Nicaragua Anastasio Somoza : la fin du fils d’un « fils de pute »
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Nicaragua Anastasio Somoza : la fin du fils d’un « fils de pute »
Nicaragua
Anastasio Somoza : la fin du fils d’un « fils de pute »
José FORT
Anastasio Somoza Garcia dit « Tacho » - tel père, tel fils.
Il y a trente ans, le 19 juillet 1979, les
« muchachos » du Front sandiniste de libération nationale (FSLN)
libéraient Managua, la capitale du Nicaragua. Un pays ? Plutôt un ranch
privé tenu par la famille Somoza, une dictature bestiale en place
depuis 1933.
Coïncidences ?
Anastasio Somoza Debayle dit « Tachito » est mort comme son père
« Tacho ». Les deux ont été exécutés comme il est courant d’éliminer
des chefs de bandes : le premier, en septembre 1980, le corps criblé de
balles au coin d’une rue d’Asuncion où il avait trouvé refuge chez le
dictateur paraguayen Alfredo Stroessner ; le second, fondateur de la
« dynastie », abattu dans la ville de Leon - toujours un mois de
septembre, mais en 1956 – par un jeune poète Rigoberto Lopez Perez.
La famille Somoza était à la solde des gouvernements
nord-américains depuis plus d’un quart de siècle. Cynique, le président
US Franklin D. Roosevelt déclara le jour de l’intronisation de Somoza
père à la présidence de la République nicaraguayenne : « Somoza est un
fils de pute, mais c’est notre fils de pute. »
Le 1er janvier 1933, Washington annonçait le retrait
des marines US du Nicaragua où, depuis plus de cinq ans, ils tentaient
de mater une insurrection populaire. Composée de mineurs, de dockers,
de paysans, d’ouvriers des bananeraies, la « petite armée folle » en
lutte pour « l’indépendance et la dignité » était dirigée par Augusto
Cesar Sandino. Le « général des hommes libres », comme l’avait surnommé
Henri Barbusse.
En mars 1932, le nouveau président Franklin D.
Roosevelt qui représentait – déjà - l’espoir des Etats-Unis empêtrés
dans une crise - déjà - sans précédent avait promis un « bon
voisinage » à l’Amérique latine. Sandino et ses hommes déposèrent leurs
armes après le départ des occupants. Ils croyaient en la loyauté de
Washington comme aujourd’hui on aimerait croire en celle de Barak Obama
sur d’autres points chauds dans le monde. Sandino était tombé dans un
piège.
Un plan machiavélique avait été concocté avec comme
grand ordonnateur l’ambassadeur des Etats-Unis à Managua, Arthur Bliss
Lane, comme bras armé la Garde « nationale » nicaraguayenne formée,
équipée et encadrée par des militaires US et comme capo-exécuteur
Anastasio Somoza Garcia dit « Tacho ». Objectif : terminer le
« travail » en éliminant toute opposition. Le 21 février 1934, dans une
embuscade tendue par la Garde « nationale », Sandino et plusieurs de
ses compagnons étaient assassinés. Puis vint le temps du massacre
systématique des anciens soldats de la petite « armée folle » abattus
avec femmes et enfants. « Tuez-les tous » avait hurlé Somoza père avant
de lancer les tortionnaires. Un flot de sang coula dans l’indifférence
générale.
Somoza père, un vrai « fils de pute », régna vingt ans.
Un tueur. Un prédateur. A sa mort, son fils aîné Luis lui succéda et
s’employa, de 1957 à 1963, à poursuivre « l’œuvre » de son père avant
de mourir officiellement d’une crise cardiaque. Plusieurs sources
affirmaient à l’époque que la mort de Luis avait été provoquée par des
drogues habilement dispensées par son propre entourage familial.
Après l’intermède gouvernemental de René Schick
(1963-1967), un homme de paille du clan, Anastasio Somoza Debayle
devenait président de la République. D’entrée, il s’octroyait un tiers
des terres cultivables ainsi que le contrôle des principales industries
du pays. « Même si j’abandonnais mon titre et mes liens politiques, je
serais encore l’homme le plus riche de ce pays », déclarait-il en
octobre 1973. C’était un an après le tremblement de terre qui fit dix
mille morts et trois cent mille sans-abri à Managua et dans la région.
Somoza se chargea personnellement de la gestion de l’aide
internationale. A son profit. L’ONU, les Etats-Unis, les pays donateurs
ont gardé silence sur le pillage de la solidarité venue du monde
entier. Somoza pouvait compter sur ses amis politiques nord-américains
aux affaires, ses complices des banques US et européennes. La plupart
fonctionnaient à la commission dite des « 10% ».
Comment expliquer que ce gangster se soit maintenu au
pouvoir aussi longtemps ? La répression féroce menée par la Garde
« nationale » a fait des dizaines de milliers de victimes. Toute
opposition était étranglée. On ne comptait plus les expéditions
punitives, les assassinats, les centres de torture et les cimetières
clandestins. Diplômé de West Point, Somoza entretenait d’excellentes
relations, « familiales » soulignait-il, avec les militaires US et des
responsables politiques de haut rang comme Nixon, Kissinger, Reagan et
quelques autres.
Tacho, le père, avait exploité la guerre froide pour
maintenir des relations privilégiées avec Washington en se présentant
comme un champion de la « lutte contre le communisme ». Il excellait
dans les missions « sales » visant les militants progressistes
latino-américains. Tachito, le fils, utilisa la « lutte contre le
castrisme », en fait contre la révolution socialiste cubaine. Les bases
militaires de la dictature furent ouvertes aux préparatifs des
expéditions terroristes contre Cuba. Des documents secrets
nord-américains récemment publiés indiquent que plusieurs tentatives
d’assassinat visant Fidel Castro furent mises au point dans la
résidence personnelle de Somoza lors de soirées où se retrouvaient le
gratin de la CIA et des mafieux liés aux officines spécialisées dans
les coups tordus agissant, bien entendu, au nom de la « défense de la
liberté et de la démocratie ».
Pour Tachito, les ennuis commencèrent sérieusement en
1974. Le 27 décembre de cette année là, un commando du Front Sandiniste
de libération nationale (FSLN, né en 1961) effectua un raid
spectaculaire au domicile d’un ancien ministre qui donnait une
réception en l’honneur de l’ambassadeur des Etats-Unis. Premier coup de
gong d’une longue et sanglante épreuve de force entre Somoza, soutenu
par sa garde prétorienne et les Etats-Unis et le Front sandiniste de
libération dont la stratégie tendait à créer les conditions d’une
insurrection populaire généralisée.
Deux erreurs principales précipitèrent la chute de cet
homme arrogant, sans scrupules, avide de richesses, mais qui ne
manquait pas d’intelligence politique. En perdant tout sens de la
mesure, il déclencha l’hostilité d’une bourgeoisie nicaraguayenne
mécontente de la trop modeste « part du gâteau » qui lui était
réservée ; en faisant tuer, en janvier 1978, le leader conservateur
Pedro Joaquin Chamorro, directeur du journal « la Prensa », il donna le
signal de la lutte de tout un peuple, toutes classes confondues, contre
la dictature.
La guérilla menée par le FSLN a duré dix-huit ans. Elle
fut marquée par des coups de main audacieux et une répression bestiale.
Elle devint une lutte nationale contre la dictature en 1977 après
l’assassinat de Pedro Joaquin Chamorro. Grèves et attaques de garnisons
se succédèrent. En septembre, le FSLN appela à l’insurrection générale.
L’aviation somoziste acheva de ruiner Managua. En mars 1979, les trois
tendances du FSLN unifièrent leurs efforts. En juin, le nouvel appel à
la grève et à l’insurrection rencontra l’adhésion générale. Le 19
juillet, les combattants avec Daniel Ortega à leur tête entraient dans
la capitale. La guerre avait fait 30.000 morts, plusieurs dizaines de
milliers de blessés sur une population de 2.500.000 habitants.
Jusqu’au dernier moment, Anastasio Somoza Debayle a cru
pouvoir s’en sortir. Depuis son bunker situé sur la Loma, la colline
qui domine Managua, il espérait un soutien militaire de ses amis
nord-américains. « Ils ne vont pas me laisser tomber, j’en sais trop »,
confiait-il à ses proches. Washington n’a pas répondu aux appels du
fils de son « fils de pute ». Tachito a dû fuir. Les poches pleines.
Quant au gros de ses « biens », il avait été prudemment mis à l’abri
dans des banques suisses, américaines et dans des sociétés cotées à
Wall Street. Une fortune estimée à 1 milliard de dollars.
Toutes les portes se fermaient devant Anastasio Somoza.
Même celles de Miami pourtant refuge doré des dictateurs
latino-américains en retraite forcée. Il restait un seul individu prêt
à l’accueillir : le général Alfredo Stroessner, maître du Paraguay
depuis un quart de siècle, un tueur patenté. Entre ces gens là, la
solidarité existe aussi surtout lorsque l’invité traîne des valises
pleines de dollars. Somoza avait acheté 8000 hectares de terres
paraguayennes et s’était installé dans une villa des faubourgs
d’Asuncion sous la protection d’une milice privée et de la police
secrète locale. Au cours d’une soirée, il avait affirmé à ses
visiteurs, selon sa maitresse du moment : « Je sais que certains
veulent ma peau. Ici, je suis en sécurité. » Il restait à Tachito un
peu plus d’un an à vivre.
La Mercedes de "Tachito" après l’intervention d’un commando
Les tyrans ne doivent pas toujours mourir dans leur lit
se disaient les membres du commando en arrivant dans la capitale
paraguayenne par des voies terrestres et aériennes. Mission : abattre
Somoza. L’opération avait été soigneusement planifiée : acheminement
des armes, location d’appartements, achats de véhicules, et même
l’acquisition d’un kiosque à journaux à proximité de la villa de
Somoza. Pendant plusieurs semaines, les habitudes de « Tachito » et de
sa garde rapprochée ont été observées. A quelle heure sortait-il ?
Quelle voiture empruntait-il ? Combien de véhicules de protection ? Le
17 septembre 1980 en fin de matinée, le commando passait à l’attaque.
Anastasio Somoza Debayle s’effondrait sous les balles. Même sa maitresse ne l’a pas regretté.
José Fort
Le Nicaragua
Situé entre l’Atlantique à l’est et le Pacifique à
l’ouest, au nord du Costa Rica et au sud du Honduras, le Nicaragua est
traversé sur sa côte ouest par la route interaméricaine. C’est sur
cette côte que se situent toutes les villes, Managua, la capitale,
tapie derrière un lac qui porte son nom, Chinandega, Leon, Masaya,
Granada. Les tribus indiennes vivent sur la côte est.
Pas de répit pour le jeune pouvoir
Dès 1981, mercenaires et anciens gardes somozistes
encadrés par la CIA entamaient une guerre non déclarée pour le compte
des Etats-Unis. Depuis ses bases du Costa Rica et du Honduras, la
« contra » attaquait les nouvelles coopératives paysannes, assassinait
les cadres sandinistes. Ronald Reagan et Bush père se lancèrent dans le
trafic d’armes et de stupéfiants connu sous le nom d’« Irangate » pour
financer et armer la « contra ».
En mémoire
Joël Fieux
Des dizaines de coopérants français sont partis aider
le peuple nicaraguayen. Deux d’entre eux sont tombés sous les balles de
la « contra » : Pierre Grosjean, tué en 1983 et Joël Fieux, tombé trois
ans plus tard dans une embuscade.
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http://www.legrandsoir.info/Anastasio-Somoza-la-fin-du-fils-d-un-fils-de-pute.html
Anastasio Somoza : la fin du fils d’un « fils de pute »
José FORT
Anastasio Somoza Garcia dit « Tacho » - tel père, tel fils.
Il y a trente ans, le 19 juillet 1979, les
« muchachos » du Front sandiniste de libération nationale (FSLN)
libéraient Managua, la capitale du Nicaragua. Un pays ? Plutôt un ranch
privé tenu par la famille Somoza, une dictature bestiale en place
depuis 1933.
Coïncidences ?
Anastasio Somoza Debayle dit « Tachito » est mort comme son père
« Tacho ». Les deux ont été exécutés comme il est courant d’éliminer
des chefs de bandes : le premier, en septembre 1980, le corps criblé de
balles au coin d’une rue d’Asuncion où il avait trouvé refuge chez le
dictateur paraguayen Alfredo Stroessner ; le second, fondateur de la
« dynastie », abattu dans la ville de Leon - toujours un mois de
septembre, mais en 1956 – par un jeune poète Rigoberto Lopez Perez.
La famille Somoza était à la solde des gouvernements
nord-américains depuis plus d’un quart de siècle. Cynique, le président
US Franklin D. Roosevelt déclara le jour de l’intronisation de Somoza
père à la présidence de la République nicaraguayenne : « Somoza est un
fils de pute, mais c’est notre fils de pute. »
Le 1er janvier 1933, Washington annonçait le retrait
des marines US du Nicaragua où, depuis plus de cinq ans, ils tentaient
de mater une insurrection populaire. Composée de mineurs, de dockers,
de paysans, d’ouvriers des bananeraies, la « petite armée folle » en
lutte pour « l’indépendance et la dignité » était dirigée par Augusto
Cesar Sandino. Le « général des hommes libres », comme l’avait surnommé
Henri Barbusse.
En mars 1932, le nouveau président Franklin D.
Roosevelt qui représentait – déjà - l’espoir des Etats-Unis empêtrés
dans une crise - déjà - sans précédent avait promis un « bon
voisinage » à l’Amérique latine. Sandino et ses hommes déposèrent leurs
armes après le départ des occupants. Ils croyaient en la loyauté de
Washington comme aujourd’hui on aimerait croire en celle de Barak Obama
sur d’autres points chauds dans le monde. Sandino était tombé dans un
piège.
Un plan machiavélique avait été concocté avec comme
grand ordonnateur l’ambassadeur des Etats-Unis à Managua, Arthur Bliss
Lane, comme bras armé la Garde « nationale » nicaraguayenne formée,
équipée et encadrée par des militaires US et comme capo-exécuteur
Anastasio Somoza Garcia dit « Tacho ». Objectif : terminer le
« travail » en éliminant toute opposition. Le 21 février 1934, dans une
embuscade tendue par la Garde « nationale », Sandino et plusieurs de
ses compagnons étaient assassinés. Puis vint le temps du massacre
systématique des anciens soldats de la petite « armée folle » abattus
avec femmes et enfants. « Tuez-les tous » avait hurlé Somoza père avant
de lancer les tortionnaires. Un flot de sang coula dans l’indifférence
générale.
Somoza père, un vrai « fils de pute », régna vingt ans.
Un tueur. Un prédateur. A sa mort, son fils aîné Luis lui succéda et
s’employa, de 1957 à 1963, à poursuivre « l’œuvre » de son père avant
de mourir officiellement d’une crise cardiaque. Plusieurs sources
affirmaient à l’époque que la mort de Luis avait été provoquée par des
drogues habilement dispensées par son propre entourage familial.
Après l’intermède gouvernemental de René Schick
(1963-1967), un homme de paille du clan, Anastasio Somoza Debayle
devenait président de la République. D’entrée, il s’octroyait un tiers
des terres cultivables ainsi que le contrôle des principales industries
du pays. « Même si j’abandonnais mon titre et mes liens politiques, je
serais encore l’homme le plus riche de ce pays », déclarait-il en
octobre 1973. C’était un an après le tremblement de terre qui fit dix
mille morts et trois cent mille sans-abri à Managua et dans la région.
Somoza se chargea personnellement de la gestion de l’aide
internationale. A son profit. L’ONU, les Etats-Unis, les pays donateurs
ont gardé silence sur le pillage de la solidarité venue du monde
entier. Somoza pouvait compter sur ses amis politiques nord-américains
aux affaires, ses complices des banques US et européennes. La plupart
fonctionnaient à la commission dite des « 10% ».
Comment expliquer que ce gangster se soit maintenu au
pouvoir aussi longtemps ? La répression féroce menée par la Garde
« nationale » a fait des dizaines de milliers de victimes. Toute
opposition était étranglée. On ne comptait plus les expéditions
punitives, les assassinats, les centres de torture et les cimetières
clandestins. Diplômé de West Point, Somoza entretenait d’excellentes
relations, « familiales » soulignait-il, avec les militaires US et des
responsables politiques de haut rang comme Nixon, Kissinger, Reagan et
quelques autres.
Tacho, le père, avait exploité la guerre froide pour
maintenir des relations privilégiées avec Washington en se présentant
comme un champion de la « lutte contre le communisme ». Il excellait
dans les missions « sales » visant les militants progressistes
latino-américains. Tachito, le fils, utilisa la « lutte contre le
castrisme », en fait contre la révolution socialiste cubaine. Les bases
militaires de la dictature furent ouvertes aux préparatifs des
expéditions terroristes contre Cuba. Des documents secrets
nord-américains récemment publiés indiquent que plusieurs tentatives
d’assassinat visant Fidel Castro furent mises au point dans la
résidence personnelle de Somoza lors de soirées où se retrouvaient le
gratin de la CIA et des mafieux liés aux officines spécialisées dans
les coups tordus agissant, bien entendu, au nom de la « défense de la
liberté et de la démocratie ».
Pour Tachito, les ennuis commencèrent sérieusement en
1974. Le 27 décembre de cette année là, un commando du Front Sandiniste
de libération nationale (FSLN, né en 1961) effectua un raid
spectaculaire au domicile d’un ancien ministre qui donnait une
réception en l’honneur de l’ambassadeur des Etats-Unis. Premier coup de
gong d’une longue et sanglante épreuve de force entre Somoza, soutenu
par sa garde prétorienne et les Etats-Unis et le Front sandiniste de
libération dont la stratégie tendait à créer les conditions d’une
insurrection populaire généralisée.
Deux erreurs principales précipitèrent la chute de cet
homme arrogant, sans scrupules, avide de richesses, mais qui ne
manquait pas d’intelligence politique. En perdant tout sens de la
mesure, il déclencha l’hostilité d’une bourgeoisie nicaraguayenne
mécontente de la trop modeste « part du gâteau » qui lui était
réservée ; en faisant tuer, en janvier 1978, le leader conservateur
Pedro Joaquin Chamorro, directeur du journal « la Prensa », il donna le
signal de la lutte de tout un peuple, toutes classes confondues, contre
la dictature.
La guérilla menée par le FSLN a duré dix-huit ans. Elle
fut marquée par des coups de main audacieux et une répression bestiale.
Elle devint une lutte nationale contre la dictature en 1977 après
l’assassinat de Pedro Joaquin Chamorro. Grèves et attaques de garnisons
se succédèrent. En septembre, le FSLN appela à l’insurrection générale.
L’aviation somoziste acheva de ruiner Managua. En mars 1979, les trois
tendances du FSLN unifièrent leurs efforts. En juin, le nouvel appel à
la grève et à l’insurrection rencontra l’adhésion générale. Le 19
juillet, les combattants avec Daniel Ortega à leur tête entraient dans
la capitale. La guerre avait fait 30.000 morts, plusieurs dizaines de
milliers de blessés sur une population de 2.500.000 habitants.
Jusqu’au dernier moment, Anastasio Somoza Debayle a cru
pouvoir s’en sortir. Depuis son bunker situé sur la Loma, la colline
qui domine Managua, il espérait un soutien militaire de ses amis
nord-américains. « Ils ne vont pas me laisser tomber, j’en sais trop »,
confiait-il à ses proches. Washington n’a pas répondu aux appels du
fils de son « fils de pute ». Tachito a dû fuir. Les poches pleines.
Quant au gros de ses « biens », il avait été prudemment mis à l’abri
dans des banques suisses, américaines et dans des sociétés cotées à
Wall Street. Une fortune estimée à 1 milliard de dollars.
Toutes les portes se fermaient devant Anastasio Somoza.
Même celles de Miami pourtant refuge doré des dictateurs
latino-américains en retraite forcée. Il restait un seul individu prêt
à l’accueillir : le général Alfredo Stroessner, maître du Paraguay
depuis un quart de siècle, un tueur patenté. Entre ces gens là, la
solidarité existe aussi surtout lorsque l’invité traîne des valises
pleines de dollars. Somoza avait acheté 8000 hectares de terres
paraguayennes et s’était installé dans une villa des faubourgs
d’Asuncion sous la protection d’une milice privée et de la police
secrète locale. Au cours d’une soirée, il avait affirmé à ses
visiteurs, selon sa maitresse du moment : « Je sais que certains
veulent ma peau. Ici, je suis en sécurité. » Il restait à Tachito un
peu plus d’un an à vivre.
La Mercedes de "Tachito" après l’intervention d’un commando
Les tyrans ne doivent pas toujours mourir dans leur lit
se disaient les membres du commando en arrivant dans la capitale
paraguayenne par des voies terrestres et aériennes. Mission : abattre
Somoza. L’opération avait été soigneusement planifiée : acheminement
des armes, location d’appartements, achats de véhicules, et même
l’acquisition d’un kiosque à journaux à proximité de la villa de
Somoza. Pendant plusieurs semaines, les habitudes de « Tachito » et de
sa garde rapprochée ont été observées. A quelle heure sortait-il ?
Quelle voiture empruntait-il ? Combien de véhicules de protection ? Le
17 septembre 1980 en fin de matinée, le commando passait à l’attaque.
Anastasio Somoza Debayle s’effondrait sous les balles. Même sa maitresse ne l’a pas regretté.
José Fort
Le Nicaragua
Situé entre l’Atlantique à l’est et le Pacifique à
l’ouest, au nord du Costa Rica et au sud du Honduras, le Nicaragua est
traversé sur sa côte ouest par la route interaméricaine. C’est sur
cette côte que se situent toutes les villes, Managua, la capitale,
tapie derrière un lac qui porte son nom, Chinandega, Leon, Masaya,
Granada. Les tribus indiennes vivent sur la côte est.
Pas de répit pour le jeune pouvoir
Dès 1981, mercenaires et anciens gardes somozistes
encadrés par la CIA entamaient une guerre non déclarée pour le compte
des Etats-Unis. Depuis ses bases du Costa Rica et du Honduras, la
« contra » attaquait les nouvelles coopératives paysannes, assassinait
les cadres sandinistes. Ronald Reagan et Bush père se lancèrent dans le
trafic d’armes et de stupéfiants connu sous le nom d’« Irangate » pour
financer et armer la « contra ».
En mémoire
Joël Fieux
Des dizaines de coopérants français sont partis aider
le peuple nicaraguayen. Deux d’entre eux sont tombés sous les balles de
la « contra » : Pierre Grosjean, tué en 1983 et Joël Fieux, tombé trois
ans plus tard dans une embuscade.
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