Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
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Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Rappel du premier message :
Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexandre Dumas !
Par Claude Ribbe, dimanche 20 avril 2008 à 18:20 :: General
En contradiction totale avec la thèse de ceux qui prétendent qu’Aimé Césaire n’avait que mépris pour le Panthéon et, par conséquent, aurait peu apprécié qu’on lui en ouvrît les portes après sa mort, un document filmé inédit - qui se trouve depuis deux ans en ma possession - révèle que l’auteur du Cahier d’un retour au pays natal avait passé la journée du 30 novembre 2002 à regarder, avec beaucoup d’intérêt et d’émotion semble-t-il, en direct à la télévision, en compagnie de son ami Camille Darsières, l’entrée d’Alexandre Dumas, fils d’un esclave d’origine africaine, au Panthéon.
Signer la pétition pour l'entrée de Césaire au Panthéon
Une révélation suffisamment éloquente pour que la considération d’Aimé Césaire à l'égard de la nécropole républicaine et la conscience qu'il avait de l’importance symbolique de l'ouverture des portes de ce temple à un Afro-descendant ne puissent plus être mises en doute par quiconque. La question du mérite d’Aimé Césaire ne se posant même pas, c’est sur le fondement de cet émouvant entretien resté inédit (filmé le 17 juillet 2006 dans le cadre d’un documentaire que je réalisais) où Aimé Césaire évoque explicitement le Panthéon, que j’ai pris la décision, dès le 12 avril dernier (croyant que l’écrivain venait de mourir) de demander au Président de la République française que le poète puisse y entrer le 10 mai 2008. L’idée a ensuite été reprise et soutenue par des personnalités telles que Ségolène Royal, Jean-Christophe Lagarde et Abdou Diouf qui ne disposaient pas de cette information. Je suis certain qu’après avoir visionné ces images émouvantes, que je mets bien volontiers à leur disposition s’ils le souhaitent, ni la famille d’Aimé Césaire, dont le secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer s’est récemment fait le porte parole, mais qui ne s’est jamais exprimée publiquement, ni le Président de la République, ne refuseront à Aimé Césaire l’honneur de suivre Alexandre Dumas au Panthéon. Les prétendues réticences des Martiniquais derrière lesquelles tentent de s’abriter les politiciens racistes qui jouent sur l’ambiguïté de Césaire, à la fois figure politique martiniquaise enracinée dans un terroir et écrivain de portée universelle dont la place est évidemment au Panthéon, ne suffiront pas à empêcher la République d’accueillir le pourfendeur du colonialisme parmi les figures tutélaires qui alimentent la mémoire collective française . Ce serait l’honneur de Nicolas Sarkozy s'il signait ce décret sans attendre qu’un de ses successeurs le fasse un jour, car c’est inéluctable : Aimé Césaire, tôt ou tard, entrera au Panthéon. Dans la perspective d’une meilleure diffusion d'une œuvre qui honore les lettres françaises et contribue à leur rayonnement, le plus tôt serait le mieux. Et la date du 10 mai prochain, dédiée à la mémoire de l’esclavage, c’est-à-dire à la Négritude, semble inéluctable.
Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexandre Dumas !
Par Claude Ribbe, dimanche 20 avril 2008 à 18:20 :: General
En contradiction totale avec la thèse de ceux qui prétendent qu’Aimé Césaire n’avait que mépris pour le Panthéon et, par conséquent, aurait peu apprécié qu’on lui en ouvrît les portes après sa mort, un document filmé inédit - qui se trouve depuis deux ans en ma possession - révèle que l’auteur du Cahier d’un retour au pays natal avait passé la journée du 30 novembre 2002 à regarder, avec beaucoup d’intérêt et d’émotion semble-t-il, en direct à la télévision, en compagnie de son ami Camille Darsières, l’entrée d’Alexandre Dumas, fils d’un esclave d’origine africaine, au Panthéon.
Signer la pétition pour l'entrée de Césaire au Panthéon
Une révélation suffisamment éloquente pour que la considération d’Aimé Césaire à l'égard de la nécropole républicaine et la conscience qu'il avait de l’importance symbolique de l'ouverture des portes de ce temple à un Afro-descendant ne puissent plus être mises en doute par quiconque. La question du mérite d’Aimé Césaire ne se posant même pas, c’est sur le fondement de cet émouvant entretien resté inédit (filmé le 17 juillet 2006 dans le cadre d’un documentaire que je réalisais) où Aimé Césaire évoque explicitement le Panthéon, que j’ai pris la décision, dès le 12 avril dernier (croyant que l’écrivain venait de mourir) de demander au Président de la République française que le poète puisse y entrer le 10 mai 2008. L’idée a ensuite été reprise et soutenue par des personnalités telles que Ségolène Royal, Jean-Christophe Lagarde et Abdou Diouf qui ne disposaient pas de cette information. Je suis certain qu’après avoir visionné ces images émouvantes, que je mets bien volontiers à leur disposition s’ils le souhaitent, ni la famille d’Aimé Césaire, dont le secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer s’est récemment fait le porte parole, mais qui ne s’est jamais exprimée publiquement, ni le Président de la République, ne refuseront à Aimé Césaire l’honneur de suivre Alexandre Dumas au Panthéon. Les prétendues réticences des Martiniquais derrière lesquelles tentent de s’abriter les politiciens racistes qui jouent sur l’ambiguïté de Césaire, à la fois figure politique martiniquaise enracinée dans un terroir et écrivain de portée universelle dont la place est évidemment au Panthéon, ne suffiront pas à empêcher la République d’accueillir le pourfendeur du colonialisme parmi les figures tutélaires qui alimentent la mémoire collective française . Ce serait l’honneur de Nicolas Sarkozy s'il signait ce décret sans attendre qu’un de ses successeurs le fasse un jour, car c’est inéluctable : Aimé Césaire, tôt ou tard, entrera au Panthéon. Dans la perspective d’une meilleure diffusion d'une œuvre qui honore les lettres françaises et contribue à leur rayonnement, le plus tôt serait le mieux. Et la date du 10 mai prochain, dédiée à la mémoire de l’esclavage, c’est-à-dire à la Négritude, semble inéluctable.
piporiko- Super Star
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Jeu de rôle: L'impulsif
Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Essayons de calculer l'age du grand-père d'Aimé Césaire:
-- supposons qu'il a eu 18 ans le jour de la naissance du père d'Aimé Césaire et aussi avant l'abolition de l'esclavage
-- Aimé Césaire est venu au monde 67 ans plus tard
Cela fait un total de 85 ans.
Entre 5-10 ans, un enfant ne se rappelle de rien. De ce fait, Aimé Césaire devrait avoir au moins 15 ans à la mort de son grand-père qui a subi l'esclavage.
De ce fait, le grand-père devrait vivre au moins 85 +15 = 100 pour qu'Aimé Césaire dise la vérité.
De la vient ma question:
Pourquoi au 19e siècle un esclave de la Martinique pourrait vivre plus de 100 ans alors qu'un haitien vivant dans de meilleures conditions ne le pouvait pas?
Il doit exister au moins un Haitien ayant vécu plus de 100 ans au 19e siècle. De ce fait, il est hautement probable qu'en Haiti, des personnes vivant actuellement ont connu des grands parents qui ont combattu dans la guerre de l'indépendance.
Si ce cas est vrai pour la Martinique, il doit etre aussi vrai pour Haiti car la différence de l'abolition de l'esclavage sur ces 2 terres est à peu près 40 ans.
-- supposons qu'il a eu 18 ans le jour de la naissance du père d'Aimé Césaire et aussi avant l'abolition de l'esclavage
-- Aimé Césaire est venu au monde 67 ans plus tard
Cela fait un total de 85 ans.
Entre 5-10 ans, un enfant ne se rappelle de rien. De ce fait, Aimé Césaire devrait avoir au moins 15 ans à la mort de son grand-père qui a subi l'esclavage.
De ce fait, le grand-père devrait vivre au moins 85 +15 = 100 pour qu'Aimé Césaire dise la vérité.
De la vient ma question:
Pourquoi au 19e siècle un esclave de la Martinique pourrait vivre plus de 100 ans alors qu'un haitien vivant dans de meilleures conditions ne le pouvait pas?
Il doit exister au moins un Haitien ayant vécu plus de 100 ans au 19e siècle. De ce fait, il est hautement probable qu'en Haiti, des personnes vivant actuellement ont connu des grands parents qui ont combattu dans la guerre de l'indépendance.
Si ce cas est vrai pour la Martinique, il doit etre aussi vrai pour Haiti car la différence de l'abolition de l'esclavage sur ces 2 terres est à peu près 40 ans.
Invité- Invité
Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Koumanman?
Ant lè esklavay te aboli ann Ayiti,ak lè li te aboli an Matinik ;se pa 40 an ,se pito 55 an .
Ou genlè konprann lesklavay te aboli an 1804;non,li te aboli an 1793.
Ant 1793 ak 1804 ,popilasyon an t ap goumen pou yo pa t remete yo ann esklavay.
Lan ane 1793 lan tou,lesklavay te aboli lan Matinik ak Gwadloup tou.Men nan ane 1802 ,Napoleyon te voye yon ekspedisyon pou retabli lesklavay nan tout koloni yo.Misye te voye LECLERC nan Sen Domeng,li te voye RICHEPANCE lan Gwadloup!
Yo te reyisi fè sa ,lan Matinik ak Gwadloup ,men kòm ou konnen,yo pa t reyisi ann Ayiti.
Césaire di tou ,ke granpapa l te esklav ,li pa di ki laj li te genyen,lè li te emaqnsipe.
Yon lòt moun ede m ak Colo,paske ...
Ant lè esklavay te aboli ann Ayiti,ak lè li te aboli an Matinik ;se pa 40 an ,se pito 55 an .
Ou genlè konprann lesklavay te aboli an 1804;non,li te aboli an 1793.
Ant 1793 ak 1804 ,popilasyon an t ap goumen pou yo pa t remete yo ann esklavay.
Lan ane 1793 lan tou,lesklavay te aboli lan Matinik ak Gwadloup tou.Men nan ane 1802 ,Napoleyon te voye yon ekspedisyon pou retabli lesklavay nan tout koloni yo.Misye te voye LECLERC nan Sen Domeng,li te voye RICHEPANCE lan Gwadloup!
Yo te reyisi fè sa ,lan Matinik ak Gwadloup ,men kòm ou konnen,yo pa t reyisi ann Ayiti.
Césaire di tou ,ke granpapa l te esklav ,li pa di ki laj li te genyen,lè li te emaqnsipe.
Yon lòt moun ede m ak Colo,paske ...
Joel- Super Star
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Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Joel,
Il n'est pas nécessaire d'appeler à l'aide car vous etes l'un des membres le plus riche en histoire sur ce forum. Si vous ne pouvez pas me convaincre, je doute fort quelqu'un d'autre le pourra.
Nous avons eu Vertières en 1803. Imaginez qu'un adolescent de 12 ou 13 ans a pris part dans cette guerre. Imaginez par la suite qu'il a vécu plus de 100 ans après cette bataille. De ce fait, il parait tout à fait normal que des personnes actuelles ont connu certains de nos ancetres qui ont fait la guerre de l'Indépendance.
Il n'est pas nécessaire d'appeler à l'aide car vous etes l'un des membres le plus riche en histoire sur ce forum. Si vous ne pouvez pas me convaincre, je doute fort quelqu'un d'autre le pourra.
Nous avons eu Vertières en 1803. Imaginez qu'un adolescent de 12 ou 13 ans a pris part dans cette guerre. Imaginez par la suite qu'il a vécu plus de 100 ans après cette bataille. De ce fait, il parait tout à fait normal que des personnes actuelles ont connu certains de nos ancetres qui ont fait la guerre de l'Indépendance.
Invité- Invité
Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
mwen pat two enterese nan diskisyon saa o komansman.mwen genyen onk mwen ak ma tant mwen ki te konn tande kote gran papa yo ap pale de papa li sa pa vle di ke yo te konn gran gran papa yo.lè cesaire di ke gran papapl se te esklav mwen pa wè sa ki enposib la. siposon ke esklavaj fini an martinique an 1843 siposon gran papal te ti moun lè sa paske pitit esklav yo se esklav yo ye tou ;yo pat ne lib; li te ka ne an 1840;ant 1840 e 2008 sa fè youn diferans de 168 an si cesaire mouri a plis ke 90 zan sa vle di li ne an 1917 se posib ke gran papal te ka genyen 85 lane ou byen 90 lane lè li te fet.si gran papl mouri a 95 lane se normal pou cesaire te konnen gran papal,
zafè di ke youn ti moun pa sonje anyen ant 5 a 10 zan se bobinn .mwen sonje kote mwen te rete o kap lè mwen te genyen 4 lane. e mwen menm sonje kote mwen te rete anvan sa.sè mwen ki swiv mwen yan fet lè mwen te genyen 8 lane mwen sonje lè li te fet.Mwen sonje lè mwen te rantre lekol ka frè mwen konn di se francisque jean ki te ede m aprann li aprann fè adityon ak soustraktyon nan klass frè Georges an 1945 lè mwen te genyen 5 lane.
zafè di ke youn ti moun pa sonje anyen ant 5 a 10 zan se bobinn .mwen sonje kote mwen te rete o kap lè mwen te genyen 4 lane. e mwen menm sonje kote mwen te rete anvan sa.sè mwen ki swiv mwen yan fet lè mwen te genyen 8 lane mwen sonje lè li te fet.Mwen sonje lè mwen te rantre lekol ka frè mwen konn di se francisque jean ki te ede m aprann li aprann fè adityon ak soustraktyon nan klass frè Georges an 1945 lè mwen te genyen 5 lane.
Rodlam Sans Malice- Super Star
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Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Pour finir avec cette discussion, je dois vous dire clairement qu'Aimé Césaire a menti ou vous l'avez mal compris.
Que ce soit du coté maternel ou paternel, Aimé Césaire provient de la petite bourgeoisie noire de la Martinique. D'ailleurs, son grand père fut le premier enseignant nègre de la Martinique d'après le journal Le Monde:
"Son grand-père fut le premier enseignant nègre, on reviendra sur ce mot, de l'île. Sa grand-mère Eugénie, "Maman Ninie", rare femme lettrée pour l'époque. Le père est contrôleur des contributions, la mère, couturière."
Accéder le journal Le Monde
Cette information est confirmée par d'autres sources:
"Césaire est né à Basse-Pointe en Martinique en 1913, issu de la petite bourgeoisie noire montante, les Noirs aisés. Sa famille, par le grand-père et par le père, fait partie de la petite élite noire de l’île, « (…) démunie et n’ayant d’autre atout que leur position intellectuelle - position qui sera consolidée par leur père. »
http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=206
D'après les sources, ces grand-parents n'étaient pas des esclaves mais des intellectuels de la petite bourgeoisie.
Que ce soit du coté maternel ou paternel, Aimé Césaire provient de la petite bourgeoisie noire de la Martinique. D'ailleurs, son grand père fut le premier enseignant nègre de la Martinique d'après le journal Le Monde:
"Son grand-père fut le premier enseignant nègre, on reviendra sur ce mot, de l'île. Sa grand-mère Eugénie, "Maman Ninie", rare femme lettrée pour l'époque. Le père est contrôleur des contributions, la mère, couturière."
Accéder le journal Le Monde
Cette information est confirmée par d'autres sources:
"Césaire est né à Basse-Pointe en Martinique en 1913, issu de la petite bourgeoisie noire montante, les Noirs aisés. Sa famille, par le grand-père et par le père, fait partie de la petite élite noire de l’île, « (…) démunie et n’ayant d’autre atout que leur position intellectuelle - position qui sera consolidée par leur père. »
http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=206
D'après les sources, ces grand-parents n'étaient pas des esclaves mais des intellectuels de la petite bourgeoisie.
Invité- Invité
Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Vous m'étonnez Colo,
D'après vous ,il y avait une petite bourgeoisie noire en Martinique avant 1848?
Et de quels noirs libres parlez vous avant 1848.Napoléon avit supprimé ce système d'affranchis après la restoration de l'esclavage.
Après 1802,qui que vous étiez ,si vous n'étiez pas blancs,vous étiez esclaves.
C'est pour cette raison, les "mulatres" haitiens s'étaient vite joint à la rébellion,ce n'était pas pour quelque "Union fait la force".
De plus si nos aieux avient perdus la guerre ,ils seraient tous tués comme c'était arrivé en Martinique et Guadeloupe.
Il n'y a aucune contradiction que le grandpère de Césaire avait été esclave et que plus tard il ferait partie de la petite bourgeoisie.
et puis son père ou son grand père seraient des "petits bourgeois" ,il faut prendre ça avec un grain de sel.La société martiniquaise était bourrée de préjugés comme nous l'avions au temps de la colonie de Saint Domingue.
C'est l'une des raisons que comme Césaire l'avit dit lui-mème ,il ne pouvait pas attendre pour laisser la Martinique des années 30s
D'après vous ,il y avait une petite bourgeoisie noire en Martinique avant 1848?
Et de quels noirs libres parlez vous avant 1848.Napoléon avit supprimé ce système d'affranchis après la restoration de l'esclavage.
Après 1802,qui que vous étiez ,si vous n'étiez pas blancs,vous étiez esclaves.
C'est pour cette raison, les "mulatres" haitiens s'étaient vite joint à la rébellion,ce n'était pas pour quelque "Union fait la force".
De plus si nos aieux avient perdus la guerre ,ils seraient tous tués comme c'était arrivé en Martinique et Guadeloupe.
Il n'y a aucune contradiction que le grandpère de Césaire avait été esclave et que plus tard il ferait partie de la petite bourgeoisie.
et puis son père ou son grand père seraient des "petits bourgeois" ,il faut prendre ça avec un grain de sel.La société martiniquaise était bourrée de préjugés comme nous l'avions au temps de la colonie de Saint Domingue.
C'est l'une des raisons que comme Césaire l'avit dit lui-mème ,il ne pouvait pas attendre pour laisser la Martinique des années 30s
Joel- Super Star
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Jeu de rôle: Le patriote
Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Joel,
Votre exposé est riche en informations et vos analyses sont profondes. Vos conclusions sont tout à fait logique.
Mais là où le bât blesse est le fait que ce grand-père esclave devenait le premier enseignant nègre de la Martinique par la suite. Or nous savons que dans les colonies francaises, l'esclave n'avait pas droit à l'instruction.
Quand ce grand-père a-t-il eu le temps de s'instruire?
De ce fait, on a tendance à conclure que ce grand-père a vécu son adolescence après l'abolition de l'esclavage afin qu'il put accéder à l'instruction. Cela doit etre aussi le cas pour Maman Ninie. S'ils ont vécu durant l'esclavage, ils devraient etre des noirs libres.
Votre exposé est riche en informations et vos analyses sont profondes. Vos conclusions sont tout à fait logique.
Mais là où le bât blesse est le fait que ce grand-père esclave devenait le premier enseignant nègre de la Martinique par la suite. Or nous savons que dans les colonies francaises, l'esclave n'avait pas droit à l'instruction.
Quand ce grand-père a-t-il eu le temps de s'instruire?
De ce fait, on a tendance à conclure que ce grand-père a vécu son adolescence après l'abolition de l'esclavage afin qu'il put accéder à l'instruction. Cela doit etre aussi le cas pour Maman Ninie. S'ils ont vécu durant l'esclavage, ils devraient etre des noirs libres.
Invité- Invité
Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Joel,
Voici d'autres information sur Aimé Césaire:
Son grand-père Nicolas Louis Fernand Césaire (du coté paternel) a vécu de 1868-1896 et Aimé Césaire n'a pas connu cet homme.
Par contre, le père d'Aimé Césaire travaillait sur une habitation comme économe et c'est de la vient la confusion qu'il était esclave.
http://biosoc.univ-paris1.fr/maitron/Dico/intello1.htm
Voici d'autres information sur Aimé Césaire:
Son grand-père Nicolas Louis Fernand Césaire (du coté paternel) a vécu de 1868-1896 et Aimé Césaire n'a pas connu cet homme.
Par contre, le père d'Aimé Césaire travaillait sur une habitation comme économe et c'est de la vient la confusion qu'il était esclave.
http://biosoc.univ-paris1.fr/maitron/Dico/intello1.htm
Invité- Invité
Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Cololo woumen kap chaché between wou men yon ti atik yon étranjé ékri kibien dokimanté doub la jwennn nan graté graté tankou ti poul: Sanblé sé pa tout nwa ki té ésklav non épi sé pa tout ki mouri a 45 ans. Mwen gen lot dokiman ki moutré prèv a la main gen yon kité rélé Dédé nan zonne au kap ki viv jis a laj vénérab anviron 130 ans..anviron paské mèt liyo pat gen batistèl li mouri homme lib et selo sayo di nan bon kondition: PA banm chaj poté tanpri komkwa map dédwané lésklavaj NOU KONEN DOUB LA PANKA SANTI KRIMINÈL SAYO, SEMPMAN MWEN RENMEN VERITÉ ISTORIK, MWEN PA RENMEN GENERALISATION SIMPLISTIC POU POV DESPRI' SE SAK FÈ MWEN RENMEN GRATE GRATE...ATIKONPRI COLO...MEN BLAN-AN AP PALÉ AVÈW:
''
Au contact des « nègres libres »
Dans l’ombre du comte de Noé évoluent des Noirs libres,
autrefois rivés dans leur condition servile aux habitations des
familles Bréda et alliées. Ayant été remarqués, employés à des tâches
de confiance qui les distinguent du simple coupeur de canne, ils ont
fini par être affranchis. Passés à la condition de libres, ils se
mettent à fréquenter d’autres Noirs libres et, peu à peu, constituer un
groupe social actif et dynamique. Quelles lumières peut-on jeter sur
certains d’entre eux, que le comte de Noé a fréquenté ?
1) Origine et premières années de Toussaint Bréda
« Mon cher Toussaint » écrit en 1799 le comte de Noé lorsque,
émigré impécunieux à Londres, il s’adresse à l’ancien esclave pour lui
demander de l’aide. Le ton est familier, ce qui laisse supposer que le
comte n’aurait certainement pas osé écrire de cette manière s’il n’y
avait pas eu une vraie et durable relation entre les deux hommes,
témoin de moments partagés ensemble. Et de rappeler également, dans sa
lettre, l’existence d’autres « bons sujets » attachés à sa famille… A
commencer peut-être par le père de Toussaint qui, d’un âge déjà avancé,
vit à Bréda du Haut-du-Cap en jouissant de la « liberté de savane »
quand le comte le voit, tout comme il croise le chemin du fils ?
Autrement dit : peut-on porter un éclairage nouveau sur
l’origine familiale de Toussaint Bréda, ses premières années et ses
relations avec le comte de Noé ?
Les rares souvenirs de famille relatifs à ces questions
(rapportés par Antoine Métral, Isaac Louverture ou Prosper
Gragnon-Lacoste)1,
restent vagues et sujets à caution. Quant à la tradition orale
officielle entretenue au Bénin, elle n’est guère éclairante non plus.
Cependant, un certain nombre d’éléments plausibles peuvent quand même
être dégagés du croisement de ces différentes versions, étayés par de
nouveaux éléments. Reprenons du départ, en réexaminant les témoignages
couchés sur le papier et… en commençant par revenir au Bénin2.
a - le père de Toussaint : Déguénon
On peut au moins appréhender le contexte africain dans lequel
évolue le père de Toussaint Louverture, à partir de ce qu’en dit
aujourd’hui la royauté traditionnelle d’Allada, puis en la confrontant
à des travaux de recherches récents.
Ainsi, le roi Kpodégbé –gardien de la lignée royale d’Allada,
et donc de sa tradition- a accordé audience, le 11 juillet 2004, à mon
ancien instituteur, Maître Abissi. Ses propos sont donc des propos
officiels, prononcés en séance solennelle (cf. transcription en annexe).
Que peut-on retenir de ce que dit le roi ? D’abord il cite le
nom du père de Toussaint Louverture : « Déguénon Gaou », nom qui
jaillit spontanément dans le discours, sans aucune hésitation. On sait
que « Gaou » est un titre, celui de commandant-en-chef des armées dans
le royaume du Danhomè, redoutable voisin du royaume d’Allada (au point
qu’Allada est annexé par le Danhomè –ou royaume d’Agbomè- en 1724).
Mais serait-ce un titre exclusivement porté au Danhomè ? Il semble que
non, et il peut donc avoir été utilisé à Allada aussi, même si on n’en
a pas la preuve explicite. Par ailleurs, le sens étymologique de
« Déguénon » en langue fon reste trop vague pour en tirer une
signification particulière dans ce cas précis : c'est un nom fort
répandu dans le sud-Bénin, qui désigne une personne âgée, un vieux, et,
par extension, un sage. Ce n’est donc pas un « nom fort », un nom
symbolique, dans la tradition des dynasties royales, et y voir une
qualité particulière au père de Toussaint Louverture demeure aléatoire.
On peut en revanche remarquer qu’à l’oreille « Gaou Déguénon » se
rapproche de « Gaou Guinou », nom qui semble donc être un nom altéré.
Déjà, dans les années 1960, l’écrivain haïtien Roger Dorsinville, qui
avait vécu en Afrique, avait relevé la « tradition subsistante chez les
Alladas du Dahomey du fils de l’un de leurs rois emmené en esclavage.
Il s’appelait Déguénou et son titre était Gaou, général d’armée ou chef
suprême »3.
On a en revanche plus de mal à suivre le roi Kpodégbé quand il
affirme que le père de Toussaint reste un homme libre, qui s’embarque
de son plein gré sur un bâtiment des amis français du royaume d’Allada.
Certes, une telle assertion n’est pas totalement dénuée de fondement ;
ainsi, en 1670, le roi d’Allada -orthographié « Ardres » dans les
documents de l’époque- avait envoyé un ambassadeur auprès de Louis XIV,
un certain Mateo Lopes -métis de Portugais ?- reçu en audience à
Versailles le 19 décembre 1670. Cet ambassadeur était effectivement
monté à bord d’un vaisseau français, mais dans un contexte officiel.
On connaît également, dans la seconde moitié du XVIIIème
siècle, le cas d’Amrou, jeune Bambara monté à bord d’un vaisseau
anglais dans l’espoir de découvrir l’Angleterre mais qui, au bout du
compte, se retrouve esclave à Tobago jusqu’à ce que les Français
prennent la place des Anglais. Amrou finit par se retrouver à
Versailles, quelques années avant la Révolution4. Destinée exceptionnelle.
Reste que dans le cas de Déguénon, un tel embarquement spontané
demeure fort douteux, car il n’indique rien quant au sort de son épouse
et de ses enfants, qui vont aussi se retrouver à Saint-Domingue réduits
à l’état de main d’œuvre servile, ni de l’inquiétude qu’aurait pu
formuler la cour d’Allada, ne voyant pas un de ses « princes » revenir,
en sommant les commerçants français présents sur ses terres de donner
des explications et en exigeant le retour dudit « prince »…
Car à cette histoire d’embarquement spontané se greffe la
version tenace –car affirmée par la tradition familiale louverturienne,
et reprise par le récit officiel- de l’appartenance de Déguénon à la
lignée royale d’Allada. Le roi Kpodégbé indique même que Déguénon « est
de la première lignée royale d’Allada, de la lignée Kokpon »,
c’est-à-dire du supposé fondateur du royaume d’Allada, identifié
parfois également comme l’Ancêtre mythique Adjahouto, vers qui
convergent les dynasties régnantes des royaumes d’Allada, d’Agbomè et
d’Hogbonou (Porto-Novo). Kokpon aurait régné de 1593 à 1613 si on en
croit les peintures murales du palais royal d’Allada-Togoudo, soit un
bon siècle avant que vive Déguénon. Et devant l’entrée du palais, on
lit aujourd’hui l’inscription suivante : « Palais royal
d’Allada-Togoudo, royaume d’Allada fondé au XIIIème siècle par
l’illustre ancêtre Adjahouto, aïeul de Toussaint Louverture, fils
d’Allada » (à noter qu’une statue d’Adjahouto érigée sur le même site
le mentionne également comme « initiateur de la religion vodoun »). Les
raccourcis historiques sont donc nombreux et les dates se téléscopent ;
tout ceci va cependant dans le sens de la revendication de cet héritage
royal et, pour tout dire, peut aussi être interprété comme
l’affirmation par les gens d’Allada et, partant, les Béninois, d’une
prédestination de Toussaint Louverture à se montrer digne descendant de
ses ancêtres souverains africains… tout comme la volonté d’une
réappropriation des exploits de Toussaint Louverture par sa terre
d’origine.
Reconstruction du passé ? Cela y ressemble. Car qu’en sait-on
vraiment ? Répétée à l’envi, l’affirmation du lignage royal s’étiole
dès que l’observateur s’avise d’examiner les généalogies ; cela devient
vite très flou, l’incertitude commençant… par la succession des
souverains eux-mêmes (Robin Law a montré toute la difficulté, à partir
des traditions orales, d’établir un ordre successoral précis5).
Aucune filiation n’apparaît de façon claire. De plus, l’affirmation
péremptoire de Gragnon-Lacoste selon laquelle le père de Toussaint
Louverture était « fils de Gaou-Guinou roi des Aradas »6
(= habitants du royaume d’Ardres, ou d’Allada) est malmenée par le fait
qu’aucun roi d’Allada n’est connu sous ce nom. Au bout du compte on
n’est sûr de rien car la véracité de la revendication d’un ancêtre
royal demeure un problème d’ordre général pour la zone et pour la
période : parlant d’expérience, Robin Law m’a indiqué que de telles
revendications peuvent être faites par des personnages ayant atteint
une position de dirigeant, même si leur origine n’est pas royale,
certainement pour asseoir leur position.
Autrement dit, l’ascendance royale de Toussaint Louverture est
à prendre avec prudence. Elle est possible, mais rien ne la prouve.
Cependant, on peut affirmer que Déguénon n’est pas n’importe qui. On a
certainement affaire à un dignitaire, plus précisément à un militaire :
Isaac évoque le souvenir de chants guerriers et le fait que Déguénon
soit reconnu par d’autres esclaves venant d’Allada « pour leur prince,
et lui rendirent des hommages »7,
le titre éventuel de Gaou pouvant étayer cette affirmation. Sans
oublier que la connaissance des plantes, également attribuée par la
tradition au père de Toussaint et qu’il aurait transmise à son fils,
n’est pas apanage ordinaire. L’occulte n’est pas loin. En définitive,
il s’agit donc d’un personnage important, qui a du savoir et de
l’ascendant.
Reste à s’interroger sur les circonstances qui ont conduit
Déguénon à franchir l’Atlantique. Isaac Louverture indique qu’il a été
« fait prisonnier dans une guerre et vendu », sans autre précision.
L’histoire de royaume d’Allada a-t-elle conservé souvenir d’événements
violents, à l’époque probable du passage de Déguénon aux Amériques ?
Oui, à propos d’une grave querelle de succession qui va
finalement consacrer la ruine politique de ce royaume, annexé par le
Danhomè voisin. Dès 1717, au décès de son roi, le royaume d’Allada est
en proie à des rivalités intestines qui vont en s’aggravant car le
prince qui lui succède, Sozo, est jalousé par son frère Hussah. En
1722, ce candidat malheureux au trône obtient l’appui du « Grand
capitaine » (= chef le plus important après le roi) d’Allada. En 1724,
Hussah vient finalement plaider sa cause auprès du roi Agadja du
Danhomè, lequel accepte de lui venir en aide. Levée d’une armée
danhoméenne, siège d’Allada et prise de la ville : l’opération réussit,
Agadja place Hussah sur le trône d’Allada, mais en fait un personnage
totalement assujetti. Parallèlement a lieu une « épuration » à grande
échelle d’opposants vendus comme esclaves. En 1726, Hussah, qui
s’aperçoit qu’il a été berné (car totalement dépendant du royaume
d’Agbomè), appelle le royaume yorouba d’Oyo à l’aide pour se
débarrasser du « poids » du Danhomè. Le royaume d’Oyo monte une
expédition, mais Agadja écrase la rébellion. Probables représailles là
encore, les prisonniers étant par la suite revendus aux négriers de la
côte8.
Puis, progressivement, le Danhomè poursuit sa poussée vers le sud, à la
force des armes, se rendant définitivement maître de Ouidah vers 1741.
Quoi qu’il en soit, on remarque au passage qu’il s’agit d’événements
internes à l’Afrique, les Européens restant cantonnés sur la côte,
n’achetant des esclaves que selon le bon vouloir des souverains du
moment, et recueillant l’écho très affaibli des affrontements
politiques de l’intérieur.
Voilà pour le contexte, qui pourrait expliquer non seulement le
départ de Déguénon, mais aussi celui de son épouse (Affiba) et de deux
enfants, vendus comme esclaves pour les Amériques, sans que l’on puisse
déterminer plus précisément quel épisode est le bon ni quel rôle
Déguénon y a joué. Quant à la date de la vente, elle demeure
incertaine, les embarquements s’étant étalés dans le temps et pouvant
expliquer la séparation de Déguénon du reste de ses proches dès le
départ, à moins que cette séparation ait eu lieu à l’arrivée au
Cap-Français.
''
Au contact des « nègres libres »
Dans l’ombre du comte de Noé évoluent des Noirs libres,
autrefois rivés dans leur condition servile aux habitations des
familles Bréda et alliées. Ayant été remarqués, employés à des tâches
de confiance qui les distinguent du simple coupeur de canne, ils ont
fini par être affranchis. Passés à la condition de libres, ils se
mettent à fréquenter d’autres Noirs libres et, peu à peu, constituer un
groupe social actif et dynamique. Quelles lumières peut-on jeter sur
certains d’entre eux, que le comte de Noé a fréquenté ?
1) Origine et premières années de Toussaint Bréda
« Mon cher Toussaint » écrit en 1799 le comte de Noé lorsque,
émigré impécunieux à Londres, il s’adresse à l’ancien esclave pour lui
demander de l’aide. Le ton est familier, ce qui laisse supposer que le
comte n’aurait certainement pas osé écrire de cette manière s’il n’y
avait pas eu une vraie et durable relation entre les deux hommes,
témoin de moments partagés ensemble. Et de rappeler également, dans sa
lettre, l’existence d’autres « bons sujets » attachés à sa famille… A
commencer peut-être par le père de Toussaint qui, d’un âge déjà avancé,
vit à Bréda du Haut-du-Cap en jouissant de la « liberté de savane »
quand le comte le voit, tout comme il croise le chemin du fils ?
Autrement dit : peut-on porter un éclairage nouveau sur
l’origine familiale de Toussaint Bréda, ses premières années et ses
relations avec le comte de Noé ?
Les rares souvenirs de famille relatifs à ces questions
(rapportés par Antoine Métral, Isaac Louverture ou Prosper
Gragnon-Lacoste)1,
restent vagues et sujets à caution. Quant à la tradition orale
officielle entretenue au Bénin, elle n’est guère éclairante non plus.
Cependant, un certain nombre d’éléments plausibles peuvent quand même
être dégagés du croisement de ces différentes versions, étayés par de
nouveaux éléments. Reprenons du départ, en réexaminant les témoignages
couchés sur le papier et… en commençant par revenir au Bénin2.
a - le père de Toussaint : Déguénon
On peut au moins appréhender le contexte africain dans lequel
évolue le père de Toussaint Louverture, à partir de ce qu’en dit
aujourd’hui la royauté traditionnelle d’Allada, puis en la confrontant
à des travaux de recherches récents.
Ainsi, le roi Kpodégbé –gardien de la lignée royale d’Allada,
et donc de sa tradition- a accordé audience, le 11 juillet 2004, à mon
ancien instituteur, Maître Abissi. Ses propos sont donc des propos
officiels, prononcés en séance solennelle (cf. transcription en annexe).
Que peut-on retenir de ce que dit le roi ? D’abord il cite le
nom du père de Toussaint Louverture : « Déguénon Gaou », nom qui
jaillit spontanément dans le discours, sans aucune hésitation. On sait
que « Gaou » est un titre, celui de commandant-en-chef des armées dans
le royaume du Danhomè, redoutable voisin du royaume d’Allada (au point
qu’Allada est annexé par le Danhomè –ou royaume d’Agbomè- en 1724).
Mais serait-ce un titre exclusivement porté au Danhomè ? Il semble que
non, et il peut donc avoir été utilisé à Allada aussi, même si on n’en
a pas la preuve explicite. Par ailleurs, le sens étymologique de
« Déguénon » en langue fon reste trop vague pour en tirer une
signification particulière dans ce cas précis : c'est un nom fort
répandu dans le sud-Bénin, qui désigne une personne âgée, un vieux, et,
par extension, un sage. Ce n’est donc pas un « nom fort », un nom
symbolique, dans la tradition des dynasties royales, et y voir une
qualité particulière au père de Toussaint Louverture demeure aléatoire.
On peut en revanche remarquer qu’à l’oreille « Gaou Déguénon » se
rapproche de « Gaou Guinou », nom qui semble donc être un nom altéré.
Déjà, dans les années 1960, l’écrivain haïtien Roger Dorsinville, qui
avait vécu en Afrique, avait relevé la « tradition subsistante chez les
Alladas du Dahomey du fils de l’un de leurs rois emmené en esclavage.
Il s’appelait Déguénou et son titre était Gaou, général d’armée ou chef
suprême »3.
On a en revanche plus de mal à suivre le roi Kpodégbé quand il
affirme que le père de Toussaint reste un homme libre, qui s’embarque
de son plein gré sur un bâtiment des amis français du royaume d’Allada.
Certes, une telle assertion n’est pas totalement dénuée de fondement ;
ainsi, en 1670, le roi d’Allada -orthographié « Ardres » dans les
documents de l’époque- avait envoyé un ambassadeur auprès de Louis XIV,
un certain Mateo Lopes -métis de Portugais ?- reçu en audience à
Versailles le 19 décembre 1670. Cet ambassadeur était effectivement
monté à bord d’un vaisseau français, mais dans un contexte officiel.
On connaît également, dans la seconde moitié du XVIIIème
siècle, le cas d’Amrou, jeune Bambara monté à bord d’un vaisseau
anglais dans l’espoir de découvrir l’Angleterre mais qui, au bout du
compte, se retrouve esclave à Tobago jusqu’à ce que les Français
prennent la place des Anglais. Amrou finit par se retrouver à
Versailles, quelques années avant la Révolution4. Destinée exceptionnelle.
Reste que dans le cas de Déguénon, un tel embarquement spontané
demeure fort douteux, car il n’indique rien quant au sort de son épouse
et de ses enfants, qui vont aussi se retrouver à Saint-Domingue réduits
à l’état de main d’œuvre servile, ni de l’inquiétude qu’aurait pu
formuler la cour d’Allada, ne voyant pas un de ses « princes » revenir,
en sommant les commerçants français présents sur ses terres de donner
des explications et en exigeant le retour dudit « prince »…
Car à cette histoire d’embarquement spontané se greffe la
version tenace –car affirmée par la tradition familiale louverturienne,
et reprise par le récit officiel- de l’appartenance de Déguénon à la
lignée royale d’Allada. Le roi Kpodégbé indique même que Déguénon « est
de la première lignée royale d’Allada, de la lignée Kokpon »,
c’est-à-dire du supposé fondateur du royaume d’Allada, identifié
parfois également comme l’Ancêtre mythique Adjahouto, vers qui
convergent les dynasties régnantes des royaumes d’Allada, d’Agbomè et
d’Hogbonou (Porto-Novo). Kokpon aurait régné de 1593 à 1613 si on en
croit les peintures murales du palais royal d’Allada-Togoudo, soit un
bon siècle avant que vive Déguénon. Et devant l’entrée du palais, on
lit aujourd’hui l’inscription suivante : « Palais royal
d’Allada-Togoudo, royaume d’Allada fondé au XIIIème siècle par
l’illustre ancêtre Adjahouto, aïeul de Toussaint Louverture, fils
d’Allada » (à noter qu’une statue d’Adjahouto érigée sur le même site
le mentionne également comme « initiateur de la religion vodoun »). Les
raccourcis historiques sont donc nombreux et les dates se téléscopent ;
tout ceci va cependant dans le sens de la revendication de cet héritage
royal et, pour tout dire, peut aussi être interprété comme
l’affirmation par les gens d’Allada et, partant, les Béninois, d’une
prédestination de Toussaint Louverture à se montrer digne descendant de
ses ancêtres souverains africains… tout comme la volonté d’une
réappropriation des exploits de Toussaint Louverture par sa terre
d’origine.
Reconstruction du passé ? Cela y ressemble. Car qu’en sait-on
vraiment ? Répétée à l’envi, l’affirmation du lignage royal s’étiole
dès que l’observateur s’avise d’examiner les généalogies ; cela devient
vite très flou, l’incertitude commençant… par la succession des
souverains eux-mêmes (Robin Law a montré toute la difficulté, à partir
des traditions orales, d’établir un ordre successoral précis5).
Aucune filiation n’apparaît de façon claire. De plus, l’affirmation
péremptoire de Gragnon-Lacoste selon laquelle le père de Toussaint
Louverture était « fils de Gaou-Guinou roi des Aradas »6
(= habitants du royaume d’Ardres, ou d’Allada) est malmenée par le fait
qu’aucun roi d’Allada n’est connu sous ce nom. Au bout du compte on
n’est sûr de rien car la véracité de la revendication d’un ancêtre
royal demeure un problème d’ordre général pour la zone et pour la
période : parlant d’expérience, Robin Law m’a indiqué que de telles
revendications peuvent être faites par des personnages ayant atteint
une position de dirigeant, même si leur origine n’est pas royale,
certainement pour asseoir leur position.
Autrement dit, l’ascendance royale de Toussaint Louverture est
à prendre avec prudence. Elle est possible, mais rien ne la prouve.
Cependant, on peut affirmer que Déguénon n’est pas n’importe qui. On a
certainement affaire à un dignitaire, plus précisément à un militaire :
Isaac évoque le souvenir de chants guerriers et le fait que Déguénon
soit reconnu par d’autres esclaves venant d’Allada « pour leur prince,
et lui rendirent des hommages »7,
le titre éventuel de Gaou pouvant étayer cette affirmation. Sans
oublier que la connaissance des plantes, également attribuée par la
tradition au père de Toussaint et qu’il aurait transmise à son fils,
n’est pas apanage ordinaire. L’occulte n’est pas loin. En définitive,
il s’agit donc d’un personnage important, qui a du savoir et de
l’ascendant.
Reste à s’interroger sur les circonstances qui ont conduit
Déguénon à franchir l’Atlantique. Isaac Louverture indique qu’il a été
« fait prisonnier dans une guerre et vendu », sans autre précision.
L’histoire de royaume d’Allada a-t-elle conservé souvenir d’événements
violents, à l’époque probable du passage de Déguénon aux Amériques ?
Oui, à propos d’une grave querelle de succession qui va
finalement consacrer la ruine politique de ce royaume, annexé par le
Danhomè voisin. Dès 1717, au décès de son roi, le royaume d’Allada est
en proie à des rivalités intestines qui vont en s’aggravant car le
prince qui lui succède, Sozo, est jalousé par son frère Hussah. En
1722, ce candidat malheureux au trône obtient l’appui du « Grand
capitaine » (= chef le plus important après le roi) d’Allada. En 1724,
Hussah vient finalement plaider sa cause auprès du roi Agadja du
Danhomè, lequel accepte de lui venir en aide. Levée d’une armée
danhoméenne, siège d’Allada et prise de la ville : l’opération réussit,
Agadja place Hussah sur le trône d’Allada, mais en fait un personnage
totalement assujetti. Parallèlement a lieu une « épuration » à grande
échelle d’opposants vendus comme esclaves. En 1726, Hussah, qui
s’aperçoit qu’il a été berné (car totalement dépendant du royaume
d’Agbomè), appelle le royaume yorouba d’Oyo à l’aide pour se
débarrasser du « poids » du Danhomè. Le royaume d’Oyo monte une
expédition, mais Agadja écrase la rébellion. Probables représailles là
encore, les prisonniers étant par la suite revendus aux négriers de la
côte8.
Puis, progressivement, le Danhomè poursuit sa poussée vers le sud, à la
force des armes, se rendant définitivement maître de Ouidah vers 1741.
Quoi qu’il en soit, on remarque au passage qu’il s’agit d’événements
internes à l’Afrique, les Européens restant cantonnés sur la côte,
n’achetant des esclaves que selon le bon vouloir des souverains du
moment, et recueillant l’écho très affaibli des affrontements
politiques de l’intérieur.
Voilà pour le contexte, qui pourrait expliquer non seulement le
départ de Déguénon, mais aussi celui de son épouse (Affiba) et de deux
enfants, vendus comme esclaves pour les Amériques, sans que l’on puisse
déterminer plus précisément quel épisode est le bon ni quel rôle
Déguénon y a joué. Quant à la date de la vente, elle demeure
incertaine, les embarquements s’étant étalés dans le temps et pouvant
expliquer la séparation de Déguénon du reste de ses proches dès le
départ, à moins que cette séparation ait eu lieu à l’arrivée au
Cap-Français.
Dernière édition par Doub-Sossis le Dim 4 Mai 2008 - 7:26, édité 1 fois
Doub-Sossis- Super Star
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Date d'inscription : 24/12/2007
Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
2 e partie
C’est ainsi que, se retrouvant seul sur l’habitation Bréda du
Haut-du-Cap, Déguénon (baptisé Hippolyte) est considéré avec déférence
par ses compagnons d’infortune. La tradition indique qu’il se marie
avec Pauline, une Arada comme lui. On sait aussi qu’il obtient la
« liberté de savane », c’est-à-dire la liberté à l’intérieur de
l’habitation, mais les versions diffèrent quant aux circonstances.
Isaac Louverture indique : « l’humanité et la bienfaisance adoucirent
ses malheurs chez le comte de Noé. Il jouit d’une entière liberté sur
les terres de son protecteur. Il eut cinq noirs pour cultiver une
portion de terre qui lui fut assignée ». Compte tenu des dates
probables d’arrivée de Déguénon (entre la fin des années 1720 et le
début des années 1740) ce n’est pas le comte Louis-Pantaléon de Noé qui
prend cette décision (il est tout enfant, ou déjà en France).
Gragnon-Lacoste fait intervenir un certain Béager, gérant de
l’habitation Bréda, qui « crut devoir prévenir les intentions
généreuses du maître de céans, en donnant au prince africain la liberté
de savane ». Le maître de céans est, à l’époque supposée des faits, la
famille Bréda (première ou deuxième génération, présentes sur les
lieux). L’intervention d’un gérant responsable de la bonne marche de
l’habitation est possible, mais on n’en sait pas plus. On peut juste
rapprocher le nom de Béager de celui d’un raffineur de
Bréda-du-Haut-du-Cap dans les années 1780, orthographié Béhaget,
peut-être fils ou parent du gérant cité par Gragnon-Lacoste.
Toussaint est, selon la tradition familiale, le premier des
enfants de Déguénon/Hippolyte et de Pauline, né dit-on en 1743. Isaac
Louverture précise aussi que Déguénon/Hippolyte et Pauline, « moururent
l’un et l’autre presqu’en même temps ». Ce fait est confirmé par le
procureur Bayon de Libertat qui, dans une lettre du 30 avril 1774
adressée à Pantaléon II de Bréda, écrit : « Vous avez perdu sur votre
habitation du Haut-du-Cap la négresse Pauline et son mari Hippolyte,
tous deux attaqués de la poitrine. Ils ont laissé cinq enfants créoles,
et cette négresse avait un petit nourrisson auquel elle n’avait pas pu
donner à téter, c’est sa fille qui le nourrit, elle l’allaite (…), je
fais donner tous les jours une ration de riz à cette négresse pour
qu’elle puisse avoir assez de lait »9.
Déguénon/Hippolyte n’est donc pas décédé en 1804, comme cela a
été rapporté, mais en 1774 et probablement âgé, ce qui expliquerait le
qualificatif de « centenaire » qui le poursuit10. Ce qui indiquerait aussi une nette différence d’âge avec Pauline, encore capable d’enfanter au moment où la mort l’a frappée.
Quant à Affiba, la première épouse de Déguénon, la tradition
veut qu’elle ait été brutalement séparée de son mari par les négriers
et qu’avec ses deux enfants –une fille et un garçon- elle ait été
vendue pour le compte d’une habitation voisine ; la mère est baptisée
Marie-Catherine, les enfants Geneviève et Augustin.
Affiba/Marie-Catherine serait morte de chagrin en apprenant le
remariage de Déguénon, selon un Gragnon-Lacoste peut-être soucieux
d’étoffer d’accents romantiques l’histoire familiale des Louverture.
Car ce drame semble contredit par l’état-civil de Port-au-Prince qui,
en 1819, mentionne le décès d’une « Marie-Catherine Affiba, native
d’Afrique, épouse du citoyen Jean-François Cadush, décédée le 14 mai
1819 dans sa maison de la rue du Port, à Port-au-Prince11 ».
S’il s’agit bien de la même personne, elle serait morte fort âgée et
aurait probablement eu un grand écart d’âge avec son premier époux
africain Déguénon. Le débat n’est pas clos.
Enfin, on sait que les enfants sont finalement recueillis par
un maître-chirurgien, Monneront La Fontaine, qui les emmène au sud de
l’île, à Torbeck, où il trouve à s’installer. Augustin Affiba est mort
sans descendance, Geneviève Affiba s’est mariée avec un Blanc, Bernard
Chancy, à l’origine de la famille haïtienne des Chancy.
b - lueurs sur Toussaint Bréda
Les recherches menées donnent quelque éclairage sur une
possible aventure galante de Toussaint, sur son affranchissement et sur
un premier mariage.
Lorsque ses parents décèdent, Toussaint approche de la
trentaine, ce qui rend caduque l’affirmation d’un de ses hagiographes
du XIXe siècle, Jean-Hippolyte-Daniel Saint-Anthoine, qui indique dans
sa Notice sur Toussaint Louverture (compilation publiée en
1842) « qu’orphelin dès l’enfance, Toussaint passa des bras de sa mère
dans ceux d’une femme du nom de Pélagie »12.
A moins qu’il faille y voir là une conquête féminine, pour un individu
dont la réputation de coureur a été soulignée depuis longtemps. Dans
l’inventaire des esclaves de Bréda du Haut-du-Cap de 1785 est
effectivement mentionnée une Pélagie, alors âgée de 47 ans, ce qui la
fait naître en 1732 ; cette Pélagie a donc une dizaine d’années de plus
que Toussaint… On connaît quelque peu son sort ultérieur, car les
héritiers Bréda l’échangent –on ignore auprès de qui- le 5 juillet 1789
par devant notaire avec une autre esclave du même prénom, mais bien
plus jeune car ayant 22 ans…13.
La grande question relative à Toussaint est celle de son
affranchissement. En examinant de près la tradition familiale, on voit
que celle-ci n’a retenu que deux noms, à savoir ceux du comte
Louis-Pantaléon de Noé et du procureur François-Antoine Bayon de
Libertat, comme étant les bienfaiteurs de l’esclave Toussaint. Publiée
en introduction de ce travail, la lettre du comte émigré à Londres au
général triomphant à Saint-Domingue, en 1799, ne donne pas de réponse
définitive à cette question mais permet d’avancer deux scenarii
possibles14.
Première hypothèse : C’est le comte de Noé qui l’affranchit.
Toussaint est esclave de la famille propriétaire de l’habitation Bréda
du Haut-du-Cap, dont le comte de Noé est un des représentants dans
l’île (et très certainement celui qui a eu le plus à faire avec
Toussaint). Affecté au service du procureur Bayon de Libertat, celui-ci
a eu maintes fois l’occasion d’apprécier les qualités de l’esclave et
de plaider en sa faveur auprès du membre de la famille qu’il
fréquentait le plus étroitement, à savoir le comte de Noé, lequel
accepte l’affranchissement. Et l’esclave Toussaint, devenu le « nègre
libre » Toussaint Bréda, peut parfaitement continuer à travailler au
service de Bayon de Libertat, lequel gère les habitations Bréda
jusqu’en juin 1789.
Seconde hypothèse : C’est Bayon de Libertat qui affranchit
Toussaint. En effet, on peut objecter au premier scénario que le comte
de Noé ne dit pas de façon explicite dans sa lettre de 1799 que c’est
lui qui a libéré Toussaint de la servitude. Si cela avait été le cas,
le comte de Noé ne l’aurait-il pas dit de façon claire, pour insister
encore sur le fait que Toussaint lui était redevable ? De plus, dans sa
lettre au Directoire de 179715,
Toussaint ne met-il pas en avant le rôle de Bayon, qui a très bien pu
racheter Toussaint à sa famille propriétaire de Bréda du Haut-du-Cap…. ?
Reste que l’on peut objecter encore que, dans sa lettre de
1799, le comte de Noé a pu utiliser un langage sibyllin et ampoulé pour
ne pas risquer de froisser la susceptibilité du nouveau maître de
Saint-Domingue, que l’ivresse du pouvoir pouvait rendre très
« chatouilleux ». On connaît l’anecdote de Toussaint prenant ses
distances envers Bayon revenu à Saint-Domingue en lui déclarant : « il
y a désormais davantage de distance entre moi et vous qu’autrefois
entre vous et moi ». Mais ceci est davantage spéculation que preuve. On
peut donc également avancer le scénario suivant : Noé améliore le sort
de Toussaint, Bayon l’achète à la famille et l’affranchit quelque temps
plus tard.
Il est aussi à remarquer qu’à aucun moment dans la
correspondance que Bayon de Libertat adresse à Pantaléon II de Bréda il
n’est question de l’affranchissement de l’esclave Toussaint,
vraisemblablement parce que pareille décision a peut-être été négociée
entre le comte de Noé présent sur place et son oncle habitant Paris (à
moins que le comte de Noé n’ait agi seul), mais nous n’en connaissons
aucune trace écrite. Autre question : qui a payé la « taxe de
liberté » ? Bayon ? Le comte de Noé ? Toussaint ? Ou les trois ? On
n’en sait rien. Quant à la date de l’affranchissement, elle est
probablement cernée par celle de l’entrée en service de Bayon de
Libertat comme procureur de M. de Bréda, c’est-à-dire vers la mi-1772,
et le départ effectif du comte de Noé pour la France, en juin 1775.
Autre question, celle relative au premier mariage de Toussaint
Bréda, indiqué époux d’une certaine Cécile en 1778, et encore en 1782,
dans les testaments successifs que fait un mulâtre libre entrepreneur
en bâtiments, Pierre-Guillaume Provoyeur (ou Pourvoyeur), surnommé
Mirbalizia, testaments formulés par devant Me Doré puis Me Bordier
Jeune, notaires au Cap16.
Ainsi, en 1778, à cette « Cécile, négresse libre, femme de
Toussaint dit Bréda », Pierre-Guillaume Provoyeur souhaite léguer
dix-huit cent livres et lui faire construire sur un terrain qu’elle
possède au Haut-du-Cap « une chambre de vingt pieds sur toutes faces en
bois incorruptible sur soulage de maçonnerie palissadée ou planchée de
travers couverte en tuiles pour par elle jouir de ladite chambre en
toute propriété ». La raison d’une telle construction nous échappe,
mais elle est à coup sûr sérieuse (Cécile est même faite héritière
d’une partie des biens de Provoyeur dans le testament du 23 juin 1782,
clause non reprise dans celui du 15 août 1782, tandis que la
construction de la chambre est maintenue). Peut-on risquer une
hypothèse ? Dans ces testaments, Pierre-Guillaume Provoyeur constitue
pour légataire universelle une certaine Marie-Anne, fille de Marie
Mambo (veuve d’Alexandre Scipion), cette Marie-Anne étant une très
probable fille naturelle de Provoyeur et de Marie Mambo. Or, cette
Marie Mambo a une sœur nommée Marguerite-Cécilia17.
Etant donné l’usage de l’époque de nommer les individus par le second
prénom, n’y aurait-il dans ce cas qu’une seule personne ? Provoyeur
ayant un lien étroit avec Marie aurait pu également tenir sa sœur en
estime… La question reste ouverte.
Autre élément à remarquer : on apprend aussi (dans le testament
du 23 juin 1782) l’existence de deux enfants de Cécile, deux garçons
prénommés Gabriel et Toussaint. Leur père est-il Toussaint Bréda ? Ce
serait logique mais ne peut être confirmé.
Par la suite, on peut être surpris de ne plus rencontrer le nom
de cette Cécile, ni ceux de ses enfants Gabriel et Toussaint,
l’hypothèse la plus plausible étant qu’ils ont pu être victimes d’un
accident ou d’une maladie, et rend alors compréhensible le
« rapprochement » de Toussaint Bréda d’avec Suzanne, esclave lavandière
à Bréda du Haut-du-Cap, que Toussaint Bréda fréquente peut-être déjà
alors qu’il est encore marié à Cécile (confortant ainsi sa réputation
de mari volage ?). Tant que nous y sommes dans ce registre, on connaît
la relation qui lie Toussaint Bréda à François-Antoine Bayon de
Libertat ; l’historien haïtien Céligny Ardouin a même qualifié Bayon de
« compagnon de fredaine » de Toussaint, une remarque qui ne manque pas
de sel lorsque l’on relève l’existence en 1777 « de Margot, dite Bayon,
négresse libre créole demeurant au Haut-du-Cap sur l’habitation Bréda »18.
De fil en aiguille, on pourrait s’interroger sur le degré de complicité
entre Toussaint Bréda et Bayon de Libertat pour se conter leurs
« aventures » respectives supposées, mais alors le romanesque
risquerait de bien vite prendre le pas sur l’Histoire...
Dernier fait relevé à propos de la première épouse de Toussaint
Bréda : on lit dans la correspondance (lettre du 3 novembre 1776) que
Bayon de Libertat adresse à Pantaléon II de Bréda, maître des
habitations Bréda, que « Tony votre vieux cocher m’avait demandé à
s’acheter, sa sœur Cécile m’a fait voir 1800 livres qu’elle a voulu me
compter, pourvu que je lui passe la vente de son frère, je lui répondis
que je ne pouvais pas le faire sans vous en prévenir, je n’en ai plus
entendu parler, ce nègre est fort adonné à la boisson et paresseux, je
n’ai pas besoin de son service, j’ai des cochers à moi, l’inconvénient
de vendre un nègre comme celui-là c’est qu’il faut toujours le garder
sur l’habitation et cela entraîne souvent du désordre et des commerces
illicites ».
La Cécile épouse de Toussaint Bréda serait-elle la sœur du
vieux cocher de Pantaléon II de Bréda lorsque celui-ci avait vécu à
Saint-Domingue (il est présent au moins en 1744 et en 1753-1754)19 ?
On ne sait. On peut cependant faire le rapprochement avec l’activité de
cocher dévolue à Toussaint Bréda, qui aurait bien pu remplacer ce vieux
beau-frère en succession de charge, comme cela se pratique largement à
l’époque.
C’est ainsi que, se retrouvant seul sur l’habitation Bréda du
Haut-du-Cap, Déguénon (baptisé Hippolyte) est considéré avec déférence
par ses compagnons d’infortune. La tradition indique qu’il se marie
avec Pauline, une Arada comme lui. On sait aussi qu’il obtient la
« liberté de savane », c’est-à-dire la liberté à l’intérieur de
l’habitation, mais les versions diffèrent quant aux circonstances.
Isaac Louverture indique : « l’humanité et la bienfaisance adoucirent
ses malheurs chez le comte de Noé. Il jouit d’une entière liberté sur
les terres de son protecteur. Il eut cinq noirs pour cultiver une
portion de terre qui lui fut assignée ». Compte tenu des dates
probables d’arrivée de Déguénon (entre la fin des années 1720 et le
début des années 1740) ce n’est pas le comte Louis-Pantaléon de Noé qui
prend cette décision (il est tout enfant, ou déjà en France).
Gragnon-Lacoste fait intervenir un certain Béager, gérant de
l’habitation Bréda, qui « crut devoir prévenir les intentions
généreuses du maître de céans, en donnant au prince africain la liberté
de savane ». Le maître de céans est, à l’époque supposée des faits, la
famille Bréda (première ou deuxième génération, présentes sur les
lieux). L’intervention d’un gérant responsable de la bonne marche de
l’habitation est possible, mais on n’en sait pas plus. On peut juste
rapprocher le nom de Béager de celui d’un raffineur de
Bréda-du-Haut-du-Cap dans les années 1780, orthographié Béhaget,
peut-être fils ou parent du gérant cité par Gragnon-Lacoste.
Toussaint est, selon la tradition familiale, le premier des
enfants de Déguénon/Hippolyte et de Pauline, né dit-on en 1743. Isaac
Louverture précise aussi que Déguénon/Hippolyte et Pauline, « moururent
l’un et l’autre presqu’en même temps ». Ce fait est confirmé par le
procureur Bayon de Libertat qui, dans une lettre du 30 avril 1774
adressée à Pantaléon II de Bréda, écrit : « Vous avez perdu sur votre
habitation du Haut-du-Cap la négresse Pauline et son mari Hippolyte,
tous deux attaqués de la poitrine. Ils ont laissé cinq enfants créoles,
et cette négresse avait un petit nourrisson auquel elle n’avait pas pu
donner à téter, c’est sa fille qui le nourrit, elle l’allaite (…), je
fais donner tous les jours une ration de riz à cette négresse pour
qu’elle puisse avoir assez de lait »9.
Déguénon/Hippolyte n’est donc pas décédé en 1804, comme cela a
été rapporté, mais en 1774 et probablement âgé, ce qui expliquerait le
qualificatif de « centenaire » qui le poursuit10. Ce qui indiquerait aussi une nette différence d’âge avec Pauline, encore capable d’enfanter au moment où la mort l’a frappée.
Quant à Affiba, la première épouse de Déguénon, la tradition
veut qu’elle ait été brutalement séparée de son mari par les négriers
et qu’avec ses deux enfants –une fille et un garçon- elle ait été
vendue pour le compte d’une habitation voisine ; la mère est baptisée
Marie-Catherine, les enfants Geneviève et Augustin.
Affiba/Marie-Catherine serait morte de chagrin en apprenant le
remariage de Déguénon, selon un Gragnon-Lacoste peut-être soucieux
d’étoffer d’accents romantiques l’histoire familiale des Louverture.
Car ce drame semble contredit par l’état-civil de Port-au-Prince qui,
en 1819, mentionne le décès d’une « Marie-Catherine Affiba, native
d’Afrique, épouse du citoyen Jean-François Cadush, décédée le 14 mai
1819 dans sa maison de la rue du Port, à Port-au-Prince11 ».
S’il s’agit bien de la même personne, elle serait morte fort âgée et
aurait probablement eu un grand écart d’âge avec son premier époux
africain Déguénon. Le débat n’est pas clos.
Enfin, on sait que les enfants sont finalement recueillis par
un maître-chirurgien, Monneront La Fontaine, qui les emmène au sud de
l’île, à Torbeck, où il trouve à s’installer. Augustin Affiba est mort
sans descendance, Geneviève Affiba s’est mariée avec un Blanc, Bernard
Chancy, à l’origine de la famille haïtienne des Chancy.
b - lueurs sur Toussaint Bréda
Les recherches menées donnent quelque éclairage sur une
possible aventure galante de Toussaint, sur son affranchissement et sur
un premier mariage.
Lorsque ses parents décèdent, Toussaint approche de la
trentaine, ce qui rend caduque l’affirmation d’un de ses hagiographes
du XIXe siècle, Jean-Hippolyte-Daniel Saint-Anthoine, qui indique dans
sa Notice sur Toussaint Louverture (compilation publiée en
1842) « qu’orphelin dès l’enfance, Toussaint passa des bras de sa mère
dans ceux d’une femme du nom de Pélagie »12.
A moins qu’il faille y voir là une conquête féminine, pour un individu
dont la réputation de coureur a été soulignée depuis longtemps. Dans
l’inventaire des esclaves de Bréda du Haut-du-Cap de 1785 est
effectivement mentionnée une Pélagie, alors âgée de 47 ans, ce qui la
fait naître en 1732 ; cette Pélagie a donc une dizaine d’années de plus
que Toussaint… On connaît quelque peu son sort ultérieur, car les
héritiers Bréda l’échangent –on ignore auprès de qui- le 5 juillet 1789
par devant notaire avec une autre esclave du même prénom, mais bien
plus jeune car ayant 22 ans…13.
La grande question relative à Toussaint est celle de son
affranchissement. En examinant de près la tradition familiale, on voit
que celle-ci n’a retenu que deux noms, à savoir ceux du comte
Louis-Pantaléon de Noé et du procureur François-Antoine Bayon de
Libertat, comme étant les bienfaiteurs de l’esclave Toussaint. Publiée
en introduction de ce travail, la lettre du comte émigré à Londres au
général triomphant à Saint-Domingue, en 1799, ne donne pas de réponse
définitive à cette question mais permet d’avancer deux scenarii
possibles14.
Première hypothèse : C’est le comte de Noé qui l’affranchit.
Toussaint est esclave de la famille propriétaire de l’habitation Bréda
du Haut-du-Cap, dont le comte de Noé est un des représentants dans
l’île (et très certainement celui qui a eu le plus à faire avec
Toussaint). Affecté au service du procureur Bayon de Libertat, celui-ci
a eu maintes fois l’occasion d’apprécier les qualités de l’esclave et
de plaider en sa faveur auprès du membre de la famille qu’il
fréquentait le plus étroitement, à savoir le comte de Noé, lequel
accepte l’affranchissement. Et l’esclave Toussaint, devenu le « nègre
libre » Toussaint Bréda, peut parfaitement continuer à travailler au
service de Bayon de Libertat, lequel gère les habitations Bréda
jusqu’en juin 1789.
Seconde hypothèse : C’est Bayon de Libertat qui affranchit
Toussaint. En effet, on peut objecter au premier scénario que le comte
de Noé ne dit pas de façon explicite dans sa lettre de 1799 que c’est
lui qui a libéré Toussaint de la servitude. Si cela avait été le cas,
le comte de Noé ne l’aurait-il pas dit de façon claire, pour insister
encore sur le fait que Toussaint lui était redevable ? De plus, dans sa
lettre au Directoire de 179715,
Toussaint ne met-il pas en avant le rôle de Bayon, qui a très bien pu
racheter Toussaint à sa famille propriétaire de Bréda du Haut-du-Cap…. ?
Reste que l’on peut objecter encore que, dans sa lettre de
1799, le comte de Noé a pu utiliser un langage sibyllin et ampoulé pour
ne pas risquer de froisser la susceptibilité du nouveau maître de
Saint-Domingue, que l’ivresse du pouvoir pouvait rendre très
« chatouilleux ». On connaît l’anecdote de Toussaint prenant ses
distances envers Bayon revenu à Saint-Domingue en lui déclarant : « il
y a désormais davantage de distance entre moi et vous qu’autrefois
entre vous et moi ». Mais ceci est davantage spéculation que preuve. On
peut donc également avancer le scénario suivant : Noé améliore le sort
de Toussaint, Bayon l’achète à la famille et l’affranchit quelque temps
plus tard.
Il est aussi à remarquer qu’à aucun moment dans la
correspondance que Bayon de Libertat adresse à Pantaléon II de Bréda il
n’est question de l’affranchissement de l’esclave Toussaint,
vraisemblablement parce que pareille décision a peut-être été négociée
entre le comte de Noé présent sur place et son oncle habitant Paris (à
moins que le comte de Noé n’ait agi seul), mais nous n’en connaissons
aucune trace écrite. Autre question : qui a payé la « taxe de
liberté » ? Bayon ? Le comte de Noé ? Toussaint ? Ou les trois ? On
n’en sait rien. Quant à la date de l’affranchissement, elle est
probablement cernée par celle de l’entrée en service de Bayon de
Libertat comme procureur de M. de Bréda, c’est-à-dire vers la mi-1772,
et le départ effectif du comte de Noé pour la France, en juin 1775.
Autre question, celle relative au premier mariage de Toussaint
Bréda, indiqué époux d’une certaine Cécile en 1778, et encore en 1782,
dans les testaments successifs que fait un mulâtre libre entrepreneur
en bâtiments, Pierre-Guillaume Provoyeur (ou Pourvoyeur), surnommé
Mirbalizia, testaments formulés par devant Me Doré puis Me Bordier
Jeune, notaires au Cap16.
Ainsi, en 1778, à cette « Cécile, négresse libre, femme de
Toussaint dit Bréda », Pierre-Guillaume Provoyeur souhaite léguer
dix-huit cent livres et lui faire construire sur un terrain qu’elle
possède au Haut-du-Cap « une chambre de vingt pieds sur toutes faces en
bois incorruptible sur soulage de maçonnerie palissadée ou planchée de
travers couverte en tuiles pour par elle jouir de ladite chambre en
toute propriété ». La raison d’une telle construction nous échappe,
mais elle est à coup sûr sérieuse (Cécile est même faite héritière
d’une partie des biens de Provoyeur dans le testament du 23 juin 1782,
clause non reprise dans celui du 15 août 1782, tandis que la
construction de la chambre est maintenue). Peut-on risquer une
hypothèse ? Dans ces testaments, Pierre-Guillaume Provoyeur constitue
pour légataire universelle une certaine Marie-Anne, fille de Marie
Mambo (veuve d’Alexandre Scipion), cette Marie-Anne étant une très
probable fille naturelle de Provoyeur et de Marie Mambo. Or, cette
Marie Mambo a une sœur nommée Marguerite-Cécilia17.
Etant donné l’usage de l’époque de nommer les individus par le second
prénom, n’y aurait-il dans ce cas qu’une seule personne ? Provoyeur
ayant un lien étroit avec Marie aurait pu également tenir sa sœur en
estime… La question reste ouverte.
Autre élément à remarquer : on apprend aussi (dans le testament
du 23 juin 1782) l’existence de deux enfants de Cécile, deux garçons
prénommés Gabriel et Toussaint. Leur père est-il Toussaint Bréda ? Ce
serait logique mais ne peut être confirmé.
Par la suite, on peut être surpris de ne plus rencontrer le nom
de cette Cécile, ni ceux de ses enfants Gabriel et Toussaint,
l’hypothèse la plus plausible étant qu’ils ont pu être victimes d’un
accident ou d’une maladie, et rend alors compréhensible le
« rapprochement » de Toussaint Bréda d’avec Suzanne, esclave lavandière
à Bréda du Haut-du-Cap, que Toussaint Bréda fréquente peut-être déjà
alors qu’il est encore marié à Cécile (confortant ainsi sa réputation
de mari volage ?). Tant que nous y sommes dans ce registre, on connaît
la relation qui lie Toussaint Bréda à François-Antoine Bayon de
Libertat ; l’historien haïtien Céligny Ardouin a même qualifié Bayon de
« compagnon de fredaine » de Toussaint, une remarque qui ne manque pas
de sel lorsque l’on relève l’existence en 1777 « de Margot, dite Bayon,
négresse libre créole demeurant au Haut-du-Cap sur l’habitation Bréda »18.
De fil en aiguille, on pourrait s’interroger sur le degré de complicité
entre Toussaint Bréda et Bayon de Libertat pour se conter leurs
« aventures » respectives supposées, mais alors le romanesque
risquerait de bien vite prendre le pas sur l’Histoire...
Dernier fait relevé à propos de la première épouse de Toussaint
Bréda : on lit dans la correspondance (lettre du 3 novembre 1776) que
Bayon de Libertat adresse à Pantaléon II de Bréda, maître des
habitations Bréda, que « Tony votre vieux cocher m’avait demandé à
s’acheter, sa sœur Cécile m’a fait voir 1800 livres qu’elle a voulu me
compter, pourvu que je lui passe la vente de son frère, je lui répondis
que je ne pouvais pas le faire sans vous en prévenir, je n’en ai plus
entendu parler, ce nègre est fort adonné à la boisson et paresseux, je
n’ai pas besoin de son service, j’ai des cochers à moi, l’inconvénient
de vendre un nègre comme celui-là c’est qu’il faut toujours le garder
sur l’habitation et cela entraîne souvent du désordre et des commerces
illicites ».
La Cécile épouse de Toussaint Bréda serait-elle la sœur du
vieux cocher de Pantaléon II de Bréda lorsque celui-ci avait vécu à
Saint-Domingue (il est présent au moins en 1744 et en 1753-1754)19 ?
On ne sait. On peut cependant faire le rapprochement avec l’activité de
cocher dévolue à Toussaint Bréda, qui aurait bien pu remplacer ce vieux
beau-frère en succession de charge, comme cela se pratique largement à
l’époque.
Doub-Sossis- Super Star
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Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
3 e partie
2) Le « bon nègre Blaise » : Blaise Bréda
Figure jusque-là quasiment inconnue, apparaît le « bon nègre
Blaise », comme le nomme le comte de Noé, au service de qui il est
attaché dans les années 1770. C’est un Noir libre, probablement
affranchi par le comte, à une date antérieure au 7 décembre 1770,
puisqu’à ce moment-là il achète une esclave créole de 22 ans nommée
Marie, par devant Me Devienne20. Pour ce faire, Blaise Bréda est non seulement déjà libre, mais a du bien.
Que sait-on sur ce personnage singulier et complexe ?
On connaît le nom de son père, Alexandre Scipion, esclave de
nation Aguia (ou Adja, de la côte togolaise ou béninoise actuelles)
affranchi par le sieur Bonnefoy21, c’est-à-dire un parent aux Bréda, et donc aux Noé. Blaise lui-même est signalé de nation Arada22,
ce qui veut dire que lui-aussi est né en Afrique, dans l’actuel Bénin ;
la différence de nation entre lui et son père peut s’expliquer par le
fait que les négriers attribuaient souvent avec approximation une
origine aux esclaves dont ils se fournissaient23.
Au delà de cette incertitude, il faut souligner que Blaise a donc connu
avec son père la captivité à bord d’un navire négrier, la pénible
traversée de l’Atlantique, la vente sur le navire à l’arrivée au Cap.
Ont-ils été séparés à ce moment-là, la mère (et épouse) était-elle du
voyage, on ne sait. Toujours est-il que Blaise devenu libre se fait
appeler « Blaise Scipion, dit Ouaki, autrement Bréda »24,
l’expression « Blaise dit Bréda » revenant toutefois très
majoritairement dans les divers actes notariés où il figure, lesquels
actes indiquent également qu’il ne sait ni lire ni écrire. Son père,
Alexandre Scipion, libre lui-aussi, s’est marié à Saint-Domingue avec
une certaine Marie Mambo (dite aussi Timbou25), « négresse libre, créole du Cap, affranchie par le sieur Robert Bessonnière »2627, Geneviève (dite Madeleine) Scipion, née en octobre 176028.
Cette Geneviève-Madeleine est donc demi-sœur de Blaise Bréda, qui en
toute logique assiste au mariage de celle-ci en tant que « frère de la
future » le 5 octobre 1786 avec un « nègre libre » étonnement nommé
François-Pantaléon, maçon, « fils naturel d’Elaine (sic) négresse libre
décédée »29
sans autre précision quant au père (le prénom de Pantaléon est
cependant rarissime et renvoie à la famille Bréda…). Blaise a un frère
–ou demi-frère-, Alexis Scipion, libre également et signalé maçon30. et est décédé avant 1778. Ensemble, ils ont eu une fille « unique »
On n’a que peu d’éléments concernant la vie matrimoniale de
Blaise Bréda. Il est marié à une certaine Françoise, « négresse
libre », mais devient veuf avant février 177831.
En novembre 1779, une certaine Marie-Françoise, « négresse libre,
créole du Cap âgée de trente ans environ, fille de Jeanneton négresse
libre » est signalée comme demeurant chez Blaise Bréda, dans sa maison
au Haut-du-Cap, où elle a déposé ses papiers32.
Cette Marie-Françoise, « appartenant ci-devant au sieur Duga » et qui
fait son testament, serait-elle devenue concubine de Blaise ? On peut
le supposer.
Blaise Bréda a-t-il eu des enfants ? Les documents consultés ne
le disent pas explicitement. On est en revanche mieux renseigné quant à
sa profession. Les archives Noé indiquent que durant le séjour du comte
de Noé à Saint-Domingue il arrive à Blaise d’aller sur le port
réceptionner des marchandises commandées par son maître comme des
caisses de confitures, ou de servir d’intermédiaire entre le comte et
le négociant Etienne Collot pour des transferts d’argent. On peut donc
l’imaginer conduisant un cabrouet, voire servant de cocher au comte.
Mais cette activité est probablement secondaire, sinon occasionnelle,
les actes notariés signalant Blaise comme « cuisinier » ou « ancien
cuisinier ». Le comte de Noé étant porté sur la bonne chère, Blaise
Bréda a donc à la fois bénéficié de la confiance du grand seigneur pour
cette fonction sensible et a probablement aussi beaucoup appris pour
satisfaire une table exigeante et sortant de l’ordinaire. Les relations
entre le grand aristocrate et le « bon nègre » ont dues être assez
étroites pour que, quand le comte de Noé s’en retourne en France à la
mi-1775, il lui vende sa grande armoire pour 450 livres (selon un
papier des archives Noé). Ce qui, au passage, témoigne de nouveau de la
certaine aisance matérielle atteinte par Blaise Bréda, dont la fortune
est estimée comme entrant dans la fourchette des 10 000 à 50 000 livres
de Saint-Domingue33.
Blaise Bréda est donc un personnage jouissant à la fois d’un
certain prestige social (n’est pas cuisinier et homme de confiance du
comte de Noé qui veut) et d’une petite aisance. Il est même un temps
(en 1776) signalé propriétaire de deux maisons en ville34,
une située rue des Boucheries (n°8 au cadastre), l’autre rue des Trois
Chandeliers (n°12 au cadastre). En juin 1776, la maison de la rue des
Trois Chandeliers est estimée 1000 livres 25 sols et est « affermée à
divers ». Blaise lui-même réside à l’époque rue des Boucheries, dans
une maison en planches estimée à 400 livres, qui n’occupe que la moitié
de l’emplacement relevé au cadastre, l’autre moitié appartenant à un
autre Noir libre, Ignace Pompée, maçon de son état, qui occupe des
« cases en bois ». Cependant Blaise Bréda revend, le 25 juin 1778,
l’emplacement rue des Boucheries à une Noire libre du Cap, commerçante
fortunée, Geneviève Zoquoué dite aussi Sarrazin. L’acte nous donne une
description plus précise du lieu, « consistant en une chambre de douze
pieds sur la rue et en une cuisine dans le dedans, le tout construit en
bois couvert en essentes, garnis de portes et fenêtres fermant à clés
et à crochets, la chambre seulement carrelée », l’emplacement et les
bâtiments étant payés 3 000 livres comptant par l’acheteuse35.
Quant à la maison rue des Trois Chandeliers, elle est probablement
revendue avant 1787, date du recensement suivant, lequel ne fait plus
apparaître le nom de Blaise Bréda. Du reste, l’examen des actes
notariés nous donne quelque indication sur ses changements de
domicile : il est certes signalé comme demeurant au Cap (en 1777, 1778,
1780, 1788), mais aussi au Haut-du-Cap (1778, 1779) et également au
Morne Rouge (= Plaine-du-Nord) (en 1784 et 1788), la (ou les) raison(s)
de ces changements nous échappant, ainsi que la nature des logis
occupés (propriété, location ou hébergement par un tiers ?).
Le notariat nous révèle d’autres activités de Blaise Bréda, à
commencer par des affranchissements. C’est ainsi que, le 22 décembre
1777, par devant Me Doré, il concrétise le vœu de « défunte Madeleine
dite Robineau3637.
Moins de deux mois plus tard, le 4 février 1778, toujours devant Me
Doré, il renonce « à tout doit quelconque » sur Elisabeth « négresse
âgée de vingt-et-un ans » qu’il avait donc à son service38.
On est en famille : celle qui affranchit (pour 500 livres) n’est autre
que la mère de la jeune affranchie. Cette mère, nommée Isabelle ou
Elisabeth, est par ailleurs belle-sœur de Blaise Bréda puisque
mentionnée comme sœur de Françoise (dont Blaise est veuf) et a aussi,
autrefois, racheté la liberté de sa soeur, selon les termes de l’acte.
Quant à la jeune Elisabeth devenue libre, elle s’appelle désormais
Elisabeth Mambo, le choix de ce patronyme, signifiant « prêtresse
vaudou », n’étant certainement pas dû au hasard et –peut-être- à
rapprocher de l’épouse d’Alexandre Scipion. C’est donc sa nièce par
alliance que Blaise avait auparavant à son service. On sait aussi qu’à
une date indéterminée il affranchit une certaine Marie, « négresse »39.
négresse libre » en affranchissant un vieil homme, Février, « nègre
Mina âgé de soixante-dix ans », lui donnant le patronyme de Dahomet
(sic) et payant 300 livres de taxe de liberté
Cependant, dans cette société esclavagiste, Blaise Bréda peut
aussi jouer le rôle du possesseur d’esclaves, qui traite et négocie,
comme en témoignent plusieurs actes.
Ainsi, on le voit tuteur du jeune mulâtre libre Nicolas
Monteil, lequel, le 6 juillet 1778, engage une location de trois ans de
l’esclave Mars, Congo de 22 ans marqué « N.las Monteuil », loué 200
livres annuelles à Matthieu Blaise, Noir libre maçon de profession40.
Il faut croire que Blaise Bréda a dû trouver ledit Mars intéressant,
puisque un an et demi plus tard, le 21 février 1780, ce bail de
location entre Nicolas Monteil et Matthieu Blaise est résilié, et que
Blaise Bréda achète l’esclave pour 2 400 livres41.
On ne sait pour quel usage, ni ce qu’est devenu l’esclave. On peut
toutefois se demander s’il l’a acheté en replacement de l’esclave
créole Marie, quand on sait que, le 24 mai 1779, Blaise Bréda se sépare
de cette Marie esclave créole de 31 ans, revendue pour 2 400 livres à…
Marie Mambo, veuve d’Alexandre Scipion, sa belle-mère.42
On découvre que, par testament du 2 janvier 1784, la « négresse
libre Marie-Françoise veuve du mulâtre libre Thomas Bélair » donne à
Blaise Scipion dit Bréda « un nègre pièce d’Inde à prendre à bord »43
d’un vaisseau négrier accostant au Cap. La fréquentation par Blaise
Bréda de la famille Bélair –un nom répandu aux îles- n’est pas anodine,
quand on sait que plus tard, durant la Révolution, un Charles Bélair se
dit « neveu » de Toussaint Louverture44.
Enfin, le 31 mars 1788, Blaise Bréda achète à une vieille
connaissance qui n’est autre qu’Antoine-François Bayon de Libertat,
procureur-gérant des habitations Bréda, une certaine Zabeth Magdeleine,
créole de 18 ans, couturière, pour la lourde somme de 7 500 livres ; en
fait Blaise propose le troc de cette esclave « à talent » contre trois
esclaves qu’il dit avoir achetées avec un crédit d’un an ; Bayon de
Libertat accepte l’hasardeuse combine, probablement parce qu’il sait à
qui il a affaire45.
On ne sait donc pas ce que Blaise Bréda fait avec ces
opérations, comment il traite les esclaves dont il devient propriétaire
ni quel bénéfice il en tire. Nouvel engagement : trois mois après
l’achat de la jeune couturière, le 16 juillet 1788, on le voit obtenir
un report de paiement d’une dette d’un peu plus de 700 livres par sa
créancière, Geneviève Zoquoué Sarrazin46; est-ce en raison d’une mauvaise affaire, d’un remboursement d’une dette ou d’un achat à crédit ?
Sur un plan plus social, on a quelque éclairage quant à ses
fréquentations et à l’autorité morale qu’il peut exercer. Ainsi, avant
1777, il est nommé exécuteur testamentaire de François Jupiter47, lequel n’est autre que le « capitaine des nègres libres du Cap »48,
autrement dit un officier Noir chef de milice noire, position sensible
s’il en est. Autre exemple : le 25 mars 1777, dans son testament, la
« mulâtresse libre » Marie Fernita (« ci-devant Marie-Louise
Malvergne ») demande à ses légataires universels, l’entrepreneur en
bâtiments « mulâtre libre » Pierre-Guillaume Provoyeur, ou à défaut
Pierre L’Eveillé dit Marion dit aussi Yary, « nègre libre, nation
Nago », d’acheter au sieur Prost son fils esclave nommé Pierre ou, en
cas de décès de Pierre, « les trois enfants légitimes de Pierre et de
la négresse Dédé tous esclaves dudit sieur Prost ». Surtout, elle
« prie très instamment le nommé Blaise Bréda nègre libre de vouloir
bien avoir l’œil à l’exécution des charges imposées aux légataires
universels (…) et même de se pourvoir contre eux à l’effet de
l’exécution desdites charges » en cas de non exécution de ces volontés49.
Marque de confiance s’il en est de cette Marie Fernita envers Blaise
Bréda. Et quand, en 1784, Marie-Françoise veuve Bélair le compte parmi
ses héritiers (de même que sa demi-sœur Geneviève Scipion), est-ce par
amitié ou en raison d’un lien familial qui nous échappe ?
On le voit aussi, en tant qu’ami, témoin du mariage entre
« Joseph dit César, nègre libre, créole du Cap, maître de musique et
joueur d’instruments », et Marie-Josèphe-Françoise, « négresse libre,
native du Cap » le 16 mars 177850,
dont le père, Pierre Médor, est un « nègre libre, Mandingue, maçon ».
Il apparaît que Blaise Bréda a quelques fréquentations dans le milieu
du bâtiment : outre son frère Alexis Scipion, son voisin Ignace Pompée
ou Matthieu Blaise, ou encore l’important entrepreneur Pierre-Guillaume
Provoyeur, on peut signaler que la Marie-Françoise qu’il héberge dans
sa maison du Haut-du-Cap en 1779 a, selon son testament, comme marraine
une certaine Zabeth Vénus dite Philippe, qui l’a probablement affranchie51,
et qui est vraisemblablement l’épouse de Jean-Baptiste dit Philippe lui
aussi « maçon au Cap ». On sait aussi que ce Jean-Baptiste dit Philippe
a une fille légitime, Pognon, filleule du déjà mentionné Pierre
L’Eveillé dit Marion52, personnage que connaît aussi Blaise Bréda.
On l’a vu tuteur, en 1778, d’un jeune mulâtre libre, Nicolas
Monteil ; en 1784, il est tuteur de Jacques, fils de la « négresse
libre Julie ». A ce titre, il permet la location par Jacques d’une
esclave négresse créole et sa fillette de cinq mois à la « négresse
libre Angélique dite Labadie »53.
Le dernier élément que nous connaissons du « bon nègre Blaise »
est un service qu’il rend au comte de Noé fin 1791 : les papiers Noé
contiennent un petit mémoire d’un Blanc resté anonyme, candidat à la
reprise de la gestion de l’habitation des Manquets après que la révolte
des esclaves du 22 août 1791 ait éclaté ; ce document de huit pages,
une fois plié, ne présente sur ses deux faces visibles aucune écriture
autre que le nom « Blaise Bréda » dans un coin. Il est possible que ce
mémoire ait transité entre ses mains et que Blaise Bréda ait donc servi
d’intermédiaire pour faire parvenir ce pli à destination. Ensuite sa
trace se perd…
En définitive, voici un personnage intéressant, qui reproduit
le modèle colonial, achète des esclaves et affranchit, fait des
affaires sans que l’on sache trop où elles le mènent, fait partie de
l’élite noire libre, jouit d’un certain prestige parmi ses frères de
couleur comme de la confiance de ses anciens maîtres blancs et a une
influence importante auprès de son entourage… Mais nous ne savons pas
ce qu’en son for intérieur le « bon nègre » pense de la société dans
laquelle il évolue ni de la formidable secousse qui va la renverser.
2) Le « bon nègre Blaise » : Blaise Bréda
Figure jusque-là quasiment inconnue, apparaît le « bon nègre
Blaise », comme le nomme le comte de Noé, au service de qui il est
attaché dans les années 1770. C’est un Noir libre, probablement
affranchi par le comte, à une date antérieure au 7 décembre 1770,
puisqu’à ce moment-là il achète une esclave créole de 22 ans nommée
Marie, par devant Me Devienne20. Pour ce faire, Blaise Bréda est non seulement déjà libre, mais a du bien.
Que sait-on sur ce personnage singulier et complexe ?
On connaît le nom de son père, Alexandre Scipion, esclave de
nation Aguia (ou Adja, de la côte togolaise ou béninoise actuelles)
affranchi par le sieur Bonnefoy21, c’est-à-dire un parent aux Bréda, et donc aux Noé. Blaise lui-même est signalé de nation Arada22,
ce qui veut dire que lui-aussi est né en Afrique, dans l’actuel Bénin ;
la différence de nation entre lui et son père peut s’expliquer par le
fait que les négriers attribuaient souvent avec approximation une
origine aux esclaves dont ils se fournissaient23.
Au delà de cette incertitude, il faut souligner que Blaise a donc connu
avec son père la captivité à bord d’un navire négrier, la pénible
traversée de l’Atlantique, la vente sur le navire à l’arrivée au Cap.
Ont-ils été séparés à ce moment-là, la mère (et épouse) était-elle du
voyage, on ne sait. Toujours est-il que Blaise devenu libre se fait
appeler « Blaise Scipion, dit Ouaki, autrement Bréda »24,
l’expression « Blaise dit Bréda » revenant toutefois très
majoritairement dans les divers actes notariés où il figure, lesquels
actes indiquent également qu’il ne sait ni lire ni écrire. Son père,
Alexandre Scipion, libre lui-aussi, s’est marié à Saint-Domingue avec
une certaine Marie Mambo (dite aussi Timbou25), « négresse libre, créole du Cap, affranchie par le sieur Robert Bessonnière »2627, Geneviève (dite Madeleine) Scipion, née en octobre 176028.
Cette Geneviève-Madeleine est donc demi-sœur de Blaise Bréda, qui en
toute logique assiste au mariage de celle-ci en tant que « frère de la
future » le 5 octobre 1786 avec un « nègre libre » étonnement nommé
François-Pantaléon, maçon, « fils naturel d’Elaine (sic) négresse libre
décédée »29
sans autre précision quant au père (le prénom de Pantaléon est
cependant rarissime et renvoie à la famille Bréda…). Blaise a un frère
–ou demi-frère-, Alexis Scipion, libre également et signalé maçon30. et est décédé avant 1778. Ensemble, ils ont eu une fille « unique »
On n’a que peu d’éléments concernant la vie matrimoniale de
Blaise Bréda. Il est marié à une certaine Françoise, « négresse
libre », mais devient veuf avant février 177831.
En novembre 1779, une certaine Marie-Françoise, « négresse libre,
créole du Cap âgée de trente ans environ, fille de Jeanneton négresse
libre » est signalée comme demeurant chez Blaise Bréda, dans sa maison
au Haut-du-Cap, où elle a déposé ses papiers32.
Cette Marie-Françoise, « appartenant ci-devant au sieur Duga » et qui
fait son testament, serait-elle devenue concubine de Blaise ? On peut
le supposer.
Blaise Bréda a-t-il eu des enfants ? Les documents consultés ne
le disent pas explicitement. On est en revanche mieux renseigné quant à
sa profession. Les archives Noé indiquent que durant le séjour du comte
de Noé à Saint-Domingue il arrive à Blaise d’aller sur le port
réceptionner des marchandises commandées par son maître comme des
caisses de confitures, ou de servir d’intermédiaire entre le comte et
le négociant Etienne Collot pour des transferts d’argent. On peut donc
l’imaginer conduisant un cabrouet, voire servant de cocher au comte.
Mais cette activité est probablement secondaire, sinon occasionnelle,
les actes notariés signalant Blaise comme « cuisinier » ou « ancien
cuisinier ». Le comte de Noé étant porté sur la bonne chère, Blaise
Bréda a donc à la fois bénéficié de la confiance du grand seigneur pour
cette fonction sensible et a probablement aussi beaucoup appris pour
satisfaire une table exigeante et sortant de l’ordinaire. Les relations
entre le grand aristocrate et le « bon nègre » ont dues être assez
étroites pour que, quand le comte de Noé s’en retourne en France à la
mi-1775, il lui vende sa grande armoire pour 450 livres (selon un
papier des archives Noé). Ce qui, au passage, témoigne de nouveau de la
certaine aisance matérielle atteinte par Blaise Bréda, dont la fortune
est estimée comme entrant dans la fourchette des 10 000 à 50 000 livres
de Saint-Domingue33.
Blaise Bréda est donc un personnage jouissant à la fois d’un
certain prestige social (n’est pas cuisinier et homme de confiance du
comte de Noé qui veut) et d’une petite aisance. Il est même un temps
(en 1776) signalé propriétaire de deux maisons en ville34,
une située rue des Boucheries (n°8 au cadastre), l’autre rue des Trois
Chandeliers (n°12 au cadastre). En juin 1776, la maison de la rue des
Trois Chandeliers est estimée 1000 livres 25 sols et est « affermée à
divers ». Blaise lui-même réside à l’époque rue des Boucheries, dans
une maison en planches estimée à 400 livres, qui n’occupe que la moitié
de l’emplacement relevé au cadastre, l’autre moitié appartenant à un
autre Noir libre, Ignace Pompée, maçon de son état, qui occupe des
« cases en bois ». Cependant Blaise Bréda revend, le 25 juin 1778,
l’emplacement rue des Boucheries à une Noire libre du Cap, commerçante
fortunée, Geneviève Zoquoué dite aussi Sarrazin. L’acte nous donne une
description plus précise du lieu, « consistant en une chambre de douze
pieds sur la rue et en une cuisine dans le dedans, le tout construit en
bois couvert en essentes, garnis de portes et fenêtres fermant à clés
et à crochets, la chambre seulement carrelée », l’emplacement et les
bâtiments étant payés 3 000 livres comptant par l’acheteuse35.
Quant à la maison rue des Trois Chandeliers, elle est probablement
revendue avant 1787, date du recensement suivant, lequel ne fait plus
apparaître le nom de Blaise Bréda. Du reste, l’examen des actes
notariés nous donne quelque indication sur ses changements de
domicile : il est certes signalé comme demeurant au Cap (en 1777, 1778,
1780, 1788), mais aussi au Haut-du-Cap (1778, 1779) et également au
Morne Rouge (= Plaine-du-Nord) (en 1784 et 1788), la (ou les) raison(s)
de ces changements nous échappant, ainsi que la nature des logis
occupés (propriété, location ou hébergement par un tiers ?).
Le notariat nous révèle d’autres activités de Blaise Bréda, à
commencer par des affranchissements. C’est ainsi que, le 22 décembre
1777, par devant Me Doré, il concrétise le vœu de « défunte Madeleine
dite Robineau3637.
Moins de deux mois plus tard, le 4 février 1778, toujours devant Me
Doré, il renonce « à tout doit quelconque » sur Elisabeth « négresse
âgée de vingt-et-un ans » qu’il avait donc à son service38.
On est en famille : celle qui affranchit (pour 500 livres) n’est autre
que la mère de la jeune affranchie. Cette mère, nommée Isabelle ou
Elisabeth, est par ailleurs belle-sœur de Blaise Bréda puisque
mentionnée comme sœur de Françoise (dont Blaise est veuf) et a aussi,
autrefois, racheté la liberté de sa soeur, selon les termes de l’acte.
Quant à la jeune Elisabeth devenue libre, elle s’appelle désormais
Elisabeth Mambo, le choix de ce patronyme, signifiant « prêtresse
vaudou », n’étant certainement pas dû au hasard et –peut-être- à
rapprocher de l’épouse d’Alexandre Scipion. C’est donc sa nièce par
alliance que Blaise avait auparavant à son service. On sait aussi qu’à
une date indéterminée il affranchit une certaine Marie, « négresse »39.
négresse libre » en affranchissant un vieil homme, Février, « nègre
Mina âgé de soixante-dix ans », lui donnant le patronyme de Dahomet
(sic) et payant 300 livres de taxe de liberté
Cependant, dans cette société esclavagiste, Blaise Bréda peut
aussi jouer le rôle du possesseur d’esclaves, qui traite et négocie,
comme en témoignent plusieurs actes.
Ainsi, on le voit tuteur du jeune mulâtre libre Nicolas
Monteil, lequel, le 6 juillet 1778, engage une location de trois ans de
l’esclave Mars, Congo de 22 ans marqué « N.las Monteuil », loué 200
livres annuelles à Matthieu Blaise, Noir libre maçon de profession40.
Il faut croire que Blaise Bréda a dû trouver ledit Mars intéressant,
puisque un an et demi plus tard, le 21 février 1780, ce bail de
location entre Nicolas Monteil et Matthieu Blaise est résilié, et que
Blaise Bréda achète l’esclave pour 2 400 livres41.
On ne sait pour quel usage, ni ce qu’est devenu l’esclave. On peut
toutefois se demander s’il l’a acheté en replacement de l’esclave
créole Marie, quand on sait que, le 24 mai 1779, Blaise Bréda se sépare
de cette Marie esclave créole de 31 ans, revendue pour 2 400 livres à…
Marie Mambo, veuve d’Alexandre Scipion, sa belle-mère.42
On découvre que, par testament du 2 janvier 1784, la « négresse
libre Marie-Françoise veuve du mulâtre libre Thomas Bélair » donne à
Blaise Scipion dit Bréda « un nègre pièce d’Inde à prendre à bord »43
d’un vaisseau négrier accostant au Cap. La fréquentation par Blaise
Bréda de la famille Bélair –un nom répandu aux îles- n’est pas anodine,
quand on sait que plus tard, durant la Révolution, un Charles Bélair se
dit « neveu » de Toussaint Louverture44.
Enfin, le 31 mars 1788, Blaise Bréda achète à une vieille
connaissance qui n’est autre qu’Antoine-François Bayon de Libertat,
procureur-gérant des habitations Bréda, une certaine Zabeth Magdeleine,
créole de 18 ans, couturière, pour la lourde somme de 7 500 livres ; en
fait Blaise propose le troc de cette esclave « à talent » contre trois
esclaves qu’il dit avoir achetées avec un crédit d’un an ; Bayon de
Libertat accepte l’hasardeuse combine, probablement parce qu’il sait à
qui il a affaire45.
On ne sait donc pas ce que Blaise Bréda fait avec ces
opérations, comment il traite les esclaves dont il devient propriétaire
ni quel bénéfice il en tire. Nouvel engagement : trois mois après
l’achat de la jeune couturière, le 16 juillet 1788, on le voit obtenir
un report de paiement d’une dette d’un peu plus de 700 livres par sa
créancière, Geneviève Zoquoué Sarrazin46; est-ce en raison d’une mauvaise affaire, d’un remboursement d’une dette ou d’un achat à crédit ?
Sur un plan plus social, on a quelque éclairage quant à ses
fréquentations et à l’autorité morale qu’il peut exercer. Ainsi, avant
1777, il est nommé exécuteur testamentaire de François Jupiter47, lequel n’est autre que le « capitaine des nègres libres du Cap »48,
autrement dit un officier Noir chef de milice noire, position sensible
s’il en est. Autre exemple : le 25 mars 1777, dans son testament, la
« mulâtresse libre » Marie Fernita (« ci-devant Marie-Louise
Malvergne ») demande à ses légataires universels, l’entrepreneur en
bâtiments « mulâtre libre » Pierre-Guillaume Provoyeur, ou à défaut
Pierre L’Eveillé dit Marion dit aussi Yary, « nègre libre, nation
Nago », d’acheter au sieur Prost son fils esclave nommé Pierre ou, en
cas de décès de Pierre, « les trois enfants légitimes de Pierre et de
la négresse Dédé tous esclaves dudit sieur Prost ». Surtout, elle
« prie très instamment le nommé Blaise Bréda nègre libre de vouloir
bien avoir l’œil à l’exécution des charges imposées aux légataires
universels (…) et même de se pourvoir contre eux à l’effet de
l’exécution desdites charges » en cas de non exécution de ces volontés49.
Marque de confiance s’il en est de cette Marie Fernita envers Blaise
Bréda. Et quand, en 1784, Marie-Françoise veuve Bélair le compte parmi
ses héritiers (de même que sa demi-sœur Geneviève Scipion), est-ce par
amitié ou en raison d’un lien familial qui nous échappe ?
On le voit aussi, en tant qu’ami, témoin du mariage entre
« Joseph dit César, nègre libre, créole du Cap, maître de musique et
joueur d’instruments », et Marie-Josèphe-Françoise, « négresse libre,
native du Cap » le 16 mars 177850,
dont le père, Pierre Médor, est un « nègre libre, Mandingue, maçon ».
Il apparaît que Blaise Bréda a quelques fréquentations dans le milieu
du bâtiment : outre son frère Alexis Scipion, son voisin Ignace Pompée
ou Matthieu Blaise, ou encore l’important entrepreneur Pierre-Guillaume
Provoyeur, on peut signaler que la Marie-Françoise qu’il héberge dans
sa maison du Haut-du-Cap en 1779 a, selon son testament, comme marraine
une certaine Zabeth Vénus dite Philippe, qui l’a probablement affranchie51,
et qui est vraisemblablement l’épouse de Jean-Baptiste dit Philippe lui
aussi « maçon au Cap ». On sait aussi que ce Jean-Baptiste dit Philippe
a une fille légitime, Pognon, filleule du déjà mentionné Pierre
L’Eveillé dit Marion52, personnage que connaît aussi Blaise Bréda.
On l’a vu tuteur, en 1778, d’un jeune mulâtre libre, Nicolas
Monteil ; en 1784, il est tuteur de Jacques, fils de la « négresse
libre Julie ». A ce titre, il permet la location par Jacques d’une
esclave négresse créole et sa fillette de cinq mois à la « négresse
libre Angélique dite Labadie »53.
Le dernier élément que nous connaissons du « bon nègre Blaise »
est un service qu’il rend au comte de Noé fin 1791 : les papiers Noé
contiennent un petit mémoire d’un Blanc resté anonyme, candidat à la
reprise de la gestion de l’habitation des Manquets après que la révolte
des esclaves du 22 août 1791 ait éclaté ; ce document de huit pages,
une fois plié, ne présente sur ses deux faces visibles aucune écriture
autre que le nom « Blaise Bréda » dans un coin. Il est possible que ce
mémoire ait transité entre ses mains et que Blaise Bréda ait donc servi
d’intermédiaire pour faire parvenir ce pli à destination. Ensuite sa
trace se perd…
En définitive, voici un personnage intéressant, qui reproduit
le modèle colonial, achète des esclaves et affranchit, fait des
affaires sans que l’on sache trop où elles le mènent, fait partie de
l’élite noire libre, jouit d’un certain prestige parmi ses frères de
couleur comme de la confiance de ses anciens maîtres blancs et a une
influence importante auprès de son entourage… Mais nous ne savons pas
ce qu’en son for intérieur le « bon nègre » pense de la société dans
laquelle il évolue ni de la formidable secousse qui va la renverser.
Dernière édition par Doub-Sossis le Lun 28 Avr 2008 - 20:26, édité 1 fois
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Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
4e et dernière partie
3) « Autres bons sujets »
Durant son séjour à Saint-Domingue, le comte de Noé croise le
chemin d’autres esclaves affranchis par sa famille ou de Noirs libres
de naissance. Quelques noms ont triomphé de l’oubli, apparaissant de
façon aléatoire dans les correspondances ou les registres notariés.
Outre sa nourrice Madeleine, on peut relever l’existence de
« la mulâtresse nommé Zabeth Porte Paix [Port-de-Paix] mariée avec un
mulâtre nommé Bélair »54 comme l’indique Bayon de Libertat dans une lettre datée du 10 mars 1781 à Pantaléon II de Bréda55.
Et de préciser « elle avait été dotée de quelques esclaves par feue
madame votre mère [Elisabeth Bodin de Bréda], Mme d’Héricourt et Mme de
Noé. Il est dit dans le contrat de mariage en rapport de Hys, notaire,
dont je n’ai eu connaissance que depuis un mois, que dans le cas que
cette femme mourrait sans postérité, son bien retournerait à la
succession de madame de Bréda, une certaine mulâtresse de ses amies
s’est emparée sans titre des biens de cette Zabette qui consistent en
sept têtes de nègres, j’ai formé une action contre cette mulâtresse qui
s’appelle Zabette Aulnay dont vous pouvez connaître le nom ». Ce nom
d’Aulnay va, quelques années plus tard, revenir de façon indirecte à
propos d’un différend pour un terrain disputé dans les mornes entre
l’habitation Bréda du Haut-du-Cap et la propriété Aulnay.
On a aussi trace de l’affranchissement, le 23 mai 1778, de
Marie-Jeanne « créole âgée d’environ soixante-huit ans », et donc
connue d’eux depuis bien longtemps, à qui le comte de Noé et son cousin
le chevalier d’Héricourt accordent la liberté via le pouvoir qu’ils
donnent à Etienne Collot, lequel règle cet affranchissement par devant
Me Grimperel56 et à qui est donné le patronyme de Zilia.
Outre les Scipion (famille de Blaise Bréda), on sait que vit
également au bourg du Haut-du-Cap un certain Matthieu Bréda, lui aussi
Noir libre, sans que l’on connaisse d’autre lien avec Blaise ou
Toussaint que le lieu géographique de servitude avant de passer dans le
camp des libres. Mais lui non plus n’a pas été affranchi sans raison.
Enfin, on a une petite idée de ce bourg du Haut-du-Cap où la
plupart d’entre-eux résident, et qui est devenu une colonie noire.
Selon Moreau de Saint-Méry, dont le témoignage est postérieur à la
période (1797) mais néanmoins précieux, « il est composé de deux
parties vraiment séparées ; celle qu’on trouve la première et que
précède une tuilerie établie en 1769, a 24 maisons où habitent cinq ou
six ouvriers blancs, 50 ou 60 affranchis et environ 75 esclaves. C’est
après cette première portion et à main gauche, qu’est le pont par où le
chemin va traverser la rivière du Haut du Cap, et gagner les paroisses
qui sont à l’Est de cette rivière »57. Un village où tout le monde se connaît.
1 Antoine METRAL – Histoire de l’expédition des Français à Saint-Domingue – Paris, 1825 (réédition Karthala, 1985) ; Isaac LOUVERTURE - Notes diverses d’Isaac, sur la vie de Toussaint-Louverture, in Antoine METRAL, op. cité ; Prosper GRAGNON-LACOSTE - Toussaint-Louverture, général en chef de l’armée de Saint-Domingue, surnommé le Premier des Noirs, Paris, 1877. Pour l’analyse critique de ces écrits, voir Jacques de CAUNA – Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti – Paris, Karthala, 2004.
2 Le
Bénin s’est appelé « Dahomey » jusqu’en 1975. J’exprime ma plus vive
reconnaissance envers MM. Ferdinand Abissi, Elisée Soumonni et Robin
Law ; sans leur aide ou leurs conseils, je n’aurais pas pu écrire ces
lignes relatives aux origines béninoises de Toussaint Louverture.
3 Roger DORSINVILLE - Toussaint Louverture ou la vocation de la Liberté - Paris, Julliard, 1965, page 257 (cité par Jacques de CAUNA – Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti – Paris, Karthala, 2004).
4 cf. Jacques de CAUNA - “L’odyssée d’un esclave musulman du Sénégal à Versailles en passant par Tobago”, in RSHHG, mars 1990, vol. 165.
5 In Robin LAW - The Kingdom of Allada,
pages 45 et suivantes. Je me suis beaucoup inspiré de cet ouvrage pour
retracer dans mon étude le contexte politique entre Allada et le
Danhomè à cette époque.
6 Prosper GRAGNON-LACOSTE – Toussaint Louverture, général en chef de l’armée de Saint-Domingue, surnommé le Premier des Noirs
- Paris, 1877, page 2.
7 In Notes diverses d’Isaac sur la vie de Toussaint-Louverture (réédition Karthala, 1985), pages 325-326.
8
Serait-ce à cette occasion que remonte –surprenant parallèle-
l’histoire de la famille Paraiso, dont l’ancêtre aurait été un prince
yorouba d’Oyo parti comme esclave… au Brésil ? Toujours est-il qu’un
rassemblement des nombreux descendants de ce prince d’Oyo a eu lieu au
Bénin, à Sémé, les 12, 13 et 14 août 2005 (renseignement fourni par
Eric Totah, gendre de feu Me Abissi).
9 AN, 18 AP 3, dossier 12.
10 Placide DAVID – « Quelques réflexions sur l’histoire… » in La Semeuse, 1945, cité par Jacques de CAUNA – Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti
– Paris, Karthala, 2004.
11 in Jacques de CAUNA – Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti – Paris, Karthala, 2004, page 261.
12 in Notice sur Toussaint Louverture, Paris, 1842, page 6.
13 Mise
en possession de Villevaleix d’une partie des habitations Bréda, par
devant Me Grimperel, le 5 juillet 1789 (AD de la Loire-Atlantique, E
691). Au bout du compte, ce sera une mauvaise affaire, la jeune Pélagie
décédant l’année suivante.
14 Voir l’article : CAUNA (Jacques) et DONNADIEU (Jean-Louis) - Quand le comte de Noé écrit à Toussaint Louverture, à paraître.
15 Lettre citée par Victor SCHOELCHER dans sa Vie de Toussaint Louverture - Paris, Paul Ollerdorf, 1889 (réédition Karthala, 1982), pages 391-392.
16
CAOM, testament du 14 novembre 1778 (Me Doré, reg. 524) et des 23 juin
1782 (Me Bordier Jeune, reg. 180) dans lequel on lit explicitement
« Cécile négresse libre femme de Toussaint Bréda nègre libre » puis 15
août 1782 (Me Bordier Jeune, reg. 181). Cette Cécile a déjà été
signalée par Dominique ROGERS sans sa thèse Les Libres de Couleur dans les capitales de Saint-Domingue – Bordeaux III, 1999, page 160.
17 CAOM, testament de Marie Mambo veuve Scipion, le 23 novembre 1778, par devant Me Doré (reg.524).
18
CAOM, testament de Jeannette, le 30 juillet 1777, par devant Me Doré
(reg. 524), qui nomme Margot dite Bayon légataire universelle et
exécutrice testamentaire. Toutes les autres références d’actes notariés
qui suivent proviennent du CAOM (Aix-en-Provence).
19 AN, dossier personnel Marine C7 44 et 18 AP 2 (dossier Pantaléon I de Bréda).
20 Achat rappelé par l’acte de vente de ladite Marie, le 24 mai 1779 (Me Bordier Jeune, reg. 175).
21 Testament de sa veuve, Marie Mambo, du 23 novembre 1778 (Me Doré, reg. 524).
22 Acte d’affranchissement d’Elisabeth Mambo, du 4 février 1778 (Me Doré, reg. 524).
23 Voir par exemple Gabriel DEBIEN – Les esclaves aux Antilles françaises- 1974, p. 40-52 ou Jacques de CAUNA – Au temps des îles à sucre – 1987, p. 94-95.
24 Obligation de Blaise Bréda envers Geneviève Sarrazin du 16 juillet 1788 (Me Bordier Jeune, reg. 202).
25 Contrat de mariage entre Geneviève Scipion et François-Pantaléon du 5 octobre 1786 (Me Tach, reg. 1634).
26 Testament de Marie Mambo du 23 novembre 1778 (Me Doré, reg. 524).
27 Donation entre vifs Scipion à Marie-Eloïse et Marie-Anne Boué du 18 septembre 1786 (Me Tach, reg. 1634).
28 Testament de Marie Mambo du 23 novembre 1778 (Me Doré, reg. 524).
29 Mariage de Geneviève Scipion et François-Pantaléon, du 5 octobre 1786 (Me Tach, reg.1634).
30
Vente d’une esclave par Alexis Scipion à Geneviève Zoquoué (Sarrazin)
le 7 septembre 1788 (Me Bordier Jeune, reg. 202) et Dominique ROGERS – Les libres de couleur dans les capitales de Saint-Domingue
– thèse Bordeaux III, 1999, page 161.
31 Affranchissement d’Elisabeth Mambo le 4 février 1778 (Me Doré, reg. 524).
32 Testament de Marie-Françoise, le 26 novembre 1779 (Me Doré, reg. 525).
33 Dominique ROGERS – Les libres de couleur dans les capitales de Saint-Domingue
– thèse Bordeaux III, 1999, page 107.
34 CAOM, Registre G1 495 (cadastre des maisons de la ville du Cap, 1776 et 1787).
35 Vente de maison entre Blaise dit Bréda et Geneviève Zoquoué du 25 juin 1778 (Me Bordier Jeune, reg. 174).
36 On trouve Robineau comme nom de parents des premiers Bréda installés à Saint-Domingue.
37 « Liberté Blaise Bréda à Février », 22 décembre 1777 (Me Doré, reg. 524).
38 Affranchissement d’Elisabeth Mambo le 4 février 1778 (Me Doré, reg. 524).
39 Voir
acte du 5 juillet 1778 (Me Tach, reg. 1624) par lequel cette Marie
poursuit le mulâtre libre Nicolas Marquis, à qui elle avait vendu
l’esclave Lisette, nation Congo, pour impayé.
40 « Bail de nègre, Blaise dit Bréda/Matthieu Blaise », 6 juillet 1778 (Me Bordier Jeune reg. 174).
41 Contrats passés le 21 février 1780 par devant Me Grimperel (reg. 859).
42 Acte de vente de ladite Marie le 24 mai 1779 (Me Bordier Jeune, reg. 175)
43 Testament de Marie-Françoise veuve Bélair du 2 janvier 1784 (Me Bordier Jeune, reg. 185).
44 Jacques de CAUNA – Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti - Paris, Karthala, 2004, pages 193-194.
45 « Vente de négresse Bayon de Libertat / Blaise Bréda », 31 mars 1788 (Me Grimperel reg. 869).
46 Obligation de Blaise Bréda à la nommée Geneviève Sarrazin du 16 juillet 1788 (Me Bordier Jeune, reg. 202).
47 Obligation Marie-Jeanne Jupiter envers Zabeth Jupiter, 5 septembre 1777 (Me Bordier Jeune reg. 173).
48 Testament de Marie-Elisabeth Jupiter du 22 août 1779 (Me Doré, reg. 525).
49 Testament de Marie Fernita, 25 mars 1777 (Me Bordier Jeune, reg. 173).
50 Mariage Joseph dit César et Marie-Josèphe Françoise, fille de Pierre Médor, le 16 mars 1778 ( Me Doré, reg. 524).
51 Voir
l’acte de vente par Baptiste Philippe de deux lits d’acajou, d’un
matelas et de deux esclaves (Sans-Souci et Pétro) à Marie-Françoise, le
10 avril 1777 (Me Fromentin, reg. 659). Cette Marie-Françoise ayant
appartenu au sieur Duga peut avoir eu sa liberté rachetée par Zabeth
Vénus dite Philippe.
52
Testament de Pierre L’Eveillé dit Marion du 24 juin 1778 (Me Doré, reg.
524). Voir aussi un autre testament passé le 25 novembre 1779 et
l’exécution testamentaire du 13 décembre 1779 (Me Doré, reg. 525).
53 Bail du 6 septembre 1784 (Me Bordier Jeune, reg. 187).
54 Le
nom de Bélair revient de façon insistante. On sait qu’un Charles Bélair
est indiqué « neveu » de Toussaint Louverture. A noter l’existence de
plusieurs Belair au quartier de l’Acul-du-Nord. On sait ainsi qu’un
Toussaint Bélair, nègre libre (et sa femme Agnès négresse libre) hérite
de douze carreaux de terre du sieur Le Vigneux au lieu dit « la coupe à
David » et en dédommage ses frères et sœurs François, Marie-Thérèse,
Marie-Louise, Jean-Louis, Perrine et Augustin Bélair (également
3) « Autres bons sujets »
Durant son séjour à Saint-Domingue, le comte de Noé croise le
chemin d’autres esclaves affranchis par sa famille ou de Noirs libres
de naissance. Quelques noms ont triomphé de l’oubli, apparaissant de
façon aléatoire dans les correspondances ou les registres notariés.
Outre sa nourrice Madeleine, on peut relever l’existence de
« la mulâtresse nommé Zabeth Porte Paix [Port-de-Paix] mariée avec un
mulâtre nommé Bélair »54 comme l’indique Bayon de Libertat dans une lettre datée du 10 mars 1781 à Pantaléon II de Bréda55.
Et de préciser « elle avait été dotée de quelques esclaves par feue
madame votre mère [Elisabeth Bodin de Bréda], Mme d’Héricourt et Mme de
Noé. Il est dit dans le contrat de mariage en rapport de Hys, notaire,
dont je n’ai eu connaissance que depuis un mois, que dans le cas que
cette femme mourrait sans postérité, son bien retournerait à la
succession de madame de Bréda, une certaine mulâtresse de ses amies
s’est emparée sans titre des biens de cette Zabette qui consistent en
sept têtes de nègres, j’ai formé une action contre cette mulâtresse qui
s’appelle Zabette Aulnay dont vous pouvez connaître le nom ». Ce nom
d’Aulnay va, quelques années plus tard, revenir de façon indirecte à
propos d’un différend pour un terrain disputé dans les mornes entre
l’habitation Bréda du Haut-du-Cap et la propriété Aulnay.
On a aussi trace de l’affranchissement, le 23 mai 1778, de
Marie-Jeanne « créole âgée d’environ soixante-huit ans », et donc
connue d’eux depuis bien longtemps, à qui le comte de Noé et son cousin
le chevalier d’Héricourt accordent la liberté via le pouvoir qu’ils
donnent à Etienne Collot, lequel règle cet affranchissement par devant
Me Grimperel56 et à qui est donné le patronyme de Zilia.
Outre les Scipion (famille de Blaise Bréda), on sait que vit
également au bourg du Haut-du-Cap un certain Matthieu Bréda, lui aussi
Noir libre, sans que l’on connaisse d’autre lien avec Blaise ou
Toussaint que le lieu géographique de servitude avant de passer dans le
camp des libres. Mais lui non plus n’a pas été affranchi sans raison.
Enfin, on a une petite idée de ce bourg du Haut-du-Cap où la
plupart d’entre-eux résident, et qui est devenu une colonie noire.
Selon Moreau de Saint-Méry, dont le témoignage est postérieur à la
période (1797) mais néanmoins précieux, « il est composé de deux
parties vraiment séparées ; celle qu’on trouve la première et que
précède une tuilerie établie en 1769, a 24 maisons où habitent cinq ou
six ouvriers blancs, 50 ou 60 affranchis et environ 75 esclaves. C’est
après cette première portion et à main gauche, qu’est le pont par où le
chemin va traverser la rivière du Haut du Cap, et gagner les paroisses
qui sont à l’Est de cette rivière »57. Un village où tout le monde se connaît.
1 Antoine METRAL – Histoire de l’expédition des Français à Saint-Domingue – Paris, 1825 (réédition Karthala, 1985) ; Isaac LOUVERTURE - Notes diverses d’Isaac, sur la vie de Toussaint-Louverture, in Antoine METRAL, op. cité ; Prosper GRAGNON-LACOSTE - Toussaint-Louverture, général en chef de l’armée de Saint-Domingue, surnommé le Premier des Noirs, Paris, 1877. Pour l’analyse critique de ces écrits, voir Jacques de CAUNA – Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti – Paris, Karthala, 2004.
2 Le
Bénin s’est appelé « Dahomey » jusqu’en 1975. J’exprime ma plus vive
reconnaissance envers MM. Ferdinand Abissi, Elisée Soumonni et Robin
Law ; sans leur aide ou leurs conseils, je n’aurais pas pu écrire ces
lignes relatives aux origines béninoises de Toussaint Louverture.
3 Roger DORSINVILLE - Toussaint Louverture ou la vocation de la Liberté - Paris, Julliard, 1965, page 257 (cité par Jacques de CAUNA – Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti – Paris, Karthala, 2004).
4 cf. Jacques de CAUNA - “L’odyssée d’un esclave musulman du Sénégal à Versailles en passant par Tobago”, in RSHHG, mars 1990, vol. 165.
5 In Robin LAW - The Kingdom of Allada,
pages 45 et suivantes. Je me suis beaucoup inspiré de cet ouvrage pour
retracer dans mon étude le contexte politique entre Allada et le
Danhomè à cette époque.
6 Prosper GRAGNON-LACOSTE – Toussaint Louverture, général en chef de l’armée de Saint-Domingue, surnommé le Premier des Noirs
- Paris, 1877, page 2.
7 In Notes diverses d’Isaac sur la vie de Toussaint-Louverture (réédition Karthala, 1985), pages 325-326.
8
Serait-ce à cette occasion que remonte –surprenant parallèle-
l’histoire de la famille Paraiso, dont l’ancêtre aurait été un prince
yorouba d’Oyo parti comme esclave… au Brésil ? Toujours est-il qu’un
rassemblement des nombreux descendants de ce prince d’Oyo a eu lieu au
Bénin, à Sémé, les 12, 13 et 14 août 2005 (renseignement fourni par
Eric Totah, gendre de feu Me Abissi).
9 AN, 18 AP 3, dossier 12.
10 Placide DAVID – « Quelques réflexions sur l’histoire… » in La Semeuse, 1945, cité par Jacques de CAUNA – Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti
– Paris, Karthala, 2004.
11 in Jacques de CAUNA – Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti – Paris, Karthala, 2004, page 261.
12 in Notice sur Toussaint Louverture, Paris, 1842, page 6.
13 Mise
en possession de Villevaleix d’une partie des habitations Bréda, par
devant Me Grimperel, le 5 juillet 1789 (AD de la Loire-Atlantique, E
691). Au bout du compte, ce sera une mauvaise affaire, la jeune Pélagie
décédant l’année suivante.
14 Voir l’article : CAUNA (Jacques) et DONNADIEU (Jean-Louis) - Quand le comte de Noé écrit à Toussaint Louverture, à paraître.
15 Lettre citée par Victor SCHOELCHER dans sa Vie de Toussaint Louverture - Paris, Paul Ollerdorf, 1889 (réédition Karthala, 1982), pages 391-392.
16
CAOM, testament du 14 novembre 1778 (Me Doré, reg. 524) et des 23 juin
1782 (Me Bordier Jeune, reg. 180) dans lequel on lit explicitement
« Cécile négresse libre femme de Toussaint Bréda nègre libre » puis 15
août 1782 (Me Bordier Jeune, reg. 181). Cette Cécile a déjà été
signalée par Dominique ROGERS sans sa thèse Les Libres de Couleur dans les capitales de Saint-Domingue – Bordeaux III, 1999, page 160.
17 CAOM, testament de Marie Mambo veuve Scipion, le 23 novembre 1778, par devant Me Doré (reg.524).
18
CAOM, testament de Jeannette, le 30 juillet 1777, par devant Me Doré
(reg. 524), qui nomme Margot dite Bayon légataire universelle et
exécutrice testamentaire. Toutes les autres références d’actes notariés
qui suivent proviennent du CAOM (Aix-en-Provence).
19 AN, dossier personnel Marine C7 44 et 18 AP 2 (dossier Pantaléon I de Bréda).
20 Achat rappelé par l’acte de vente de ladite Marie, le 24 mai 1779 (Me Bordier Jeune, reg. 175).
21 Testament de sa veuve, Marie Mambo, du 23 novembre 1778 (Me Doré, reg. 524).
22 Acte d’affranchissement d’Elisabeth Mambo, du 4 février 1778 (Me Doré, reg. 524).
23 Voir par exemple Gabriel DEBIEN – Les esclaves aux Antilles françaises- 1974, p. 40-52 ou Jacques de CAUNA – Au temps des îles à sucre – 1987, p. 94-95.
24 Obligation de Blaise Bréda envers Geneviève Sarrazin du 16 juillet 1788 (Me Bordier Jeune, reg. 202).
25 Contrat de mariage entre Geneviève Scipion et François-Pantaléon du 5 octobre 1786 (Me Tach, reg. 1634).
26 Testament de Marie Mambo du 23 novembre 1778 (Me Doré, reg. 524).
27 Donation entre vifs Scipion à Marie-Eloïse et Marie-Anne Boué du 18 septembre 1786 (Me Tach, reg. 1634).
28 Testament de Marie Mambo du 23 novembre 1778 (Me Doré, reg. 524).
29 Mariage de Geneviève Scipion et François-Pantaléon, du 5 octobre 1786 (Me Tach, reg.1634).
30
Vente d’une esclave par Alexis Scipion à Geneviève Zoquoué (Sarrazin)
le 7 septembre 1788 (Me Bordier Jeune, reg. 202) et Dominique ROGERS – Les libres de couleur dans les capitales de Saint-Domingue
– thèse Bordeaux III, 1999, page 161.
31 Affranchissement d’Elisabeth Mambo le 4 février 1778 (Me Doré, reg. 524).
32 Testament de Marie-Françoise, le 26 novembre 1779 (Me Doré, reg. 525).
33 Dominique ROGERS – Les libres de couleur dans les capitales de Saint-Domingue
– thèse Bordeaux III, 1999, page 107.
34 CAOM, Registre G1 495 (cadastre des maisons de la ville du Cap, 1776 et 1787).
35 Vente de maison entre Blaise dit Bréda et Geneviève Zoquoué du 25 juin 1778 (Me Bordier Jeune, reg. 174).
36 On trouve Robineau comme nom de parents des premiers Bréda installés à Saint-Domingue.
37 « Liberté Blaise Bréda à Février », 22 décembre 1777 (Me Doré, reg. 524).
38 Affranchissement d’Elisabeth Mambo le 4 février 1778 (Me Doré, reg. 524).
39 Voir
acte du 5 juillet 1778 (Me Tach, reg. 1624) par lequel cette Marie
poursuit le mulâtre libre Nicolas Marquis, à qui elle avait vendu
l’esclave Lisette, nation Congo, pour impayé.
40 « Bail de nègre, Blaise dit Bréda/Matthieu Blaise », 6 juillet 1778 (Me Bordier Jeune reg. 174).
41 Contrats passés le 21 février 1780 par devant Me Grimperel (reg. 859).
42 Acte de vente de ladite Marie le 24 mai 1779 (Me Bordier Jeune, reg. 175)
43 Testament de Marie-Françoise veuve Bélair du 2 janvier 1784 (Me Bordier Jeune, reg. 185).
44 Jacques de CAUNA – Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti - Paris, Karthala, 2004, pages 193-194.
45 « Vente de négresse Bayon de Libertat / Blaise Bréda », 31 mars 1788 (Me Grimperel reg. 869).
46 Obligation de Blaise Bréda à la nommée Geneviève Sarrazin du 16 juillet 1788 (Me Bordier Jeune, reg. 202).
47 Obligation Marie-Jeanne Jupiter envers Zabeth Jupiter, 5 septembre 1777 (Me Bordier Jeune reg. 173).
48 Testament de Marie-Elisabeth Jupiter du 22 août 1779 (Me Doré, reg. 525).
49 Testament de Marie Fernita, 25 mars 1777 (Me Bordier Jeune, reg. 173).
50 Mariage Joseph dit César et Marie-Josèphe Françoise, fille de Pierre Médor, le 16 mars 1778 ( Me Doré, reg. 524).
51 Voir
l’acte de vente par Baptiste Philippe de deux lits d’acajou, d’un
matelas et de deux esclaves (Sans-Souci et Pétro) à Marie-Françoise, le
10 avril 1777 (Me Fromentin, reg. 659). Cette Marie-Françoise ayant
appartenu au sieur Duga peut avoir eu sa liberté rachetée par Zabeth
Vénus dite Philippe.
52
Testament de Pierre L’Eveillé dit Marion du 24 juin 1778 (Me Doré, reg.
524). Voir aussi un autre testament passé le 25 novembre 1779 et
l’exécution testamentaire du 13 décembre 1779 (Me Doré, reg. 525).
53 Bail du 6 septembre 1784 (Me Bordier Jeune, reg. 187).
54 Le
nom de Bélair revient de façon insistante. On sait qu’un Charles Bélair
est indiqué « neveu » de Toussaint Louverture. A noter l’existence de
plusieurs Belair au quartier de l’Acul-du-Nord. On sait ainsi qu’un
Toussaint Bélair, nègre libre (et sa femme Agnès négresse libre) hérite
de douze carreaux de terre du sieur Le Vigneux au lieu dit « la coupe à
David » et en dédommage ses frères et sœurs François, Marie-Thérèse,
Marie-Louise, Jean-Louis, Perrine et Augustin Bélair (également
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Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Doub-Sossis,
Les articles sont vraiment intéressants et enrichissants. Il faut continuer avec ces recherches afin de créer sur ce forum un coin sur la littérature et l'histoire ou les membres, non intéressés à la politique, pourront se retrouver.
Les articles sont vraiment intéressants et enrichissants. Il faut continuer avec ces recherches afin de créer sur ce forum un coin sur la littérature et l'histoire ou les membres, non intéressés à la politique, pourront se retrouver.
Invité- Invité
Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Mèsi Colo Mwen pa tandé gran timonié yo di KWIKK!!!
TOUT NÈG GINLÈ BÈBÈ
MEN JAN AK ZOT KI PRAN TÈT YO
POU CHOFÈ
SA DWOL WI!!!
TOUT NÈG GINLÈ BÈBÈ
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SA DWOL WI!!!
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Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Pale klè,Doub-la ,kilès ki pran tèt yo pou chofè?
Istwa se yon bagay ou ta gen dwa di ki dinamik,se touttan gen yon lòt enfòmasyon ki ap vini,e se moun ki ap resevwa enfòmasyon sa yo ki pou fè yon sentèz de yo.
Moun ki di te gen yon esklav ki te viv 130 an ,se pawòl l ap fè.Si w te esklav ,si se pa nan kay mèt lan ,si w ou t ap sèvi ,ou byen de bagay konsa;se yom MIRAK si w te viv plis ke 50 an.
Te gen yon rezon byen senp,paske se pa t nan enterè mèt lan.
Nan liv majistral li an ki te parèt an 2003 a,JOHN K.THORNTON dokimante ke esklav se apèn yo te dire 7 an nan plantasyon yo.Misye di ke pou mèt nan plantasyon sik yo ,li te pi pwofitab pou yo yo travay jiska la mò (to death) ,paske non sèlman pou yo ta manje jan pou yo ta manje ou byen si yo ta blese pou yo ta pran swen de yo.
THORNTON di ke anviwon 70% esklav nan lanne 1791 yo,se te ann Afrik yo te fèt e misye di pifò ladan yo se prizonye de gè yo te ye ,se moun ki te konn manyen fizi,ki te konnen taktik militè anvan yo te debake nan koloni an.
SE SAK FE DEPI 1791 YO TE KA PYESE EWOPEYEN,PASKE YO TE DEJA PI BON SOLDA KE YO.
Se sa k fè tou lè TOUSEN te kouri dèyè GEORGE BIASSOU ,panyòl yo te mennen ,misye nan ST AUGUSTINE ,FLORID (ki te ankò yon koloni panyòl) e yon nonmen misye Jeneral.
BIASSOU se premye jeneral nwa lan Amerik di nò dapre ORLANDO SENTINEL (se yon lòt koze).
Pou nou tounen sou koze Césaire lan.Pa gen moun ki di ke papa misye te esklav ,yo di se granpapa li ki te esklav ,e si yon moun di ke anvan 1848 ,te gen ekonòm nwa sou yon plantasyon nan Antiy yo,sa pa koresponn a verite istorik.
Apre 1802,tout nwa ak milat nan plantasyon Antiy franse yo ,se te esklav;PA T GEN ZAFE "NWA LIB" lan ankò.
Te genyen "nwa lib" nan tout koloni franse yo anvan 1802,keseswa lan Sen Domeng,Matinik,Gwadloup elatriye.Apre 1802 pa t gen sa ankò.
Sèlman lan Sen Domeng paske mesye sa yo te libere depi 1793 e depi dat sa a ,yo te lan batay!
Istwa se yon bagay ou ta gen dwa di ki dinamik,se touttan gen yon lòt enfòmasyon ki ap vini,e se moun ki ap resevwa enfòmasyon sa yo ki pou fè yon sentèz de yo.
Moun ki di te gen yon esklav ki te viv 130 an ,se pawòl l ap fè.Si w te esklav ,si se pa nan kay mèt lan ,si w ou t ap sèvi ,ou byen de bagay konsa;se yom MIRAK si w te viv plis ke 50 an.
Te gen yon rezon byen senp,paske se pa t nan enterè mèt lan.
Nan liv majistral li an ki te parèt an 2003 a,JOHN K.THORNTON dokimante ke esklav se apèn yo te dire 7 an nan plantasyon yo.Misye di ke pou mèt nan plantasyon sik yo ,li te pi pwofitab pou yo yo travay jiska la mò (to death) ,paske non sèlman pou yo ta manje jan pou yo ta manje ou byen si yo ta blese pou yo ta pran swen de yo.
THORNTON di ke anviwon 70% esklav nan lanne 1791 yo,se te ann Afrik yo te fèt e misye di pifò ladan yo se prizonye de gè yo te ye ,se moun ki te konn manyen fizi,ki te konnen taktik militè anvan yo te debake nan koloni an.
SE SAK FE DEPI 1791 YO TE KA PYESE EWOPEYEN,PASKE YO TE DEJA PI BON SOLDA KE YO.
Se sa k fè tou lè TOUSEN te kouri dèyè GEORGE BIASSOU ,panyòl yo te mennen ,misye nan ST AUGUSTINE ,FLORID (ki te ankò yon koloni panyòl) e yon nonmen misye Jeneral.
BIASSOU se premye jeneral nwa lan Amerik di nò dapre ORLANDO SENTINEL (se yon lòt koze).
Pou nou tounen sou koze Césaire lan.Pa gen moun ki di ke papa misye te esklav ,yo di se granpapa li ki te esklav ,e si yon moun di ke anvan 1848 ,te gen ekonòm nwa sou yon plantasyon nan Antiy yo,sa pa koresponn a verite istorik.
Apre 1802,tout nwa ak milat nan plantasyon Antiy franse yo ,se te esklav;PA T GEN ZAFE "NWA LIB" lan ankò.
Te genyen "nwa lib" nan tout koloni franse yo anvan 1802,keseswa lan Sen Domeng,Matinik,Gwadloup elatriye.Apre 1802 pa t gen sa ankò.
Sèlman lan Sen Domeng paske mesye sa yo te libere depi 1793 e depi dat sa a ,yo te lan batay!
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Feuille de personnage
Jeu de rôle: Le patriote
Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Monkonpè zafè kay vwazen kay blan fransé matinik ak guadeloupe pa plis intéréssé doub la, apa dé nom tankou césaire ki gen yon poté intènational é ki gen enseignement pou nou menm Haitiens.
Anou chita diskission an pito nan nan-nan pwoblèm grand nèg nwa ak milat lib, gwotoro yo ki séparé gato yo, lanpérè an prémiè , lot gwo chèf militè ak civil an 2e ak kèk lot ti-civil intélijan ki kon fè 0 tounen 8 rantré nan jwètt-la, Lampérè dessalines ki wè lajan manké rantré nan poches li, di Abraham sètassé....
Men vérité Istorik
Vérité sou tanbou!!!
Sak fè lanpérè pat koumansé pa
Bay léxamp séparé 32 sucreries
Nan réfom Agrè bay ti-solda VANUPIÉ
Maché en guenilles SANS SOUPÉ
NI TOUCHÉ SOLDES YO.....????
NON_NON...SÉ PA MWEN SÉYO!!!
Anou chita diskission an pito nan nan-nan pwoblèm grand nèg nwa ak milat lib, gwotoro yo ki séparé gato yo, lanpérè an prémiè , lot gwo chèf militè ak civil an 2e ak kèk lot ti-civil intélijan ki kon fè 0 tounen 8 rantré nan jwètt-la, Lampérè dessalines ki wè lajan manké rantré nan poches li, di Abraham sètassé....
Men vérité Istorik
Vérité sou tanbou!!!
Sak fè lanpérè pat koumansé pa
Bay léxamp séparé 32 sucreries
Nan réfom Agrè bay ti-solda VANUPIÉ
Maché en guenilles SANS SOUPÉ
NI TOUCHÉ SOLDES YO.....????
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Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Non,non,
Zafè ke anperè an te posede "32 sucreries" yo,mwen gendout sou sa.M ap repete anvan 1804 pi fò blan ki te posede "sucreries" te demonte machin yo e yo te ale Kiba ak yo.
Nan yon dokimantè sou "Documentary Channel" mwen wè machin sa yo sou tan lè Brezil te gen esklavay.Dokimantè an rele "Brazil ,an inconvenient history".Yo di se menm sòt de machin ki te genyen nankoloni franse ki te pwodwi sik yo.
Alòs pou anperè an te gen 32 ladan yo?,kilès ki t ap opere yo?
Sa a mwen pa kwè ke Dessalines te gen 32 sucreries vre ;wi ,menm mo refòm agrè an pa t aplike pou 1805 ak 1806,paske ti nèg ou byen ti milat pa t pwoprietè bagay yo vre.
Alòs si misye te pwoprietè 32 sucreries vre ,enben ti nèg te vòlò sucreries sa yo nan men madan CLAIRE HEUREUSE ,PASKE se de yon ti pansyon manmzèl t ap viv.
Epitou ,kay manmzèl nan Marchand-Dessalines ekziste toujou,se yon ti kounouk kay!
Zafè ke anperè an te posede "32 sucreries" yo,mwen gendout sou sa.M ap repete anvan 1804 pi fò blan ki te posede "sucreries" te demonte machin yo e yo te ale Kiba ak yo.
Nan yon dokimantè sou "Documentary Channel" mwen wè machin sa yo sou tan lè Brezil te gen esklavay.Dokimantè an rele "Brazil ,an inconvenient history".Yo di se menm sòt de machin ki te genyen nankoloni franse ki te pwodwi sik yo.
Alòs pou anperè an te gen 32 ladan yo?,kilès ki t ap opere yo?
Sa a mwen pa kwè ke Dessalines te gen 32 sucreries vre ;wi ,menm mo refòm agrè an pa t aplike pou 1805 ak 1806,paske ti nèg ou byen ti milat pa t pwoprietè bagay yo vre.
Alòs si misye te pwoprietè 32 sucreries vre ,enben ti nèg te vòlò sucreries sa yo nan men madan CLAIRE HEUREUSE ,PASKE se de yon ti pansyon manmzèl t ap viv.
Epitou ,kay manmzèl nan Marchand-Dessalines ekziste toujou,se yon ti kounouk kay!
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Re: Aimé Césaire avait suivi en direct à la télévision l’entrée au Panthéon d’Alexan
Alòs pou anperè an te gen 32 ladan yo?,kilès ki t ap opere yo?
jOjo,
oufèm lapèn wi..sépa jis lan liv blan ak blan po viré lanvè yo pou li non...ginlè wou kwèlan tiré kont lamé indigène nan ak tout bakup lojistik civil li sé 'va-nu-pieds' sèlman ki té gen ladanl...
Épi kisa ki pi difficil pou fè maché yon sikrérie ki an état de marche..pa gen aryen la-a non..sé jis yon ti gestion teknik ak opérationèl wi.. Si machine an panne ou krazé pou rebilt la sé yon lot kéksion sé sak fè mwen panché dakor avèw bien ké mwen pa gen data pou bakup sa..ké la plipa dapwè mwen pat fonksionèl..ni pat rénové...Men DRAME HAITIEN AN KI TÉ KOUMANSÉ LA...KRAZÉ BRIZÉ...OTES TWA KE JE M'Y METTE.....PA JANM RÉNOVÉ NI RÉKONSTWI...MEN SÉMANS MOVÉ ZÈB LA DÉJA PLANTÉ ANBA JÉW LA_A...TOUT RÈS 200 zan YO sé yon étènèl rékomansman..répétition menm schéma yo...
Eské w janm tandé palé de 'nèg a talents'... Sou kristoff menm FONDERIE ak fabrik CHIMIK POUD KANO wi wou te genyen, sépou diw tengen kèk 'nèg a talents' avansé pami yo..
Mwen pa diw tout té fonktionèl nonplis...
Mwen jis baw chif siw vlé ma chaché référans lan pouwou al li zot ké 60 minutes missié blan[i]
jOjo,
oufèm lapèn wi..sépa jis lan liv blan ak blan po viré lanvè yo pou li non...ginlè wou kwèlan tiré kont lamé indigène nan ak tout bakup lojistik civil li sé 'va-nu-pieds' sèlman ki té gen ladanl...
Épi kisa ki pi difficil pou fè maché yon sikrérie ki an état de marche..pa gen aryen la-a non..sé jis yon ti gestion teknik ak opérationèl wi.. Si machine an panne ou krazé pou rebilt la sé yon lot kéksion sé sak fè mwen panché dakor avèw bien ké mwen pa gen data pou bakup sa..ké la plipa dapwè mwen pat fonksionèl..ni pat rénové...Men DRAME HAITIEN AN KI TÉ KOUMANSÉ LA...KRAZÉ BRIZÉ...OTES TWA KE JE M'Y METTE.....PA JANM RÉNOVÉ NI RÉKONSTWI...MEN SÉMANS MOVÉ ZÈB LA DÉJA PLANTÉ ANBA JÉW LA_A...TOUT RÈS 200 zan YO sé yon étènèl rékomansman..répétition menm schéma yo...
Eské w janm tandé palé de 'nèg a talents'... Sou kristoff menm FONDERIE ak fabrik CHIMIK POUD KANO wi wou te genyen, sépou diw tengen kèk 'nèg a talents' avansé pami yo..
Mwen pa diw tout té fonktionèl nonplis...
Mwen jis baw chif siw vlé ma chaché référans lan pouwou al li zot ké 60 minutes missié blan[i]
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