Les ministres du gvt Alexis qui seront appelés au gvt Duvivier.

Selon un rapport préliminaire intitulé « Les défis de l’alphabétisation en Haïti, une évaluation des besoins », dressé par l’Unesco en octobre 2006, « le nombre d’habitants n’ayant pas fréquenté l’école en Haïti se chiffre à 2,762 488. Soit 38,8% de la population totale du pays dont l’âge varie entre 6 ans et plus ».
« En ventilant ces données par sexe, on constate que 35,4 % de garçons et d’hommes sont non scolarisés et non alphabétisés contre 45,7 % de filles et de femmes. Les taux d’analphabètes augmentent dans les catégories des gens les plus âgés (14,2 % dans le groupe d’âge 13-18 ans et 81,8 % dans la catégorie 56 ans et plus) », note le rapport.
Pour trouver une réponse à cette situation préjudiciable au pays, un atelier de validation du rapport de l’Unesco s’est tenu à l’Hôtel Montana, hier mardi. Ont assisté à son inauguration le Premier ministre Jacques Édouard Alexis, le ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), Gabriel Bien-Aimé, le secrétaire d’État à l’Alphabétisation (SEA), Carol Joseph, des anciens ministres, certains parlementaires, des militants des droits humains, des hommes d’affaires et des personnalités politiques.

Analphabétisme : une cause du sous-développement
« Ce rapport constitue un préalable à un plan national d’alphabétisation. Même s’il reste à être peaufiné dans certains de ces résultats et précisé dans certaines de ses implications et recommandations, ce rapport ne représente pas moins une étape importante dans la poursuite des actions pour la préparation des batailles à mener résolument contre l’analphabétisme de la majeure partie de la population adulte de notre pays », a apprécié le chef du gouvernement dans ses propos de circonstance.
Le Premier ministre a présenté sa participation à l’atelier comme le signe de la volonté du gouvernement de résoudre ce grand problème que connaît le pays. « L’analphabétisme d’environ 56% de nos compatriotes âgés de 13 ans et plus constitue, en effet, l’un des graves problèmes auquel le pays est confronté. Il est lié à une autre réalité tout aussi préoccupante, celle d’environ un demi-million de
nos enfants qui ne vont pas à l’école », a insisté Jacques Édouard Alexis annonçant que son gouvernement compte sur l’appui des gouvernements cubain et vénézuelien pour la création d’un fonds pour les urgences sociales. Plus loin, Jacques Édouard Alexis a rappelé que les Nations unies ont accordé une place de choix à la généralisation de l’éducation primaire parmi les huit objectifs du millénaire. « Cent quarante sept chefs d’État et de gouvernement et cent quatre vingt onze pays l’ont adoptée à Dakar en septembre 2000, à travers ce qui a été appelé la déclaration du millénaire, que nous faisons nôtre », a rassuré M. Alexis.

Déjà un plan d’action
La secrétairerie d’État à l’Alphabétisation (SEA), dirigée par Carol Joseph, a soumis récemment au chef de gouvernement un plan d’action pour l’alphabétisation de trois millions de personnes sur tout le territoire national au cours des trois prochaines années. « Ce sera une grande campagne dans laquelle toute la nation s’engagera », s’est enthousiasmé le Premier ministre.
Selon le secrétaire d’État à l’Alphabétisation, « il incombe au gouvernement de mettre en place une politique d’alphabétisation » définissant les grandes orientations du point de vue des groupes d’âge ciblés, du milieu géographique priorisé, des approches privilégiées, des rôles des différents acteurs, etc.
« Ils sont légion, ceux qui ont les yeux rivés sur nous en cet instant, le cœur battant d’espoir… Après la dizaine de tentatives infructueuses de campagnes d’alphabétisation, s’étendant sur plusieurs décennies… la nouvelle est porteuse d’espoir, la finalité déterminée avec précision et les acteurs fermement décidés à s’attaquer aux problèmes et à relever le défi vieux de plus d’un siècle », a déclaré Carol Joseph.
« Le succès de cet atelier sera un catalyseur pour le début d’action d’envergure devant nous permettre de réduire à moyen terme et à éradiquer à long terme l’analphabétisme qui ferme certains horizons sociaux à environ 55% de la population. Il s’agit d’une première manche dans la bataille contre ce fléau. Ensemble, nous pouvons gagner », a poursuivi le secrétaire d’État, appelant à « l’unité derrière l’alphabétisation, le moteur du développement, dans un pays ou tout nous divise ».

Un défi à relever
Le représentant de l’Unesco, Julien Bandoué, a martelé que « l’atelier de ce matin, dont on sait que les travaux portent sur la validation du rapport d’étude sur l’évaluation des besoins pour une politique efficace et efficiente de développement de l’alphabétisation en Haïti, représente une étape importante du processus de mise en œuvre du programme LIFE de l’Unesco ». Ce programme, rappelle-t-on, vise à renforcer, au cours de la période 2006-2015, « l’engagement national et international en faveur de l’alphabétisation, à soutenir la formulation de politiques d’alphabétisation durables, à renforcer les capacités nationales et à promouvoir les initiatives novatrices des pays en matière d’alphabétisation.»
Julien Bandoué a formulé le vœu que des « conclusions pertinentes sortent de ces travaux d’atelier afin que le gouvernement dispose des éléments nécessaires à l’élaboration d’un plan d’action qui puisse permettre aux quelque 2,900 000 d’analphabètes que compte Haïti d’accéder au minimum éducatif de base et sortir de la pauvreté qui frappe 76% de la population ».
Présent à cet atelier, le ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), Gabriel Bien-Aimé, a salué l’initiative de la secrétairerie d’État de dégager des politiques pour rendre ce sous-secteur de l’éducation non seulement efficace mais également efficient. « L’analphabétisme charrie discrimination, complexe, injustice sociale, et j’en passe. Tirer les alphabètes du gouffre est un défi à relever. À travers cette validation (étude), nous allons nous donner les outils pour le relever », a soutenu le ministre Bien-Aimé.
Depuis plus de 60 ans, Haïti mène des campagnes d’alphabétisation (une dizaine) de masse qui n’ont jamais donné les résultats escomptés. Ce rapport, rédigé par l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Gaston Georges Mérisier, présente, entre autres, un état des lieux du système éducatif national, certaines expériences d’organisations dans différents départements du pays et des éléments pour un plan d’action national d’alphabétisation.