Un contrat en or pour Haïti
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Un contrat en or pour Haïti
Un contrat en or pour Haïti
Max Dorismond mx2005@yahoo.ca
Au cours du moi de mai écoulé, sur une station de radio Montréalaise, j'ai entendu une voix familière parler de contrat minier qu'il a signé avec une compagnie international de haute voltige,
La Eurasian Mineral New Mount[ (EMX).
C'était Dannel Bélizaire, ingénieur minier très connu dans le milieu des affaires de P-au-P. Il était interviewé à propos du contrat que sa compagnie, la Société Minière Citadelle S.A. venait de signer avec la compagnie EMX pour l'exploitation de deux gisements d'or dans la localité de Grand Bois et de Morne Bossa, dans le nord de l'île. A l'entendre, Haïti a trouvé le pactole en obtenant 50% du profit net de l'exploitation des gisements stipulés, sans y avoir investir un sou. Féru de sciences minières, Dannel, qui a étudié le génie en Haïti, avec une spécialisation en Italie et une maîtrise es science à l'Université de Montréal, connaissait très bien son dossier. Il parlait en maître. Fier de sa réussite, il expliquait aux auditeurs son exploit avec la satisfaction du devoir accompli.
Je ne pouvais me fier à mes oreilles pour avoir été au courant du dossier de Dannel durant les années 90. Dans le journal «La Presse de Montréal», j'avais entendu parler de ce contrat, mais aucun détail sur la distribution du profit n'a été mentionné. Pour me situer et être sûr de l'affaire, j'ai été effectivement vérifié le journal officiel du gouvernement Haïtien «Le Moniteur » du mercredi 4 mai 2005. En effet, l'ingénieur Bélizaire a convaincu Eurasian Mineral d'acheter le contrat selon les conditions préalablement stipulées et signées par son entité, La Société Minière Citadelle S.A. avec le Gouvernement Haïtien, en vertu de la Convention minière inscrite dans le Numéro Spécial du dit journal.
Selon les prescrits de l'article 26.4 de la page 18, « Le montant total des valeurs a verser à l'État par la société à titre de redevance pour enlèvement de minerai, de droit minier spécial, d'impôt sur le revenu et de taxe sur les dividendes, ne devra en aucun cas, dépasser, ni être inférieur à 50% des revenus nets du projet ». «A cet égard, l'impôt sur le revenu a été fixé à 33% des revenus nets, la taxe sur les dividendes à 15% des dividendes réputés distribués à des actionnaires, les redevances pour enlèvements de minerai à 2,5% de la valeur du doré, et, enfin, le droit minier spécial à 0,20$ US par tonne de minerai extrait ». « Aucune autre obligation financière existante ou à intervenir ne pourra affecter la présente disposition ».
[size=18][size=18]Depuis plus de vingt ans, Dannel travaillait ce dossier. En 1985, un sac de cinq livres de gravats, extraits de Morne Bossa, a été analysé à Montréal par les laboratoires de la firme internationale SNC-Lavalin inc, l'un des plus gros bureaux d'ingénierie du Canada. A son compte, M. Bélizaire défrayait les coûts des études de faisabilité, les analyses de risques. Il était en contact permanent avec les compagnies minières du Canada, telle, la Sainte Geneviève Inc, les compagnies américaines Brew X, s'il faut énumérer que ces deux là. Une dizaine d'années de cela, il m'avait fait visionner le film d'une prestation qu'il avait donnée à P-au-P, à l'hôtel Holiday In Plaza, en vue de mettre plein la vue aux hommes d'affaires du pays invités à investir dans sa société. Tout le gratin de la haute bourgeoisie d'Haïti s'y était donné rendez-vous. Le caviar ne se faisait pas prier ce jour là. Et encore, toujours à ses propres frais.
Parmi ses études du risque, Dannel en avait négligée la plus imprévisible : celle des «grands mangeurs» des pouvoirs éphémères de 1986 à 2004. A l'arrivée de chaque nouveau locataire au Palais, certains magouilleurs professionnels qui avaient préalablement ciblé les activités de l'ingénieur pour sa potentialité économique passèrent à l'attaque pour l'évincer du décor. A chaque fois, ce dernier devrait se mettre à couvert et laisser passer la caravane, car, ces assoiffés de billets verts ne s'embarrasseraient d'aucun scrupule pour l'éliminer.
A quoi peut-on attribuer sa chance de survie? C'est simple à expliquer : Ces grands mangeurs, (GM), habituellement des amis du pouvoir du moment, veulent s'enrichir vite, très, très vite. C'est pressant leur tactique, car en Haïti, le pouvoir est comme une étoile filante. Il ne dure que l'espace d'un éclair. En essayant de mettre la main sur l'or du sous sol de Morne Bossa ou de Grand Bois, ils constatent qu'il n'y a que de la terre et de gros cailloux à bouffer. L'or n'est pas accroché aux feuilles des arbres. Par conséquent, pour l'extraire, faut investir ses propres billets verts. Donc, les GM viennent de faire une entorse à leur vocation expresse, à savoir, mettre la main sur toutes espèces sonnantes et trébuchantes. Ils sont là pour spolier et non pour investir. Devant cette déconvenue, ils ont ravalé leurs prétentions et abandonné leur rêve du Klondike River[.
Ainsi, Dannel pouvait à chaque fois, retourner en Haïti, le cœur léger, et, continuer à négocier avec des compagnies étrangères, d'où le contrat avec EMX, la Eurasian Mineral New Mount, aujourd'hui.
Ce qu'il y a d'intéressant et de particulier dans le contrat de EMX, c'est l'interpellation qui s'impose par rapport à celui signé en 1956 par la Reynolds Haitian Mines inc avec l'État haïtien, pour l'extraction de la bauxite¹ de Miragoâne. Ce contrat avait permis au consortium américain de siphonner le pays économiquement. En 1975, après la création de l'INAREM, l'institut National des Ressources Minérales, le gouvernement d'alors réclama de la taxe supplémentaire à la Reynolds. Cette dernière ne remettait qu'un p'tit 120 000,00$ par année au pays. Ainsi, le 27 août 1975, «un nouveau contrat financier a été signé en vue de réviser le montant des taxes pour les années 1974, 75 et 76». L'État haïtien en retira 1 000 000,00$ US de cette transaction. Fort de cette tournure, Haïti réclama la réouverture du contrat initiale. «Le 19 août 1980, un nouveau contrat fut signé entre la Reynolds et le DMRE
[size=18]le Département des Mines et des Ressources Énergétiques. Ce nouveau document «a tenu compte du contrat original et des différends amendements». Pour la période allant de 1978 à 1979, l'État Haïtien encaissa 14 000 000,00$ US. Et pour comble, «la Reynolds Haïtian Mines inc cessa ses activités à Miragoâne en octobre 1982, après avoir extrait 14, 227, 138 tonnes de bauxite de 1956 à 1982».
Quelle en fut la raison de cette tardive réclamation? Les instances haïtiennes avaient-elles commis l'irréparable où y avait-il eu collusion lors de la signature du contrat original?
Laissons à Jacques Barros, un chercheur de renom international qui 'était penché sur l'histoire de notre pays, nous résumer les raisons de cet échec.
Dans son ouvrage, « Haïti de 1804 à nos jours », Barros soutient que lors de la signature du contrat avec la Reynolds, les fonctionnaires haïtiens manquaient de formation et d'informations sur la teneur en minerai de Miragoâne. Pire encore, ils ne possédaient aucune technique de négociation. Ils furent royalement roulés par les spécialistes américains. D'où l'origine de la pitance qu'Haïti recevait depuis lors. C'était une façon doucereuse à Barros de dire que les négociateurs haïtiens de l'époque n'étaient purement et simplement que des incompétents.
Au contraire de 1956, l'ingénieur Bélizaire possède très bien le dossier aurifère d'Haïti. Or, dans la convention inscrite dans le journal Le Moniteur sus mentionné, il est dit que les conditions seront les mêmes pour tout autre gisement d'or découvert dans le futur sur le territoire de la République. Cette notion sera-t-elle respectée? Oui! À condition que l'ingénieur Bélizaire fasse partie de la solution. Non! Si l'égoïsme aveugle des futurs tenants du pouvoir les empêcheraient de penser «Pays».
Haïti, va-t-elle encaisser les 50% du profit net stipulés et obtenus par l'ingénieur Bélizaire avec la EMX? Cela reste à voir. C'est une toute autre histoire.
Toutefois, mon vieux Dan, tu as fait ta part en dotant ton pays d'un contrat solide au meilleur de tes connaissances, de tes capacités et de tes propres frais. Suite à tes nombreux voyages d'affaires à l'étranger, plusieurs amis de ton entourage s'interrogeaient à savoir si tu n'allais pas laisser ta chemise ou ta peau dans cette entreprise risquée à tous les niveaux. Tu étais le seul à y croire.
Donc, aujourd'hui, ils saluent ton courage et souhaitent bonne chance à Haïti. Toutes mes félicitations. Avec dix natifs comme toi, l'espoir a un pays.
Sasaye- Super Star
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