Accès à l’eau potable: beaucoup à faire en Haïti
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Accès à l’eau potable: beaucoup à faire en Haïti
Accès à l’eau potable: beaucoup à faire en Haïti
Par Rock Andrérockandre@lematinhaiti.com
Dans son rapport 2006 sur le développement humain, publié la semaine dernière, les Nations unies ont une nouvelle fois insisté sur le rôle majeur de l’accès à l’eau potable pour favoriser le développement humain. Le thème de ce rapport – « Au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et la crise mondiale de l’eau »– suggère la dimension du problème. Dans le cas de certains pays, les difficultés pour s’approvisionner en eau potable sont plus aiguës. En dépit d’une légère amélioration en Haïti sur les vingt dernières années, l’incapacité à satisfaire les besoins en eau demeure préoccupante, surtout chez les couches les plus vulnérables de la population.
L’accès à l’eau potable est défini par l’OPS/OMS comme étant de 25 litres d’eau de bonne qualité par jour et par personne, pour une distance de la source à la maison inférieure à 60 mètres. En Haïti, il y a encore de nombreux endroits où les gens ne consomment même pas les 20 litres que l’OMS considère comme étant le minimum nécessaire. D’autre part, dans plusieurs cas encore, les individus sont obligés de se déplacer sur de longues distances pour s’approvisionner en eau.
Malgré un certain effort pour donner accès à une plus grande partie de la population à des services de distribution, en raison de la croissance démographique, le nombre total d’habitants non desservis ne diminue pas de façon appréciable.
Les informations fournies par l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI) et le Réseau national en population et développement (RNPD) permettent de mieux cerner la dimension du problème. Concernant le mode d’approvisionnement en eau de boisson des ménages haïtiens, le RNPD révèle que 3,9 % de la population seulement ont accès à de l’eau traitée. Le mode d’approvisionnement d’une bonne partie du reste de la population se fait comme suit : rivière et source (36,9 %), achat par seaux d’eau (19,5 %), robinet (15,6 %), fontaine publique (12 %). L’achat de seaux d’eau est particulièrement courant dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince où 60 % de la population l’utilise comme mode d’approvisionnement. Seulement 10 % des ménages de l’aire métropolitaine achète de l’eau traitée, selon l’Enquête sur les conditions de vie en Haïti (ECVH), publiée par l’IHSI en 2001. Cependant, durant les quatre dernières années, il y a eu une augmentation importante des points de vente d’eau traitée au détail, avec l’apparition sur le marché de nouveaux fournisseurs de ce type de service.
La plus faible couverture de l’Amérique latine
D’après Lilian Saade (2005), Haïti est le pays avec le taux de couverture en eau potable le plus faible de la région d’Amérique latine et les Caraïbes, avec un taux de couverture de 52 %. En d’autres termes, plus de 4 millions d’Haïtiens n’ont pas accès aux services d’eau.
L’analyse de la couverture en eau potable en Haïti, de 1980 à 2003, révèle, cependant, une amélioration globale de la couverture pour le pays qui est passé de moins de 20 % en 1980 à 52,3 % en 2003, selon les données fournies par l’OPS/OMS. Cette amélioration au niveau global est due d’abord à l’amélioration enregistrée dans le milieu rural où le taux de couverture est passé de moins de 10 % en 1980 à 51,6 % en 2003. Au niveau des villes secondaires, il n’y a pas eu de grand changement, le niveau de couverture ayant passé de 48 % environ à 50,1 %. Dans la zone métropolitaine, le taux de couverture est passé d’environ 48 % en 1980 à 58,3 % en 2003.
Il convient de noter que ces chiffres renvoient à l’accès aux services : ils ne reflètent pas nécessairement la qualité et la fiabilité de ces derniers, deux facteurs essentiels en matière de santé publique.
Par ailleurs, seulement un logement sur cinq a accès à un fournisseur d’eau courante, mais il y a des différenciations importantes selon le milieu de résidence, le type de logement et le niveau de revenu. Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, un tiers des logements a accès à un fournisseur d’eau courante (IHSI/ECVH, 2001).
La plus grande partie de la population en zone métropolitaine reçoit de l’eau d’une manière discontinue. Dans certaines zones, les habitants reçoivent de l’eau quotidien- nement, mais dans la plupart des cas ils en reçoivent seulement deux fois par semaine et pendant quelques heures par jour. Selon Lilian Saade (2005), le manque de service est attribué principalement: 1) aux pertes physiques (estimées à 60 %) associées à l’âge du système de distribution et au piquage d’eau, 2) aux interruptions de l’énergie, surtout dans le cas des puits et des pompes et 3) la pollution des sources d’eau (Saade, citant la US Army Corps of Engineers, 1999). En plus des lacunes de la desserte, le système est confronté à d’autres déficiences, souvent dues au manque d’entre- tien des infrastructures. Ainsi, la dégradation des réseaux provoque des pertes en chemin importantes.
Qualité de l’eau
Parmi les trois organismes publics de distribution d’eau (Camep, Snep et Pochep), seule la Camep dispose d’un laboratoire de contrôle de la qualité de l’eau potable (Lilian Saade, 2005). Ce laboratoire est équipé pour faire des analyses bactériologiques et physico- chimiques de l’eau potable et il effectue en moyenne 22 analyses par jour. Selon l’étude Lilian Saade portant sur les services d’eau potable et d’assainissement en Haïti et publiée par la Cepal en 2005, le seul traitement en vigueur était la désinfection à l’aide de l’hypo- chlorite de calcium, qui a, cependant, l’inconvénient d’aggraver l’alcalinité déjà excessive de l’eau des sources captées du bassin versant du Morne de l’Hôpital (Saade, citant OPS/OMS, 2001).
D’après les études de l’OPS/OMS, on a constaté que pour les réseaux de source, des paramètres tels que les bactéries totales et les coliformes totaux sont apparus comme inacceptables et pour d’autres paramètres, il n’y a même pas d’informations. Par contre, il est considéré que la qualité de l’eau en zone rurale au niveau des sources est acceptable, en tenant compte des coliformes totaux, mais qu’elle ne l’est pas dans le cas des fontaines (Texeira cité par Saade, 2005).
Le diagnostic de la situation, en termes d’accès à l’eau courante en Haïti, démontre qu’il n’y a pas de pénurie d’eau douce dans le pays, mais plutôt une répartition inégale et une mauvaise gestion de ces ressources. D’après les projections du Pnud (Lilian Saade, 2005), si les tendances observées ces dernières années se poursuivent, il sera probable pour Haïti « toutes choses égales par ailleurs » d’atteindre l’objectif de réduire de moitié le pourcentage de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable en 2015.
Néanmoins, même si les projets envisagés se réalisent, environ un tiers de la population serait encore privé de ce service en 2015. Ce qui démontre la somme des efforts à accomplir pour satisfaire les besoins des ménages non desservis.
mercredi 15 novembre 2006
Par Rock Andrérockandre@lematinhaiti.com
Dans son rapport 2006 sur le développement humain, publié la semaine dernière, les Nations unies ont une nouvelle fois insisté sur le rôle majeur de l’accès à l’eau potable pour favoriser le développement humain. Le thème de ce rapport – « Au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et la crise mondiale de l’eau »– suggère la dimension du problème. Dans le cas de certains pays, les difficultés pour s’approvisionner en eau potable sont plus aiguës. En dépit d’une légère amélioration en Haïti sur les vingt dernières années, l’incapacité à satisfaire les besoins en eau demeure préoccupante, surtout chez les couches les plus vulnérables de la population.
L’accès à l’eau potable est défini par l’OPS/OMS comme étant de 25 litres d’eau de bonne qualité par jour et par personne, pour une distance de la source à la maison inférieure à 60 mètres. En Haïti, il y a encore de nombreux endroits où les gens ne consomment même pas les 20 litres que l’OMS considère comme étant le minimum nécessaire. D’autre part, dans plusieurs cas encore, les individus sont obligés de se déplacer sur de longues distances pour s’approvisionner en eau.
Malgré un certain effort pour donner accès à une plus grande partie de la population à des services de distribution, en raison de la croissance démographique, le nombre total d’habitants non desservis ne diminue pas de façon appréciable.
Les informations fournies par l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI) et le Réseau national en population et développement (RNPD) permettent de mieux cerner la dimension du problème. Concernant le mode d’approvisionnement en eau de boisson des ménages haïtiens, le RNPD révèle que 3,9 % de la population seulement ont accès à de l’eau traitée. Le mode d’approvisionnement d’une bonne partie du reste de la population se fait comme suit : rivière et source (36,9 %), achat par seaux d’eau (19,5 %), robinet (15,6 %), fontaine publique (12 %). L’achat de seaux d’eau est particulièrement courant dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince où 60 % de la population l’utilise comme mode d’approvisionnement. Seulement 10 % des ménages de l’aire métropolitaine achète de l’eau traitée, selon l’Enquête sur les conditions de vie en Haïti (ECVH), publiée par l’IHSI en 2001. Cependant, durant les quatre dernières années, il y a eu une augmentation importante des points de vente d’eau traitée au détail, avec l’apparition sur le marché de nouveaux fournisseurs de ce type de service.
La plus faible couverture de l’Amérique latine
D’après Lilian Saade (2005), Haïti est le pays avec le taux de couverture en eau potable le plus faible de la région d’Amérique latine et les Caraïbes, avec un taux de couverture de 52 %. En d’autres termes, plus de 4 millions d’Haïtiens n’ont pas accès aux services d’eau.
L’analyse de la couverture en eau potable en Haïti, de 1980 à 2003, révèle, cependant, une amélioration globale de la couverture pour le pays qui est passé de moins de 20 % en 1980 à 52,3 % en 2003, selon les données fournies par l’OPS/OMS. Cette amélioration au niveau global est due d’abord à l’amélioration enregistrée dans le milieu rural où le taux de couverture est passé de moins de 10 % en 1980 à 51,6 % en 2003. Au niveau des villes secondaires, il n’y a pas eu de grand changement, le niveau de couverture ayant passé de 48 % environ à 50,1 %. Dans la zone métropolitaine, le taux de couverture est passé d’environ 48 % en 1980 à 58,3 % en 2003.
Il convient de noter que ces chiffres renvoient à l’accès aux services : ils ne reflètent pas nécessairement la qualité et la fiabilité de ces derniers, deux facteurs essentiels en matière de santé publique.
Par ailleurs, seulement un logement sur cinq a accès à un fournisseur d’eau courante, mais il y a des différenciations importantes selon le milieu de résidence, le type de logement et le niveau de revenu. Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, un tiers des logements a accès à un fournisseur d’eau courante (IHSI/ECVH, 2001).
La plus grande partie de la population en zone métropolitaine reçoit de l’eau d’une manière discontinue. Dans certaines zones, les habitants reçoivent de l’eau quotidien- nement, mais dans la plupart des cas ils en reçoivent seulement deux fois par semaine et pendant quelques heures par jour. Selon Lilian Saade (2005), le manque de service est attribué principalement: 1) aux pertes physiques (estimées à 60 %) associées à l’âge du système de distribution et au piquage d’eau, 2) aux interruptions de l’énergie, surtout dans le cas des puits et des pompes et 3) la pollution des sources d’eau (Saade, citant la US Army Corps of Engineers, 1999). En plus des lacunes de la desserte, le système est confronté à d’autres déficiences, souvent dues au manque d’entre- tien des infrastructures. Ainsi, la dégradation des réseaux provoque des pertes en chemin importantes.
Qualité de l’eau
Parmi les trois organismes publics de distribution d’eau (Camep, Snep et Pochep), seule la Camep dispose d’un laboratoire de contrôle de la qualité de l’eau potable (Lilian Saade, 2005). Ce laboratoire est équipé pour faire des analyses bactériologiques et physico- chimiques de l’eau potable et il effectue en moyenne 22 analyses par jour. Selon l’étude Lilian Saade portant sur les services d’eau potable et d’assainissement en Haïti et publiée par la Cepal en 2005, le seul traitement en vigueur était la désinfection à l’aide de l’hypo- chlorite de calcium, qui a, cependant, l’inconvénient d’aggraver l’alcalinité déjà excessive de l’eau des sources captées du bassin versant du Morne de l’Hôpital (Saade, citant OPS/OMS, 2001).
D’après les études de l’OPS/OMS, on a constaté que pour les réseaux de source, des paramètres tels que les bactéries totales et les coliformes totaux sont apparus comme inacceptables et pour d’autres paramètres, il n’y a même pas d’informations. Par contre, il est considéré que la qualité de l’eau en zone rurale au niveau des sources est acceptable, en tenant compte des coliformes totaux, mais qu’elle ne l’est pas dans le cas des fontaines (Texeira cité par Saade, 2005).
Le diagnostic de la situation, en termes d’accès à l’eau courante en Haïti, démontre qu’il n’y a pas de pénurie d’eau douce dans le pays, mais plutôt une répartition inégale et une mauvaise gestion de ces ressources. D’après les projections du Pnud (Lilian Saade, 2005), si les tendances observées ces dernières années se poursuivent, il sera probable pour Haïti « toutes choses égales par ailleurs » d’atteindre l’objectif de réduire de moitié le pourcentage de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable en 2015.
Néanmoins, même si les projets envisagés se réalisent, environ un tiers de la population serait encore privé de ce service en 2015. Ce qui démontre la somme des efforts à accomplir pour satisfaire les besoins des ménages non desservis.
mercredi 15 novembre 2006
gwotoro- Super Star
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Nombre de messages : 3974
Localisation : Canada
Date d'inscription : 20/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: le balancier
Re: Accès à l’eau potable: beaucoup à faire en Haïti
Hier soir on montrait à la television une nouvelle machine pouvant convertir l'hydrogene en eau potable pour alimenter les sinistrés durant les tempetes et les cyclones.Pourquoi ne peut-on pas desalterer les haitiens en convertisant l'eau de la mer en eau potable?Ou sont les savants haitiens?Neg ki di yo fo pase ralfor yo.Neg ki di ke pep la se moun bet ki paka shwasi moun ki pou dirije peyi ya. kote sa nou envente pou nou bayo dlo pou yo bwè.
Rodlam Sans Malice- Super Star
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Nombre de messages : 11114
Localisation : USA
Loisirs : Lecture et Internet
Date d'inscription : 21/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: Stock market
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