Haiti en Marche: CEP-Lavalas, la guerre des chefs
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Haiti en Marche: CEP-Lavalas, la guerre des chefs
CEP-Lavalas: La guerre des chefs
PORT-AU-PRINCE, 15 Février - L'affaire est restée d'un bout à l'autre une querelle entre différentes personnalités politiques: d'un côté institution électorale versus parti Fanmi Lavalas et de l'autre, état-major Lavalas contre un autre état-major Lavalas. En un mot, une querelle des chefs.
A aucun moment le grand public n'a été sollicité au-delà de l'intérêt suscité dans les médias (ceux-ci plus avides de sensationnalisme) et des multiples interrogations de l'homme de la rue bien que considéré généralement comme plus sensible à la tendance Lavalas.
Aussi les barrages de sécurité placés par les forces de l'ordre (Police nationale et casques bleus onusiens) devant le siège du Conseil électoral provisoire (CEP), à Delmas, sont-ils restés jusqu'à présent sans objet, seulement une nuisance obligée pour les résidents des quartiers alentour.
Et une manifestation tenue vendredi (13 février), la deuxième en moins d'une semaine, au nom du parti Fanmi Lavalas, n'a pas eu le succès escompté par ses organisateurs... et redouté par les autorités.
De toute évidence, le citoyen que l'on voit partout ailleurs dans le monde (comme actuellement en Guadeloupe) reprendre la situation en main, y compris aux Etats-Unis par l'élection du premier noir président sous la devise " yes, we can ", le voici qui est en Haïti repoussé de côté en faveur des intérêts politiciens et sectaires.
Comme un gâteau...
Fanmi Lavalas reste (jusqu'à preuve du contraire) l'organisation politique la plus populaire. Mais on voit ses barons et baronnes (ou plutôt ses petits marquis) se jeter sur cette popularité comme un gâteau, et avec une telle avidité qu'ils finiront soit par faire chavirer la barque, soit par s'étranger les uns les autres.
En effet, aujourd'hui le seul suspense se trouve entre ces deux dernières alternatives, mais le sort du parti lui-même en est jeté. Fanmi Lavalas de plus en plus n'appartient aux masses populaires que de réputation et est devenu comme tous ses adversaires, et comme tous les partis politiques haïtiens de toujours, un petit groupe d'intérêts. Et de petits intérêts.
Avec la différence que couvrant la plus grande part du secteur populaire, c'est un immense gâteau qui peut faire place à plus d'un, ou trois ou quatre ou davantage de ces groupes et plus ceux-ci se multiplient, plus les intérêts deviennent plus insaisissables.
Le divisez pour régner...
La faute en est en partie à son fondateur, l'ex-curé de Cité Soleil, Jean-Bertrand Aristide, qui n'a jamais voulu en faire un mouvement organisé avec un leadership déclaré - en-dehors de lui-même, un comité directeur effectif et des sections départementales bien définies. Cela soit par formation personnelle ou déformation professionnelle, soit pratiquant le divisez pour régner en exploitant justement le même appétit glouton montré aujourd'hui par ses créatures.
Le peuple c'est le spectateur qui attend et qu'on invite lorsque la situation l'exige.
Nous n'entendons point que c'est là toute la signification qu'il avait aux yeux d'Aristide lui-même (qui a été forcé à l'exil en février 2004), car on ne saurait nier que les masses vouent à ce dernier une affection presque sans égale. Et rien ne permet aujourd'hui encore d'en douter. Mais c'est la façon dont s'établit la correspondance entre le peuple et son idole. Liaison directe sans aucun intercesseur. Un seul dieu en deux personnes. Un être manque et tout est dépeuplé. Après moi, le néant!
Les appuis font défaut...
Il faut aux leaders une sacrée dose de détachement de soi et d'honnêteté intellectuelle pour ne pas y sombrer. Or ces vertus chez nous semblent plutôt rares. Les chefs de parti préfèrent se séparer de tous leurs lieutenants et associés, voire de leur propre famille, pour garder intact le monopole du pouvoir décisionnel, celui-ci ne serait-il que symbolique.
Le résultat est que l'édifice menace de s'écrouler dès que le sommet disparaît. Le matériau est bon (c'est-à-dire l'engagement populaire), mais les appuis font défaut, ne sont pas suffisamment solides. Et sous la moindre poussée, patatras.
Fanmi Lavalas n'est pas au pouvoir aujourd'hui mais il constitue un gâteau unique en son genre, étant le seul à bénéficier d'une adulation populaire.
Mais le contraire est vrai aussi. Par exemple, celui que la presse étrangère donne comme le plus susceptible de bénéficier d'un éclatement du parti d'Aristide, c'est LESPWA qui avait été créé pour endosser la candidature du président Préval en février 2006.
Une relation de vases communicants...
LESPWA est au pouvoir mais il est difficile de rencontrer un de ses partisans qui ne soit un membre du gouvernement ou du parlement ou de l'establishment politique actuel.
Par conséquent ici également le citoyen n'est pas au centre de la démarche. LESPWA souhaiterait peut-être établir avec Lavalas une relation de vases communicants. Dans le principe, ce ne serait peut-être pas regrettable, le premier se veut un parti de cadres d'appartenance classe moyenne et d'origine populaire, le second a une large base populaire comme on sait. Et sur le plan idéologique, s'il en est, la distance n'est peut-être pas énorme.
Mais la politique ne répond pas à des calculs aussi sommaires. La preuve c'est que Fanmi Lavalas préférerait peut-être faire hara-kiri (comme cela d'ailleurs a commencé) que mélanger ses pinceaux avec quelqu'un d'autre. Quant à ses ennemis jurés, les partis de l'ex-opposition (OPL, Fusion etc). Enfin, qui sait? En tout cas ceux-ci gardent un mutisme total à l'occasion de ces événements. Peut-être redoutant eux aussi que la manœuvre entreprise par le Conseil électoral ne puisse profiter qu'au parti présidentiel qui dès lors aurait moins besoin de pratiquer la " coalition ".
Leurs seules ambitions pour agenda...
Conclusion: les chefs n'ont aujourd'hui que leurs seules ambitions pour agenda. Le citoyen reste en spectateur. Que ce soit à l'intérieur du pouvoir, ou à l'extérieur où Lavalas est seul en ce moment, mais au lieu d'en profiter à l'heure où des élections en temps de crise aussi aigue doivent profiter à l'opposition, le parti d'Aristide, souffrant d'un complexe d'orphelin, a un comportement soit d'enfant mal élevé (ses cadres politiques), soit inconsolable comme le sont les masses dont la distance avec les événements en cours est palpable.
Haïti en Marche, 15 Février
gwotoro- Super Star
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