Fidel Castro, homme du siecle en Amerique dixit H en M
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Fidel Castro, homme du siecle en Amerique dixit H en M
L'HOMME DU SIECLE EN AMERIQUE: Fidel Castro
EDITORIAL
PORT-AU-PRINCE, 22 Janvier - Un grand suspense a cours dans la Caraïbe. C'est la longue maladie de Fidel Castro. Depuis juillet dernier, le fondateur du régime révolutionnaire cubain n'a pas été vu en public. Les dernières informations, même les moins pessimistes, en conviennent : il est peu probable que Fidel Castro revienne jamais effectivement au pouvoir. Il a 80 ans, rappelle un expert espagnol, Dr. Jose Luis Garcia Sabrido, qui a été appelé récemment à son chevet à La Havane, confirmant que le malade a subi une grave opération à l'intestin et qu'à cet âge, le diagnostic est " toujours réservé. "
On s'imagine difficilement un Cuba sans Fidel Castro, après environ un demi siècle de pouvoir sans partage (depuis 1959).
Avant d'aller sur le billard, le président cubain a délégué le pouvoir à son frère, Raúl Castro, ministre de la défense et numéro 2 du régime. D'un naturel taciturne, contrairement à son aîné toujours en ébullition, celui-ci ne fait pas de vagues. Comme pour se persuader que Fidel reviendra à la barre.
Quand on s'appelle Fidel Castro, même la mort se doit de frapper avant d'entrer. En effet, la maladie du commandante jefe est vécue comme une tragédie antique. Avec un scénario soigneusement réglé : interventions calculées du malade à la télévision cubaine ou par audio ou dans les colonnes du journal officiel Granma .
Oui, c'est encore moi !...
La semaine dernière, quand le quotidien espagnol El Pais laisse entendre qu'il est presque à l'article de la mort, on le voit réapparaître sur toutes les chaînes de télévision du monde en train de faire des mouvements sportifs.
Les yeux hagards, très amaigri, le héros de la Sierra Maestra n'est que l'ombre de lui-même. Mais l'esprit combatif et provocateur n'a pas fléchi. Après n'avoir jamais déposé son uniforme vert olive pendant un demi siècle, il a trouvé un nouveau battle-dress dans son survêtement porté dans sa chambre de malade, avec sur la poitrine un label. Ce n'est pas Lacoste, mais " Fidel Castro ". Oui, c'est encore moi ! semble-t-il nous jeter avec le même regard perçant adouci d'un sourire en coin qu'il pose sur son interlocuteur.
Apparition proprement shakespearienne, mais un Roi Lear (nul doute que l'homme de culture qu'il est n'a pas manqué de méditer sur le douloureux destin de ce personnage) qui restera debout jusqu'au bout veillant que ses enfants ne galvaudent l'héritage.
Mourir debout !...
Comme dans toute tragédie antique qui se respecte, il y a le chœur. Celui-ci est constitué des autres dirigeants de la région qui font régulièrement depuis juillet le pèlerinage à La Havane : Chavez, Préval, Morales, Ortega...
Et comme dans tout chœur, il y a une diva. Rôle revendiqué par celui qui se fait déjà appeler le " fils spirituel. " Vous avez deviné, le fougueux président vénézuélien Hugo Chavez.
Comme Don Juan, on dirait que lorsque le dernier moment viendra, Fidel se lèvera de son lit car il doit mourir debout.
Comme à la tête de sa petite troupe, en majorité des universitaires, dans l'attaque de la caserne Moncada, à Santiago, en juillet 1953.
Le coup échoua. Le président Batista fit un massacre. Dans la montagne environnant Santiago où il s'enfuit, Castro tombant de fatigue s'endormit. Il fut fait prisonnier. Le lieutenant qui procéda à son arrestation le conduisit à la caserne plutôt qu'au champ de tir où il aurait été passé immédiatement par les armes. Il eut ce commentaire devant nous les journalistes : j'ai eu la vie sauve grâce à ce lieutenant. C'était un noir. Peut-être un descendant d'haïtien !
Toujours en tête. Et têtu. Trois années plus tard il revient à la charge. 1956, il disparaît avec moins d'une dizaine de camarades, dont son cadet Raúl et le Dr. Ernesto Guevarra, dans la Sierra Maestra.
" I am Fidel Castro "...
Mais ce n'est pas l'histoire politique qui nous intéresse dans ce texte que la manière. Fidel est médiatique avant toute chose. Médiatique avant l'heure. Comme aujourd'hui le journal El Pais, Batista avait aussi plus d'une fois annoncé sa mort. Il répondit par un " coup " médiatique. D'abord dans un reportage historique que lui consacra le journaliste Herbert Matthews du New York Times, le premier à être monté dans la Sierra. Puis viendra la chaîne CBS. Devant la caméra, un jeune homme au visage sympathique avec une barbe à peine naissante, en main son inséparable fusil à télescope, un air provocateur mais un rien galopin, déclare d'une voix presque fluette : " I am Fidel Castro. " Et il donne l'interview en anglais.
Dans ces vieilles bandes d'actualités, il nous rappelle le Marlon Brando du film Jules César. Comme on dit en créole, il est " shèlbè. " Même port de la tête, le même air éternellement jeune premier. " Actor's studio ". Noter ces nombreuses références à Shakespeare. Un héros de roman lui aussi, mais qui écrit sa propre histoire. Laissera-t-il ses mémoires ? On n'en sait rien.
Son parrain un haïtien...
Le secret de sa durée, nous pensons que Fidel Castro le puise dans une approche idéaliste ou à tout le moins décontractée de la vie. Pas besoin de fortune personnelle. Sa mère lui en a voulu que les premières propriétés qu'il nationalisa furent celles de la famille dans la province d'Oriente (est de Cuba) et où se sont aussi établis les haïtiens venus couper la canne dans les années 30.
Il confirma pour nous une information rapportée par l'un de ses biographes : qu'il fut baptisé par un consul honoraire haïtien accrédité dans l'Oriente. Le père Castro, tout en envoyant ses garçons en classe chez les Jésuites, n'était pas moins un mécréant. Une fois les vacances décrétées, le petit Fidel gagnait les montagnes un fusil de chasse à l'épaule. On naît un guérillero, on ne s'improvise pas.
Oui, Fidel Castro un idéaliste. Mais n'allez surtout pas le dire à sa sœur Juanita, pharmacienne qui fut arrêtée à Miami pour vente de médicaments sans prescription, ou à sa fille naturelle qui vit aussi en exil aux Etats-Unis, les deux l'accusant surtout de n'avoir aucun sens pratique. Contrairement au Roi Lear, c'est lui qui bazarda la fortune paternelle pour la cause de la révolution.
Sans œillères et toujours prompte à se réadapter...
Fidel un idéaliste, cela vous étonne. Pour paraphraser le fameux titre de Jean François Revel " Ni Marx ni Jésus. "
N'hésitant pas à rompre avec Moscou si le prix en est une dépendance trop étroite et devenant surtout improductive pour Cuba.
Ou à se réconcilier avec le Vatican ouvrant la voie au voyage historique à Cuba de Jean Paul II.
Le cardinal-archevêque de La Havane est le premier à avoir appelé le peuple catholique cubain à garder tout son calme et à prier pour la santé du président.
C'est cette exigence mise au service de la mère patrie mais sans œillères et toujours prompte à se réadapter, cette forme d'indépendance tenace, positive et passionnée qui est le contraire d'un nationalisme étroit, donc ouvert sur les autres et d'abord bien entendu les peuples frères, le tout sur un fond de discipline presque ascétique, qui est peut-être le secret du pouvoir le plus long connu depuis Louis XIV.
Pinochet, Franco et même Mao avaient déjà disparu de la scène longtemps avant de rendre le dernier soupir.
Et nul ne symbolise mieux cette vieille ballade américaine rendue célèbre depuis qu'elle a été citée par le général Douglas MacArthur : " Old soldiers never die, they just fade away " (les vieux soldats ne meurent pas, ils disparaissent tout doucement).
Editorial, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince
EDITORIAL
PORT-AU-PRINCE, 22 Janvier - Un grand suspense a cours dans la Caraïbe. C'est la longue maladie de Fidel Castro. Depuis juillet dernier, le fondateur du régime révolutionnaire cubain n'a pas été vu en public. Les dernières informations, même les moins pessimistes, en conviennent : il est peu probable que Fidel Castro revienne jamais effectivement au pouvoir. Il a 80 ans, rappelle un expert espagnol, Dr. Jose Luis Garcia Sabrido, qui a été appelé récemment à son chevet à La Havane, confirmant que le malade a subi une grave opération à l'intestin et qu'à cet âge, le diagnostic est " toujours réservé. "
On s'imagine difficilement un Cuba sans Fidel Castro, après environ un demi siècle de pouvoir sans partage (depuis 1959).
Avant d'aller sur le billard, le président cubain a délégué le pouvoir à son frère, Raúl Castro, ministre de la défense et numéro 2 du régime. D'un naturel taciturne, contrairement à son aîné toujours en ébullition, celui-ci ne fait pas de vagues. Comme pour se persuader que Fidel reviendra à la barre.
Quand on s'appelle Fidel Castro, même la mort se doit de frapper avant d'entrer. En effet, la maladie du commandante jefe est vécue comme une tragédie antique. Avec un scénario soigneusement réglé : interventions calculées du malade à la télévision cubaine ou par audio ou dans les colonnes du journal officiel Granma .
Oui, c'est encore moi !...
La semaine dernière, quand le quotidien espagnol El Pais laisse entendre qu'il est presque à l'article de la mort, on le voit réapparaître sur toutes les chaînes de télévision du monde en train de faire des mouvements sportifs.
Les yeux hagards, très amaigri, le héros de la Sierra Maestra n'est que l'ombre de lui-même. Mais l'esprit combatif et provocateur n'a pas fléchi. Après n'avoir jamais déposé son uniforme vert olive pendant un demi siècle, il a trouvé un nouveau battle-dress dans son survêtement porté dans sa chambre de malade, avec sur la poitrine un label. Ce n'est pas Lacoste, mais " Fidel Castro ". Oui, c'est encore moi ! semble-t-il nous jeter avec le même regard perçant adouci d'un sourire en coin qu'il pose sur son interlocuteur.
Apparition proprement shakespearienne, mais un Roi Lear (nul doute que l'homme de culture qu'il est n'a pas manqué de méditer sur le douloureux destin de ce personnage) qui restera debout jusqu'au bout veillant que ses enfants ne galvaudent l'héritage.
Mourir debout !...
Comme dans toute tragédie antique qui se respecte, il y a le chœur. Celui-ci est constitué des autres dirigeants de la région qui font régulièrement depuis juillet le pèlerinage à La Havane : Chavez, Préval, Morales, Ortega...
Et comme dans tout chœur, il y a une diva. Rôle revendiqué par celui qui se fait déjà appeler le " fils spirituel. " Vous avez deviné, le fougueux président vénézuélien Hugo Chavez.
Comme Don Juan, on dirait que lorsque le dernier moment viendra, Fidel se lèvera de son lit car il doit mourir debout.
Comme à la tête de sa petite troupe, en majorité des universitaires, dans l'attaque de la caserne Moncada, à Santiago, en juillet 1953.
Le coup échoua. Le président Batista fit un massacre. Dans la montagne environnant Santiago où il s'enfuit, Castro tombant de fatigue s'endormit. Il fut fait prisonnier. Le lieutenant qui procéda à son arrestation le conduisit à la caserne plutôt qu'au champ de tir où il aurait été passé immédiatement par les armes. Il eut ce commentaire devant nous les journalistes : j'ai eu la vie sauve grâce à ce lieutenant. C'était un noir. Peut-être un descendant d'haïtien !
Toujours en tête. Et têtu. Trois années plus tard il revient à la charge. 1956, il disparaît avec moins d'une dizaine de camarades, dont son cadet Raúl et le Dr. Ernesto Guevarra, dans la Sierra Maestra.
" I am Fidel Castro "...
Mais ce n'est pas l'histoire politique qui nous intéresse dans ce texte que la manière. Fidel est médiatique avant toute chose. Médiatique avant l'heure. Comme aujourd'hui le journal El Pais, Batista avait aussi plus d'une fois annoncé sa mort. Il répondit par un " coup " médiatique. D'abord dans un reportage historique que lui consacra le journaliste Herbert Matthews du New York Times, le premier à être monté dans la Sierra. Puis viendra la chaîne CBS. Devant la caméra, un jeune homme au visage sympathique avec une barbe à peine naissante, en main son inséparable fusil à télescope, un air provocateur mais un rien galopin, déclare d'une voix presque fluette : " I am Fidel Castro. " Et il donne l'interview en anglais.
Dans ces vieilles bandes d'actualités, il nous rappelle le Marlon Brando du film Jules César. Comme on dit en créole, il est " shèlbè. " Même port de la tête, le même air éternellement jeune premier. " Actor's studio ". Noter ces nombreuses références à Shakespeare. Un héros de roman lui aussi, mais qui écrit sa propre histoire. Laissera-t-il ses mémoires ? On n'en sait rien.
Son parrain un haïtien...
Le secret de sa durée, nous pensons que Fidel Castro le puise dans une approche idéaliste ou à tout le moins décontractée de la vie. Pas besoin de fortune personnelle. Sa mère lui en a voulu que les premières propriétés qu'il nationalisa furent celles de la famille dans la province d'Oriente (est de Cuba) et où se sont aussi établis les haïtiens venus couper la canne dans les années 30.
Il confirma pour nous une information rapportée par l'un de ses biographes : qu'il fut baptisé par un consul honoraire haïtien accrédité dans l'Oriente. Le père Castro, tout en envoyant ses garçons en classe chez les Jésuites, n'était pas moins un mécréant. Une fois les vacances décrétées, le petit Fidel gagnait les montagnes un fusil de chasse à l'épaule. On naît un guérillero, on ne s'improvise pas.
Oui, Fidel Castro un idéaliste. Mais n'allez surtout pas le dire à sa sœur Juanita, pharmacienne qui fut arrêtée à Miami pour vente de médicaments sans prescription, ou à sa fille naturelle qui vit aussi en exil aux Etats-Unis, les deux l'accusant surtout de n'avoir aucun sens pratique. Contrairement au Roi Lear, c'est lui qui bazarda la fortune paternelle pour la cause de la révolution.
Sans œillères et toujours prompte à se réadapter...
Fidel un idéaliste, cela vous étonne. Pour paraphraser le fameux titre de Jean François Revel " Ni Marx ni Jésus. "
N'hésitant pas à rompre avec Moscou si le prix en est une dépendance trop étroite et devenant surtout improductive pour Cuba.
Ou à se réconcilier avec le Vatican ouvrant la voie au voyage historique à Cuba de Jean Paul II.
Le cardinal-archevêque de La Havane est le premier à avoir appelé le peuple catholique cubain à garder tout son calme et à prier pour la santé du président.
C'est cette exigence mise au service de la mère patrie mais sans œillères et toujours prompte à se réadapter, cette forme d'indépendance tenace, positive et passionnée qui est le contraire d'un nationalisme étroit, donc ouvert sur les autres et d'abord bien entendu les peuples frères, le tout sur un fond de discipline presque ascétique, qui est peut-être le secret du pouvoir le plus long connu depuis Louis XIV.
Pinochet, Franco et même Mao avaient déjà disparu de la scène longtemps avant de rendre le dernier soupir.
Et nul ne symbolise mieux cette vieille ballade américaine rendue célèbre depuis qu'elle a été citée par le général Douglas MacArthur : " Old soldiers never die, they just fade away " (les vieux soldats ne meurent pas, ils disparaissent tout doucement).
Editorial, Mélodie 103.3 FM, Port-au-Prince
Dernière édition par le Sam 27 Jan 2007 - 13:55, édité 1 fois
gwotoro- Super Star
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Nombre de messages : 3974
Localisation : Canada
Date d'inscription : 20/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: le balancier
Re: Fidel Castro, homme du siecle en Amerique dixit H en M
Non seulement le parrain de Fidel Castro est un haitien,il a passé plus de 3 ans de sa vie chez cet haitien.
Cet haitien du nom de ELIE habitait Santiago,et la plantation du père de Castro était à la campagne.
D'après ce qu'a rapporté TAD SZULC qui a écrit la définitive biographie de CASTRO ;ELIE était très strict.Il ne badinait pas avec Fidel et son petit frère Raul.
Cet haitien du nom de ELIE habitait Santiago,et la plantation du père de Castro était à la campagne.
D'après ce qu'a rapporté TAD SZULC qui a écrit la définitive biographie de CASTRO ;ELIE était très strict.Il ne badinait pas avec Fidel et son petit frère Raul.
Joel- Super Star
-
Nombre de messages : 17750
Localisation : USA
Loisirs : Histoire
Date d'inscription : 24/08/2006
Feuille de personnage
Jeu de rôle: Le patriote
Re: Fidel Castro, homme du siecle en Amerique dixit H en M
Pas de dissension ici ;il faut que le choeur chante en unisson;n'est-ce pas censeur.J'admire aussi castro ,mais comme sa soeur je me demande s'il etait plus pragmatique que serait Cuba aujourd'hui.J'admire son courage ,j'aurais souhaité que le Kennedy Center lui decerne le Prix:Courage en Politique car quoi qu'on dise il est resté egal à lui meme,malgré les menaces .Cela ne signifie pas qu'il soit la personification du Christ comme dit l'article d'haiti en marche
Rodlam Sans Malice- Super Star
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Localisation : USA
Loisirs : Lecture et Internet
Date d'inscription : 21/08/2006
Feuille de personnage
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