Haiti en Marche toujours autour de lutte anti-corruption
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Haiti en Marche toujours autour de lutte anti-corruption
D'autres interrogations sur la lutte anti-corruption
PORT-AU-PRINCE, 16 Septembre - Lors d'une visite chez des compatriotes à l'étranger, de quoi vous parlent-ils ? D'Haïti bien sûr comme inévitablement à chaque fois que deux haïtiens se rencontrent. Mais aussi de leurs problèmes financiers. La taxe à la propriété ou impôt locatif et les assurances qui ne cessent de grimper mais pour des services de plus en plus restreints. Mais aussi les frais annuels pour les enfants qui entrent au collège. Etc.
En Haïti, mêmes préoccupations. Dans un foyer normal cette semaine, on ne parle que des frais de la rentrée des classes. Et plus généralement de la hausse des prix des produits à la consommation importés malgré la baisse du dollar sur le marché local.
Partout donc les préoccupations sont les mêmes. Partout, sauf à Port-au-Prince où un nouvel esprit s'est développé et qui continue de plus belle : chacun rêve de devenir un millionnaire. En chaque haïtien, il y a un millionnaire qui sommeille.
Savez-vous que cela n'existe à peu de chose près qu'en Haïti ? Et c'est comme si plus le pays devient misérable, plus les millionnaires en songe affluent. Il doit donc y avoir une certaine conjonction de facteurs : pauvreté et crise économique - ou plus précisément appauvrissement généralisé, dans un contexte de crise politique endémique débouchant sur la disparition de la loi et l'ordre...
Donc moins de possibilités de gagner normalement sa vie peut aussi conduire à cette dérive : tout le monde veut devenir un millionnaire pour se mettre à l'abri. Situation rappelant un peu la Sicile de la mafia, l'Italie d'après Guerre ou la Russie au lendemain de la chute de l'empire soviétique.
Quand Marilyn Monroe chante " How to become a millionnaire ? " c'est la même éternelle histoire de Cendrillon. Mais chez nous on n'est plus dans le conte de fée. Disons que la réalité dépasse la fiction.
La politique qui est le premier des trafics !...
Et comment espérer le devenir ce millionnaire quand les voies normales se font rares ou comme chez nous quasi-inexistantes, sinon par des voies détournées. Celles-ci s'appellent la drogue ou toutes sortes d'autres trafics. Mais en premier lieu, et plus que tous les autres, la politique. La politique qui est le premier des trafics : trafic d'influence, pardi.
Nous ne savons pas si les responsables de la lutte anti-corruption y ont réfléchi. La première cause, la cause la plus profonde de la corruption, n'est-ce pas cet esprit qui s'est développé chez nous de vouloir tous devenir millionnaire, et millionnaire du jour au lendemain, en quelques heures.
Et c'est du haut en bas de l'échelle sociale : peuple, élite et classes moyennes confondus.
Le jeune homme de moins de trente ans, à l'âge où autrefois l'on vivait encore chez ses parents, a déjà sa villa dans les hauteurs surplombant la capitale et une flotte de jeeps Mercedes.
Et de plus en plus ce " golden boy ", il peut se retrouver dans n'importe quelle classe de la société, il peut venir de n'importe quel milieu. Les riches n'ont plus le monopole de la richesse. Beaucoup s'en réjouissent. Non par souci d'équité, mais parce que demain peut-être leur tour viendra. La corruption ne fait point de discrimination. La richesse n'attend point le nombre des années. La fortune sourit aux audacieux. C'est-à-dire ceux qui n'hésitent devant aucun moyen. Plus que jamais, la fin justifie les moyens. Inutile d'ajouter (cela ferait trop banal) et ce qui va de soi : l'argent n'a pas d'odeur.
Mêmes paires de chaussures Bata...
Mais le plus grave, c'est que d'un état d'esprit cela est devenu une véritable culture pour être aujourd'hui la base de l'éducation donnée à nos propres enfants.
Autrefois, quand on fréquentait la même école, rien ne distinguait un élève d'un autre sur la cour de récréation, quelle que soit la fortune de vos parents. Même uniforme, pantalon kaki, mêmes paires de chaussures Bata. Etc.
Aujourd'hui l'on se plaint du coût inimaginable des frais scolaires en faisant semblant d'oublier que c'est le même esprit pervers dont nous parlons qui l'alimente. Aujourd'hui les enfants se distinguent pendant la récréation par le contenu de leur boîte à lunch et la marque de voiture qui les emmène à l'école. Et le sentiment d'imitation, et plus encore de compétition aidant, voilà une nouvelle génération déjà prête pour perpétuer le même esprit. Des millionnaires au berceau.
Mais cela ne s'arrête pas là. Puisqu'on peut devenir millionnaire sans travailler, on peut tout réaliser également sans effort. C'est un autre trait de la nouvelle génération : ceux qui savent tout sans avoir rien appris. Car ici les diplômes aussi ont leur prix.
Des incompétents grandiloquents...
C'est pour vous dire que la lutte contre la corruption est indispensable dans un tel contexte, parce que la corruption menace de détruire (si ce n'est déjà fait comme nous le voyons) jusqu'à la partie la plus essentielle de nous-mêmes. De nous transformer en une nation de ripoux audacieux et cyniques mais aussi de nuls et d'incompétents grandiloquents. Des traits qui sont déjà assez communs dans notre milieu.
Mais faut-il bien que la lutte anti-corruption aille jusqu'au fond des choses et ne reste pas un simple épisode conjoncturel et destiné à éviter les condamnations de la communauté internationale.
Jusqu'ici cette dernière appuie toutes les démarches du gouvernement en ce sens. Mais notre seul juge se doit d'être d'abord nous-mêmes.
Editorial, Mélodie 103.3 FM
PORT-AU-PRINCE, 16 Septembre - Lors d'une visite chez des compatriotes à l'étranger, de quoi vous parlent-ils ? D'Haïti bien sûr comme inévitablement à chaque fois que deux haïtiens se rencontrent. Mais aussi de leurs problèmes financiers. La taxe à la propriété ou impôt locatif et les assurances qui ne cessent de grimper mais pour des services de plus en plus restreints. Mais aussi les frais annuels pour les enfants qui entrent au collège. Etc.
En Haïti, mêmes préoccupations. Dans un foyer normal cette semaine, on ne parle que des frais de la rentrée des classes. Et plus généralement de la hausse des prix des produits à la consommation importés malgré la baisse du dollar sur le marché local.
Partout donc les préoccupations sont les mêmes. Partout, sauf à Port-au-Prince où un nouvel esprit s'est développé et qui continue de plus belle : chacun rêve de devenir un millionnaire. En chaque haïtien, il y a un millionnaire qui sommeille.
Savez-vous que cela n'existe à peu de chose près qu'en Haïti ? Et c'est comme si plus le pays devient misérable, plus les millionnaires en songe affluent. Il doit donc y avoir une certaine conjonction de facteurs : pauvreté et crise économique - ou plus précisément appauvrissement généralisé, dans un contexte de crise politique endémique débouchant sur la disparition de la loi et l'ordre...
Donc moins de possibilités de gagner normalement sa vie peut aussi conduire à cette dérive : tout le monde veut devenir un millionnaire pour se mettre à l'abri. Situation rappelant un peu la Sicile de la mafia, l'Italie d'après Guerre ou la Russie au lendemain de la chute de l'empire soviétique.
Quand Marilyn Monroe chante " How to become a millionnaire ? " c'est la même éternelle histoire de Cendrillon. Mais chez nous on n'est plus dans le conte de fée. Disons que la réalité dépasse la fiction.
La politique qui est le premier des trafics !...
Et comment espérer le devenir ce millionnaire quand les voies normales se font rares ou comme chez nous quasi-inexistantes, sinon par des voies détournées. Celles-ci s'appellent la drogue ou toutes sortes d'autres trafics. Mais en premier lieu, et plus que tous les autres, la politique. La politique qui est le premier des trafics : trafic d'influence, pardi.
Nous ne savons pas si les responsables de la lutte anti-corruption y ont réfléchi. La première cause, la cause la plus profonde de la corruption, n'est-ce pas cet esprit qui s'est développé chez nous de vouloir tous devenir millionnaire, et millionnaire du jour au lendemain, en quelques heures.
Et c'est du haut en bas de l'échelle sociale : peuple, élite et classes moyennes confondus.
Le jeune homme de moins de trente ans, à l'âge où autrefois l'on vivait encore chez ses parents, a déjà sa villa dans les hauteurs surplombant la capitale et une flotte de jeeps Mercedes.
Et de plus en plus ce " golden boy ", il peut se retrouver dans n'importe quelle classe de la société, il peut venir de n'importe quel milieu. Les riches n'ont plus le monopole de la richesse. Beaucoup s'en réjouissent. Non par souci d'équité, mais parce que demain peut-être leur tour viendra. La corruption ne fait point de discrimination. La richesse n'attend point le nombre des années. La fortune sourit aux audacieux. C'est-à-dire ceux qui n'hésitent devant aucun moyen. Plus que jamais, la fin justifie les moyens. Inutile d'ajouter (cela ferait trop banal) et ce qui va de soi : l'argent n'a pas d'odeur.
Mêmes paires de chaussures Bata...
Mais le plus grave, c'est que d'un état d'esprit cela est devenu une véritable culture pour être aujourd'hui la base de l'éducation donnée à nos propres enfants.
Autrefois, quand on fréquentait la même école, rien ne distinguait un élève d'un autre sur la cour de récréation, quelle que soit la fortune de vos parents. Même uniforme, pantalon kaki, mêmes paires de chaussures Bata. Etc.
Aujourd'hui l'on se plaint du coût inimaginable des frais scolaires en faisant semblant d'oublier que c'est le même esprit pervers dont nous parlons qui l'alimente. Aujourd'hui les enfants se distinguent pendant la récréation par le contenu de leur boîte à lunch et la marque de voiture qui les emmène à l'école. Et le sentiment d'imitation, et plus encore de compétition aidant, voilà une nouvelle génération déjà prête pour perpétuer le même esprit. Des millionnaires au berceau.
Mais cela ne s'arrête pas là. Puisqu'on peut devenir millionnaire sans travailler, on peut tout réaliser également sans effort. C'est un autre trait de la nouvelle génération : ceux qui savent tout sans avoir rien appris. Car ici les diplômes aussi ont leur prix.
Des incompétents grandiloquents...
C'est pour vous dire que la lutte contre la corruption est indispensable dans un tel contexte, parce que la corruption menace de détruire (si ce n'est déjà fait comme nous le voyons) jusqu'à la partie la plus essentielle de nous-mêmes. De nous transformer en une nation de ripoux audacieux et cyniques mais aussi de nuls et d'incompétents grandiloquents. Des traits qui sont déjà assez communs dans notre milieu.
Mais faut-il bien que la lutte anti-corruption aille jusqu'au fond des choses et ne reste pas un simple épisode conjoncturel et destiné à éviter les condamnations de la communauté internationale.
Jusqu'ici cette dernière appuie toutes les démarches du gouvernement en ce sens. Mais notre seul juge se doit d'être d'abord nous-mêmes.
Editorial, Mélodie 103.3 FM
gwotoro- Super Star
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Nombre de messages : 3974
Localisation : Canada
Date d'inscription : 20/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: le balancier
Re: Haiti en Marche toujours autour de lutte anti-corruption
Les oiseaux de mauvais augure ne devraient pas condamner l'attitude de la nouvelle génération sans tenir compte de leurs responsabilités dans cette détérioration des moeurs et coutmes au pays.Je ne prone pas la tolerance envers les delinquants ,mais en verité si j'avais à choisir entre le bondieubonisme et la debrouillardise je choisirais la dernière attitude.(lol)je ne mourrai pas de malnutrition le chapelet à la main en recitant l'Ave maria et en croyant aux preceptes de l'evangile des esclavagistes qui pour me maintenir dans l'esclavage me cite ces paroles bibliques:"Il sera plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille que pour un riche d'entrer dans le royaume des cieux" tandis qu'ils me fouettent jour et nuit pour augmenter ma productivité dans leurs champs(lol)
Je prefère l'attitude de ces jeunes gens qui refusent de mourir le ventre creux pourvu qu'ils respectent les lois du pays.C'est si facile pour ceux qui ont le ventre bien rempli de faire leur sieste en prechant la morale,mais qu'avions-nous fait pour leur donner le moyen de subvenir à leurs besoins?Avant de les condamner nous devrions faire notre mea culpa."Pou genyen la pè nan tet fok genyen la pè nan vant." Jean Bertrand Aristide. wouyyy nan ki nich gep mwen foure tet mwen a swè ya" Rico ak kakko pral mande pou yo koupe tet mwen pou tet mwen site yon verite Aristide te di.(lol)
Je prefère l'attitude de ces jeunes gens qui refusent de mourir le ventre creux pourvu qu'ils respectent les lois du pays.C'est si facile pour ceux qui ont le ventre bien rempli de faire leur sieste en prechant la morale,mais qu'avions-nous fait pour leur donner le moyen de subvenir à leurs besoins?Avant de les condamner nous devrions faire notre mea culpa."Pou genyen la pè nan tet fok genyen la pè nan vant." Jean Bertrand Aristide. wouyyy nan ki nich gep mwen foure tet mwen a swè ya" Rico ak kakko pral mande pou yo koupe tet mwen pou tet mwen site yon verite Aristide te di.(lol)
Rodlam Sans Malice- Super Star
-
Nombre de messages : 11114
Localisation : USA
Loisirs : Lecture et Internet
Date d'inscription : 21/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: Stock market
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