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Retro sur le saga des frères Metayer et l'Armée Cannibale des Gonaives

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Message  Rico Lun 10 Nov 2008 - 13:49

Retro sur le saga des frères Metayer et  l'Armée Cannibale des Gonaives Photo_114
Amiot "Cubain" Metayer (L) with Jean Pierre, a.k.a., Jean Tatoune, leading an anti-uncommonly vicious tyrant Jean-Bertrand Aristide's protest in Gonaives, Haiti, August 6, 2002, hours after supporters crashed a tractor through a prison wall freeing both of them and many others. (AP Photo/Daniel Morel) File
Troubles aux Gonaives : l’"armée cannibale" défie la police et la justice

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mardi 6 août 2002
par
Vario Serant

Retro sur le saga des frères Metayer et  l'Armée Cannibale des Gonaives Rubon0 </BLOCKQUOTE>
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Les responsables haïtiens de la sécurité publique multiplient les déclarations de bonnes intentions concernant la situation aux Gonaïves, Centre-Ouest du pays, où des troubles persistent depuis plusieurs jours. Mais sur le terrain, elles affichent une impuissance déconcertante.
Une opération coup de poing a été menée le 2 août contre la prison des Gonaives par un groupe qui se nomme "Armée Cannibale", renversant un mur de la prison centrale et libérant de force son chef, Amiot Metayer dit "Cubain". Ces événements accompagnés de manifestations anti-gouvernementales, ont abouti à l’évasion d’un total de 159 prisonniers, dont des condamnés pour crime. Plusieurs édifices publics, y compris le Palais de Justice, ont été incendiés.
En conférence de presse le 5 aout, le porte-parole de la police nationale a réaffirmé que l’institution policière avait le contrôle de la situation. Jean Dady Siméon s’est basé sur le fait que le "calme" règne dans la cité de l’indépendance et que l’institution policière a réussi à appréhender cinq des fugitifs.
Les observateurs notent que, malgré le renforcement de l’effectif de la PNH aux Gonaïves, les policiers évitent de s’aventurer dans les zones sensibles. Par exemple, les contingents de la police brillaient par leur absence ce 5 août dans des quartiers populaires comme Raboteau, le plus important bidonville des Gonaïves, Descahos et "Lòt Bò Kanal", théâtre pourtant des manifestations anti-gouvernementales.
Et dire que la marche du 2 août avait à sa tête Amiot Métayer en personne. Le puissant chef de groupe était flanqué de son collègue d’infortune, Jean Pierre dit Jean Tatoune, élargi également lors du même coup de force. Tatoune purgeait la prison à perpétuité pour sa participation dans le massacre de Raboteau, le 22 avril 1994.
Ce 5 aout, Amiot Métayer ne circulait pas. Mais, il ne s’est pas évaporé pour autant. Divers correspondants de presse affirment qu’il restait en toute quiétude dans son fief (Raboteau) au milieu d’un impressionnant dispositif de sécurité, établi par ses inconditionnels de l’"armée cannibale".
Entretemps, des centaines de ses partisans continuaient de défier les autorités en réclamant, à cor et à cri, le départ du président Jean Bertrand Aristide. Les manifestants, les mêmes qui avaient humilié la PNH en libérant de force leur leader, Amiot Métayer, sont allés jusqu’à adresser un ultimatum au chef de l’état, Jean-Bertrand Aristide, pour qu’il jette l’éponge au plus tard le 12 août.
Bien qu’on ait pas eu à enregistrer d’incidents, l’atmosphère demeurait assez pesante sur la cité de l’indépendance les 5 et 6 août. La ville côtière était paralysée et les commerces et les bureaux étaient restés fermés.
Lors d’un point de presse le 3 aout, le Directeur Général de la Police Nationale a reconnu à demi-mot l’inefficacité des dispositifs de sécurité mis en place aux Gonaïves. La PNH envisage de publier les noms et les photos de tous les fugitifs, a ajouté Jean Nesly Lucien tout en disant compter sur la ferme collaboration de la population.
Un détenu a été tué, cent cinquante-neuf autres, dont quarante considérés comme dangereux, se sont évadés et une dizaine ont été transférés dans d’autres centres de détention suite à l’attaque contre le commissariat de police des Gonaïves le 2 août dernier.
Pour expliquer la non-intervention jusqu’ici de la police dans le quartier populaire de Raboteau, le président du Conseil Supérieur de la Police Nationale, le Premier Ministre Yvon Neptune a évoqué, lors d’une conférence de presse le 6 aout, la densité de la population. Le Chef du gouvernement lavalas se voulait tout de même rassurant en indiquant qu’un plan était à l’étude et que la PNH allait adopter des mesures pour garantir la sécurité de la population.
La Présidence a mis en garde la police nationale contre toute utilisation de la manière forte pour capturer Amiot Métayer. Une délégation conduite par un membre du cabinet du chef de l’Etat, Jose Ulysse, s’est d’ailleurs rendu expressément le 5 aout aux Gonaïves pour tenter de faire la paix avec le chef de groupe armé "activement recherché" par la police.
Selon un des représentants de Métayer à ce "mini-sommet", qui se confiait au correspondant local de la station privée Radio Kiskeya, M. Ulysse leur aurait fait plusieurs offres alléchantes en échange de leur allégeance. Le poste de Délégué du département de l’Artibonite leur aurait même été promis.
Wilner Etienne du Front Révolutionnaire de Raboteau a pour sa part déclaré, sur les ondes de Radio Métropole, qu’ils ont rejeté les promesses d’argent et d’emploi de la Présidence. "Nous avons clairement fait comprendre à l’émissaire de la Présidence que ce qui importe pour nous, c’est la démission de Jean Bertrand Aristide et la remise du pouvoir provisoirement au Président de la Cour de Cassation, ou, à défaut, au plus ancien juge en siège en vue de la constitution d’un gouvernement d’unité nationale dans lequel tous les secteurs et départements du pays seront représentés », a t-il renchéri.
Au lendemain de la mission, la police a fait volte-face. Le porte-parole, Jean Dady Siméon, a fait savoir à la presse que la police envisageait de prendre part à une mission conjointe avec une délégation de la présidence pour rencontrer les groupes de Raboteau et le fugitif Amiot Métayer.
Ancien farouche partisan du régime lavalas, Amiot Métayer a été arrêté, puis incarcéré le 2 juillet dernier pour des exactions commises en mai dernier dans le quartier de Jubilé, aux Gonaïves. Mais, des organisations haïtiennes de droits humains dont la Coalition Nationale pour les Droits des Haïtiens (NCHR) soulignent sa participation dans divers autres forfaits, comme par exemple dans les violences dirigées contre l’opposition haïtienne le 17 décembre 2001. Amiot Métayer et Jean Pierre ont, dans une note de presse, accusé les plus hautes personnalités du régime lavalas de les avoir directement sollicités pour les actions punitives du 17 décembre.
Dans une interview à la station cablée Télé Haïti, Vilès Alizar de la Coalition Nationale Pour les Droits des Haïtiens presse le gouvernement d’adopter des mesures urgentes destinées à rétablir la confiance dans la cité de l’indépendance. La NCHR recommande à cet effet l’identification et la traduction par-devant la justice des auteurs et complices des actes de violence perpétrés aux Gonaïves, du 2 juillet au 2 Août 2002. La coalition réclame également le désarmement des groupes armés sur toute l’étendue du territoire.
Suite à l’évasion de plus d’une centaine de prisonniers haïtiens à la faveur de l’attaque du 2 Août contre le commissariat de police des Gonaïves, la République Dominicaine a renforcé la vigilance au niveau de sa frontière avec Haïti et limité les rentrées et sorties.
Les événements des Gonaïves viennent voler la vedette à diverses autres crises paraissant sans issue : la crise politique (vieille de plus de deux ans et affectant tous les secteurs d’activités) ayant entraîné le gel de l’aide internationale, la crise au sein de l’université et la crise des coopératives (Plusieurs milliers d’épargnants haïtiens ont été ruinés suite à l’effondrement de plus d’une dizaine de coopératives).
La note est donc salée à l’approche de la rentrée scolaire et universitaire. Et dire que le train de la célébration du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti, en 2004, est en marche. Une célébration qui devrait normalement avoir une ampleur particulière justement aux Gonaives, où l’indépendance du pays a été proclamée en 1804
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Message  Rico Lun 10 Nov 2008 - 14:08

Retro sur le saga des frères Metayer et  l'Armée Cannibale des Gonaives Bottom_head0522
La ville des Gonaïves, Cité de l'indépendance, a encore connu des journées d'affrontements. En effet, après les conflits armés avec les habitants de «l'autre bord du canal» et ceux de Descarreaux qui ont laissé un lourd bilan tant en pertes en vies humaines que de dégâts matériels, les hommes de Amio Métayer alias Kiben, à Raboteau, font encore parler d'eux dans un nouveau conflit qui les oppose, cette fois-ci, aux habitants du quartier de Jubilé et de la rue Liberté.
Dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 mai, des tirs nourris ont été retenti pendant des heures à Jubilé. Environ une dizaine de personnes ont été blessées par balles et à coups de machette; une dizaine de maisons ont été incendiées et d'autres endommagées. «J'ai reçu beaucoup de coups, j'ai couru vers ma maison, malgré cela, ils m'ont battu, ils m'ont cassé la tête. Kiben, avec arme au poing, a brisé ma maison et tiré à tort et à travers... Est-ce ainsi qu'Aristide à livré le pays...» a déclaré un habitant de Jubilé victime des exactions de la bande d'Amio Métayer, proche du Parti Fanmi Lavalas. Comme si cela allait de soi, les hommes de Métayer ont fait savoir qu'ils s'étaient rendus à Jubilé chercher l'arme à feu de Peter Métayer, directeur adjoint de l'Autorité portuaire nationale (APN) des Gonaïves et frère de Amio, que les habitants de Jubilé auraient confisquée. Ces derniers de leur côté accusent ceux de Raboteau de chercher plutôt à tirer vengeance contre eux pour la participation de Jean Pierre dit Jean Tatoune, originaire de Jubilé, dans le massacre de Raboteau. Malgré que Tatoune a été jugé, condamné et actuellement emprisonné.
Les habitants de Jubilé jugent que les hommes dAmio Métaye jouissent de beaucoup trop de latitude pour mener sans inquiétude aucune ses opérations et accusent donc le président Aristide d'encourager l'impunité. Ils exigent l'arrestation sans condition d'Amio Métayer et de sa bande. «Pour nous autres, comme Aristide se déclare le président de tous, aujourd'hui c'est lui qui place les "chimères" à faire tout ce qui est mal dans le pays, c'est lui qui les accepte. Nous réclamons leur arrestation, sans condition, comme dans le cas de Ronald Cadavre», a déclaré un habitant de Jubilé.
Les portes du cimetière de la ville des Gonaïves ont été fermées par les habitants de Jubilé qui lançaient des jets de pierres et de bouteilles sur les cortèges funéraires qui pénétraient dans le cimetière et qui devaient donc faire demi-tour pour se rendre à un autre lieu d'inhumation.
La situation est très critique dans la ville, où presque toutes les activités ont été paralysées. La police est restée impuissante sinon indifférente, et n'a fait aucune intervention ni d'arrestation au cours de ces événements. Le délégué départemental de la police de l'Artibonite, Joanis Canéus a cherché à rencontrer les victimes le 15 mai pour les inviter à revenir sur leurs protestations et à remettre les clés du cimetière qui est resté fermé.
Le commissaire du gouvernement, Louiselne Joseph, le maire des Gonaïves, Topak Moïse, ainsi que le délégué départemental et le directeur départemental de la police ont entamé le 16 mai avec les habitants de Jubilé des négociations qui sont restées infructueuses, puisque ces derniers n'entendent pas revenir sur leur décision. «Nous autres, en tant que autorités locales, nous les avons entendus... Nous sommes des autorités civiles, nous ne pouvons ni arrêter, ni faire ceci ou cela. C'est à la justice de faire les suites nécessaires» a déclaré Beauvoit Elisée, l'un des maires des Gonaïves. «Le maire a surtout insisté pour récupérer les clés du cimetière, sinon... ils allaient passer à l'action... donc ils avaient voulu prendre parti pour les gens de Raboteau, nous n'avons aucun problème nous les attendons. Comment comprendre que nous autres à Jubilé, pouvons accepter 500 dollars de dédommagements. Nous ne sommes pas de cette tendance. Notre tendance est d'arrêter Kiben et de le mettre en prison», a déclaré l'un d'eux.
De son côté le directeur de la police a indiqué qu'il procéderait à l'arrestation de toute personne indésirable dès que le mandat d'arrêt aurait été délivré.
Malgré l'appel au calme lancé aux bandes armées par le président Jean-Bertrand Aristide, qui a annoncé la campagne de désarmement par l'achat au double de leur valeur des armes à feu détenues illégalement, il ne se passe pas un jour sans que n'éclate un conflit armé dans les quartiers populaires de Cité Soleil, de Carrefour-Feuilles, de Raboteau et de La Saline, où le bilan régulier est d'une dizaine de morts et de blessés, et le reste...
Rappelons qu'entre 1995 et 1996, la force «multinationale» qui occupait le pays avait procédé à une prétendue campagne de désarmement telle celle proposée actuellement par le président Aristide. En 2002, il y a beaucoup plus d'armes en circulation dans le pays. C'est ce qui arrive quand on invite le loup dans la bergerie!
Source:Haiti Progrès
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Message  Invité Lun 10 Nov 2008 - 15:17

Si c'était un journal et la presse parlée ou écrite qui devrait déterminer qui est un bandit ou pas dans une société, il serait vraiment trop facile pour les petits coquins de salir qui ils veulent.

Dieu merci, les voies sont déjà tracées pour juger un individu et les coquins ne pourront jamais prendre le dessus sur ces institutions étatiques.

Quand Amiot Métayer combattait contre les FAD'H, il était considéré comme un héros et un avion spécial était allé le chercher en Haiti pour l'emmener aux Etats-Unis et l'offrir le statut de réfugié politique. Quand il reste aligné à ses principes et persiste à défendre les intérets de la masse au sein du régime lavalas, il est traité de bandit. Bandit pour avoir refusé de "vendre" sa patrie comme Apeid, Kplim, Manigat,... Quelle hypocrisie!

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Message  Rico Lun 10 Nov 2008 - 16:05

Lavalas entre Gonaïves et Washington?

L'arrestation, le 2 juillet dernier, du chef d'organisations populaires (OP) des Gonaïves, Amiot Métayer, dit Kiben, dans le cadre des exigences faites par la communauté internationale au chef de l'Etat ne cesse de donner du fil à retordre aux autorités Lavalas. En effet, après les manifestations organisées par l'homme fort du Raboteau suite à sa libération spectaculaire le 2 août, par ses partisans regroupés au sein de l' «Armée cannibale», Amiot Métayer a changé de position lors d'un point de presse tenu le vendredi 9 août, au lycée Jean-Robert-Cius de Raboteau. Le chef d'OP considéré comme «fugitif» depuis son évasion, a appelé ses partisans à mettre un terme aux mouvements qui visaient à renverser le régime Lavalas afin, a-t-il dit, de donner à la justice le temps de se prononcer sur son cas. En ce sens, il a indiqué qu'une commission d'avocats sera instituée en vue d'obtenir la «légalisation de sa libération»: «Aujourd'hui, vendredi 9 août 2002, nous interrompons les manifestations dans le but de ramasser des forces politiques et économiques, et pour mettre sur pied un conseil de juristes...» Non satisfait de s'octroyer à lui-même des pouvoirs discrétionnaires, il se montrait même «magnanime» en accordant un délai de deux mois au gouvernement pour résoudre son cas.

Cette fois, il a nié que ses partisans auraient participé dans les violences survenues lors des événements du 17 décembre 2001, où à l'annonce d'une tentative de coup d'État, des membres d'OP locaux avaient mis à sac les sièges et les résidences de certains leaders de l'opposition affiliés à la Convergence. Selon Amiot Métayer, les violences perpétrées, le 17 décembre, aux Gonaïves, ont été l'oeuvre d'inconnus voulant salir la réputation des organisations populaires. Ces déclarations contredisent pourtant celles tenues précédemment par ses hommes, selon lesquelles les hauts responsables Lavalas, dont le Premier ministre Yvon Neptune et le port-parole du parti Jonas Petit, avaient demandé aux membres d'organisations populaires de se mobiliser contre un coup d'Etat et de s'en prendre aux membres de la Convergence.

Alors que Jonas Petit affirme n'avoir jamais eu une quelconque relation avec Métayer, le Premier ministre Yvon Neptune avait pour sa part traité les OP de Raboteau de «noyaux de bandits» et que des mesures allaient être prises contre eux. Toutefois, la présidence avait eu une toute autre position dans l'affaire. Mettant sous le coude les propos de son Premier ministre, le Chef de l'Etat avait dépêché une commission, avec à sa tête José Ulysse, pour «négocier» avec les «fugitifs».

En effet, suite à cette nouvelle position prise par Amiot Métayer, décidant entre autres, de surseoir à ses manifestations anti-gouvernementales et littéralement anti-Aristide, l'un des porte-parole de la présidence, Jacques Maurice, a fait l'éloge de la stratégie utilisée par l'exécutif, pour «calmer la situation», tout en qualifiant Métayer d'homme «intelligent» qui a compris son erreur en s'attaquant au leader historique des organisations populaires. Le porte-parole a également accusé l'opposition et la communauté internationale d'être les instigateurs des mouvements qui ont conduit à la libération en force d'Amiot Métayer.

De son côté, le secrétaire d'Etat à la Communication, Mario Dupuy, s'est félicité de la décision de Métayer de mettre fin aux mouvements de protestations contre le chef de l'Etat. Toutefois, il a évoqué l'application de la Constitution et de la loi dans le cadre des actes de violence aux Gonaïves. Et, concernant la «commission d'avocats» mise sur pied par Amiot Métayer pour discuter avec le pouvoir sur sa libération définitive, Mario Dupuy a soutenu que seule la justice a la prérogative de décider de cette question. «Nous apprécions ce premier pas qui a permis la cessation des actes de violence. Nous nous réjouissons du fait que M.Métayer ait reconnu que la voie de la violence n'apportera pas de solution... La justice doit fonctionner avec la collaboration de ses citoyens», a dit le secrétaire d'État, qu'il ne faut surtout pas croire sur parole.

D'autre part, contrairement aux déclarations de Yvon Neptune, qui a qualifié les émeutiers des Gonaïves de «bandits voulant exploiter la misère du peuple», le sénateur de l'Artibonite, Joseph Médard a déclaré que Amiot Métayer est un membre du Parti au pouvoir. «Il ne faut pas qu'on se fasse des illusions, Kiben est un militant, c'est un membre de Fanmi Lavalas, qui a donné beaucoup de coups de main. Il s'est sacrifié, que ce soit lors de l'exil du président, que ce soit lors des élections du 21 mai et du 26 novembre 2000», a confirmé Médard qui en a profité pour féliciter la présidence pour son initiative d'envoyer une commission aux Gonaïves pour négocier avec Kiben et ses partisans.

Ces déclarations pour opposées qu'elles paraissent se complètent cependant. D'un côté il s'agit de montrer au Département d'État et à l'OEA que le gouvernement Lavalas est décidé à sévir, comme ils le réclament, contre Amiot Métayer (voir dans la précédente édition d'Haïti-Progrès, «'Carte blanche' à Lavalas»), et de l'autre côté, comme l'indiquent les propos du sénateur Médard, éviter d'effaroucher Amiot Métayer qui pourrait reprendre son mouvement de dissidence contre Lavalas. D'autant plus que le lâchage de Kiben pourrait aliéner au pouvoir sa clientèle formée d'autres organisations populaires du même genre.
La marge de manoeuvre est donc assez étroite pour le régime Lavalas qui vient de voir, après un premier renvoi, Washington s'opposer à nouveau au vote de sa résolution sur l'«accord initial», en attendant de voir exécuter ses directives concernant le fugitif.
Mais compte tenu du déroulement des événements, avec notamment les dernières «recommandations» ou «exigences» d'Amiot Métayer, réclamant entre autres la légalisation de sa libération, les autorités Lavalas semblent avoir fait dès le début le mauvais choix en «livrant» le 2 juillet dernier le chef de l'armée cannibale, pour faire suite aux demandes du Département d'Etat des États-Unis. Si Ronald Camille dit Kadav, arrêté en mars dernier, et Ronald Bêbê, disparu récemment, avaient été de simples formalités pour le régime, Amiot Métayer, ayant compris le jeu du président Aristide, semble mieux appréhender la situation que les autorités ne l'auraient supposé. Le pouvoir Lavalas se trouve donc entre l'enclume et le marteau: d'une part, les exigences de Washington et ipso facto de l'OEA, réclamant l'arrêt de Kiben, qu'il faut satisfaire, et d'autre part, les bases politiques du régime qu'il faut sauvegarder en évitant de nouveaux troubles suite à une nouvelle arrestation, qui serait, par ailleurs, inévitable si la loi devait être appliquée.

Ce qu'en effet, le juge d'instruction des Gonaïves, Marcel Jean, en charge du dossier d'Amiot Métayer, a bien fait comprendre en ces termes: «En aucune façon, on ne peut mettre la justice devant un fait accompli... L'article 80 du Code d'instruction criminelle est clair: Quand une personne est inculpée, elle doit faire une demande en main levée, et dès lors, le juge doit statuer sur cette demande. Alors, en aucune façon, un inculpé ne peut choisir de se libérer et de demander à la justice de légaliser sa libération...» (Métropole 12-08-02). En effet.

Rappelons qu'Amiot Métayer avait été incarcéré présumément dans le cadre d'un incendie aux Gonaïves. Donc, en fait, si on suit bien le juge, Amiot Métayer doit retourner en prison et se conformer aux prescriptions de la loi en la matière et non aux délibérations de sa propre «commission d'avocats» Mais Métayer refuse de toute façon de retourner en prison, parce que «chat échaudé craint l'eau froide». Il s'est estimé trahi une première fois, la confiance ne règne plus... Et le temps presse, car déjà la pression remonte, puisque la Convergence semble vouloir profiter de l'embarras du régime et du climat actuel pour tenter une offensive. C'est ainsi que dans la matinée du mardi 13 août, d'autres barricades flambaient ont été dressées par d'autres groupes réclamant le départ du président...


Source: Haiti Pogrès
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