La presse haïtienne mal formée et affamée
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La presse haïtienne mal formée et affamée
Les jeunes, espoir du journalisme haïtien
Par André Lachance
Il faut être mal pris, ou singulièrement amoureux du métier, pour songer à devenir
journaliste en Haïti. C’est pourtant le lot de quelques centaines de jeunes hommes
et de jeunes femmes qui, dans tout le pays mais particulièrement à Port-au-Prince,
tentent de rendre compte des multiples – et souvent désespérantes – réalités d’une
société qui n’en finit pas d’être la proie de ses vieux démons.
Payés 3 500 gourdes par mois – environ 100 dollars – ou dans le meilleur des cas 5
000 gourdes (moins de 150$), les jeunes journalistes viennent en bonne partie de la
faculté desSciences humaines de l’Université d’État d’Haïti, où ils n’ont reçu que
de vagues cours théoriques.
Intelligents et curieux de tout, ils n’ont cependant pas toujours les moyens de
leur ambition, notamment ceux qui choisissent de travailler dans la presse écrite,
web ou papier.
Car comme toute la société haïtienne, ils vivent pour l’essentiel en créole, ce qui
les handicape fortement lorsqu’ils doivent écrire en français, comme c’est le cas
au Le Nouvelliste et au Le Matin – les deux seuls quotidiens du pays – ou dans des
sites web, tels Alterpresse, HaïtiPress Network, Kiskeya ou Radio Métropole.
Pas étonnant que leurs textes, dont la syntaxe s’apparente plus à celle du créole
qu’au français, soient truffés de tournures et d’expressions vieillottes ou
nébuleuses qui en rendent la lecture difficile, voire parfois incompréhensible.
Dans ce monde sans livres qu’est Haïti, leur méconnaissance du français écrit
n’étonne guère. Mais ce n’est pas leur seul problème, loin s’en faut. Il leur faut
en effet une bonne dose de courage pour traiter de certains sujets sensibles comme
la corruption et les gangs armés, quand on sait ce qui est arrivé à des collègues
comme Jean Dominique, Jacques Roche ou Brignol Lindor.
D’autant plus qu’ils ne peuvent, dans les faits, compter sur l’aide de leur
employeur en cas de problème. ‘’ L’an dernier, j’ai été blessé dans un quartier
chaud, raconte un journaliste d’un quotidien. J’ai passé quatre jours à
l’hôpital et la direction ne m’a versé aucune compensation, rien.’’
Résultat, certains jeunes journalistes succombent à la tentation de pratiquer
un ‘’journalisme de conférences de presse’’, préférant répondre aux convocations –
souvent payantes – des ONG et institutions étatiques plutôt que de creuser des
histoires originales mais potentiellement risquées.
L’immense majorité des nouvelles diffusées ne présente ainsi que la version des
personnes qui ont convié les journalistes à la conférence de presse, sans qu’on
entende un autre son de cloche.
Rarement les journalistes font-ils l'effort d'interviewer quelqu’un mis en cause
dans une nouvelle ou simplement capable d'expliquer sans parti pris les tenants et
aboutissants d'une
problématique.
À leur décharge, il faut dire que, au quotidien, leurs conditions de travail sont
difficiles, voire misérables. Plusieurs ont faim. Dans certains hôtels luxueux, les
journalistes qui font le pied de grue comparent les mérites des divers buffets
gratuits qui accompagnent parfois colloques ou conférences de presse.
Beaucoup ne mangent que deux ou même une fois par jour et profitent de l’occasion
pour se bourrer la panse : '' À la Villa créole, les buffets sont bien plus gros
qu’au Kinam II, dit un journaliste payé une pitance, en lorgnant la table
garnie de petits pains, de jambon et defromage. Mais tu ne peux en prendre
qu'une fois… Au Montana, tu peux en prendre 10 fois sans qu’on ne te dise
rien!''
Sans assurance-maladie ou assurance salaire, sans même de salaire parfois, comme
cela est courant parmi la quarantaine de stations privées de radio de l’aire
métropolitaine qui incitent leurs ‘’journalistes’’ à se dédommager à même
les ‘’enveloppes’’ versées par les ONG internationales, ils doivent néanmoins être
disponibles sept jours sur sept.
À leur décharge, il faut dire que, au quotidien, leurs conditions de travail sont
difficiles, voire misérables. Ils doivent être disponibles sept jours sur sept et
éprouvent de grandesdifficultés – la plupart n’ont évidemment pas d’auto – à se
véhiculer, à Port-au-Prince etencore plus en province.
Le fait que les journalistes voyagent rarement à l’extérieur du pays ne contribue
pas à élargir leur vision du monde, qui se cantonne pour l'essentiel à Haïti. Il
leur est en effet pratiquement impossible d'obtenir un visa, à moins d’être invité
par une organisation internationale.
Malgré le manque de connaissances générales et de formation, malgré l’insécurité
générale etles salaires que les journalistes qualifient avec humour de ‘’caca
hareng’’ (très petit), plusieursont plus que jamais foi dans leur métier.
Je songe notamment à ce jeune journaliste habitant Cité L’éternel, un bidonville de
la Perleternie des Antilles, qui, chaque jeudi, consacre 110 précieuses gourdes à
l’achat du magazineJeune Afrique afin ‘’d’apprendre à mieux écrire pour rendre
compte de ce que nous vivons en Haïti’’. Ce sont des jeunes journalistes comme
celui-là qu’il faut aider. Ce que fait justement Réseau Liberté.
Par André Lachance
Il faut être mal pris, ou singulièrement amoureux du métier, pour songer à devenir
journaliste en Haïti. C’est pourtant le lot de quelques centaines de jeunes hommes
et de jeunes femmes qui, dans tout le pays mais particulièrement à Port-au-Prince,
tentent de rendre compte des multiples – et souvent désespérantes – réalités d’une
société qui n’en finit pas d’être la proie de ses vieux démons.
Payés 3 500 gourdes par mois – environ 100 dollars – ou dans le meilleur des cas 5
000 gourdes (moins de 150$), les jeunes journalistes viennent en bonne partie de la
faculté desSciences humaines de l’Université d’État d’Haïti, où ils n’ont reçu que
de vagues cours théoriques.
Intelligents et curieux de tout, ils n’ont cependant pas toujours les moyens de
leur ambition, notamment ceux qui choisissent de travailler dans la presse écrite,
web ou papier.
Car comme toute la société haïtienne, ils vivent pour l’essentiel en créole, ce qui
les handicape fortement lorsqu’ils doivent écrire en français, comme c’est le cas
au Le Nouvelliste et au Le Matin – les deux seuls quotidiens du pays – ou dans des
sites web, tels Alterpresse, HaïtiPress Network, Kiskeya ou Radio Métropole.
Pas étonnant que leurs textes, dont la syntaxe s’apparente plus à celle du créole
qu’au français, soient truffés de tournures et d’expressions vieillottes ou
nébuleuses qui en rendent la lecture difficile, voire parfois incompréhensible.
Dans ce monde sans livres qu’est Haïti, leur méconnaissance du français écrit
n’étonne guère. Mais ce n’est pas leur seul problème, loin s’en faut. Il leur faut
en effet une bonne dose de courage pour traiter de certains sujets sensibles comme
la corruption et les gangs armés, quand on sait ce qui est arrivé à des collègues
comme Jean Dominique, Jacques Roche ou Brignol Lindor.
D’autant plus qu’ils ne peuvent, dans les faits, compter sur l’aide de leur
employeur en cas de problème. ‘’ L’an dernier, j’ai été blessé dans un quartier
chaud, raconte un journaliste d’un quotidien. J’ai passé quatre jours à
l’hôpital et la direction ne m’a versé aucune compensation, rien.’’
Résultat, certains jeunes journalistes succombent à la tentation de pratiquer
un ‘’journalisme de conférences de presse’’, préférant répondre aux convocations –
souvent payantes – des ONG et institutions étatiques plutôt que de creuser des
histoires originales mais potentiellement risquées.
L’immense majorité des nouvelles diffusées ne présente ainsi que la version des
personnes qui ont convié les journalistes à la conférence de presse, sans qu’on
entende un autre son de cloche.
Rarement les journalistes font-ils l'effort d'interviewer quelqu’un mis en cause
dans une nouvelle ou simplement capable d'expliquer sans parti pris les tenants et
aboutissants d'une
problématique.
À leur décharge, il faut dire que, au quotidien, leurs conditions de travail sont
difficiles, voire misérables. Plusieurs ont faim. Dans certains hôtels luxueux, les
journalistes qui font le pied de grue comparent les mérites des divers buffets
gratuits qui accompagnent parfois colloques ou conférences de presse.
Beaucoup ne mangent que deux ou même une fois par jour et profitent de l’occasion
pour se bourrer la panse : '' À la Villa créole, les buffets sont bien plus gros
qu’au Kinam II, dit un journaliste payé une pitance, en lorgnant la table
garnie de petits pains, de jambon et defromage. Mais tu ne peux en prendre
qu'une fois… Au Montana, tu peux en prendre 10 fois sans qu’on ne te dise
rien!''
Sans assurance-maladie ou assurance salaire, sans même de salaire parfois, comme
cela est courant parmi la quarantaine de stations privées de radio de l’aire
métropolitaine qui incitent leurs ‘’journalistes’’ à se dédommager à même
les ‘’enveloppes’’ versées par les ONG internationales, ils doivent néanmoins être
disponibles sept jours sur sept.
À leur décharge, il faut dire que, au quotidien, leurs conditions de travail sont
difficiles, voire misérables. Ils doivent être disponibles sept jours sur sept et
éprouvent de grandesdifficultés – la plupart n’ont évidemment pas d’auto – à se
véhiculer, à Port-au-Prince etencore plus en province.
Le fait que les journalistes voyagent rarement à l’extérieur du pays ne contribue
pas à élargir leur vision du monde, qui se cantonne pour l'essentiel à Haïti. Il
leur est en effet pratiquement impossible d'obtenir un visa, à moins d’être invité
par une organisation internationale.
Malgré le manque de connaissances générales et de formation, malgré l’insécurité
générale etles salaires que les journalistes qualifient avec humour de ‘’caca
hareng’’ (très petit), plusieursont plus que jamais foi dans leur métier.
Je songe notamment à ce jeune journaliste habitant Cité L’éternel, un bidonville de
la Perleternie des Antilles, qui, chaque jeudi, consacre 110 précieuses gourdes à
l’achat du magazineJeune Afrique afin ‘’d’apprendre à mieux écrire pour rendre
compte de ce que nous vivons en Haïti’’. Ce sont des jeunes journalistes comme
celui-là qu’il faut aider. Ce que fait justement Réseau Liberté.
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Jeu de rôle: L'impulsif
Re: La presse haïtienne mal formée et affamée
André Lachance a été « coach » en Haïti pour Réseau Liberté dans le cadre du
projet Médias et développement démocratique en Haïti, financé par l’ACDI.
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Jeu de rôle: L'impulsif
Re: La presse haïtienne mal formée et affamée
Des journalistes entre guillemets
Dans un texte qu’il a rédigé, paru dans le bulletin d’information de l’ONG
québécoise en question et dont une copie a été envoyée à l'agence de presse
«Média Mosaïque», il accuse ces derniers de «succombe(r) à la tentation de
pratiquer un ‘’journalisme de conférences de presse’’»
Selon lui, ces journalistes «préfèr(e)nt répondre aux convocations – souvent
payantes – des ONG et institutions étatiques plutôt que de creuser des histoires
originales mais potentiellement risquées».
Une «occasion pour se bourrer la panse»
«Dans certains hôtels luxueux, les journalistes qui font le pied de grue comparent
les mérites des divers buffets gratuits qui accompagnent parfois colloques ou
conférences de presse», raconte André Lachance.
Est-ce du journalisme, de la vulgarité ou de la médisance même du personnage? Ce
dernier ose, en tout cas, affirmer, et nous le citons: «Beaucoup ne mangent que deux
ou même une fois par jour et profitent de l’occasion pour se bourrer la panse».
«''À la Villa créole, les buffets sont bien plus gros qu’au Kinam II, dit un
journaliste payé une pitance, en lorgnant la table garnie de petits pains, de
jambon et de fromage. Mais tu ne peux en prendre qu'une fois…Au Montana, tu peux en
prendre 10 fois sans qu’on ne te dise rien!''», un énorme aveu que personne
n’endosse véritablement.
Des patrons de presse complices
Pire encore, «cela est courant» d’apprendre qu’il y en a «parmi la quarantaine de
stations privées de radio de l’aire métropolitaine qui incitent
leurs ‘’journalistes’’ à se dédommager à même les ‘’enveloppes’’ versées par les
ONG internationales», propos signés du «coach enquêteur?».
M.Lachance révèle en ce sens que ces médias n’accordent aucune «assurance-maladie
ou assurance salaire, sans même de salaire parfois». En dépit de tout, s’indigne-t-
il, ces patrons de presse exigent que ces «journalistes» soient «disponibles sept
jours sur sept».
Selon André Lachance, encore une fois, qui n’a cité aucun responsable de médias
haïtiens, «les jeunes journalistes» d’Haïti sont «payés 3 500 gourdes par mois –
environ 100 dollars – ou dans le meilleur des cas 5 000 gourdes».
À noter que, s'il est évident que les journalistes ne perçoivent pas un salaire
convenable en Haïti, cependant, c’est archi-faux d’affirmer que ces derniers soient
rémunérés, dans le meilleur des cas, à hauteur de 5000 gourdes en 2007.
Dans un texte qu’il a rédigé, paru dans le bulletin d’information de l’ONG
québécoise en question et dont une copie a été envoyée à l'agence de presse
«Média Mosaïque», il accuse ces derniers de «succombe(r) à la tentation de
pratiquer un ‘’journalisme de conférences de presse’’»
Selon lui, ces journalistes «préfèr(e)nt répondre aux convocations – souvent
payantes – des ONG et institutions étatiques plutôt que de creuser des histoires
originales mais potentiellement risquées».
Une «occasion pour se bourrer la panse»
«Dans certains hôtels luxueux, les journalistes qui font le pied de grue comparent
les mérites des divers buffets gratuits qui accompagnent parfois colloques ou
conférences de presse», raconte André Lachance.
Est-ce du journalisme, de la vulgarité ou de la médisance même du personnage? Ce
dernier ose, en tout cas, affirmer, et nous le citons: «Beaucoup ne mangent que deux
ou même une fois par jour et profitent de l’occasion pour se bourrer la panse».
«''À la Villa créole, les buffets sont bien plus gros qu’au Kinam II, dit un
journaliste payé une pitance, en lorgnant la table garnie de petits pains, de
jambon et de fromage. Mais tu ne peux en prendre qu'une fois…Au Montana, tu peux en
prendre 10 fois sans qu’on ne te dise rien!''», un énorme aveu que personne
n’endosse véritablement.
Des patrons de presse complices
Pire encore, «cela est courant» d’apprendre qu’il y en a «parmi la quarantaine de
stations privées de radio de l’aire métropolitaine qui incitent
leurs ‘’journalistes’’ à se dédommager à même les ‘’enveloppes’’ versées par les
ONG internationales», propos signés du «coach enquêteur?».
M.Lachance révèle en ce sens que ces médias n’accordent aucune «assurance-maladie
ou assurance salaire, sans même de salaire parfois». En dépit de tout, s’indigne-t-
il, ces patrons de presse exigent que ces «journalistes» soient «disponibles sept
jours sur sept».
Selon André Lachance, encore une fois, qui n’a cité aucun responsable de médias
haïtiens, «les jeunes journalistes» d’Haïti sont «payés 3 500 gourdes par mois –
environ 100 dollars – ou dans le meilleur des cas 5 000 gourdes».
À noter que, s'il est évident que les journalistes ne perçoivent pas un salaire
convenable en Haïti, cependant, c’est archi-faux d’affirmer que ces derniers soient
rémunérés, dans le meilleur des cas, à hauteur de 5000 gourdes en 2007.
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Re: La presse haïtienne mal formée et affamée
<table cellSpacing=0 cellPadding=0 border=0><tr><td class=photoId vAlign=bottom align=middle width="5%"></TD></TR></TABLE> |
Dernière édition par le Jeu 27 Déc 2007 - 11:54, édité 1 fois
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Jeu de rôle: L'impulsif
Re: La presse haïtienne mal formée et affamée
Précisons, d’entrée de jeu, que cet article de «Média Mosaïque» va sans aucun doute
lui accorder de la visibilité. Cependant, cela ne me dérange guère, pourvu qu’un
correctif en bonne et due forme soit apporté à ses demi-vérités.
Même si nos dizaines de milliers d’internautes et d’abonnés vont prendre
connaissance de ses propos insultants, je pense que les gens (son entourage), à qui
le texte d’André Lachance était destiné, doivent également avoir les deux sons de
cloche.
Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour saisir les véritables motivations de ce
monsieur Lachance. Car, sa description biaisée et partiale des faits, ses sources
inexistantes, la généralisation qui s’ensuit, le prouvent sans ambages.
Dans son texte, il affiche une attitude tout à fait condescendante, un regard «de
haut», un mépris qui frise carrément le racisme à l’endroit de ce qui reste encore
de la presse haïtienne ou du pays tout simplement.
On peut comprendre qu’il mousse son intervention, noircisse davantage les faits
pour justifier auprès de ses bailleurs de fonds l'urgente nécessité de subventionner
ses activités dans les pays du sud ou en Haïti notamment, mais pas de cette manière-
là!
À lire André Lachance, et je me mets dans la peau de celui qui n’a que sa version
des faits pour s’informer, il n’y a que des ignares, des incultes, des médiocres
qui travaillent actuellement dans la presse en Haïti.
Dois-je préciser, à son attention, que j’ai mes réserves aussi vis-à-vis de
l’évolution de ce métier en Haïti. Cependant, je suis outré de prendre acte de sa
généralisation facile et je ne peux admettre qu’un prétendu «coach», étranger de
surcroît, puisse aller aussi loin.
J’admets que bon nombre de journalistes chevronnés aient dû laisser le pays pour
des raisons politiques ou autres et que les médias n’aient manifesté aucune volonté
de récupérer les services des ces confrères de l’extérieur étant, cela ne justifie
cependant nullement l’idée selon laquelle, il n’y aurait actuellement que des
journalistes cancres en Haïti.
En Haïti, on écrirait du créole pour du français
Selon André Lachance, et je le cite partout où l’on voit des guillemets dans mon
texte, les journalistes haïtiens sont incapables d’écrire en français, que ce soit
dans « Le Nouvelliste et au Le Matin – les deux seuls quotidiens du pays – ou dans
des sites web, tels Alterpresse, Haïti Press Network, Kiskeya ou Radio Métropole».
«Ils n’ont pas toujours les moyens de leur ambition», a-t-il fait savoir. Car, a-t-
il laissé entendre, «comme toute la société haïtienne, ils vivent pour l’essentiel
en créole, ce qui les handicape fortement lorsqu’ils doivent écrire en français».
Quelle aberration de la part d’un formateur! Si on est d’avis que l’environnement
peut influer sur la langue, je comprends pas du tout que le fait, pour un
francophone, de vivre en Alberta (où l’on parle anglais), puisse le handicaper à
écrire en français.
«Pas étonnant que leurs textes, dont la syntaxe s’apparente plus à celle du créole
qu’au français, soient truffés de tournures et d’expressions vieillottes ou
nébuleuses qui en rendent la lecture difficile, voire parfois incompréhensible»,
dixit André Lachance.
Là encore, je comprends fort mal qu’un Québécois puisse accuser les Haïtiens de la
sorte! Qui n’est pas au courant, et je l’ai étudié d’ailleurs, que le Québec,
quoique avant-gardiste, demeure l’un des endroits où, dans la Francophonie mondiale,
les expressions veillottes sont très utilisées.
André Lachance doit faire amende honorable. Il devrait, s’il était animé d’une
quelconque équité, si ses préjugés ne lui enlevaient toute crédibilité ou
objectivité, dire qu’au Québec, bon nombre de journalistes doivent également
apprendre à écrire ou à parler le français.
S’il était honnête, il devrait dire du même souffle que les coquilles, les fautes
syntaxiques ou grammaticales sont monnaie courante également au Québec dans les
journaux, dans des sites Web, à la radio ou à la télé.
Le problème, c’est qu’on a tendance à assimiler le joual, que seuls les Québécois
parlent dans la Francophonie, au français! En Haïti, l’élite intellectuelle
devrait penser à instituer «un français haïtien» qui puisse tenir compte d’une
réalité propre au terroir au lieu de continuer à calquer «un français de France».
La formation universitaire dans sa ligne de mire
La première cible d’André Lachance est l’Université d’État d’Haïti (UEH). Il s’est
violemment attaqué à la Faculté des Sciences humaines (FASCH) où, selon lui, «les
jeunes journalistes» sont formés «en grande partie».
Même si je dois laisser à l’UEH ou à la FASCH le soin de se défendre vis-à-vis de
ce condescendant, je peux cependant me permettre de m’inscrire en faux, pour avoir
été étudiant en Communication jusqu’en 3e année à cette faculté, contre son avis, à
savoir que les gens qui y sont issus «n’ont reçu que de vagues cours théoriques».
André Lachance devrait faire preuve d’un peu de modestie. Car, il a eu sans doute
dans sa vie un professeur haïtien. Fait-il partie d’une certaine frange de Québécois
qui auraient aimé gommer un pan de l’histoire récente du Québec?
Cela s’explique par le fait que bon nombre de Québécois ignorent ou font semblant
d’ignorer (car, les médias ici en font très peu écho) la contribution de
l’intelligentsia haïtienne à la Révolution Tranquille, la masse de professeurs
haïtiens qui avaient débarqué ici au milieu du siècle dernier pour former les
Québécois.
Même si je suis fier de la formation que j’ai reçue à l’Université de Montréal (un
bac de 90 crédits en Communication et Politique et un autre de 120 crédits en
Enseignement du français), je dois, malgré tout, avouer que c’est en Haïti que j’ai
acquis les outils qui m’ont permis de briller dans ce métier.
Je suis loin d’être un narcissique, ni un patriotard, mais, en ce qui me concerne,
je ne peux laisser n'importe qui, étroit d’esprit, de cracher son venin aussi
facilement sur un pays, comme un certain Doc Mailloux l’a fait récemment contre les
Noirs qui auraient, à en croire ce minable, un quotient intellectuel inférieur aux
Blancs.
Ce qui est grave, c’est qu'André Lachance refuse de s’assumer! J’aurais pu
en «feuilletant» son fameux bulletin électronique ne pas me rendre compte de tout
ce qu’il a bavé. Imaginez quel titre a-t-il donné à son article après s’être
défoulé de la sorte: «Les jeunes, espoir du journalisme haïtien»!
L'équipe de «Média Mosaïque» vous suggère:
*[i]Les journalistes haïtiens «ont faim», selon
André Lachance
*La version intégrale du texte d'André
Lachance
*L'auteur de l'article, Donald Jean, est un journaliste d'origine haïtienne. Il
a oeuvré au sein de diverses rédactions en Haïti, en Europe et au Canada.
[/i]
lui accorder de la visibilité. Cependant, cela ne me dérange guère, pourvu qu’un
correctif en bonne et due forme soit apporté à ses demi-vérités.
Même si nos dizaines de milliers d’internautes et d’abonnés vont prendre
connaissance de ses propos insultants, je pense que les gens (son entourage), à qui
le texte d’André Lachance était destiné, doivent également avoir les deux sons de
cloche.
Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour saisir les véritables motivations de ce
monsieur Lachance. Car, sa description biaisée et partiale des faits, ses sources
inexistantes, la généralisation qui s’ensuit, le prouvent sans ambages.
Dans son texte, il affiche une attitude tout à fait condescendante, un regard «de
haut», un mépris qui frise carrément le racisme à l’endroit de ce qui reste encore
de la presse haïtienne ou du pays tout simplement.
On peut comprendre qu’il mousse son intervention, noircisse davantage les faits
pour justifier auprès de ses bailleurs de fonds l'urgente nécessité de subventionner
ses activités dans les pays du sud ou en Haïti notamment, mais pas de cette manière-
là!
À lire André Lachance, et je me mets dans la peau de celui qui n’a que sa version
des faits pour s’informer, il n’y a que des ignares, des incultes, des médiocres
qui travaillent actuellement dans la presse en Haïti.
Dois-je préciser, à son attention, que j’ai mes réserves aussi vis-à-vis de
l’évolution de ce métier en Haïti. Cependant, je suis outré de prendre acte de sa
généralisation facile et je ne peux admettre qu’un prétendu «coach», étranger de
surcroît, puisse aller aussi loin.
J’admets que bon nombre de journalistes chevronnés aient dû laisser le pays pour
des raisons politiques ou autres et que les médias n’aient manifesté aucune volonté
de récupérer les services des ces confrères de l’extérieur étant, cela ne justifie
cependant nullement l’idée selon laquelle, il n’y aurait actuellement que des
journalistes cancres en Haïti.
En Haïti, on écrirait du créole pour du français
Selon André Lachance, et je le cite partout où l’on voit des guillemets dans mon
texte, les journalistes haïtiens sont incapables d’écrire en français, que ce soit
dans « Le Nouvelliste et au Le Matin – les deux seuls quotidiens du pays – ou dans
des sites web, tels Alterpresse, Haïti Press Network, Kiskeya ou Radio Métropole».
«Ils n’ont pas toujours les moyens de leur ambition», a-t-il fait savoir. Car, a-t-
il laissé entendre, «comme toute la société haïtienne, ils vivent pour l’essentiel
en créole, ce qui les handicape fortement lorsqu’ils doivent écrire en français».
Quelle aberration de la part d’un formateur! Si on est d’avis que l’environnement
peut influer sur la langue, je comprends pas du tout que le fait, pour un
francophone, de vivre en Alberta (où l’on parle anglais), puisse le handicaper à
écrire en français.
«Pas étonnant que leurs textes, dont la syntaxe s’apparente plus à celle du créole
qu’au français, soient truffés de tournures et d’expressions vieillottes ou
nébuleuses qui en rendent la lecture difficile, voire parfois incompréhensible»,
dixit André Lachance.
Là encore, je comprends fort mal qu’un Québécois puisse accuser les Haïtiens de la
sorte! Qui n’est pas au courant, et je l’ai étudié d’ailleurs, que le Québec,
quoique avant-gardiste, demeure l’un des endroits où, dans la Francophonie mondiale,
les expressions veillottes sont très utilisées.
André Lachance doit faire amende honorable. Il devrait, s’il était animé d’une
quelconque équité, si ses préjugés ne lui enlevaient toute crédibilité ou
objectivité, dire qu’au Québec, bon nombre de journalistes doivent également
apprendre à écrire ou à parler le français.
S’il était honnête, il devrait dire du même souffle que les coquilles, les fautes
syntaxiques ou grammaticales sont monnaie courante également au Québec dans les
journaux, dans des sites Web, à la radio ou à la télé.
Le problème, c’est qu’on a tendance à assimiler le joual, que seuls les Québécois
parlent dans la Francophonie, au français! En Haïti, l’élite intellectuelle
devrait penser à instituer «un français haïtien» qui puisse tenir compte d’une
réalité propre au terroir au lieu de continuer à calquer «un français de France».
La formation universitaire dans sa ligne de mire
La première cible d’André Lachance est l’Université d’État d’Haïti (UEH). Il s’est
violemment attaqué à la Faculté des Sciences humaines (FASCH) où, selon lui, «les
jeunes journalistes» sont formés «en grande partie».
Même si je dois laisser à l’UEH ou à la FASCH le soin de se défendre vis-à-vis de
ce condescendant, je peux cependant me permettre de m’inscrire en faux, pour avoir
été étudiant en Communication jusqu’en 3e année à cette faculté, contre son avis, à
savoir que les gens qui y sont issus «n’ont reçu que de vagues cours théoriques».
André Lachance devrait faire preuve d’un peu de modestie. Car, il a eu sans doute
dans sa vie un professeur haïtien. Fait-il partie d’une certaine frange de Québécois
qui auraient aimé gommer un pan de l’histoire récente du Québec?
Cela s’explique par le fait que bon nombre de Québécois ignorent ou font semblant
d’ignorer (car, les médias ici en font très peu écho) la contribution de
l’intelligentsia haïtienne à la Révolution Tranquille, la masse de professeurs
haïtiens qui avaient débarqué ici au milieu du siècle dernier pour former les
Québécois.
Même si je suis fier de la formation que j’ai reçue à l’Université de Montréal (un
bac de 90 crédits en Communication et Politique et un autre de 120 crédits en
Enseignement du français), je dois, malgré tout, avouer que c’est en Haïti que j’ai
acquis les outils qui m’ont permis de briller dans ce métier.
Je suis loin d’être un narcissique, ni un patriotard, mais, en ce qui me concerne,
je ne peux laisser n'importe qui, étroit d’esprit, de cracher son venin aussi
facilement sur un pays, comme un certain Doc Mailloux l’a fait récemment contre les
Noirs qui auraient, à en croire ce minable, un quotient intellectuel inférieur aux
Blancs.
Ce qui est grave, c’est qu'André Lachance refuse de s’assumer! J’aurais pu
en «feuilletant» son fameux bulletin électronique ne pas me rendre compte de tout
ce qu’il a bavé. Imaginez quel titre a-t-il donné à son article après s’être
défoulé de la sorte: «Les jeunes, espoir du journalisme haïtien»!
L'équipe de «Média Mosaïque» vous suggère:
*[i]Les journalistes haïtiens «ont faim», selon
André Lachance
*La version intégrale du texte d'André
Lachance
*L'auteur de l'article, Donald Jean, est un journaliste d'origine haïtienne. Il
a oeuvré au sein de diverses rédactions en Haïti, en Europe et au Canada.
[/i]
piporiko- Super Star
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