besoins et le gouvernement trouvera les capitaux requis par les paiements de biens d’équipement à l’étranger.
Ainsi sans procéder à la taxation de qui que ce soit, le système bancaire et le gouvernement seraient en possession d’un flux constant de numéraire tant en dollar qu’en monnaie nationale.
Je sais que toutes ces mesures paraissent simples d’application, mais on doit se rappeler que les intérêts en jeux sont énormes et ne vont pas céder facilement à l’intérêt national. Mais ces reformes et décisions de haute valeur patriotique nous permettront de cesser de tendre le « coui » (la sibylle) à nos soi-disant donneurs, bailleurs de fonds (que sais-je ?) et amis d’Haïti qu’on recrute dans la communauté internationale.
mercredi 15 novembre 2006
gwotoro- Super Star
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Date d'inscription : 20/08/2006
Feuille de personnage
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