Salaire minimum : Tout plaide en faveur des 200 gourdes Par Fritz Deshommes
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Salaire minimum : Tout plaide en faveur des 200 gourdes Par Fritz Deshommes
Salaire minimum : Tout plaide en faveur des 200 gourdes
Par Fritz Deshommes
Au moment où la Chambre des Députés
va se pencher sur les objections du Chef de l’Etat, il est opportun de
faire une récapitulation des questions pertinentes, des données
recueillies et des enjeux fondamentaux tels qu’ils se présentent à
travers le débat sur le salaire minimum. De quoi s’agit-il
exactement ? Quels critères prendre en compte pour déterminer le
niveau de ce salaire minimum ? De quelles données dispose-t-on sur le
minimum vital dans la zone métropolitaine ? Quel devrait être le niveau
du salaire minimum si la loi était régulièrement appliquée ? Est-il
vrai que les 200.00 gourdes proposées sont susceptibles de créer du
chômage massif ? Ou peuvent être un vecteur d’inflation ? Pourquoi
l’Etat appuie-t-il la position du patronat ? Quelles sont les
dispositions prises par l’Etat pour lutter contre le chômage, créer
des emplois, exploiter la loi Hope II à son maximum ? Autant de
questions que le texte qui suit se propose d’aborder en mettant
l’accent essentiellement sur le secteur de la sous-traitance.
</li>
Au delà des questions comptables
et financières, un argument auquel nous devons tous être sensibles :
l’augmentation à 200.00 gourdes risque-t-elle d’entrainer des pertes
d’emplois ou de « ruiner » le secteur de la sous-traitance ? On l’a
affirmé haut et fort mais personne n’a su le prouver. Les premiers
concernés, les industriels, qui ont lancé le débat, se gardent de fournir des données pertinentes à ce sujet et s’y opposent même4.
Même le Président de la République, dont on connait la position sur le
dossier, ne s’en est sorti que par un dubitatif « peut-être » sur ce
point, dans sa première lettre aux parlementaires5. Et les
arguments les plus bruyants en la circonstance sont plutôt navrants :
spots publicitaires d’une association de chômeurs
« national-nationaux », apparue brusquement sur la scène, sans adresse
connue et suffisamment argentée pour en assurer une diffusion
massive ; séquences télévisées d’entretien avec un « industriel
dominicain », désœuvré, qui dit tout le mal qu’il pense d’une
augmentation de salaire minimum, au même moment où le propre
gouvernement dominicain choisit de le faire passer a US $9.00/jour.
S’il était vrai que la hausse à
200.00 gourdes du salaire minimum était susceptible de faire perdre
des emplois, pourquoi le secteur patronal ne s’est-il pas acharne à le
démontrer ? pourquoi ne s’est-il pas mis à nous assommer de chiffres,
de données, de faits pour nous convaincre de la justesse de sa
position ? Pourquoi, des le debut, il y a un peu plus de deux ans, ne
s’est-il pas attelé a prendre l’opinion publique, la presse, le
gouvernement, a témoin des dangers de ce qui n’était a l’époque
qu’une simple proposition ? Pourquoi avait-il préféré bouder toutes
les invitations du parlement ? Pourquoi lorsqu’il s’était avéré que la
Chambre des Députés prenait le dossier au sérieux ne s’est-il pas
réveillé ? Pourquoi après l’adoption du projet de loi a la Chambre
basse ne s’est-il pas rattrapé au niveau du Senat ? Pourquoi
fallait-il attendre que la loi soit votée par les deux chambres pour
se mettre en position de protestation tonitruante ? Pourquoi même en
faisant appel au Président de la République, ne s’est-il pas cette fois
encore mis en quatre pour nous convaincre, données a l’appui ? Pourquoi
même le président de la république lui-même n’a pas pu être convaincu,
si vrai que malgré son soutien sans faille, il n’a pu se contenter que
d’un « peut-être » lorsqu’il s’est posé la question de savoir si les
200.00 gourdes vont générer des pertes d’emploi ?
Pourquoi les services compétents
de l’Etat se sont montrés si réticents, si silencieux dans le débat ?
Pourquoi le Directeur General de la DGI a pu s’offrir le luxe de
bouder une invitation/convocation du Chef de l’Etat à propos justement
des données de bilan financier ? Pourquoi les Ministères des Affaires
Sociales, du Commerce et de l’Industrie, de l’Economie et des Finances
ne sont-ils pas venus à la rescousse du Chef de l’Etat pour démontrer
par des études pertinentes et incontestables qu’effectivement
l’augmentation à deux cents gourdes serait cause de pertes massives
d’emplois ? Et lorsque finalement les parlementaires ont pu, à la DGI,
accéder aux documents comptables des entreprises de sous-traitance,
c’était pour « découvrir le pot aux roses 6», comme l’a
annoncé « le Nouvelliste » : la plupart des bilans déclarés sont faux,
inconsistants. Des entreprises qui perdent de l’argent tous les ans et
continuent à investir régulièrement. Ce qui confirme ce que l’on savait
déjà : la plupart des commerçants et industriels de la place
fonctionnent avec une double ou triple comptabilité, une pour la DGI,
une pour la banque, une pour eux-mêmes. A l’occasion nous avions
ressuscité un article paru il y a 23 ans, citant la banquière Gladys
Coupet qui s’en prenait aux « bilans-contributions » de nos hommes
d’affaires7.
Par Fritz Deshommes
Au moment où la Chambre des Députés
va se pencher sur les objections du Chef de l’Etat, il est opportun de
faire une récapitulation des questions pertinentes, des données
recueillies et des enjeux fondamentaux tels qu’ils se présentent à
travers le débat sur le salaire minimum. De quoi s’agit-il
exactement ? Quels critères prendre en compte pour déterminer le
niveau de ce salaire minimum ? De quelles données dispose-t-on sur le
minimum vital dans la zone métropolitaine ? Quel devrait être le niveau
du salaire minimum si la loi était régulièrement appliquée ? Est-il
vrai que les 200.00 gourdes proposées sont susceptibles de créer du
chômage massif ? Ou peuvent être un vecteur d’inflation ? Pourquoi
l’Etat appuie-t-il la position du patronat ? Quelles sont les
dispositions prises par l’Etat pour lutter contre le chômage, créer
des emplois, exploiter la loi Hope II à son maximum ? Autant de
questions que le texte qui suit se propose d’aborder en mettant
l’accent essentiellement sur le secteur de la sous-traitance.
- On ne dit pas assez que le salaire
minimum réfère à la rémunération minimale qu’un employeur doit octroyer
à son employé pour un temps donné de travail. Suivant les pays, il peut
s’exprimer en heure, jour, semaine, mois et se différencier par branche
et/ou par région. Dans tous les cas, il vise à garantir à l’ouvrier, au
travailleur, un niveau de revenus qui lui permette de satisfaire à ses
besoins fondamentaux et à ceux de sa famille immédiate (alimentation,
logement, habillement, éducation), de reproduire sa force de travail,
de demeurer un ouvrier. - Ce minimum a fait l’objet de
diverses estimations pour la zone métropolitaine de Port-au-Prince. La
plus conservatrice est celle du Ministère des Affaires Sociales qui,
l’année dernière déjà, l’a calculé à 300.00 gourdes. Les 200.00
gourdes proposées sont donc en deçà de ce minimum vital et constituent
simplement un pas dans la bonne direction. - Comparées au salaire minimum
légal encore en vigueur (70.00 gourdes), les 200.00 gourdes pourraient
paraitre exagérées d’un point de vue comptable ou financier car elles
impliquent une augmentation brusque de 185%. Par contre, il faut noter
que : - Si les règles du jeu en la matière
étaient prises en compte, plus précisément si l’article du Code du
Travail, prescrivant l’ajustement automatique du salaire minimum
chaque fois que le taux d’inflation atteint 10%, était respecté, le
salaire minimum légal en 2009 aurait été de 195 gourdes, selon
l’économiste Kathleen Dorsainvil1. Cette dernière a montré
que le non-respect de la loi constitue une subvention faite aux patrons
au détriment des ouvriers. Leslie Péan a estimé le montant de cette
subvention à 44 millions de dollars américains pour les 5 dernières
années2. - Le secteur patronal a toujours
insisté sur le fait que les 70 gourdes ne sont guère plus la norme et
même que la plupart des ouvriers atteignent pratiquement les 200.00
gourdes ou presque. Selon une étude réalisée par le « Strategic
Management Group » commanditée par l’ADIH sur le secteur de la
sous-traitance, les ouvriers qui actuellement gagnent le salaire de
70.00 gourdes ne dépassent pas 9% du total et constituent
essentiellement des ouvriers à l’essai. En fonction de leur
productivité, 53% du total des ouvriers gagnent un salaire journalier
moyen de 154 gourdes et 38% gagnent déjà plus de 200.00 gourdes, soit
218.00 gourdes, explique l’étude. Il est vrai que les données relatives
au temps de travail ne sont pas indiquées et que le risque est grand de
confondre productivité du travail et intensité du travail. Cela dit, le
salaire moyen pondéré actuellement en vigueur serait de 173.00 gourdes3. - L’année dernière, sur ce même
dossier du salaire minimum, la Commission Tripartite regroupant
patrons, ouvriers et l’Etat s’était mise d’accord sur un salaire
minimum de 150-160 gourdes. C’est-a-dire que le secteur patronal
s’était engagé à payer 150-160 gourdes de salaire minimum. Ce barème
lui paraissait déjà raisonnable et profitable, il y a un an. - L’histoire récente des hausses
de salaire minimum a toujours pris cette allure : de 15 gourdes à 36
gourdes en 1994, soit plus du double d’un seul coup ; de 36 gourdes a
70 gourdes en 2003, près du double encore une fois. Ce n’aurait pas
été la première fois que l’augmentation de salaire minimum aurait pris
cette forme apparemment brusque et déraisonnable. La vraie déraison
est le non-ajustement par rapport à l’inflation et le non-respect de
la loi.
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et financières, un argument auquel nous devons tous être sensibles :
l’augmentation à 200.00 gourdes risque-t-elle d’entrainer des pertes
d’emplois ou de « ruiner » le secteur de la sous-traitance ? On l’a
affirmé haut et fort mais personne n’a su le prouver. Les premiers
concernés, les industriels, qui ont lancé le débat, se gardent de fournir des données pertinentes à ce sujet et s’y opposent même4.
Même le Président de la République, dont on connait la position sur le
dossier, ne s’en est sorti que par un dubitatif « peut-être » sur ce
point, dans sa première lettre aux parlementaires5. Et les
arguments les plus bruyants en la circonstance sont plutôt navrants :
spots publicitaires d’une association de chômeurs
« national-nationaux », apparue brusquement sur la scène, sans adresse
connue et suffisamment argentée pour en assurer une diffusion
massive ; séquences télévisées d’entretien avec un « industriel
dominicain », désœuvré, qui dit tout le mal qu’il pense d’une
augmentation de salaire minimum, au même moment où le propre
gouvernement dominicain choisit de le faire passer a US $9.00/jour.
200.00 gourdes du salaire minimum était susceptible de faire perdre
des emplois, pourquoi le secteur patronal ne s’est-il pas acharne à le
démontrer ? pourquoi ne s’est-il pas mis à nous assommer de chiffres,
de données, de faits pour nous convaincre de la justesse de sa
position ? Pourquoi, des le debut, il y a un peu plus de deux ans, ne
s’est-il pas attelé a prendre l’opinion publique, la presse, le
gouvernement, a témoin des dangers de ce qui n’était a l’époque
qu’une simple proposition ? Pourquoi avait-il préféré bouder toutes
les invitations du parlement ? Pourquoi lorsqu’il s’était avéré que la
Chambre des Députés prenait le dossier au sérieux ne s’est-il pas
réveillé ? Pourquoi après l’adoption du projet de loi a la Chambre
basse ne s’est-il pas rattrapé au niveau du Senat ? Pourquoi
fallait-il attendre que la loi soit votée par les deux chambres pour
se mettre en position de protestation tonitruante ? Pourquoi même en
faisant appel au Président de la République, ne s’est-il pas cette fois
encore mis en quatre pour nous convaincre, données a l’appui ? Pourquoi
même le président de la république lui-même n’a pas pu être convaincu,
si vrai que malgré son soutien sans faille, il n’a pu se contenter que
d’un « peut-être » lorsqu’il s’est posé la question de savoir si les
200.00 gourdes vont générer des pertes d’emploi ?
de l’Etat se sont montrés si réticents, si silencieux dans le débat ?
Pourquoi le Directeur General de la DGI a pu s’offrir le luxe de
bouder une invitation/convocation du Chef de l’Etat à propos justement
des données de bilan financier ? Pourquoi les Ministères des Affaires
Sociales, du Commerce et de l’Industrie, de l’Economie et des Finances
ne sont-ils pas venus à la rescousse du Chef de l’Etat pour démontrer
par des études pertinentes et incontestables qu’effectivement
l’augmentation à deux cents gourdes serait cause de pertes massives
d’emplois ? Et lorsque finalement les parlementaires ont pu, à la DGI,
accéder aux documents comptables des entreprises de sous-traitance,
c’était pour « découvrir le pot aux roses 6», comme l’a
annoncé « le Nouvelliste » : la plupart des bilans déclarés sont faux,
inconsistants. Des entreprises qui perdent de l’argent tous les ans et
continuent à investir régulièrement. Ce qui confirme ce que l’on savait
déjà : la plupart des commerçants et industriels de la place
fonctionnent avec une double ou triple comptabilité, une pour la DGI,
une pour la banque, une pour eux-mêmes. A l’occasion nous avions
ressuscité un article paru il y a 23 ans, citant la banquière Gladys
Coupet qui s’en prenait aux « bilans-contributions » de nos hommes
d’affaires7.
- On se demande pourquoi l’étude du « Management Strategic Group 8»,
citée plus haut n’a pas fait l’objet d’une plus grande diffusion en
dépit de ses conclusions favorables à la plupart des vues du secteur
patronal (qui en est d’ailleurs le commanditaire) et du prestige de la
firme consultante.
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Re: Salaire minimum : Tout plaide en faveur des 200 gourdes Par Fritz Deshommes
- L’analyse du compte d’exploitation présenté en page 5 de l’étude suggère :
- Le total des ventes indiqué, de
134.1 millions de dollars, pourrait avoir été sous-estimé, si l’on se
réfère aux données de la Banque de la République d’Haïti (Rapport
Annuel 2007)9 et à celles du Département Américain du Commerce, citées par Lesly Péan10. - Les coûts variables, (72.8
millions de dollars US), composés à 87% de la rémunération des
ouvriers, pourraient avoir été surévalués, si certaines informations
fournies en page 5 du rapport ont servi à leur estimation. Il est
assumé, par exemple, que tous les ouvriers accèdent aux avantages
sociaux prévus par le Code du Travail : une journée de repos par
semaine, le paiement des obligations au titre de l’ONA et de l’OFATMA,
boni et congé annuel payés, lesquels représentent plus de 20% de la
masse salariale. D’ailleurs, en ce qui a trait à la journée
hebdomadaire de repos, la même étude présente des fiches de paie
individuelles sur la base de 26 jours /mois et non de 30 jours. - Au niveau des « Charges Fixes
(51 millions de dollars), le poste le mieux pourvu est celui intitulé
« Autres » avec un montant de 24.8 millions de dollars, soit près de
50% du total. Faut-il croire qu’il recèle bien des secrets ? - Le deuxième poste en importance
des charges fixes couvre les « salaire supervision et administration »
pour 13.1 millions de dollars. Sa désagrégation pourrait aider à mieux
comprendre la répartition des salaires au niveau des cadres des
entreprises, surtout quand on sait que les superviseurs haïtiens ne
sont pas substantiellement mieux lotis.
Les considérations qui précèdent
suggèrent que l’amélioration de la qualité des données disponibles,
ainsi que l’exploration des opportunités de restructuration des coûts
pourraient offrir la possibilité de dégager des bénéfices supérieurs
aux 10. 3 millions de dollars indiqués. Et donc de payer
confortablement les 200.00 gourdes de salaire minimum.
Il importe de souligner que les
considérations susmentionnées ne détruisent en rien la qualité du
travail fourni par la firme en question – somme toute très utiles dans
le débat - qui a dû travailler sur la base de données qu’on lui a
fournies.
Cela dit, rien n’indique que le
salaire minimum à 200 gourdes en sous-traitance n’est pas soutenable ou
qu’il va provoquer cette perte massive d’emplois promise par le
secteur patronal. Ce qui est sûr, c’est que :
- Le taux de profit du secteur patronal va diminuer ;
- La part des salaires dans la distribution du revenu national va augmenter ;
- Les inégalités de revenus vont être réduites.
- Mais on peut supposer, même en
l’absence de données convaincantes, que les affirmations du secteur
patronal sont fondées. Cela veut dire simplement que le secteur en
débat, la sous-traitance, n’est viable qu’en offrant des salaires de
misère. Dans ce cas, peut-on parler véritablement d’emplois ? Ne
vaut-il pas mieux utiliser les concepts de sous-emploi ou de chômage
déguisé ? Mais ce n’est pas le plus préoccupant. Le patronat peut
légitimement défendre ses intérêts corporatifs et alerter sur les
conséquences que, selon lui, telle mesure pourrait générer. Ce qui
parait alarmant, c’est l’absence de préoccupation sur cette situation
de ses ouvriers dont il sait bien que les 200gdes refusées ne leur
permettraient guère de satisfaire à leurs besoins les plus primaires.
C’est l’absence de vision et de perspective. C’est qu’il assume
passivement que ses ouvriers ne sont pas de véritables ouvriers, parce
que ne pouvant reproduire leur force de travail. Qu’il ne voit pas le
danger de la précarité existentielle de ses ouvriers. Qu’il ne
réfléchisse sur aucune stratégie qui permettrait de visualiser
concrètement et de manière réaliste le moment et la manière dont
pourraient être créés des emplois véritablement rémunérateurs. Ou
peut-être la réduction des prix des biens -salaires (alimentation,
logement, vêtement, éducation), histoire d’augmenter le pouvoir d’achat
du même salaire. Qu’il ne voit pas ses propres intérêts de long terme
en tant que secteur social spécifique, convaincu que le bien-être de
l’ouvrier conditionne aussi le sien. N’aurait-il pas pu profiter de
cette alliance ouverte avec l’Etat pour porter ce dernier à adopter les
mesures adéquates visant à mieux profiter de la loi HOPE, à favoriser
les investissements nécessaires en locaux, électricité, etc., à
promouvoir les secteurs producteurs de biens-salaires (agriculture,
artisanat, construction, éducation, …) ? Au lieu de s’en tenir à cette
proposition ponctuelle consistant à demander à l’Etat des autobus pour
le transport des ouvriers.
- En abordant la question de manière
très « étroite », d’un simple point de vue « economiciste », sans
aucune considération sociale ou éthique ou morale, l’employeur est le
premier personnage à
avoir intérêt à ce que ses ouvriers se sentent le mieux que possible,
le moins frustré que possible. Car si le processus de production
implique la mise à contribution de tout un ensemble de facteurs et
d’intrants – matières premières, machines et équipements, bâtiments,
électricité, téléphone, main-d’œuvre – le plus important de tous est le
travail. Seul le travail des femmes et des hommes, des patrons, des
cadres, des ouvriers, peut créer de la richesse, transformer les
intrants en un produit nouveau, stimuler la croissance, engendrer des
profits. Tous les autres facteurs, quelle que soit leur valeur
intrinsèque, n’ont la capacité de créer aucune unité de valeur
supplémentaire sans l’intervention du travail humain. Pour
l’employeur, pour la société, pour la création de richesses, pour la
production de profit, pour la croissance, le travail est le facteur le
plus important. Sa permanence, sa bonification, sa « capacitation »
continues sont les sources les plus sures de progrès et de
productivité. Il est donc bizarre que le coût de la main-d’œuvre
provoque des protestations aussi fortes alors que les augmentations
récentes de prix d’autres intrants (comme l’électricité et le
téléphone) sont passées comme une lettre à la poste, même si certaines
d’entre eux se sont produites dans des conditions scandaleuses11.
A titre d’exemple, les dépenses d’énergie constituent avec 8.5
millions de dollars, le 3eme poste le plus important des charges fixes
du compte d’exploitation consolidé du secteur. Ainsi l’amélioration
continue des conditions d’existence des ouvriers devrait alimenter
les préoccupations journalières des patrons dans le cadre de leurs
propres intérêts.
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Jeu de rôle: L'impulsif
Re: Salaire minimum : Tout plaide en faveur des 200 gourdes Par Fritz Deshommes
- Il est vrai que l’Etat lui-même qui
accompagne le patronat dans la bataille contre les 200.00 n’est pas
plus conséquent. Frantz Duval, dans son analyse du projet de budget
2009-2010, note : « Tous les débats de ces derniers jours tournent
autour de la nécessité de ne pas tuer les possibilités de création
d'emplois dans le secteur de la sous-traitance en appliquant tel quel
la loi sur le salaire minimum votée par les deux chambres. Le président
de la République, René Préval, fait campagne comme rarement il l'a fait
en trois ans et les plus grands industriels du secteur sont allés
devant les députés exposer leur point de vue. Pourtant, le dépôt de la
loi de finances pour 2009-2010 ne laisse pas entrevoir que créer des
emplois dans ce secteur ou ailleurs fait partie des priorités du
gouvernement... ni le respect de la hausse annoncée des plus petits
salaires et ses conséquences. Le budget de fonctionnement maigrit et
aucune mesure d'accompagnement de la relance des emplois n'est
perceptible pour créer les 150 à 200 mille jobs promis »12.
Il est également vrai par ailleurs que depuis son avènement en 2006,
le gouvernement peut difficilement se targuer de création d’emplois.
On a plutôt tendance à dire le contraire si l’on se réfère aux
révocations massives survenues dans les entreprises publiques, sans
qu’elles ne puissent se justifier par l’amélioration de la gestion
des dites entreprises.
- Un autre argument de poids a été
évoqué pour contrer le salaire minimum à 200.00 gourdes. L’inflation.
Les prix vont augmenter, nous dit-on. Les prix du transport, indiquent
certains. Le niveau général des prix disent d’autres. Par quels
mécanismes ? Quels en seraient les courroies de transmission ?
L’augmentation de numéraire entre les mains des travailleurs, disent
certains. Soit. Mais il n’y aura aucune augmentation de masse
monétaire. C’est le même revenu global qui sera généré. Seule sa
répartition changera. Un pourcentage plus important ira trouver les
travailleurs. Pourquoi entre les mains des ouvriers devrait-il être
plus inflationniste ?
- En réalité, cette nouvelle
distribution du revenu est beaucoup moins vectrice d’inflation.
D’abord en s’inscrivant en faux contre la concentration des revenus,
elle prémunit contre l’importation de produits de luxe, contre la fuite
des capitaux, contre le gaspillage de ressources nationales. On ne
compte plus les placements risqués de nos compatriotes dans des banques
et institutions financières étrangères et les pertes qui y sont
associées13 : Baninter en République Dominicaine (au moins
25 millions de dollars) ; Stanford au Panama (200 millions de dollars),
Bernard Madoff (on parle de plusieurs centaines de millions), etc.….
Toutes ces sorties de devises rendues possibles par la concentration
des revenus induisent des pressions sur la monnaie nationale,
génératrices d’inflation.
- Par contre, lorsque les couches
nécessiteuses reçoivent un meilleur salaire, elles en profitent pour
diminuer leur niveau de précarité. Elles ont encore suffisamment de
besoins primaires à satisfaire pour ne pas s’orienter vers des biens de
luxe acquis à l’étranger, encore moins la fuite de capitaux. Leurs
dépenses supplémentaires ont encore plus de chances de se porter sur
les produits locaux dont la production pourrait être stimulée.
- Dans cette perspective, on pourrait s’attendre aux résultats suivants :
- Amélioration de la répartition des revenus ;
- Diminution du volume d’importations de luxe ;
- Réduction des fuites de capitaux ;
- Promotion des secteurs de production lies au marche interne ;
- Diminution des tendances inflationnistes ;
- Sans compter les incidences positives
sur la sécurité, sur la stabilité, conditions indispensables pour
attirer de nouveaux investissements nationaux et étrangers, relancer
le tourisme, améliorer le cadre de vie.
- L’adoption d’un salaire plus juste ou
plus décent dans un secteur de production n’est nullement
incompatible avec l’existence d’autres secteurs fonctionnant sur la
base de salaire minima différents. Les différentes composantes de
l’économie nationale ne sont pas uniformes en termes de
productivité, d’environnement, d’exigences intrinsèques. Deux cents
gourdes à Port-au-Prince peuvent générer un pouvoir d’achat moins
important que 150 gourdes aux Abricots. Et il est contreproductif de
croire qu’il faille attendre que tous les secteurs soient capables
d’offrir le même niveau de salaire pour l’adopter dans un autre qui
puisse l’atteindre. Au contraire, son application dans un secteur peut
porter d’autres secteurs à s’en rapprocher, Par exemple, il n’y a
aucune raison pour que l’Etat continue à payer ait ses employés des
appointements inferieurs aux 200.00 gdes par jour. Un simple calcul
montrera que le coût supplémentaire à supporter en la circonstance
représente moins de un pour cent du budget national. Et qu’on n’insinue
pas que l’inflation est à nos portes par le simple fait de rémunérer
un peu plus justement les employés les moins fortunés de la fonction
publique ! Ou va-t-on protester contre les ouvriers du secteur de la
construction dont le salaire minimum atteint déjà ce barème pour les
moins qualifiés ?
A la lumière des considérations
précédentes, rien ne devrait s’opposer à l’adoption des 200.00 gourdes
comme barème pour le salaire minimum dans le secteur de la
sous-traitance.
Tout le monde est d’accord, y compris
le patronat, y compris le Chef de l’Etat, que même les 200.00
gourdes ne suffisent pas à assurer la subsistance de l’ouvrier. Le
Ministere des Affaires Sociales a meme estime qu’il faudrait au moins
300.00 gourdes de salaire journalier. Mieux encore, par simple
application du Code du Travail, ce bareme aurait du déjà du etre en
application. Et les ouvriers auraient pu reclamer les 44 millions de
dollars de manque-a-gagner subis pour non-application de la loi.
Bien entendu il fallait tenir compte
de l’argument selon lequel des pertes massives d’emplois pourraient
etre generees. A l’analyse, aucun protagoniste n’a pu, n’a su, n’a
voulu, le prouver. Ceux qui l’ont affirmé, les industriels, ont refusé
de l’établir. Ceux qui les appuient, comme le Chef de l’Etat, se sont
gardés de l’affirmer.
Par ailleurs, rien n’empêche que des
entreprises à problèmes, comme le sont au moins 8% d’entre elles, si
l’on en croit l’étude du « Strategic Management Group », dont le taux
d’efficience laisse totalement à désirer, fassent l’objet de
considérations spéciales en termes de « mesures d’accompagnement » de
la part de l’Etat pour les aider autant que possible à remonter la
pente. Mais ceci devrait se faire dans le cadre d’une politique bien
comprise, non pas au détriment du barème de 200.00 gourdes. Et ce type
d’entreprises ne devrait pas dicter la norme, par une sorte de
nivellement par le bas.
D’autres arguments ont été évoqués,
comme l’accentuation des pressions inflationnistes susceptibles
d’éroder le pouvoir d’achat. Là encore, les mécanismes n’ont pas été
identifiés.
On a plutôt tout lieu de croire qu’un
salaire minimum à 200.00 gourdes devrait plutôt contribuer à
améliorer la répartition des revenus, diminuer les importations de
luxe, réduire les possibilités de fuite des capitaux et des placements
risques du genre Baninter, Madoff, Stanford, lutter contre certaines
tendances inflationnistes, tout en améliorant le cadre de vie et le
sentiment de précarité des travailleurs. En attendant que d’autres
secteurs et d’autres régions fassent l’objet de débats aussi
passionnants dans la perspective de la création d’emplois productifs et
rémunérateurs et d’une croissance viable, durable et équitable.
- Fritz Deshommes
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Jeu de rôle: L'impulsif
Re: Salaire minimum : Tout plaide en faveur des 200 gourdes Par Fritz Deshommes
Mr Fritz Deshommes,
Permettez-moi de vous feliciter d'abord pour cette
analyse plaidoierie en faveur des 200 gourdes journaliers de salaire
minimum. A date, tout ce qui avait ete lu sur le sujet en faveur des
200 gourdes etait surtout empreint d'emotion et d'emotions seulement, y
compris malheureusement, le texte de l'economiste Lesli Pean sur le
sujet.
Votre analyse aura le merite, Mr Deshommes,
d'avancer des arguments favorables aux 200 gourdes, certes, mais
toutefois denues de cette touche emotionelle qui a caracterise les
textes de tous ceux qui ont voulu faire le meme playdoyer auparavant.
Je vous felicite donc pour ce travail bien argumente.
Vous me permettrez cependant , Mr Deshommes, malgre tout de m'arreter
sur deux points fondamentaux de vos questionnement tires de votre long expose qui sont:
" Est-il vrai que les 200.00 gourdes proposees sont
susceptibles de creer du chomage massif? ou peuvent etre un
vecteur d'inflation?
Je prefere m'arreter sur ces deux points parce que je les estime essentiels dans ce playdoyer du salaire minimum.
1-Avant d'arriver cependant a ces deux points
fondamentaux de votre plaidoyer, permettez moi de preciser rapidement
pour le lectorat que le salaire des 200 gourdes journaliers a ete
deja accepte en principe par le patronnat qui a simplement demande de
faire la seule exception pour le secteur de la sous-traitance. En
d'autres termes, ce Patronat haitien demande de faire une exception
pour seulement 23 mille de ses 163 mille employes en ce qui a trait au
salaire minimum. J'ai tenu a le souligner, parce que cela n'est pas
suffisemment dit, et on fait meme expres de ne pas le comprendre, je
dirais.
A lire les reactions, et analyses, on a
l'impression que le Patronat n'avait pas du tout accepte le principe
des 200 gourdes, quand c'est plutot l'inverse qui est vrai sauf
pour une exception reclamee pour l'industrie textile de l'export.
Donc, pour votre gouverne, Mr Deshommes, je tiens
a vous preciser que le principe des 200 gourdes est accepte par le
Patronat haitien dans son ensemble.
2-Revenons donc au secteur industriel textile pour
lequel le Patronat haitien a demande cette exception quant a
l'application des 200 gourdes.
Vous reconnaissez vous-memes dans votre plaidoierie au point 3 alinea b
que d'apres les etudes realisees par le "Strategic management group" sur
le secteur de la sous-traitance que " les ouvriers
qui gagnent actuellement 70 gourdes ne depassent pas 9% du total et
constituent essentiellement des ouvriers a l'essai. En fonction de leur
productivite, 53% du total de ces ouvriers gagnent un salaire
journalier moyen de 154gourdes et 38% gagnent deja 200 gourdes, soit
218 gourdes, explique l'etude."
Transposons ces chiffres maintenant, en considerant
un salaire minimum de 150 gourdes journaliers au lieu des 70 gourdes,
comme cela semble se dessiner aujourdh'ui pour le secteur d'exception
de la sous-traitance. Cela reviendrait a dire que 9% des travailleurs,
la plupart a l'essai, auraient gagne 150 gourdes journaliers. 53% du
total de ces ouvriers auraient gagne 330 gourdes en faisant l'equation
de la regle de trois, et enfin 38% auraient gagne 467 gourdes
journaliers.
En admettant que les experts de ce rapport auraient
exxagere puisque l'etude etait commanditee par l'Adih, mais le
fait reste et demeure pour l'essentiel que l'insudtrie de
sous-traitance, pour etre effisciente, se doit d"'inciter le
travailleur operateur a produire son maximum, en lui faisant mirroiter
le plus d'argent possible pour le maximum de production. La nature de
l'industrie est ainsi faite pour la simple et bonne raison qu'il est
preferable, et plus benefiquement avantageux au
business de payer a un travailleur effiscient 300 gourdes plutot que
de payer a 2 travailleurs innefiscients 150 gourdes chacun pour la
meme production.
Donc, meme quand on aurait fixe le salaire a 150 gourdes journaliers,
il demeure evident que l'ouvrier de la
sous-traitance aurait, pour sur, gagner plus que les 200 gourdes, a la
lumiere de cet eclairage sur l'essence nature de l'industrie qui devra
rouler sur une base incitative, qui se veut effisciente au
maximum pour rester competitive.
3- Pour ce troisieme point que je fais, Mr
Deshommes, je touche en plein le point essentiel de votre plaidoirie
que j'estimais capital.
Est-il vrai que les 200 gourdes proposees sont
susceptibles de creer du chomage massif? C'etait la question que vous
soumettiez a l'analyse.
Comme je l'avais toujours souligne a l'attention
des lecteurs dans mes analyses precedentes, je vous fais remarquer, Mr
Deshommes. que cette industrie de nature fragile etait la seule
assujettie entierement et seulement a des facteurs externes de
competitivite regionale et mondiale. Le donneur d'ordre, si vous le
savez, analyse tout simplement les facteurs competitifs comparatifs de
chaque pays pour savoir ou investir. Ne nous faisons pas d'illusion, et
ne nous leurrons pas non plus: les seuls
facteurs competitifs a l'avantage de notre pays etaient le salaire et
la loi Hope qui favorisaient les investissements en Haiti. Or, ce ne
sont plus aujourdh'ui les seuls facteurs valables de competitivite qui
tiennent, sinon, Haiti aurait ete a date dans ce secteur, le seul pole
d'attraction des investissements etrangers.
Sans enumerer tous les autres facteurs, il est important d'en souligner deux importants qui sont:
la stabilite politique et les infrastructures.
A ce niveau, nous le savons bien, Haiti ne reluit pas du tout.
Or, ces facteurs sont certainement plus importants dans la balance que le salaire.
Restons maintenant autour du salaire minimum ou
Haiti s'illustrait jusqu'a present. Comparons ce salaire au pays le
plus proche, qu'est la Republique Dominicaine.
Vous avez mentionne Fritz Deshommes dans votre
point 5 que le Gouvernement Dominicain avait choisi de faire passer le
salaire journalier a $ 9 dollars US/jour. Soyons clairs. Si le salaire
minimum etait passe a 9 dollars americains par jour, ce tarif ne
s'appliquait pas pas toutefois au secteur textile des zones franches
de la Republique Dominicaine. Or, ceci n'est pas dit en Haiti..
Pourquoi? Ou bien, on ne sait pas, ou bien, a
dessein, on prefere ne pas le dire pour cacher la verite. Pour le
secteur de la sous-traitance en Republique Dominicaine, il y a deux
salaires minimum avec une plus faible grille dans les zones
economiquement defavorises. Soit, mais prenons malgre tout le plus fort
salaire de 1600 pesos semanal/ par semaine. A raison de 36 pesos le
dollar americain, on peut calculer ce salaire journalier a $ 5 dollars
90 US dollar. Gary Pierre Paul Charles, dans son emission de radio bien
prisee a PAP , l'a calcule a $5 dollars 70, portant ainsi un dementi a
cette propagande du depute Steven Benoit qui avancait qu'il etait fixe
a 9 dollars US en RD. Pour la verite...Voila...
Fritz Deshommes, estimez-vous alors qu'Haiti serait encore plus attrayant et competitif pour l'investisseur?
Je vous ferais remarquer aussi, Mr Deshoimmes, que
la RD a perdu en montant son salaire a 5 dollars 90 americains plus de
100 mille emplois sur les 250 mille qu'il avait dans ce secteur.
C'etait son cas. Les chiffres parlent d'eux-memes et sont verifiables.
Cet industriel "desoeuvre" qui
disait tout le mal qu'il pensait de cette augmentation de salaire,
savait deja de quoi il parlait pour avoir vu perdre 100 mille emplois
dans son pays. J'ajouterai aussi pour vous que tout l'interet qui
venait auparavant des usines etablies de l'autre cote de la frontiere
ont disparu depuis l'annonce de cette perspective de hausse salariale
en Haiti.
Remarquez en plus, M Deshommes, qu' Haiti n'est pas en competition avec la RD seulement. D'ailleurs,
tous les emplois deja perdus,a cause de l'insecurite sevissante pendant
la periode 2004-2006, s'orientaient plutot vers la Chine Communiste et
cette region du Far East. Le monstre chinois ne blaguait pas. Son
salaire etait competitif par rapport a celui d'Haiti.
Et ne parlons meme pas des autres facteurs.
Son seul desavantage etait la distance geographique
qui le separe du marche americain. ( temps de duree de 6 semaines
comparativement a une semaine( Haiti) pour la traversee d'un container
par bateau vers les EUA).
Une augmentation drastique du salaire en Haiti a
186% risque fort probablement de faire perdre des emplois massifs au
pays. Si la RD a perdu 100 mille emplois a cause d'une augmentation de
salaire, les risques de pertes d'emplois dans le secteur textile en
Haiti seront bien reels au cas ou Haiti passerait a 200 gourdes le
salaire journalier pour le secteur textile.
Ne le souhaitons pas.
4- Vecteur d'inflation?
Il y va, sans dire. Le secteur commercial passera
certainement la note au client. La biere qui se vendait a 5 dollars, se
vendra a 6 dollars dorenavant.
L'Etablissement commercial ne va pas absorber la facture du salaire minimum sans la passer au client.
L'ecolage et les frais scolaires se verront
augmenter. En augmentant les professeurs, on augmente aussi l'ecolage.
Aussi simple que ca.
Je ne m'etendrai pas d'avantage.
Mais, l'inflation sera l'aspect le plus visible de
la nouvelle conjoncture avec des consequences imprevisibles. ( Klè kou
dlo Kok).
Les couts commerciaux auront augmente, les prix des produits a la clientele auront aussi augmente.
Il est interessant aussi, Mr Deshommes, que vous
avancez dans votre long expose, en parlant des salaires du secteur
public: " un simple calcul montrera que le cout supplementaire a supporter en la circonstance represente moins de 1% du budget national."
Je n'ai pas de donnees d'appreciation pour verifier
la veracite de ces chiffres, mais on sait que cet Etat Haitien en
faillite n'est pas en mesure actuellement de payer bon nombre de ses
employes de la fonction publique. On sait aussi que 70% du budget
national sont affectes au payroll de la fonction publique.
Dans ces conditions, Fritz Deshommes, cet Etat en
faillite qui ne peut pas payer tous ses employes, devra, s'il veut
faire face a ses obligations, puiser de ses reserves en dollars,
reduisant ainsi ses manoeuvres pour stabiliser la gourde nationale. Une
fois qu'il aura epuise ses reserves, le dollar americain risque de
devenir une commodite rare sur le marche.
Qu'adviendrait-il, alors?
La gourde se convertirait en zoreilles bourriques.
Inflation a outrance,avec cette incapacite de la gourde de faire face au dollar americain.
La production nationale etant inexistante, une catastrophe economique pourrait bien se profiler en perspective a l'horizon.
Importation sans export....on peut deviner la suite.
Si par surcroit, devait disparaitre l'industrie de la sous-traitance, la catastrophe serait presque totale.
On ne va pas oublier que ce secteur textile,
quoique diabolise, contribue a 70% des chiffres de l'export de
l'economie haitienne estimee a 500 millions de dollars.
Catastrophe en perspective sur toute la ligne..
Cela n'est pas souhaitable, mais une possibilite qu'on ne peut ecarter' Mr Deshommes.
En conclusion, et pour terminer sur le sujet du
salaire minimum, je reprendrais pour vous Mr Deshommes que le secteur
patronal haitien est d'accord sur le principe du salaire minimum fixe a
200 gourdes sauf pour le secteur textile ou il demande une exception.
Je reprendrais encore pour vous, qu'en fixant le salaire minimum a 150
gourdes, le travaileur de ce secteur aurait et devrait en toute
evidence realiser plus de 200 gourdes.
Cependant, en fixant le salaire minimum aussi a 200 gourdes, les chances seraient grandes que cette industrie disparaisse.
L'Etat haitien (executif, legislatif), dans ces conditions, a des choix a faire.
Je ne m'etendrai pas d'avantage.
Je vous felicite encore, Mr Deshommes, pour votre texte plaidoierie depourvu d'emotions, comme d'ordinaire je les apprecie.
Merci encore.
Cordialement.
Jacques Mali.
Permettez-moi de vous feliciter d'abord pour cette
analyse plaidoierie en faveur des 200 gourdes journaliers de salaire
minimum. A date, tout ce qui avait ete lu sur le sujet en faveur des
200 gourdes etait surtout empreint d'emotion et d'emotions seulement, y
compris malheureusement, le texte de l'economiste Lesli Pean sur le
sujet.
Votre analyse aura le merite, Mr Deshommes,
d'avancer des arguments favorables aux 200 gourdes, certes, mais
toutefois denues de cette touche emotionelle qui a caracterise les
textes de tous ceux qui ont voulu faire le meme playdoyer auparavant.
Je vous felicite donc pour ce travail bien argumente.
Vous me permettrez cependant , Mr Deshommes, malgre tout de m'arreter
sur deux points fondamentaux de vos questionnement tires de votre long expose qui sont:
" Est-il vrai que les 200.00 gourdes proposees sont
susceptibles de creer du chomage massif? ou peuvent etre un
vecteur d'inflation?
Je prefere m'arreter sur ces deux points parce que je les estime essentiels dans ce playdoyer du salaire minimum.
1-Avant d'arriver cependant a ces deux points
fondamentaux de votre plaidoyer, permettez moi de preciser rapidement
pour le lectorat que le salaire des 200 gourdes journaliers a ete
deja accepte en principe par le patronnat qui a simplement demande de
faire la seule exception pour le secteur de la sous-traitance. En
d'autres termes, ce Patronat haitien demande de faire une exception
pour seulement 23 mille de ses 163 mille employes en ce qui a trait au
salaire minimum. J'ai tenu a le souligner, parce que cela n'est pas
suffisemment dit, et on fait meme expres de ne pas le comprendre, je
dirais.
A lire les reactions, et analyses, on a
l'impression que le Patronat n'avait pas du tout accepte le principe
des 200 gourdes, quand c'est plutot l'inverse qui est vrai sauf
pour une exception reclamee pour l'industrie textile de l'export.
Donc, pour votre gouverne, Mr Deshommes, je tiens
a vous preciser que le principe des 200 gourdes est accepte par le
Patronat haitien dans son ensemble.
2-Revenons donc au secteur industriel textile pour
lequel le Patronat haitien a demande cette exception quant a
l'application des 200 gourdes.
Vous reconnaissez vous-memes dans votre plaidoierie au point 3 alinea b
que d'apres les etudes realisees par le "Strategic management group" sur
le secteur de la sous-traitance que " les ouvriers
qui gagnent actuellement 70 gourdes ne depassent pas 9% du total et
constituent essentiellement des ouvriers a l'essai. En fonction de leur
productivite, 53% du total de ces ouvriers gagnent un salaire
journalier moyen de 154gourdes et 38% gagnent deja 200 gourdes, soit
218 gourdes, explique l'etude."
Transposons ces chiffres maintenant, en considerant
un salaire minimum de 150 gourdes journaliers au lieu des 70 gourdes,
comme cela semble se dessiner aujourdh'ui pour le secteur d'exception
de la sous-traitance. Cela reviendrait a dire que 9% des travailleurs,
la plupart a l'essai, auraient gagne 150 gourdes journaliers. 53% du
total de ces ouvriers auraient gagne 330 gourdes en faisant l'equation
de la regle de trois, et enfin 38% auraient gagne 467 gourdes
journaliers.
En admettant que les experts de ce rapport auraient
exxagere puisque l'etude etait commanditee par l'Adih, mais le
fait reste et demeure pour l'essentiel que l'insudtrie de
sous-traitance, pour etre effisciente, se doit d"'inciter le
travailleur operateur a produire son maximum, en lui faisant mirroiter
le plus d'argent possible pour le maximum de production. La nature de
l'industrie est ainsi faite pour la simple et bonne raison qu'il est
preferable, et plus benefiquement avantageux au
business de payer a un travailleur effiscient 300 gourdes plutot que
de payer a 2 travailleurs innefiscients 150 gourdes chacun pour la
meme production.
Donc, meme quand on aurait fixe le salaire a 150 gourdes journaliers,
il demeure evident que l'ouvrier de la
sous-traitance aurait, pour sur, gagner plus que les 200 gourdes, a la
lumiere de cet eclairage sur l'essence nature de l'industrie qui devra
rouler sur une base incitative, qui se veut effisciente au
maximum pour rester competitive.
3- Pour ce troisieme point que je fais, Mr
Deshommes, je touche en plein le point essentiel de votre plaidoirie
que j'estimais capital.
Est-il vrai que les 200 gourdes proposees sont
susceptibles de creer du chomage massif? C'etait la question que vous
soumettiez a l'analyse.
Comme je l'avais toujours souligne a l'attention
des lecteurs dans mes analyses precedentes, je vous fais remarquer, Mr
Deshommes. que cette industrie de nature fragile etait la seule
assujettie entierement et seulement a des facteurs externes de
competitivite regionale et mondiale. Le donneur d'ordre, si vous le
savez, analyse tout simplement les facteurs competitifs comparatifs de
chaque pays pour savoir ou investir. Ne nous faisons pas d'illusion, et
ne nous leurrons pas non plus: les seuls
facteurs competitifs a l'avantage de notre pays etaient le salaire et
la loi Hope qui favorisaient les investissements en Haiti. Or, ce ne
sont plus aujourdh'ui les seuls facteurs valables de competitivite qui
tiennent, sinon, Haiti aurait ete a date dans ce secteur, le seul pole
d'attraction des investissements etrangers.
Sans enumerer tous les autres facteurs, il est important d'en souligner deux importants qui sont:
la stabilite politique et les infrastructures.
A ce niveau, nous le savons bien, Haiti ne reluit pas du tout.
Or, ces facteurs sont certainement plus importants dans la balance que le salaire.
Restons maintenant autour du salaire minimum ou
Haiti s'illustrait jusqu'a present. Comparons ce salaire au pays le
plus proche, qu'est la Republique Dominicaine.
Vous avez mentionne Fritz Deshommes dans votre
point 5 que le Gouvernement Dominicain avait choisi de faire passer le
salaire journalier a $ 9 dollars US/jour. Soyons clairs. Si le salaire
minimum etait passe a 9 dollars americains par jour, ce tarif ne
s'appliquait pas pas toutefois au secteur textile des zones franches
de la Republique Dominicaine. Or, ceci n'est pas dit en Haiti..
Pourquoi? Ou bien, on ne sait pas, ou bien, a
dessein, on prefere ne pas le dire pour cacher la verite. Pour le
secteur de la sous-traitance en Republique Dominicaine, il y a deux
salaires minimum avec une plus faible grille dans les zones
economiquement defavorises. Soit, mais prenons malgre tout le plus fort
salaire de 1600 pesos semanal/ par semaine. A raison de 36 pesos le
dollar americain, on peut calculer ce salaire journalier a $ 5 dollars
90 US dollar. Gary Pierre Paul Charles, dans son emission de radio bien
prisee a PAP , l'a calcule a $5 dollars 70, portant ainsi un dementi a
cette propagande du depute Steven Benoit qui avancait qu'il etait fixe
a 9 dollars US en RD. Pour la verite...Voila...
Fritz Deshommes, estimez-vous alors qu'Haiti serait encore plus attrayant et competitif pour l'investisseur?
Je vous ferais remarquer aussi, Mr Deshoimmes, que
la RD a perdu en montant son salaire a 5 dollars 90 americains plus de
100 mille emplois sur les 250 mille qu'il avait dans ce secteur.
C'etait son cas. Les chiffres parlent d'eux-memes et sont verifiables.
Cet industriel "desoeuvre" qui
disait tout le mal qu'il pensait de cette augmentation de salaire,
savait deja de quoi il parlait pour avoir vu perdre 100 mille emplois
dans son pays. J'ajouterai aussi pour vous que tout l'interet qui
venait auparavant des usines etablies de l'autre cote de la frontiere
ont disparu depuis l'annonce de cette perspective de hausse salariale
en Haiti.
Remarquez en plus, M Deshommes, qu' Haiti n'est pas en competition avec la RD seulement. D'ailleurs,
tous les emplois deja perdus,a cause de l'insecurite sevissante pendant
la periode 2004-2006, s'orientaient plutot vers la Chine Communiste et
cette region du Far East. Le monstre chinois ne blaguait pas. Son
salaire etait competitif par rapport a celui d'Haiti.
Et ne parlons meme pas des autres facteurs.
Son seul desavantage etait la distance geographique
qui le separe du marche americain. ( temps de duree de 6 semaines
comparativement a une semaine( Haiti) pour la traversee d'un container
par bateau vers les EUA).
Une augmentation drastique du salaire en Haiti a
186% risque fort probablement de faire perdre des emplois massifs au
pays. Si la RD a perdu 100 mille emplois a cause d'une augmentation de
salaire, les risques de pertes d'emplois dans le secteur textile en
Haiti seront bien reels au cas ou Haiti passerait a 200 gourdes le
salaire journalier pour le secteur textile.
Ne le souhaitons pas.
4- Vecteur d'inflation?
Il y va, sans dire. Le secteur commercial passera
certainement la note au client. La biere qui se vendait a 5 dollars, se
vendra a 6 dollars dorenavant.
L'Etablissement commercial ne va pas absorber la facture du salaire minimum sans la passer au client.
L'ecolage et les frais scolaires se verront
augmenter. En augmentant les professeurs, on augmente aussi l'ecolage.
Aussi simple que ca.
Je ne m'etendrai pas d'avantage.
Mais, l'inflation sera l'aspect le plus visible de
la nouvelle conjoncture avec des consequences imprevisibles. ( Klè kou
dlo Kok).
Les couts commerciaux auront augmente, les prix des produits a la clientele auront aussi augmente.
Il est interessant aussi, Mr Deshommes, que vous
avancez dans votre long expose, en parlant des salaires du secteur
public: " un simple calcul montrera que le cout supplementaire a supporter en la circonstance represente moins de 1% du budget national."
Je n'ai pas de donnees d'appreciation pour verifier
la veracite de ces chiffres, mais on sait que cet Etat Haitien en
faillite n'est pas en mesure actuellement de payer bon nombre de ses
employes de la fonction publique. On sait aussi que 70% du budget
national sont affectes au payroll de la fonction publique.
Dans ces conditions, Fritz Deshommes, cet Etat en
faillite qui ne peut pas payer tous ses employes, devra, s'il veut
faire face a ses obligations, puiser de ses reserves en dollars,
reduisant ainsi ses manoeuvres pour stabiliser la gourde nationale. Une
fois qu'il aura epuise ses reserves, le dollar americain risque de
devenir une commodite rare sur le marche.
Qu'adviendrait-il, alors?
La gourde se convertirait en zoreilles bourriques.
Inflation a outrance,avec cette incapacite de la gourde de faire face au dollar americain.
La production nationale etant inexistante, une catastrophe economique pourrait bien se profiler en perspective a l'horizon.
Importation sans export....on peut deviner la suite.
Si par surcroit, devait disparaitre l'industrie de la sous-traitance, la catastrophe serait presque totale.
On ne va pas oublier que ce secteur textile,
quoique diabolise, contribue a 70% des chiffres de l'export de
l'economie haitienne estimee a 500 millions de dollars.
Catastrophe en perspective sur toute la ligne..
Cela n'est pas souhaitable, mais une possibilite qu'on ne peut ecarter' Mr Deshommes.
En conclusion, et pour terminer sur le sujet du
salaire minimum, je reprendrais pour vous Mr Deshommes que le secteur
patronal haitien est d'accord sur le principe du salaire minimum fixe a
200 gourdes sauf pour le secteur textile ou il demande une exception.
Je reprendrais encore pour vous, qu'en fixant le salaire minimum a 150
gourdes, le travaileur de ce secteur aurait et devrait en toute
evidence realiser plus de 200 gourdes.
Cependant, en fixant le salaire minimum aussi a 200 gourdes, les chances seraient grandes que cette industrie disparaisse.
L'Etat haitien (executif, legislatif), dans ces conditions, a des choix a faire.
Je ne m'etendrai pas d'avantage.
Je vous felicite encore, Mr Deshommes, pour votre texte plaidoierie depourvu d'emotions, comme d'ordinaire je les apprecie.
Merci encore.
Cordialement.
Jacques Mali.
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Date d'inscription : 21/08/2006
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