Les Noirs pratiquement disparus de l'UCLA
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Les Noirs pratiquement disparus de l'UCLA
Les Noirs pratiquement disparus de l'UCLA, par Nicolas Berube
La Presse a Los Angeles, 18 novembre 2006
L'Université de Californie à Los Angeles a déjà été l'un des campus les plus ouverts aux étudiants noirs. Mais depuis l'abandon des programmes d'action positive, ils y sont admis au compte-gouttes. Le problème devient si aigu que des protestations s'organisent dans l'espoir de faire tourner le vent.
Les statistiques sont implacables : seulement 1,98 % des nouveaux étudiants acceptés par UCLA cet automne sont noirs. Quatre-vingt-seize sur un total de 4852. Cette statistique est particulièrement nuisible pour l'image de la prestigieuse université et celle de la ville de Los Angeles, qui aime s'afficher comme un endroit de diversité et d'ouverture. Et elle marque un net recul du nombre de Noirs admis à UCLA : il y a 20 ans, environ 10 % des étudiants de première année étaient noirs.
Il suffit de mettre les pieds dans le verdoyant campus pour comprendre que les statistiques décrivent une réalité bien tangible. Situé à flanc de colline, tout près des imposantes villas de Bel-Air, l'endroit évoque l'opulence et la réussite beaucoup plus que la «diversité». Les édifices sont impeccables, les jardins entretenus avec soin. On y voit beaucoup de Blancs, d'Asiatiques et de Latinos. Mais on peut se balader longtemps avant de croiser un Noir. En se promenant dans le campus de UCLA, il est difficile de concevoir que le dixième des 10 millions de personnes qui vivent dans Los Angeles et les environs sont des Noirs.
«Quand je suis arrivé ici, c'est la première chose qui m'a frappé, explique Doug Johnson, président de l'Union des étudiants africains de UCLA. Je marchais dans le campus, dans les corridors, et je me disais : Mais où sommes-nous? Où sont les Noirs?»
M. Johnson connaît pratiquement chaque étudiant noir de UCLA par son prénom. Cela ne l'a pas empêché de sursauter à la vue des chiffres sur l'admission des étudiants de première année. «Quand j'ai vu les statistiques, j'ai été tout simplement horrifié, dit-il. C'est inacceptable pour une université de cette envergure d'avoir tourné le dos aux étudiants noirs.»
Selon lui, ils ne sont pas sous-représentés parce qu'ils n'essaient pas d'entrer à UCLA : 2100 demandes provenaient d'étudiants noirs pour le trimestre d'automne. «Et on en a retenu 96, dit-il. Depuis des années, l'université cherche à attirer les étudiants les plus fortunés au pays. Aujourd'hui, on voit ce que ça donne comme résultats.»
La direction de l'université se montre, elle aussi, préoccupée par la situation. Elle vient d'ailleurs d'annoncer son intention de se tourner vers une approche «holistique» de l'étude des dossiers des candidats, par opposition à une analyse statistique des résultats scolaires.
Jackie Robinson, etc.
UCLA a déjà été une figure de proue dans l'acceptation des Noirs. C'est là qu'ont étudié le premier joueur noir de l'histoire moderne du baseball majeur, Jackie Robinson, et Tom Bradley, ancien maire de Los Angeles.
Mais en 1996, la Californie a interdit aux institutions publiques de faire une distinction sur la base de la race, du sexe ou de l'origine ethnique des individus. Depuis, les universités de l'État accordent une importance plus grande aux résultats scolaires et aux données purement statistiques des dossiers des étudiants qui font une demande d'admission.
Cette disposition de la loi, présentée à l'époque par les républicains, est aujourd'hui contestée par la communauté noire. Pour le président du groupe communautaire Los Angeles Urban League, Blair Taylor, les statistiques dévoilées par l'université montrent que la Californie est sur une mauvaise voie.
Manque de moyens
Selon lui, cette différence s'explique par le fait que les étudiants noirs, proportionnellement moins fortunés que la moyenne, n'ont pas les moyens de s'inscrire aux cours privés de préparation aux tests universitaires. «Ces cours préparatoires donnent un avantage certain aux élèves plus fortunés, qui s'en sortent mieux que les autres», soutient-il.
M. Taylor a d'ailleurs récemment envoyé une lettre ouverte à ses membres au sujet des statistiques d'admission de UCLA. «Que se passe-t-il avec notre université et notre État? Avant, ils étaient des précurseurs dans le domaine de la diversité et des droits de l'homme. Aujourd'hui, on dirait que cette passion pour l'enrichissement des communautés par le savoir a été remplacée par la complaisance et l'acceptation du statu quo. Si cette tendance persiste, elle mènera au désastre dans notre ville et notre État, que l'on qualifiait jadis de progressiste.»
Le recteur de UCLA, Albert Carnesale, s'est dit «déçu» du nombre d'étudiants noirs admis sur son campus. «Nous allons clairement devoir redoubler d'efforts, car ce que nous avons fait jusqu'à maintenant n'a pas produit les résultats escomptés», a-t-il récemment confié aux médias, ajoutant que la loi californienne limitait toutefois l'université dans son étude des dossiers des candidats.
Pour joindre notre journaliste: nicolas.berube@lapresse.ca
La Presse a Los Angeles, 18 novembre 2006
L'Université de Californie à Los Angeles a déjà été l'un des campus les plus ouverts aux étudiants noirs. Mais depuis l'abandon des programmes d'action positive, ils y sont admis au compte-gouttes. Le problème devient si aigu que des protestations s'organisent dans l'espoir de faire tourner le vent.
Les statistiques sont implacables : seulement 1,98 % des nouveaux étudiants acceptés par UCLA cet automne sont noirs. Quatre-vingt-seize sur un total de 4852. Cette statistique est particulièrement nuisible pour l'image de la prestigieuse université et celle de la ville de Los Angeles, qui aime s'afficher comme un endroit de diversité et d'ouverture. Et elle marque un net recul du nombre de Noirs admis à UCLA : il y a 20 ans, environ 10 % des étudiants de première année étaient noirs.
Il suffit de mettre les pieds dans le verdoyant campus pour comprendre que les statistiques décrivent une réalité bien tangible. Situé à flanc de colline, tout près des imposantes villas de Bel-Air, l'endroit évoque l'opulence et la réussite beaucoup plus que la «diversité». Les édifices sont impeccables, les jardins entretenus avec soin. On y voit beaucoup de Blancs, d'Asiatiques et de Latinos. Mais on peut se balader longtemps avant de croiser un Noir. En se promenant dans le campus de UCLA, il est difficile de concevoir que le dixième des 10 millions de personnes qui vivent dans Los Angeles et les environs sont des Noirs.
«Quand je suis arrivé ici, c'est la première chose qui m'a frappé, explique Doug Johnson, président de l'Union des étudiants africains de UCLA. Je marchais dans le campus, dans les corridors, et je me disais : Mais où sommes-nous? Où sont les Noirs?»
M. Johnson connaît pratiquement chaque étudiant noir de UCLA par son prénom. Cela ne l'a pas empêché de sursauter à la vue des chiffres sur l'admission des étudiants de première année. «Quand j'ai vu les statistiques, j'ai été tout simplement horrifié, dit-il. C'est inacceptable pour une université de cette envergure d'avoir tourné le dos aux étudiants noirs.»
Selon lui, ils ne sont pas sous-représentés parce qu'ils n'essaient pas d'entrer à UCLA : 2100 demandes provenaient d'étudiants noirs pour le trimestre d'automne. «Et on en a retenu 96, dit-il. Depuis des années, l'université cherche à attirer les étudiants les plus fortunés au pays. Aujourd'hui, on voit ce que ça donne comme résultats.»
La direction de l'université se montre, elle aussi, préoccupée par la situation. Elle vient d'ailleurs d'annoncer son intention de se tourner vers une approche «holistique» de l'étude des dossiers des candidats, par opposition à une analyse statistique des résultats scolaires.
Jackie Robinson, etc.
UCLA a déjà été une figure de proue dans l'acceptation des Noirs. C'est là qu'ont étudié le premier joueur noir de l'histoire moderne du baseball majeur, Jackie Robinson, et Tom Bradley, ancien maire de Los Angeles.
Mais en 1996, la Californie a interdit aux institutions publiques de faire une distinction sur la base de la race, du sexe ou de l'origine ethnique des individus. Depuis, les universités de l'État accordent une importance plus grande aux résultats scolaires et aux données purement statistiques des dossiers des étudiants qui font une demande d'admission.
Cette disposition de la loi, présentée à l'époque par les républicains, est aujourd'hui contestée par la communauté noire. Pour le président du groupe communautaire Los Angeles Urban League, Blair Taylor, les statistiques dévoilées par l'université montrent que la Californie est sur une mauvaise voie.
Manque de moyens
Selon lui, cette différence s'explique par le fait que les étudiants noirs, proportionnellement moins fortunés que la moyenne, n'ont pas les moyens de s'inscrire aux cours privés de préparation aux tests universitaires. «Ces cours préparatoires donnent un avantage certain aux élèves plus fortunés, qui s'en sortent mieux que les autres», soutient-il.
M. Taylor a d'ailleurs récemment envoyé une lettre ouverte à ses membres au sujet des statistiques d'admission de UCLA. «Que se passe-t-il avec notre université et notre État? Avant, ils étaient des précurseurs dans le domaine de la diversité et des droits de l'homme. Aujourd'hui, on dirait que cette passion pour l'enrichissement des communautés par le savoir a été remplacée par la complaisance et l'acceptation du statu quo. Si cette tendance persiste, elle mènera au désastre dans notre ville et notre État, que l'on qualifiait jadis de progressiste.»
Le recteur de UCLA, Albert Carnesale, s'est dit «déçu» du nombre d'étudiants noirs admis sur son campus. «Nous allons clairement devoir redoubler d'efforts, car ce que nous avons fait jusqu'à maintenant n'a pas produit les résultats escomptés», a-t-il récemment confié aux médias, ajoutant que la loi californienne limitait toutefois l'université dans son étude des dossiers des candidats.
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