Birmanie, Cuba même combat !
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Birmanie, Cuba même combat !
Birmanie, Cuba même combat !
C’est reparti pour un tour, on s’apitoie de nouveau sur commande! Jane Birkin nous le dit, la Birmanie, c’est l’horreur, il faut la démocratie au plus vite pour ce pays d’Asie. Clooney nous avait servi le même discours à propos du Darfour. A chaque trimestre sa crise médiatique, pendant ce temps, les pluies et les inondations en Afrique ont fait plus de morts et de déplacés en quelques jours qu’au Darfour cette année et à Rangoon cette semaine. Mais dans ce cas, silence presque total. Il n’y a pas de pétrole en cause, pas de Chinois à dénigrer non plus. Et puis, à cause des biocarburants, on n’a plus assez de stocks alimentaires à distribuer aux pauvres pour désengorger nos entrepôts désormais vide de nos surplus.
Il faut être naïf pour croire que la chute de la junte des généraux birmans verra l’avènement de la démocratie et la fin de la misère du peuple. Si cette chute advient, il se peut que ça soit pire et pour sûr à court terme il y a peu d’espoir d’une amélioration significative. Je vais m’en expliquer.
Le régime birman est loin d’être exemplaire, mais en fermant le pays, il lui a jusqu’à présent évité de se voir envahi par les touristes. Les visas sont distribués avec parcimonie et les séjours sont limités. Le pays n’est pas encore dépecé par les multinationales comme cela se produit régulièrement à la chute d’une dictature dans le collimateur des Etats-Unis et à un moindre titre de l’Occident quand il n’y a pas de guerre civile à la suite de la démocratisation comme c’est le cas en Irak.
D’abord, la démocratie birmane, débarrassée de ses généraux verra Rangoon se transformer en bordel géant et bon marché concurrençant Bangkok en cassant les prix. Les filles y seront au début trois ou quatre fois moins chères et plus dociles car moins expérimentées. Des hordes d’Américains en short, adipeux mangeant des glaces et bouffant des hamburgers viendront tripoter des prostituées et des gogos danseuses pour quelques dollars. Ils seront probablement précédés par des Japonais et des Australiens venus en voisins. La prostitution homosexuelle et les travestis auront aussi leur place sur ce nouveau marché florissant et ce n’est pas les bonzes qui pourront s’y opposer. Les Birmans hommes, femmes et enfants deviendront de la chair à touristes encore plus qu’en Thaïlande, car ce pays est industrialisé et ne vit plus à cent pour cent du tourisme, les Thaïs investissent et exportent des produits manufacturés. La Birmanie, n’ayant que peu d’infrastructures et une industrie non modernisée risque de se clochardiser en se démocratisant. Il y aura bien sûr des prêts, des dons et des ONG, au risque d’aliéner le pays comme cela se passe quand l’aide internationale est massive... et souvent détournée.
Ensuite, les nouveaux démocrates vendront des concessions à des multinationales américaines, japonaises et australiennes et le pays sera mis en coupe réglée par une nouvelle classe d’arrivistes plaçant leurs dividendes sur des comptes off-shore comme cela s’est passé en Russie, Hongrie et ex Zaïre (encore pire que du temps de Mobutu). Les Européens n’y gagneront rien ou presque, les Français rien du tout. Total devra arroser encore plus les nouveaux démocrates pour pouvoir rester ou sera évincé au profit de compagnies pétrolières américaines ou malaisiennes et les pierres précieuses seront aux mains des Australiens et des Canadiens. Le Birman de base aura droit au multipartisme et pourra donc ainsi choisir à qui distribuer la multicorruption.
Les nouveaux amis de la Birmanie lui conseilleront d’éloigner les Chinois des marchés juteux et pour le justifier, on trouvera bien une usine de jouets clandestine installée par Pékin au temps de la junte et qui sera filmée pour les infos de vingt heures.
La dette flambera, le FMI et la Banque Mondiale demanderont des mesures drastiques et les plus pauvres en pâtiront encore plus que les Argentins, qui, il faut le reconnaître, ont moins souffert économiquement avant les Malouines (c’est-à-dire au temps des pouvoirs militaires) que lors des plans de restructurations voulus par les instances financières internationales.
Comme cela se passe au Maroc ou en Tunisie avec le patrimoine immobilier, les plus belles villas coloniales et les plus beaux édifices seront vendus à de riches étrangers et les habitants alentours seront expropriés par la police démocratique pour que leur présence ne pollue pas les riches acquéreurs. Et puis, la démocratie, c’est aussi le béton ! Rangoon et Mandalay seront défigurés par les promoteurs et la côte sera « club méditerranéisée » en moins de temps qu’un tsunami. Les Karens reviendront d’exil et pourront voter, mais n’ayant pas de place dans le système économique, ils devront réactualiser les femmes girafes en torturant le cou de leurs fillettes pour les faire photographier par les touristes moyennant finance et cela sera moins cher qu’à présent en Thaïlande !
Le même scénario menace Cuba. Castro est loin d’être un ange, mais il a préservé son pays de la mainmise américaine. A la mort de Castro et après l’élimination en douceur de son frère, le prochain Cuba libre sera celui des enseignes Coca Cola, Mac Donald, Exxon. Les banques américaines auront pignon sur rue, les vieilles maisons hispaniques seront vendues aux étrangers ou à la mafia cubaine de retour de Floride. Les mafieux de Miami reviendront en patriotes ouvrir bordels et casinos et les fabriques de cigares et autres sucreries seront privatisées avec dégraissage d’effectifs, chômage et dégradation du système de santé et de l’éducation. On inaugurera une statue en pierre ou en bronze en souvenir de Battista et l’anglais deviendra la deuxième langue nationale. Ce sera le retour flamboyant des gangsters d’Etat. Belle revanche de la démocratie.
Car, hélas, c’est presque toujours le même scénario. La démocratie improvisée, ou imposée par les Occidentaux pour des raisons stratégiques ou économiques entraîne bien souvent l’émergence d’une mafia élue se partageant le pays avec la complicité de ses libérateurs. L’exemple type étant le Kosovo avec ses gangs, l’Albanie qui a connu ses arnaques financières pyramidales. Le scénario risque de se reproduire en Ukraine en transformant les russophones en citoyens de seconde zone et en permettant la mainmise de l’OTAN et de la CIA sur le pays. Il y a comme enjeu le gaz et la flotte russe en Mer Noire, d’où l’intérêt de placer les pro-occidentaux dans le camp des démocrates. La blonde Timoshenko est bien jolie, ses coups de colère bien médiatiques quand elle jette son collier de fausses perles à la figure d’un opposant et le grêlé Viktor Ioutchenko a l’air bien sympathique. Il n’empêche, le thème de la démocratie sert de cache-sexe au désir américain de contrôle de l’Ukraine et tout le monde semble gober la fable.
L’angélisme des médias, relayé par l’opinion publique souvent faite de braves gens qui réagissent émotionnellement sans s’apercevoir qu’ils sont manipulés, a de longs jours devant lui. Finalement, on se donne bonne conscience en s’insurgeant dans le sens du vent. La tradition nous apprend qu’il faut hurler avec les loups, mais il faut aussi piailler avec les colombes. Cela fait vendre du papier et surtout cela masque les intentions non dénuées d’arrière-pensées des stratèges politiques et de quelques requins financièrement en eau trouble.
Tout le monde en son temps a soutenu le piteux moustachu de Gdansk, qui une fois au pouvoir s’est montré assez piètre. Walesa léchant la main du Pape, méprisant Geremek et luttant contre l’avortement, voilà ce qu’il reste de l’électricien qui ne fut pas une lumière. Mais ce n’était rien comparé aux jumeaux qui ridiculisent encore plus la Pologne. Je ne regrette ni Gomulka ni Jaruzelski, mais il faut reconnaître que le monde occidental s’est enthousiasmé bien vite et que les résultats sont loin des espérances. Alors, que ce soit à propos de la Birmanie aujourd’hui ou de Cuba demain, je pense qu’il faut être prudent avant de s’esbaudir, de manifester et de s’insurger. On ne décrète pas la démocratie chez les autres avec une banderole, et encore moins à la va vite. Les Birmans, les Cubains, les Ukrainiens et tant d’autres ont droit à la solidarité, cela n’empêche pas d’ouvrir les yeux et nous incite à ne pas rêver d’un monde en rose bonbon. On en est loin hélas et ce qui se passe est beaucoup plus sinistre et cynique. Et puis, on peut difficilement demander le boycott des Jeux Olympiques de 2008 parce qu’il a plu au Ghana ou en Ouganda. Ceci explique peut-être pourquoi on ne se presse pas trop autour des inondés.
C’est reparti pour un tour, on s’apitoie de nouveau sur commande! Jane Birkin nous le dit, la Birmanie, c’est l’horreur, il faut la démocratie au plus vite pour ce pays d’Asie. Clooney nous avait servi le même discours à propos du Darfour. A chaque trimestre sa crise médiatique, pendant ce temps, les pluies et les inondations en Afrique ont fait plus de morts et de déplacés en quelques jours qu’au Darfour cette année et à Rangoon cette semaine. Mais dans ce cas, silence presque total. Il n’y a pas de pétrole en cause, pas de Chinois à dénigrer non plus. Et puis, à cause des biocarburants, on n’a plus assez de stocks alimentaires à distribuer aux pauvres pour désengorger nos entrepôts désormais vide de nos surplus.
Il faut être naïf pour croire que la chute de la junte des généraux birmans verra l’avènement de la démocratie et la fin de la misère du peuple. Si cette chute advient, il se peut que ça soit pire et pour sûr à court terme il y a peu d’espoir d’une amélioration significative. Je vais m’en expliquer.
Le régime birman est loin d’être exemplaire, mais en fermant le pays, il lui a jusqu’à présent évité de se voir envahi par les touristes. Les visas sont distribués avec parcimonie et les séjours sont limités. Le pays n’est pas encore dépecé par les multinationales comme cela se produit régulièrement à la chute d’une dictature dans le collimateur des Etats-Unis et à un moindre titre de l’Occident quand il n’y a pas de guerre civile à la suite de la démocratisation comme c’est le cas en Irak.
D’abord, la démocratie birmane, débarrassée de ses généraux verra Rangoon se transformer en bordel géant et bon marché concurrençant Bangkok en cassant les prix. Les filles y seront au début trois ou quatre fois moins chères et plus dociles car moins expérimentées. Des hordes d’Américains en short, adipeux mangeant des glaces et bouffant des hamburgers viendront tripoter des prostituées et des gogos danseuses pour quelques dollars. Ils seront probablement précédés par des Japonais et des Australiens venus en voisins. La prostitution homosexuelle et les travestis auront aussi leur place sur ce nouveau marché florissant et ce n’est pas les bonzes qui pourront s’y opposer. Les Birmans hommes, femmes et enfants deviendront de la chair à touristes encore plus qu’en Thaïlande, car ce pays est industrialisé et ne vit plus à cent pour cent du tourisme, les Thaïs investissent et exportent des produits manufacturés. La Birmanie, n’ayant que peu d’infrastructures et une industrie non modernisée risque de se clochardiser en se démocratisant. Il y aura bien sûr des prêts, des dons et des ONG, au risque d’aliéner le pays comme cela se passe quand l’aide internationale est massive... et souvent détournée.
Ensuite, les nouveaux démocrates vendront des concessions à des multinationales américaines, japonaises et australiennes et le pays sera mis en coupe réglée par une nouvelle classe d’arrivistes plaçant leurs dividendes sur des comptes off-shore comme cela s’est passé en Russie, Hongrie et ex Zaïre (encore pire que du temps de Mobutu). Les Européens n’y gagneront rien ou presque, les Français rien du tout. Total devra arroser encore plus les nouveaux démocrates pour pouvoir rester ou sera évincé au profit de compagnies pétrolières américaines ou malaisiennes et les pierres précieuses seront aux mains des Australiens et des Canadiens. Le Birman de base aura droit au multipartisme et pourra donc ainsi choisir à qui distribuer la multicorruption.
Les nouveaux amis de la Birmanie lui conseilleront d’éloigner les Chinois des marchés juteux et pour le justifier, on trouvera bien une usine de jouets clandestine installée par Pékin au temps de la junte et qui sera filmée pour les infos de vingt heures.
La dette flambera, le FMI et la Banque Mondiale demanderont des mesures drastiques et les plus pauvres en pâtiront encore plus que les Argentins, qui, il faut le reconnaître, ont moins souffert économiquement avant les Malouines (c’est-à-dire au temps des pouvoirs militaires) que lors des plans de restructurations voulus par les instances financières internationales.
Comme cela se passe au Maroc ou en Tunisie avec le patrimoine immobilier, les plus belles villas coloniales et les plus beaux édifices seront vendus à de riches étrangers et les habitants alentours seront expropriés par la police démocratique pour que leur présence ne pollue pas les riches acquéreurs. Et puis, la démocratie, c’est aussi le béton ! Rangoon et Mandalay seront défigurés par les promoteurs et la côte sera « club méditerranéisée » en moins de temps qu’un tsunami. Les Karens reviendront d’exil et pourront voter, mais n’ayant pas de place dans le système économique, ils devront réactualiser les femmes girafes en torturant le cou de leurs fillettes pour les faire photographier par les touristes moyennant finance et cela sera moins cher qu’à présent en Thaïlande !
Le même scénario menace Cuba. Castro est loin d’être un ange, mais il a préservé son pays de la mainmise américaine. A la mort de Castro et après l’élimination en douceur de son frère, le prochain Cuba libre sera celui des enseignes Coca Cola, Mac Donald, Exxon. Les banques américaines auront pignon sur rue, les vieilles maisons hispaniques seront vendues aux étrangers ou à la mafia cubaine de retour de Floride. Les mafieux de Miami reviendront en patriotes ouvrir bordels et casinos et les fabriques de cigares et autres sucreries seront privatisées avec dégraissage d’effectifs, chômage et dégradation du système de santé et de l’éducation. On inaugurera une statue en pierre ou en bronze en souvenir de Battista et l’anglais deviendra la deuxième langue nationale. Ce sera le retour flamboyant des gangsters d’Etat. Belle revanche de la démocratie.
Car, hélas, c’est presque toujours le même scénario. La démocratie improvisée, ou imposée par les Occidentaux pour des raisons stratégiques ou économiques entraîne bien souvent l’émergence d’une mafia élue se partageant le pays avec la complicité de ses libérateurs. L’exemple type étant le Kosovo avec ses gangs, l’Albanie qui a connu ses arnaques financières pyramidales. Le scénario risque de se reproduire en Ukraine en transformant les russophones en citoyens de seconde zone et en permettant la mainmise de l’OTAN et de la CIA sur le pays. Il y a comme enjeu le gaz et la flotte russe en Mer Noire, d’où l’intérêt de placer les pro-occidentaux dans le camp des démocrates. La blonde Timoshenko est bien jolie, ses coups de colère bien médiatiques quand elle jette son collier de fausses perles à la figure d’un opposant et le grêlé Viktor Ioutchenko a l’air bien sympathique. Il n’empêche, le thème de la démocratie sert de cache-sexe au désir américain de contrôle de l’Ukraine et tout le monde semble gober la fable.
L’angélisme des médias, relayé par l’opinion publique souvent faite de braves gens qui réagissent émotionnellement sans s’apercevoir qu’ils sont manipulés, a de longs jours devant lui. Finalement, on se donne bonne conscience en s’insurgeant dans le sens du vent. La tradition nous apprend qu’il faut hurler avec les loups, mais il faut aussi piailler avec les colombes. Cela fait vendre du papier et surtout cela masque les intentions non dénuées d’arrière-pensées des stratèges politiques et de quelques requins financièrement en eau trouble.
Tout le monde en son temps a soutenu le piteux moustachu de Gdansk, qui une fois au pouvoir s’est montré assez piètre. Walesa léchant la main du Pape, méprisant Geremek et luttant contre l’avortement, voilà ce qu’il reste de l’électricien qui ne fut pas une lumière. Mais ce n’était rien comparé aux jumeaux qui ridiculisent encore plus la Pologne. Je ne regrette ni Gomulka ni Jaruzelski, mais il faut reconnaître que le monde occidental s’est enthousiasmé bien vite et que les résultats sont loin des espérances. Alors, que ce soit à propos de la Birmanie aujourd’hui ou de Cuba demain, je pense qu’il faut être prudent avant de s’esbaudir, de manifester et de s’insurger. On ne décrète pas la démocratie chez les autres avec une banderole, et encore moins à la va vite. Les Birmans, les Cubains, les Ukrainiens et tant d’autres ont droit à la solidarité, cela n’empêche pas d’ouvrir les yeux et nous incite à ne pas rêver d’un monde en rose bonbon. On en est loin hélas et ce qui se passe est beaucoup plus sinistre et cynique. Et puis, on peut difficilement demander le boycott des Jeux Olympiques de 2008 parce qu’il a plu au Ghana ou en Ouganda. Ceci explique peut-être pourquoi on ne se presse pas trop autour des inondés.
piporiko- Super Star
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Nombre de messages : 4753
Age : 54
Localisation : USA
Opinion politique : Homme de gauche,anti-imperialiste....
Loisirs : MUSIC MOVIES BOOKS
Date d'inscription : 21/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: L'impulsif
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