Je suis HAITIEN-Je parle CREOLE
Je suis HAITIEN-Je parle CREOLE
Pou nou respekte dezi MAK ,METAMANNYOK,dapre ekspresyon MATINIKE yo.
METAMANNYOK vle WEBMASTER an KREYOL MATINIKE
Yon ATIK pa Dr CAREY DARDOMPRE ki se pwofese FRANSE lan MASSACHUSETS
Misye pa di anpil bagay ki nouvo ,men misye repete MAXIMILIEN LAROCHE ki se desandan BARON DE VASTEY (POMPEE VALENTIN)
BARON DE VASTEY ki te sekrete DESSALINES e pita CHRISTOPHE.
www.potomitan.info/ayiti/dardompre/index.php
«Je suis Haïtien, je parle créole»
(Volet 1)
Carey Dardompré
Premier juin, 2021
Sitôt qu'un homme fut reconnu par un autre pour un être sentant, pensant et semblable à lui, le désir ou le besoin de lui communiquer ses sentiments et ses pensées lui en fit chercher les moyens. (J.J. Rousseau, Essais sur les origines des langues, 1791)i.
Qu’est-ce qu’une langue? «Quelle langue parlons-nous?» Parlons-nous haïtien ou créole1? Cet article propose de jeter un regard critique sur ces deux questions suscitant des querelles dogmatiques parmi les Haïtiens2 en diaspora américaine. Il invite à réfléchir sur le sens et la portée socio-historico-culturelle de l’appellation du créole, langue des Haïtiens. Pour répondre à ces questions nous tenterons de nous appuyer sur deux concepts fondamentaux: la créolisation et le panafricanisme.
La réflexion de Rousseau s'appuyant sur la nécessité, chez l'espèce humaine, d’avoir un moyen de communication est peut-être la juste réponse à la question préalablement posée: qu'est ce qu’une langue? La parole, dit-il, distingue l'homme d’entre les animaux: le langage distingue les nations entre elles; on sait seulement d’où vient un homme qu’après qu’il ait parlé; mais, s’interroge-t-il, qu'est-ce qui fait qu’une langue est celle de son pays et non pas d'un autre? (Voir Rousseau, 1791).
L’appellation, «créole», de la langue maternelle tient une grande importance, tant historique que culturelle, pour la plupart des Haïtiens. Le créole, comme l’admet une bonne majorité, est la langue parlée par tous les Haïtiens. C’est un musée national où réside tout notre patrimoine linguistique, historique et voire littéraire si l’on se réfère au nombre d’œuvres publiées, dans la langue, pendant ces quatre dernières décades. Nous voulons qu’il soit appelé créole non pas, par choix intellectuel mais bien parce que ce nom reflète historiquement notre militance et notre appartenance à l'africanité. Il serait même une marque identitaire. A priori, on attribue très facilement la nationalité haïtienne à celui qui parle créole. Devenue la langue officielle du pays depuis 1987, elle se trouve aujourd'hui en bonne position par rapport à la langue française qui détenait la première place durant la colonie. Mais voyons d’un peu plus près son parcours en essayant de répondre aux questions suivantes: dans quelle langue l’Haïtien devrait-il s’exprimer? Comment devrait-on l'appeler, cette langue? Devrait-on dire créole, ou créole haïtien comme le Mauricien qui dit créole mauricien, ne devrait-on pas dire, tout simplement, «haïtien» puisqu’on est Haïtien. Ces questions tendent à s’éterniser. Doit-on subir leur réminiscence et pourquoi sont-elles si récurrentes? D’ailleurs, les Anglais ne disent-ils pas qu’ils parlent anglais, aussi bien que les Français et les Allemands? Il paraît que toutes ces appellations s'appuient sur une logique et peuvent être utilisées à bon escient. Néanmoins, aux questions: «quelle langue parlez-vous?» et «Parlez-vous haïtien?» auxquelles un interlocuteur aurait répondu: «je ne parle pas créole, je parle haïtien» retient un peu notre attention. N’y a-t-il donc pas là une ambiguïté à clarifier.
D'entrée de jeu, il importe de souligner que la question, «parlez-vous haïtien?» est tout d’abord mal formulée. Sémantiquement, demander à quelqu'un de nationalité anglaise ou française: «parlez-vous anglais ou français?» ne convoque pas le même sens quand cette dernière est adressée à quelqu'un de nationalité haïtienne. La formule diffère selon le contexte. Par exemple, on ne demandera pas aux Cubains «parlez-vous cubain?», ou à un Dominicain «Parlez-vous dominicain?». Cela n’aurait pas de sens. Cette question, dans le cas des Haïtiens, émane, tout simplement d’une curiosité et elle provient, surtout de ceux qui connaissent peu la culture haïtienne. Parfois, n'étant pas capable de différencier le créole du français, ils vont jusqu'à croire que l’interlocuteur, en question, est en train de s'exprimer en français d'où le décalque du «créole haïtien». L’adjectif «haïtien», ici, modifiant la langue est tout à fait bien placé, puisqu’il suggère qu’il existe d'autres créoles. D’ailleurs, il n’est pas sans savoir qu’il existe aussi bien un «français haïtien». Dans Les gouverneurs de la rosée (p.34)ii, on lit Jacques Roumain qui fait dire à Bien-aimé s'adressant à son fils: «Baille-moi la main mon fils». Voilà un bon exemple parmi tant d'autres qu'on pourrait choisir dans ce même roman. Ce souci de préciser quel créole on parle, est presque inexistant chez les Haïtiens qui vivent dans leur pays. Pour bien confirmer cet argument, nous avons effectué une enquête. Il s'agissait, à la manière des anthropologues, de faire un travail de terrain. Sur une soixantaine d’haïtiens, un nombre pris arbitrairement, l'objectif était d'enquêter sur trois contrées différentes à qui nous avions posé les mêmes questions: nous avions interrogé vingt personnes en milieu rural; vingt étudiants de la ville du Cap-Haïtien, niveau secondaire et vingt personnes de la diaspora américaine. À l'unanimité les sujets ont révélé que leur langue maternelle était le créole et leur nationalité haïtienne. Les vingt étudiants qui ont été questionnés ont répondu qu’ils étaient fiers de leur langue, le créole, et fiers aussi de leur nationalité, «Haïtien». L’enquête ne s’est pas arrêtée là. Nous avons eu la chance de poser les mêmes questions à deux linguistes haïtiens: Darline Cothière et Hugue Saint-Fort, très connus pour leurs contributions à ce sujet. Dans l'enquête nous avons découvert que seuls les haïtiens qui vivent en diaspora disent qu'ils parlent haïtien.
Voici tout d’abord nos questions:
En tant qu’Haïtien, dans quelle langue devons-nous nous exprimer?
Comment appeler cette langue?
Devrait-on dire créole, ou créole haïtien comme le Mauricien le fait, ou tout simplement haïtien?
En qualité de linguiste, qu'en pensez-vous?
Voici ci-dessous la réponse de Darline Cothière suivie de celle de Hugues Saint-Fort:
La question ne devrait pas se poser en ces termes. La langue n'a pas de nationalité. On s'exprime tout simplement dans une langue qu'on connaît, commune à sa communauté ou à ses interlocuteurs. Cela dit, la langue a une valeur sociale en Haïti. Choisir d'utiliser le français ou le créole dans certains contextes peut avoir une signification particulière. Pour simplifier, on doit utiliser la langue commune aux Haïtiens tout en ayant le droit et le loisir d'utiliser n'importe quelle langue. Considérant qu'il existe plusieurs créoles dans le monde, il est plus approprié de parler de «créole haïtien».
A propos de ceux qui disent qu’il parle «haïtien», voici ci-dessous la position de Cothière qui est aussi la nôtre:
Je ne suis pas sûr de bien comprendre [la question]. A vrai dire, haïtien ou créole haïtien renvoie à la même chose, la langue maternelle des haïtiens. Il faut peut-être y voir une sorte de calque sur l'appellation des langues auxquelles ces personnes de la diaspora sont en contact, à savoir, l'anglais, le français.
La réponse de Saint-Fort est en parfaite harmonie avec celle de Cothière qui tout de même admet avoir compris d'où vient l'appellation «haïtien» de la langue. La voilà, ci-dessous, retranscrite telle qu’elle fut reçue:
La dénomination que mes ancêtres ont donnée à ma langue maternelle est le «kreyòl». C'est une longue histoire et je n'ai pas du tout l'intention de changer cette dénomination. Je continuerai donc à l'appeler «kreyòl» , comme le font la plupart de mes compatriotes.
Dans la mesure où il existe plusieurs langues créoles (certaines sont basées sur le français, d'autres sur l'anglais, ou sur le portugais ou sur l'espagnol), je précise toujours si je communique avec un locuteur qui n'est pas haïtien que je parle le créole haïtien. Je ne dis jamais que je parle «haïtien». Ce terme désigne une nationalité. Il ne désigne absolument pas le nom de la première langue parlée par tout Haïtien né et élevé en Haïti. Cette première langue a pour nom kreyòl.
J'ai tendance à être d'accord avec vous, lorsquela plupart des Haïtiens disent qu'ils parlent «haïtien vivent en diaspora. J'ai beaucoup écrit sur cette question à la fois dans des textes savants et pour le grand public, notamment sur le quotidien haïtien, Le Nouvelliste, il y a une bonne dizaine d'années. Le linguiste que je suis condamne absolument la dénomination «haïtien» et qui ne correspond pas à la réalité historique et l'origine bien documentée du terme lui-même.
Nous l'avions préalablement mentionné, l'option de l'appellation «haïtien» en lieu et place du terme «créole» est devenu, depuis un temps, l’objet d’un débat qui tend à se propager. Il est courant même ici dans la diaspora haïtienne de Boston. Au moment présent, sa propagation n’a de voix que dans le monde académique. Son appartenance à ce milieu demeure néanmoins alarmante. Car, les compatriotes qui soutiennent cette idée procèdent à sa revendication, non seulement avec fougue et passion, mais le pire c'est qu’ils appartiennent au secteur savant. C’est un atout dangereux qui peut finalement aboutir à accorder une posture de scientifique à l’idée même, alors qu’elle est mal conçue. Nous tenons par ce présent essai à écarter une telle erreur et apprécions le fait qu'il y ait des linguistes qui soutiennent notre démarche.
Nous comprenons, bon an mal an, la sensibilité de la question et la colère de ces collègues qui défendent avec véhémence la nouvelle appellation, mais la démarche est vaine et le résultat n’est pas du tout productif en ce qui concerne le devenir d'Haïti. Nous présentons les raisons: Tout d'abord, cette démarche nous éloigne des autres, elle partage avec la négritude le côté monolithique, trop centriste de cette mouvance, bien que nécessaire à son époque. Sans qu’ils ne s’en rendent compte, nous nous sommes éloignés de ces cadres de crises identitaires. Ils s’enfoncent dans une sorte de communautarisme où ils dressent l'haïtianité contre la créolité. Or, l’haïtianisme ou le panafricanisme, de par leurs caractéristiques, s'inscrit dans les valeurs de la créolité, si l’on se réfère à l’esthétique glissantienne parlant d’un monde en «Relation» où «les cultures se rencontrent, permettant l'échange sans se perdre». «C’est elle [en tant que notion] qui détermine la nécessaire mutation des humanités, des cultures ataviques aux cultures composites, de l‘identité racine à l‘identité rhizome» (Voir Serge Martin, Billets, Poétique de la Relation,iii). Il faut dire aussi que certains de nos intellectuels trop souvent, s'enferment dans un monde de réflexion, non seulement subjective mais aussi binaire, où ils se perdent dans leur rhétorique. Également, ils demeurent confinés, à leur insu, dans le carcan colonial. Le passé colonial persiste dans leur présent, et imprègne toutes déductions possibles. Or, le monde, en soi, est plutôt d'une complexité telle qu'il offre très peu de transparence ou de compréhensions simples ou binaires.
Dûes aux différentes ruptures qui se sont opérées ultérieurement, le passé des migrants de la traite négrière s'avère encore plus complexe à reconstruire. Pour ce qui a d'histoire, exprime Édouard Glissant dans son Tout-mondeiv, «il nous reste à la déterrer ou à l'élever parmi nous». L'histoire du migrant pense-t-il est «un corps sans tête» (Glissant, 1995 : 18). Il ne lui est pas donné de remonter dans son passé au-delà de trois siècles. Nous, «les migrants nus», comme le confirme Glissant par ce terme assez descriptif, sommes des déracinés coupés de notre souche, différents des Békés qui eux sont arrivés aux Antilles avec leurs batteries de cuisine, leur chansons, leurs langues et leurs us et coutumes. Par contre, nous autres les Noirs, au moment des razzias, n’avons pas eu le temps de prendre avec nous quoi que ce soit. Ce fut, pour nous, l’expérience du «gouffre»v (voir Glissant :18) celle des cales puantes, entassés comme des sardines en dépit de toutes distinctions d'âge ou de genres, puis, ce fut «le gouffre» des habitations de cannes, pour nous autres les Haïtiens et celui du coton pour les frères noirs des Etats-Unis. Cela a bien duré plus de trois siècles. Nous n’avons même pas pu bénéficier de l’apport des historiens ou chercheurs de l'époque. Ils se souciaient peu de ce groupe d’hommes/femmes étant plutôt, pour eux, des hommes-choses. De l'époque des colonies il n’y a eu que Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry (1750 - 1819) qui a laissé quelques traces écrites de ce temps. Le terme «trace» n’est pas à prendre à la légère, nous l’empruntons aussi à Glissant qui dans sa théorie de la «Relation» le mentionne pour désigner qu’au moment du débarquement le «migrant-nu» n’avait pour lui que sa mémoire. Zombifié, il a tout fait pour sortir du néant. Ce fut le cas aussi pour ceux qui, plus tard, réclamèrent en ce jour de 1804, d’être dénommés désormais Haïtiens3. Ils vont eux-mêmes adopter leur propre langue, «le créole» et vont s’approprier 27.000 km2 de la colonie de Saint-Domingue, à laquelle ils donnent le nom d’Haïti. Alors, voilà nombre d'indices qui rendent certains aspects de notre histoire un peu difficiles à cerner.
Je suis Créole, donc je suis Panafricaniste.
Les repères étant bien établis, revenons à la question qui nous préoccupe: qu’est-ce que l’Haïtien aura à perdre en disant qu’il ne parle pas «créole», mais qu’il parle «haïtien»? En fait, lorsqu’un Haïtien déclare qu’il parle «créole» et qu’il est Haïtien, ceci révèle d'un état de droit acquis et qu’il a payé au prix de son sang. L'adoption du mot «créole» pour désigner sa langue est juste une appellation que tout un chacun devrait respecter. Car, d’un point de vue sémiotique, cette appellation révèle tout son passé: un importé de l’Afrique dans le projet du mercantilisme, ce mot renvoie aussi à tout un alliage de cultures ou tous les éléments s'imposent et s'opposent. Le vodouisant, par exemple, n’a pas ce problème, il est convaincu de sa valeur intrinsèque, un composite fait de toute la côte ouest de l’Afrique-mère en intégrant même malicieusement, l'apport européen imposé. Quand il est monté par ses papalwa -les divinités d'Afrique- qui peuvent être représentées dans son houmfò par une icône empruntée à l'église catholique occidentale- ne dit-t-il pas: «il y a 21 nations d'Afrique qui dansent dans sa tête». Faisons un peu d’histoire en nous appuyant sur l’apport des cultures ancestrales. Retour à l'africanité est le mot clé. Ceci englobe toutes les ethnies de la côte occidentale du continent-mère y compris leur culture: la métamorphose s’est opérée en 1791 dans la nuit du 14 août au Bois caïman, le lieu et la date de naissance du panafricanisme. Le soulèvement des esclaves au Bois Caïman et l'Acte de l'indépendance ont, de ce point de vue, deux points essentiellement symboliques: si la Cérémonie marque la première tentative d’un retour à l'africanité, l’Acte de l'Indépendance en adoptant en ce jour du 1er janvier 1804 le nom de l'île donné par les Arawaks témoigne de notre solidarité à nos frères qui ont habité l'île avant notre arrivée. L'Acte témoigne aussi de notre volonté de puissance et la naissance du panafricanisme. On pourrait, en lieu et place du panafricanisme, dire «créole», en empruntant à Glissant, bien entendu, la définition qu’il donne à ce terme. Le terme créole ou mieux encore créolisation renforce notre propos concernant tout ce métissage culturel qui a eu lieu. Tout d'abord, les Africains vont composer avec les autochtones de la période précolombienne, puis les ancêtres africains -Bosal ou Créoles- et pourquoi ne pas citer les Européens puisqu’il y a eu rencontres tant culturelles que génétiques avec ces derniers. Revenons, encore une fois, à la théorie de Glissant, la poétique de la Relation faisant allusion au «rhizome» (P.23), cette notion où toute singularité est dissoute pour en produire une (de) (nouvelle(s). Le syncrétisme du vaudou haïtien nous offre un exemple parfait de ce pluralisme de cultures qui s'entrecroisent et créent une toute nouvelle, ne ressemblant nullement à aucun de ses composants. En considérant tous ces paramètres, force est de déduire, que les Haïtiens contemporains sont tous des Créoles. Ils n’ont réclamé la nationalité haïtienne qu’en 1804, après la défaite de l’armée de Napoléon, suivie de la déclaration de l’indépendance d’Haïti et finalement par la constitution de Dessalines déclarant que nous sommes tous des Haïtiens. Dessalines par cette décision a voulu montrer que l’esclavagisme s’achevait en emportant irrémédiablement tout le fantasme de la stratification racialiste et colonialiste.
Être Haïtien n’est pas une simple affirmation, elle est historiquement le symbole d’un passé glorieux. Ce fut le point de départ du panafricanisme, un acte imposé héroïquement en dépit du système esclavagiste, qui avait chosifié ces vengeurs de 1804. Dire qu’on est Haïtien témoigne de la renaissance après trois siècles de zombification et d’esclavagisme, mais cela dit très peu de notre composite créole, ce métissage de l’Afrique aux Antilles dans le projet du capitalisme européen. Car au moment de l'arrivée, nombreux sont ceux qui ont dû accepter le christianisme, et d’autres sont restés à jamais des Bosal. Ainsi, quand on parle de créolité c’est à cette synthèse, à cet alliage que nous nous référons. Ce qui permet de déduire qu’il serait plus approprié de dire, qu’on est Créole ou Haïtien, qu'on parle créole en lieu et place de «on est Haïtien et on parle «haïtien».
Conclusion:
On a essayé d'établir les points essentiels qui rapprochent la créolisation au panafricanisme. Ce faisant, nous les avons rejoints volontairement. Car, si la créolité remonte à notre appartenance à la Caraïbe, terre d’adoption, le panafricanisme, de son côté, nous identifie, non seulement idéologiquement, mais surtout généalogiquement. En nous attardant sur l’aspect socio-historique de l’appellation, «Haïtien», accordée au créole, nous avons largement discuté le rapport linguistique du terme et son lien avec le panafricanisme en frôlant la question suivante: Pourquoi le panafricanisme serait-il un concept de la créolisation? En faisant le tour d’horizon de cette question nous sommes arrivés à la déduction suivante: que la dénomination du terme «créole» comme langue maternelle des Haïtiens est celle qui convient le mieux et qu’elle est un acquis historique. Nous avons su présenter le panafricanisme comme l’idéologie ou le dialogue qu’il faut avoir pour sortir Haïti de ses difficultés. Les différentes constatations explorées ont pu démontrer que les problèmes soulevés proviennent d’une crise identitaire. Malgré les instructions de l'Oncle depuis les années de l’Occupation (1915- 1930), dans l'ensemble, ils perdurent. Ce retour vers l'africanité, le folklore, le trésor de notre culture sont tous inscrits dans Ainsi parla l’oncle (voir Price-Mars, 1928)vi et sont toujours d'actualité. Notre position n’affirme nullement, que notre démarche soit une finalité en soi, elle est un moyen d’explorer d’autres champs de recherche. Elle essaie d’élargir le cadre d’exploration mais tout en évitant de dicter des alternatives de développement distantes de notre réalité, et de ce fait, rend stagnantes toutes les utopies. D’ores et déjà nous devons nous allier aux pays frères avec lesquels nous avons mutuellement partagé un passé afin que nos utopies deviennent des réalités. (Voir la suite).
Notes
Nota Bene: nous écrivons le substantif créole avec [c] minuscule quand il désigne la langue et avec un [C] majuscule quand il se réfère à une personne.
La même règle est observée pour le terme Haïtien. Il prendra un [H] majuscule lorsqu’il s’agit de la personne et [h] minuscule quand on parle de la langue.
Nous faisons ici allusion au discours de Dessalines prononcé en créole lors de la proclamation de l’Indépendance du nouvel état. Citons à ce propos l’Aperçu sur la formation historique de la nation haïtienne (2009) confirmant ce point d’histoire:
«Le 1er janvier 1804, sur la place d’armes des Gonaïves, au milieu du peuple rassemblé et de ses compagnons d’armes, Dessalines proclama solennellement l’Indépendance de l’ancienne Saint Domingue, qui reprit l’un de ses anciens noms indiens: Haïti. De l’autel de la Patrie, le Général en chef prononça en créole un véhément réquisitoire contre les atrocités françaises et demanda a l’assistance de jurer de combattre jusqu’au dernier soupir pour l’Indépendance du pays […]. Alors, Boisrond-Tonnerre, qui se tenait à côté du General en chef donna lecture de deux documents.» (Charlier, 2009 : 400).
C'est également la position de Maximilien Laroche: en fait, dit-il, Le 1er janvier 1804, après le discours de Dessalines prononcé en créole, «Boisrond-Tonnerre opéra, sans s’en rendre compte peut-être la plus paradoxale des manœuvres militaires, en faisant en français, sa proclamation au nom du général en chef de l'armée indigène» (Laroche, 1981:32). La rupture de Dessalines rebaptisant le pays de son nom d’origine, Haïti, souligne un autre point essentiel: ceci implique que les Bosals ou Créoles sont donc, ipso facto, devenus constitutionnellement des citoyens haïtiens au jour de la proclamation de l’Indépendance.
Bibliographie
Rousseau, Jean-Jacques. ESSAI SUR LORIGINE DES LANGUES ... www.rousseauonline.ch/pdf/rousseauonline-0060.pdf. Consulté le 20avril 2021.
Roumain, Jacques. Gouverneurs De La rosée. Le Temps des cerises, 2004.
Martin, Serge. Poétique de la Relation: «Une esthétique plus qu’une poétique». https://ver.hypotheses.org/1028. Mis en ligne le 5 mars 2014.
Glissant, Édouard. Tout-Monde. Gallimard, 1993.
Glissant, Edouard. Poétique de la Relation. Gallimard, 1990.
Price-Mars, Jean. Ainsi Parla L’oncle. Mémoire D’encrier, 2020.
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La réflexion de Rousseau s'appuyant sur la nécessité, chez l'espèce humaine, d’avoir un moyen de communication est peut-être la juste réponse à la question préalablement posée: qu'est ce qu’une langue? La parole, dit-il, distingue l'homme d’entre les animaux: le langage distingue les nations entre elles; on sait seulement d’où vient un homme qu’après qu’il ait parlé; mais, s’interroge-t-il, qu'est-ce qui fait qu’une langue est celle de son pays et non pas d'un autre? (Voir Rousseau, 1791).
L’appellation, «créole», de la langue maternelle tient une grande importance, tant historique que culturelle, pour la plupart des Haïtiens. Le créole, comme l’admet une bonne majorité, est la langue parlée par tous les Haïtiens. C’est un musée national où réside tout notre patrimoine linguistique, historique et voire littéraire si l’on se réfère au nombre d’œuvres publiées, dans la langue, pendant ces quatre dernières décades. Nous voulons qu’il soit appelé créole non pas, par choix intellectuel mais bien parce que ce nom reflète historiquement notre militance et notre appartenance à l'africanité. Il serait même une marque identitaire. A priori, on attribue très facilement la nationalité haïtienne à celui qui parle créole. Devenue la langue officielle du pays depuis 1987, elle se trouve aujourd'hui en bonne position par rapport à la langue française qui détenait la première place durant la colonie. Mais voyons d’un peu plus près son parcours en essayant de répondre aux questions suivantes: dans quelle langue l’Haïtien devrait-il s’exprimer? Comment devrait-on l'appeler, cette langue? Devrait-on dire créole, ou créole haïtien comme le Mauricien qui dit créole mauricien, ne devrait-on pas dire, tout simplement, «haïtien» puisqu’on est Haïtien. Ces questions tendent à s’éterniser. Doit-on subir leur réminiscence et pourquoi sont-elles si récurrentes? D’ailleurs, les Anglais ne disent-ils pas qu’ils parlent anglais, aussi bien que les Français et les Allemands? Il paraît que toutes ces appellations s'appuient sur une logique et peuvent être utilisées à bon escient. Néanmoins, aux questions: «quelle langue parlez-vous?» et «Parlez-vous haïtien?» auxquelles un interlocuteur aurait répondu: «je ne parle pas créole, je parle haïtien» retient un peu notre attention. N’y a-t-il donc pas là une ambiguïté à clarifier.
D'entrée de jeu, il importe de souligner que la question, «parlez-vous haïtien?» est tout d’abord mal formulée. Sémantiquement, demander à quelqu'un de nationalité anglaise ou française: «parlez-vous anglais ou français?» ne convoque pas le même sens quand cette dernière est adressée à quelqu'un de nationalité haïtienne. La formule diffère selon le contexte. Par exemple, on ne demandera pas aux Cubains «parlez-vous cubain?», ou à un Dominicain «Parlez-vous dominicain?». Cela n’aurait pas de sens. Cette question, dans le cas des Haïtiens, émane, tout simplement d’une curiosité et elle provient, surtout de ceux qui connaissent peu la culture haïtienne. Parfois, n'étant pas capable de différencier le créole du français, ils vont jusqu'à croire que l’interlocuteur, en question, est en train de s'exprimer en français d'où le décalque du «créole haïtien». L’adjectif «haïtien», ici, modifiant la langue est tout à fait bien placé, puisqu’il suggère qu’il existe d'autres créoles. D’ailleurs, il n’est pas sans savoir qu’il existe aussi bien un «français haïtien». Dans Les gouverneurs de la rosée (p.34)ii, on lit Jacques Roumain qui fait dire à Bien-aimé s'adressant à son fils: «Baille-moi la main mon fils». Voilà un bon exemple parmi tant d'autres qu'on pourrait choisir dans ce même roman. Ce souci de préciser quel créole on parle, est presque inexistant chez les Haïtiens qui vivent dans leur pays. Pour bien confirmer cet argument, nous avons effectué une enquête. Il s'agissait, à la manière des anthropologues, de faire un travail de terrain. Sur une soixantaine d’haïtiens, un nombre pris arbitrairement, l'objectif était d'enquêter sur trois contrées différentes à qui nous avions posé les mêmes questions: nous avions interrogé vingt personnes en milieu rural; vingt étudiants de la ville du Cap-Haïtien, niveau secondaire et vingt personnes de la diaspora américaine. À l'unanimité les sujets ont révélé que leur langue maternelle était le créole et leur nationalité haïtienne. Les vingt étudiants qui ont été questionnés ont répondu qu’ils étaient fiers de leur langue, le créole, et fiers aussi de leur nationalité, «Haïtien». L’enquête ne s’est pas arrêtée là. Nous avons eu la chance de poser les mêmes questions à deux linguistes haïtiens: Darline Cothière et Hugue Saint-Fort, très connus pour leurs contributions à ce sujet. Dans l'enquête nous avons découvert que seuls les haïtiens qui vivent en diaspora disent qu'ils parlent haïtien.
Voici tout d’abord nos questions:
En tant qu’Haïtien, dans quelle langue devons-nous nous exprimer?
Comment appeler cette langue?
Devrait-on dire créole, ou créole haïtien comme le Mauricien le fait, ou tout simplement haïtien?
En qualité de linguiste, qu'en pensez-vous?
Voici ci-dessous la réponse de Darline Cothière suivie de celle de Hugues Saint-Fort:
La question ne devrait pas se poser en ces termes. La langue n'a pas de nationalité. On s'exprime tout simplement dans une langue qu'on connaît, commune à sa communauté ou à ses interlocuteurs. Cela dit, la langue a une valeur sociale en Haïti. Choisir d'utiliser le français ou le créole dans certains contextes peut avoir une signification particulière. Pour simplifier, on doit utiliser la langue commune aux Haïtiens tout en ayant le droit et le loisir d'utiliser n'importe quelle langue. Considérant qu'il existe plusieurs créoles dans le monde, il est plus approprié de parler de «créole haïtien».
A propos de ceux qui disent qu’il parle «haïtien», voici ci-dessous la position de Cothière qui est aussi la nôtre:
Je ne suis pas sûr de bien comprendre [la question]. A vrai dire, haïtien ou créole haïtien renvoie à la même chose, la langue maternelle des haïtiens. Il faut peut-être y voir une sorte de calque sur l'appellation des langues auxquelles ces personnes de la diaspora sont en contact, à savoir, l'anglais, le français.
La réponse de Saint-Fort est en parfaite harmonie avec celle de Cothière qui tout de même admet avoir compris d'où vient l'appellation «haïtien» de la langue. La voilà, ci-dessous, retranscrite telle qu’elle fut reçue:
La dénomination que mes ancêtres ont donnée à ma langue maternelle est le «kreyòl». C'est une longue histoire et je n'ai pas du tout l'intention de changer cette dénomination. Je continuerai donc à l'appeler «kreyòl» , comme le font la plupart de mes compatriotes.
Dans la mesure où il existe plusieurs langues créoles (certaines sont basées sur le français, d'autres sur l'anglais, ou sur le portugais ou sur l'espagnol), je précise toujours si je communique avec un locuteur qui n'est pas haïtien que je parle le créole haïtien. Je ne dis jamais que je parle «haïtien». Ce terme désigne une nationalité. Il ne désigne absolument pas le nom de la première langue parlée par tout Haïtien né et élevé en Haïti. Cette première langue a pour nom kreyòl.
J'ai tendance à être d'accord avec vous, lorsquela plupart des Haïtiens disent qu'ils parlent «haïtien vivent en diaspora. J'ai beaucoup écrit sur cette question à la fois dans des textes savants et pour le grand public, notamment sur le quotidien haïtien, Le Nouvelliste, il y a une bonne dizaine d'années. Le linguiste que je suis condamne absolument la dénomination «haïtien» et qui ne correspond pas à la réalité historique et l'origine bien documentée du terme lui-même.
Nous l'avions préalablement mentionné, l'option de l'appellation «haïtien» en lieu et place du terme «créole» est devenu, depuis un temps, l’objet d’un débat qui tend à se propager. Il est courant même ici dans la diaspora haïtienne de Boston. Au moment présent, sa propagation n’a de voix que dans le monde académique. Son appartenance à ce milieu demeure néanmoins alarmante. Car, les compatriotes qui soutiennent cette idée procèdent à sa revendication, non seulement avec fougue et passion, mais le pire c'est qu’ils appartiennent au secteur savant. C’est un atout dangereux qui peut finalement aboutir à accorder une posture de scientifique à l’idée même, alors qu’elle est mal conçue. Nous tenons par ce présent essai à écarter une telle erreur et apprécions le fait qu'il y ait des linguistes qui soutiennent notre démarche.
Nous comprenons, bon an mal an, la sensibilité de la question et la colère de ces collègues qui défendent avec véhémence la nouvelle appellation, mais la démarche est vaine et le résultat n’est pas du tout productif en ce qui concerne le devenir d'Haïti. Nous présentons les raisons: Tout d'abord, cette démarche nous éloigne des autres, elle partage avec la négritude le côté monolithique, trop centriste de cette mouvance, bien que nécessaire à son époque. Sans qu’ils ne s’en rendent compte, nous nous sommes éloignés de ces cadres de crises identitaires. Ils s’enfoncent dans une sorte de communautarisme où ils dressent l'haïtianité contre la créolité. Or, l’haïtianisme ou le panafricanisme, de par leurs caractéristiques, s'inscrit dans les valeurs de la créolité, si l’on se réfère à l’esthétique glissantienne parlant d’un monde en «Relation» où «les cultures se rencontrent, permettant l'échange sans se perdre». «C’est elle [en tant que notion] qui détermine la nécessaire mutation des humanités, des cultures ataviques aux cultures composites, de l‘identité racine à l‘identité rhizome» (Voir Serge Martin, Billets, Poétique de la Relation,iii). Il faut dire aussi que certains de nos intellectuels trop souvent, s'enferment dans un monde de réflexion, non seulement subjective mais aussi binaire, où ils se perdent dans leur rhétorique. Également, ils demeurent confinés, à leur insu, dans le carcan colonial. Le passé colonial persiste dans leur présent, et imprègne toutes déductions possibles. Or, le monde, en soi, est plutôt d'une complexité telle qu'il offre très peu de transparence ou de compréhensions simples ou binaires.
Dûes aux différentes ruptures qui se sont opérées ultérieurement, le passé des migrants de la traite négrière s'avère encore plus complexe à reconstruire. Pour ce qui a d'histoire, exprime Édouard Glissant dans son Tout-mondeiv, «il nous reste à la déterrer ou à l'élever parmi nous». L'histoire du migrant pense-t-il est «un corps sans tête» (Glissant, 1995 : 18). Il ne lui est pas donné de remonter dans son passé au-delà de trois siècles. Nous, «les migrants nus», comme le confirme Glissant par ce terme assez descriptif, sommes des déracinés coupés de notre souche, différents des Békés qui eux sont arrivés aux Antilles avec leurs batteries de cuisine, leur chansons, leurs langues et leurs us et coutumes. Par contre, nous autres les Noirs, au moment des razzias, n’avons pas eu le temps de prendre avec nous quoi que ce soit. Ce fut, pour nous, l’expérience du «gouffre»v (voir Glissant :18) celle des cales puantes, entassés comme des sardines en dépit de toutes distinctions d'âge ou de genres, puis, ce fut «le gouffre» des habitations de cannes, pour nous autres les Haïtiens et celui du coton pour les frères noirs des Etats-Unis. Cela a bien duré plus de trois siècles. Nous n’avons même pas pu bénéficier de l’apport des historiens ou chercheurs de l'époque. Ils se souciaient peu de ce groupe d’hommes/femmes étant plutôt, pour eux, des hommes-choses. De l'époque des colonies il n’y a eu que Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry (1750 - 1819) qui a laissé quelques traces écrites de ce temps. Le terme «trace» n’est pas à prendre à la légère, nous l’empruntons aussi à Glissant qui dans sa théorie de la «Relation» le mentionne pour désigner qu’au moment du débarquement le «migrant-nu» n’avait pour lui que sa mémoire. Zombifié, il a tout fait pour sortir du néant. Ce fut le cas aussi pour ceux qui, plus tard, réclamèrent en ce jour de 1804, d’être dénommés désormais Haïtiens3. Ils vont eux-mêmes adopter leur propre langue, «le créole» et vont s’approprier 27.000 km2 de la colonie de Saint-Domingue, à laquelle ils donnent le nom d’Haïti. Alors, voilà nombre d'indices qui rendent certains aspects de notre histoire un peu difficiles à cerner.
Je suis Créole, donc je suis Panafricaniste.
Les repères étant bien établis, revenons à la question qui nous préoccupe: qu’est-ce que l’Haïtien aura à perdre en disant qu’il ne parle pas «créole», mais qu’il parle «haïtien»? En fait, lorsqu’un Haïtien déclare qu’il parle «créole» et qu’il est Haïtien, ceci révèle d'un état de droit acquis et qu’il a payé au prix de son sang. L'adoption du mot «créole» pour désigner sa langue est juste une appellation que tout un chacun devrait respecter. Car, d’un point de vue sémiotique, cette appellation révèle tout son passé: un importé de l’Afrique dans le projet du mercantilisme, ce mot renvoie aussi à tout un alliage de cultures ou tous les éléments s'imposent et s'opposent. Le vodouisant, par exemple, n’a pas ce problème, il est convaincu de sa valeur intrinsèque, un composite fait de toute la côte ouest de l’Afrique-mère en intégrant même malicieusement, l'apport européen imposé. Quand il est monté par ses papalwa -les divinités d'Afrique- qui peuvent être représentées dans son houmfò par une icône empruntée à l'église catholique occidentale- ne dit-t-il pas: «il y a 21 nations d'Afrique qui dansent dans sa tête». Faisons un peu d’histoire en nous appuyant sur l’apport des cultures ancestrales. Retour à l'africanité est le mot clé. Ceci englobe toutes les ethnies de la côte occidentale du continent-mère y compris leur culture: la métamorphose s’est opérée en 1791 dans la nuit du 14 août au Bois caïman, le lieu et la date de naissance du panafricanisme. Le soulèvement des esclaves au Bois Caïman et l'Acte de l'indépendance ont, de ce point de vue, deux points essentiellement symboliques: si la Cérémonie marque la première tentative d’un retour à l'africanité, l’Acte de l'Indépendance en adoptant en ce jour du 1er janvier 1804 le nom de l'île donné par les Arawaks témoigne de notre solidarité à nos frères qui ont habité l'île avant notre arrivée. L'Acte témoigne aussi de notre volonté de puissance et la naissance du panafricanisme. On pourrait, en lieu et place du panafricanisme, dire «créole», en empruntant à Glissant, bien entendu, la définition qu’il donne à ce terme. Le terme créole ou mieux encore créolisation renforce notre propos concernant tout ce métissage culturel qui a eu lieu. Tout d'abord, les Africains vont composer avec les autochtones de la période précolombienne, puis les ancêtres africains -Bosal ou Créoles- et pourquoi ne pas citer les Européens puisqu’il y a eu rencontres tant culturelles que génétiques avec ces derniers. Revenons, encore une fois, à la théorie de Glissant, la poétique de la Relation faisant allusion au «rhizome» (P.23), cette notion où toute singularité est dissoute pour en produire une (de) (nouvelle(s). Le syncrétisme du vaudou haïtien nous offre un exemple parfait de ce pluralisme de cultures qui s'entrecroisent et créent une toute nouvelle, ne ressemblant nullement à aucun de ses composants. En considérant tous ces paramètres, force est de déduire, que les Haïtiens contemporains sont tous des Créoles. Ils n’ont réclamé la nationalité haïtienne qu’en 1804, après la défaite de l’armée de Napoléon, suivie de la déclaration de l’indépendance d’Haïti et finalement par la constitution de Dessalines déclarant que nous sommes tous des Haïtiens. Dessalines par cette décision a voulu montrer que l’esclavagisme s’achevait en emportant irrémédiablement tout le fantasme de la stratification racialiste et colonialiste.
Être Haïtien n’est pas une simple affirmation, elle est historiquement le symbole d’un passé glorieux. Ce fut le point de départ du panafricanisme, un acte imposé héroïquement en dépit du système esclavagiste, qui avait chosifié ces vengeurs de 1804. Dire qu’on est Haïtien témoigne de la renaissance après trois siècles de zombification et d’esclavagisme, mais cela dit très peu de notre composite créole, ce métissage de l’Afrique aux Antilles dans le projet du capitalisme européen. Car au moment de l'arrivée, nombreux sont ceux qui ont dû accepter le christianisme, et d’autres sont restés à jamais des Bosal. Ainsi, quand on parle de créolité c’est à cette synthèse, à cet alliage que nous nous référons. Ce qui permet de déduire qu’il serait plus approprié de dire, qu’on est Créole ou Haïtien, qu'on parle créole en lieu et place de «on est Haïtien et on parle «haïtien».
Conclusion:
On a essayé d'établir les points essentiels qui rapprochent la créolisation au panafricanisme. Ce faisant, nous les avons rejoints volontairement. Car, si la créolité remonte à notre appartenance à la Caraïbe, terre d’adoption, le panafricanisme, de son côté, nous identifie, non seulement idéologiquement, mais surtout généalogiquement. En nous attardant sur l’aspect socio-historique de l’appellation, «Haïtien», accordée au créole, nous avons largement discuté le rapport linguistique du terme et son lien avec le panafricanisme en frôlant la question suivante: Pourquoi le panafricanisme serait-il un concept de la créolisation? En faisant le tour d’horizon de cette question nous sommes arrivés à la déduction suivante: que la dénomination du terme «créole» comme langue maternelle des Haïtiens est celle qui convient le mieux et qu’elle est un acquis historique. Nous avons su présenter le panafricanisme comme l’idéologie ou le dialogue qu’il faut avoir pour sortir Haïti de ses difficultés. Les différentes constatations explorées ont pu démontrer que les problèmes soulevés proviennent d’une crise identitaire. Malgré les instructions de l'Oncle depuis les années de l’Occupation (1915- 1930), dans l'ensemble, ils perdurent. Ce retour vers l'africanité, le folklore, le trésor de notre culture sont tous inscrits dans Ainsi parla l’oncle (voir Price-Mars, 1928)vi et sont toujours d'actualité. Notre position n’affirme nullement, que notre démarche soit une finalité en soi, elle est un moyen d’explorer d’autres champs de recherche. Elle essaie d’élargir le cadre d’exploration mais tout en évitant de dicter des alternatives de développement distantes de notre réalité, et de ce fait, rend stagnantes toutes les utopies. D’ores et déjà nous devons nous allier aux pays frères avec lesquels nous avons mutuellement partagé un passé afin que nos utopies deviennent des réalités. (Voir la suite).
Notes
Nota Bene: nous écrivons le substantif créole avec [c] minuscule quand il désigne la langue et avec un [C] majuscule quand il se réfère à une personne.
La même règle est observée pour le terme Haïtien. Il prendra un [H] majuscule lorsqu’il s’agit de la personne et [h] minuscule quand on parle de la langue.
Nous faisons ici allusion au discours de Dessalines prononcé en créole lors de la proclamation de l’Indépendance du nouvel état. Citons à ce propos l’Aperçu sur la formation historique de la nation haïtienne (2009) confirmant ce point d’histoire:
«Le 1er janvier 1804, sur la place d’armes des Gonaïves, au milieu du peuple rassemblé et de ses compagnons d’armes, Dessalines proclama solennellement l’Indépendance de l’ancienne Saint Domingue, qui reprit l’un de ses anciens noms indiens: Haïti. De l’autel de la Patrie, le Général en chef prononça en créole un véhément réquisitoire contre les atrocités françaises et demanda a l’assistance de jurer de combattre jusqu’au dernier soupir pour l’Indépendance du pays […]. Alors, Boisrond-Tonnerre, qui se tenait à côté du General en chef donna lecture de deux documents.» (Charlier, 2009 : 400).
C'est également la position de Maximilien Laroche: en fait, dit-il, Le 1er janvier 1804, après le discours de Dessalines prononcé en créole, «Boisrond-Tonnerre opéra, sans s’en rendre compte peut-être la plus paradoxale des manœuvres militaires, en faisant en français, sa proclamation au nom du général en chef de l'armée indigène» (Laroche, 1981:32). La rupture de Dessalines rebaptisant le pays de son nom d’origine, Haïti, souligne un autre point essentiel: ceci implique que les Bosals ou Créoles sont donc, ipso facto, devenus constitutionnellement des citoyens haïtiens au jour de la proclamation de l’Indépendance.
Bibliographie
Rousseau, Jean-Jacques. ESSAI SUR LORIGINE DES LANGUES ... www.rousseauonline.ch/pdf/rousseauonline-0060.pdf. Consulté le 20avril 2021.
Roumain, Jacques. Gouverneurs De La rosée. Le Temps des cerises, 2004.
Martin, Serge. Poétique de la Relation: «Une esthétique plus qu’une poétique». https://ver.hypotheses.org/1028. Mis en ligne le 5 mars 2014.
Glissant, Édouard. Tout-Monde. Gallimard, 1993.
Glissant, Edouard. Poétique de la Relation. Gallimard, 1990.
Price-Mars, Jean. Ainsi Parla L’oncle. Mémoire D’encrier, 2020.
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«Je suis Haïtien, je parle créole»
Joel- Super Star
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Jeu de rôle: Le patriote
Re: Je suis HAITIEN-Je parle CREOLE
Men ki jan GOOGLE tradwi ATIK lan ,de FRANSE a KREYOL.
"Mwen se ayisyen, mwen pale kreyòl"
(Kouran 1)
Carey Dardompré
1ye jen, 2021
Le pli vit ke yon moun te rekonèt pa yon lòt kòm yon ke yo te sansib, panse ak menm jan ak l ', dezi a oswa bezwen nan kominike santiman l' yo ak panse l 'fè l' chache mwayen yo fè sa. (JJ Rousseau, disètasyon sou orijin lang yo, 1791) i .
Kisa yon lang ye? "Ki lang nou pale?" Èske nou pale ayisyen oubyen kreyòl 1 ? Atik sa a pwopoze yon gade kritik nan de kesyon sa yo ki bay leve kanpe nan kont dogmatik nan mitan Ayisyen 2 nan dyaspora Ameriken an. Li envite nou reflechi sou siyifikasyon ak dimansyon sosyo-istorik-kiltirèl apèl kreyòl la, lang Ayisyen yo. Pou reponn kesyon sa yo nou pral eseye konte sou de konsèp fondamantal: kreyolizasyon ak pan-afrikanis.
Refleksyon Rousseau ki baze sou nesesite, nan espès imen an, pou gen yon mwayen kominikasyon petèt se repons kòrèk pou kesyon ki te deja poze a: kisa yon lang ye? Lapawòl, li te di, fè distenksyon ant moun ak bèt: lang distenge nasyon youn ak lòt; nou sèlman konnen ki kote yon nonm soti apre li fin pale; men, li mande tèt li, kisa ki fè yon lang lang peyi li e non pa yon lòt? (Gade Rousseau, 1791).
Non "kreyòl" lang matènèl la gen anpil enpòtans, istorik ak kiltirèl, pou pifò Ayisyen. Kreyòl, jan yon bon majorite admèt, se lang tout Ayisyen pale. Li se yon mize nasyonal kote tout eritaj lengwistik, istorik e menm literè nou abite si nou fè referans a kantite travay ki te pibliye, nan lang lan, pandan kat dènye deseni yo. Nou vle ke yo rele li kreyòl, pa pa chwa entelektyèl men paske non sa a istorikman reflete militans nou yo ak sa nou fè pati afrikenite Li ta menm yon mak idantite. A priori, li trè fasil pou atribiye nasyonalite ayisyen a yon moun ki pale kreyòl. Vin lang ofisyèl peyi a depi 1987, se jodi ahui nan yon bon pozisyon konpare ak lang franse a ki te kenbe plas an premye pandan koloni an. Men ann gade pi pre vwayaj li a nan eseye reponn kesyon sa yo: nan ki lang Ayisyen ta dwe eksprime tèt yo? Ki jan nou ta dwe rele li, lang sa a? Eske nou ta dwe di kreyòl, oswa kreyòl ayisyen tankou Morisyen ki di kreyòl morisyen, èske nou pa ta dwe senpleman di "ayisyen" depi nou se ayisyen. Kesyon sa yo gen tandans trennen sou yo ak sou. Èske nou ta dwe soufri reminisans yo e poukisa yo se konsa frekan? Anplis, èske angle a pa di ke yo pale angle, osi byen ke franse ak Alman yo? Li sanble ke tout non sa yo baze sou lojik epi yo ka itilize avèk sajès. Men, kesyon yo:"ki lang ou pale?" epi "ou pale ayisyen?" kote yon entèrlokuteur ta reponn: "Mwen pa pale kreyòl, mwen pale ayisyen" kenbe atansyon nou yon ti kras. Èske pa gen Se poutèt sa yon anbigwite yo dwe klarifye.
Depi nan kòmansman an, li enpòtan pou mete aksan sou kesyon an, "ou pale ayisyen?" se premye nan tout mal mo. Semantikman, mande yon moun ki gen nasyonalite angle oswa franse: "ou pale angle oswa franse?" pa transmèt menm siyifikasyon an lè lèt la adrese a yon moun ki gen nasyonalite ayisyen. Fòmil la diferan selon kontèks la. Pou egzanp, nou pa pral mande Kiben "ou pale Kiben?", Oswa yon Dominiken "ou pale Dominikèn?". Li pa ta fè sans. Kesyon sa a, nan ka Ayisyen, soti, tou senpleman, nan kiryozite epi li soti, sitou nan men moun ki konnen ti kras sou kilti ayisyen an. Pafwa, yo pa kapab diferansye kreyòl ak franse, yo ale twò lwen pou yo kwè ke entèrlokuteur la nan kesyon an ap pale an franse soti nankote decal "kreyòl ayisyen an". Adjektif "ayisyen an", isit la, modifye lang lan byen plase, piske li sijere ke gen lòt kreyòl. Anplis, se pa san yo pa konnen gen yon "franse ayisyen" tou.Nan Gouvènè lawouze yo (p.34) ii, nou li Jacques Roumain ki fè Mezanmi di pitit gason l lan: "Gap men m pitit mwen". Isit la se yon bon egzanp nan mitan anpil lòt moun ke yon moun ta ka chwazi nan roman sa a menm. Enkyetid sa a pou presize ki kreyòl youn pale, prèske pa egziste nan mitan Ayisyen k ap viv nan peyi yo. Pou konfime agiman sa a, nou te fè yon ankèt. Li te, tankou antwopològ, fè travay jaden. Sou swasant Ayisyen, yon kantite ki te pran abitrèman, objektif la te mennen ankèt sou twa diferan rejyon kote nou te poze menm kesyon yo: nou te fè entèvyou ak ven moun nan zòn riral yo; ven elèv ki soti nan vil Okap, nivo segondè ak ven moun ki soti nan dyaspora Ameriken an. Nansijè yo unaniment revele ke lang manman yo te kreyòl ak nasyonalite ayisyen yo. Venn etidyan ki te kesyone yo reponn yo ke yo te fyè de lang yo, kreyòl, epi yo fyè tou de nasyonalite yo, "ayisyen". Ankèt la pa te fini la. Nou te gen chans poze de lengwis ayisyen yo menm kesyon yo: Darline Cothière ak Hugue Saint-Fort, ki byen koni pou kontribisyon yo sou sijè sa a. Nan sondaj la nou te dekouvri ke se sèlman Ayisyen ki rete nan dyaspora a ki di ke yo pale ayisyen.Nou te gen chans poze de lengwis ayisyen yo menm kesyon yo: Darline Cothière ak Hugue Saint-Fort, ki byen koni pou kontribisyon yo sou sijè sa a. Nan sondaj la nou te dekouvri ke se sèlman Ayisyen ki rete nan dyaspora a ki di ke yo pale ayisyen.Nou te gen chans poze de lengwis ayisyen yo menm kesyon yo: Darline Cothière ak Hugue Saint-Fort, ki byen koni pou kontribisyon yo sou sijè sa a. Nan sondaj la nou te dekouvri ke se sèlman Ayisyen ki rete nan dyaspora a ki di ke yo pale ayisyen.
Premye a tout, isit la se kesyon nou yo:
Antanke Ayisyen, nan ki lang nou ta dwe eksprime tèt nou?
Ki jan yo rele lang sa a?
Eske nou ta dwe di kreyòl, oubyen kreyòl ayisyen menm jan ak Morisyen an, oubyen senpleman ayisyen?
Kòm lengwis, kisa ou panse?
Men repons Darline Cothière, ki te swiv pa Hugues Saint-Fort:
Kesyon an pa ta dwe poze nan tèm sa yo. Lang lan pa gen nasyonalite. Nou eksprime tèt nou byen senpleman nan yon lang ke nou konnen, komen nan kominote nou an oswa entèrlokuteur nou yo. Sa te di, lang lan gen valè sosyal an Ayiti. Chwazi sèvi ak franse oswa kreyòl nan sèten kontèks ka gen yon siyifikasyon espesyal. Pou nou di li tou senpleman, nou dwe itilize langaj komen pou Ayisyen pandan nou gen dwa ak lwazi pou nou itilize nenpòt lang. Lè nou konsidere ke gen plizyè kreyòl nan mond lan, li pi apwopriye pou pale de "kreyòl ayisyen".
Konsènan moun ki di ke li pale "ayisyen", anba a se pozisyon Cothière a, ki se nou tou:
Mwen pa fin sèten mwen byen konprann [kesyon an]. Pou di laverite, ayisyen oswa kreyòl ayisyen refere a menm bagay la, lang manman ayisyen yo. Petèt sa a ta dwe wè sa tankou yon sòt de kouch sou non lang yo ak ki moun sa yo nan dyaspora a yo an kontak, sètadi, angle, franse .
Repons Saint-Fort la an amoni pafè ak sa Cothière ki sepandan admèt ke li te konprann ki kote non "ayisyen" lang lan soti. Isit la li, anba a, transkri jan li te resevwa:
Non zansèt mwen yo te bay lang manman mwen se " kreyòl " . Se yon istwa long e mwen pa gen okenn entansyon pou chanje non sa ditou. Se konsa, mwen pral kontinye rele l ' " kreyòl " , menm jan pifò nan konpatriyòt mwen fè.
Depi gen plizyè lang kreyòl (kèk ladan yo baze sou franse, lòt yo sou angle, oswa sou pòtigè oswa panyòl), mwen toujou presize si mwen kominike avèk yon oratè ki pa ayisyen mwen pale kreyòl ayisyen. Mwen pa janm di ke mwen pale "ayisyen" . Tèm sa a deziyen yon nasyonalite. Li absoliman pa deziyen non premye lang ke nenpòt ayisyen ki fèt e ki grandi ann Ayiti pale. Premye lang sa a rele Kreyòl.
Mwen gen tandans dakò avèk ou lè pifò Ayisyen di yo pale "Ayisyen, k ap viv nan dyaspora a. Mwen te ekri anpil sou kesyon sa a tou de nan tèks akademik ak pou piblik la an jeneral, an patikilye sou chak jou ayisyen an, Le Nouvelliste, yon bon dis ane de sa. Lengwis ke mwen kondane absoliman non "Ayisyen" e ki pa koresponn ak reyalite istorik la ak orijin ki byen dokimante nan tèm nan tèt li.
Kòm nou te mansyone deja, opsyon deziyasyon "ayisyen" olye de tèm "kreyòl" la depi kèk tan vin sijè yon deba ki gen tandans gaye. Li komen menm isit la nan dyaspora ayisyen an nan Boston. Nan moman sa a kounye a, pwopagasyon li yo gen yon vwa sèlman nan mond lan akademik yo. Li fè pati milye sa a rete alarmant, sepandan. Paske, konpatriyot yo ki sipòte lide sa a kontinye nan reklamasyon li yo, se pa sèlman ak ardour ak pasyon, men bagay ki pi mal la se yo ke yo fè pati nan sektè a aprann. Li se yon avantaj danjere ki ka finalman mennen nan akòde yon pwèstans syantifik nan lide a anpil, lè li se malad-vin ansent. Nou swete regle tankou yon erè epi apresye lefèt kegen lengwis ki sipòte apwòch nou an .
Nou konprann, ane apre ane, sansiblite kesyon an ak kòlè kòlèg sa yo ki defann fòsman nouvo non an, men apwòch la pou gremesi e rezilta a pa ditou pwodiktif konsènan avni Ayiti. Nou prezante rezon ki fè yo: Premye a tout, apwòch sa a distans nou soti nan lòt moun, li pataje ak negritid bò a monolitik, twò santris nan mouvman sa a, byenke sa nesesè nan tan li yo. San yo pa reyalize li, nou te deplase lwen kad sa yo nan kriz idantite. Yo plonje nan yon kalite kominitaris kote yo mete Ayisyen kont kreyòl. Sepandan, Ayisyen oswa Panafrikenis, pa karakteristik yo, se yon pati nan valè kreyòl yo,si nou al gade nan ayestetik Glissantyen pale de yon mond nan "Relasyon" kote "kilti rankontre, sa ki pèmèt echanj san yo pa pèdi". "Li se sa a [kòm yon nosyon] ki detèmine mitasyon ki nesesè nan syans imanitè yo, ki soti nan kilti atavik kilti konpoze, ki soti nan idantite rasin idantite rizòm" (Gade Serge Martin,Nòt, poetik nan relasyon, iii) . Li dwe tou te di ke kèk nan entelektyèl nou twò souvan fèmen tèt yo nan yon mond nan refleksyon, pa sèlman subjectif, men tou binè, kote yo jwenn pèdi nan diskou yo. Epitou, yo rete nan prizon, san konsyans, nan kanal kolonyal la. Sot pase kolonyal la pèsiste nan prezan yo, e li anvayi tout dediksyon posib. Olye de sa, mond lan nan tèt li se konsa konplèks ke li ofri anpil ti transparans oswa konpreyansyon senp oswa binè.
Akòz rupture yo divès kalite ki imedyatman te pran plas, sot pase a nan imigran yo nan komès esklav la pwouve yo dwe menm pi konplèks rekonstwi. Nan sa ki konsène istwa, Édouard Glissant eksprime nan tout mond li iv , "nou toujou gen detere li oswa ogmante li nan mitan nou". Istwa migran an, li panse, se "yon kò san tèt" (Glissant, 1995: 18). Li pa bay l 'yo ale tounen nan sot pase l' pi lwen pase twa syèk. Nou, "imigran yo toutouni", jan Glissant konfime pa tèm sa a olye deskriptif, yo derasinen moun koupe soti nan stock nou an, diferan de Békés yo.ki te rive nan West Indies ak istansil pou kwit manje yo, chante yo, lang yo ak abitid yo ak koutim yo. Nan lòt men an, nou nwa, nan moman an nan atak yo, pa t 'gen tan pran anyen avèk nou. Se te, pou nou, eksperyans nan "gwo twou san fon an" v(gade Glissant: 18) sa ki nan kenbe stinking, anpile tankou sadin malgre tout distenksyon ki gen laj oswa sèks, lè sa a, li te "gwo twou san fon an" nan kay kann, pou nou Ayisyen ak sa yo ki an koton pou frè yo nwa nan Etazini yo . Li te dire byen sou twa syèk. Nou pa t 'menm kapab benefisye de kontribisyon istoryen yo oswa chèchè nan tan an. Yo te pran swen ti kras sou gwoup sa a nan f2/ fanm yo te pito, pou yo, gason-bagay sa yo. Soti nan moman koloni yo te gen sèlman Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry (1750 - 1819) ki te kite kèk tras ekri nan tan sa a. Tèm "tras" la pa dwe pran alalejè,nou prete li tou nan men Glissant ki nan teyori li sou "Relasyon" an mansyone li pou endike ke nan moman debakman an "imigran-toutouni" te gen sèlman memwa li pou li. Zonifye, li te fè tout bagay pou soti nan anyen. Sa a te ka a tou pou moun ki, pita, mande nan jou sa a nan 1804, yo dwe rele désormais Ayisyen.3 . Yo menm yo pral adopte pwòp lang yo, "kreyòl" epi yo pral apwopriye 27,000 km2 nan koloni Santo Domingo, kote yo bay non Ayiti. Se konsa, isit la yo se yon nimewo nan endikasyon ki fè sèten aspè nan istwa nou an yon ti kras difisil yo PIN desann.
Mwen se kreyòl, se poutèt sa mwen se Panafrikenis.
Referans yo byen etabli, an nou retounen sou kesyon ki preyokipe nou an: kisa ayisyen an pral pèdi lè li di ke li pa pale "kreyòl", men ke li pale "ayisyen"? An reyalite, lè yon ayisyen deklare ke li pale "kreyòl" e ke li se ayisyen, sa revele yon eta de dwa akeri e ke li te peye nan pri san li. Adopsyon mo "kreyòl la" pou deziyen lang li se jis yon non ke tout moun ta dwe respekte. Paske, ki soti nan yon pwen de vi semiotik, non sa a revele tout sot pase li yo: yon sèl enpòte soti nan Lafrik nan pwojè a nan Mercantilism, mo sa a tou refere a yon alyaj antye nan kilti kote tout eleman yo genyen ak opoze. Vodouisant, pou egzanp, pa gen pwoblèm sa a, li konvenki nan valè intrinsèques li yo,yon konpoze te fè nan tout kòt lwès la nan manman Lafrik, menm malisyeu entegre kontribisyon Ewopeyen an enpoze. Lè li te monte pa l 'yopapalwa -Divinite Lafrik yo- ki ka reprezante nan houmfò li pa yon ikon ki te prete nan legliz katolik oksidantal- èske li pa di: "gen 21 nasyon Afriken kap danse nan tèt li". Ann fè yon ti istwa lè nou konte sou kontribisyon kilti zansèt yo. Retounen nan Afrikenite se mo kle a. Sa a englobe tout gwoup etnik yo nan kòt lwès la nan kontinan an manman ki gen ladan kilti yo: metamòfoz la te pran plas nan 1791 sou nwit la la nan Out 14 nan Bois Kayiman, plas la ak dat nesans nan Pan-Afrikanis. Soulèvman esklav yo nan Bois Caïman ak Lwa Endepandans lan genyen, nan pwen de vi sa a, de pwen esansyèlman senbolik: si Seremoni an make premye tantativ nan yon retou nan Afrikenite, Lwa Endepandans lan pa adopte jou sa a nan 1 janvye. , 1804 non zile Arawak yo bay la temwaye solidarite nou ak frè nou yo ki te abite zile a anvan nou rive. LaLwa temwaye tou dezi nou pou pouvwa ak nesans Pan-Afrikanis. Nou te kapab, olye de Pan-Afrikanis, di "kreyòl", prete nan men Glissant, nan kou, definisyon li bay tèm sa a. Tèm kreyòl la oswa pi byen toujou kreyolizasyon ranfòse pwen nou konsènan tout kwazman kiltirèl sa a ki te fèt. Premyèman, Afriken yo pral fè fas ak natif natal yo nan peryòd la pre-Kolonbyen, Lè sa a, zansèt Afriken yo -Lè sa a, zansèt Afriken yo -Lè sa a, zansèt Afriken yo -Bosal oswa kreyòl- e poukisa yo pa mansyone Ewopeyen yo depi te gen tou de rankont kiltirèl ak jenetik avèk yo. Ann retounen, yon lòt fwa ankò, sou teyori Glissant, poetik Relasyon anfè referans a "rizòm lan" (P.23), nosyon sa a kote nenpòt ki singularité fonn yo pwodwi youn (nan) (nouvo (yo)). Sinkretis la nan vodou ayisyen ofri nou yon egzanp pafè nan sa a pluralism nan kilti ki se kwaze ak. kreye yon nouvo antye, ki pa sanble ak okenn nan konpozan li yo. Lè ou konsidere tout paramèt sa yo, li klè ke Ayisyen kontanporen yo se tout kreyòl. Yo pat reklame nasyonalite ayisyen jouk 1804, apre defèt lame Napoleon an, ki te swiv pa deklarasyon endepandans Ayiti e finalman pa konstitisyon Desalin ki deklare ke nou tout se Ayisyen .. Desalin nan desizyon sa a te vle montre ke esklavaj te fini nan iremedyableman pote ale tout fantezi nan stratifikasyon rasyalis ak kolonyalis.
Lè ou se Ayisyen se pa yon senp afimasyon, se istorikman senbòl yon sot pase bèl pouvwa. Sa a te pwen an kòmanse nan Pan-Afrikanism, yon zak ewoyikman enpoze malgre nan sistèm nan esklavaj, ki te objèktif vanjeur sa yo nan 1804. Pou di ke yon sèl se ayisyen temwaye rne a apre twa syèk nan zonbifikasyon ak esklavaj, men sa di trè ti kras nan konpoze kreyòl nou an, kwazman sa a nan Lafrik nan West Indies yo nan pwojè a nan kapitalis Ewopeyen an. Paske nan moman yo te rive a, anpil moun te oblije aksepte Krisyanis, ak lòt moun te rete Bosal pou tout tan .Se konsa, lè nou pale de kreyolite, li se sentèz sa a, alyaj sa a ke nou ap refere a. Sa pèmèt nou dedwi ke li ta pi apwopriye pou di, ke nou se kreyòl oswa ayisyen, ke nou pale kreyòl olye de "nou se ayisyen e nou pale" ayisyen ".
Konklizyon:
Nou te eseye etabli pwen esansyèl ki pote kreyolizasyon pi pre Pan-Afrikanis. Nan fè sa, nou ansanm yo volontèman. Paske, si kreyolite a tounen nan sa nou fè nan Karayib la, peyi adopte, Pan-Afrikanis, pou pati li yo, idantifye nou, pa sèlman ideolojikman, men pi wo a tout jeneyalojikman. Lè nou rete sou aspè sosyo-istorik non an, "Ayisyen", yo bay kreyòl la, nou te diskite lajman sou relasyon lengwistik tèm lan ak lyen li avèk Panafrikanisis, manyen kesyon sa a: Poukisa Panafrikanis ta dwe yon konsèp kreyolizasyon? Lè nou revize kesyon sa a, nou te rive nan dediksyon sa a:ke non an nan tèm "kreyòl la" kòm lang manman ayisyen an se pi apwopriye a e ke li se yon siksè istorik. Nou te kapab prezante Panafrikenis kòm ideyoloji oswa dyalòg ki dwe genyen pou fè Ayiti soti nan difikilte li yo. Rezilta yo divès kalite eksplore yo te kapab demontre ke pwoblèm yo leve soti vivan nan yon kriz idantite. Malgre enstriksyon Tonton an depi ane okipasyon yo (1915-1930), an jeneral, yo kenbe fèm. Retounen sa a nan Afrikenite, tradisyon, trezò nan kilti nou yo tout enskri nanRezilta yo divès kalite eksplore yo te kapab demontre ke pwoblèm yo leve soti vivan nan yon kriz idantite. Malgre enstriksyon Tonton an depi ane okipasyon yo (1915-1930), an jeneral, yo kenbe fèm. Retounen sa a nan Afrikenite, tradisyon, trezò nan kilti nou yo tout enskri nanRezilta yo divès kalite eksplore yo te kapab demontre ke pwoblèm yo leve soti vivan nan yon kriz idantite. Malgre enstriksyon Tonton an depi ane okipasyon yo (1915-1930), an jeneral, yo kenbe fèm. Retounen sa a nan Afrikenite, tradisyon, trezò nan kilti nou yo tout enskri nanSe konsa, tonton an te pale (gade Pri-Mas, 1928) vi epi yo toujou enpòtan jodi a. Pozisyon nou an nan okenn fason afime ke apwòch nou an se yon fen nan tèt li, li se yon mwayen pou eksplore lòt jaden nan rechèch. Li ap eseye elaji fondasyon eksplorasyon an men pandan y ap evite dikte altènativ devlopman lwen reyalite nou an, ak Se poutèt sa, fè tout utopi kowonpi. Nou dwe kounye a alye tèt nou ak peyi frè ak ki nou te mityèlman pataje yon sot pase pou utopi nou yo vin reyalite. (Gade rès la).
Nòt
Nota Bene: nou ekri substantif kreyòl la avèk miniskil [c] lè li deziyen lang lan ak yon majiskil [C] lè li refere a yon moun.
Yo obsève menm règ la pou tèm ayisyen an. Li pral pran yon kapital [H] lè li rive moun nan ak yon miniskil [h] lè w ap pale sou lang lan.
Nou ap refere isit la nan diskou Desalin nan kreyòl pandan pwoklamasyon endepandans nouvo eta a. Ann site nan sans sa a Apèsi sou fòmasyon istorik nasyon ayisyen an (2009) ki konfime pwen istwa sa a:
"Premye janvye 1804, sou plas d'Armes nan Gonayiv, nan mitan pèp la reyini ak kanmarad yo nan zam, Dessalines solanèlman pwoklame endepandans ansyen Sen Domeng, ki te pran youn nan ansyen non li yo. Endyen: Ayiti. Soti nan lotèl patri a, Jeneral an chèf la te pwoklame an kreyòl yon akizasyon sevè kont atwosite franse yo e li te mande odyans lan pou yo sèmante pou yo goumen jiska dènye souf pou endepandans peyi a [...]. Lè sa a, Boisrond-Tonnerre, ki moun ki te kanpe bò kote Jeneral-an-Chèf la, li de dokiman yo. "(Charlier, 2009: 400).
Sa a se pozisyon Maximilien Laroche tou: an reyalite, li te di, nan premye janvye 1804, apre diskou Dessalines an kreyòl, "Boisrond-Tonnerre opera, san yo pa reyalize li petèt pi paradoksal nan manèv militè yo, ki fè pwoklamasyon li an franse. nan non jeneral an chèf lame natifnatal la ”(Laroche, 1981: 32). Kraze Desalin nan chanje non peyi orijinal li, Ayiti, souliye yon lòt pwen esansyèl: sa vle di ke bosal yo oswa kreyòl yo te, ipso facto, konstitisyonèlman vin sitwayen ayisyen nan jou pwoklamasyon endepandans lan.
Bibliyografi
Rousseau, Jean-Jacques. TÈS SOU ORIJIN LANG ... www.rousseauonline.ch/pdf/rousseauonline-0060.pdf . Aksede 20 avril 2021.
Romanian, Jacques. Chèf lawouze . Le Temps des cerises, 2004.
Martin, Serge. Pwezi nan relasyon: "Yon ayestetik plis pase yon powetik". https://ver.hypotheses.org/1028 . Afiche 5 Mas 2014.
Glise, Édouard. Tout moun . Gallimard, 1993.
Glise, Edouard. Poetik nan relasyon. Gallimard, 1990.
Pri-Mas, Jean. Se konsa pale tonton . Memwa inkwell, 2020.
*
Atik resan:
"Mwen se ayisyen, mwen pale kreyòl"
"Mwen se ayisyen, mwen pale kreyòl"
(Kouran 1)
Carey Dardompré
1ye jen, 2021
Le pli vit ke yon moun te rekonèt pa yon lòt kòm yon ke yo te sansib, panse ak menm jan ak l ', dezi a oswa bezwen nan kominike santiman l' yo ak panse l 'fè l' chache mwayen yo fè sa. (JJ Rousseau, disètasyon sou orijin lang yo, 1791) i .
Kisa yon lang ye? "Ki lang nou pale?" Èske nou pale ayisyen oubyen kreyòl 1 ? Atik sa a pwopoze yon gade kritik nan de kesyon sa yo ki bay leve kanpe nan kont dogmatik nan mitan Ayisyen 2 nan dyaspora Ameriken an. Li envite nou reflechi sou siyifikasyon ak dimansyon sosyo-istorik-kiltirèl apèl kreyòl la, lang Ayisyen yo. Pou reponn kesyon sa yo nou pral eseye konte sou de konsèp fondamantal: kreyolizasyon ak pan-afrikanis.
Refleksyon Rousseau ki baze sou nesesite, nan espès imen an, pou gen yon mwayen kominikasyon petèt se repons kòrèk pou kesyon ki te deja poze a: kisa yon lang ye? Lapawòl, li te di, fè distenksyon ant moun ak bèt: lang distenge nasyon youn ak lòt; nou sèlman konnen ki kote yon nonm soti apre li fin pale; men, li mande tèt li, kisa ki fè yon lang lang peyi li e non pa yon lòt? (Gade Rousseau, 1791).
Non "kreyòl" lang matènèl la gen anpil enpòtans, istorik ak kiltirèl, pou pifò Ayisyen. Kreyòl, jan yon bon majorite admèt, se lang tout Ayisyen pale. Li se yon mize nasyonal kote tout eritaj lengwistik, istorik e menm literè nou abite si nou fè referans a kantite travay ki te pibliye, nan lang lan, pandan kat dènye deseni yo. Nou vle ke yo rele li kreyòl, pa pa chwa entelektyèl men paske non sa a istorikman reflete militans nou yo ak sa nou fè pati afrikenite Li ta menm yon mak idantite. A priori, li trè fasil pou atribiye nasyonalite ayisyen a yon moun ki pale kreyòl. Vin lang ofisyèl peyi a depi 1987, se jodi ahui nan yon bon pozisyon konpare ak lang franse a ki te kenbe plas an premye pandan koloni an. Men ann gade pi pre vwayaj li a nan eseye reponn kesyon sa yo: nan ki lang Ayisyen ta dwe eksprime tèt yo? Ki jan nou ta dwe rele li, lang sa a? Eske nou ta dwe di kreyòl, oswa kreyòl ayisyen tankou Morisyen ki di kreyòl morisyen, èske nou pa ta dwe senpleman di "ayisyen" depi nou se ayisyen. Kesyon sa yo gen tandans trennen sou yo ak sou. Èske nou ta dwe soufri reminisans yo e poukisa yo se konsa frekan? Anplis, èske angle a pa di ke yo pale angle, osi byen ke franse ak Alman yo? Li sanble ke tout non sa yo baze sou lojik epi yo ka itilize avèk sajès. Men, kesyon yo:"ki lang ou pale?" epi "ou pale ayisyen?" kote yon entèrlokuteur ta reponn: "Mwen pa pale kreyòl, mwen pale ayisyen" kenbe atansyon nou yon ti kras. Èske pa gen Se poutèt sa yon anbigwite yo dwe klarifye.
Depi nan kòmansman an, li enpòtan pou mete aksan sou kesyon an, "ou pale ayisyen?" se premye nan tout mal mo. Semantikman, mande yon moun ki gen nasyonalite angle oswa franse: "ou pale angle oswa franse?" pa transmèt menm siyifikasyon an lè lèt la adrese a yon moun ki gen nasyonalite ayisyen. Fòmil la diferan selon kontèks la. Pou egzanp, nou pa pral mande Kiben "ou pale Kiben?", Oswa yon Dominiken "ou pale Dominikèn?". Li pa ta fè sans. Kesyon sa a, nan ka Ayisyen, soti, tou senpleman, nan kiryozite epi li soti, sitou nan men moun ki konnen ti kras sou kilti ayisyen an. Pafwa, yo pa kapab diferansye kreyòl ak franse, yo ale twò lwen pou yo kwè ke entèrlokuteur la nan kesyon an ap pale an franse soti nankote decal "kreyòl ayisyen an". Adjektif "ayisyen an", isit la, modifye lang lan byen plase, piske li sijere ke gen lòt kreyòl. Anplis, se pa san yo pa konnen gen yon "franse ayisyen" tou.Nan Gouvènè lawouze yo (p.34) ii, nou li Jacques Roumain ki fè Mezanmi di pitit gason l lan: "Gap men m pitit mwen". Isit la se yon bon egzanp nan mitan anpil lòt moun ke yon moun ta ka chwazi nan roman sa a menm. Enkyetid sa a pou presize ki kreyòl youn pale, prèske pa egziste nan mitan Ayisyen k ap viv nan peyi yo. Pou konfime agiman sa a, nou te fè yon ankèt. Li te, tankou antwopològ, fè travay jaden. Sou swasant Ayisyen, yon kantite ki te pran abitrèman, objektif la te mennen ankèt sou twa diferan rejyon kote nou te poze menm kesyon yo: nou te fè entèvyou ak ven moun nan zòn riral yo; ven elèv ki soti nan vil Okap, nivo segondè ak ven moun ki soti nan dyaspora Ameriken an. Nansijè yo unaniment revele ke lang manman yo te kreyòl ak nasyonalite ayisyen yo. Venn etidyan ki te kesyone yo reponn yo ke yo te fyè de lang yo, kreyòl, epi yo fyè tou de nasyonalite yo, "ayisyen". Ankèt la pa te fini la. Nou te gen chans poze de lengwis ayisyen yo menm kesyon yo: Darline Cothière ak Hugue Saint-Fort, ki byen koni pou kontribisyon yo sou sijè sa a. Nan sondaj la nou te dekouvri ke se sèlman Ayisyen ki rete nan dyaspora a ki di ke yo pale ayisyen.Nou te gen chans poze de lengwis ayisyen yo menm kesyon yo: Darline Cothière ak Hugue Saint-Fort, ki byen koni pou kontribisyon yo sou sijè sa a. Nan sondaj la nou te dekouvri ke se sèlman Ayisyen ki rete nan dyaspora a ki di ke yo pale ayisyen.Nou te gen chans poze de lengwis ayisyen yo menm kesyon yo: Darline Cothière ak Hugue Saint-Fort, ki byen koni pou kontribisyon yo sou sijè sa a. Nan sondaj la nou te dekouvri ke se sèlman Ayisyen ki rete nan dyaspora a ki di ke yo pale ayisyen.
Premye a tout, isit la se kesyon nou yo:
Antanke Ayisyen, nan ki lang nou ta dwe eksprime tèt nou?
Ki jan yo rele lang sa a?
Eske nou ta dwe di kreyòl, oubyen kreyòl ayisyen menm jan ak Morisyen an, oubyen senpleman ayisyen?
Kòm lengwis, kisa ou panse?
Men repons Darline Cothière, ki te swiv pa Hugues Saint-Fort:
Kesyon an pa ta dwe poze nan tèm sa yo. Lang lan pa gen nasyonalite. Nou eksprime tèt nou byen senpleman nan yon lang ke nou konnen, komen nan kominote nou an oswa entèrlokuteur nou yo. Sa te di, lang lan gen valè sosyal an Ayiti. Chwazi sèvi ak franse oswa kreyòl nan sèten kontèks ka gen yon siyifikasyon espesyal. Pou nou di li tou senpleman, nou dwe itilize langaj komen pou Ayisyen pandan nou gen dwa ak lwazi pou nou itilize nenpòt lang. Lè nou konsidere ke gen plizyè kreyòl nan mond lan, li pi apwopriye pou pale de "kreyòl ayisyen".
Konsènan moun ki di ke li pale "ayisyen", anba a se pozisyon Cothière a, ki se nou tou:
Mwen pa fin sèten mwen byen konprann [kesyon an]. Pou di laverite, ayisyen oswa kreyòl ayisyen refere a menm bagay la, lang manman ayisyen yo. Petèt sa a ta dwe wè sa tankou yon sòt de kouch sou non lang yo ak ki moun sa yo nan dyaspora a yo an kontak, sètadi, angle, franse .
Repons Saint-Fort la an amoni pafè ak sa Cothière ki sepandan admèt ke li te konprann ki kote non "ayisyen" lang lan soti. Isit la li, anba a, transkri jan li te resevwa:
Non zansèt mwen yo te bay lang manman mwen se " kreyòl " . Se yon istwa long e mwen pa gen okenn entansyon pou chanje non sa ditou. Se konsa, mwen pral kontinye rele l ' " kreyòl " , menm jan pifò nan konpatriyòt mwen fè.
Depi gen plizyè lang kreyòl (kèk ladan yo baze sou franse, lòt yo sou angle, oswa sou pòtigè oswa panyòl), mwen toujou presize si mwen kominike avèk yon oratè ki pa ayisyen mwen pale kreyòl ayisyen. Mwen pa janm di ke mwen pale "ayisyen" . Tèm sa a deziyen yon nasyonalite. Li absoliman pa deziyen non premye lang ke nenpòt ayisyen ki fèt e ki grandi ann Ayiti pale. Premye lang sa a rele Kreyòl.
Mwen gen tandans dakò avèk ou lè pifò Ayisyen di yo pale "Ayisyen, k ap viv nan dyaspora a. Mwen te ekri anpil sou kesyon sa a tou de nan tèks akademik ak pou piblik la an jeneral, an patikilye sou chak jou ayisyen an, Le Nouvelliste, yon bon dis ane de sa. Lengwis ke mwen kondane absoliman non "Ayisyen" e ki pa koresponn ak reyalite istorik la ak orijin ki byen dokimante nan tèm nan tèt li.
Kòm nou te mansyone deja, opsyon deziyasyon "ayisyen" olye de tèm "kreyòl" la depi kèk tan vin sijè yon deba ki gen tandans gaye. Li komen menm isit la nan dyaspora ayisyen an nan Boston. Nan moman sa a kounye a, pwopagasyon li yo gen yon vwa sèlman nan mond lan akademik yo. Li fè pati milye sa a rete alarmant, sepandan. Paske, konpatriyot yo ki sipòte lide sa a kontinye nan reklamasyon li yo, se pa sèlman ak ardour ak pasyon, men bagay ki pi mal la se yo ke yo fè pati nan sektè a aprann. Li se yon avantaj danjere ki ka finalman mennen nan akòde yon pwèstans syantifik nan lide a anpil, lè li se malad-vin ansent. Nou swete regle tankou yon erè epi apresye lefèt kegen lengwis ki sipòte apwòch nou an .
Nou konprann, ane apre ane, sansiblite kesyon an ak kòlè kòlèg sa yo ki defann fòsman nouvo non an, men apwòch la pou gremesi e rezilta a pa ditou pwodiktif konsènan avni Ayiti. Nou prezante rezon ki fè yo: Premye a tout, apwòch sa a distans nou soti nan lòt moun, li pataje ak negritid bò a monolitik, twò santris nan mouvman sa a, byenke sa nesesè nan tan li yo. San yo pa reyalize li, nou te deplase lwen kad sa yo nan kriz idantite. Yo plonje nan yon kalite kominitaris kote yo mete Ayisyen kont kreyòl. Sepandan, Ayisyen oswa Panafrikenis, pa karakteristik yo, se yon pati nan valè kreyòl yo,si nou al gade nan ayestetik Glissantyen pale de yon mond nan "Relasyon" kote "kilti rankontre, sa ki pèmèt echanj san yo pa pèdi". "Li se sa a [kòm yon nosyon] ki detèmine mitasyon ki nesesè nan syans imanitè yo, ki soti nan kilti atavik kilti konpoze, ki soti nan idantite rasin idantite rizòm" (Gade Serge Martin,Nòt, poetik nan relasyon, iii) . Li dwe tou te di ke kèk nan entelektyèl nou twò souvan fèmen tèt yo nan yon mond nan refleksyon, pa sèlman subjectif, men tou binè, kote yo jwenn pèdi nan diskou yo. Epitou, yo rete nan prizon, san konsyans, nan kanal kolonyal la. Sot pase kolonyal la pèsiste nan prezan yo, e li anvayi tout dediksyon posib. Olye de sa, mond lan nan tèt li se konsa konplèks ke li ofri anpil ti transparans oswa konpreyansyon senp oswa binè.
Akòz rupture yo divès kalite ki imedyatman te pran plas, sot pase a nan imigran yo nan komès esklav la pwouve yo dwe menm pi konplèks rekonstwi. Nan sa ki konsène istwa, Édouard Glissant eksprime nan tout mond li iv , "nou toujou gen detere li oswa ogmante li nan mitan nou". Istwa migran an, li panse, se "yon kò san tèt" (Glissant, 1995: 18). Li pa bay l 'yo ale tounen nan sot pase l' pi lwen pase twa syèk. Nou, "imigran yo toutouni", jan Glissant konfime pa tèm sa a olye deskriptif, yo derasinen moun koupe soti nan stock nou an, diferan de Békés yo.ki te rive nan West Indies ak istansil pou kwit manje yo, chante yo, lang yo ak abitid yo ak koutim yo. Nan lòt men an, nou nwa, nan moman an nan atak yo, pa t 'gen tan pran anyen avèk nou. Se te, pou nou, eksperyans nan "gwo twou san fon an" v(gade Glissant: 18) sa ki nan kenbe stinking, anpile tankou sadin malgre tout distenksyon ki gen laj oswa sèks, lè sa a, li te "gwo twou san fon an" nan kay kann, pou nou Ayisyen ak sa yo ki an koton pou frè yo nwa nan Etazini yo . Li te dire byen sou twa syèk. Nou pa t 'menm kapab benefisye de kontribisyon istoryen yo oswa chèchè nan tan an. Yo te pran swen ti kras sou gwoup sa a nan f2/ fanm yo te pito, pou yo, gason-bagay sa yo. Soti nan moman koloni yo te gen sèlman Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry (1750 - 1819) ki te kite kèk tras ekri nan tan sa a. Tèm "tras" la pa dwe pran alalejè,nou prete li tou nan men Glissant ki nan teyori li sou "Relasyon" an mansyone li pou endike ke nan moman debakman an "imigran-toutouni" te gen sèlman memwa li pou li. Zonifye, li te fè tout bagay pou soti nan anyen. Sa a te ka a tou pou moun ki, pita, mande nan jou sa a nan 1804, yo dwe rele désormais Ayisyen.3 . Yo menm yo pral adopte pwòp lang yo, "kreyòl" epi yo pral apwopriye 27,000 km2 nan koloni Santo Domingo, kote yo bay non Ayiti. Se konsa, isit la yo se yon nimewo nan endikasyon ki fè sèten aspè nan istwa nou an yon ti kras difisil yo PIN desann.
Mwen se kreyòl, se poutèt sa mwen se Panafrikenis.
Referans yo byen etabli, an nou retounen sou kesyon ki preyokipe nou an: kisa ayisyen an pral pèdi lè li di ke li pa pale "kreyòl", men ke li pale "ayisyen"? An reyalite, lè yon ayisyen deklare ke li pale "kreyòl" e ke li se ayisyen, sa revele yon eta de dwa akeri e ke li te peye nan pri san li. Adopsyon mo "kreyòl la" pou deziyen lang li se jis yon non ke tout moun ta dwe respekte. Paske, ki soti nan yon pwen de vi semiotik, non sa a revele tout sot pase li yo: yon sèl enpòte soti nan Lafrik nan pwojè a nan Mercantilism, mo sa a tou refere a yon alyaj antye nan kilti kote tout eleman yo genyen ak opoze. Vodouisant, pou egzanp, pa gen pwoblèm sa a, li konvenki nan valè intrinsèques li yo,yon konpoze te fè nan tout kòt lwès la nan manman Lafrik, menm malisyeu entegre kontribisyon Ewopeyen an enpoze. Lè li te monte pa l 'yopapalwa -Divinite Lafrik yo- ki ka reprezante nan houmfò li pa yon ikon ki te prete nan legliz katolik oksidantal- èske li pa di: "gen 21 nasyon Afriken kap danse nan tèt li". Ann fè yon ti istwa lè nou konte sou kontribisyon kilti zansèt yo. Retounen nan Afrikenite se mo kle a. Sa a englobe tout gwoup etnik yo nan kòt lwès la nan kontinan an manman ki gen ladan kilti yo: metamòfoz la te pran plas nan 1791 sou nwit la la nan Out 14 nan Bois Kayiman, plas la ak dat nesans nan Pan-Afrikanis. Soulèvman esklav yo nan Bois Caïman ak Lwa Endepandans lan genyen, nan pwen de vi sa a, de pwen esansyèlman senbolik: si Seremoni an make premye tantativ nan yon retou nan Afrikenite, Lwa Endepandans lan pa adopte jou sa a nan 1 janvye. , 1804 non zile Arawak yo bay la temwaye solidarite nou ak frè nou yo ki te abite zile a anvan nou rive. LaLwa temwaye tou dezi nou pou pouvwa ak nesans Pan-Afrikanis. Nou te kapab, olye de Pan-Afrikanis, di "kreyòl", prete nan men Glissant, nan kou, definisyon li bay tèm sa a. Tèm kreyòl la oswa pi byen toujou kreyolizasyon ranfòse pwen nou konsènan tout kwazman kiltirèl sa a ki te fèt. Premyèman, Afriken yo pral fè fas ak natif natal yo nan peryòd la pre-Kolonbyen, Lè sa a, zansèt Afriken yo -Lè sa a, zansèt Afriken yo -Lè sa a, zansèt Afriken yo -Bosal oswa kreyòl- e poukisa yo pa mansyone Ewopeyen yo depi te gen tou de rankont kiltirèl ak jenetik avèk yo. Ann retounen, yon lòt fwa ankò, sou teyori Glissant, poetik Relasyon anfè referans a "rizòm lan" (P.23), nosyon sa a kote nenpòt ki singularité fonn yo pwodwi youn (nan) (nouvo (yo)). Sinkretis la nan vodou ayisyen ofri nou yon egzanp pafè nan sa a pluralism nan kilti ki se kwaze ak. kreye yon nouvo antye, ki pa sanble ak okenn nan konpozan li yo. Lè ou konsidere tout paramèt sa yo, li klè ke Ayisyen kontanporen yo se tout kreyòl. Yo pat reklame nasyonalite ayisyen jouk 1804, apre defèt lame Napoleon an, ki te swiv pa deklarasyon endepandans Ayiti e finalman pa konstitisyon Desalin ki deklare ke nou tout se Ayisyen .. Desalin nan desizyon sa a te vle montre ke esklavaj te fini nan iremedyableman pote ale tout fantezi nan stratifikasyon rasyalis ak kolonyalis.
Lè ou se Ayisyen se pa yon senp afimasyon, se istorikman senbòl yon sot pase bèl pouvwa. Sa a te pwen an kòmanse nan Pan-Afrikanism, yon zak ewoyikman enpoze malgre nan sistèm nan esklavaj, ki te objèktif vanjeur sa yo nan 1804. Pou di ke yon sèl se ayisyen temwaye rne a apre twa syèk nan zonbifikasyon ak esklavaj, men sa di trè ti kras nan konpoze kreyòl nou an, kwazman sa a nan Lafrik nan West Indies yo nan pwojè a nan kapitalis Ewopeyen an. Paske nan moman yo te rive a, anpil moun te oblije aksepte Krisyanis, ak lòt moun te rete Bosal pou tout tan .Se konsa, lè nou pale de kreyolite, li se sentèz sa a, alyaj sa a ke nou ap refere a. Sa pèmèt nou dedwi ke li ta pi apwopriye pou di, ke nou se kreyòl oswa ayisyen, ke nou pale kreyòl olye de "nou se ayisyen e nou pale" ayisyen ".
Konklizyon:
Nou te eseye etabli pwen esansyèl ki pote kreyolizasyon pi pre Pan-Afrikanis. Nan fè sa, nou ansanm yo volontèman. Paske, si kreyolite a tounen nan sa nou fè nan Karayib la, peyi adopte, Pan-Afrikanis, pou pati li yo, idantifye nou, pa sèlman ideolojikman, men pi wo a tout jeneyalojikman. Lè nou rete sou aspè sosyo-istorik non an, "Ayisyen", yo bay kreyòl la, nou te diskite lajman sou relasyon lengwistik tèm lan ak lyen li avèk Panafrikanisis, manyen kesyon sa a: Poukisa Panafrikanis ta dwe yon konsèp kreyolizasyon? Lè nou revize kesyon sa a, nou te rive nan dediksyon sa a:ke non an nan tèm "kreyòl la" kòm lang manman ayisyen an se pi apwopriye a e ke li se yon siksè istorik. Nou te kapab prezante Panafrikenis kòm ideyoloji oswa dyalòg ki dwe genyen pou fè Ayiti soti nan difikilte li yo. Rezilta yo divès kalite eksplore yo te kapab demontre ke pwoblèm yo leve soti vivan nan yon kriz idantite. Malgre enstriksyon Tonton an depi ane okipasyon yo (1915-1930), an jeneral, yo kenbe fèm. Retounen sa a nan Afrikenite, tradisyon, trezò nan kilti nou yo tout enskri nanRezilta yo divès kalite eksplore yo te kapab demontre ke pwoblèm yo leve soti vivan nan yon kriz idantite. Malgre enstriksyon Tonton an depi ane okipasyon yo (1915-1930), an jeneral, yo kenbe fèm. Retounen sa a nan Afrikenite, tradisyon, trezò nan kilti nou yo tout enskri nanRezilta yo divès kalite eksplore yo te kapab demontre ke pwoblèm yo leve soti vivan nan yon kriz idantite. Malgre enstriksyon Tonton an depi ane okipasyon yo (1915-1930), an jeneral, yo kenbe fèm. Retounen sa a nan Afrikenite, tradisyon, trezò nan kilti nou yo tout enskri nanSe konsa, tonton an te pale (gade Pri-Mas, 1928) vi epi yo toujou enpòtan jodi a. Pozisyon nou an nan okenn fason afime ke apwòch nou an se yon fen nan tèt li, li se yon mwayen pou eksplore lòt jaden nan rechèch. Li ap eseye elaji fondasyon eksplorasyon an men pandan y ap evite dikte altènativ devlopman lwen reyalite nou an, ak Se poutèt sa, fè tout utopi kowonpi. Nou dwe kounye a alye tèt nou ak peyi frè ak ki nou te mityèlman pataje yon sot pase pou utopi nou yo vin reyalite. (Gade rès la).
Nòt
Nota Bene: nou ekri substantif kreyòl la avèk miniskil [c] lè li deziyen lang lan ak yon majiskil [C] lè li refere a yon moun.
Yo obsève menm règ la pou tèm ayisyen an. Li pral pran yon kapital [H] lè li rive moun nan ak yon miniskil [h] lè w ap pale sou lang lan.
Nou ap refere isit la nan diskou Desalin nan kreyòl pandan pwoklamasyon endepandans nouvo eta a. Ann site nan sans sa a Apèsi sou fòmasyon istorik nasyon ayisyen an (2009) ki konfime pwen istwa sa a:
"Premye janvye 1804, sou plas d'Armes nan Gonayiv, nan mitan pèp la reyini ak kanmarad yo nan zam, Dessalines solanèlman pwoklame endepandans ansyen Sen Domeng, ki te pran youn nan ansyen non li yo. Endyen: Ayiti. Soti nan lotèl patri a, Jeneral an chèf la te pwoklame an kreyòl yon akizasyon sevè kont atwosite franse yo e li te mande odyans lan pou yo sèmante pou yo goumen jiska dènye souf pou endepandans peyi a [...]. Lè sa a, Boisrond-Tonnerre, ki moun ki te kanpe bò kote Jeneral-an-Chèf la, li de dokiman yo. "(Charlier, 2009: 400).
Sa a se pozisyon Maximilien Laroche tou: an reyalite, li te di, nan premye janvye 1804, apre diskou Dessalines an kreyòl, "Boisrond-Tonnerre opera, san yo pa reyalize li petèt pi paradoksal nan manèv militè yo, ki fè pwoklamasyon li an franse. nan non jeneral an chèf lame natifnatal la ”(Laroche, 1981: 32). Kraze Desalin nan chanje non peyi orijinal li, Ayiti, souliye yon lòt pwen esansyèl: sa vle di ke bosal yo oswa kreyòl yo te, ipso facto, konstitisyonèlman vin sitwayen ayisyen nan jou pwoklamasyon endepandans lan.
Bibliyografi
Rousseau, Jean-Jacques. TÈS SOU ORIJIN LANG ... www.rousseauonline.ch/pdf/rousseauonline-0060.pdf . Aksede 20 avril 2021.
Romanian, Jacques. Chèf lawouze . Le Temps des cerises, 2004.
Martin, Serge. Pwezi nan relasyon: "Yon ayestetik plis pase yon powetik". https://ver.hypotheses.org/1028 . Afiche 5 Mas 2014.
Glise, Édouard. Tout moun . Gallimard, 1993.
Glise, Edouard. Poetik nan relasyon. Gallimard, 1990.
Pri-Mas, Jean. Se konsa pale tonton . Memwa inkwell, 2020.
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Atik resan:
"Mwen se ayisyen, mwen pale kreyòl"
Joel- Super Star
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