Dr CHARLES TARDIEU sur l'ARNAQUE du PSUGO.
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Dr CHARLES TARDIEU sur l'ARNAQUE du PSUGO.
Mwen t ap swiv MEDINA an DOMINIKANI ki preske an 4 AN preske ELIMINE ANALFABETISM an DOMINIKANI.
Menm jan an tou ak mwens LAJAN ke mesye SWIT MIKI yo depanse lan "hold up" PSUGO an ;MEDINA te konstwi de SANTEN LEKOL an DOMINIKANI ,lan tout peyi an.
An pasan se pa pou PRIVERT bay 5 KOB PENICH lan TWOU SAN FON PSUGO an.Si gen MOUN ki di ke LETA dwe yo lan "VOL A MEN AME" sa a ,se pou PRIVERT di yo al TOUCHE lan men SWIT MIMI ak AKOLIT li yo.
Sa a se pou ZOT ki toujou pre pou yo kritike mesye LAVALAS yo.Dapre CHARLES TARDIEU ,menm si se pa t sa net ,te gen yon TANTATIV ak ARISTID e PREVAL pou yo te EKSPANN EDIKASYON.
Men 2 PARAGRAF lan ATIK CHARLES TARDIEU an ke yo pa ka "AKIZE" de LAVALAS:
http://berrouet-oriol.com/culture-et-societe/psugo-et-systeme-educatif-en-haieti
"Un système éducatif qui élèverait la majorité des Haïtiens à une meilleure compréhension de leur situation générale et leur transmettrait les outils pratiques, intellectuels et idéologiques pour s’en sortir œuvrerait à l’encontre de ce système d’économie de rente qui domine l’espace socioéconomique haïtien[vii]. Est-ce pourquoi les classes dominantes combattent subtilement tout effort d’alphabétisation et de scolarisation des masses, tandis que celles-ci en font une de leurs principales revendications. Cette économie de rente ne nécessite aucune force de travail qualifiée. Et les classes dirigeantes savent, depuis l’époque coloniale et la rencontre des grandes civilisations, que l’Éducation élève les hommes à la liberté. Ainsi donc, elles feront tout en leur pouvoir pour que les masses haïtiennes aient un accès le plus limité possible à l’éducation et à la formation technique et professionnelle, et cette philosophie de la domination par « l’ignorance » dure encore, jusqu’à nos jours. Ceci explique le rejet, par les classes possédantes et dirigeantes, de toutes formes d’éducation et de formation proposées à travers les nombreux projets comme les réformes Dartigue, Bernard, le PNE (Plan national d’Éducation), le PNEF (Plan National d’Éducation et de Formation), l’EPT (Éducation Pour Tous), etc. et toutes les tentatives autour des établissements de formation professionnelle[viii] J.B. Damier, l’École Élie Dubois et l’INFP[ix].
Un regard sévère sur le PSUGO : pourquoi ?
La demande d’éducation et de formation de qualité n’a cessé d’augmenter de manière exponentielle après le départ de la dictature en 1986. Malheureusement, malgré les prescrits de la nouvelle constitution de 1987, les dirigeants haïtiens qui se sont succédé au pouvoir de 1986 à aujourd’hui (exception à concéder aux intermèdes Aristide et Préval[x]) ont préféré conserver le statu quo et ne pas augmenter l’offre publique d’éducation. Il s’agit là d’un choix délibéré des classes politiques et possédantes. Trente ans après le départ de la dictature, l’accès à l’éducation de qualité perçu par les populations comme la meilleure voie, si non l’unique, vers un mieux être social et économique reste un objectif inaccessible. La tolérance exercée face à la privatisation de tous les niveaux et ordres d’éducation et de formation correspond à un choix de société fondé sur cette forme d’apartheid éducatif où dominent des taux restreints de scolarisation et la médiocrité de la majorité des établissements d’enseignement. Une manière d’enseigner et de justifier symboliquement la médiocrité et la culture de l’échec aux populations.
Menm jan an tou ak mwens LAJAN ke mesye SWIT MIKI yo depanse lan "hold up" PSUGO an ;MEDINA te konstwi de SANTEN LEKOL an DOMINIKANI ,lan tout peyi an.
An pasan se pa pou PRIVERT bay 5 KOB PENICH lan TWOU SAN FON PSUGO an.Si gen MOUN ki di ke LETA dwe yo lan "VOL A MEN AME" sa a ,se pou PRIVERT di yo al TOUCHE lan men SWIT MIMI ak AKOLIT li yo.
Sa a se pou ZOT ki toujou pre pou yo kritike mesye LAVALAS yo.Dapre CHARLES TARDIEU ,menm si se pa t sa net ,te gen yon TANTATIV ak ARISTID e PREVAL pou yo te EKSPANN EDIKASYON.
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"Un système éducatif qui élèverait la majorité des Haïtiens à une meilleure compréhension de leur situation générale et leur transmettrait les outils pratiques, intellectuels et idéologiques pour s’en sortir œuvrerait à l’encontre de ce système d’économie de rente qui domine l’espace socioéconomique haïtien[vii]. Est-ce pourquoi les classes dominantes combattent subtilement tout effort d’alphabétisation et de scolarisation des masses, tandis que celles-ci en font une de leurs principales revendications. Cette économie de rente ne nécessite aucune force de travail qualifiée. Et les classes dirigeantes savent, depuis l’époque coloniale et la rencontre des grandes civilisations, que l’Éducation élève les hommes à la liberté. Ainsi donc, elles feront tout en leur pouvoir pour que les masses haïtiennes aient un accès le plus limité possible à l’éducation et à la formation technique et professionnelle, et cette philosophie de la domination par « l’ignorance » dure encore, jusqu’à nos jours. Ceci explique le rejet, par les classes possédantes et dirigeantes, de toutes formes d’éducation et de formation proposées à travers les nombreux projets comme les réformes Dartigue, Bernard, le PNE (Plan national d’Éducation), le PNEF (Plan National d’Éducation et de Formation), l’EPT (Éducation Pour Tous), etc. et toutes les tentatives autour des établissements de formation professionnelle[viii] J.B. Damier, l’École Élie Dubois et l’INFP[ix].
Un regard sévère sur le PSUGO : pourquoi ?
La demande d’éducation et de formation de qualité n’a cessé d’augmenter de manière exponentielle après le départ de la dictature en 1986. Malheureusement, malgré les prescrits de la nouvelle constitution de 1987, les dirigeants haïtiens qui se sont succédé au pouvoir de 1986 à aujourd’hui (exception à concéder aux intermèdes Aristide et Préval[x]) ont préféré conserver le statu quo et ne pas augmenter l’offre publique d’éducation. Il s’agit là d’un choix délibéré des classes politiques et possédantes. Trente ans après le départ de la dictature, l’accès à l’éducation de qualité perçu par les populations comme la meilleure voie, si non l’unique, vers un mieux être social et économique reste un objectif inaccessible. La tolérance exercée face à la privatisation de tous les niveaux et ordres d’éducation et de formation correspond à un choix de société fondé sur cette forme d’apartheid éducatif où dominent des taux restreints de scolarisation et la médiocrité de la majorité des établissements d’enseignement. Une manière d’enseigner et de justifier symboliquement la médiocrité et la culture de l’échec aux populations.
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Re: Dr CHARLES TARDIEU sur l'ARNAQUE du PSUGO.
Le Psugo, une des plus grandes arnaques
de l’histoire de l’éducation en Haïti
Par Charles Tardieu, Ph.D
Port-au-Prince, 30 juin 2016
L’auteur – Ancien ministre de l’éducation nationale, docteur en éducation comparée et internationale de l'Université de Montréal, Charles Tardieu a également étudié aux universités Concordia et McGill. De retour en Haïti, il a travaillé comme spécialiste et analyste de systèmes éducatifs et en formation professionnelle, en encadrement et développement des collectivités territoriales. Entre 1992 et 1996, il a dirigé le projet d'élaboration du Plan national d'éducation ayant abouti en 1996 aux États généraux de l'éducation préparatoires au Plan national d'éducation et de formation (PNEF). Il a enseigné à la Faculté des sciences humaines de l'Université d'État d'Haïti, à la Faculté des sciences juridiques de Jérémie, à l'Université publique de l'Artibonite aux Gonaïves et à l'Université Quisqueya où il a mis en place et structuré la Faculté des sciences de l'éducation. Il enseigne actuellement à l’ISTEAH (Institut des sciences, des technologies et des études avancées d’Haïti) où il encadre des étudiants de maitrise et de doctorat. Depuis 1983, il est éditeur de manuels scolaires pour l'École fondamentale aux Éditions Zémès.
Le PSUGO et l’obligation de scolarisation universelle
Catastrophe programmée et violation des droits
de la nation et de ses enfants
Première partie
Scolarisation universelle dans le contexte haïtien
Un regard sévère sur le PSUGO : pourquoi ?
Expérience tèt kale du PSUGO
Financement de l’éducation et PSUGO
PSUGO et gouvernance du secteur éducatif
Qualité de l’éducation et PSUGO
Conclusions partie I : que faire du PSUGO?
Les leçons à tirer : conclusions
Notes
Première partie
Scolarisation universelle dans le contexte haïtien
Le concept de « scolarisation universelle » exprime dans les sociétés modernes une volonté politique d’éduquer et de desservir tous les enfants en âge d’aller à l’école avec une attention particulière pour les populations traditionnellement tenues hors des circuits scolaires. C’est en 1990 que 155 nations réunies à Jomtien en Thaïlande proclament les objectifs d’Éducation pour tous (EPT)[i] à l’échelle planétaire.
Dans la foulée de ce mouvement, Haïti entreprend, immédiatement après Jomtien, d’élaborer son propre Plan national d’Éducation qui culmine, en janvier 1996 après une consultation nationale, avec les États généraux de l’éducation. C’est dans ce contexte de la mouvance démocratique et égalitaire de construction des bases du développement humain en quête d’une société plus juste, que pour la première fois dans l’histoire de l’éducation haïtienne des gouvernements décident d’œuvrer à la scolarisation universelle.
En fait, le concept de scolarisation universelle développé à partir de Jomtien est synonyme de progrès et porteur de culture en général, de culture scientifique, et de développement économique et social pour l’ensemble des populations. De plus, depuis 1987, la scolarisation universelle est devenue en Haïti une exigence constitutionnelle, outil de modernité et de démocratie. Cette nouvelle exigence constitutionnelle fixe un nouveau cadrage de « l’École républicaine » qui, comme le proposent Barrère et Martucelli[ii], doit œuvrer à l’unité de la nation et se placer « au service de la promotion des talents disséminés dans tout le corps social ». Cette nouvelle éducation républicaine forge « des individus disposant d’un esprit critique » et, à partir des années quatre-vingt, elle doit répondre à « une exigence de rentabilité des diplômes en termes d’insertion professionnelle et, plus récemment, un rôle pilote dans le maintien de l’autorité. »
S’inscrivant dans cette perspective nationale et internationale de l’Éducation pour tous, les gouvernements d’Aristide (1994-1996 et 2001-2004) puis de Préval (1996-2001 et 2006-2011) approuvent la création au sein du ministère de l’Éducation[iii] de structures spéciales qui s’adressent chacun à des aspects différents et complémentaires de la problématique de la scolarisation universelle. C’est ainsi que naissent les premiers projets de scolarisation universelle PIENASECO (Programme d’Implantation d’Écoles dans les Sections Communales), PSU (Programme de scolarisation universelle), PAE (Programme accéléré d’Éducation) et PRONEI (Programme National d’Éducation Intégrée)[iv]. Ils restent toutefois limités à quelques départements, soit le Centre, le Sud et la Grand’Anse, auxquels seront ajoutés plus tard le Nord-Ouest, le Sud et l’Ouest. Ces projets, malgré leur ampleur, se réalisent sans un plan et une volonté d’Éducation pour tous intégrés à l’intérieur d’une vision nationale englobant tous les ordres et niveaux d’enseignement et d’apprentissage du préscolaire à l’université, en passant par l’enseignement technique et professionnel et l’éradication de l’analphabétisme.
Depuis les années 1980, le système d’éducation a connu de nombreuses tentatives de réformes en profondeur conçues et mises en place par des citoyens partageant, entre eux, une vision d’avant garde. Ils proposaient une offre éducative plus démocratique, de meilleure qualité et un aménagement linguistique plus approprié à la réalité socio-culturelle haïtienne. On peut citer : la réforme Bernard dans les années 1980, le Plan national d’Éducation (1996), le Plan national d’Éducation et de formation (1998), la stratégie nationale d’Éducation pour tous (SNA/EPT: 2008), le Symposium pour une éducation de qualité (2014), le Pacte national pour une éducation de qualité, (Octobre 2015). Elles échouent toutes par une combinaison de facteurs dont on peut identifier les principaux : la force du statu quo portée par les classes dirigeantes; l’absence d’une force de support socioéconomique nationale, ces efforts étant pour la plupart supportés par des fonds externes et dirigés par des experts étrangers; l’absence de motivation et de mobilisation interne pour les appuyer.
Les citoyens qui ont proposé ces tentatives de réformes radicales n’ont malheureusement pas été en mesure de vaincre la puissance du statu quo et d’imposer les mécanismes de suivi et de poursuite des innovations au delà des gouvernements qui avaient concédé tant bien que mal l’espace pour réaliser ces expériences.
On ne retrouve donc pas ce choix de société unanimement partagé par les décideurs, les politiciens, la société civile en général et les populations qui seul peut garantir la pérennité de ces projets et leur financement à partir de fonds nationaux, avec un support international, et non le contraire. Ainsi, fragilisés dès le départ, ils seront progressivement détournés de leurs objectifs de scolarisation universelle avant d’être éliminés par les gouvernements qui succèdent à ceux d’Aristide puis de Préval.
Cependant, la société haïtienne, dans sa globalité, n’a pas encore ressenti le besoin d’élever ses ressortissants à la dimension de cette citoyenneté nationale moderne à la fois unique et plurielle qui exigerait un système d’éducation pour tous. Les classes possédantes et dirigeantes, tout au contraire, s’estiment satisfaites de l’état de fonctionnement du système éducatif colonial[v] qui maintient la plus grande partie des populations dans un état de dépendance économique, sociale, culturelle et politique tout en offrant au petit groupe des privilégiés constitué par leurs progénitures une formation presque digne des économies avancées de l’Occident. La société haïtienne reproduit ainsi le modèle d’éducation coloniale à deux grandes vitesses qui sert les intérêts d’une économie de rente en place depuis la colonie de Saint Domingue[vi].
Un système éducatif qui élèverait la majorité des Haïtiens à une meilleure compréhension de leur situation générale et leur transmettrait les outils pratiques, intellectuels et idéologiques pour s’en sortir œuvrerait à l’encontre de ce système d’économie de rente qui domine l’espace socioéconomique haïtien[vii]. Est-ce pourquoi les classes dominantes combattent subtilement tout effort d’alphabétisation et de scolarisation des masses, tandis que celles-ci en font une de leurs principales revendications. Cette économie de rente ne nécessite aucune force de travail qualifiée. Et les classes dirigeantes savent, depuis l’époque coloniale et la rencontre des grandes civilisations, que l’Éducation élève les hommes à la liberté. Ainsi donc, elles feront tout en leur pouvoir pour que les masses haïtiennes aient un accès le plus limité possible à l’éducation et à la formation technique et professionnelle, et cette philosophie de la domination par « l’ignorance » dure encore, jusqu’à nos jours. Ceci explique le rejet, par les classes possédantes et dirigeantes, de toutes formes d’éducation et de formation proposées à travers les nombreux projets comme les réformes Dartigue, Bernard, le PNE (Plan national d’Éducation), le PNEF (Plan National d’Éducation et de Formation), l’EPT (Éducation Pour Tous), etc. et toutes les tentatives autour des établissements de formation professionnelle[viii] J.B. Damier, l’École Élie Dubois et l’INFP[ix].
Un regard sévère sur le PSUGO : pourquoi ?
La demande d’éducation et de formation de qualité n’a cessé d’augmenter de manière exponentielle après le départ de la dictature en 1986. Malheureusement, malgré les prescrits de la nouvelle constitution de 1987, les dirigeants haïtiens qui se sont succédé au pouvoir de 1986 à aujourd’hui (exception à concéder aux intermèdes Aristide et Préval[x]) ont préféré conserver le statu quo et ne pas augmenter l’offre publique d’éducation. Il s’agit là d’un choix délibéré des classes politiques et possédantes. Trente ans après le départ de la dictature, l’accès à l’éducation de qualité perçu par les populations comme la meilleure voie, si non l’unique, vers un mieux être social et économique reste un objectif inaccessible. La tolérance exercée face à la privatisation de tous les niveaux et ordres d’éducation et de formation correspond à un choix de société fondé sur cette forme d’apartheid éducatif où dominent des taux restreints de scolarisation et la médiocrité de la majorité des établissements d’enseignement. Une manière d’enseigner et de justifier symboliquement la médiocrité et la culture de l’échec aux populations.
Aussi, lorsqu’en Haïti, un candidat à la présidence propose de donner un accès universel gratuit à l’école, il obtient immédiatement l’adhésion d’un nombre important d’électeurs. Lorsque président, il prétend mettre sa proposition de campagne à exécution, les familles applaudissent. C’est ce qui s’est passé avec le candidat Sweet Micky, devenu le Président Michel Joseph Martelly.
Lorsque le Président Martelly lance, à grand renfort de publicité, le PSUGO (Programme de scolarisation universelle, gratuite et obligatoire) et qu’il mobilise des ressources financières innovantes colossales pour le supporter, des institutions comme l’UNESCO[xi] sont prêtes à y croire et les populations démunies y voient la planche de salut tant attendue. La promesse d’accès gratuit porte de nombreux parents à délaisser les écoles privées payantes que leurs enfants fréquentaient pour les inscrire dans ces classes du PSUGO. Pour résumer, des attentes considérables jaillissent de partout suite à ces promesses du politicien en campagne et plus encore du candidat devenu Président !
Les propagandistes du régime Martelly affirment : « En incorporant un stock de savoir aux enfants issus des familles économiquement et socialement défavorisées, le programme de scolarisation universelle du Président Martelly va impacter positivement divers secteurs d’activité. » Ils affirment que ce projet constitue « un véritable appui à la promotion sociale des enfants d’origine modeste » et prévoient des « effets de socialisation, de transmission et de création de savoirs pluriels institués et de cultures ». Enfin, ils prédisent des « effets économiques et sociaux » importants sur les communautés de base. [xii]
Cinq ans plus tard, la débâcle est totale et immense :
1) on constate que le PSUGO est gangréné de multiples scandales administratifs et financiers qui sapent complètement sa crédibilité; [xiii]
2) il est impossible de savoir le nombre réel d’écoles et/ou d’écoliers ayant bénéficié du Psugo parce que toutes les statistiques sont falsifiées à la base avec complicité des responsables; [xiv]
3) les programmes et contenus de formations véhiculés par le PSUGO ne répondent aucunement aux profils des écoliers qui y sont inscrits et il est évident que leur bien être éducatif et psychologique ne fait pas partie des préoccupations des dirigeants[xv].
L’échec monumental de cette expérience porte un coup de massue aux rêves de centaines de milliers de familles qui avaient choisi de faire confiance à leur président. Plus que pour les autres dérives de son mandat et les promesses non tenues, le Président Martelly et ses collaborateurs doivent porter la responsabilité pleine et entière pour ce fiasco que constitue le PSUGO face aux aspirations légitimes des familles haïtiennes et pour le coût social, économique et institutionnel que la société devra payer suite à la faillite totale de ce projet.
Exigence politique, la scolarisation universelle, instrument de développement économique, social et culturel ne pourrait être cette coquille pédagogique creuse utilisée à des fins de propagande politique afin de masquer cette arnaque magistrale organisée par les « bandits légaux », que certains qualifient de « crime économique »[xvi] dont le seul objectif est de s’enrichir le plus vite possible aux dépens de la République et de ses citoyens.
Expérience tèt kale du PSUGO
L’expérience du « Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire » (PSUGO) initiée et gérée par les gouvernements « Tèt kale » (avec la complicité de ses Premiers ministres Conille, Lamothe et Paul) se résume à une des plus grandes arnaques de l’histoire de l’éducation en Haïti, à une violation des plus iniques des droits fondamentaux des écoliers, de leurs parents, des Haïtiens de la diaspora et de l’intérieur et à une entreprise de déstructuration profonde du système éducatif. Nous allons comprendre pourquoi et comment à travers les trois points de repère suivants : financement, gouvernance, qualité; renforçant ainsi les multiples prises de position publique d’institutions nationales comme des syndicats, des groupes de la société civile, des pères conscrits du Sénat, de la CSC/CA pour réprouver la dilapidation de ces ressources rares qui devaient servir au renforcement du système éducatif et à l’amélioration de la qualité des services offerts.
Financement de l’éducation et PSUGO
La mise en œuvre, à l’échelle planétaire, des Objectifs de l’éducation pour tous (EPT) à la fin des années 1990 puis, à partir de 2000 des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) élaborés par la communauté des nations, a vite mis à nu les limites des ressources traditionnelles disponibles pour des programmes de cette envergure. On a donc notamment mis en place des cellules internationales de réflexion sur le financement de l’éducation comme le « Groupe de travail sur les financements innovants »[xvii] afin de trouver les ressources nouvelles, dites innovantes, que l’on pourrait mobiliser à ces fins. En Haïti aussi[xviii], le gouvernement, la société civile, le monde de l’éducation réfléchissent et cherchent comment trouver les ressources financières additionnelles indispensables pour faire face aux immenses besoins d’un nouveau système éducatif[xix]. Aussi, Michel Martelly et son équipe ne sont pas les premiers à rechercher les moyens pour financer l’éducation haïtienne. Il n’est pas non plus le premier à inscrire la scolarisation universelle parmi les objectifs du gouvernement, ni à mettre en place un tel programme.
De nombreuses stratégies ont été proposées, dont ces « taxes » sur les nationaux en migration. Toutefois, toutes les propositions de « mécanismes financiers innovants pour l’éducation » énoncées s’inscrivent dans la poursuite de quatre objectifs complémentaires : mobilisation des ressources importantes et stables; accroissement de la visibilité de l’éducation dans le programme de développement international; amélioration de l’efficacité et de l’efficience de l’aide; et stimulation de l’innovation dans le secteur de l’éducation. »[xx] Il va sans dire, aussi, que tous ces mécanismes s’inscrivent dans le plus strict respect des lois et des normes généralement admises de gestion de fonds publics. On ne retrouve aucune de ces balises de bonne gouvernance dans le PSUGO qui est de préférence dominé par des scandales financiers et du non paiement de leurs salaires aux enseignants.
Lorsque le Président d’Haïti lance en 2011 le projet FNÉ (Fonds national pour l’éducation) avec un mécanisme de financement national et innovant, malgré les accrocs observés dès le départ comme l’illégalité des opérations, il trouve le support d’institutions comme l’UNESCO et un très grand nombre de familles applaudissent. À ce moment, personne ne pouvait imaginer que ce gouvernement, dirigé par Laurent Lamothe puis Evens Paul, dont les membres dirigeants s’identifiaient à des « bandits légaux », allait faire main basse sur les fonds du FNÉ sans aucune retenue comme on le découvrira tout au long des cinq années du règne du Président Martelly !
Dans un rapport sur le FNÉ, la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA) a statué que celui-ci a été illégalement mis en place, puisqu’aucune loi n’a autorisé le prélèvement de ces taxes[xxi]. Elle a statué que ce fonds est géré illégalement, puisqu’il ne passe pas par le Trésor public. De plus, il est illégalement utilisé, ne faisant partie d’aucune loi budgétaire. Et enfin, une enquête[xxii] du Sénat de la république a trouvé que plus de 40% des fonds ont été utilisés pour les achats de mobiliers au profit du CONATEL (Conseil National des Télécommunications, l’instance de règlementation des télécommunications en Haïti[xxiii].
De nombreux autres rapports[xxiv] dressés par des institutions comme le MENFP (Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle), l’UCREF (Unité Centrale de Renseignements financiers) et l’ULCC (Unité de Lutte contre la Corruption)[xxv] ont mis a nu les pratiques d’escroquerie d’une telle ampleur qu’elles doivent avoir bénéficié de complicités au plus haut niveau du gouvernement pour leur mise en place. En effet, des sénateurs, des députés et d’autres hauts dignitaires du gouvernement disposent de leurs lots d’écoles ‹ dans des valises ›. En effet, beaucoup des listes soumises par les responsables d’écoles PSUGO sont falsifiées : le nombre d’enfants inscrits sur ces listes est de loin supérieur à celui des écoliers qui fréquentent véritablement les salles de classe; mais les responsables reçoivent quand même leurs subventions calculées sur le nombre porté sur ces listes ‹ gonflées ›.
Pour tenter de masquer l’ampleur des délits, le ministère de l’Éducation et certaines structures gouvernementales de lutte contre la corruption [xxvi] annoncent des enquêtes, et émettent des avis affirmant que les cas de fraude ne sont que des accidents isolés qui seront sanctionnés. En effet, on identifie quelques « petits délinquants » qui peuvent plus facilement être discrédités aux yeux du grand public. Ils sont vilipendés et poursuivis en justice avec fracas tandis que les « personnalités » étatiques de haut niveau organisateurs et bénéficiaires de ces crimes économiques et financiers autour du PSUGO, ne sont jamais inquiétées.
Les mécanismes innovants de financement national du système éducatif haïtien représentent tout de même une source d’espoir incontestable dans un contexte marqué par des besoins de plus en plus pressants face à une très grande dépendance vis à vis de l’aide externe tandis que celle-ci tend à diminuer. En effet, les deux taxes prélevées sur les transferts d’argent de l’étranger et les appels téléphoniques internationaux ont rapporté une moyenne annuelle de 102 millions $ US durant les cinq ans du règne Martelly (2011-2016)[xxvii]. Il était prévu de lever aussi des taxes sur les jeux de hasard et sur les casinos, sur les objets de luxe (tabac, parfums), sur l’importation de produits alimentaires, sur les véhicules à moteur et sur les constructions, etc. Est-ce que celles-ci ont été mises en application ? On n’en sait rien pour le moment, le gouvernement ayant opté pour une gouvernance dans un maximum d’opacité. Mais il est important de le savoir afin de fixer l’ampleur de l’opération de criminalité économique menée sous le prétexte de la scolarisation universelle et pour mieux évaluer les ressources que la nation peut mobiliser en faveur de l’éducation.
Lire la suite de ce texte en consultant le Pdf ci-joint.
[v] Tardieu, C., 1990. L’Éducation en Haïti, de la période coloniale à nos jours (1980). Université de Montréal, thèse de doctorat
Le Psugo, une des plus grandes arnaques
de l’histoire de l’éducation en Haïti
Par Charles Tardieu, Ph.D
Port-au-Prince, 30 juin 2016
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