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Haiti : La nation écartelée
Entre plan américain et projet national
mercredi 18 octobre 2006
Par Fritz Deshommes
L'économiste Fritz Deshommes procède, le vendredi 20 octobre 2006 à la Faculte de Droit et des Sciences Economiques, à la vente-signature de son dernier ouvrage intitulé « Haiti : La nation écartelée / Entre plan américain et projet national ». A cette occasion, l’auteur autorise AlterPresse à en publier l’introduction.
Il y a 20 ans, le 7 février 1986.
Il y a 20 ans, la chute du régime des Duvalier autorisait toutes les espérances.
La parole se libérait. Les paysans faisaient irruption. Les exilés revenaient. Les femmes s’exprimaient. Les jeunes célébraient. Les régions renaissaient.
De tous les coins et recoins de ce pays, devenu immense, et de sa diaspora, sourdait une puissante clameur, comme si brusquement le pays s’était enrichi de nouvelles ressources, de nouvelles énergies, prêtes à le régénérer et à le conduire vers les plus hautes cimes.
Des expressions significatives rythmaient l’air du temps :
Haïti Libérée ;
Deuxième Indépendance ;
Révolution du 7 février.
On avait la ferme conviction que la dégringolade, sérieusement amorcée, allait être stoppée et que l’ère nouvelle annonçait un renversement inexorable des tendances vers des « lendemains meilleurs ».
Les arguments ne manquaient pas. En plus de la profession de foi des nouvelles forces vives libérées à l’occasion et prêtes à s’engager, il y avait cette certitude qu’exprimait déjà, un an auparavant, le professeur Grégoire Eugène dans son fascicule « Le Miracle Haïtien Est-il Possible ? ». Il disait en substance que nous sommes déjà tombés si bas qu’il n’est plus possible de continuer à régresser. On n’avait pas d’autre choix que de remonter la pente. Irréversiblement.
La « Première République Noire du Monde » était devenue le seul PMA de l’hémisphère occidental. Les niveaux de production, de productivité, de revenus, de chômage et de sous-emploi en témoignaient largement. Sans compter le gaspillage des ressources, le degré de corruption et d’immoralité publique, le poids de l’assistance étrangère, de la dépendance externe, les indicateurs sociaux , en particulier ceux d’éducation et de santé, les boat people, les candidats à l’expatriation, la répression, l’irresponsabilité de l’Etat, etc. On ne pouvait pas tomber plus bas. On avait atteint le fonds du puits. On n’avait pas d’autre choix que de remonter…..
Et puis, nous avions, les mains nues, avec notre seule volonté de vivre dans un pays différent, terrassé l’une des dictatures les plus féroces de l’histoire nationale. Que ne pouvait-on pas alors ? Qu’est-ce qui nous empêcherait de soulever des montagnes ? Qu’est-ce qui pouvait nous empêcher d’atteindre les objectifs les plus grandioses pour ce pays promis dès sa naissance à un destin de grandeur ?
......
Aujourd’hui en 2006, tout ceci paraît comme de l’histoire très lointaine. Pour ceux qui s’en souviennent encore, on dirait un rêve, un mirage…
Aujourd’hui en 2006, tous les indicateurs, déjà alarmants, ont évolué au pire. L’économie a continué à régresser. La pauvreté et la misère ont pris des gallons. L’Etat s’est effrité de manière encore plus accélérée et l’espoir qui reste n’est plus assorti de cette certitude de lendemains meilleurs.
De là à nous gratifier de titres que nous n’avons même pas la capacité matérielle de mériter, il n’y a qu’un pas que les faiseurs d’images internationaux n’hésitent pas à franchir. Haïti a, en effet, été désigné « champion du monde de la corruption ».
Que s’est-il donc passé ? Pourquoi les promesses de 1986 se sont-elles évanouies si rapidement ? Serions-nous marqués par une fatalité qui nous condamne inexorablement à plonger dans l’abîme ?
Pis encore, nous sommes en train de perdre ce qui, au-delà de notre misère matérielle, nous définissait profondément : notre orgueil, notre fierté, notre sens de la souveraineté, notre capacité de résistance. Ainsi que ce sentiment intime qui nous donnait le courage de sourire au plus fort de toutes les adversités.
Qui eût dit que ce pays, jaloux de son indépendance jusqu’à la susceptibilité, aurait connu deux interventions étrangères en moins de dix ans ? Que la seconde qui se poursuit encore menace de perdurer et de s’installer dans un long terme qui se calcule en décennies ?
Suite de l'article: http://www.alterpresse.org/spip.php?article5273
Entre plan américain et projet national
mercredi 18 octobre 2006
Par Fritz Deshommes
L'économiste Fritz Deshommes procède, le vendredi 20 octobre 2006 à la Faculte de Droit et des Sciences Economiques, à la vente-signature de son dernier ouvrage intitulé « Haiti : La nation écartelée / Entre plan américain et projet national ». A cette occasion, l’auteur autorise AlterPresse à en publier l’introduction.
Il y a 20 ans, le 7 février 1986.
Il y a 20 ans, la chute du régime des Duvalier autorisait toutes les espérances.
La parole se libérait. Les paysans faisaient irruption. Les exilés revenaient. Les femmes s’exprimaient. Les jeunes célébraient. Les régions renaissaient.
De tous les coins et recoins de ce pays, devenu immense, et de sa diaspora, sourdait une puissante clameur, comme si brusquement le pays s’était enrichi de nouvelles ressources, de nouvelles énergies, prêtes à le régénérer et à le conduire vers les plus hautes cimes.
Des expressions significatives rythmaient l’air du temps :
Haïti Libérée ;
Deuxième Indépendance ;
Révolution du 7 février.
On avait la ferme conviction que la dégringolade, sérieusement amorcée, allait être stoppée et que l’ère nouvelle annonçait un renversement inexorable des tendances vers des « lendemains meilleurs ».
Les arguments ne manquaient pas. En plus de la profession de foi des nouvelles forces vives libérées à l’occasion et prêtes à s’engager, il y avait cette certitude qu’exprimait déjà, un an auparavant, le professeur Grégoire Eugène dans son fascicule « Le Miracle Haïtien Est-il Possible ? ». Il disait en substance que nous sommes déjà tombés si bas qu’il n’est plus possible de continuer à régresser. On n’avait pas d’autre choix que de remonter la pente. Irréversiblement.
La « Première République Noire du Monde » était devenue le seul PMA de l’hémisphère occidental. Les niveaux de production, de productivité, de revenus, de chômage et de sous-emploi en témoignaient largement. Sans compter le gaspillage des ressources, le degré de corruption et d’immoralité publique, le poids de l’assistance étrangère, de la dépendance externe, les indicateurs sociaux , en particulier ceux d’éducation et de santé, les boat people, les candidats à l’expatriation, la répression, l’irresponsabilité de l’Etat, etc. On ne pouvait pas tomber plus bas. On avait atteint le fonds du puits. On n’avait pas d’autre choix que de remonter…..
Et puis, nous avions, les mains nues, avec notre seule volonté de vivre dans un pays différent, terrassé l’une des dictatures les plus féroces de l’histoire nationale. Que ne pouvait-on pas alors ? Qu’est-ce qui nous empêcherait de soulever des montagnes ? Qu’est-ce qui pouvait nous empêcher d’atteindre les objectifs les plus grandioses pour ce pays promis dès sa naissance à un destin de grandeur ?
......
Aujourd’hui en 2006, tout ceci paraît comme de l’histoire très lointaine. Pour ceux qui s’en souviennent encore, on dirait un rêve, un mirage…
Aujourd’hui en 2006, tous les indicateurs, déjà alarmants, ont évolué au pire. L’économie a continué à régresser. La pauvreté et la misère ont pris des gallons. L’Etat s’est effrité de manière encore plus accélérée et l’espoir qui reste n’est plus assorti de cette certitude de lendemains meilleurs.
De là à nous gratifier de titres que nous n’avons même pas la capacité matérielle de mériter, il n’y a qu’un pas que les faiseurs d’images internationaux n’hésitent pas à franchir. Haïti a, en effet, été désigné « champion du monde de la corruption ».
Que s’est-il donc passé ? Pourquoi les promesses de 1986 se sont-elles évanouies si rapidement ? Serions-nous marqués par une fatalité qui nous condamne inexorablement à plonger dans l’abîme ?
Pis encore, nous sommes en train de perdre ce qui, au-delà de notre misère matérielle, nous définissait profondément : notre orgueil, notre fierté, notre sens de la souveraineté, notre capacité de résistance. Ainsi que ce sentiment intime qui nous donnait le courage de sourire au plus fort de toutes les adversités.
Qui eût dit que ce pays, jaloux de son indépendance jusqu’à la susceptibilité, aurait connu deux interventions étrangères en moins de dix ans ? Que la seconde qui se poursuit encore menace de perdurer et de s’installer dans un long terme qui se calcule en décennies ?
Suite de l'article: http://www.alterpresse.org/spip.php?article5273
gwotoro- Super Star
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Date d'inscription : 20/08/2006
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Jeu de rôle: le balancier
Re: Lecture-> Haiti: La nation ecartelee!
Une verite incontournable:"Il faut que le destin du pays soit pris en charge par le paysan.'Dr Serge Fourcand.Bravo
Rodlam Sans Malice- Super Star
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Nombre de messages : 11114
Localisation : USA
Loisirs : Lecture et Internet
Date d'inscription : 21/08/2006
Feuille de personnage
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Re: Lecture-> Haiti: La nation ecartelee!
Une autre lecture a conseiller a tous!
Si quelqu'un a des informations sur ce livre (points de vente, prix, info sur l'auteur, etc) priere de les partager avec nous.
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gwotoro- Super Star
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Nombre de messages : 3974
Localisation : Canada
Date d'inscription : 20/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: le balancier
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