Les Républicains sont de mauvais perdants(Slate.fr)
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Les Républicains sont de mauvais perdants(Slate.fr)
Les Républicains sont de mauvais perdants
Pourquoi font-ils la tête quand ils ne sont pas au pouvoir?
jeudi 21 mai 2009
En tant que démocrate et Washingtonien de longue date, j'ai toujours trouvé la capitale fédérale plus stimulante sous gouvernement républicain. En partie parce que je suis journaliste et que les mandats républicains offrent, du point de vue journalistique, une cible plus croustillante, et pas seulement pour les progressistes. Mais surtout parce que, quand ils ne détiennent pas le pouvoir, les républicains font des pieds et des mains pour pourrir la vie de tous les autres. Alors que les démocrates ont la défaite piteuse, les républicains l'ont amère et revancharde.
Pour preuve, la façon dont l'ancien vice-président Dick Cheney tire à boulets rouges sur l'administration Obama. Qui exposerait les États-Unis aux attaques terroristes (même si la dernière attaque est survenue sous le gouvernement auquel appartenait Cheney); qui creuserait le déficit budgétaire (même si Cheney déclarait autrefois au secrétaire au Trésor de l'époque, Paul O'Neill, que «Reagan avait prouvé que les déficits n'avaient pas d'importance»); qui serre la main d'Hugo Chávez (même si le maître à penser de Cheney, Don Rumsfeld, a été immortalisé serrant la pince à Saddam Hussein); et qui ne réserve pas les plans de sauvetage au seul secteur financier (même si, quatre mois plus tôt, Cheney tançait les républicains du Congrès qui s'opposaient au sauvetage de l'industrie automobile). Lorsque l'ancien vice-président Al Gore avait critiqué la hâte avec laquelle l'administration Bush voulait se lancer dans une guerre préventive contre l'Irak, il avait provoqué bien des froncements de sourcils. Et encore, il s'était permis cette sortie un an et huit mois après la première élection de Bush. Cheney, lui, a fait une croix sur sa réserve deux semaines après la prestation de serment d'Obama.
On connaît la chanson. Les républicains ont harcelé Bill Clinton pendant six ans à propos de ses investissements immobiliers douteux [en 1978] dans l'affaire Whitewater, jusqu'à ce qu'un procureur indépendant conclue, quatre mois avant que Clinton ne quitte la présidence, qu'il n'avait commis aucun délit. Puis, cet acharnement s'est porté sur le parjure et l'infidélité du Président [dans l'affaire Lewinsky]. Menacé de destitution, Clinton a finalement été repêché par le Sénat. Face à cela, c'est à peine si les démocrates ont grincé des dents quand il a été établi que George W. Bush s'était rendu coupable de délit d'initié lors d'une vente d'actions [Harken] en 1990, et qu'il avait été considéré comme déserteur en 1972, alors qu'il faisait son service militaire dans la Texas Air National Guard.
Lorsque Clinton a présenté sa première réforme d'envergure au Congrès, celle du système de santé, le stratège républicain Bill Kristol a exhorté ceux de son camp à n'accepter aucun compromis «les yeux fermés». Alors qu'Obama s'apprête aujourd'hui à présenter son propre projet de réforme de la santé, l'histoire se répète : le stratège républicain Frank Luntz a déjà mis au point les différentes techniques d'intimidation à lui opposer. En comparaison, quand Bush fils a présenté au Congrès son premier (et presque unique) grand projet de loi intérieure -la réforme du système éducatif, le No Child Left Behind- des démocrates tels que le représentant George Miller et le sénateur Ted Kennedy l'ont soutenu.
Au cours du premier mandat de Clinton, le chef de l'opposition à la chambre des représentants, Dick Armey (Texas) n'a pas eu peur de déclarer aux démocrates : «Pour nous, votre Président ne compte pas». Je ne me souviens pas d'un seul démocrate qui ait pu suggérer que Debeuliou n'était pas leur Président, ni quand celui-ci n'a pas recueilli la majorité des suffrages exprimés lors de sa première élection [en 2000], ni quand son taux de satisfaction est tombé sous la barre des 25% lors de son second mandat.
Cette différence de comportement tient, je crois, à deux raisons.
1. En matière de défaite électorale, les démocrates ont davantage d'expérience. Au cours des 40 dernières années, les républicains ont remporté sept scrutins présidentiels. Les démocrates, quatre, et à chaque fois dans des circonstances qui leur étaient exceptionnellement favorables (dans la foulée du Watergate en 1976; pendant une reprise économique poussive en 1992; en plein boom en 1996; et en pleine récession en 2008). Dans les années 1980, les démocrates croyaient si peu aux chances de victoire qu'Horace Busby, ancien conseiller du président Lyndon Johnson, avait calculé que la composition du collège des grands électeurs [à la base des élections présidentielles aux États-Unis] rendait mathématiquement impossible toute victoire démocrate. Cette théorie du «verrouillage électoral» fut largement acceptée jusqu'à l'élection de Bill Clinton, en 1992, après une mauvaise passe de 12 ans. Ainsi, quand les républicains perdent une élection présidentielle, c'est tout leur système qui est ébranlé. Quand les démocrates perdent, ils sont simplement confortés dans leur vision tragique de la vie.
2. Tandis que les démocrates abordent les élections comme un moyen au service d'une fin, les républicains y voient une fin en soi. Et pour cause, les uns et les autres ne se font pas la même idée de l'État fédéral: les démocrates entendent le mettre au service de l'intérêt général, pendant que les républicains cherchent à endiguer sa capacité de nuisance. Comme le déclarait Ronald Reagan lors de son discours d'investiture en 1981: «En ces temps de crise, l'État n'est pas la solution, il est le problème.» Conséquence de ces différents points de vue, les démocrates ont tendance à favoriser le consensus (en ce que l'action, aussi limitée soit-elle, est toujours préférable à l'inaction), et les républicains, à créer des impasses (vues comme un moyen sûr d'affaiblir la puissance étatique). Ces trente dernières années, ces positions respectives se sont cependant inversées en politique étrangère : les républicains privilégient la méthode agressive et unilatérale, tandis que les démocrates se montrent prudents et diplomates. Mais ce sont les affaires intérieures qui déterminent les politiques à mener et qui, de ce fait, mobilisent les politiciens. Aspirant à bien peu si ce n'est à la réduction des impôts, les républicains considèrent l'arsenal fédéral avant tout comme une machine à favoritisme, qui perd tout intérêt quand ils ne sont pas aux commandes. Pourquoi se fatigueraient-ils pour rien ?
Tout cela risque de mettre à mal la promesse qu'a faite Obama d'apaiser les clivages partisans. Cela dit, avec une confortable majorité à venir au Sénat [60 sièges sur 100], une fois que la justice aura tranché pour les résultats du vote au Minnesota, le Président sera peut-être tout bonnement libéré de cette promesse.
Timothy Noah
Traduit par Chloée Leleu
Pourquoi font-ils la tête quand ils ne sont pas au pouvoir?
jeudi 21 mai 2009
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En tant que démocrate et Washingtonien de longue date, j'ai toujours trouvé la capitale fédérale plus stimulante sous gouvernement républicain. En partie parce que je suis journaliste et que les mandats républicains offrent, du point de vue journalistique, une cible plus croustillante, et pas seulement pour les progressistes. Mais surtout parce que, quand ils ne détiennent pas le pouvoir, les républicains font des pieds et des mains pour pourrir la vie de tous les autres. Alors que les démocrates ont la défaite piteuse, les républicains l'ont amère et revancharde.
Pour preuve, la façon dont l'ancien vice-président Dick Cheney tire à boulets rouges sur l'administration Obama. Qui exposerait les États-Unis aux attaques terroristes (même si la dernière attaque est survenue sous le gouvernement auquel appartenait Cheney); qui creuserait le déficit budgétaire (même si Cheney déclarait autrefois au secrétaire au Trésor de l'époque, Paul O'Neill, que «Reagan avait prouvé que les déficits n'avaient pas d'importance»); qui serre la main d'Hugo Chávez (même si le maître à penser de Cheney, Don Rumsfeld, a été immortalisé serrant la pince à Saddam Hussein); et qui ne réserve pas les plans de sauvetage au seul secteur financier (même si, quatre mois plus tôt, Cheney tançait les républicains du Congrès qui s'opposaient au sauvetage de l'industrie automobile). Lorsque l'ancien vice-président Al Gore avait critiqué la hâte avec laquelle l'administration Bush voulait se lancer dans une guerre préventive contre l'Irak, il avait provoqué bien des froncements de sourcils. Et encore, il s'était permis cette sortie un an et huit mois après la première élection de Bush. Cheney, lui, a fait une croix sur sa réserve deux semaines après la prestation de serment d'Obama.
On connaît la chanson. Les républicains ont harcelé Bill Clinton pendant six ans à propos de ses investissements immobiliers douteux [en 1978] dans l'affaire Whitewater, jusqu'à ce qu'un procureur indépendant conclue, quatre mois avant que Clinton ne quitte la présidence, qu'il n'avait commis aucun délit. Puis, cet acharnement s'est porté sur le parjure et l'infidélité du Président [dans l'affaire Lewinsky]. Menacé de destitution, Clinton a finalement été repêché par le Sénat. Face à cela, c'est à peine si les démocrates ont grincé des dents quand il a été établi que George W. Bush s'était rendu coupable de délit d'initié lors d'une vente d'actions [Harken] en 1990, et qu'il avait été considéré comme déserteur en 1972, alors qu'il faisait son service militaire dans la Texas Air National Guard.
Lorsque Clinton a présenté sa première réforme d'envergure au Congrès, celle du système de santé, le stratège républicain Bill Kristol a exhorté ceux de son camp à n'accepter aucun compromis «les yeux fermés». Alors qu'Obama s'apprête aujourd'hui à présenter son propre projet de réforme de la santé, l'histoire se répète : le stratège républicain Frank Luntz a déjà mis au point les différentes techniques d'intimidation à lui opposer. En comparaison, quand Bush fils a présenté au Congrès son premier (et presque unique) grand projet de loi intérieure -la réforme du système éducatif, le No Child Left Behind- des démocrates tels que le représentant George Miller et le sénateur Ted Kennedy l'ont soutenu.
Au cours du premier mandat de Clinton, le chef de l'opposition à la chambre des représentants, Dick Armey (Texas) n'a pas eu peur de déclarer aux démocrates : «Pour nous, votre Président ne compte pas». Je ne me souviens pas d'un seul démocrate qui ait pu suggérer que Debeuliou n'était pas leur Président, ni quand celui-ci n'a pas recueilli la majorité des suffrages exprimés lors de sa première élection [en 2000], ni quand son taux de satisfaction est tombé sous la barre des 25% lors de son second mandat.
Cette différence de comportement tient, je crois, à deux raisons.
1. En matière de défaite électorale, les démocrates ont davantage d'expérience. Au cours des 40 dernières années, les républicains ont remporté sept scrutins présidentiels. Les démocrates, quatre, et à chaque fois dans des circonstances qui leur étaient exceptionnellement favorables (dans la foulée du Watergate en 1976; pendant une reprise économique poussive en 1992; en plein boom en 1996; et en pleine récession en 2008). Dans les années 1980, les démocrates croyaient si peu aux chances de victoire qu'Horace Busby, ancien conseiller du président Lyndon Johnson, avait calculé que la composition du collège des grands électeurs [à la base des élections présidentielles aux États-Unis] rendait mathématiquement impossible toute victoire démocrate. Cette théorie du «verrouillage électoral» fut largement acceptée jusqu'à l'élection de Bill Clinton, en 1992, après une mauvaise passe de 12 ans. Ainsi, quand les républicains perdent une élection présidentielle, c'est tout leur système qui est ébranlé. Quand les démocrates perdent, ils sont simplement confortés dans leur vision tragique de la vie.
2. Tandis que les démocrates abordent les élections comme un moyen au service d'une fin, les républicains y voient une fin en soi. Et pour cause, les uns et les autres ne se font pas la même idée de l'État fédéral: les démocrates entendent le mettre au service de l'intérêt général, pendant que les républicains cherchent à endiguer sa capacité de nuisance. Comme le déclarait Ronald Reagan lors de son discours d'investiture en 1981: «En ces temps de crise, l'État n'est pas la solution, il est le problème.» Conséquence de ces différents points de vue, les démocrates ont tendance à favoriser le consensus (en ce que l'action, aussi limitée soit-elle, est toujours préférable à l'inaction), et les républicains, à créer des impasses (vues comme un moyen sûr d'affaiblir la puissance étatique). Ces trente dernières années, ces positions respectives se sont cependant inversées en politique étrangère : les républicains privilégient la méthode agressive et unilatérale, tandis que les démocrates se montrent prudents et diplomates. Mais ce sont les affaires intérieures qui déterminent les politiques à mener et qui, de ce fait, mobilisent les politiciens. Aspirant à bien peu si ce n'est à la réduction des impôts, les républicains considèrent l'arsenal fédéral avant tout comme une machine à favoritisme, qui perd tout intérêt quand ils ne sont pas aux commandes. Pourquoi se fatigueraient-ils pour rien ?
Tout cela risque de mettre à mal la promesse qu'a faite Obama d'apaiser les clivages partisans. Cela dit, avec une confortable majorité à venir au Sénat [60 sièges sur 100], une fois que la justice aura tranché pour les résultats du vote au Minnesota, le Président sera peut-être tout bonnement libéré de cette promesse.
Timothy Noah
Traduit par Chloée Leleu
piporiko- Super Star
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Age : 54
Localisation : USA
Opinion politique : Homme de gauche,anti-imperialiste....
Loisirs : MUSIC MOVIES BOOKS
Date d'inscription : 21/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: L'impulsif
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