Forum spécial : Quand je suis haitien
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Forum spécial : Quand je suis haitien
Pour que nul n’en ignore :
Le tremblement de terre ! Haiti est sous les décombres .Nous avons besoin d’aide .Et pourtant ceux qui profitent de nos malheurs –quelle que soit la couleur de leur peau – sont encore à l’œuvre :
Voici Mamahdi et Pierre, deux ressortissants de la Cote d’Ivoire .Voici Jofhua de Sierra Leone .Ils font tous partie du contingent des occupants dont la présence avilit le pays .Et voici Milord ,le français ,un Gaulois aux yeux bleus ,un homme au cœur d’or et qui vit avec eux dans le meme complexe .Ils sont tous chez nous , disent- ils , pour nous aider à nous comporter en civilisés .L’omniprésence du tremblement de terre et ses conséquences épouvantables !!Tout le monde est aux aguets .On ne sait plus où se terrer pour s’abriter du mauvais temps.
Le gaulois Milord ,l’arrogant, fit dresser une tente dans la grande cour du complexe pour recevoir les sinistres qui ne savent plus où donner la tête .Ils ont faim et ils sont sales et couverts de poussière .Bon nombre d’entre eux sont blessés et réclament des soins d’urgences .Le gaulois Milord se démene comme un beau diable pour leur venir en aide .Il y est arrivé en passant de porte en porte et en demandant du secours aux voisins haïtiens encore tout étonnés de l’ampleur du désastre , de la catastrophe .Paix relative dans un moment de desespoir atroce .Mais pas pour logtemps .
Une lettre arrive de toute urgence à la maison du propriétaire du complexe :
Monsieur,
« Nous n'avions payé nos loyers pour nous retrouver dans cette situation difficile .Je trouve injuste qu’un Français s’arroge le droit de planter dans votre cour une tente pour abriter des sinistres .Ce n’est pas cette mode de vie que nous envisagions quand nous entrâmes dans un contrat de loyer avec vous .Nous vous donnons acte de notre désapprobation de cet acte arrogant du Français qui pense que nous devons baisser notre standard de vie pour venir au secours de ces haïtiens .Nous exigeons que vous preniez immédiatement les mesures nécessaires pour faire déguerpir les sans –abris qui sont bien connus pour etre des voleurs et des bandits.
Recevez Monsieur, nos salutations distinguées.
Mamahdi et Pierre, de la cote d’ivoire.
Jofhua, de Sierra Leone.
-----------------------------------------------------------------
Reponse du propriétaire ,un haïtien Gaulois selon les partisans de la haine :
Messieurs,
J'ai l'honneur d'accuser la reception de votre lettre . Je comprends vos inquietudes . Nous vivons les heures d'une terrible tragédie que le pays n’a jamais vécues dans son histoire .Si vous insistez et s’il faut que j’ordonne le déguerpissement des sinistrés de la cour , je le ferai tantôt quand j’aurai trouvé une place convenable sur l’une de mes propriétés à Pétionville ou ils pourront prendre refuge de la compassion de ceux qui étaient venus pour les aider .Je vous donne-moi aussi acte de ma décision irrévocable :
Votre contrat ne sera pas renouvelé à la date de son expiration le mois prochain.
Recevez messiers mes salutations distinguées.
Le Gaulois des aigris.
-----------------------------------------------------------------------------------------
Merde et merde !
Ces gars-là sont chez nous .Imaginez ce qu’ils seraient capables de faire si nous étions chez eux .Trois africains et pas un seul n’avait trouvé dans son cœur un sentiment de pitié pour nos concitoyens face à leurs malheurs. Je ne doute pas qu’ils auraient eu la meme attitude chez eux .Allez messieurs ! Parlez-moi de l’Afrique .Des frères de la race .Allez-y .Et laissez, dans votre générosité panaméricaine, les sinistrés et les sans-abris à la merci des vents et du « goudoukouglou » pour porter secours à l'étranger car leur vie est bien plus précieuse que celle des haïtiens .Venez à leur aide parce que ça les dérange, la présence de tous ces sales haïtiens pauvres et sans-abri.
Mwin ta di nou sa Kassayol te di bef la wi, bann congo. Chita sou internet ap radote pale sa nou pa konen epi kontinye bay manti ak sa nou ranmasse lan liv pwopagann.Se pou ayisyen ke mwin santi'm blesse le yo blesse se pou ayisyen mwin soufri le yap soufri .Mwin pagin okenn kod lonbrit ki mare ak etranje poum paka di se le se fanmi lakay mwin ap soufri ke'm soufri tou . Kelkeswa koule po li ,a l'etranger, je dedie avec force et courage le mot de Cambronne !
Le tremblement de terre ! Haiti est sous les décombres .Nous avons besoin d’aide .Et pourtant ceux qui profitent de nos malheurs –quelle que soit la couleur de leur peau – sont encore à l’œuvre :
Voici Mamahdi et Pierre, deux ressortissants de la Cote d’Ivoire .Voici Jofhua de Sierra Leone .Ils font tous partie du contingent des occupants dont la présence avilit le pays .Et voici Milord ,le français ,un Gaulois aux yeux bleus ,un homme au cœur d’or et qui vit avec eux dans le meme complexe .Ils sont tous chez nous , disent- ils , pour nous aider à nous comporter en civilisés .L’omniprésence du tremblement de terre et ses conséquences épouvantables !!Tout le monde est aux aguets .On ne sait plus où se terrer pour s’abriter du mauvais temps.
Le gaulois Milord ,l’arrogant, fit dresser une tente dans la grande cour du complexe pour recevoir les sinistres qui ne savent plus où donner la tête .Ils ont faim et ils sont sales et couverts de poussière .Bon nombre d’entre eux sont blessés et réclament des soins d’urgences .Le gaulois Milord se démene comme un beau diable pour leur venir en aide .Il y est arrivé en passant de porte en porte et en demandant du secours aux voisins haïtiens encore tout étonnés de l’ampleur du désastre , de la catastrophe .Paix relative dans un moment de desespoir atroce .Mais pas pour logtemps .
Une lettre arrive de toute urgence à la maison du propriétaire du complexe :
Monsieur,
« Nous n'avions payé nos loyers pour nous retrouver dans cette situation difficile .Je trouve injuste qu’un Français s’arroge le droit de planter dans votre cour une tente pour abriter des sinistres .Ce n’est pas cette mode de vie que nous envisagions quand nous entrâmes dans un contrat de loyer avec vous .Nous vous donnons acte de notre désapprobation de cet acte arrogant du Français qui pense que nous devons baisser notre standard de vie pour venir au secours de ces haïtiens .Nous exigeons que vous preniez immédiatement les mesures nécessaires pour faire déguerpir les sans –abris qui sont bien connus pour etre des voleurs et des bandits.
Recevez Monsieur, nos salutations distinguées.
Mamahdi et Pierre, de la cote d’ivoire.
Jofhua, de Sierra Leone.
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Reponse du propriétaire ,un haïtien Gaulois selon les partisans de la haine :
Messieurs,
J'ai l'honneur d'accuser la reception de votre lettre . Je comprends vos inquietudes . Nous vivons les heures d'une terrible tragédie que le pays n’a jamais vécues dans son histoire .Si vous insistez et s’il faut que j’ordonne le déguerpissement des sinistrés de la cour , je le ferai tantôt quand j’aurai trouvé une place convenable sur l’une de mes propriétés à Pétionville ou ils pourront prendre refuge de la compassion de ceux qui étaient venus pour les aider .Je vous donne-moi aussi acte de ma décision irrévocable :
Votre contrat ne sera pas renouvelé à la date de son expiration le mois prochain.
Recevez messiers mes salutations distinguées.
Le Gaulois des aigris.
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Merde et merde !
Ces gars-là sont chez nous .Imaginez ce qu’ils seraient capables de faire si nous étions chez eux .Trois africains et pas un seul n’avait trouvé dans son cœur un sentiment de pitié pour nos concitoyens face à leurs malheurs. Je ne doute pas qu’ils auraient eu la meme attitude chez eux .Allez messieurs ! Parlez-moi de l’Afrique .Des frères de la race .Allez-y .Et laissez, dans votre générosité panaméricaine, les sinistrés et les sans-abris à la merci des vents et du « goudoukouglou » pour porter secours à l'étranger car leur vie est bien plus précieuse que celle des haïtiens .Venez à leur aide parce que ça les dérange, la présence de tous ces sales haïtiens pauvres et sans-abri.
Mwin ta di nou sa Kassayol te di bef la wi, bann congo. Chita sou internet ap radote pale sa nou pa konen epi kontinye bay manti ak sa nou ranmasse lan liv pwopagann.Se pou ayisyen ke mwin santi'm blesse le yo blesse se pou ayisyen mwin soufri le yap soufri .Mwin pagin okenn kod lonbrit ki mare ak etranje poum paka di se le se fanmi lakay mwin ap soufri ke'm soufri tou . Kelkeswa koule po li ,a l'etranger, je dedie avec force et courage le mot de Cambronne !
Dernière édition par deza le Mer 16 Fév 2011 - 17:16, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Il ne faut jamais oublier la volonté criminelle des congos impénitents qui vantent les vertus d'une piètre nostalgie de l'exil afin de nous attirer dans les pièges conçus par leur cerveau dérangé et servile qui offre un refuge sur aux berceuses de l’anti-nation. Ils veulent nous leurrer loin des expériences légitimes qui ont formé le psychè haïtien dans le chaudron de l’expérience coloniale de l’esclavage de la révolte .Surement il existe à l’intérieur de cette décision une jalousie innée car ils n’ont jamais été capables de de débarrasser du joug des « Gaulois « quand nous l’avions fait pour mériter notre titre d’Haïtiens choisi par Jean-Jacques Dessalinnes et les autres Peres Fondateurs de cette nation .Ils ne se soucient point de la sante politique et sociale de l’etre social haïtien ,de son devenir.
Ils n’ont jamais pu s'atteler à aider et chercher à guérir les fils et filles de l'Afrique que l'expérience coloniale a transformés ,ces êtres qui ont fait l’indépendance et que les congos de la haine et du ressentiment prétendent aimer alors qu’ils crèvent de faim et de misères la chez nous en Haiti sous leurs yeux indifférents ,cruels et froids .L’imposture a assez dure .Elle n’est plus acceptable parmi les vrais Haïtiens qui n’ont reçu en échange de leur générosité que la trahison de ces adversaires d’antan qui n’ont jamais cessé de miner et de saboter les descendants de l’épopée de la libération des noirs ..
Je ne suis pas né Haitien pour défendre et protéger la cause d'un autre peuple avant que le mien ne soit protège des maux et des douleurs de l'existence .Le vrai citoyen haïtien s'occupe d'abord de son haïtiennete et de ses frères et sœurs qui ont besoin de son aide. Le bon père de famille s'occupe tout d'abord de sa famille avant d'aller se promener et butiner ailleurs afin de prouver son masculinité et créer d'autres familles illégitimes de la dysfonction pour satisfaire les besoins égoïstes de son moi "primitif ".J'appelle tous les vrais haïtiens au secours du pays .La race des congos est notre ennemie .Elle nous offre maintenant ces distractions de l 'Imposture pour nous faire oublier que nous vivons encore sous les décombres que la politique néfaste de leurs frères et dirigeants parmi nous continuent d'appliquer pour détruire le pays haïtien .
Ils accusent et recherchent le couvert d'une légitimité qui recule devant l'horreur de leurs desseins .Ils jouent à cache avec les priorités de la nation et ils se glissent derrière les rideaux épais des scènes de l'infamie d'un fausse appartenance raciale qui n'est que le paravent bicentenaire des descendants des congos brigands ,pillards ,assassins et traitres que Dessalinnes avait pardonnes dans un excès de générosité. Ils ont développe aussi une drôle notion des souffrances de la mère noire, cette régresse violée par les "Gaulois" car ils veulent que la mère historique délaisse et abandonne ses enfants que les abus d’un Maitre ont imposé à ses vertus souillées par la luxure. Ils ne savent rien des sentiments maternels .Ils veulent honorer la Mère en haïssant sa progéniture ! Mais que font –ils dans la réalité de leur vie pour satisfaire ce besoin de vengeance et de réparation provoque par les abus de notre expérience entre les mains de l’esclavage ?
Ils continuent sans remords, sans aucun sens des tracas de notre expérience historique, d’imposer cette noble mission d’insémination de la femelle contre son gré quand ils ont remplacé le maitre. Ils profitent sans vergogne des conditions avilissantes des grandes misères que leurs politiques sociales ont créée au niveau de la patrie humiliée par leurs soins et leur cupidité sans bornes. Ils avilissent la Mère Noire afin de l'honorer ! O les misérables salauds !
On dirait qu’ils nous proposent dans la moralité subversive de leur immoralité un mépris de la Mère et que les batarde noirs sont supérieurs aux batarde mulâtres de la colonie. .Voilà peut-être pourquoi ils nous proposent de regarder ailleurs pour que nous ne voyions pas l’étendue du désastre de leurs méfaits .Mais ils sont coincés partout où ils voudraient nous trainer pour assister à une noblesse de l’etre Africain qui n’existe pas dans la jungle des prédateurs africains .Quand nous arrivons chez eux , nous ne voyons que des guerriers assassins sans âme qui torturent , violent femmes et enfants, les mutilent le corps sans raison ,coupent leurs membres en petits morceaux pour les vouer à une condition pire que celle de la bête car ils ne peuvent plus se défendre contre les attaques des ennemies naturels.
Vous appelez Colo et moi des "Gaulois " en essayant de faire appel aux émotions contenues dans un cri de révolte d’autrefois qui n’a plus d’écho parmi nous parce que vous aviez avili la nation avec vos « vini vite frères gaulois avec vos soldats ». pour protéger mes ambitions rochambeauesques mégalomanes .
Et meme cette Afrique dont vous chantez les vertus vous fatigue après un retour inattendu en son sein .Elle vous oblige à admettre votre hypocrisie car vous voulez retourner maintenant dans un « chez vous » que vous haïssiez pendant le temps de vos règnes protégé par des mercenaires "gaulois" en résidence .Pendant ce temps , les pauvres haïtiens de notre ile sont forcé de prendre la mer au risque de leur vie pour se rendre chez les « gaulois » .Meme les petites iles qui sont encore sous la domination « gauloise » ne veulent plus de votre présence . Vous n'avez pas honte ! Vous êtes-vous regardé dans un miroir ces derniers temps bandes de corrompus, de faux-frères et de menteurs ?
Vous vivez chez les "gaulois “, vous recevez le pain de l’instruction des gaulois, vous vous bombez la poitrine après avoir respiré l’air des pays gaulois, vous êtes gras et dodu comme un bon chien fidèle , vous vous trainez à genou aux portes de leurs maisons de charité pour assurer la survie de vos misérables vies, vous rampez inutilement aux portes de leurs ambassades avec le cul a découvert et vous avez encore le courage de vous plaindre que vos vertus douteuse sont assiégées par les Gaulois ! Hypocrites ! Allez vendre ailleurs les produits de vos paniers remplis de rancœur, de haine, d’hypocrisie, de traitrise et de trahison ! Honte à vous, arrivistes de l’intellect ! Honte à vous imposteurs, marchands de mensonges et de haine !
Deza
Ils n’ont jamais pu s'atteler à aider et chercher à guérir les fils et filles de l'Afrique que l'expérience coloniale a transformés ,ces êtres qui ont fait l’indépendance et que les congos de la haine et du ressentiment prétendent aimer alors qu’ils crèvent de faim et de misères la chez nous en Haiti sous leurs yeux indifférents ,cruels et froids .L’imposture a assez dure .Elle n’est plus acceptable parmi les vrais Haïtiens qui n’ont reçu en échange de leur générosité que la trahison de ces adversaires d’antan qui n’ont jamais cessé de miner et de saboter les descendants de l’épopée de la libération des noirs ..
Je ne suis pas né Haitien pour défendre et protéger la cause d'un autre peuple avant que le mien ne soit protège des maux et des douleurs de l'existence .Le vrai citoyen haïtien s'occupe d'abord de son haïtiennete et de ses frères et sœurs qui ont besoin de son aide. Le bon père de famille s'occupe tout d'abord de sa famille avant d'aller se promener et butiner ailleurs afin de prouver son masculinité et créer d'autres familles illégitimes de la dysfonction pour satisfaire les besoins égoïstes de son moi "primitif ".J'appelle tous les vrais haïtiens au secours du pays .La race des congos est notre ennemie .Elle nous offre maintenant ces distractions de l 'Imposture pour nous faire oublier que nous vivons encore sous les décombres que la politique néfaste de leurs frères et dirigeants parmi nous continuent d'appliquer pour détruire le pays haïtien .
Ils accusent et recherchent le couvert d'une légitimité qui recule devant l'horreur de leurs desseins .Ils jouent à cache avec les priorités de la nation et ils se glissent derrière les rideaux épais des scènes de l'infamie d'un fausse appartenance raciale qui n'est que le paravent bicentenaire des descendants des congos brigands ,pillards ,assassins et traitres que Dessalinnes avait pardonnes dans un excès de générosité. Ils ont développe aussi une drôle notion des souffrances de la mère noire, cette régresse violée par les "Gaulois" car ils veulent que la mère historique délaisse et abandonne ses enfants que les abus d’un Maitre ont imposé à ses vertus souillées par la luxure. Ils ne savent rien des sentiments maternels .Ils veulent honorer la Mère en haïssant sa progéniture ! Mais que font –ils dans la réalité de leur vie pour satisfaire ce besoin de vengeance et de réparation provoque par les abus de notre expérience entre les mains de l’esclavage ?
Ils continuent sans remords, sans aucun sens des tracas de notre expérience historique, d’imposer cette noble mission d’insémination de la femelle contre son gré quand ils ont remplacé le maitre. Ils profitent sans vergogne des conditions avilissantes des grandes misères que leurs politiques sociales ont créée au niveau de la patrie humiliée par leurs soins et leur cupidité sans bornes. Ils avilissent la Mère Noire afin de l'honorer ! O les misérables salauds !
On dirait qu’ils nous proposent dans la moralité subversive de leur immoralité un mépris de la Mère et que les batarde noirs sont supérieurs aux batarde mulâtres de la colonie. .Voilà peut-être pourquoi ils nous proposent de regarder ailleurs pour que nous ne voyions pas l’étendue du désastre de leurs méfaits .Mais ils sont coincés partout où ils voudraient nous trainer pour assister à une noblesse de l’etre Africain qui n’existe pas dans la jungle des prédateurs africains .Quand nous arrivons chez eux , nous ne voyons que des guerriers assassins sans âme qui torturent , violent femmes et enfants, les mutilent le corps sans raison ,coupent leurs membres en petits morceaux pour les vouer à une condition pire que celle de la bête car ils ne peuvent plus se défendre contre les attaques des ennemies naturels.
Vous appelez Colo et moi des "Gaulois " en essayant de faire appel aux émotions contenues dans un cri de révolte d’autrefois qui n’a plus d’écho parmi nous parce que vous aviez avili la nation avec vos « vini vite frères gaulois avec vos soldats ». pour protéger mes ambitions rochambeauesques mégalomanes .
Et meme cette Afrique dont vous chantez les vertus vous fatigue après un retour inattendu en son sein .Elle vous oblige à admettre votre hypocrisie car vous voulez retourner maintenant dans un « chez vous » que vous haïssiez pendant le temps de vos règnes protégé par des mercenaires "gaulois" en résidence .Pendant ce temps , les pauvres haïtiens de notre ile sont forcé de prendre la mer au risque de leur vie pour se rendre chez les « gaulois » .Meme les petites iles qui sont encore sous la domination « gauloise » ne veulent plus de votre présence . Vous n'avez pas honte ! Vous êtes-vous regardé dans un miroir ces derniers temps bandes de corrompus, de faux-frères et de menteurs ?
Vous vivez chez les "gaulois “, vous recevez le pain de l’instruction des gaulois, vous vous bombez la poitrine après avoir respiré l’air des pays gaulois, vous êtes gras et dodu comme un bon chien fidèle , vous vous trainez à genou aux portes de leurs maisons de charité pour assurer la survie de vos misérables vies, vous rampez inutilement aux portes de leurs ambassades avec le cul a découvert et vous avez encore le courage de vous plaindre que vos vertus douteuse sont assiégées par les Gaulois ! Hypocrites ! Allez vendre ailleurs les produits de vos paniers remplis de rancœur, de haine, d’hypocrisie, de traitrise et de trahison ! Honte à vous, arrivistes de l’intellect ! Honte à vous imposteurs, marchands de mensonges et de haine !
Deza
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Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Voici un texte dont le but est d'empecher la prostitution de notre histoire par les congos qui nous ont trompe et abuse de notre generosite pendant des generations .Il faut que nous soyons conscients du mal qu'ils nous ont souhaite depuis l'aube des combats de l'Independance .Nous devons savoir pardonner parce que nous sommes de bons chretiens ;cependant, les vices et le recidivisme des ingrats remettent toujours en question la generosite du pardon .
Les récits de notre histoire ne mentent jamais car ils ont à l’appui des documents historiques. Le drame de cette nation c’est que des ambitieux de la caste des congos ont comploté pour semer la zizanie parmi les indigènes, les haïtiens, afin de s’approprier des fruits d’une une victoire que les champs de bataille leur ont refusés .Voici une fenêtre ouverte sur un moment de notre histoire :
…Rochambeau résolut d'attaquer le général Romain qui, établi sur les mornes Pelé et Lecurieux, ravageait les environs du Cap, quoiqu'il fut sans cesse inquiété par les Congos. Le général Clausel prit ses dispositions pour le chasser de sa position. Le 24 juillet, à la pointe du jour, le général Noailles se mit en campagne, à la tête de sa brigade, en suivant la route de la Petite-Anse; le général Claparède passa par les hauteurs du Cap. Le général Clausel lui-même sortit du Cap avec la colonne de réserve.
D'après ses ordres, Cagnet et Jacques Tellier s'étaient emparés de la Tannerie pour couper la retraite à l'ennemi. Les trois colonnes françaises attaquèrent les indigènes simultanément. Après un combat sanglant, les généraux Claparède et Noailles enlevèrent les retranchements établis sur les mornes Pelé et Lecurieux. [size=24]Romain se trouva cerné de toutes parts; il avait à sa droite Noailles, à sa gauche Claparède, en queue les Congos, et en tête le général Clausel qui le foudroyait avec une forte artillerie. Il soutint l'impétuosité des Français pendant deux heures sans être ébranlé.
Mais, écrasés sous la mitraille, les indigènes ne purent lutter plus longtemps contre des forces trois fois supérieures aux leurs. Ils battirent en retraite. Romain enleva les embuscades que les Congos avaient établies à la Tannerie, et se retira dans l'intérieur. Il avait laissé sept cents hommes sur le champ de bataille. Peu de prisonniers demeurèrent au pouvoir des Français.
L'indigène, (l’haïtien de souche) quand il éprouvait un échec, trouvait presque toujours, par son agilité et la connaissance qu'il avait des localités, le moyen d'échapper à la cavalerie; et quand la fuite lui devenait impossible, il aimait mieux se donner la mort que de se rendre à un ennemi implacable. Le lendemain de la bataille, 25 juillet, Clausel balaya toute la plaine du Nord et le carrefour du Morne-Rouge. Il rentra au Cap avec un grand nombre de blessés. Cette bataille eut pour résultat d'éloigner les indigènes, pour quelques jours, des environs du Cap.
Le 25 juillet, dans l'après-midi, un grand nombre d'officiers français, se promenant sur la plage du Cap, virent une frégate anglaise rallier, au navire que montait le commodore, un brick qu'ils prirent d'abord pour un américain. Une heure environ après, le brick se détacha du vaisseau amiral, arbora le pavillon français, passa devant le fort Picolet qu'il salua et entra dans le port. Les Français eurent un moment de vrai bonheur; ils crurent que la paix avait été faite entre la France et l'Angleterre. Ils voyaient déjà les communications ouvertes avec la Métropole et la colonie sauvée.
Mais leur illusion fut de courte durée; le brick apportait le préfet colonial de Tabago qui avait capitulé avec les Anglais, et qui, d'après les termes de cette capitulation, avait obtenu la faculté de se rendre au Cap. Il fut accueilli avec distinction par le capitaine-général qui lui remit les rênes de la préfecture de la colonie. Il se mit aussitôt à travailler à l'émission de nouvelles lettres de change que le commerce accepta avec assez de confiance malgré les calamités qui frappaient chaque jour les Européens.
Pendant cet intervalle, Dessalines consolidait sa puissance dans l'Ouest. Dès qu'il fut certain du retour de Rochambeau au Cap, il se résolut à faire un voyage dans le Sud. La présence, au Port-Républicain, du capitaine-général dont il redoutait l'audace, l’avait jusqu'alors retenu dans la plaine du Cul-de-Sac. Il ordonna à Pétion de s'efforcer d'arrêter Lamour Dérance, (un congo) pendant son absence, laissa les troupes de l'Artibonite et de l'Arcahaie campées à Roche-Blanche dans la plaine du Cul-de-Sac et partit pour le camp Gérard avec son état-major seulement.
Il se rendit à la Coupe, d'où il pénétra dans le département du Sud en passant par les montagnes. Il arriva vers la fin de juin, au camp Gérard, dans la plaine des Cayes, ou Geffrard avait son quartier général. L'armée du Sud l'accueillit avec respect. Elle était forte de 10.000 hommes, infanterie et cavalerie. Il la trouva parfaitement disciplinée. Il s'aperçut cependant que les préventions des citoyens de ce département contre lui ne s'étaient pas entièrement dissipées, et que Geffrard était dans l'armée l'objet de la plus profonde vénération.
Il pensa que ses intérêts ainsi que ceux de la patrie lui commandaient de se justifier des accusations dont il était l'objet. Le lendemain, il réunit toutes les troupes, se plaça au milieu d'elles, et leur dit en créole les paroles suivantes, qui sont demeurées gravées dans l'esprit des témoins de cette scène solennelle :
"Mes frères, après la prise de la Petite-Rivière de l'Artibonite, sur les Français, je fus proclamé général en chef de l'armée indépendante par les populations de l'Artibonite. Les généraux du Nord et de l'Ouest, mus par l'amour de la liberté, oubliant les haines politiques qui les animaient les uns contre les autres, vinrent successivement reconnaître mon autorité.
En acceptant le commandement en chef de mes frères, j’en ai senti l'importance et la haute responsabilité. Je suis soldat; j'ai toujours combattu pour la liberté; et si j'ai été pendant la guerre civile aveuglement dévoué à Toussaint Louverture, c'est que j'ai cru que sa cause était celle de la liberté. Cependant, après la chute du général Rigaud, n'ai-je pas maintes fois usé de mon influence pour sauver une foule de braves que le sort des armes avait trahis et qui eux aussi avaient vaillamment combattu pour la liberté lorsque tous nos efforts tendaient à écraser le parti colonial ?
Beaucoup de ceux qui m'écoutent me doivent la vie; je m'abstiens de les nommer. Mes frères, oublions le passé; oublions ces temps affreux, alors qu'égarés par les Blancs, nous étions armés les uns contre les autres. Aujourd'hui, nous combattons pour l'indépendance de notre pays, et notre drapeau rouge et bleu est le symbole de l'union du Noir et du Jaune".
Dessalines fut interrompu par toute l'armée qui s'écria : "Guerre à mort aux Blancs". Il continue :
"Les factions qui pouvaient compromettre la cause de la liberté sont presque éteintes: Lamour Dérance abandonné des siens, doit être arrêté à présent; Petit-Noël Prière, dans les hauteurs du Dondon, ne commande plus qu'à quelques bandits. Je vais retourner dans ces quartiers et je ferai rendre le dernier soupir à la faction expirante des Congos. Vive la liberté !".
L'armée répondit par des acclamations universelles. Dessalines reçut de tous les officier supérieurs l'accolade patriotique. Il fit bruler les brevets que Lamour Dérance avait envoyés à quelques officiers du Sud, et les remplaça par de nouveaux qu'il délivra lui-même. Il nomma Geffrard, général de division, commandant en chef du département; Gérin, général de brigade, commandant de l'arrondissement de l'Anse-à-Veau; Jean-Louis François, général de brigade, commandant de l'arrondissement d'Aquin; Moreau Coco Herne, général de brigade, commandant de celui des Cayes; Férou, général de brigade, commandant de celui de Jérémie. Moreau Coco Herne et Férou avaient à conquérir les Cayes et Jérémie, les chefs-lieux des arrondissements qu'on leur avait confiés.
Dessalines forma ensuite, de toute l'armée du Sud, six demi-brigades d'infanterie et une légion de cavalerie. L'ancienne 13e fut réorganisée. Comme il existait déjà aux Gonaïves une 14e demi-brigade, Dessalines donna aux cinq autres corps du Sud, qu'il venait de former, les numéros : 15e, 16e, 17e, 18e et 19e. La 13e fut confiée au colonel Bourdet, homme de couleur; la 15e au colonel Francisque, homme de couleur; la 16e, au colonel Leblanc, homme de couleur; la 17e, au colonel Vancol, homme de couleur; la 18e, au colonel Bazil, Noir; la 19e, au colonel Giles Benech, Noir. La légion de cavalerie fut confiée au colonel Guillaume Lafleur, Noir.
Geffrard présenta à Dessalines Boisrond Tonnerre, son secrétaire, le lui recommanda comme un homme instruit, du patriotisme le plus ardent. L'attitude et le langage de Boisrond Tonnerre séduisirent Dessalines qui l'attacha à sa personne. Le général en chef partit pour l'Ouest, accompagné de son nouveau secrétaire, après avoir adressé au curé des Cayes une lettre, par laquelle il le chargeait d'annoncer aux citoyens de cette ville que, si la garnison française n'évacuait pas sur le champ, les indigènes, en y pénétrant, détruiraient la place de fond en comble.
Le général Brunet eut déjà évacué, s'il n'avait eu la certitude de l'existence de la guerre entre la France et l'Angleterre. Le brick de Sa Majesté Britannique le "Pélican", qui croisait devant le port des Cayes, capturait tous les navires marchands qui en sortaient. Brunet prit la détermination, qu'il ne réalisera pas, de s'ensevelir sous les ruines de la place. Il nomma Lothon, administrateur des douanes, capitaine-général de la garde nationale.
L'independance n'avait que deux ennemis jures : Les cruels Francais et leur allies congos !
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Les récits de notre histoire ne mentent jamais car ils ont à l’appui des documents historiques. Le drame de cette nation c’est que des ambitieux de la caste des congos ont comploté pour semer la zizanie parmi les indigènes, les haïtiens, afin de s’approprier des fruits d’une une victoire que les champs de bataille leur ont refusés .Voici une fenêtre ouverte sur un moment de notre histoire :
…Rochambeau résolut d'attaquer le général Romain qui, établi sur les mornes Pelé et Lecurieux, ravageait les environs du Cap, quoiqu'il fut sans cesse inquiété par les Congos. Le général Clausel prit ses dispositions pour le chasser de sa position. Le 24 juillet, à la pointe du jour, le général Noailles se mit en campagne, à la tête de sa brigade, en suivant la route de la Petite-Anse; le général Claparède passa par les hauteurs du Cap. Le général Clausel lui-même sortit du Cap avec la colonne de réserve.
D'après ses ordres, Cagnet et Jacques Tellier s'étaient emparés de la Tannerie pour couper la retraite à l'ennemi. Les trois colonnes françaises attaquèrent les indigènes simultanément. Après un combat sanglant, les généraux Claparède et Noailles enlevèrent les retranchements établis sur les mornes Pelé et Lecurieux. [size=24]Romain se trouva cerné de toutes parts; il avait à sa droite Noailles, à sa gauche Claparède, en queue les Congos, et en tête le général Clausel qui le foudroyait avec une forte artillerie. Il soutint l'impétuosité des Français pendant deux heures sans être ébranlé.
Mais, écrasés sous la mitraille, les indigènes ne purent lutter plus longtemps contre des forces trois fois supérieures aux leurs. Ils battirent en retraite. Romain enleva les embuscades que les Congos avaient établies à la Tannerie, et se retira dans l'intérieur. Il avait laissé sept cents hommes sur le champ de bataille. Peu de prisonniers demeurèrent au pouvoir des Français.
L'indigène, (l’haïtien de souche) quand il éprouvait un échec, trouvait presque toujours, par son agilité et la connaissance qu'il avait des localités, le moyen d'échapper à la cavalerie; et quand la fuite lui devenait impossible, il aimait mieux se donner la mort que de se rendre à un ennemi implacable. Le lendemain de la bataille, 25 juillet, Clausel balaya toute la plaine du Nord et le carrefour du Morne-Rouge. Il rentra au Cap avec un grand nombre de blessés. Cette bataille eut pour résultat d'éloigner les indigènes, pour quelques jours, des environs du Cap.
Le 25 juillet, dans l'après-midi, un grand nombre d'officiers français, se promenant sur la plage du Cap, virent une frégate anglaise rallier, au navire que montait le commodore, un brick qu'ils prirent d'abord pour un américain. Une heure environ après, le brick se détacha du vaisseau amiral, arbora le pavillon français, passa devant le fort Picolet qu'il salua et entra dans le port. Les Français eurent un moment de vrai bonheur; ils crurent que la paix avait été faite entre la France et l'Angleterre. Ils voyaient déjà les communications ouvertes avec la Métropole et la colonie sauvée.
Mais leur illusion fut de courte durée; le brick apportait le préfet colonial de Tabago qui avait capitulé avec les Anglais, et qui, d'après les termes de cette capitulation, avait obtenu la faculté de se rendre au Cap. Il fut accueilli avec distinction par le capitaine-général qui lui remit les rênes de la préfecture de la colonie. Il se mit aussitôt à travailler à l'émission de nouvelles lettres de change que le commerce accepta avec assez de confiance malgré les calamités qui frappaient chaque jour les Européens.
Pendant cet intervalle, Dessalines consolidait sa puissance dans l'Ouest. Dès qu'il fut certain du retour de Rochambeau au Cap, il se résolut à faire un voyage dans le Sud. La présence, au Port-Républicain, du capitaine-général dont il redoutait l'audace, l’avait jusqu'alors retenu dans la plaine du Cul-de-Sac. Il ordonna à Pétion de s'efforcer d'arrêter Lamour Dérance, (un congo) pendant son absence, laissa les troupes de l'Artibonite et de l'Arcahaie campées à Roche-Blanche dans la plaine du Cul-de-Sac et partit pour le camp Gérard avec son état-major seulement.
Il se rendit à la Coupe, d'où il pénétra dans le département du Sud en passant par les montagnes. Il arriva vers la fin de juin, au camp Gérard, dans la plaine des Cayes, ou Geffrard avait son quartier général. L'armée du Sud l'accueillit avec respect. Elle était forte de 10.000 hommes, infanterie et cavalerie. Il la trouva parfaitement disciplinée. Il s'aperçut cependant que les préventions des citoyens de ce département contre lui ne s'étaient pas entièrement dissipées, et que Geffrard était dans l'armée l'objet de la plus profonde vénération.
Il pensa que ses intérêts ainsi que ceux de la patrie lui commandaient de se justifier des accusations dont il était l'objet. Le lendemain, il réunit toutes les troupes, se plaça au milieu d'elles, et leur dit en créole les paroles suivantes, qui sont demeurées gravées dans l'esprit des témoins de cette scène solennelle :
"Mes frères, après la prise de la Petite-Rivière de l'Artibonite, sur les Français, je fus proclamé général en chef de l'armée indépendante par les populations de l'Artibonite. Les généraux du Nord et de l'Ouest, mus par l'amour de la liberté, oubliant les haines politiques qui les animaient les uns contre les autres, vinrent successivement reconnaître mon autorité.
En acceptant le commandement en chef de mes frères, j’en ai senti l'importance et la haute responsabilité. Je suis soldat; j'ai toujours combattu pour la liberté; et si j'ai été pendant la guerre civile aveuglement dévoué à Toussaint Louverture, c'est que j'ai cru que sa cause était celle de la liberté. Cependant, après la chute du général Rigaud, n'ai-je pas maintes fois usé de mon influence pour sauver une foule de braves que le sort des armes avait trahis et qui eux aussi avaient vaillamment combattu pour la liberté lorsque tous nos efforts tendaient à écraser le parti colonial ?
Beaucoup de ceux qui m'écoutent me doivent la vie; je m'abstiens de les nommer. Mes frères, oublions le passé; oublions ces temps affreux, alors qu'égarés par les Blancs, nous étions armés les uns contre les autres. Aujourd'hui, nous combattons pour l'indépendance de notre pays, et notre drapeau rouge et bleu est le symbole de l'union du Noir et du Jaune".
Dessalines fut interrompu par toute l'armée qui s'écria : "Guerre à mort aux Blancs". Il continue :
"Les factions qui pouvaient compromettre la cause de la liberté sont presque éteintes: Lamour Dérance abandonné des siens, doit être arrêté à présent; Petit-Noël Prière, dans les hauteurs du Dondon, ne commande plus qu'à quelques bandits. Je vais retourner dans ces quartiers et je ferai rendre le dernier soupir à la faction expirante des Congos. Vive la liberté !".
L'armée répondit par des acclamations universelles. Dessalines reçut de tous les officier supérieurs l'accolade patriotique. Il fit bruler les brevets que Lamour Dérance avait envoyés à quelques officiers du Sud, et les remplaça par de nouveaux qu'il délivra lui-même. Il nomma Geffrard, général de division, commandant en chef du département; Gérin, général de brigade, commandant de l'arrondissement de l'Anse-à-Veau; Jean-Louis François, général de brigade, commandant de l'arrondissement d'Aquin; Moreau Coco Herne, général de brigade, commandant de celui des Cayes; Férou, général de brigade, commandant de celui de Jérémie. Moreau Coco Herne et Férou avaient à conquérir les Cayes et Jérémie, les chefs-lieux des arrondissements qu'on leur avait confiés.
Dessalines forma ensuite, de toute l'armée du Sud, six demi-brigades d'infanterie et une légion de cavalerie. L'ancienne 13e fut réorganisée. Comme il existait déjà aux Gonaïves une 14e demi-brigade, Dessalines donna aux cinq autres corps du Sud, qu'il venait de former, les numéros : 15e, 16e, 17e, 18e et 19e. La 13e fut confiée au colonel Bourdet, homme de couleur; la 15e au colonel Francisque, homme de couleur; la 16e, au colonel Leblanc, homme de couleur; la 17e, au colonel Vancol, homme de couleur; la 18e, au colonel Bazil, Noir; la 19e, au colonel Giles Benech, Noir. La légion de cavalerie fut confiée au colonel Guillaume Lafleur, Noir.
Geffrard présenta à Dessalines Boisrond Tonnerre, son secrétaire, le lui recommanda comme un homme instruit, du patriotisme le plus ardent. L'attitude et le langage de Boisrond Tonnerre séduisirent Dessalines qui l'attacha à sa personne. Le général en chef partit pour l'Ouest, accompagné de son nouveau secrétaire, après avoir adressé au curé des Cayes une lettre, par laquelle il le chargeait d'annoncer aux citoyens de cette ville que, si la garnison française n'évacuait pas sur le champ, les indigènes, en y pénétrant, détruiraient la place de fond en comble.
Le général Brunet eut déjà évacué, s'il n'avait eu la certitude de l'existence de la guerre entre la France et l'Angleterre. Le brick de Sa Majesté Britannique le "Pélican", qui croisait devant le port des Cayes, capturait tous les navires marchands qui en sortaient. Brunet prit la détermination, qu'il ne réalisera pas, de s'ensevelir sous les ruines de la place. Il nomma Lothon, administrateur des douanes, capitaine-général de la garde nationale.
L'independance n'avait que deux ennemis jures : Les cruels Francais et leur allies congos !
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Invité- Invité
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Les bonnes choses ne perdent jamais de leur saveur initiale malgré le passage du temps .C'est comme un bon vin qui a vieilli dans un tonneau de bois de cèdre .Voici un texte qui est toujours d'actualité après plus de 2000 ans d'existence .Nous le devons à la droiture et l'expérience d'un ami honnête qui se nomme Excalibur sur le forum moun.com:
Voici un extrait de LA RÉPUBLIQUE de Platon. Il s'agit de la bien connue Allégorie de la caverne; un texte que tout être vivant sur notre planète doit se faire le cadeau de lire au moins une fois dans sa vie...Il ne suffit pas de lire pour acquerir une erudition livresque au service de la propagande de ses croyances .Il faut savoir lire pour enrichir et bien meubler l'esprit qui se transforme et devient plus raffine sous l'influence independante du savoir universel qui n'appartient a aucun cenacle ideologique . .
Maintenant, repris-je, représente-toi de la façon que voici l'état de notre nature relativement à l'instruction et à l'ignorance. Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu'ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête; la lumière leur vient d'un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles.
Je vois cela, dit-il.
Figure-toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des objets de toute sorte, qui dépassent le mur, et des statuettes d'hommes et d'animaux, en pierre, en bois, et en toute espèce de matière; naturellement, parmi ces porteurs, les uns parlent et les autres se taisent.
Voilà, s'écria-t-il, un étrange tableau et d'étranges prisonniers.
Ils nous ressemblent, répondis-je; et d'abord, penses-tu que dans une telle situation ils aient jamais vu autre chose d'eux mêmes et de leurs voisins que les ombres projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face ?
Et comment ? observa-t-il, s'ils sont forcés de rester la tête immobile durant toute leur vie ?
Et pour les objets qui défilent n'en est-il pas de même ?
Sans contredit.
Si donc ils pouvaient s'entretenir ensemble ne penses-tu pas qu'ils prendraient pour des objets réels les ombres qu'ils verraient ?
Il y a nécessité.
Et si la paroi du fond de la prison avait un écho, chaque fois que l'un des porteurs parlerait, croiraient-ils entendre autre chose que l'ombre qui passerait devant eux ?
Non par Zeus, dit-il.
Assurément, repris-je, de tels hommes n'attribueront de réalité qu'aux ombres des objets fabriqués.
C'est de toute nécessité.
Considère maintenant ce qui leur arrivera naturellement si on les délivre de leurs chaînes et qu'on les guérisse de leur ignorance. Qu'on détache l'un de ces prisonniers, qu'on le force à se dresser immédiatement, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux vers la lumière : en faisant tous ces mouvements il souffrira, et l'éblouissement l'empêchera de distinguer ces objets dont tout à l'heure il voyait les ombres. Que crois-tu donc qu'il répondra si quelqu'un lui vient dire qu'il n'a vu jusqu'alors que de vains fantômes, mais qu'à présent, plus près de la réalité et tourné vers des objets plus réels, il voit plus juste ? si, enfin, en lui montrant chacune des choses qui passent, on l'oblige, à force de questions, à dire ce que c'est ? Ne penses-tu pas qu'il sera embarrassé, et que les ombres qu'il voyait tout à l'heure lui paraîtront plus vraies que les objets qu'on lui montre maintenant ?
Beaucoup plus vraies, reconnut-il.
Et si on le force; à regarder la lumière elle-même, ses yeux n'en seront-ils pas blessés ? N’en fuira-t-il pas la vue pour retourner aux choses qu'il peut regarder, et ne croira-t-il pas que ces dernières sont réellement plus distinctes que celles qu'on lui montre ?
Assurément.
Et si, reprise-je, on l'arrache de sa caverne, par force, qu'on lui fasse gravir la montée rude et escarpée, et qu'on ne lâche pas avant de l'avoir traîné jusqu'à la lumière du soleil, ne souffrira-t-il pas vivement, et ne se plaindra-t-il pas de ces violences ? Et lorsqu'il sera parvenu à la lumière, pourra-t-il, les yeux tout éblouis par son éclat, distinguer une seule des choses que maintenant nous appelons vraies ?
Il ne le pourra pas, répondit-il; du moins dès l'abord.
Il aura, je pense, besoin d'habitude pour voir les objets de la région supérieure. D'abord ce seront les ombres qu'il distinguera le plus facilement, puis les images des hommes et des autres objets qui se reflètent dans les eaux, ensuite les objets eux-mêmes. Après cela, il pourra, affrontant la clarté des astres et de la lune, contempler plus facilement pendant la nuit les corps célestes et le ciel lui-même, que pendant le jour le soleil et sa lumière.
Sans doute.
A la fin, j'imagine, ce sera le soleil - non ses vaines images réfléchies dans les eaux ou en quelque autre endroit -mais le soleil lui-même à sa vraie place, qu'il pourra voir et contempler tel qu'il est.
Nécessairement, dit-il.
Après cela il en viendra à conclure au sujet du soleil, que c'est lui qui fait les saisons et les années, qui gouvernent tout dans le monde visible, et qui, d'une certaine manière, est la cause de tout ce qu'il voyait avec ses compagnons dans la caverne.
Évidemment, c'est à cette conclusion qu'il arrivera.
Or donc, se souvenant de sa première demeure, de la sagesse que l'on y professe, et de ceux qui y furent ses compagnons de captivité, ne crois-tu pas qu'il se réjouira du changement et plaindra ces derniers ?
Si, certes.
Et s'ils se décernaient alors entre aux honneurs et louanges, s'ils avaient des récompenses pour celui qui saisissait de l'œil le plus vif le passage des ombres, qui se rappelait le mieux celles qui avaient coutume de venir les premières ou les dernières, ou de marcher ensemble, et qui par là était le plus habile à deviner leur apparition, penses-tu que notre homme fût jaloux de ces distinctions, et qu'il portât envie à ceux qui, parmi les prisonniers, sont honorés et puissants ? Ou bien, comme le héros d'Homère, ne préférera-t-il pas mille fois n'être qu'un valet de charrue, au service d'un pauvre laboureur, et de souffrir tout au monde plutôt que de revenir à ses anciennes illusions et vivre comme il vivait?
Je suis de ton avis, dit-il; il préférera tout souffrir plutôt que de vivre de cette façon là.
Imagine encore que cet homme redescende dans la caverne et aille s'asseoir à son ancienne place : n'aura-t-il pas les yeux aveuglés par les ténèbres en venant brusquement du plein soleil ?
Assurément si, dit-il.
Et s'il lui faut entrer de nouveau en compétition, pour juger ces ombres, avec les prisonniers qui n'ont point quitté leurs chaînes, dans le moment où sa vue est encore confuse et avant que ses yeux se soient remis (or l'accoutumance à l'obscurité demandera un temps assez long), n'apprêtera-t-il pas à rire à ses dépens, et ne diront-ils pas qu'étant allé là-haut il en est revenu avec la vue ruinée, de sorte que ce n'est même pas la peine d'essayer d'y monter ? Et si quelqu'un tente de les délier et de les conduire en haut, et qu'ils le puissent tenir en leurs mains et tuer, ne le tueront-ils pas ?
Sans aucun doute, répondit-il.
Maintenant, mon cher Glaucon, repris-je, il faut appliquer point par point cette image à ce que nous avons dit plus haut, comparer le monde que nous découvre la vue au séjour de la prison, et la lumière du feu qui l'éclaire à la puissance du soleil. Quant à la montée dans la région supérieure et à la contemplation de ses objets, si tu la considères comme l'ascension de l'âme vers le lieu intelligible, tu ne te tromperas pas sur ma pensée, puisque aussi bien tu désires la connaître. Dieu sait si elle est vraie. Pour moi, telle est mon opinion :
Dans le monde intelligible l'idée du bien est perçue la dernière et avec peine, mais on ne la peut percevoir sans conclure qu'elle est la cause de tout ce qu'il y a de droit et de beau en toutes choses; qu'elle a, dans le monde visible, engendré la lumière et le souverain de la lumière; que, dans le monde intelligible, c'est elle-même qui est souveraine et dispense la vérité et l'intelligence; et qu'il faut la voir pour se conduire avec sagesse dans la vie privée et dans la vie publique.
Pour la version complète, consultez
LA RÉPUBLIQUE de Platon
Traduction de Robert Bacou
GF-Flammarion, 1966
Voici un extrait de LA RÉPUBLIQUE de Platon. Il s'agit de la bien connue Allégorie de la caverne; un texte que tout être vivant sur notre planète doit se faire le cadeau de lire au moins une fois dans sa vie...Il ne suffit pas de lire pour acquerir une erudition livresque au service de la propagande de ses croyances .Il faut savoir lire pour enrichir et bien meubler l'esprit qui se transforme et devient plus raffine sous l'influence independante du savoir universel qui n'appartient a aucun cenacle ideologique . .
Maintenant, repris-je, représente-toi de la façon que voici l'état de notre nature relativement à l'instruction et à l'ignorance. Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu'ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête; la lumière leur vient d'un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles.
Je vois cela, dit-il.
Figure-toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des objets de toute sorte, qui dépassent le mur, et des statuettes d'hommes et d'animaux, en pierre, en bois, et en toute espèce de matière; naturellement, parmi ces porteurs, les uns parlent et les autres se taisent.
Voilà, s'écria-t-il, un étrange tableau et d'étranges prisonniers.
Ils nous ressemblent, répondis-je; et d'abord, penses-tu que dans une telle situation ils aient jamais vu autre chose d'eux mêmes et de leurs voisins que les ombres projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face ?
Et comment ? observa-t-il, s'ils sont forcés de rester la tête immobile durant toute leur vie ?
Et pour les objets qui défilent n'en est-il pas de même ?
Sans contredit.
Si donc ils pouvaient s'entretenir ensemble ne penses-tu pas qu'ils prendraient pour des objets réels les ombres qu'ils verraient ?
Il y a nécessité.
Et si la paroi du fond de la prison avait un écho, chaque fois que l'un des porteurs parlerait, croiraient-ils entendre autre chose que l'ombre qui passerait devant eux ?
Non par Zeus, dit-il.
Assurément, repris-je, de tels hommes n'attribueront de réalité qu'aux ombres des objets fabriqués.
C'est de toute nécessité.
Considère maintenant ce qui leur arrivera naturellement si on les délivre de leurs chaînes et qu'on les guérisse de leur ignorance. Qu'on détache l'un de ces prisonniers, qu'on le force à se dresser immédiatement, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux vers la lumière : en faisant tous ces mouvements il souffrira, et l'éblouissement l'empêchera de distinguer ces objets dont tout à l'heure il voyait les ombres. Que crois-tu donc qu'il répondra si quelqu'un lui vient dire qu'il n'a vu jusqu'alors que de vains fantômes, mais qu'à présent, plus près de la réalité et tourné vers des objets plus réels, il voit plus juste ? si, enfin, en lui montrant chacune des choses qui passent, on l'oblige, à force de questions, à dire ce que c'est ? Ne penses-tu pas qu'il sera embarrassé, et que les ombres qu'il voyait tout à l'heure lui paraîtront plus vraies que les objets qu'on lui montre maintenant ?
Beaucoup plus vraies, reconnut-il.
Et si on le force; à regarder la lumière elle-même, ses yeux n'en seront-ils pas blessés ? N’en fuira-t-il pas la vue pour retourner aux choses qu'il peut regarder, et ne croira-t-il pas que ces dernières sont réellement plus distinctes que celles qu'on lui montre ?
Assurément.
Et si, reprise-je, on l'arrache de sa caverne, par force, qu'on lui fasse gravir la montée rude et escarpée, et qu'on ne lâche pas avant de l'avoir traîné jusqu'à la lumière du soleil, ne souffrira-t-il pas vivement, et ne se plaindra-t-il pas de ces violences ? Et lorsqu'il sera parvenu à la lumière, pourra-t-il, les yeux tout éblouis par son éclat, distinguer une seule des choses que maintenant nous appelons vraies ?
Il ne le pourra pas, répondit-il; du moins dès l'abord.
Il aura, je pense, besoin d'habitude pour voir les objets de la région supérieure. D'abord ce seront les ombres qu'il distinguera le plus facilement, puis les images des hommes et des autres objets qui se reflètent dans les eaux, ensuite les objets eux-mêmes. Après cela, il pourra, affrontant la clarté des astres et de la lune, contempler plus facilement pendant la nuit les corps célestes et le ciel lui-même, que pendant le jour le soleil et sa lumière.
Sans doute.
A la fin, j'imagine, ce sera le soleil - non ses vaines images réfléchies dans les eaux ou en quelque autre endroit -mais le soleil lui-même à sa vraie place, qu'il pourra voir et contempler tel qu'il est.
Nécessairement, dit-il.
Après cela il en viendra à conclure au sujet du soleil, que c'est lui qui fait les saisons et les années, qui gouvernent tout dans le monde visible, et qui, d'une certaine manière, est la cause de tout ce qu'il voyait avec ses compagnons dans la caverne.
Évidemment, c'est à cette conclusion qu'il arrivera.
Or donc, se souvenant de sa première demeure, de la sagesse que l'on y professe, et de ceux qui y furent ses compagnons de captivité, ne crois-tu pas qu'il se réjouira du changement et plaindra ces derniers ?
Si, certes.
Et s'ils se décernaient alors entre aux honneurs et louanges, s'ils avaient des récompenses pour celui qui saisissait de l'œil le plus vif le passage des ombres, qui se rappelait le mieux celles qui avaient coutume de venir les premières ou les dernières, ou de marcher ensemble, et qui par là était le plus habile à deviner leur apparition, penses-tu que notre homme fût jaloux de ces distinctions, et qu'il portât envie à ceux qui, parmi les prisonniers, sont honorés et puissants ? Ou bien, comme le héros d'Homère, ne préférera-t-il pas mille fois n'être qu'un valet de charrue, au service d'un pauvre laboureur, et de souffrir tout au monde plutôt que de revenir à ses anciennes illusions et vivre comme il vivait?
Je suis de ton avis, dit-il; il préférera tout souffrir plutôt que de vivre de cette façon là.
Imagine encore que cet homme redescende dans la caverne et aille s'asseoir à son ancienne place : n'aura-t-il pas les yeux aveuglés par les ténèbres en venant brusquement du plein soleil ?
Assurément si, dit-il.
Et s'il lui faut entrer de nouveau en compétition, pour juger ces ombres, avec les prisonniers qui n'ont point quitté leurs chaînes, dans le moment où sa vue est encore confuse et avant que ses yeux se soient remis (or l'accoutumance à l'obscurité demandera un temps assez long), n'apprêtera-t-il pas à rire à ses dépens, et ne diront-ils pas qu'étant allé là-haut il en est revenu avec la vue ruinée, de sorte que ce n'est même pas la peine d'essayer d'y monter ? Et si quelqu'un tente de les délier et de les conduire en haut, et qu'ils le puissent tenir en leurs mains et tuer, ne le tueront-ils pas ?
Sans aucun doute, répondit-il.
Maintenant, mon cher Glaucon, repris-je, il faut appliquer point par point cette image à ce que nous avons dit plus haut, comparer le monde que nous découvre la vue au séjour de la prison, et la lumière du feu qui l'éclaire à la puissance du soleil. Quant à la montée dans la région supérieure et à la contemplation de ses objets, si tu la considères comme l'ascension de l'âme vers le lieu intelligible, tu ne te tromperas pas sur ma pensée, puisque aussi bien tu désires la connaître. Dieu sait si elle est vraie. Pour moi, telle est mon opinion :
Dans le monde intelligible l'idée du bien est perçue la dernière et avec peine, mais on ne la peut percevoir sans conclure qu'elle est la cause de tout ce qu'il y a de droit et de beau en toutes choses; qu'elle a, dans le monde visible, engendré la lumière et le souverain de la lumière; que, dans le monde intelligible, c'est elle-même qui est souveraine et dispense la vérité et l'intelligence; et qu'il faut la voir pour se conduire avec sagesse dans la vie privée et dans la vie publique.
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LA RÉPUBLIQUE de Platon
Traduction de Robert Bacou
GF-Flammarion, 1966
Invité- Invité
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
[size=24] Serie : Les hommes d'autrefois [/size]:
Courtoisie de l'ami Excalibur du moun forum:
Les hommes d'autrefois ,avant le flou citoyen d'aujourd'hui.
Joseph-Anténor Firmin est né au Cap Haïtien en 1850. D'origine modeste, élève assidu et dur à la tâche, il entre dans l'enseignement à 17 ans avant de faire de la comptabilité pour le service des douanes, puis pour une maison de commerce. En 1875, il est agent percepteur de la commune du Cap, tout en donnant des cours de grec, de latin et de français dans un établissement privé.
Il s'intéresse à la politique et particulièrement au parti libéral. C'est dans ce cadre qu'il fonde un journal au Cap, Le Messager du Nord, où il se montre déjà sensible à «la question de couleur».
Il échoue à la députation en 1879 (d'après certains témoignages, ses adversaires font croire aux électeurs qu'il est blanc). En juin 1883, il est envoyé à Caracas par le président Salomon pour les fêtes du centenaire de Bolivar. Il refuse d'entrer dans un ministère et s'exile à Saint Thomas, puis à Paris où, soutenu par Louis-Joseph Janvier, il est reçu membre de la Société d'Anthropologie.
En 1885, Firmin publie De l'égalité des races humaines. Pour comprendre ce projet monumental, il est nécessaire d'en resituer le contexte. Entre 1853 et 1855, Gobineau a publié son tout aussi monumental Essai sur l'inégalité des races humaines, ouvrage illustrant un pessimisme romantique radical et une métaphysique raciale de l'histoire. Gobineau ne traite pas de ce qui doit être mais bien de ce qui a été, un âge d'or de l'«arianisme» et son déclin irréversible par la disparition progressive des «éléments créateurs de civilisation». Les colonisations se déchaîneront en s'appuyant sur l'alibi de la civilisation. Or, dans ce contexte, la position d'Haïti est stratégique: l'Indépendance puis l'instauration de différents types de gouvernements montrent précisément que l'inégalité supposée des races est battue en brèche par l'existence même, dans le concert des Nations, d'une République d'anciens esclaves devenus citoyens.
L'ouvrage de Firmin est une compilation. En épuisant un à un les arguments du racisme scientifique, en montrant combien ils sont peu opératoires, tant sur un plan mythique que sur un plan scientifique, Firmin tente de ruiner les systèmes de compartimentage et de hiérarchisation des races humaines, fondées sur le volume de la boîte crânienne, la texture de la chevelure, les caractérisations phénotypiques, les répartitions linguistiques et cetera. Ce faisant, il réduit le discours scientifique de l'inégalité à un ensemble de superstitions, et met en crise la validité de ce discours. Il assigne à Haïti une place éminente dans le combat contre le préjugé et l'idéologie de la discrimination et de la hiérarchisation. Plus qu'un travail scientifique, il s'agit d'un ouvrage métacritique dans lequel Firmin prend en compte le lieu d'où il parle et d'où il écrit.
En 1888, il est en Haïti et prend part politiquement aux événements qui précipitent le départ de Salomon en 1888 (président depuis 1879) puis l'élimination du président Légitime (1888-1889) l'année suivante. Après la défense contre la raillerie raciste de l'étranger, il s'agit pour lui de dénoncer les insuffisances haïtiennes, et servir un État de telle sorte qu'il ne soit plus fondé sur les prébendes et la rapine. En 1889, Firmin est nommé par le président Hyppolite (1889-1896) ministre des Finances et des Relations extérieures. Il se distingue par ses compétences, ses pratiques et son honorabilité. Gestionnaire avisé, Firmin réorganise les administrations qu'il dirige, notamment celles des douanes et de la Banque Nationale, en diminuant les taux d'intérêt, ce qui facilite la reprise rapide des affaires, permettant notamment la régularisation du paiement mensuel des salariés de l'État. Les recettes plus abondantes grâce à ce climat de confiance entraînent la reprise du paiement de la Dette, dont le résultat financier fut la hausse de la cote des obligations à la bourse de Paris. Firmin réussit même ce tour de force en Haïti d'obtenir une trésorerie bénéficiaire.
Jamais les finances de l'État n'auront été plus prospères. Fort de ses ressources, le pays verra un développement inégalé des travaux publics sous la présidence d'Hyppolite: ponts, éclairage public, arrivée du câble transatlantique à Port-au-Prince, téléphone dans les grandes villes, marchés. Pendant les deux années de son ministère, Firmin parvient à mener de façon subtile les négociations concernant la location du Môle Saint Nicolas avec les représentants politique et militaire des États-Unis en Haïti: Frederick Douglass, ambassadeur, figure emblématique de la lutte contre le préjugé de couleur et partisan de l'annexion d'Haïti, ainsi que l'amiral Gherardi. Firmin quitte le cabinet en 1891 et se retire en France, pendant qu'en Haïti on assiste à un durcissement du régime. Ce ministère laisse le souvenir d'une intelligence politique, faite de civisme exceptionnel et de probité administrative, un ensemble de pratiques qui constituent le firminisme.
Anténor Firmin publie à Paris en 1891 Haïti au point de vue politique, administratif et économique, texte d'une conférence et, en 1892, Une défense, plaquette qui est une réfutation des critiques émises par son successeur aux finances.
Il rentre en Haïti en 1893, et, lors de sa rencontre avec le cubain en exil, José Martí, évoque le projet de «confédération antilléenne». À Paris peu après, Firmin multiplie les contacts avec les milieux latino-américains, et s'intéresse de près à la question du panafricanisme. À l'avènement du président Sam en 1896, Firmin redevient ministre des Finances et des Relations extérieures, mais le Cabinet est renversé après un vote de la Chambre. C'est un nouveau départ pour l'exil.
Firmin publie en 1898 Diplomate et diplomatie, qui concerne le traitement de l'affaire Lüders, qu'il compare à celui de l'affaire du Môle: alors que Firmin est parvenu à préserver l'intégrité du territoire national, le gouvernement de Sam cède face l'ultimatum de deux canonnières allemandes qui exigent une indemnité de 2000$ et une lettre d'excuse, alors que Lüders, commerçant allemand condamné pour avoir brutalisé un policier haïtien, avait été gracié et autorisé à quitter le territoire. Cette affaire eut un retentissement considérable sur le plan international: elle témoigne de la faiblesse de l'État haïtien dans un contexte où les menées impérialistes des puissances européennes sont particulièrement vives.
En 1900, il est nommé ministre plénipotentiaire à Paris. Il rentre en Haïti en 1902, au moment de la chute du président Sam. Ses partisans, appuyés par le général Nord Alexis et l'amiral Killick, entrent dans le gouvernement provisoire dirigé par Adolphe Boisrond-Canal. Firmin se prépare alors à l'élection présidentielle. Mais les propres ambitions de Nord Alexis le poussent à se retourner brutalement contre les firministes et à déclencher une sanglante guerre civile. Boisrond-Canal se range au côté de Nord-Alexis, dénonce Killick au gouvernement des États-Unis comme insurgé et son navire, le Crête-à-Pierrot comme «pirate». Après l'incendie de Petit-Goâve, les navires américains empêchent Killick d'appuyer les firministes. Firmin lui-même est l'objet de pressions internationales – notamment de l'association pan-africaine – pour se retirer de ce processus révolutionnaire, en faveur d'une intervention américaine. Enfin, le soutien allemand au gouvernement provisoire, résolument opposé à Firmin depuis l'affaire Lüders, se marque par la tentative de se saisir de Killick, qui choisit de saborder le Crête-à-Pierrot et de couler avec lui. Cette perte porte un coup fatal aux partisans de Firmin, qui est forcé de négocier. Il repart en exil en octobre 1902.
La situation économique se dégrade dangereusement: pour masquer les insuffisances de gestion, le président Nord Alexis (1902-1908) entraîne l'économie haïtienne dans une inflation importante et prône un discours ouvertement xénophobe, attribuant tous les malheurs d'Haïti à la présence étrangère. En 1904, année du Centenaire de l'Indépendance, la gourde n'a quasiment plus aucune valeur. Cette situation laisse percevoir le danger imminent d'une invasion états-unienne: en 1898, Hawaï est annexée; Cuba et Porto Rico sont mis sous tutelle à la fin de la guerre hispano-américaine. Les pressions française et allemande sur Haïti s'accentuent notablement et font régulièrement perdre la face au gouvernement haïtien : à plusieurs reprises et à la suite d'incidents diplomatiques, leurs navires de guerre menacent directement la ville de Port-au-Prince d'un bombardement. Pour contrer d'éventuelles insurrections, Nord Alexis instaure un régime de terreur, particulièrement sur les populations les plus pauvres.
Firmin publie un programme politique en 1905, Monsieur Roosevelt, président des États-Unis, et la République d'Haïti. Il y pose «les conditions pratiques qui doivent permettre à Haïti de faire preuve de l'aptitude de la race noire à constituer une société politique harmonieuse» (647). Il préconise un rapprochement entre Haïti et les États-Unis, brosse des tableaux comparés de l'histoire des deux pays, et insiste sur certains aspects du mal haïtien: le fonctionnement despotique des institutions, le manque de formation politique des élites, la gestion calamiteuse des finances publiques qui confine à l'économie de rapine. Il propose des réformes administratives en vue d'assurer le développement économique et surtout social du pays: il y exprime la doctrine d'un libéralisme résolument démocratique. On extrait souvent une phrase célèbre de ce livre: «Dans tous les pays, dans toutes les races, le progrès ne s'effectue, ne devient tangible que lorsque les couches sociales inférieures, qui forment toujours la majorité, tendent à monter en intelligence, en puissance, en dignité et en bien-être. Là où la politique, dite éclairée, ne consiste qu'à perpétuer l'infériorité de ces couches, formant l'assise même de la nation, en exploitant leur ignorance, il n'y a point de progrès possible...».
En janvier 1908, ses partisans pensant qu'ils seraient appuyés par les États-Unis, tentent un coup de force aux Gonaïves, qui est rapidement écrasé, faute de l'aide américaine. Le gouvernement américain redoute en effet une extension de cette insurrection à la République Dominicaine et à Cuba. Les chefs de l'insurrection sont fusillés. Parmi eux, les frères Coicou. La décision américaine s'accompagne d'une mise en garde aux représentations européennes. Désormais, l'État américain est nettement plus impliqué dans la politique haïtienne que n'importe quelle autre puissance. Mais en même temps, il n'intervient absolument pas lors du durcissement du régime, notamment lorsque celui-ci fait donner la troupe contre les paysans souffrant de famine (1908).
La chute de Nord Alexis puis l'élection à la présidence d'Antoine Simon (1908-1911) ne permettent pas à Firmin de reprendre une carrière politique. Il est envoyé ministre à La Havane, puis à Londres, tant le président Simon craint que cet intellectuel et rival potentiel ne soit trop près. Firmin ne rentrera plus en Haïti. Il s'installe à Saint Thomas, d'où il publie Les lettres de Saint Thomas dans lesquelles il met en perspective la construction toujours à réaliser de la démocratie haïtienne dans un ensemble plus vaste, une confédération des Antilles. En 1911, il publie une réflexion testamentaire et prophétique sur l'état d'Haïti, au titre évocateur: L'Effort dans le mal: «Homme, je puis disparaître, sans voir poindre à l'horizon national l'aurore d'un jour meilleur. Cependant, même après ma mort, il faudra de deux choses l'une: ou Haïti passe sous une domination étrangère, ou elle adopte résolument les principes au nom desquels j'ai toujours lutté et combattu. Car, au XXe siècle, et dans l'hémisphère occidental, aucun peuple ne peut vivre indéfiniment sous la tyrannie, dans l'injustice, l'ignorance et la misère». Firmin meurt la même année (1911). En 1915, les troupes états-uniennes débarquent en Haïti.
– Yves Chemla photo D.R., archives CIDIHCA
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Invité- Invité
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
La serie Les hommes d'autrefos continue :
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Jean Price-Mars est né à la Grande-Rivière du Nord (Haïti) le 15 octobre 1876 et est mort à Pétionville (Haïti) le 1er mars 1969. À la fois médecin, ethnographe, diplomate, homme d'état, pédagogue et écrivain, il est considéré comme le principal maître à penser haïtien du XXe siècle. Jean Price-Mars perd en bas âge sa mère et est élevé par une grand-mère catholique et un père protestant dans une ambiance de tolérance religieuse. C'est son père qui assure lui-même ses études primaires en intégrant dans son enseignement général le cadre local, certains éléments du Folklore haïtien, et même parfois le créole. Price-Mars débute ensuite ses études secondaires au Lycée Grégoire du Cap-Haïtien et les achève au Lycée Pétion à Port-au-Prince. Il reçoit en 1899 une bourse qui lui permet d'entreprendre à Paris des études en médecine qu'il ne finira que 22 ans plus tard; mais en même temps il s'engage dans d'autres études – en sciences humaines et sociales – en fréquentant la Sorbonne, le Collège de France et le musée du Trocadéro. Peu après il débute une carrière diplomatique qui s'étendra sur une période de plus de 50 ans. Ses nombreux séjours officiels en Europe lui permettent d'approfondir ses connaissances dans de nombreux domaines, et en particulier sur l'Afrique.
Son souci constant d'améliorer le sort de l'Haïtien moyen a largement nourri sa contribution à la théorie de la diaspora africaine et au panafricanisme culturel. La production prolifique de Price-Mars repose sur des méthodes historiques et comparatives. Son ouvrage majeur Ainsi parla l'oncle
(1928), écrit en français, étudie les fondements à la fois historiques et folkloriques de la culture haïtienne. Price-Mars y affirme que les Haïtiens ne sont pas des «Français colorés», mais des hommes nés en des conditions historiques déterminées et ayant un double héritage, français et africain. Ainsi parla l'oncle est la première tentative de réaliser une étude systématique de la culture des masses haïtiennes en la plaçant dans le cadre de la communauté nationale. Écrit pendant l'occupation américaine d'Haïti (1915-1934), ce livre pionnier vise clairement le but de soutenir le moral des Haïtiens en développant un nationalisme culturel.
En fondant l'Institut d'Ethnologie à Port-au-Prince en 1941 – où il occupe les chaires de sociologie et d'africologie jusqu'en 1947 –Price-Mars a joué un rôle majeur dans le développement des sciences sociales en Haïti. Dans un contexte plus large, dans un monde encore essentiellement colonial, la création d'un centre de recherche permettant de former des ethnologues haïtiens en Haïti est un exemple notable de décolonisation du savoir anthropologique. L'influence des travaux de Price-Mars dépasse largement le cercle, sur plusieurs générations, des écrivains, des scientifiques et des artistes haïtiens. Son autorité ethnographique, ses écrits et ses recherches sont une source d'inspiration et d'innovation pour les élites de la diaspora africaine du Nouveau Monde et de l'empire colonial français.
C'est dans le Paris des années 1930 (La revue du monde noir, le salon de Paulette Nardal) que Price-Mars se lie avec d'autres intellectuels de la diaspora d'Afrique et des écrivains de la «Harlem Renaissance». Le mouvement de la Négritude, qui a contribué largement au nationalisme culturel d'Afrique, émerge de l'effervescence idéologique et littéraire de ces milieux. En 1956 lors du premier Congrès des écrivains et Artistes noirs à Paris, Jean Price-Mars est élu président à l'unanimité. La même année, il devient le premier président de la Société Africaine de culture, un organisme lié à l'Unesco. Cette reconnaissance sur le plan international lui vaut d'être considéré comme l'homologue francophone de W.E.B. Dubois par certains spécialistes du panafricanisme. En 1966, Price-Mars est invité au Sénégal, indépendant depuis peu, où il est nommé Docteur Honoris Causa de l'Université de Dakar. Le président et poète Léopold Senghor, lui-même, reconnaît son influence dans l'émergence du concept de la Négritude.
Pionnier de son temps, Price-Mars reste aussi très actuel. Au-delà d'un discours savant sur l'Afrique matrice, il a élaboré un nouveau modèle esthétique inspiré de faits historico-culturels et profondément ancré dans l'écologie et le champ référentiel antillais. Ses idées devancent ainsi de plusieurs générations celles des Antillais prônant la Créolité et dont les œuvres occupent aujourd'hui une place non négligeable sur la scène littéraire internationale. En 1959, l'Académie Française a accordé à Price-Mars un prix spécial qui distingue l'ensemble de son œuvre.
Note sur le trait d'union entre Price et Mars:
Price-Mars (en fait, Jean Price MARS à l'origine) reçut comme deuxième prénom «Price», à la mémoire de l'écrivain mulâtre Hannibal Price (De la réhabilitation de la race noire par la République d'Haïti). D'après Jacques Antoine, Price-Mars en écrivant à Booker T. Washington en 1904 pour visiter l'Institut de Tuskegee, se fit un nouveau nom en reliant Price, le nom d'un mulâtre, et Mars, le nom de son père noir. Il considérait ce geste comme un manifeste de son désir de voir ses
compatriotes vivre en paix et dans la solidarité. Sa femme ainsi que sa fille (née en 1932) s'appellent Price-Mars, alors que Louis Mars (1905-2000) son fils (né d'une relation précédente) ne se servit que sur le tard du nom inventé de son père.
Gérarde Magloire[img]
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Jean Price-Mars est né à la Grande-Rivière du Nord (Haïti) le 15 octobre 1876 et est mort à Pétionville (Haïti) le 1er mars 1969. À la fois médecin, ethnographe, diplomate, homme d'état, pédagogue et écrivain, il est considéré comme le principal maître à penser haïtien du XXe siècle. Jean Price-Mars perd en bas âge sa mère et est élevé par une grand-mère catholique et un père protestant dans une ambiance de tolérance religieuse. C'est son père qui assure lui-même ses études primaires en intégrant dans son enseignement général le cadre local, certains éléments du Folklore haïtien, et même parfois le créole. Price-Mars débute ensuite ses études secondaires au Lycée Grégoire du Cap-Haïtien et les achève au Lycée Pétion à Port-au-Prince. Il reçoit en 1899 une bourse qui lui permet d'entreprendre à Paris des études en médecine qu'il ne finira que 22 ans plus tard; mais en même temps il s'engage dans d'autres études – en sciences humaines et sociales – en fréquentant la Sorbonne, le Collège de France et le musée du Trocadéro. Peu après il débute une carrière diplomatique qui s'étendra sur une période de plus de 50 ans. Ses nombreux séjours officiels en Europe lui permettent d'approfondir ses connaissances dans de nombreux domaines, et en particulier sur l'Afrique.
Son souci constant d'améliorer le sort de l'Haïtien moyen a largement nourri sa contribution à la théorie de la diaspora africaine et au panafricanisme culturel. La production prolifique de Price-Mars repose sur des méthodes historiques et comparatives. Son ouvrage majeur Ainsi parla l'oncle
(1928), écrit en français, étudie les fondements à la fois historiques et folkloriques de la culture haïtienne. Price-Mars y affirme que les Haïtiens ne sont pas des «Français colorés», mais des hommes nés en des conditions historiques déterminées et ayant un double héritage, français et africain. Ainsi parla l'oncle est la première tentative de réaliser une étude systématique de la culture des masses haïtiennes en la plaçant dans le cadre de la communauté nationale. Écrit pendant l'occupation américaine d'Haïti (1915-1934), ce livre pionnier vise clairement le but de soutenir le moral des Haïtiens en développant un nationalisme culturel.
En fondant l'Institut d'Ethnologie à Port-au-Prince en 1941 – où il occupe les chaires de sociologie et d'africologie jusqu'en 1947 –Price-Mars a joué un rôle majeur dans le développement des sciences sociales en Haïti. Dans un contexte plus large, dans un monde encore essentiellement colonial, la création d'un centre de recherche permettant de former des ethnologues haïtiens en Haïti est un exemple notable de décolonisation du savoir anthropologique. L'influence des travaux de Price-Mars dépasse largement le cercle, sur plusieurs générations, des écrivains, des scientifiques et des artistes haïtiens. Son autorité ethnographique, ses écrits et ses recherches sont une source d'inspiration et d'innovation pour les élites de la diaspora africaine du Nouveau Monde et de l'empire colonial français.
C'est dans le Paris des années 1930 (La revue du monde noir, le salon de Paulette Nardal) que Price-Mars se lie avec d'autres intellectuels de la diaspora d'Afrique et des écrivains de la «Harlem Renaissance». Le mouvement de la Négritude, qui a contribué largement au nationalisme culturel d'Afrique, émerge de l'effervescence idéologique et littéraire de ces milieux. En 1956 lors du premier Congrès des écrivains et Artistes noirs à Paris, Jean Price-Mars est élu président à l'unanimité. La même année, il devient le premier président de la Société Africaine de culture, un organisme lié à l'Unesco. Cette reconnaissance sur le plan international lui vaut d'être considéré comme l'homologue francophone de W.E.B. Dubois par certains spécialistes du panafricanisme. En 1966, Price-Mars est invité au Sénégal, indépendant depuis peu, où il est nommé Docteur Honoris Causa de l'Université de Dakar. Le président et poète Léopold Senghor, lui-même, reconnaît son influence dans l'émergence du concept de la Négritude.
Pionnier de son temps, Price-Mars reste aussi très actuel. Au-delà d'un discours savant sur l'Afrique matrice, il a élaboré un nouveau modèle esthétique inspiré de faits historico-culturels et profondément ancré dans l'écologie et le champ référentiel antillais. Ses idées devancent ainsi de plusieurs générations celles des Antillais prônant la Créolité et dont les œuvres occupent aujourd'hui une place non négligeable sur la scène littéraire internationale. En 1959, l'Académie Française a accordé à Price-Mars un prix spécial qui distingue l'ensemble de son œuvre.
Note sur le trait d'union entre Price et Mars:
Price-Mars (en fait, Jean Price MARS à l'origine) reçut comme deuxième prénom «Price», à la mémoire de l'écrivain mulâtre Hannibal Price (De la réhabilitation de la race noire par la République d'Haïti). D'après Jacques Antoine, Price-Mars en écrivant à Booker T. Washington en 1904 pour visiter l'Institut de Tuskegee, se fit un nouveau nom en reliant Price, le nom d'un mulâtre, et Mars, le nom de son père noir. Il considérait ce geste comme un manifeste de son désir de voir ses
compatriotes vivre en paix et dans la solidarité. Sa femme ainsi que sa fille (née en 1932) s'appellent Price-Mars, alors que Louis Mars (1905-2000) son fils (né d'une relation précédente) ne se servit que sur le tard du nom inventé de son père.
Gérarde Magloire[img]
Dernière édition par deza le Jeu 17 Fév 2011 - 8:37, édité 1 fois
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Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
La serie Les hommes d'autrefois continue
Démesvar Delorme est né au Cap Haïtien le 10 février 1831. Il est mort à Paris le 26 décembre 1901. Successivement professeur, journaliste, homme politique, ministre, écrivain, il fut toute sa vie au service d'une certaine idée d'Haïti, qu'il défendit dans ses écrits:
Il revendiqua pour son pays la nécessité d'accéder à une modernité politique,sociale et économique, mais fut sans cesse en butte à des persécutions,entraînées bien souvent par les intérêts particuliers et partisans de ses adversaires.
Toute son œuvre est tournée vers la question de la déchirure interne à la société haïtienne, ainsi que la place du mal dans l'action politique, imprimée par l'usage de la force, par opposition à une figure qui est celle de la réflexion et de la constitution du politique comme d'une science. On peut aisément reprendre pour son compte ce qu'il écrivait de Cicéron dans Les Théoriciens au pouvoir: «il avait consacré sa vie entière à une idée fixe: celle de remplacer le règne de la force par le pouvoir de la raison» (376), ce que l'adage cedant arma togae, que reprend Delorme, fait résonner tout au long de l'histoire troublée d'Haïti.
Son esprit d'ouverture se déclare dès ses études secondaires. Il se manifeste par un intérêt soutenu pour les humanités classiques mais aussi pour les écrivains romantiques français contemporains et leurs parti pris politiques. Il voue dès son adolescence une admiration soutenue à Lamartine, notamment.
En 1859, à la chute de l'empereur Faustin 1er, Delorme fonde un journal, L'Avenir. Il y défend une conception libérale de la république, alors dirigée par le président Geffrard (1859-1867), que les autorités n'entendent pas accepter. L'Avenir est interdit. Delorme envoie alors la collection complète du journal à Victor Hugo, alors exilé, qui lui répond:
«Vous êtes comme votre éloquent compatriote, M. Heurtelou, de ces hommes qui honorent leur race, vous prouvez que sous la peau du Noir, l'âme peut être lumineuse; la clarté est en vous» (cité par Berrou et Pompilus . Delorme se lance alors dans l'action politique et en 1862, il est élu député du Cap. Il se range aux côtés de l'opposition libérale. Mais la chambre est dissoute en 1863. Il rentre au Cap, se marie, délaisse la politique et se tourne vers les études littéraires. Il tient un salon reconnu. Mais en 1865, lors du soulèvement du Cap, il se range aux côtés de Salnave, pour qui il rédige les bulletins du soulèvement. Après cinq mois de lutte, l'échec du soulèvement est patent. Il part en exil en Belgique et ne revient en Haïti qu'à la chute de Geffrard, en 1867.Salnave est alors élu président.
Delorme fait partie du ministère, constitué dans une atmosphère tendue et dans un climat quasi insurrectionnel, la légitimité de Salnave n'étant pas d'emblée reconnue. Le pays est secoué par des prises d'armes de Cacos et de Piquets. Delorme occupera successivement et cumulativement plusieurs portefeuilles: les relations extérieures, l'instruction publique et les cultes, l'intérieur, l'agriculture,la guerre, la marine. Il administre le pays, tandis que Salnave parcourt le pays en tentant de contenir les soulèvements.
En 1867, Delorme devient suspect au président qui l'envoie ministre résident à Londres, et qui le révoque brutalement avant son arrivée à son poste. C'est dans ce temps d'exil qu'il commence à rédiger son œuvre. Il débute par un pamphlet, où il s'en prend directement au président Salnave, pamphlet dans lequel il dénonce l'absence de réel projet politique et de société des élites politiques haïtiennes:
La reconnaissance du général Salnave, en 1868. Les désordres qui secouent le pays lui donnent largement raison: en 1869, Salnave est sommairement fusillé sur les ruines du Palais national. Ses successeurs (Nissage Saget, 1870-1874, puis Michel Domingue, 1874-1876) tentent de rétablir un ordre monétaire et économique par des moyens que conteste Delorme (mesures de déflation, construction d'un chemin de fer entre Port-au-Prince et Saint-Marc).
Delorme s'installe à Paris où il fréquente Hugo, Dumas, Lamartine,Taine, et publie entre 1870 et 1877 plusieurs ouvrages majeurs: Les théoriciens au pouvoir (1870), Francesca (roman, 1872), Réflexions diverses sur Haïti (1873), Les Paisibles (pamphlet, 1874) et Le Damné (roman, 1877). Il rentre en Haïti et est de nouveau élu en 1878 député au Cap. Le président Lysius Salomon (1879-1888) le fait jeter en prison, et il est sommairement condamné à mort. Il est cependant gracié et rendu à la vie publique. En 1884, il est directeur du Moniteur, le grand quotidien de Port-au-Prince. Il y fait paraître en feuilleton un troisième roman, L'Albanaise (1884-1885).
C'est sous Florvil Hyppolyte (1889-1896) qu'il sera à nouveau chargé de missions diplomatiques en Europe, particulièrement à Berlin et au Vatican, en 1891 et 1893. Il ne reviendra que quelques mois en Haïti, en 1901, avant de revenir mourir à Paris, la même année. Anténor Firmin, alors ministre plénipotentiaire à Paris, prononcera son éloge funèbre.
L'œuvre littéraire de Delorme est diversement appréciée: il est d'usage de dénoncer le caractère exotique de Francesca, du Damné, dont l'action se déroule pendant les guerres européennes de la fin du XVe et du début du XVIe siècles, et de reprocher à l'auteur de ne pas avoir inscrit la réalité haïtienne dans son œuvre littéraire. Mais Delorme se pensait avant tout comme écrivain, et visait une universalité que la posture romantique rendait possible. Mais en même temps, il faut relever que ces romans mettent en scène les périodes de constitution d'espaces nationaux en cours d'unification en Europe, et les problématiques dont ils traitent ne sont guère éloignées des soucis majeurs de l'espace haïtien.
Il y est essentiellement question de la déliaison, et du mal, provoqués par l'incapacité à penser rationnellement les contacts de cultures. Ils témoignent d'une vision pessimiste de cette prospérité du mal, accomplie dans le fracas des armes.C'est dans son œuvre d'essayiste que l'inscription haïtienne est très clairement marquée. Elle l'est de manière particulièrement subtile dans Les théoriciens au pouvoir, paru en 1870. Ce fort volume (732 pages), somme politique, idéologique et littéraire, met en scène des conversations dans la campagne haïtienne entre deux jeunes hommes: dans de longues conversations,tournées comme des audiences – au sens haïtien du terme – ils examinent le rôle et l'action politique positive d'une lignée d'hommes de lettres, de Périclès à Lamartine.
Delorme défend l'idée que les littérateurs sont les mieux placés pour défendre la démocratie la plus éclairée et surtout la plus efficace. Au fur et à mesure que se déroulent les arguments des deux interlocuteurs, le lecteur assiste à une inscription de ces conversations dans le paysage haïtien.Cette inscription a pour pivot central la description de la Voûte à Minguettes,par laquelle Delorme se réapproprie la profondeur temporelle haïtienne: les deux hommes s'avancent dans la grotte vers la trouée de lumière, enfoncés jusqu'aux genoux dans le guano accumulé depuis trois siècles, et posent leur regard sur l'ancien autel taïno:
«Ces tas de pierres, la forme l'indique, c'étaient les autels des Caraïbes. Là s'agenouillaient les prêtres, suivis des caciques, les rois légendaires de ces forêts. Derrière eux se pressait la foule des fidèles, pieuse et docile, remplissant de ses cantiques ces voûtes solitaires qui n'entendent plus depuis trois cents ans que le cri de l'oiseau qui les traverse» (389). C'est à partir de ce silence, la trace de l'extermination originelle, que Delorme repense l'émergence du phénomène haïtien, dans ses déclinaisons tout à la fois réelles, imaginaires et symboliques.
Il traite ainsi du vaudou comme d'une religion à l'origine d'une société possible et non comme d'une pratique dégradée et dégradante. Toute une série de notations, de descriptions subtiles et attentives, témoignent de cette volonté d'inscrire la réalité paysanne dans le champ de la littérature.
Dans La Misère au sein des richesses, Delorme rappelle, chiffres à l'appui, combien le pays était riche, sous la colonie, mais aussi combien la défaillance morale, l'incurie, les prébendes, l'incitation au mal politique, après l'Indépendance, ont ruiné les familles, abîmé les paysages et réduit les cadres mentaux propices au développement. Il décrit de façon saisissante le règne de Faustin 1er comme un régime totalitaire avant la lettre, caractérisé par «un silence effaré», «un ordre muet, né de la stupeur».
Ce silence a accentué, pour Delorme, le repli sur soi des différents groupes sociaux, et empêché l'émergence d'un véritable projet de société intégrateur, tandis que se développait, sous Geffrard puis sous Salnave, un discours politique caractérisé par l'emphase et la grandiloquence. Il décrit son pays comme enfoncé dans la déshérence et dont l'improductivité est considérée comme un signal pour les puissances colonisatrices, notamment les États-Unis, où le sort des Noirs est pitoyable. Il prédit un avenir sombre si le pays est annexé:
«Si jamais, Haïtiens, vous perdez votre nationalité, ce dont Dieu vous garde! vous n'aurez pas chez vous le droit de parler en hommes» (123).
Il montre combien, pour les occidentaux, «la raison est circonscrite dans le préjugé» (127), et combien désormais les intellectuels haïtiens doivent faire effort pour redonner à leur pays un rang élevé dans le concert des nations. C'est sans doute ce dont sauront se souvenir des penseurs et des hommes d'action comme Firmin, ou, plus tard, Dantès Bellegarde.
– Yves Chemla[img][/img]
Démesvar Delorme est né au Cap Haïtien le 10 février 1831. Il est mort à Paris le 26 décembre 1901. Successivement professeur, journaliste, homme politique, ministre, écrivain, il fut toute sa vie au service d'une certaine idée d'Haïti, qu'il défendit dans ses écrits:
Il revendiqua pour son pays la nécessité d'accéder à une modernité politique,sociale et économique, mais fut sans cesse en butte à des persécutions,entraînées bien souvent par les intérêts particuliers et partisans de ses adversaires.
Toute son œuvre est tournée vers la question de la déchirure interne à la société haïtienne, ainsi que la place du mal dans l'action politique, imprimée par l'usage de la force, par opposition à une figure qui est celle de la réflexion et de la constitution du politique comme d'une science. On peut aisément reprendre pour son compte ce qu'il écrivait de Cicéron dans Les Théoriciens au pouvoir: «il avait consacré sa vie entière à une idée fixe: celle de remplacer le règne de la force par le pouvoir de la raison» (376), ce que l'adage cedant arma togae, que reprend Delorme, fait résonner tout au long de l'histoire troublée d'Haïti.
Son esprit d'ouverture se déclare dès ses études secondaires. Il se manifeste par un intérêt soutenu pour les humanités classiques mais aussi pour les écrivains romantiques français contemporains et leurs parti pris politiques. Il voue dès son adolescence une admiration soutenue à Lamartine, notamment.
En 1859, à la chute de l'empereur Faustin 1er, Delorme fonde un journal, L'Avenir. Il y défend une conception libérale de la république, alors dirigée par le président Geffrard (1859-1867), que les autorités n'entendent pas accepter. L'Avenir est interdit. Delorme envoie alors la collection complète du journal à Victor Hugo, alors exilé, qui lui répond:
«Vous êtes comme votre éloquent compatriote, M. Heurtelou, de ces hommes qui honorent leur race, vous prouvez que sous la peau du Noir, l'âme peut être lumineuse; la clarté est en vous» (cité par Berrou et Pompilus . Delorme se lance alors dans l'action politique et en 1862, il est élu député du Cap. Il se range aux côtés de l'opposition libérale. Mais la chambre est dissoute en 1863. Il rentre au Cap, se marie, délaisse la politique et se tourne vers les études littéraires. Il tient un salon reconnu. Mais en 1865, lors du soulèvement du Cap, il se range aux côtés de Salnave, pour qui il rédige les bulletins du soulèvement. Après cinq mois de lutte, l'échec du soulèvement est patent. Il part en exil en Belgique et ne revient en Haïti qu'à la chute de Geffrard, en 1867.Salnave est alors élu président.
Delorme fait partie du ministère, constitué dans une atmosphère tendue et dans un climat quasi insurrectionnel, la légitimité de Salnave n'étant pas d'emblée reconnue. Le pays est secoué par des prises d'armes de Cacos et de Piquets. Delorme occupera successivement et cumulativement plusieurs portefeuilles: les relations extérieures, l'instruction publique et les cultes, l'intérieur, l'agriculture,la guerre, la marine. Il administre le pays, tandis que Salnave parcourt le pays en tentant de contenir les soulèvements.
En 1867, Delorme devient suspect au président qui l'envoie ministre résident à Londres, et qui le révoque brutalement avant son arrivée à son poste. C'est dans ce temps d'exil qu'il commence à rédiger son œuvre. Il débute par un pamphlet, où il s'en prend directement au président Salnave, pamphlet dans lequel il dénonce l'absence de réel projet politique et de société des élites politiques haïtiennes:
La reconnaissance du général Salnave, en 1868. Les désordres qui secouent le pays lui donnent largement raison: en 1869, Salnave est sommairement fusillé sur les ruines du Palais national. Ses successeurs (Nissage Saget, 1870-1874, puis Michel Domingue, 1874-1876) tentent de rétablir un ordre monétaire et économique par des moyens que conteste Delorme (mesures de déflation, construction d'un chemin de fer entre Port-au-Prince et Saint-Marc).
Delorme s'installe à Paris où il fréquente Hugo, Dumas, Lamartine,Taine, et publie entre 1870 et 1877 plusieurs ouvrages majeurs: Les théoriciens au pouvoir (1870), Francesca (roman, 1872), Réflexions diverses sur Haïti (1873), Les Paisibles (pamphlet, 1874) et Le Damné (roman, 1877). Il rentre en Haïti et est de nouveau élu en 1878 député au Cap. Le président Lysius Salomon (1879-1888) le fait jeter en prison, et il est sommairement condamné à mort. Il est cependant gracié et rendu à la vie publique. En 1884, il est directeur du Moniteur, le grand quotidien de Port-au-Prince. Il y fait paraître en feuilleton un troisième roman, L'Albanaise (1884-1885).
C'est sous Florvil Hyppolyte (1889-1896) qu'il sera à nouveau chargé de missions diplomatiques en Europe, particulièrement à Berlin et au Vatican, en 1891 et 1893. Il ne reviendra que quelques mois en Haïti, en 1901, avant de revenir mourir à Paris, la même année. Anténor Firmin, alors ministre plénipotentiaire à Paris, prononcera son éloge funèbre.
L'œuvre littéraire de Delorme est diversement appréciée: il est d'usage de dénoncer le caractère exotique de Francesca, du Damné, dont l'action se déroule pendant les guerres européennes de la fin du XVe et du début du XVIe siècles, et de reprocher à l'auteur de ne pas avoir inscrit la réalité haïtienne dans son œuvre littéraire. Mais Delorme se pensait avant tout comme écrivain, et visait une universalité que la posture romantique rendait possible. Mais en même temps, il faut relever que ces romans mettent en scène les périodes de constitution d'espaces nationaux en cours d'unification en Europe, et les problématiques dont ils traitent ne sont guère éloignées des soucis majeurs de l'espace haïtien.
Il y est essentiellement question de la déliaison, et du mal, provoqués par l'incapacité à penser rationnellement les contacts de cultures. Ils témoignent d'une vision pessimiste de cette prospérité du mal, accomplie dans le fracas des armes.C'est dans son œuvre d'essayiste que l'inscription haïtienne est très clairement marquée. Elle l'est de manière particulièrement subtile dans Les théoriciens au pouvoir, paru en 1870. Ce fort volume (732 pages), somme politique, idéologique et littéraire, met en scène des conversations dans la campagne haïtienne entre deux jeunes hommes: dans de longues conversations,tournées comme des audiences – au sens haïtien du terme – ils examinent le rôle et l'action politique positive d'une lignée d'hommes de lettres, de Périclès à Lamartine.
Delorme défend l'idée que les littérateurs sont les mieux placés pour défendre la démocratie la plus éclairée et surtout la plus efficace. Au fur et à mesure que se déroulent les arguments des deux interlocuteurs, le lecteur assiste à une inscription de ces conversations dans le paysage haïtien.Cette inscription a pour pivot central la description de la Voûte à Minguettes,par laquelle Delorme se réapproprie la profondeur temporelle haïtienne: les deux hommes s'avancent dans la grotte vers la trouée de lumière, enfoncés jusqu'aux genoux dans le guano accumulé depuis trois siècles, et posent leur regard sur l'ancien autel taïno:
«Ces tas de pierres, la forme l'indique, c'étaient les autels des Caraïbes. Là s'agenouillaient les prêtres, suivis des caciques, les rois légendaires de ces forêts. Derrière eux se pressait la foule des fidèles, pieuse et docile, remplissant de ses cantiques ces voûtes solitaires qui n'entendent plus depuis trois cents ans que le cri de l'oiseau qui les traverse» (389). C'est à partir de ce silence, la trace de l'extermination originelle, que Delorme repense l'émergence du phénomène haïtien, dans ses déclinaisons tout à la fois réelles, imaginaires et symboliques.
Il traite ainsi du vaudou comme d'une religion à l'origine d'une société possible et non comme d'une pratique dégradée et dégradante. Toute une série de notations, de descriptions subtiles et attentives, témoignent de cette volonté d'inscrire la réalité paysanne dans le champ de la littérature.
Dans La Misère au sein des richesses, Delorme rappelle, chiffres à l'appui, combien le pays était riche, sous la colonie, mais aussi combien la défaillance morale, l'incurie, les prébendes, l'incitation au mal politique, après l'Indépendance, ont ruiné les familles, abîmé les paysages et réduit les cadres mentaux propices au développement. Il décrit de façon saisissante le règne de Faustin 1er comme un régime totalitaire avant la lettre, caractérisé par «un silence effaré», «un ordre muet, né de la stupeur».
Ce silence a accentué, pour Delorme, le repli sur soi des différents groupes sociaux, et empêché l'émergence d'un véritable projet de société intégrateur, tandis que se développait, sous Geffrard puis sous Salnave, un discours politique caractérisé par l'emphase et la grandiloquence. Il décrit son pays comme enfoncé dans la déshérence et dont l'improductivité est considérée comme un signal pour les puissances colonisatrices, notamment les États-Unis, où le sort des Noirs est pitoyable. Il prédit un avenir sombre si le pays est annexé:
«Si jamais, Haïtiens, vous perdez votre nationalité, ce dont Dieu vous garde! vous n'aurez pas chez vous le droit de parler en hommes» (123).
Il montre combien, pour les occidentaux, «la raison est circonscrite dans le préjugé» (127), et combien désormais les intellectuels haïtiens doivent faire effort pour redonner à leur pays un rang élevé dans le concert des nations. C'est sans doute ce dont sauront se souvenir des penseurs et des hommes d'action comme Firmin, ou, plus tard, Dantès Bellegarde.
– Yves Chemla[img][/img]
Dernière édition par deza le Jeu 17 Fév 2011 - 8:39, édité 1 fois
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Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Des frères de la race
Mwen pini ke yon blan ta pale de "frères de la race" pou moun ta wè konbyen nèg ki t ap di l ke li se yon rasis. Pou mwen, kesyon koulè po pa reprezante anyen. Sa mwen konnen, se ke mwen se Ayisyen.
Zanmi Deza,
Mande Kongo yo yo konbyen ki vle "rapatriye" tèt yo pou Lafrik, w ap sezi wè ke pa p genyen youn ki di twiiiiiit kou bounda bourik.
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Feuille de personnage
Jeu de rôle: Le gardien
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
[b]Sase vre zanmi Thunder!
Menm lider a pa vle rete la apwe tout pawol anpil manje gate li te kon ap vann yo lan move ti mamaitt pou li di ke li se Afrikin.lol .Neg yo vle afrikin an ayiti.Yo pa vle afrikin an afrik
Zanmi zouke poze yon bel kesyon tou :
Poukisa lap tande depi li fett se toujou blan kap divize neg ?Poukisa lipa janm tande ke neg mete blan dozado ?Mwin di mwin pwopze ke koze sayo se sintom maladi lakay ke mwin rele "filozofi de l'impuissance" la kap travay .Afe plinyado sa a se yon move mekanik de defanss sikolojik ki pa mache byen paske li ranfosse nosyon sevitud restavek lakay individu an : Li di indirereteman ke blan an gan pouvwa sou li pou li fel fe sa li pa vle fe.... Ca c'est la mentalite de l'esclave encore dans ses chaines ...invisibles.!/
Fok neg refleshi le yap di yon seri de bagay pou kache inkonpetanss ak iresponsabilite yo.Afe vye gol a minn sayo papka mache lan laj infomasyon sa a.An passan mwin byen kontan ke Maximo te mete VERCINGETORIX dezyem min an lan plass li .Fok yon neg konen le li lan salon lan la chanm oswa la kwisinn.Sepa tout moun ki leve lan ti kay ki lan fou lakou yo .Gan de moun ki pa abitye ak sa . b]
Menm lider a pa vle rete la apwe tout pawol anpil manje gate li te kon ap vann yo lan move ti mamaitt pou li di ke li se Afrikin.lol .Neg yo vle afrikin an ayiti.Yo pa vle afrikin an afrik
Zanmi zouke poze yon bel kesyon tou :
Poukisa lap tande depi li fett se toujou blan kap divize neg ?Poukisa lipa janm tande ke neg mete blan dozado ?Mwin di mwin pwopze ke koze sayo se sintom maladi lakay ke mwin rele "filozofi de l'impuissance" la kap travay .Afe plinyado sa a se yon move mekanik de defanss sikolojik ki pa mache byen paske li ranfosse nosyon sevitud restavek lakay individu an : Li di indirereteman ke blan an gan pouvwa sou li pou li fel fe sa li pa vle fe.... Ca c'est la mentalite de l'esclave encore dans ses chaines ...invisibles.!/
Fok neg refleshi le yap di yon seri de bagay pou kache inkonpetanss ak iresponsabilite yo.Afe vye gol a minn sayo papka mache lan laj infomasyon sa a.An passan mwin byen kontan ke Maximo te mete VERCINGETORIX dezyem min an lan plass li .Fok yon neg konen le li lan salon lan la chanm oswa la kwisinn.Sepa tout moun ki leve lan ti kay ki lan fou lakou yo .Gan de moun ki pa abitye ak sa . b]
Dernière édition par deza le Jeu 17 Fév 2011 - 8:22, édité 3 fois
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Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
La serie Les hommes d'autrefois continue
Oswald Durand est le premier grand poète de la littérature haïtienne. On peut considérer qu’il a réussi un doublé significatif puisqu’il a su s’imposer d’abord comme le premier des poètes haïtiens et qu’il est aussi le premier à avoir écrit un poème en langue haïtienne dont la célébrité dépasse les frontières d’Haïti.
Né au Cap-Haïtien, le 17 septembre 1840, Oswald Durand est mort à Port-au-Prince, le 22 avril 1906. Comme la plupart des écrivains haïtiens, hier et aujourd’hui, qui ne peuvent vivre de leur plume, Durand a exercé différentes professions, allant de celle de ferblantier à celle de haut fonctionnaire, il a été secrétaire du Conseil des Ministres en 1868. Il a bien sûr été professeur et même directeur de lycée. Il a été aussi journaliste mais avant tout il fut poète. Dès l’âge de 16 ans, il avait commencé à se faire connaître comme tel.
Si Oswald Durand, homme de plume, a touché au journalisme, c’est plutôt par le biais de la littérature puisque le journal qu’il fonda, Les Bigailles, était une publication satirique et humoristique. Le mot bigailles, soit dit en passant, en langue haïtienne, désigne une sorte de moustique. Ce n’est jamais sans risque qu’on se hasarde à brocarder en Haïti, surtout quand la cible est un personnage politique. Et quel personnage haïtien d’importance n’est pas politique ?
Il faut croire que les opinions d’Oswald Durand, le poète, le journaliste, l’homme de plume en somme, ne furent pas du goût des autorités, en cette année 1883 qui vit le pays traverser une de ses pires crises politiques. Il connut la prison. C’est dans sa cellule, dit-on, qu’il composa les paroles de « Choucoune », le plus célèbre de ses poèmes.
Parmi les thèmes qu’il aborde dans sa poésie, on peut distinguer les thèmes obligatoires des autres thèmes plus personnels. Comme on pouvait s’y attendre, ce sont ces derniers qui se sont révélés les plus universels.
Tout au long du XXe siècle, Haïti s’est trouvée à la fois obligée de consolider son indépendance et de la défendre à plusieurs reprises contre les agressions extérieures. Le poème de Durand, « Ces Allemands », est resté dans toutes les mémoires comme une protestation contre ces violations de la souveraineté nationale dont les Haïtiens se sentaient victimes ouvertement ou sournoisement.
La patrie à défendre était un de ces thèmes obligatoires que Durand sut développer avec cette ouverture d’esprit qui le rendait solidaire de la lutte des autres, des Cubains, par exemple, qui se battaient alors pour conquérir leur indépendance ou encore lui faisait comprendre que si nous avions des droits à défendre, nous avions aussi des devoirs ou responsabilités que nous ne pouvions ignorer. Son poème intitulé « Chant national » a ainsi mérité de devenir les paroles de l’hymne présidentiel d’Haïti.
Autre thème tout aussi obligatoire : la race à défendre et surtout à illustrer. Dans les Amériques, l’abolition de l’esclavage, ne l’oublions pas, n’a eu lieu que très tard, vers la fin du XlXe siècle qui fut, non seulement par cet aspect mais aussi à cause des théories racistes qui fleurirent alors, le siècle du racisme puisque celui-ci eut même la prétention de se constituer en science avec des idéologues comme Gobineau. Contre les idées de ce dernier les essayistes haïtiens, Antênor Firmin, Louis-Joseph Janvier et Hannibal Price, s’élevèrent avec force. Durand ne resta pas en dehors de ce débat, comme l’atteste son poème « Le Fils du Noir ».
Jusque dans un thème plus personnel comme celui de l’évocation de la femme aimée, nous retrouvons l’écho de ces combats collectifs. Mais tout comme nous l’avons dit pour le thème de la patrie, Durand trouva l’art de traiter à sa manière ses thèmes personnels. « Choucoune » en est un bon exemple. Le fils du noir, même amoureux d’une noire, Durand nous montre qu’il subit les contrecoups de la situation de son pays et de sa race. Mais il sait aussi s’élever au-dessus des considérations épidermiques ou érotiques pour parler en amoureux sincère et généreux.
Enfin il y a la langue, comme outil, qui peut être considérée indirectement comme thème, comme sujet même de l’inspiration du poète. Si incontestablement Durand est marqué par sa pratique de la langue française, il ne porte pas moins un amour tout aussi fervent à la langue haïtienne. Dans son recueil Rires et Pleurs (1896) où il réunit les principales œuvres écrites au long de sa vie, après il ne publiera qu’une mince plaquette, Quatre nouveaux poèmes (1900), Durand fait une place à trois de ses poèmes en haïtien, dont l’un est précisément « Choucoune » qui est passé à l’histoire.
Cette attention portée aux deux langues nationales d’Haïti, le français et l’haïtien, témoigne donc de son intérêt pour les langues et de son travail sur elles. Attention qui témoigne aussi de son souci pour les formes de son écriture et pour l’art qui donne à l’œuvre son caractère original. De même qu’il a su éviter de s’enfermer dans un chauvinisme patriotard ou dans un misérabilisme racial, il a réussi à ne pas s’emmurer dans un érotisme qui ne serait finalement qu’une forme d’exotisme pour s’élever à l’expression d’un sentiment profond et réfléchi dans « Choucoune » qui démontre aussi jusqu’à quel point la langue peut coller au plus près de l’inspiration.
« Choucoune » se présente comme une simple fable qui fait le point, de manière émouvante, sur la complexité des rapports amoureux quand l’aliénation collective s’en mêle. Longtemps avant que Francis Bebey, dans Le fis d’Agatha Moudio, ne vienne reprendre le même thème, Durand aura su apporter au traitement de ce thème complexe la largeur de vue qui fait prendre de l’altitude à son texte.
Premier grand poète de la littérature haïtienne, Oswald Durand a su dans ses poèmes transgresser les barrières des genres, élever son discours lyrique à la dimension d’une véritable représentation dramatique. Éric Sauray en a donné la preuve en transposant la simple fable de Choucoune en une œuvre théâtrale tout à fait convaincante.
Si les poèmes d’Oswald Durand résonnent aux oreilles des Haïtiens avec la justesse de son de la réalité, c’est que le poète a su leur insuffler le rythme qui convient et leur donner l’ambiance sensuelle ou concrète qui fait retrouver aussi bien la forme du corps de la femme aimée que le détail des paysages de notre pays. Et il nous fait reconnaître tout cela par la magie du son et les images des mots dont il se sert. On peut de ce point de vue retracer, de Lizèt kite laplenn de Duvivier de la Mahautière (1749) à Choucoune (1884) et de Marabout de mon cœur d’Émile Roumer (1925) à Mariana de Paul Laraque (1974), à travers des visages de femme, une évolution qui fait de l’œuvre d’Oswald Durand un point de rupture et de recommencement, un véritable tournant de la poésie haïtienne.
Oswald Durand est le premier grand poète de la littérature haïtienne. On peut considérer qu’il a réussi un doublé significatif puisqu’il a su s’imposer d’abord comme le premier des poètes haïtiens et qu’il est aussi le premier à avoir écrit un poème en langue haïtienne dont la célébrité dépasse les frontières d’Haïti.
Né au Cap-Haïtien, le 17 septembre 1840, Oswald Durand est mort à Port-au-Prince, le 22 avril 1906. Comme la plupart des écrivains haïtiens, hier et aujourd’hui, qui ne peuvent vivre de leur plume, Durand a exercé différentes professions, allant de celle de ferblantier à celle de haut fonctionnaire, il a été secrétaire du Conseil des Ministres en 1868. Il a bien sûr été professeur et même directeur de lycée. Il a été aussi journaliste mais avant tout il fut poète. Dès l’âge de 16 ans, il avait commencé à se faire connaître comme tel.
Si Oswald Durand, homme de plume, a touché au journalisme, c’est plutôt par le biais de la littérature puisque le journal qu’il fonda, Les Bigailles, était une publication satirique et humoristique. Le mot bigailles, soit dit en passant, en langue haïtienne, désigne une sorte de moustique. Ce n’est jamais sans risque qu’on se hasarde à brocarder en Haïti, surtout quand la cible est un personnage politique. Et quel personnage haïtien d’importance n’est pas politique ?
Il faut croire que les opinions d’Oswald Durand, le poète, le journaliste, l’homme de plume en somme, ne furent pas du goût des autorités, en cette année 1883 qui vit le pays traverser une de ses pires crises politiques. Il connut la prison. C’est dans sa cellule, dit-on, qu’il composa les paroles de « Choucoune », le plus célèbre de ses poèmes.
Parmi les thèmes qu’il aborde dans sa poésie, on peut distinguer les thèmes obligatoires des autres thèmes plus personnels. Comme on pouvait s’y attendre, ce sont ces derniers qui se sont révélés les plus universels.
Tout au long du XXe siècle, Haïti s’est trouvée à la fois obligée de consolider son indépendance et de la défendre à plusieurs reprises contre les agressions extérieures. Le poème de Durand, « Ces Allemands », est resté dans toutes les mémoires comme une protestation contre ces violations de la souveraineté nationale dont les Haïtiens se sentaient victimes ouvertement ou sournoisement.
La patrie à défendre était un de ces thèmes obligatoires que Durand sut développer avec cette ouverture d’esprit qui le rendait solidaire de la lutte des autres, des Cubains, par exemple, qui se battaient alors pour conquérir leur indépendance ou encore lui faisait comprendre que si nous avions des droits à défendre, nous avions aussi des devoirs ou responsabilités que nous ne pouvions ignorer. Son poème intitulé « Chant national » a ainsi mérité de devenir les paroles de l’hymne présidentiel d’Haïti.
Autre thème tout aussi obligatoire : la race à défendre et surtout à illustrer. Dans les Amériques, l’abolition de l’esclavage, ne l’oublions pas, n’a eu lieu que très tard, vers la fin du XlXe siècle qui fut, non seulement par cet aspect mais aussi à cause des théories racistes qui fleurirent alors, le siècle du racisme puisque celui-ci eut même la prétention de se constituer en science avec des idéologues comme Gobineau. Contre les idées de ce dernier les essayistes haïtiens, Antênor Firmin, Louis-Joseph Janvier et Hannibal Price, s’élevèrent avec force. Durand ne resta pas en dehors de ce débat, comme l’atteste son poème « Le Fils du Noir ».
Jusque dans un thème plus personnel comme celui de l’évocation de la femme aimée, nous retrouvons l’écho de ces combats collectifs. Mais tout comme nous l’avons dit pour le thème de la patrie, Durand trouva l’art de traiter à sa manière ses thèmes personnels. « Choucoune » en est un bon exemple. Le fils du noir, même amoureux d’une noire, Durand nous montre qu’il subit les contrecoups de la situation de son pays et de sa race. Mais il sait aussi s’élever au-dessus des considérations épidermiques ou érotiques pour parler en amoureux sincère et généreux.
Enfin il y a la langue, comme outil, qui peut être considérée indirectement comme thème, comme sujet même de l’inspiration du poète. Si incontestablement Durand est marqué par sa pratique de la langue française, il ne porte pas moins un amour tout aussi fervent à la langue haïtienne. Dans son recueil Rires et Pleurs (1896) où il réunit les principales œuvres écrites au long de sa vie, après il ne publiera qu’une mince plaquette, Quatre nouveaux poèmes (1900), Durand fait une place à trois de ses poèmes en haïtien, dont l’un est précisément « Choucoune » qui est passé à l’histoire.
Cette attention portée aux deux langues nationales d’Haïti, le français et l’haïtien, témoigne donc de son intérêt pour les langues et de son travail sur elles. Attention qui témoigne aussi de son souci pour les formes de son écriture et pour l’art qui donne à l’œuvre son caractère original. De même qu’il a su éviter de s’enfermer dans un chauvinisme patriotard ou dans un misérabilisme racial, il a réussi à ne pas s’emmurer dans un érotisme qui ne serait finalement qu’une forme d’exotisme pour s’élever à l’expression d’un sentiment profond et réfléchi dans « Choucoune » qui démontre aussi jusqu’à quel point la langue peut coller au plus près de l’inspiration.
« Choucoune » se présente comme une simple fable qui fait le point, de manière émouvante, sur la complexité des rapports amoureux quand l’aliénation collective s’en mêle. Longtemps avant que Francis Bebey, dans Le fis d’Agatha Moudio, ne vienne reprendre le même thème, Durand aura su apporter au traitement de ce thème complexe la largeur de vue qui fait prendre de l’altitude à son texte.
Premier grand poète de la littérature haïtienne, Oswald Durand a su dans ses poèmes transgresser les barrières des genres, élever son discours lyrique à la dimension d’une véritable représentation dramatique. Éric Sauray en a donné la preuve en transposant la simple fable de Choucoune en une œuvre théâtrale tout à fait convaincante.
Si les poèmes d’Oswald Durand résonnent aux oreilles des Haïtiens avec la justesse de son de la réalité, c’est que le poète a su leur insuffler le rythme qui convient et leur donner l’ambiance sensuelle ou concrète qui fait retrouver aussi bien la forme du corps de la femme aimée que le détail des paysages de notre pays. Et il nous fait reconnaître tout cela par la magie du son et les images des mots dont il se sert. On peut de ce point de vue retracer, de Lizèt kite laplenn de Duvivier de la Mahautière (1749) à Choucoune (1884) et de Marabout de mon cœur d’Émile Roumer (1925) à Mariana de Paul Laraque (1974), à travers des visages de femme, une évolution qui fait de l’œuvre d’Oswald Durand un point de rupture et de recommencement, un véritable tournant de la poésie haïtienne.
Dernière édition par deza le Jeu 17 Fév 2011 - 8:41, édité 1 fois
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Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
La serie Les hommes d'autrefois continue
Stéphen Alexis est né aux Gonaïves (Haïti) le 29 novembre 1889. Il fait ses études d'abord dans sa ville natale, ensuite à Port-au-Prince au Petit Séminaire Collège St. Martial. Alexis se marie avec Lydie Nuñez, d'origine dominicaine. Leur fils, Jacques-Stephen Alexis, né en 1922, deviendra l'un des auteurs haïtiens les plus connus.
Alexis père obtient sa licence en droit et s'inscrit au barreau de Port-au-Prince. Durant sa vie, Stéphen Alexis aura à travailler dans l'enseignement, dans le journalisme et comme diplomate. Il est professeur d'histoire et de lettres au lycée des Gonaïves, et inspecteur de la circonscription des Gonaïves en 1929. Alexis commence à écrire pour le journal Le Matin dès 1908. Il deviendra plus tard rédacteur en chef de ce même journal. Il dirige le périodique L'Artibonite, publié aux Gonaives et écrit pour La Presse sous le nom de «Agathon II» ainsi que pour Haïti Miroir.
En ce qui concerne sa carrière politique, Alexis est secrétaire du Conseil des secrétaires d'État de 1913 à 1914. En 1926, il est nommé consul général à Anvers (Belgique) et l'année suivante, il est chargé d'affaires à Bruxelles. Stéphen Alexis est conservateur du Musée national de 1938 à 1941 et chef de la section des Relations extérieures. Il est nommé délégué permanent à l'ONU en février 1948. L'année suivante, il est nommé représentant d'Haïti à la Commission intérimaire des Nations Unies. Il se présente en tant qu'ambassadeur et envoyé extraordinaire à la prestation de serment du président Frondizi en Argentine, sous la présidence de François Duvalier.
Stéphen Alexis a souffert pour ses convictions politiques. Il se trouvait parmi les prisoniers durant le massacre du 27 juillet 1915 à la prison de Port-au-Prince. Il publia dans Le Matin, «De la bouche de la mort, impressions d'un rescapé» ainsi qu'une série de portraits le 23 juillet 1917 intitulée «Dix profils d'assassinés admirables». L'auteur a participé dans la résistance durant l'occupation américaine. Il fut même arrêté par les forces étrangères, étant accusé de complicité dans le soulèvement armé provoqué par son ami, Charlemagne Péralte. Jugé et condamné aux travaux forcés, Alexis fut libéré après neuf mois. Il continua sa critique politique dans les journaux après le départ des Marines.
Son texte La vérité sur les événements d'avant 1914 au 28 juillet 1915 est paru dans Le Matin quelques années après l'occupation américaine, aux environs de 1952. Alexis publia «Lettre à un domincain» dans Le Nouvelliste le 20 novembre 1937 après le massacre des Haïtiens en République Dominicaine. Il critiqua le président Sténio Vincent dans sa chronique de L'Action Nationale, signée «Criton». Alexis milita aussi pour les droits d'auteur. Il intenta une action en justice contre la Maison Henri Deschamps, les accusant d'avoir apporté des changements non autorisés à son manuel d'histoire, Abrégé d'Histoire d'Haïti (1924-1936), cours moyen, cours élémentaire.
Stéphen Alexis est mort en exil sous le régime de François Duvalier le 15 août 1962 à Caracas (Vénézuela).
Stéphen Alexis n'a pas laissé une oeuvre romanesque abondante. En fait, lui-même qualifie Le Nègre Masqué comme étant «moins un roman qu'une succession de petits documents humains»; ce texte porte d'ailleurs le sous-titre «tranche de vie haïtienne». Le Nègre Masqué fait appel aux expériences personnelles de l'auteur, ainsi qu'au drame que subit tout le pays durant l'occupation américaine. L'avocat Roger Sainclair est le héros de l'intrigue. Ses sentiments sont partagés entre deux femmes: la Française blanche, Gaude de Senneville, et Florecita Miguel, Haïtienne brune qui est probablement d'origine dominicaine.
Sainclair et son meilleur ami, le mulâtre Pascal Darty, vont dans les bois combattre les Marines avec l'armée indigène. À la fin du roman, Sainclair part pour la France, étant incapable de sauver sa patrie. En dépit des aspects mélodramatiques de ce roman, il témoigne des luttes intestines du pays ainsi que de la répression des forces étrangères durant l'occupation tout en s'inscrivant dans les mouvements littéraires et culturels du moment, comme l'Indigénisme.
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Jacques-Stephen Alexis
Jacques-Stephen Alexis en 1961
Jacques-Stephen Alexis est né le 22 avril 1922 à Gonaïves (Haïti). Son père, le journaliste Stéphen Alexis, auteur du Nègre masqué (1933), étant nommé à un poste diplomatique en Europe, Jacques entreprend des études au Collège Stanislas, à Paris.
De retour en Haïti en 1930, il poursuit ses études au Collège Saint-Louis-de-Gonzague, puis à la Faculté de médecine. Il fait la connaissance de Roumain et de Guillen en 1942. Il fonde La Ruche, journal d'opposition, qui joue un rôle décisif lors de la Révolution de 1946. Membre du Parti Communiste Haïtien, il conteste l'élection de Dumarsais Estimé. Il est emprisonné. À sa sortie, il passe son Doctorat de médecine et se rend à Paris. Il mène de front une triple activité: professionnelle (il se spécialise en neurologie), politique (par les Jeunesses communistes et la Fédération de Paris, il prend contact avec divers partis communistes, dont celui de Chine) et littéraire (il se lie avec Aragon, avec les écrivains de la Négritude et les écrivains latino-américains). En 1955, Gallimard publie son premier roman, Compère Général Soleil, dont le succès est immédiat. Il rentre en Haïti.
Inquiété par les autorités, Jacques-Stephen Alexis prend part néanmoins aux débats culturels et politiques en cours. Il apporte une contribution importante en 1956 à Paris, au Premier Congrès des Écrivains et Artistes Noirs: Prolégomènes à un Manifeste du Réalisme Merveilleux des Haïtiens. Il publie rapidement Les Arbres musiciens (1957), L'Espace d'un cillement (1959) et Romancero aux étoiles (1960). Il participe dans le même temps à divers congrès internationaux, dont celui de l'Union des Écrivains Soviétiques (1959). Le pouvoir de Duvalier accentue fortement l'atmosphère d'insécurité autour de lui, et empêche certaines de ses activités. Invité en Chine en 1961, et conscient de la déchirure qui se déclare entre les deux grands états communistes, il tente de faciliter un dernier rapprochement. Il rencontre Ho Chi Minh, Mao, et lance des appels remarqués pour l'unité du mouvement communiste international. Il rentre à Cuba, avec la décision d'entrer dans la clandestinité. En compagnie de quatre compagnons, Charles Adrien-Georges, Guy Béliard, Hubert Dupuis-Nouillé et Max Monroe, il débarque sur la plage de Bombardopolis, avec probablement pour objectif de rallier le hounfort dédié aux loas racines des Alexis, Souvenance. Sans doute trahis, les membres de l'expédition furent arrêtés, torturés, exécutés. La mort de Jacques-Stephen Alexis n'a jamais été officiellement reconnue.
– Yves Chemla
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Jacques-Stephen Alexis
Jacques-Stephen Alexis en 1961
Jacques-Stephen Alexis est né le 22 avril 1922 à Gonaïves (Haïti). Son père, le journaliste Stéphen Alexis, auteur du Nègre masqué (1933), étant nommé à un poste diplomatique en Europe, Jacques entreprend des études au Collège Stanislas, à Paris.
De retour en Haïti en 1930, il poursuit ses études au Collège Saint-Louis-de-Gonzague, puis à la Faculté de médecine. Il fait la connaissance de Roumain et de Guillen en 1942. Il fonde La Ruche, journal d'opposition, qui joue un rôle décisif lors de la Révolution de 1946. Membre du Parti Communiste Haïtien, il conteste l'élection de Dumarsais Estimé. Il est emprisonné. À sa sortie, il passe son Doctorat de médecine et se rend à Paris. Il mène de front une triple activité:
professionnelle (il se spécialise en neurologie), politique (par les Jeunesses communistes et la Fédération de Paris, il prend contact avec divers partis communistes, dont celui de Chine) et littéraire (il se lie avec Aragon, avec les écrivains de la Négritude et les écrivains latino-américains). En 1955, Gallimard publie son premier roman, Compère Général Soleil, dont le succès est immédiat. Il rentre en Haïti.
Inquiété par les autorités, Jacques-Stephen Alexis prend part néanmoins aux débats culturels et politiques en cours. Il apporte une contribution importante en 1956 à Paris, au Premier Congrès des Écrivains et Artistes Noirs: Prolégomènes à un Manifeste du Réalisme Merveilleux des Haïtiens. Il publie rapidement Les Arbres musiciens (1957), L'Espace d'un cillement (1959) et Romancero aux étoiles (1960). Il participe dans le même temps à divers congrès internationaux, dont celui de l'Union des Écrivains Soviétiques (1959). Le pouvoir de Duvalier accentue fortement l'atmosphère d'insécurité autour de lui, et empêche certaines de ses activités. Invité en Chine en 1961, et conscient de la déchirure qui se déclare entre les deux grands états communistes, il tente de faciliter un dernier rapprochement.
Il rencontre Ho Chi Minh, Mao, et lance des appels remarqués pour l'unité du mouvement communiste international. Il rentre à Cuba, avec la décision d'entrer dans la clandestinité. En compagnie de quatre compagnons, Charles Adrien-Georges, Guy Béliard, Hubert Dupuis-Nouillé et Max Monroe, il débarque sur la plage de Bombardopolis, avec probablement pour objectif de rallier le hounfort dédié aux loas racines des Alexis, Souvenance. Sans doute trahis, les membres de l'expédition furent arrêtés, torturés, exécutés. La mort de Jacques-Stephen Alexis n'a jamais été officiellement reconnue.
– Yves Chemla
Oeuvres principales:
Romans:
Les arbres musiciens. Paris: Gallimard, 1957, 1984; Port-au-Prince: Les Editions Fardin, 1986.
Compère Général Soleil. Paris: Gallimard, 1955.
L'espace d'un cillement. Paris: Gallimard, 1959, 1983.
Nouvelles:
Romancero aux étoiles; contes. Paris: Gallimard, 1960.
Articles sélectionnés:
"Contribution à la Table-Ronde sur le folklore et le nationalisme". Optique (juin 1956): 25-34.
"La Culture haïtienne". Les lettres françaises (27 septembre-3 octobre 1956).
"Du Réalisme merveilleux des Haïtiens". Présence Africaine 8-9-10 (juin-novembre 1956): 245-271.
"La Belle Amour humaine 1957". Europe 49.501 (janvier 1971): 20-27.
"Modern Haïtian Thought". Books Abroad 30 (Spring 1956): 261-265.
"Où va le roman?" (Débat autour des conditions d'un roman national chez les peuples noirs). Présence Africaine 13 (avril-mai 1957): 81-101.
Préface La Montagne ensorcelée de Jacques Roumain. Paris: Les Editeurs français réunis, 1972.
Préface à Jacques Roumain, Oeuvres Choisies. S. Pojarski, éd. E.S.L., Editions du Progrès, 1964.
Stéphen Alexis est né aux Gonaïves (Haïti) le 29 novembre 1889. Il fait ses études d'abord dans sa ville natale, ensuite à Port-au-Prince au Petit Séminaire Collège St. Martial. Alexis se marie avec Lydie Nuñez, d'origine dominicaine. Leur fils, Jacques-Stephen Alexis, né en 1922, deviendra l'un des auteurs haïtiens les plus connus.
Alexis père obtient sa licence en droit et s'inscrit au barreau de Port-au-Prince. Durant sa vie, Stéphen Alexis aura à travailler dans l'enseignement, dans le journalisme et comme diplomate. Il est professeur d'histoire et de lettres au lycée des Gonaïves, et inspecteur de la circonscription des Gonaïves en 1929. Alexis commence à écrire pour le journal Le Matin dès 1908. Il deviendra plus tard rédacteur en chef de ce même journal. Il dirige le périodique L'Artibonite, publié aux Gonaives et écrit pour La Presse sous le nom de «Agathon II» ainsi que pour Haïti Miroir.
En ce qui concerne sa carrière politique, Alexis est secrétaire du Conseil des secrétaires d'État de 1913 à 1914. En 1926, il est nommé consul général à Anvers (Belgique) et l'année suivante, il est chargé d'affaires à Bruxelles. Stéphen Alexis est conservateur du Musée national de 1938 à 1941 et chef de la section des Relations extérieures. Il est nommé délégué permanent à l'ONU en février 1948. L'année suivante, il est nommé représentant d'Haïti à la Commission intérimaire des Nations Unies. Il se présente en tant qu'ambassadeur et envoyé extraordinaire à la prestation de serment du président Frondizi en Argentine, sous la présidence de François Duvalier.
Stéphen Alexis a souffert pour ses convictions politiques. Il se trouvait parmi les prisoniers durant le massacre du 27 juillet 1915 à la prison de Port-au-Prince. Il publia dans Le Matin, «De la bouche de la mort, impressions d'un rescapé» ainsi qu'une série de portraits le 23 juillet 1917 intitulée «Dix profils d'assassinés admirables». L'auteur a participé dans la résistance durant l'occupation américaine. Il fut même arrêté par les forces étrangères, étant accusé de complicité dans le soulèvement armé provoqué par son ami, Charlemagne Péralte. Jugé et condamné aux travaux forcés, Alexis fut libéré après neuf mois. Il continua sa critique politique dans les journaux après le départ des Marines.
Son texte La vérité sur les événements d'avant 1914 au 28 juillet 1915 est paru dans Le Matin quelques années après l'occupation américaine, aux environs de 1952. Alexis publia «Lettre à un domincain» dans Le Nouvelliste le 20 novembre 1937 après le massacre des Haïtiens en République Dominicaine. Il critiqua le président Sténio Vincent dans sa chronique de L'Action Nationale, signée «Criton». Alexis milita aussi pour les droits d'auteur. Il intenta une action en justice contre la Maison Henri Deschamps, les accusant d'avoir apporté des changements non autorisés à son manuel d'histoire, Abrégé d'Histoire d'Haïti (1924-1936), cours moyen, cours élémentaire.
Stéphen Alexis est mort en exil sous le régime de François Duvalier le 15 août 1962 à Caracas (Vénézuela).
Stéphen Alexis n'a pas laissé une oeuvre romanesque abondante. En fait, lui-même qualifie Le Nègre Masqué comme étant «moins un roman qu'une succession de petits documents humains»; ce texte porte d'ailleurs le sous-titre «tranche de vie haïtienne». Le Nègre Masqué fait appel aux expériences personnelles de l'auteur, ainsi qu'au drame que subit tout le pays durant l'occupation américaine. L'avocat Roger Sainclair est le héros de l'intrigue. Ses sentiments sont partagés entre deux femmes: la Française blanche, Gaude de Senneville, et Florecita Miguel, Haïtienne brune qui est probablement d'origine dominicaine.
Sainclair et son meilleur ami, le mulâtre Pascal Darty, vont dans les bois combattre les Marines avec l'armée indigène. À la fin du roman, Sainclair part pour la France, étant incapable de sauver sa patrie. En dépit des aspects mélodramatiques de ce roman, il témoigne des luttes intestines du pays ainsi que de la répression des forces étrangères durant l'occupation tout en s'inscrivant dans les mouvements littéraires et culturels du moment, comme l'Indigénisme.
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Jacques-Stephen Alexis
Jacques-Stephen Alexis en 1961
Jacques-Stephen Alexis est né le 22 avril 1922 à Gonaïves (Haïti). Son père, le journaliste Stéphen Alexis, auteur du Nègre masqué (1933), étant nommé à un poste diplomatique en Europe, Jacques entreprend des études au Collège Stanislas, à Paris.
De retour en Haïti en 1930, il poursuit ses études au Collège Saint-Louis-de-Gonzague, puis à la Faculté de médecine. Il fait la connaissance de Roumain et de Guillen en 1942. Il fonde La Ruche, journal d'opposition, qui joue un rôle décisif lors de la Révolution de 1946. Membre du Parti Communiste Haïtien, il conteste l'élection de Dumarsais Estimé. Il est emprisonné. À sa sortie, il passe son Doctorat de médecine et se rend à Paris. Il mène de front une triple activité: professionnelle (il se spécialise en neurologie), politique (par les Jeunesses communistes et la Fédération de Paris, il prend contact avec divers partis communistes, dont celui de Chine) et littéraire (il se lie avec Aragon, avec les écrivains de la Négritude et les écrivains latino-américains). En 1955, Gallimard publie son premier roman, Compère Général Soleil, dont le succès est immédiat. Il rentre en Haïti.
Inquiété par les autorités, Jacques-Stephen Alexis prend part néanmoins aux débats culturels et politiques en cours. Il apporte une contribution importante en 1956 à Paris, au Premier Congrès des Écrivains et Artistes Noirs: Prolégomènes à un Manifeste du Réalisme Merveilleux des Haïtiens. Il publie rapidement Les Arbres musiciens (1957), L'Espace d'un cillement (1959) et Romancero aux étoiles (1960). Il participe dans le même temps à divers congrès internationaux, dont celui de l'Union des Écrivains Soviétiques (1959). Le pouvoir de Duvalier accentue fortement l'atmosphère d'insécurité autour de lui, et empêche certaines de ses activités. Invité en Chine en 1961, et conscient de la déchirure qui se déclare entre les deux grands états communistes, il tente de faciliter un dernier rapprochement. Il rencontre Ho Chi Minh, Mao, et lance des appels remarqués pour l'unité du mouvement communiste international. Il rentre à Cuba, avec la décision d'entrer dans la clandestinité. En compagnie de quatre compagnons, Charles Adrien-Georges, Guy Béliard, Hubert Dupuis-Nouillé et Max Monroe, il débarque sur la plage de Bombardopolis, avec probablement pour objectif de rallier le hounfort dédié aux loas racines des Alexis, Souvenance. Sans doute trahis, les membres de l'expédition furent arrêtés, torturés, exécutés. La mort de Jacques-Stephen Alexis n'a jamais été officiellement reconnue.
– Yves Chemla
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Jacques-Stephen Alexis
Jacques-Stephen Alexis en 1961
Jacques-Stephen Alexis est né le 22 avril 1922 à Gonaïves (Haïti). Son père, le journaliste Stéphen Alexis, auteur du Nègre masqué (1933), étant nommé à un poste diplomatique en Europe, Jacques entreprend des études au Collège Stanislas, à Paris.
De retour en Haïti en 1930, il poursuit ses études au Collège Saint-Louis-de-Gonzague, puis à la Faculté de médecine. Il fait la connaissance de Roumain et de Guillen en 1942. Il fonde La Ruche, journal d'opposition, qui joue un rôle décisif lors de la Révolution de 1946. Membre du Parti Communiste Haïtien, il conteste l'élection de Dumarsais Estimé. Il est emprisonné. À sa sortie, il passe son Doctorat de médecine et se rend à Paris. Il mène de front une triple activité:
professionnelle (il se spécialise en neurologie), politique (par les Jeunesses communistes et la Fédération de Paris, il prend contact avec divers partis communistes, dont celui de Chine) et littéraire (il se lie avec Aragon, avec les écrivains de la Négritude et les écrivains latino-américains). En 1955, Gallimard publie son premier roman, Compère Général Soleil, dont le succès est immédiat. Il rentre en Haïti.
Inquiété par les autorités, Jacques-Stephen Alexis prend part néanmoins aux débats culturels et politiques en cours. Il apporte une contribution importante en 1956 à Paris, au Premier Congrès des Écrivains et Artistes Noirs: Prolégomènes à un Manifeste du Réalisme Merveilleux des Haïtiens. Il publie rapidement Les Arbres musiciens (1957), L'Espace d'un cillement (1959) et Romancero aux étoiles (1960). Il participe dans le même temps à divers congrès internationaux, dont celui de l'Union des Écrivains Soviétiques (1959). Le pouvoir de Duvalier accentue fortement l'atmosphère d'insécurité autour de lui, et empêche certaines de ses activités. Invité en Chine en 1961, et conscient de la déchirure qui se déclare entre les deux grands états communistes, il tente de faciliter un dernier rapprochement.
Il rencontre Ho Chi Minh, Mao, et lance des appels remarqués pour l'unité du mouvement communiste international. Il rentre à Cuba, avec la décision d'entrer dans la clandestinité. En compagnie de quatre compagnons, Charles Adrien-Georges, Guy Béliard, Hubert Dupuis-Nouillé et Max Monroe, il débarque sur la plage de Bombardopolis, avec probablement pour objectif de rallier le hounfort dédié aux loas racines des Alexis, Souvenance. Sans doute trahis, les membres de l'expédition furent arrêtés, torturés, exécutés. La mort de Jacques-Stephen Alexis n'a jamais été officiellement reconnue.
– Yves Chemla
Oeuvres principales:
Romans:
Les arbres musiciens. Paris: Gallimard, 1957, 1984; Port-au-Prince: Les Editions Fardin, 1986.
Compère Général Soleil. Paris: Gallimard, 1955.
L'espace d'un cillement. Paris: Gallimard, 1959, 1983.
Nouvelles:
Romancero aux étoiles; contes. Paris: Gallimard, 1960.
Articles sélectionnés:
"Contribution à la Table-Ronde sur le folklore et le nationalisme". Optique (juin 1956): 25-34.
"La Culture haïtienne". Les lettres françaises (27 septembre-3 octobre 1956).
"Du Réalisme merveilleux des Haïtiens". Présence Africaine 8-9-10 (juin-novembre 1956): 245-271.
"La Belle Amour humaine 1957". Europe 49.501 (janvier 1971): 20-27.
"Modern Haïtian Thought". Books Abroad 30 (Spring 1956): 261-265.
"Où va le roman?" (Débat autour des conditions d'un roman national chez les peuples noirs). Présence Africaine 13 (avril-mai 1957): 81-101.
Préface La Montagne ensorcelée de Jacques Roumain. Paris: Les Editeurs français réunis, 1972.
Préface à Jacques Roumain, Oeuvres Choisies. S. Pojarski, éd. E.S.L., Editions du Progrès, 1964.
Dernière édition par deza le Jeu 17 Fév 2011 - 8:45, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
[quote="deza"]
[siz[u]
Jamais les finances de l'État n'auront été plus prospères. Fort de ses ressources, le pays verra un développement inégalé des travaux publics sous la présidence d'Hyppolite: ponts, éclairage public, arrivée du câble transatlantique à Port-au-Prince, téléphone dans les grandes villes, marchés. Pendant les deux années de son ministère, Firmin parvient à mener de façon subtile les négociations concernant la location du Môle Saint Nicolas avec les représentants politique et militaire des États-Unis en Haïti: Frederick Douglass, ambassadeur, figure emblématique de la lutte contre le préjugé de couleur et partisan de l'annexion d'Haïti, ainsi que l'amiral Gherardi. Firmin quitte le cabinet en 1891 et se retire en France, pendant qu'en Haïti on assiste à un durcissement du régime. Ce ministère laisse le souvenir d'une intelligence politique, faite de civisme exceptionnel et de probité administrative, un ensemble de pratiques qui constituent le firminisme.
méricains, et s'intéresse de près à la question du panafricanisme. À l'avènement du président Sam en 1896, Firmin redevient ministre des Finances et des Relations extérieures, mais le Cabinet est renversé après un vote de la Chambre. C'est un nouveau départ pour l'exil.
Peut ètre que j'ai mal lu;mais que quelqu'un allume ma lanterne.
Quand est ce que FREDERICK DOUGLASS avait été partisan de ""l'annexion"" d'HAITI?
Et puis ,les temps ont changé?car FIRMIN était un autodidacte,il n'avait pas fait d'études universitaires et puis si FIRMIN était devenu président ,pourrait il avoir changé les structures de l'Etat et aurait il eu les capacités de le faire car après tout il était un produit du système.
S'il y avait des changements à faire ;je pense que LOUIS JOSEPH JANVIER était plus apte à les faire.Cet homme était l'idéal ""un populiste"",un ""tipépis"" (lol) et super éduqué
[siz[u]
Jamais les finances de l'État n'auront été plus prospères. Fort de ses ressources, le pays verra un développement inégalé des travaux publics sous la présidence d'Hyppolite: ponts, éclairage public, arrivée du câble transatlantique à Port-au-Prince, téléphone dans les grandes villes, marchés. Pendant les deux années de son ministère, Firmin parvient à mener de façon subtile les négociations concernant la location du Môle Saint Nicolas avec les représentants politique et militaire des États-Unis en Haïti: Frederick Douglass, ambassadeur, figure emblématique de la lutte contre le préjugé de couleur et partisan de l'annexion d'Haïti, ainsi que l'amiral Gherardi. Firmin quitte le cabinet en 1891 et se retire en France, pendant qu'en Haïti on assiste à un durcissement du régime. Ce ministère laisse le souvenir d'une intelligence politique, faite de civisme exceptionnel et de probité administrative, un ensemble de pratiques qui constituent le firminisme.
méricains, et s'intéresse de près à la question du panafricanisme. À l'avènement du président Sam en 1896, Firmin redevient ministre des Finances et des Relations extérieures, mais le Cabinet est renversé après un vote de la Chambre. C'est un nouveau départ pour l'exil.
Peut ètre que j'ai mal lu;mais que quelqu'un allume ma lanterne.
Quand est ce que FREDERICK DOUGLASS avait été partisan de ""l'annexion"" d'HAITI?
Et puis ,les temps ont changé?car FIRMIN était un autodidacte,il n'avait pas fait d'études universitaires et puis si FIRMIN était devenu président ,pourrait il avoir changé les structures de l'Etat et aurait il eu les capacités de le faire car après tout il était un produit du système.
S'il y avait des changements à faire ;je pense que LOUIS JOSEPH JANVIER était plus apte à les faire.Cet homme était l'idéal ""un populiste"",un ""tipépis"" (lol) et super éduqué
Joel- Super Star
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Feuille de personnage
Jeu de rôle: Le patriote
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Louis Joseph Janvier
poursuivit en France des études de médecine commencées en Haïti. Docteur en médecine de l'Université de Paris en 1881, il entre ensuite à Science-Pô, d'où il est diplômé deux ans plus tard, avant d'obtenir une licence en droit à Lille. Outre un épisode historique romancé, Le Vieux Piquet (1884) et un roman insignifiant, Une chercheuse (1889), ce journaliste et polémiste de vocation publie un grand nombre d'articles concernant sa patrie dans les journaux français haïtiens, articles réunis en volumes intitulés La république d'Haïti et ses visiteurs (1882), Haïti aux Haïtiens (1884), et l'Egalité des races (1884).
Il collabora à un volume collectif, Les Détracteurs de la race noire et de la République d'Haïti (1884). Mentionnons enfin un précieux ouvrage de références, les Constitutions d'Haïti (1886), où Janvier reproduit et commente abondamment les dix-sept constitutions adoptées en Haïti entre celle de Toussaint Louverture (1801) et la dernière en date à la publication du livre, celle de 1879. Les commentaires de Janvier constituent en fait une révision de l'histoire d'Haïti telle qu'elle avait été élaborée par les historiens mulâtres quelques décennies plus tôt. C'est le caractère et le rôle historique des pères de la Patrie "nouveaux libres" noirs- Toussaint Louverture, Dessalines et Christophe jusqu'alors présentés de façon critique et parfois hostile, que Janvier célèbre et monte en épingle, et non pas celui des "anciens libres" Ogé, Chavannes, Rigaud, Pétion et Boyer.
Chargé d'affaire puis ministre plénipotentiaire à Londres, Janvier ne rentra au pays qu'en 1905, vint-neuf ans après son départ pour la France. Il fut candidat malheureux à la mairie de Port-au-Prince en 1908, et retourna bientôt diriger la légation d'Haïti dans la capitale anglaise. Nommé ensuite à Paris, il y mourut en 1911.
La République d'Haïti et ses visiteurs (1882) fut composé pour réfuter les articles malveillants d'un certain Cochinat dans le quotidien le parisien La petite Presse. La verve de Janvier verse facilement dans la diatribe, voire l'invective, et n'évite pas toujours la grossièreté; Cochinat ayant prédit la disparition d'Haïti en tant que nation, Janvier réplique:
"Va simple jésuite et triple gueux, ta prédiction ne s'accomplira point. Et quoi que tu fasses, tu n'arriveras jamais jusqu'à la hauteur de notre mépris, vile et vénale créature. Tu es noyé dans une mer d'ajection, valer à langue de vipère et lorsque tu seras mort, ta charogne empoisonnera les vers qui la dévoreront et la pourriture de ta carcasse aura depuis longtemps cessé d'empester la terre, cependant qu'Haïti continuera de vivre libre, splendide et prospère au grand soleil...(P. 51-52)"
Abstraction faite de ces truculents écarts de langage, c'est point par point qu'il oppose des arguments pertinents à Cochinat et aux autres plumitif du même acabit. Il fait remarquer que les reproches d'ensemble et de détail faits aux Haïtiens pourraient être faits aussi bien aux Européens en général et aux Français en particulier : au massacre des Blancs par Dessalines, par exemple, il oppose la Saint-Barthélémy, les dragonnades, la Terreur; à ceux qui font la gorges chaudes de noms de lieux comme Marmelades, la Terreur; à Saltrou, il fait remarquer que ces noms ont été choisis par les Français au temps de la colonie. A qui les ignore, il apprend le nom des hommes de lettres haïtiens, il explique les moeurs politiques du pays aux observateurs qui n'y voient qu'anarchie grotesque. Quant au préjugé de la couleur, il nie purement et simplement qu'il existe ou même puisse exister dans sa patrie (entorse évidente à la vérité que seul explique le patriotisme de ce puritain).
Toute sa vie, il prêcha contre les emprunts contractés à l'étranger, qui mettaient le pays sous la dépendance de l'état prêteur, et contre les privilèges abusifs des commerçants étrangers établis en Haïti; en politique, il ne cessa de plaider pour le remplacement du règne des militaires par un gouvernement civil et pour une réforme agraire en faveur des paysans; en matière d'éducation, il prône la multiplication de bourses permettant aux meilleurs étudients d'aller se perfectionner en France; du point de vue religieux, voyant en l'église de Rome la personnification de l'autoritarisme et l'ennemie des Lumières, ce franc-maçon convaincu lui compare favorablement son propre protestantisme, facteur selon lui d'honnêteté et de liberté intellectuelle et précieuse incitation au travail productif.
Bibliographies:
Essais:
Phtisie pulmonaire; causes, traitement préventif. Paris: A. Parent, 1881.
Les Détracteurs de la race noire et de la république d'Haïti (avec Jules Auguste, Clément Denis, Arthur Bowler et Justin Dévost). Paris: Marpon et Flammarion, 1882.
La République d'Haïti et ses visiteurs (1840-1882); réponse à M. Victor Cochinat (de La Petite presse) et à quelques autres écrivains. Paris: Marpon et Flammarion,
1883; Port-au-Prince: Éditions Fardin, 1979.
L'Égalité des races. Paris: G. Rougier, 1884.
Haïti aux Haïtiens. Paris: A. Parent, A. Davy, 1884.
Les Antinationaux, actes et principes. Paris: G. Rougier, 1884; Port-au-Prince: Panorama, 1962.
Les Affaires d'Haïti (1883-1884). Paris: C. Marpon et E. Flammarion, 1885; Port-au-Prince: Panorama, 1973.
Les Constitutions d'Haïti, 1801-1885. Paris: C. Marpon et E. Flammarion, 1886; Port-au-Prince: Fardin, 1977.
Du Gouvernement civil en Haïti ; avec le portrait de l'auteur. Lille: Le Bigot frères, 1905.
La caisse d'épargne et l'école en Haïti. Port-au-Prince: Imprimerie de l'abeille, 1906.
Élections législatives de 1908 ; humble adresse aux électeurs de la commune de Port-au-Prince. Port-au-Prince: l'Abeille, 1907; Port-au-Prince: H. Chauvet, 1908.
Romans:
Le Vieux Piquet ; scène de la vie haïtienne. Paris: A. Parent, 1884.
Une Chercheuse. Paris: C. Marpon et E. Flammarion, 1889.
poursuivit en France des études de médecine commencées en Haïti. Docteur en médecine de l'Université de Paris en 1881, il entre ensuite à Science-Pô, d'où il est diplômé deux ans plus tard, avant d'obtenir une licence en droit à Lille. Outre un épisode historique romancé, Le Vieux Piquet (1884) et un roman insignifiant, Une chercheuse (1889), ce journaliste et polémiste de vocation publie un grand nombre d'articles concernant sa patrie dans les journaux français haïtiens, articles réunis en volumes intitulés La république d'Haïti et ses visiteurs (1882), Haïti aux Haïtiens (1884), et l'Egalité des races (1884).
Il collabora à un volume collectif, Les Détracteurs de la race noire et de la République d'Haïti (1884). Mentionnons enfin un précieux ouvrage de références, les Constitutions d'Haïti (1886), où Janvier reproduit et commente abondamment les dix-sept constitutions adoptées en Haïti entre celle de Toussaint Louverture (1801) et la dernière en date à la publication du livre, celle de 1879. Les commentaires de Janvier constituent en fait une révision de l'histoire d'Haïti telle qu'elle avait été élaborée par les historiens mulâtres quelques décennies plus tôt. C'est le caractère et le rôle historique des pères de la Patrie "nouveaux libres" noirs- Toussaint Louverture, Dessalines et Christophe jusqu'alors présentés de façon critique et parfois hostile, que Janvier célèbre et monte en épingle, et non pas celui des "anciens libres" Ogé, Chavannes, Rigaud, Pétion et Boyer.
Chargé d'affaire puis ministre plénipotentiaire à Londres, Janvier ne rentra au pays qu'en 1905, vint-neuf ans après son départ pour la France. Il fut candidat malheureux à la mairie de Port-au-Prince en 1908, et retourna bientôt diriger la légation d'Haïti dans la capitale anglaise. Nommé ensuite à Paris, il y mourut en 1911.
La République d'Haïti et ses visiteurs (1882) fut composé pour réfuter les articles malveillants d'un certain Cochinat dans le quotidien le parisien La petite Presse. La verve de Janvier verse facilement dans la diatribe, voire l'invective, et n'évite pas toujours la grossièreté; Cochinat ayant prédit la disparition d'Haïti en tant que nation, Janvier réplique:
"Va simple jésuite et triple gueux, ta prédiction ne s'accomplira point. Et quoi que tu fasses, tu n'arriveras jamais jusqu'à la hauteur de notre mépris, vile et vénale créature. Tu es noyé dans une mer d'ajection, valer à langue de vipère et lorsque tu seras mort, ta charogne empoisonnera les vers qui la dévoreront et la pourriture de ta carcasse aura depuis longtemps cessé d'empester la terre, cependant qu'Haïti continuera de vivre libre, splendide et prospère au grand soleil...(P. 51-52)"
Abstraction faite de ces truculents écarts de langage, c'est point par point qu'il oppose des arguments pertinents à Cochinat et aux autres plumitif du même acabit. Il fait remarquer que les reproches d'ensemble et de détail faits aux Haïtiens pourraient être faits aussi bien aux Européens en général et aux Français en particulier : au massacre des Blancs par Dessalines, par exemple, il oppose la Saint-Barthélémy, les dragonnades, la Terreur; à ceux qui font la gorges chaudes de noms de lieux comme Marmelades, la Terreur; à Saltrou, il fait remarquer que ces noms ont été choisis par les Français au temps de la colonie. A qui les ignore, il apprend le nom des hommes de lettres haïtiens, il explique les moeurs politiques du pays aux observateurs qui n'y voient qu'anarchie grotesque. Quant au préjugé de la couleur, il nie purement et simplement qu'il existe ou même puisse exister dans sa patrie (entorse évidente à la vérité que seul explique le patriotisme de ce puritain).
Toute sa vie, il prêcha contre les emprunts contractés à l'étranger, qui mettaient le pays sous la dépendance de l'état prêteur, et contre les privilèges abusifs des commerçants étrangers établis en Haïti; en politique, il ne cessa de plaider pour le remplacement du règne des militaires par un gouvernement civil et pour une réforme agraire en faveur des paysans; en matière d'éducation, il prône la multiplication de bourses permettant aux meilleurs étudients d'aller se perfectionner en France; du point de vue religieux, voyant en l'église de Rome la personnification de l'autoritarisme et l'ennemie des Lumières, ce franc-maçon convaincu lui compare favorablement son propre protestantisme, facteur selon lui d'honnêteté et de liberté intellectuelle et précieuse incitation au travail productif.
Bibliographies:
Essais:
Phtisie pulmonaire; causes, traitement préventif. Paris: A. Parent, 1881.
Les Détracteurs de la race noire et de la république d'Haïti (avec Jules Auguste, Clément Denis, Arthur Bowler et Justin Dévost). Paris: Marpon et Flammarion, 1882.
La République d'Haïti et ses visiteurs (1840-1882); réponse à M. Victor Cochinat (de La Petite presse) et à quelques autres écrivains. Paris: Marpon et Flammarion,
1883; Port-au-Prince: Éditions Fardin, 1979.
L'Égalité des races. Paris: G. Rougier, 1884.
Haïti aux Haïtiens. Paris: A. Parent, A. Davy, 1884.
Les Antinationaux, actes et principes. Paris: G. Rougier, 1884; Port-au-Prince: Panorama, 1962.
Les Affaires d'Haïti (1883-1884). Paris: C. Marpon et E. Flammarion, 1885; Port-au-Prince: Panorama, 1973.
Les Constitutions d'Haïti, 1801-1885. Paris: C. Marpon et E. Flammarion, 1886; Port-au-Prince: Fardin, 1977.
Du Gouvernement civil en Haïti ; avec le portrait de l'auteur. Lille: Le Bigot frères, 1905.
La caisse d'épargne et l'école en Haïti. Port-au-Prince: Imprimerie de l'abeille, 1906.
Élections législatives de 1908 ; humble adresse aux électeurs de la commune de Port-au-Prince. Port-au-Prince: l'Abeille, 1907; Port-au-Prince: H. Chauvet, 1908.
Romans:
Le Vieux Piquet ; scène de la vie haïtienne. Paris: A. Parent, 1884.
Une Chercheuse. Paris: C. Marpon et E. Flammarion, 1889.
Invité- Invité
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
La serie Les hommes d'autrefois continuel
A PROPOS DE LA FÊTE DU CENTENAIRE
par le Dr. Rosalvo Bobo
(fin 1903)
Le docteur Rosalvo Bobo (1873-1929) fut un politicien et Seigneur de guerre qui a joué un rôle de premier plan dans les affaires haïtiennes, jusqu'à l'occupation américaine de 1915. Au moment du débarquement des marines, il était "le chef reconnu de la révolution" qui venait de renverser le gouvernement du président Sam, et, suivant la tradition, le favori dans la course à la présidence. Mais l'amiral William Caperton, chef des troupes d'occupation, l'écarta comme ennemi des Etats-Unis, au profit du sénateur Sudre Dartiguenave.
Voici un texte publié par le Dr Rosalvo Bobo, en 1903, à propos de la fête du Centenaire
Haïtiens, vous parlez de fêter le centenaire de votre Liberté. Ce n'est vraiment pas ingénieux comme trouvaille d'occasion de nouvelles fantasmagories.
Je suis fatigué, ô mes compatriotes, de nos stupidités.
Faisons grâce au monde, qui nous sait exister, de caricatures révoltantes.
Un peu de vergogne, voyons, à défaut de grandeur morale.
Centenaire de notre liberté ? Non.
Centenaire de l'esclavage du nègre par le nègre.
Centenaire de nos égarements, de nos bassesses et, au milieu de vanités incessantes, de notre rétrocession systématique. Centenaire de nos haines fraternelles, de notre triple impuissance morale, sociale et politique.
Centenaire de nos entr'assassinats dans nos villes et savanes.
Centenaire de nos vices, de nos crimes politiques.
Centenaire de tout ce qu'il peut y avoir de plus odieux au sein d'un groupement d'hommes.
Centenaire de la ruine d'un pays par la misère et la saleté.
Centenaire de l'humiliation et de la déchéance peut-être définitive de la race noire, par la fraction haïtienne, cela s'entend.
Je vous en prie, n'allons pas profaner les noms de ceux-là que nous appelons aussi pompeusement que bêtement NOS AÏEUX. C'est assez d'être traîtres, n'allons pas à l'imposture.
Voyons, mes amis, un peu de calme et de conscience.
Puisque nous avons cent ans, que sommes-nous ?
C'est une vieille prétention de croire que nous sommes quelque chose aux yeux du monde civilisé
Eh bien, NON !
Il faut se placer en pleine Europe pour se faire une idée de notre petitesse.
Petit lieu lointain habité par des nègres.
Les plus curieux savent que nous avons une légère teinte de civilisation française.
Quelle faveur!
L'immense reste se contente de nous savoir sauvages.
Entre nous, quand j'entends ces mots "Peuple haïtien", "Nation haïtienne", il se produit en moi un débordement d'ironie.
Non, mes amis, "des groupes, des individus isolés régis par un groupe stigmatisé, du nom de GOUVERNEMENT".
Et comme, au point de vue de la chose commune, nous avons, par suite de graves dislocations dans le groupement primitif, des intérêts, des goûts, des idées, des idéals différents, nous en sommes à vivre chacun comme dans un désert, ne pouvant pas compter sur les forces sociales et politiques, puisque la société et la politique n'existent plus.
La masse peut passer d'un moment à l'autre. Que lui importe d'être fauve, elle ne tient pas à elle-même. L'individu a à se défendre contre la masse. Vive et soit bien qui peut.Mais, attention !
Affiches autour de cette monstrueuse et fatale caricature, guipures du pagne : RÉPUBLIQUE, CHAMBRES, CONSTITUTIONS, LOIS .
Ah! Le mal de la France! Ce doit être un plaisir pour l'orang-outang de rappeler la bête humaine !
Allons ! Rapprochons-nous davantage et causons. Comme on doit le faire en famille, sans scrupule, sans forfanterie. Ceux d'entre nous qui ont appris à lire un peu dans les grands livres se croient du coup grands. Les belles choses les émerveillent. Et avec un enthousiasme le plus souvent mercantile, ils se mettent, au fur et à mesure qu'ils tournent les pages, à plaquer des grandeurs artificielles sur notre petitesse immuable. Hélas! Petitesse de nos misérables cerveaux !
Venons-en donc décidément à nous persuader que nous sommes des gens d'en bas, des apprentis capables de besognes déterminées. Nos petitesses uniformes seraient si admirables ! Le génie chez le grand est remplacé par la vanité chez le petit. Avouons que nous avons besoin tout au moins d'un peu d'intelligence à défaut de génie.
Et résignons-nous à l'humiliation d'en demander l'aumône aux riches cerveaux de l'humanité d'en haut. Et que mesurons-nous à l'étalon de la moralité ? Maisons publiques, maisons officielles? Bourbiers ! Les plus malins, verrats embusqués dans des formes humaines, en émergent avec quelques paillettes d'or. Mais le sentiment du beau nous faisant défaut, nous n'en savons pas user. Et nous sommes depuis cent ans des jouisseurs avides. Des immoraux, des pédants, des orgueilleux !
Par conséquent, des niais et des réfractaires, voilà ce que nous sommes ! Ayons le courage, l'heure est venue, de nous dénoncer tels à nous- mêmes. Et le 1er janvier 1904, s'il faut quand même faire quelque chose, au lieu de semer les lauriers sur les mânes introuvés de nos aïeux, après avoir passé un siècle à les oublier, à les souiller, à nous moquer outrageusement de leur héroïsme ; au lieu du pourpre et des flammes, nous tendrons un deuil d'un bout à l'autre du pays, en témoignage de notre remords et, la bouche contre terre, tenant chacun un bout de crêpe pendant au drapeau bicolore, nous demanderons pardon à Dessalines, à Toussaint, à Capois, à toute la phalange immortelle de notre histoire.
Pardon de notre ingratitude, de notre esclavage, malgré eux. Pardon de nos folies. Pardon de nos parjures et de notre croupissement. Et nos pleurs plairont mieux à ces dieux que les fêtes bêtes, déloyales et scandaleuses, qu'à contrecoeur, par fausse pudeur, nous nous évertuons à leur préparer. Non. Je proteste de toute la force de mon âme. Nous ne fêterons pas, parce que, pour bâcler ces fêtes, étant misérables, chétifs, sans le sou, il nous faudra encore fouiller dans la bourse du paysan et faire manger au peuple la dernière vache maigre.
Nous ne fêterons pas, parce que, tandis qu'au palais, dans nos salons somptueux, nous viderions la coupe au vin d'or et chanterions ivrogneusement l'an sacré 1804, ce paysan dépouillé, ce peuple miséreux pourrait le maudire. Et leurs malédictions en feraient sortir d'autres du sein de la terre. Eh bien donc, un peu de vergogne et travaillons à sortir du stupre de tout un siècle.
Et s'il nous plaît de commencer bientôt, 1904 ne sera la fête de rien du tout, mais la première année d'existence d'une collectivité de braves gens nègres travaillant modestement et moralement à être un peuple. Et la petite république d'Haïti pourra être une immensité en pleine Europe !
Et le vieux continent pourra se préoccuper, en l'an 2004, du premier centenaire de la GRANDE LIBERTÉ du PEUPLE HAÏTIEN ! _______________
Si nou vle peyi ya chanje, fok nou chanje mantalite nou.
excalibur592000@yahoo.com
A PROPOS DE LA FÊTE DU CENTENAIRE
par le Dr. Rosalvo Bobo
(fin 1903)
Le docteur Rosalvo Bobo (1873-1929) fut un politicien et Seigneur de guerre qui a joué un rôle de premier plan dans les affaires haïtiennes, jusqu'à l'occupation américaine de 1915. Au moment du débarquement des marines, il était "le chef reconnu de la révolution" qui venait de renverser le gouvernement du président Sam, et, suivant la tradition, le favori dans la course à la présidence. Mais l'amiral William Caperton, chef des troupes d'occupation, l'écarta comme ennemi des Etats-Unis, au profit du sénateur Sudre Dartiguenave.
Voici un texte publié par le Dr Rosalvo Bobo, en 1903, à propos de la fête du Centenaire
Haïtiens, vous parlez de fêter le centenaire de votre Liberté. Ce n'est vraiment pas ingénieux comme trouvaille d'occasion de nouvelles fantasmagories.
Je suis fatigué, ô mes compatriotes, de nos stupidités.
Faisons grâce au monde, qui nous sait exister, de caricatures révoltantes.
Un peu de vergogne, voyons, à défaut de grandeur morale.
Centenaire de notre liberté ? Non.
Centenaire de l'esclavage du nègre par le nègre.
Centenaire de nos égarements, de nos bassesses et, au milieu de vanités incessantes, de notre rétrocession systématique. Centenaire de nos haines fraternelles, de notre triple impuissance morale, sociale et politique.
Centenaire de nos entr'assassinats dans nos villes et savanes.
Centenaire de nos vices, de nos crimes politiques.
Centenaire de tout ce qu'il peut y avoir de plus odieux au sein d'un groupement d'hommes.
Centenaire de la ruine d'un pays par la misère et la saleté.
Centenaire de l'humiliation et de la déchéance peut-être définitive de la race noire, par la fraction haïtienne, cela s'entend.
Je vous en prie, n'allons pas profaner les noms de ceux-là que nous appelons aussi pompeusement que bêtement NOS AÏEUX. C'est assez d'être traîtres, n'allons pas à l'imposture.
Voyons, mes amis, un peu de calme et de conscience.
Puisque nous avons cent ans, que sommes-nous ?
C'est une vieille prétention de croire que nous sommes quelque chose aux yeux du monde civilisé
Eh bien, NON !
Il faut se placer en pleine Europe pour se faire une idée de notre petitesse.
Petit lieu lointain habité par des nègres.
Les plus curieux savent que nous avons une légère teinte de civilisation française.
Quelle faveur!
L'immense reste se contente de nous savoir sauvages.
Entre nous, quand j'entends ces mots "Peuple haïtien", "Nation haïtienne", il se produit en moi un débordement d'ironie.
Non, mes amis, "des groupes, des individus isolés régis par un groupe stigmatisé, du nom de GOUVERNEMENT".
Et comme, au point de vue de la chose commune, nous avons, par suite de graves dislocations dans le groupement primitif, des intérêts, des goûts, des idées, des idéals différents, nous en sommes à vivre chacun comme dans un désert, ne pouvant pas compter sur les forces sociales et politiques, puisque la société et la politique n'existent plus.
La masse peut passer d'un moment à l'autre. Que lui importe d'être fauve, elle ne tient pas à elle-même. L'individu a à se défendre contre la masse. Vive et soit bien qui peut.Mais, attention !
Affiches autour de cette monstrueuse et fatale caricature, guipures du pagne : RÉPUBLIQUE, CHAMBRES, CONSTITUTIONS, LOIS .
Ah! Le mal de la France! Ce doit être un plaisir pour l'orang-outang de rappeler la bête humaine !
Allons ! Rapprochons-nous davantage et causons. Comme on doit le faire en famille, sans scrupule, sans forfanterie. Ceux d'entre nous qui ont appris à lire un peu dans les grands livres se croient du coup grands. Les belles choses les émerveillent. Et avec un enthousiasme le plus souvent mercantile, ils se mettent, au fur et à mesure qu'ils tournent les pages, à plaquer des grandeurs artificielles sur notre petitesse immuable. Hélas! Petitesse de nos misérables cerveaux !
Venons-en donc décidément à nous persuader que nous sommes des gens d'en bas, des apprentis capables de besognes déterminées. Nos petitesses uniformes seraient si admirables ! Le génie chez le grand est remplacé par la vanité chez le petit. Avouons que nous avons besoin tout au moins d'un peu d'intelligence à défaut de génie.
Et résignons-nous à l'humiliation d'en demander l'aumône aux riches cerveaux de l'humanité d'en haut. Et que mesurons-nous à l'étalon de la moralité ? Maisons publiques, maisons officielles? Bourbiers ! Les plus malins, verrats embusqués dans des formes humaines, en émergent avec quelques paillettes d'or. Mais le sentiment du beau nous faisant défaut, nous n'en savons pas user. Et nous sommes depuis cent ans des jouisseurs avides. Des immoraux, des pédants, des orgueilleux !
Par conséquent, des niais et des réfractaires, voilà ce que nous sommes ! Ayons le courage, l'heure est venue, de nous dénoncer tels à nous- mêmes. Et le 1er janvier 1904, s'il faut quand même faire quelque chose, au lieu de semer les lauriers sur les mânes introuvés de nos aïeux, après avoir passé un siècle à les oublier, à les souiller, à nous moquer outrageusement de leur héroïsme ; au lieu du pourpre et des flammes, nous tendrons un deuil d'un bout à l'autre du pays, en témoignage de notre remords et, la bouche contre terre, tenant chacun un bout de crêpe pendant au drapeau bicolore, nous demanderons pardon à Dessalines, à Toussaint, à Capois, à toute la phalange immortelle de notre histoire.
Pardon de notre ingratitude, de notre esclavage, malgré eux. Pardon de nos folies. Pardon de nos parjures et de notre croupissement. Et nos pleurs plairont mieux à ces dieux que les fêtes bêtes, déloyales et scandaleuses, qu'à contrecoeur, par fausse pudeur, nous nous évertuons à leur préparer. Non. Je proteste de toute la force de mon âme. Nous ne fêterons pas, parce que, pour bâcler ces fêtes, étant misérables, chétifs, sans le sou, il nous faudra encore fouiller dans la bourse du paysan et faire manger au peuple la dernière vache maigre.
Nous ne fêterons pas, parce que, tandis qu'au palais, dans nos salons somptueux, nous viderions la coupe au vin d'or et chanterions ivrogneusement l'an sacré 1804, ce paysan dépouillé, ce peuple miséreux pourrait le maudire. Et leurs malédictions en feraient sortir d'autres du sein de la terre. Eh bien donc, un peu de vergogne et travaillons à sortir du stupre de tout un siècle.
Et s'il nous plaît de commencer bientôt, 1904 ne sera la fête de rien du tout, mais la première année d'existence d'une collectivité de braves gens nègres travaillant modestement et moralement à être un peuple. Et la petite république d'Haïti pourra être une immensité en pleine Europe !
Et le vieux continent pourra se préoccuper, en l'an 2004, du premier centenaire de la GRANDE LIBERTÉ du PEUPLE HAÏTIEN ! _______________
Si nou vle peyi ya chanje, fok nou chanje mantalite nou.
excalibur592000@yahoo.com
Dernière édition par deza le Jeu 17 Fév 2011 - 10:29, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
La serie les hommes d'autrefois continue
Une femme parmi tant d'hommes ,a l'aube de notre histoire de notre histoire .Lieutenant Sanite Bélair
Sanite, surnom de Suzanne, est une jeune affranchie originaire de Verrettes qui, épouse en 1796 Charles Bélair, neveu, aide de camp et lieutenant bien en vue de Toussaint.
C'est en 1802, dans les retranchements escarpés des Matheux, théâtre , plus de deux mois durant d'une prise d'armes de son mari Charles Bélair contre l'expédition Leclerc, que cette jeune femme révéla son étonnante énergie.
En route, en effet, pour les mornes de l'Arcahaie, ils n'avaient pas parcouru un espace de cent toises que la citoyenne Sanite qui partageait contre les blancs toute la haine de son mari, déclara hautement qu'elle ne voulait pas donner des soins plus longtemps à un jeune blanc. Ce dernier , tué à coups de sabre par les soldats de la huitième : les autorités n'en publièrent pas moins après, que Sanite, la brigande, avait, de ses propres mains, sabré ce jeune blanc.
Quelques mois après, Sanite est faite prisonnière. Désespéré et ne trouvait pas mieux que de se résoudre à partager la captivité de sa femme, Bélair se rend. Ils sont condamnés six heures après leur arrivée au Cap.
La commission, considérant le grade militaire de Charles et le sexe de Sanite, son épouse, condamna le dit Bélair à être fusillé et la dite Sanite, sa femme, à être décapitée.
Le jour de l'exécution, le 5 octobre 1802, Sanite, qui répugnait à mourir autrement qu'en soldat, exigea et obtint, non sans peine, de ses bourreaux d'être fusillée. Charles Bélair entendit avec calme la voix de son épouse l'exhortant à mourir en brave.
Au moment où il portait la main sur son coeur, il tomba, atteint de plusieurs balles à la tête. Sanite refusa de se laisser bander les yeux ; le bourreau, malgré ses efforts, ne put la courber contre le billot. L'officier qui commandait le détachement fut obligé de la faire fusiller.
Auteur inconnu
Une femme parmi tant d'hommes ,a l'aube de notre histoire de notre histoire .Lieutenant Sanite Bélair
Sanite, surnom de Suzanne, est une jeune affranchie originaire de Verrettes qui, épouse en 1796 Charles Bélair, neveu, aide de camp et lieutenant bien en vue de Toussaint.
C'est en 1802, dans les retranchements escarpés des Matheux, théâtre , plus de deux mois durant d'une prise d'armes de son mari Charles Bélair contre l'expédition Leclerc, que cette jeune femme révéla son étonnante énergie.
En route, en effet, pour les mornes de l'Arcahaie, ils n'avaient pas parcouru un espace de cent toises que la citoyenne Sanite qui partageait contre les blancs toute la haine de son mari, déclara hautement qu'elle ne voulait pas donner des soins plus longtemps à un jeune blanc. Ce dernier , tué à coups de sabre par les soldats de la huitième : les autorités n'en publièrent pas moins après, que Sanite, la brigande, avait, de ses propres mains, sabré ce jeune blanc.
Quelques mois après, Sanite est faite prisonnière. Désespéré et ne trouvait pas mieux que de se résoudre à partager la captivité de sa femme, Bélair se rend. Ils sont condamnés six heures après leur arrivée au Cap.
La commission, considérant le grade militaire de Charles et le sexe de Sanite, son épouse, condamna le dit Bélair à être fusillé et la dite Sanite, sa femme, à être décapitée.
Le jour de l'exécution, le 5 octobre 1802, Sanite, qui répugnait à mourir autrement qu'en soldat, exigea et obtint, non sans peine, de ses bourreaux d'être fusillée. Charles Bélair entendit avec calme la voix de son épouse l'exhortant à mourir en brave.
Au moment où il portait la main sur son coeur, il tomba, atteint de plusieurs balles à la tête. Sanite refusa de se laisser bander les yeux ; le bourreau, malgré ses efforts, ne put la courber contre le billot. L'officier qui commandait le détachement fut obligé de la faire fusiller.
Auteur inconnu
Invité- Invité
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
La serie continue :Les hommes d'autrefois
Ida Faubert : Femme et poetesse
Fille unique du président haïtien Lysius Salomon, Ida Salomon Faubert est née à Port-au-Prince le 14 février 1882 et passe sa petite enfance dans le palais présidentiel à Turgeau. Mais en 1888 sa famille s'exile en France, où la jeune fille fera ses études. Après un premier mariage, Ida revient à Port-au-Prince vers 1903 pour épouser André Faubert et donner naissance à une fille, Jacqueline, décédée très jeune, et à un fils, Raoul Faubert, né en 1906. Fleur à peine éclose de l'élite haïtienne, Ida Salomon Faubert brille dans son nouveau milieu. C'est « une grande dame de la haute société de Port-au-Prince » qui, selon Léon Laleau, « allait d'un cocktail à un thé, à une sauterie. Que ce fût à pied, le visage auréolé de son ombrelle aux teintes égayantes et tournantes ; que ce fût dans sa voiture tirée par cet allègre cheval souris qui, à la promener, semblait au comble de la fierté ; toujours sa grâce aduste* et tropicale laissait auprès elle, telle la traîne d'une robe de cour, un long sillage de frémissante admiration » (247).
Ida Salomon Faubert devient un personnage éblouissant non seulement dans la vie mondaine de Port-au-Prince mais aussi dans sa vie littéraire. Ayant regagné son pays natal, Ida Faubert se lance dans la renaissance de la littérature haïtienne qui s'annonce au début du vingtième siècle. Elle fait partie de la génération de La Ronde et de la première génération de poétesses haïtiennes. Ses premiers poèmes paraissent en 1912 dans la revue Haïti littéraire et scientifique, dirigée alors par Edmond Laforest, et ils figurent parmi les premiers vers publiés par une femme en Haïti sans la dissimulation d'un nom de plume. En 1913, l'université des Annales couronne la jeune poétesse d'un prix pour son sonnet « Pierre Loti ». Malgré ses succès sociaux et littéraires, Ida Faubert a du mal à s'adapter à l'esprit conservateur de l'élite haïtienne. Le « libéralisme, l'indépendance de caractère d'Ida ont du mal à supporter l'étroitesse des cadres et des idées de sa Patrie », précise la critique Madeleine Gardiner (24).
À la recherche d'une liberté personnelle qu'on pourrait qualifier de féministe, Ida Faubert s'établit définitivement à Paris en 1914. Peu après son retour en France elle divorce d'André Faubert et s'installe dans un appartement de la rue Blomet, où les rythmes antillais du Bal Nègre font bouger le quartier entier tous les samedis. Il s'y trouve également les ateliers des artistes surréalistes (qui fréquentent aussi les bals), y compris André Desnos et Juan Miró. Ida Faubert se lance dans la scène littéraire et artistique qui l'entoure. Elle fréquente les galeries et les conférences à la mode, et elle établit son propre salon littéraire où elle reçoit des artistes et des écrivains les jeudis. Ce salon se trouve au carrefour de plusieurs cultures littéraires qui s'entrecroisent à Paris pendant les Années Folles. Membre essentiel du cercle des haïtiens littéraires à Paris, Ida Faubert reçoit les visites de Léon Laleau et de Jean Price-Mars, lequel dédie un chapitre de sa Vocation de l'élite à la poétesse.
Elle fréquente également de grands écrivains parisiens, tels que Jean Richepin et Jean Vignaud, et entre dans la coterie des écrivains féministes et lesbiens de la Rive Gauche grâce à ses relations avec Anna de Noailles. Ses poèmes se publient et Haïti et en France pendant cette période. En 1920 Louis Morpeau choisit ses poèmes pour son Anthologie haïtienne de la poésie contemporaine, et ses poèmes paraissent aussi dans Les annales politiques et littéraires, La Gazette de Paris, Le journal du peuple, Lisez-moi Bleu et dans des journaux littéraires italiens. Finalement ses poèmes se réunissent dans le recueil Cœur des îles, publié en 1939 par les Éditions René Debresse, et ce début littéraire lui vaut le prix Jacques Normand de la Société des Gens Lettrés.
« La poésie d'Ida Faubert, c'est l'élan passionné du cœur, l'abandon, la langueur... », écrit Christophe Charles dans La poésie féminine haïtienne (27). Le recueil Cœur des îles nous offre trois genres de ce qu'on pourrait appeler « la poésie du cœur ». On y trouve une poésie maternelle, des poèmes mélancoliques écrits à sa fille Jacqueline, morte très jeune (voir « Pour Jacqueline ») ; une poésie musicale, des rondels et chansons dédíés à ses amies ; et une poésie érotique, des sonnets sensuels qui souvent décrivent une scène d'amour dans un jardin tropical, et qui s'adressent souvent à des amant(e)s de sexe ambigu. Prenons l'exemple de son érotisme fleuri et ambigu dans le sonnet « Je voudrais demeurer... » :
Je voudrais demeurer une heure auprès de vous,
Au jardin merveilleux que mon esprit suppose...
Le soleil s'éteindrait, là-bas, au couchant rose,
Et les jasmins s'effeuilleraient sur nos genoux. (Cœur des îles 33)
En 1959, Salomon Faubert publie un recueil de récits, Sous le soleil caraïbe, qui esquisse la vie quotidienne d'Haïti. Elle vivra à Paris jusqu'à sa mort en 1969 (à Joinville-le-Pont), qui donne suite à un hommage respectueux dans les journaux de son pays. Fille d'un président haïtien, elle reste finalement une fille d'Haïti.
– Natasha Tinsley
Ida Faubert : Femme et poetesse
Fille unique du président haïtien Lysius Salomon, Ida Salomon Faubert est née à Port-au-Prince le 14 février 1882 et passe sa petite enfance dans le palais présidentiel à Turgeau. Mais en 1888 sa famille s'exile en France, où la jeune fille fera ses études. Après un premier mariage, Ida revient à Port-au-Prince vers 1903 pour épouser André Faubert et donner naissance à une fille, Jacqueline, décédée très jeune, et à un fils, Raoul Faubert, né en 1906. Fleur à peine éclose de l'élite haïtienne, Ida Salomon Faubert brille dans son nouveau milieu. C'est « une grande dame de la haute société de Port-au-Prince » qui, selon Léon Laleau, « allait d'un cocktail à un thé, à une sauterie. Que ce fût à pied, le visage auréolé de son ombrelle aux teintes égayantes et tournantes ; que ce fût dans sa voiture tirée par cet allègre cheval souris qui, à la promener, semblait au comble de la fierté ; toujours sa grâce aduste* et tropicale laissait auprès elle, telle la traîne d'une robe de cour, un long sillage de frémissante admiration » (247).
Ida Salomon Faubert devient un personnage éblouissant non seulement dans la vie mondaine de Port-au-Prince mais aussi dans sa vie littéraire. Ayant regagné son pays natal, Ida Faubert se lance dans la renaissance de la littérature haïtienne qui s'annonce au début du vingtième siècle. Elle fait partie de la génération de La Ronde et de la première génération de poétesses haïtiennes. Ses premiers poèmes paraissent en 1912 dans la revue Haïti littéraire et scientifique, dirigée alors par Edmond Laforest, et ils figurent parmi les premiers vers publiés par une femme en Haïti sans la dissimulation d'un nom de plume. En 1913, l'université des Annales couronne la jeune poétesse d'un prix pour son sonnet « Pierre Loti ». Malgré ses succès sociaux et littéraires, Ida Faubert a du mal à s'adapter à l'esprit conservateur de l'élite haïtienne. Le « libéralisme, l'indépendance de caractère d'Ida ont du mal à supporter l'étroitesse des cadres et des idées de sa Patrie », précise la critique Madeleine Gardiner (24).
À la recherche d'une liberté personnelle qu'on pourrait qualifier de féministe, Ida Faubert s'établit définitivement à Paris en 1914. Peu après son retour en France elle divorce d'André Faubert et s'installe dans un appartement de la rue Blomet, où les rythmes antillais du Bal Nègre font bouger le quartier entier tous les samedis. Il s'y trouve également les ateliers des artistes surréalistes (qui fréquentent aussi les bals), y compris André Desnos et Juan Miró. Ida Faubert se lance dans la scène littéraire et artistique qui l'entoure. Elle fréquente les galeries et les conférences à la mode, et elle établit son propre salon littéraire où elle reçoit des artistes et des écrivains les jeudis. Ce salon se trouve au carrefour de plusieurs cultures littéraires qui s'entrecroisent à Paris pendant les Années Folles. Membre essentiel du cercle des haïtiens littéraires à Paris, Ida Faubert reçoit les visites de Léon Laleau et de Jean Price-Mars, lequel dédie un chapitre de sa Vocation de l'élite à la poétesse.
Elle fréquente également de grands écrivains parisiens, tels que Jean Richepin et Jean Vignaud, et entre dans la coterie des écrivains féministes et lesbiens de la Rive Gauche grâce à ses relations avec Anna de Noailles. Ses poèmes se publient et Haïti et en France pendant cette période. En 1920 Louis Morpeau choisit ses poèmes pour son Anthologie haïtienne de la poésie contemporaine, et ses poèmes paraissent aussi dans Les annales politiques et littéraires, La Gazette de Paris, Le journal du peuple, Lisez-moi Bleu et dans des journaux littéraires italiens. Finalement ses poèmes se réunissent dans le recueil Cœur des îles, publié en 1939 par les Éditions René Debresse, et ce début littéraire lui vaut le prix Jacques Normand de la Société des Gens Lettrés.
« La poésie d'Ida Faubert, c'est l'élan passionné du cœur, l'abandon, la langueur... », écrit Christophe Charles dans La poésie féminine haïtienne (27). Le recueil Cœur des îles nous offre trois genres de ce qu'on pourrait appeler « la poésie du cœur ». On y trouve une poésie maternelle, des poèmes mélancoliques écrits à sa fille Jacqueline, morte très jeune (voir « Pour Jacqueline ») ; une poésie musicale, des rondels et chansons dédíés à ses amies ; et une poésie érotique, des sonnets sensuels qui souvent décrivent une scène d'amour dans un jardin tropical, et qui s'adressent souvent à des amant(e)s de sexe ambigu. Prenons l'exemple de son érotisme fleuri et ambigu dans le sonnet « Je voudrais demeurer... » :
Je voudrais demeurer une heure auprès de vous,
Au jardin merveilleux que mon esprit suppose...
Le soleil s'éteindrait, là-bas, au couchant rose,
Et les jasmins s'effeuilleraient sur nos genoux. (Cœur des îles 33)
En 1959, Salomon Faubert publie un recueil de récits, Sous le soleil caraïbe, qui esquisse la vie quotidienne d'Haïti. Elle vivra à Paris jusqu'à sa mort en 1969 (à Joinville-le-Pont), qui donne suite à un hommage respectueux dans les journaux de son pays. Fille d'un président haïtien, elle reste finalement une fille d'Haïti.
– Natasha Tinsley
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