Haiti en Marche: Lutte contre la drogue et corruption
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Haiti en Marche: Lutte contre la drogue et corruption
LUTTE CONTRE DROGUE ET CORRUPTION
Attention au choc en retour !
PORT-AU-PRINCE, 17 Juin - Le président René Préval mène simultanément la guerre contre la drogue, contre la corruption et une campagne d'assainissement des finances publiques.
Et le tout semble avoir démarré sur des chapeaux de roue. Mais attention au choc en retour.
La Police nationale d'Haïti (PNH) a été une priorité pour M. Préval depuis son premier mandat (1996-2001). On lui doit la première tentative de donner à ce corps une chaîne de commande, une ossature ainsi qu'un début de crédibilité. C'est l'époque où furent jugés et condamnés le commissaire Coles Rameau et les policiers relevant de son commandement qui s'étaient rendus coupables de l'exécution de plusieurs membres d'un groupe de jeunes (armés ou non) à Carrefour Feuilles.
L'actuelle entreprise de nettoyage de la PNH ou " vetting " ne pouvait donc tomber sous une meilleure administration. Tout Lavalas qu'il est (ou qu'il a été), René Préval s'est toujours voulu un partisan de l'ordre républicain.
Un coup dur...
Récemment, la police s'est emparée, avec l'aide de la mission internationale de maintien de la paix (Minustah), d'une cargaison de 420 kilos de cocaïne qui traversait le pays pour se rendre en République dominicaine voisine et partir pour les Etats-Unis.
De nombreuses arrestations effectuées, dont au moins cinq policiers en exercice.
Plus tard, découverte dans les hauteurs dominant la capitale (Laboule 12) d'une véritable plate-forme équipée de tout le nécessaire pour guider l'atterrissage des aéronefs venant de Colombie ou du Venezuela et accompagner la drogue jusqu'à destination.
Un coup dur porté à ce trafic, possible. A preuve, on rapportait immédiatement quelques tentatives pour troubler l'ordre public et jeter la panique. Tel un véhicule inconnu qui circulait en tirant sur les passants.
Mais ce ne sont pas les haïtiens qui profitent le plus de ce commerce dans notre pays. Et à ces gens-là, il a fallu sans doute beaucoup d'efforts et d'investissements pour mettre en place leur réseau. Vont-ils baisser facilement les bras ?
La lutte contre la corruption, idem. On tend même à y faire entrer aujourd'hui la détention du PDG de la Haitel, Franck Ciné, qui a été jeté en prison, ainsi que trois autres membres du conseil d'administration de la banque en faillite, la Socabank. Accusation formulée par le juge en charge du dossier, Patrick Métellus : " escroquerie et association de malfaiteurs. "
Transparency International...
Bien que (et suivant les directives de ce que nous appellerions la multinationale de la lutte contre la corruption, Transparency International), il s'agit dans la plupart des cas de dénoncer des dessous-de-table consentis aux officiels gouvernementaux par de grandes firmes commerciales ou industrielles...
Mais Franck Ciné a-t-il été ciblé depuis bien avant ? On se rappelle en effet que la représentante de Transparency International en Haïti (directrice de la Fondation Héritage) s'était vite emparée du cas des sénateurs qui avaient voté une motion pour demander à la Banque de la république d'Haïti (banque centrale) de surseoir à l'analyse du dossier de la Socabank. Et que ces sénateurs étaient accusés (au milieu d'un grand battage médiatique de toute évidence orchestré de main de maître) d'avoir reçu des pots-de-vin du patron de la Haitel, grande firme haïtienne de téléphonie cellulaire. Même si aucune preuve matérielle n'a jamais été apportée.
Mais le principal déclencheur de la lutte anti-corruption était en place : corruption de fonctionnaires publics.
LESPWA...
Cependant si jugement il doit y avoir, les " fonctionnaires " en question seront appelés à la barre. Rappelons que certains des sénateurs qui ont été incriminés sont des membres puissants du parti gouvernemental, LESPWA, celui-là même qui a endossé la candidature présidentielle de René Préval et qui soutient le gouvernement de son premier ministre Jacques Edouard Alexis.
La lutte contre la corruption donc elle aussi n'est pas sans effet secondaire...
Jusqu'au processus d'assainissement de la comptabilité publique, une obligation incontournable pour continuer à avoir la confiance des grandes institutions internationales de crédit (Fonds Monétaire, Banque mondiale, BID etc), qui n'est pas immunisé contre les surprises désagréables.
Complicité totale de la population...
Le gouvernement est fier d'aligner les meilleurs chiffres en matière d'inflation, de plafonnement des dépenses publiques, de contrôle des changes, de la gestion de la dette...
C'est en effet indispensable, le premier pas pour commencer à sortir du marasme. Mais le choc en retour, c'est la récente grève du transport en commun qui a paralysé la plupart des activités pendant deux jours. Et la complicité totale de la population à ce mouvement.
Les chauffeurs protestent contre la nouvelle hausse des prix du carburant.
La population contre la misère qui ne bouge pas d'un iota.
Morale de l'histoire : gouverner c'est un tout. On doit pouvoir avancer dans plusieurs directions tout à la fois. C'est encore plus difficile qu'on le pense, n'est-ce pas. Sauf si on est en dictature. Papa Doc pouvait cesser de payer les employés publics pendant plus d'une année. Cela n'est pas possible en démocratie. Et l'oublier, c'est se condamner à retomber dans l'arbitraire. L'enfer est souvent pavé de bonnes intentions.
Bien entendu, la communication peut aider autant que possible à faire passer momentanément la pilule. Mais c'est quand elle touche les vraies préoccupations de la population. Au contraire, les derniers messages du président Préval ont eu pour seul objet la lutte contre la drogue et la corruption.
Pas de saucisses !...
Pour importante que soit cette lutte pour la stabilité générale du pays, elle ne concerne pas directement le quotidien des petites gens qui constituent 80% de la population et qui ont aujourd'hui leur mot à dire. Et ne s'en privent pas.
Le pouvoir partout au monde a aujourd'hui pour devoir d'être clair, net et méthodique. Ce sont 8 millions de paires d'yeux qui nous passent quotidiennement au peigne fin. Pas de saucisses, disaient nos émeutiers des années immédiatement post-Duvalier. Vingt ans après, le pays a fait son doctorat en la matière.
Mais si on leur explique de manière absolument rigoureuse (et de première main) le bien fondé et la finalité des sacrifices qui nous sont demandés aujourd'hui...
Enfin M. Préval devrait en savoir plus que quiconque en la matière. Alors !
Tout comme, à notre humble avis, il faut se garder de mener la lutte contre la drogue comme une simple affaire de gendarme et de voleur.
Ce n'est pas un concours de tableaux de chasse. Le Mexique a saisi X kilos. La Colombie Y. Et nous d'un seul coup, 420.
Pita pi rèd...
Les cartels de la drogue ont des décennies d'expérience, des milliards à jeter par les fenêtres. Et le bras très long...
Pensez que sur 400 milliards que le trafic rapporterait annuellement (chiffres de 2006), au moins 300 milliards restent dans les pays du Nord. Eh oui.
Par conséquent, à moins que la route d'Haïti ne soit pas vraiment aussi indispensable qu'on veut nous faire croire, il faut donc continuellement garder à l'esprit que nous avons affaire à très forte partie. Et que pita pi rèd . Et prendre les précautions qui s'imposent. Y compris envers ceux qui nous poussent à agir.
" Classe moyenne " ou pas...
Quant à la lutte contre la corruption, l'affaire Franck Ciné nous montre déjà les dégâts collatéraux possibles...
C'est l'interprétation " classe moyenne " qui en est faite aussitôt.
On peut répéter tant qu'on veut le mot de Acaau, révolutionnaire haïtien du 19e siècle : le mulâtre pauvre est un noir, le noir riche devient un mulâtre.
Et même insinuer que Franck Ciné avait oublié pendant longtemps son statut de classe moyenne.
Mais en politique, souvent perception vaut fait.
La corruption est un vieux compagnon que connaissent bien les familles les plus fortunées d'Haïti. Cet héritage historique aidant, un nombre plus grand de professionnels et de cadres qu'on pense (et aussi de nouveaux patrons) peut en effet ressentir cet événement comme un affront (sinon une menace) à leur évolution socio-économique, appelez-le " classe moyenne " ou pas.
Le pays a besoin de lutter contre la corruption. Mais la division aussi est mauvaise conseillère.
Editorial, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince
Attention au choc en retour !
PORT-AU-PRINCE, 17 Juin - Le président René Préval mène simultanément la guerre contre la drogue, contre la corruption et une campagne d'assainissement des finances publiques.
Et le tout semble avoir démarré sur des chapeaux de roue. Mais attention au choc en retour.
La Police nationale d'Haïti (PNH) a été une priorité pour M. Préval depuis son premier mandat (1996-2001). On lui doit la première tentative de donner à ce corps une chaîne de commande, une ossature ainsi qu'un début de crédibilité. C'est l'époque où furent jugés et condamnés le commissaire Coles Rameau et les policiers relevant de son commandement qui s'étaient rendus coupables de l'exécution de plusieurs membres d'un groupe de jeunes (armés ou non) à Carrefour Feuilles.
L'actuelle entreprise de nettoyage de la PNH ou " vetting " ne pouvait donc tomber sous une meilleure administration. Tout Lavalas qu'il est (ou qu'il a été), René Préval s'est toujours voulu un partisan de l'ordre républicain.
Un coup dur...
Récemment, la police s'est emparée, avec l'aide de la mission internationale de maintien de la paix (Minustah), d'une cargaison de 420 kilos de cocaïne qui traversait le pays pour se rendre en République dominicaine voisine et partir pour les Etats-Unis.
De nombreuses arrestations effectuées, dont au moins cinq policiers en exercice.
Plus tard, découverte dans les hauteurs dominant la capitale (Laboule 12) d'une véritable plate-forme équipée de tout le nécessaire pour guider l'atterrissage des aéronefs venant de Colombie ou du Venezuela et accompagner la drogue jusqu'à destination.
Un coup dur porté à ce trafic, possible. A preuve, on rapportait immédiatement quelques tentatives pour troubler l'ordre public et jeter la panique. Tel un véhicule inconnu qui circulait en tirant sur les passants.
Mais ce ne sont pas les haïtiens qui profitent le plus de ce commerce dans notre pays. Et à ces gens-là, il a fallu sans doute beaucoup d'efforts et d'investissements pour mettre en place leur réseau. Vont-ils baisser facilement les bras ?
La lutte contre la corruption, idem. On tend même à y faire entrer aujourd'hui la détention du PDG de la Haitel, Franck Ciné, qui a été jeté en prison, ainsi que trois autres membres du conseil d'administration de la banque en faillite, la Socabank. Accusation formulée par le juge en charge du dossier, Patrick Métellus : " escroquerie et association de malfaiteurs. "
Transparency International...
Bien que (et suivant les directives de ce que nous appellerions la multinationale de la lutte contre la corruption, Transparency International), il s'agit dans la plupart des cas de dénoncer des dessous-de-table consentis aux officiels gouvernementaux par de grandes firmes commerciales ou industrielles...
Mais Franck Ciné a-t-il été ciblé depuis bien avant ? On se rappelle en effet que la représentante de Transparency International en Haïti (directrice de la Fondation Héritage) s'était vite emparée du cas des sénateurs qui avaient voté une motion pour demander à la Banque de la république d'Haïti (banque centrale) de surseoir à l'analyse du dossier de la Socabank. Et que ces sénateurs étaient accusés (au milieu d'un grand battage médiatique de toute évidence orchestré de main de maître) d'avoir reçu des pots-de-vin du patron de la Haitel, grande firme haïtienne de téléphonie cellulaire. Même si aucune preuve matérielle n'a jamais été apportée.
Mais le principal déclencheur de la lutte anti-corruption était en place : corruption de fonctionnaires publics.
LESPWA...
Cependant si jugement il doit y avoir, les " fonctionnaires " en question seront appelés à la barre. Rappelons que certains des sénateurs qui ont été incriminés sont des membres puissants du parti gouvernemental, LESPWA, celui-là même qui a endossé la candidature présidentielle de René Préval et qui soutient le gouvernement de son premier ministre Jacques Edouard Alexis.
La lutte contre la corruption donc elle aussi n'est pas sans effet secondaire...
Jusqu'au processus d'assainissement de la comptabilité publique, une obligation incontournable pour continuer à avoir la confiance des grandes institutions internationales de crédit (Fonds Monétaire, Banque mondiale, BID etc), qui n'est pas immunisé contre les surprises désagréables.
Complicité totale de la population...
Le gouvernement est fier d'aligner les meilleurs chiffres en matière d'inflation, de plafonnement des dépenses publiques, de contrôle des changes, de la gestion de la dette...
C'est en effet indispensable, le premier pas pour commencer à sortir du marasme. Mais le choc en retour, c'est la récente grève du transport en commun qui a paralysé la plupart des activités pendant deux jours. Et la complicité totale de la population à ce mouvement.
Les chauffeurs protestent contre la nouvelle hausse des prix du carburant.
La population contre la misère qui ne bouge pas d'un iota.
Morale de l'histoire : gouverner c'est un tout. On doit pouvoir avancer dans plusieurs directions tout à la fois. C'est encore plus difficile qu'on le pense, n'est-ce pas. Sauf si on est en dictature. Papa Doc pouvait cesser de payer les employés publics pendant plus d'une année. Cela n'est pas possible en démocratie. Et l'oublier, c'est se condamner à retomber dans l'arbitraire. L'enfer est souvent pavé de bonnes intentions.
Bien entendu, la communication peut aider autant que possible à faire passer momentanément la pilule. Mais c'est quand elle touche les vraies préoccupations de la population. Au contraire, les derniers messages du président Préval ont eu pour seul objet la lutte contre la drogue et la corruption.
Pas de saucisses !...
Pour importante que soit cette lutte pour la stabilité générale du pays, elle ne concerne pas directement le quotidien des petites gens qui constituent 80% de la population et qui ont aujourd'hui leur mot à dire. Et ne s'en privent pas.
Le pouvoir partout au monde a aujourd'hui pour devoir d'être clair, net et méthodique. Ce sont 8 millions de paires d'yeux qui nous passent quotidiennement au peigne fin. Pas de saucisses, disaient nos émeutiers des années immédiatement post-Duvalier. Vingt ans après, le pays a fait son doctorat en la matière.
Mais si on leur explique de manière absolument rigoureuse (et de première main) le bien fondé et la finalité des sacrifices qui nous sont demandés aujourd'hui...
Enfin M. Préval devrait en savoir plus que quiconque en la matière. Alors !
Tout comme, à notre humble avis, il faut se garder de mener la lutte contre la drogue comme une simple affaire de gendarme et de voleur.
Ce n'est pas un concours de tableaux de chasse. Le Mexique a saisi X kilos. La Colombie Y. Et nous d'un seul coup, 420.
Pita pi rèd...
Les cartels de la drogue ont des décennies d'expérience, des milliards à jeter par les fenêtres. Et le bras très long...
Pensez que sur 400 milliards que le trafic rapporterait annuellement (chiffres de 2006), au moins 300 milliards restent dans les pays du Nord. Eh oui.
Par conséquent, à moins que la route d'Haïti ne soit pas vraiment aussi indispensable qu'on veut nous faire croire, il faut donc continuellement garder à l'esprit que nous avons affaire à très forte partie. Et que pita pi rèd . Et prendre les précautions qui s'imposent. Y compris envers ceux qui nous poussent à agir.
" Classe moyenne " ou pas...
Quant à la lutte contre la corruption, l'affaire Franck Ciné nous montre déjà les dégâts collatéraux possibles...
C'est l'interprétation " classe moyenne " qui en est faite aussitôt.
On peut répéter tant qu'on veut le mot de Acaau, révolutionnaire haïtien du 19e siècle : le mulâtre pauvre est un noir, le noir riche devient un mulâtre.
Et même insinuer que Franck Ciné avait oublié pendant longtemps son statut de classe moyenne.
Mais en politique, souvent perception vaut fait.
La corruption est un vieux compagnon que connaissent bien les familles les plus fortunées d'Haïti. Cet héritage historique aidant, un nombre plus grand de professionnels et de cadres qu'on pense (et aussi de nouveaux patrons) peut en effet ressentir cet événement comme un affront (sinon une menace) à leur évolution socio-économique, appelez-le " classe moyenne " ou pas.
Le pays a besoin de lutter contre la corruption. Mais la division aussi est mauvaise conseillère.
Editorial, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince
gwotoro- Super Star
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Localisation : Canada
Date d'inscription : 20/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: le balancier
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