Pour sortir de la MINUSTAH : Vers une gouvernance écologique de l’île Kiskeya
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Pour sortir de la MINUSTAH : Vers une gouvernance écologique de l’île Kiskeya
[size=15]Débat
Par Par Jean-Claude Chérubin
[size=15] Un ancien ambassadeur de la
République Dominicaine, accrédité en Haïti, a lancé l’idée d‘une entité
fédérale intégrant les deux parties de l’île. Cette déclaration
s’inspire indubitablement du destin manifeste de l’Unité de Kiskeya
qu’un sous racisme primaire hérité du colonialisme ne saurait longtemps
contrarier. En quoi une telle démarche est-elle d’actualité ? Et
surtout quels contours elle devrait prendre pour constituer une réponse
aux défis de l’heure ? Comment l’inscrire véritablement en alternative
à la crise de civilisation que l’humanité traverse actuellement ?
La démarche de fédérer les deux États n’a rien d’insolite en
elle-même pour qui est informé du fondement de notre existence de
peuple et du positionnement de l’entité Kiskeya dans l’aventure
humaine. Ce qu’il importe de méditer cependant, c’est son actualité et
surtout les contours qu’elle devrait prendre pour s’inscrire
véritablement en alternative à la crise de civilisation que nous
traversons.
Lorsque les colonialistes dépècent un territoire et sa population,
ils obéissent à des intérêts matériels à courte vue. Ils laissent
trainer des situations explosives, fonctionnant comme des bombes à
retardement avec des mines antisociales qui hypothèquent la vie de
générations entières. La répartition de l’île d’Ayiti, sous l’effet de
la chirurgie coloniale, relève de cette logique. Les blessures vives
qui en résultent s’appellent : de nos jours la situation révoltante des
bateys, l’inimitié entretenue au sein d’un peuple coupé en deux et hier
le massacre de nos compatriotes par un tyran à l’idéologie fascisante.
Pourtant, au-delà de l’évidence géographique, tout semble indiquer
l’unité du destin des Ayitiens et des Dominicains.
Les leçons des défis écologiques actuels
Les catastrophes écologiques imposent de nouveaux défis à l’humanité
et ignorent les frontières réelles et naturelles voire les barrières
artificielles érigées par les intérêts égoïstes des hommes. La grippe
aviaire n’a pas besoin de visa ni de se soumettre au contrôle des
postes de police. Le réchauffement climatique ne connait pas de préjugé
racial ni de préférence idéologique. La crise environnementale nous
place devant des responsabilités qui transcendent les clivages
politiques. Elle tend à mettre à nu l’inanité et l’absurdité de
certaines conceptions du monde. Elle nous situe à un carrefour où nous
avons le choix entre sombrer dans la préhistoire ou la transcender pour
engager la vraie aventure humaine.
Les nouveaux enjeux environnementaux nous indiquent la voie à
prendre ou à éviter si nous voulons sortir de l’impasse et assurer
l’avenir des générations futures, ce qui pose l’urgence d’une utopie
créatrice. En ce sens, le concept de gouvernance écologique
démocratique ouvre un champ de perspectives à explorer pour
l’expérimentation d’une alternative. Les formes actuelles de gestion de
la planète et de la vie quotidienne de nos peuples, issues de la vision
prédatrice imposée par l’occident, ont dramatiquement échoué. Les
catastrophes écologiques nous interpellent à repenser profondément les
rapports des hommes entre eux et avec les autres créatures. Elles nous
renvoient à une autre vision de la vie, plus proche de celle des
peuples « vaincus » que de la modernité « triomphante », une vision qui
tient compte du fait que l’homme partage non seulement la terre avec
d’autres êtres vivants mais que toutes ces formes de vie sont
solidaires. Il faudra dépasser une certaine conception
anthropocentrique pour bien situer l’homme dans ce complexe
d’interrelations qui le lie à son environnement. C’est à ce niveau que
l’histoire interpelle le (s) peuple (s) de l’île Kiskeya à sortir
ensemble du marasme et indiquer en même temps au reste du monde la voie
de rupture nécessaire au sauvetage de la planète.
Dans le brouillard épais d’initiatives confuses, le rêve kiskeyen a
scintillé à travers l’idée d’un État fédéral, réunissant les deux
parties de l’île en une entité nouvelle. Cette intégration des deux
républiques pourrait se faire sur la base d’une approche écologique de
la gouvernance de l’île, laquelle pourrait démarrer par la définition
et la mise en œuvre d’une politique environnementale commune. Cette
politique passerait par une harmonisation des législations nationales
et un engagement solidaire aux accords internationaux en la matière.
L’identification, l’aménagement et la gestion transfrontaliers d’aires
protégées offriraient l’opportunité d’avancer progressivement sur une
base concrète, possibilité dégagée par la Déclaration de Barahona,
signée le 7 août 2009 par les deux gouvernements, si elle est mise en
application. Le fonctionnement d’un système d’échange d’informations et
de technologies, l’élaboration d’un ordre juridique commun nous
conduirait à la constitution d’un espace écologique kiskeyen, moteur
d’une conception alternative d’intégration caribéenne.
Si sur le plan culturel il existe une discontinuité due à notre
domination par des oppresseurs différents, sur le plan écologique
l’unité de l’île est incontournable. C’est fort de cette évidence qu’il
nous faut reconstituer l’harmonie humaine du peuple de Kiskeya. De même
que la diversité écologique de notre écosystème constitue une richesse
à préserver, la diversité culturelle de notre peuple est un élément de
force et non de faiblesse sur lequel nous pouvons bâtir une alternative
de civilisation. En même temps, elles sont l’occasion d’un recours aux
sources culturelles non entamées par la logique technicienne
productiviste. Quoi qu’on dise, mises à part la tâche sombre du
massacre de Trujillo et, ça et là, des tensions à relents
post-coloniaux esclavagistes, l’histoire de la coexistence de nos deux
peuples est globalement positive.
Une vision du monde et une politique internationale défaillante
Prise dans son traditionnel dilemme en matière d’opération de paix,
à savoir s’il faut démocratiser d’abord et stabiliser ensuite ou
l’inverse, l’ONU nous confectionne une démocratie au rabais pour État
en faillite. Nos astucieux politiciens, spécialistes en natation en
eaux troubles n’en demandent pas mieux. Pendant que le pays s’enfonce
dans l’abîme, ils jouent, en petits malins gloutons, à se couillonner,
s’entredéchirer et s’autodétruire.
Refusant de prendre acte que le cadre institutionnel international
actuel est incapable de répondre aux défis du temps, ils s’enfoncent de
sommet en sommet dans des crises irrémédiables. L’exemple de la
MINUSTAH est illustrant à ce propos. Enfermé dans le carcan du chapitre
VII de la charte, le Conseil de Sécurité est obligé pour la renouveler
de répéter à chaque fois qu’Ayiti constitue une menace pour la paix et
la sécurité internationales malgré les centaines de millions de dollars
dépensés depuis six ans pour « stabiliser » la situation. Pour sortir
du ridicule, il suffirait d’innover en déclarant Ayiti patrimoine
écologique commun de l’humanité ; nos casques bleus deviendraient des
casques verts pour exécuter un programme de solidarité internationale
visant à réhabiliter l’environnement du territoire ayisyen. La seule
difficulté est qu’il ne semble pas avoir de provision légale
institutionnelle à cet effet. Pourtant, ils n’ont aucun problème pour
violer la constitution de 1987 en nous imposant des armées étrangères
sur le territoire national ou de changer la législation du travail pour
transformer nos ouvriers et ouvrières en esclaves de la sous-traitance.
Au mandat déjà très mal défini - émanant d’une résolution du Conseil
de Sécurité au titre du chapitre VII de la Charte pour on ne sait plus
imposer, maintenir ou restaurer la paix, prévenir, mettre fin ou gérer
une situation post conflit - la MINUSTAH ne finit pas de stabiliser
Haïti. Discréditée, au point d’être affublée de tous les sobriquets par
la malice populaire, et même soupçonnée de trafics illicites, la
MINUSAH se fait garant du maintien d’un statu quo qui enfonce le pays
dans la désespérance. A coup de milliards de dollars, dotée d’un
personnel pléthorique manipulant engins de guerre et discours
« astucieux », l’international assiste impuissant et/ou complice à la
détérioration irrémédiable de l’environnement physique, social et
politique de notre pays. Les tergiversations de la dernière conférence
de Bali dues à des préoccupations mercantiles ont montré l’incapacité
du système à faire face aux problèmes qu’il a engendrés. Le prochain
sommet de Copenhague ne s’annonce pas sous des meilleurs jours. La
menace écologique met à nu l’impasse catastrophique d’un choix de mode
de vie.
A force de résister à ce qui est inscrit comme impératif historique
de notre peuple, on finira par nous imposer des caricatures qui s’en
inspirent comme cela semble de plus en plus se dessiner au vu de la
valse incessante des envoyés spéciaux. Or, la seule spécialité de ces
commissaires civils d’un nouveau genre est d’ignorer délibérément la
vraie nature du projet libérateur ayisyen (au lieu de se mettre
humblement à l’exécuter) qui se trouve être l’alternative à l’impasse
civilisationnelle qui a plongé l’humanité dans cette crise
environnementale irréversible. Associés à des laquais locaux, qui dans
leur ignorance ne rêvent que de négocier le dépôt qui nous est confié
contre des promesses de jobs de sous-traitance, ils viennent nous
imposer de trouver notre salut dans les déchets des décombres de leur
civilisation.
Manifester notre propre vision du monde
L’abandon du rêve de l’unité de l’île dans la perspective d’une
alternative de civilisation ne peut que nous conduire à la dérive, à la
merci des prédateurs moribonds. A une crise de civilisation il faut une
alternative de civilisation. En dehors de cette voie, l’île entière est
condamnée à sombrer irrémédiablement telle une épave abandonnée. Il n’y
a aucun avenir pour une partie sans l’autre, ni de salut dans les
décombres de l’actuelle civilisation en trépas. Que l’international
saisisse enfin l’occasion de sa présence en Ayiti pour initier une
« sortie de civilisation », en retrouvant la clef de l’équilibre et de
l’harmonie qui a fait de Kiskeya l’Ile paradisiaque qui a émerveillé le
fameux navigateur génois. Malheureusement pour lui et pour l’humanité,
il a voulu prendre d’assaut la porte du paradis à la pointe de ses
baïonnettes en imposant sa vision du monde. Aujourd’hui, en cette fin
de cycle, on est en train de répéter la même faute grave. Avec de
superbes chars d’assaut, on vient chercher une sortie des enfers avec
la même vision du monde qui nous y a conduits.
L’effort à consentir pour nous positionner en exemple d’une île
démocratique, pacifique et écologiquement viable est largement à notre
portée. Les vieux démons minoritaires aux intérêts matériels égoïstes
qui tendent à entretenir les germes de haine et de division, malgré
leur anachronisme, ne consentiront pas facilement à partir. Les
initiatives pour les contrecarrer ne manquent pas heureusement au
niveau quotidien, informel et populaire, suppléant ainsi au déficit
d’une politique officielle.
Nos pays et nos peuples sont doublement victimes du système qui
s’effondre. D’une part, il s’est construit sur notre dos par le pillage
de nos ressources et de nos énergies. De l’autre, nous subissons les
conséquences de ses dérives globales. Nous sommes en ce sens les mieux
placés pour lui indiquer la voie à suivre.
Tandis qu’Haïti continue de faire les frais de sa légendaire
arrogance identitaire, la République dominicaine est en train de tirer
un profit incertain de son déficit d’identité. Ensemble, ils pourraient
mieux se positionner sur la scène internationale et offrir à l’humanité
un nouveau monde à découvrir.
ZO (KSIL)
NOVEMBRE 2009
Par Par Jean-Claude Chérubin
[size=15] Un ancien ambassadeur de la
République Dominicaine, accrédité en Haïti, a lancé l’idée d‘une entité
fédérale intégrant les deux parties de l’île. Cette déclaration
s’inspire indubitablement du destin manifeste de l’Unité de Kiskeya
qu’un sous racisme primaire hérité du colonialisme ne saurait longtemps
contrarier. En quoi une telle démarche est-elle d’actualité ? Et
surtout quels contours elle devrait prendre pour constituer une réponse
aux défis de l’heure ? Comment l’inscrire véritablement en alternative
à la crise de civilisation que l’humanité traverse actuellement ?
La démarche de fédérer les deux États n’a rien d’insolite en
elle-même pour qui est informé du fondement de notre existence de
peuple et du positionnement de l’entité Kiskeya dans l’aventure
humaine. Ce qu’il importe de méditer cependant, c’est son actualité et
surtout les contours qu’elle devrait prendre pour s’inscrire
véritablement en alternative à la crise de civilisation que nous
traversons.
Lorsque les colonialistes dépècent un territoire et sa population,
ils obéissent à des intérêts matériels à courte vue. Ils laissent
trainer des situations explosives, fonctionnant comme des bombes à
retardement avec des mines antisociales qui hypothèquent la vie de
générations entières. La répartition de l’île d’Ayiti, sous l’effet de
la chirurgie coloniale, relève de cette logique. Les blessures vives
qui en résultent s’appellent : de nos jours la situation révoltante des
bateys, l’inimitié entretenue au sein d’un peuple coupé en deux et hier
le massacre de nos compatriotes par un tyran à l’idéologie fascisante.
Pourtant, au-delà de l’évidence géographique, tout semble indiquer
l’unité du destin des Ayitiens et des Dominicains.
Les leçons des défis écologiques actuels
Les catastrophes écologiques imposent de nouveaux défis à l’humanité
et ignorent les frontières réelles et naturelles voire les barrières
artificielles érigées par les intérêts égoïstes des hommes. La grippe
aviaire n’a pas besoin de visa ni de se soumettre au contrôle des
postes de police. Le réchauffement climatique ne connait pas de préjugé
racial ni de préférence idéologique. La crise environnementale nous
place devant des responsabilités qui transcendent les clivages
politiques. Elle tend à mettre à nu l’inanité et l’absurdité de
certaines conceptions du monde. Elle nous situe à un carrefour où nous
avons le choix entre sombrer dans la préhistoire ou la transcender pour
engager la vraie aventure humaine.
Les nouveaux enjeux environnementaux nous indiquent la voie à
prendre ou à éviter si nous voulons sortir de l’impasse et assurer
l’avenir des générations futures, ce qui pose l’urgence d’une utopie
créatrice. En ce sens, le concept de gouvernance écologique
démocratique ouvre un champ de perspectives à explorer pour
l’expérimentation d’une alternative. Les formes actuelles de gestion de
la planète et de la vie quotidienne de nos peuples, issues de la vision
prédatrice imposée par l’occident, ont dramatiquement échoué. Les
catastrophes écologiques nous interpellent à repenser profondément les
rapports des hommes entre eux et avec les autres créatures. Elles nous
renvoient à une autre vision de la vie, plus proche de celle des
peuples « vaincus » que de la modernité « triomphante », une vision qui
tient compte du fait que l’homme partage non seulement la terre avec
d’autres êtres vivants mais que toutes ces formes de vie sont
solidaires. Il faudra dépasser une certaine conception
anthropocentrique pour bien situer l’homme dans ce complexe
d’interrelations qui le lie à son environnement. C’est à ce niveau que
l’histoire interpelle le (s) peuple (s) de l’île Kiskeya à sortir
ensemble du marasme et indiquer en même temps au reste du monde la voie
de rupture nécessaire au sauvetage de la planète.
Dans le brouillard épais d’initiatives confuses, le rêve kiskeyen a
scintillé à travers l’idée d’un État fédéral, réunissant les deux
parties de l’île en une entité nouvelle. Cette intégration des deux
républiques pourrait se faire sur la base d’une approche écologique de
la gouvernance de l’île, laquelle pourrait démarrer par la définition
et la mise en œuvre d’une politique environnementale commune. Cette
politique passerait par une harmonisation des législations nationales
et un engagement solidaire aux accords internationaux en la matière.
L’identification, l’aménagement et la gestion transfrontaliers d’aires
protégées offriraient l’opportunité d’avancer progressivement sur une
base concrète, possibilité dégagée par la Déclaration de Barahona,
signée le 7 août 2009 par les deux gouvernements, si elle est mise en
application. Le fonctionnement d’un système d’échange d’informations et
de technologies, l’élaboration d’un ordre juridique commun nous
conduirait à la constitution d’un espace écologique kiskeyen, moteur
d’une conception alternative d’intégration caribéenne.
Si sur le plan culturel il existe une discontinuité due à notre
domination par des oppresseurs différents, sur le plan écologique
l’unité de l’île est incontournable. C’est fort de cette évidence qu’il
nous faut reconstituer l’harmonie humaine du peuple de Kiskeya. De même
que la diversité écologique de notre écosystème constitue une richesse
à préserver, la diversité culturelle de notre peuple est un élément de
force et non de faiblesse sur lequel nous pouvons bâtir une alternative
de civilisation. En même temps, elles sont l’occasion d’un recours aux
sources culturelles non entamées par la logique technicienne
productiviste. Quoi qu’on dise, mises à part la tâche sombre du
massacre de Trujillo et, ça et là, des tensions à relents
post-coloniaux esclavagistes, l’histoire de la coexistence de nos deux
peuples est globalement positive.
Une vision du monde et une politique internationale défaillante
Prise dans son traditionnel dilemme en matière d’opération de paix,
à savoir s’il faut démocratiser d’abord et stabiliser ensuite ou
l’inverse, l’ONU nous confectionne une démocratie au rabais pour État
en faillite. Nos astucieux politiciens, spécialistes en natation en
eaux troubles n’en demandent pas mieux. Pendant que le pays s’enfonce
dans l’abîme, ils jouent, en petits malins gloutons, à se couillonner,
s’entredéchirer et s’autodétruire.
Refusant de prendre acte que le cadre institutionnel international
actuel est incapable de répondre aux défis du temps, ils s’enfoncent de
sommet en sommet dans des crises irrémédiables. L’exemple de la
MINUSTAH est illustrant à ce propos. Enfermé dans le carcan du chapitre
VII de la charte, le Conseil de Sécurité est obligé pour la renouveler
de répéter à chaque fois qu’Ayiti constitue une menace pour la paix et
la sécurité internationales malgré les centaines de millions de dollars
dépensés depuis six ans pour « stabiliser » la situation. Pour sortir
du ridicule, il suffirait d’innover en déclarant Ayiti patrimoine
écologique commun de l’humanité ; nos casques bleus deviendraient des
casques verts pour exécuter un programme de solidarité internationale
visant à réhabiliter l’environnement du territoire ayisyen. La seule
difficulté est qu’il ne semble pas avoir de provision légale
institutionnelle à cet effet. Pourtant, ils n’ont aucun problème pour
violer la constitution de 1987 en nous imposant des armées étrangères
sur le territoire national ou de changer la législation du travail pour
transformer nos ouvriers et ouvrières en esclaves de la sous-traitance.
Au mandat déjà très mal défini - émanant d’une résolution du Conseil
de Sécurité au titre du chapitre VII de la Charte pour on ne sait plus
imposer, maintenir ou restaurer la paix, prévenir, mettre fin ou gérer
une situation post conflit - la MINUSTAH ne finit pas de stabiliser
Haïti. Discréditée, au point d’être affublée de tous les sobriquets par
la malice populaire, et même soupçonnée de trafics illicites, la
MINUSAH se fait garant du maintien d’un statu quo qui enfonce le pays
dans la désespérance. A coup de milliards de dollars, dotée d’un
personnel pléthorique manipulant engins de guerre et discours
« astucieux », l’international assiste impuissant et/ou complice à la
détérioration irrémédiable de l’environnement physique, social et
politique de notre pays. Les tergiversations de la dernière conférence
de Bali dues à des préoccupations mercantiles ont montré l’incapacité
du système à faire face aux problèmes qu’il a engendrés. Le prochain
sommet de Copenhague ne s’annonce pas sous des meilleurs jours. La
menace écologique met à nu l’impasse catastrophique d’un choix de mode
de vie.
A force de résister à ce qui est inscrit comme impératif historique
de notre peuple, on finira par nous imposer des caricatures qui s’en
inspirent comme cela semble de plus en plus se dessiner au vu de la
valse incessante des envoyés spéciaux. Or, la seule spécialité de ces
commissaires civils d’un nouveau genre est d’ignorer délibérément la
vraie nature du projet libérateur ayisyen (au lieu de se mettre
humblement à l’exécuter) qui se trouve être l’alternative à l’impasse
civilisationnelle qui a plongé l’humanité dans cette crise
environnementale irréversible. Associés à des laquais locaux, qui dans
leur ignorance ne rêvent que de négocier le dépôt qui nous est confié
contre des promesses de jobs de sous-traitance, ils viennent nous
imposer de trouver notre salut dans les déchets des décombres de leur
civilisation.
Manifester notre propre vision du monde
L’abandon du rêve de l’unité de l’île dans la perspective d’une
alternative de civilisation ne peut que nous conduire à la dérive, à la
merci des prédateurs moribonds. A une crise de civilisation il faut une
alternative de civilisation. En dehors de cette voie, l’île entière est
condamnée à sombrer irrémédiablement telle une épave abandonnée. Il n’y
a aucun avenir pour une partie sans l’autre, ni de salut dans les
décombres de l’actuelle civilisation en trépas. Que l’international
saisisse enfin l’occasion de sa présence en Ayiti pour initier une
« sortie de civilisation », en retrouvant la clef de l’équilibre et de
l’harmonie qui a fait de Kiskeya l’Ile paradisiaque qui a émerveillé le
fameux navigateur génois. Malheureusement pour lui et pour l’humanité,
il a voulu prendre d’assaut la porte du paradis à la pointe de ses
baïonnettes en imposant sa vision du monde. Aujourd’hui, en cette fin
de cycle, on est en train de répéter la même faute grave. Avec de
superbes chars d’assaut, on vient chercher une sortie des enfers avec
la même vision du monde qui nous y a conduits.
L’effort à consentir pour nous positionner en exemple d’une île
démocratique, pacifique et écologiquement viable est largement à notre
portée. Les vieux démons minoritaires aux intérêts matériels égoïstes
qui tendent à entretenir les germes de haine et de division, malgré
leur anachronisme, ne consentiront pas facilement à partir. Les
initiatives pour les contrecarrer ne manquent pas heureusement au
niveau quotidien, informel et populaire, suppléant ainsi au déficit
d’une politique officielle.
Nos pays et nos peuples sont doublement victimes du système qui
s’effondre. D’une part, il s’est construit sur notre dos par le pillage
de nos ressources et de nos énergies. De l’autre, nous subissons les
conséquences de ses dérives globales. Nous sommes en ce sens les mieux
placés pour lui indiquer la voie à suivre.
Tandis qu’Haïti continue de faire les frais de sa légendaire
arrogance identitaire, la République dominicaine est en train de tirer
un profit incertain de son déficit d’identité. Ensemble, ils pourraient
mieux se positionner sur la scène internationale et offrir à l’humanité
un nouveau monde à découvrir.
ZO (KSIL)
NOVEMBRE 2009
obsèvatè- Star
-
Nombre de messages : 200
Localisation : la nature
Opinion politique : ....
Loisirs : ....
Date d'inscription : 18/06/2007
Feuille de personnage
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Re: Pour sortir de la MINUSTAH : Vers une gouvernance écologique de l’île Kiskeya
Ti Chérubin mwen wè wap byen mennen !!!
Amoph
Amoph
Amoph- Star
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Date d'inscription : 24/08/2006
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