Forum spécial : Quand je suis haitien
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Forum spécial : Quand je suis haitien
Rappel du premier message :
Pour que nul n’en ignore :
Le tremblement de terre ! Haiti est sous les décombres .Nous avons besoin d’aide .Et pourtant ceux qui profitent de nos malheurs –quelle que soit la couleur de leur peau – sont encore à l’œuvre :
Voici Mamahdi et Pierre, deux ressortissants de la Cote d’Ivoire .Voici Jofhua de Sierra Leone .Ils font tous partie du contingent des occupants dont la présence avilit le pays .Et voici Milord ,le français ,un Gaulois aux yeux bleus ,un homme au cœur d’or et qui vit avec eux dans le meme complexe .Ils sont tous chez nous , disent- ils , pour nous aider à nous comporter en civilisés .L’omniprésence du tremblement de terre et ses conséquences épouvantables !!Tout le monde est aux aguets .On ne sait plus où se terrer pour s’abriter du mauvais temps.
Le gaulois Milord ,l’arrogant, fit dresser une tente dans la grande cour du complexe pour recevoir les sinistres qui ne savent plus où donner la tête .Ils ont faim et ils sont sales et couverts de poussière .Bon nombre d’entre eux sont blessés et réclament des soins d’urgences .Le gaulois Milord se démene comme un beau diable pour leur venir en aide .Il y est arrivé en passant de porte en porte et en demandant du secours aux voisins haïtiens encore tout étonnés de l’ampleur du désastre , de la catastrophe .Paix relative dans un moment de desespoir atroce .Mais pas pour logtemps .
Une lettre arrive de toute urgence à la maison du propriétaire du complexe :
Monsieur,
« Nous n'avions payé nos loyers pour nous retrouver dans cette situation difficile .Je trouve injuste qu’un Français s’arroge le droit de planter dans votre cour une tente pour abriter des sinistres .Ce n’est pas cette mode de vie que nous envisagions quand nous entrâmes dans un contrat de loyer avec vous .Nous vous donnons acte de notre désapprobation de cet acte arrogant du Français qui pense que nous devons baisser notre standard de vie pour venir au secours de ces haïtiens .Nous exigeons que vous preniez immédiatement les mesures nécessaires pour faire déguerpir les sans –abris qui sont bien connus pour etre des voleurs et des bandits.
Recevez Monsieur, nos salutations distinguées.
Mamahdi et Pierre, de la cote d’ivoire.
Jofhua, de Sierra Leone.
-----------------------------------------------------------------
Reponse du propriétaire ,un haïtien Gaulois selon les partisans de la haine :
Messieurs,
J'ai l'honneur d'accuser la reception de votre lettre . Je comprends vos inquietudes . Nous vivons les heures d'une terrible tragédie que le pays n’a jamais vécues dans son histoire .Si vous insistez et s’il faut que j’ordonne le déguerpissement des sinistrés de la cour , je le ferai tantôt quand j’aurai trouvé une place convenable sur l’une de mes propriétés à Pétionville ou ils pourront prendre refuge de la compassion de ceux qui étaient venus pour les aider .Je vous donne-moi aussi acte de ma décision irrévocable :
Votre contrat ne sera pas renouvelé à la date de son expiration le mois prochain.
Recevez messiers mes salutations distinguées.
Le Gaulois des aigris.
-----------------------------------------------------------------------------------------
Merde et merde !
Ces gars-là sont chez nous .Imaginez ce qu’ils seraient capables de faire si nous étions chez eux .Trois africains et pas un seul n’avait trouvé dans son cœur un sentiment de pitié pour nos concitoyens face à leurs malheurs. Je ne doute pas qu’ils auraient eu la meme attitude chez eux .Allez messieurs ! Parlez-moi de l’Afrique .Des frères de la race .Allez-y .Et laissez, dans votre générosité panaméricaine, les sinistrés et les sans-abris à la merci des vents et du « goudoukouglou » pour porter secours à l'étranger car leur vie est bien plus précieuse que celle des haïtiens .Venez à leur aide parce que ça les dérange, la présence de tous ces sales haïtiens pauvres et sans-abri.
Mwin ta di nou sa Kassayol te di bef la wi, bann congo. Chita sou internet ap radote pale sa nou pa konen epi kontinye bay manti ak sa nou ranmasse lan liv pwopagann.Se pou ayisyen ke mwin santi'm blesse le yo blesse se pou ayisyen mwin soufri le yap soufri .Mwin pagin okenn kod lonbrit ki mare ak etranje poum paka di se le se fanmi lakay mwin ap soufri ke'm soufri tou . Kelkeswa koule po li ,a l'etranger, je dedie avec force et courage le mot de Cambronne !
Pour que nul n’en ignore :
Le tremblement de terre ! Haiti est sous les décombres .Nous avons besoin d’aide .Et pourtant ceux qui profitent de nos malheurs –quelle que soit la couleur de leur peau – sont encore à l’œuvre :
Voici Mamahdi et Pierre, deux ressortissants de la Cote d’Ivoire .Voici Jofhua de Sierra Leone .Ils font tous partie du contingent des occupants dont la présence avilit le pays .Et voici Milord ,le français ,un Gaulois aux yeux bleus ,un homme au cœur d’or et qui vit avec eux dans le meme complexe .Ils sont tous chez nous , disent- ils , pour nous aider à nous comporter en civilisés .L’omniprésence du tremblement de terre et ses conséquences épouvantables !!Tout le monde est aux aguets .On ne sait plus où se terrer pour s’abriter du mauvais temps.
Le gaulois Milord ,l’arrogant, fit dresser une tente dans la grande cour du complexe pour recevoir les sinistres qui ne savent plus où donner la tête .Ils ont faim et ils sont sales et couverts de poussière .Bon nombre d’entre eux sont blessés et réclament des soins d’urgences .Le gaulois Milord se démene comme un beau diable pour leur venir en aide .Il y est arrivé en passant de porte en porte et en demandant du secours aux voisins haïtiens encore tout étonnés de l’ampleur du désastre , de la catastrophe .Paix relative dans un moment de desespoir atroce .Mais pas pour logtemps .
Une lettre arrive de toute urgence à la maison du propriétaire du complexe :
Monsieur,
« Nous n'avions payé nos loyers pour nous retrouver dans cette situation difficile .Je trouve injuste qu’un Français s’arroge le droit de planter dans votre cour une tente pour abriter des sinistres .Ce n’est pas cette mode de vie que nous envisagions quand nous entrâmes dans un contrat de loyer avec vous .Nous vous donnons acte de notre désapprobation de cet acte arrogant du Français qui pense que nous devons baisser notre standard de vie pour venir au secours de ces haïtiens .Nous exigeons que vous preniez immédiatement les mesures nécessaires pour faire déguerpir les sans –abris qui sont bien connus pour etre des voleurs et des bandits.
Recevez Monsieur, nos salutations distinguées.
Mamahdi et Pierre, de la cote d’ivoire.
Jofhua, de Sierra Leone.
-----------------------------------------------------------------
Reponse du propriétaire ,un haïtien Gaulois selon les partisans de la haine :
Messieurs,
J'ai l'honneur d'accuser la reception de votre lettre . Je comprends vos inquietudes . Nous vivons les heures d'une terrible tragédie que le pays n’a jamais vécues dans son histoire .Si vous insistez et s’il faut que j’ordonne le déguerpissement des sinistrés de la cour , je le ferai tantôt quand j’aurai trouvé une place convenable sur l’une de mes propriétés à Pétionville ou ils pourront prendre refuge de la compassion de ceux qui étaient venus pour les aider .Je vous donne-moi aussi acte de ma décision irrévocable :
Votre contrat ne sera pas renouvelé à la date de son expiration le mois prochain.
Recevez messiers mes salutations distinguées.
Le Gaulois des aigris.
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Merde et merde !
Ces gars-là sont chez nous .Imaginez ce qu’ils seraient capables de faire si nous étions chez eux .Trois africains et pas un seul n’avait trouvé dans son cœur un sentiment de pitié pour nos concitoyens face à leurs malheurs. Je ne doute pas qu’ils auraient eu la meme attitude chez eux .Allez messieurs ! Parlez-moi de l’Afrique .Des frères de la race .Allez-y .Et laissez, dans votre générosité panaméricaine, les sinistrés et les sans-abris à la merci des vents et du « goudoukouglou » pour porter secours à l'étranger car leur vie est bien plus précieuse que celle des haïtiens .Venez à leur aide parce que ça les dérange, la présence de tous ces sales haïtiens pauvres et sans-abri.
Mwin ta di nou sa Kassayol te di bef la wi, bann congo. Chita sou internet ap radote pale sa nou pa konen epi kontinye bay manti ak sa nou ranmasse lan liv pwopagann.Se pou ayisyen ke mwin santi'm blesse le yo blesse se pou ayisyen mwin soufri le yap soufri .Mwin pagin okenn kod lonbrit ki mare ak etranje poum paka di se le se fanmi lakay mwin ap soufri ke'm soufri tou . Kelkeswa koule po li ,a l'etranger, je dedie avec force et courage le mot de Cambronne !
Dernière édition par deza le Mer 16 Fév 2011 - 17:16, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Il restait encore dans l'Ouest, au pouvoir des Français,
St-Marc, Jacmel, la Croix-des-Bouquets et le Port-
Républicain. Dessalines résolut de se rendre à la
Petite-Rivière de l'Artibonite, d'y laisser ses troupes se
reposer quelques jours, et d'aller en personne avec son
état-major, ranimer l'audace des indépendants du Nord, un peu
abattus depuis la défection des indigenes . Il se proposait
d'enlever ensuite St-Marc dont l'artillerie devait servir à
bombarder le Port-Républicain. Il partit de la plaine du
Cul-de-Sac et atteignit la Petite-Rivière de l'Artibonite. Il
nomma, en ce bourg, le jour qu'il y arriva, Gabart, général de
division, et Jean-Philippe Daut, général de brigade. Il partit
aussitôt après pour les Gonaïves d'ou il pénétra dans le Nord.
Il renforça le cordon qui s'étendait de la Marmelade au
Dondon, et que commandaient Christophe et Clervaux. Ce cordon
avait été établi pour contenir les indigenes qui récemment
s'étaient ralliés aux Français, comme nous l'avons vu.
Il se transporta au Port-de-Paix, et fut enthousiasmé des
succès qu'avait obtenus le général Capoix. De la il atteignit
l'anse du Port-Margot pour s'aboucher avec le chef des forces
navales de Sa Majesté Britannique le commodore Loring. II
envoya à son bord l'adjudant-général Bazelais qui acheta des
Anglais quelques munitions de guerre. Il retourna à la
Petite-Rivière de l'Artibonite, et prit aussitôt d'énergiques
mesures pour assaillir St-Marc. En moins de cinq jours, il
avait traversé le quartier de l'Artibonite, une partie du
Nord, et était revenu à la Petite-Rivière.
Depuis le départ de Rochambeau du Port-Républicain pour le
Cap, le général Sarrasin était venu, de Jérémie, prendre le
commandement du département de l'Ouest. Le général Lavalette
et Panis commandaient toujours, l’un l'arrondissement, l'autre
la place du Port-Républicain. La famine continuait à régner en
cette ville. Sarrasin vivait presque en hostilité avec
Lavalette et Panis. Désespérant de pouvoir se maintenir dans
la place, il leur proposait, chaque jour, mais sans succès, de
l'évacuer. Il se résolut à s'embarquer seul. Mais il voulut
emporter avec lui quelques ressources. Il réunit le commerce
et lui proposa de subvenir aux besoins de la garnison. Les
négociants lui déclarèrent qu'il n'y avait pas de comestibles
dans les magasins. Mais Sarrasin apprit qu'ils avaient chez
eux, la plupart, beaucoup de farine que consommaient leurs
familles. Il fit faire des visites domiciliaires, réunit cent
vingt barils de farine dont il s'empara. Il les vendit pour
son compte particulier, quoiqu'on éprouvât généralement des
privations de tous genres. Peu de jours après, il s'embarqua
clandestinement pour l'île de Cuba, abandonnant son
commandement. Il emporta les malédictions des troupes et des
habitants. Quelques années après, il fut envoyé aux bagnes
pour avoir commis le crime de bigamie.
Lavalette et Panis, tout dévoués à Rochambeau, dirigèrent des
persécutions contre ceux des Blancs qui ne craignaient pas de
dire ouvertement que la colonie ne devait ses calamites qu'à
l'administration du capitaine-général. Ils tentèrent d'arrêter
le commissaire ordonnateur Colbert qui s'était hautement
prononcé contre le système du gouvernement. Colbert se sauva
en laissant un écrit qui renfermait le portrait fidèle de
Rochambeau.
La famine sévissait de plus en plus. Un pain d'une livre se
vendait trois piastres, et un sac de patates douze piastres.
Les vivres et les légumes devenus très rares étaient cultivés
dans l'enceinte de la ville, au quartier du Morne-à-Tuf. Les
indigènes, maitres des environs, avaient détourné les eaux de
Turgeot qui alimentent les fontaines. On buvait l'eau de
puits.
Pendant que Dessalines se transportait de la Petite Rivière de
l'Artibonite, dans le Nord, comme nous venons de le voir,
Lavalette faisait proposer à Pétion d'ouvrir aux Français un
marché aux portes de la ville, à l'instar de celui de la
Petite-Anse, près du Cap. Pétion lui offrit une entrevue qui
fut acceptée. On convint que la conférence aurait lieu à
Turgeot. Les indigènes conçurent aussitôt l'idée d'arrêter le
général français. Pétion ordonna au colonel Giles Drouet, de
se tenir en embuscade dans les chemins du Bois-Chêne qui
conduisent à Turgeot, avec deux bataillons de la 3e indigène.
Lavalette craignant un piège ne se rendit pas à l'entrevue. Il
y envoya le citoyen St-James, commandant de la cavalerie de la
garde nationale. Pétion annonça à celui-ci qu'il exigeait,
avant toute négociation, que son neveu Meyronnet fut envoyé à
l'Arcahaie. Meyronnet, qui était en ville, souhaitait depuis
plusieurs mois, d'aller joindre les indépendants. Lavalette
accéda à la volonté du général indigène. Le lendemain, un
officier, homme de couleur, Caneaux, vint au Port-Républicain,
en parlementaire. Il fut introduit auprès de Lavalette auquel
il exposa l'objet de sa mission. Au sortir du bureau de
l'arrondissement, il fut conduit au rivage de la mer ou il
rencontra Meyronnet qui s'embarqua avec lui dans une chaloupe.
Il fit voile pour l'Arcahaie. Pétion remit la conférence au
jour suivant. Mais il se retira au Boucassin avec la 3e
indépendante. Il y trouva son neveu, et il ne fut plus
question de marché. En cette circonstance, Pétion manqua à sa
parole. Les Français avaient tellement trompé les indigènes
que ceux-ci ne croyaient pas qu'ils fussent liés envers eux,
lors même qu'ils avaient engagé leur parole d'honneur.
Néanmoins l'histoire doit condamner ces actes de déloyauté
qui, à des époques plus ou moins rapprochées, ne produisent
que de déplorables résultats.
Lavalette et Panis prirent la résolution, qu'ils ne soutinrent
pas, de défendre la place jusqu'a la dernière extrémité. Se
défiant de la plus grande partie des indigènes, ils voulurent
désarmer la garde nationale, presque en entier composée de
Noirs et d'hommes de couleur. Ils mandèrent au
Port-Républicain un des bataillons de la 5e légère, cantonnée
à la Croix-des-Bouquets. Ce bataillon entra en ville pendant
la nuit, dans le plus grand silence, pour ne pas éveiller
l'attention des citoyens. Il y eut le lendemain, sur la place
du gouvernement, une revue de tous les hommes en état de
porter les armes. Lavalette fut tellement frappé de l'attitude
menaçante des indigènes, qu'il n'osa commander de les désarmer
: il eut fallu livrer un sanglant combat dont le résultat
pouvait lui être contraire. C'était la seconde fois que les
Français reculaient devant cette mesure. Des lors les citoyens
noirs et de couleur refusèrent de faire le service des postes
conjointement avec les Blancs, et songèrent sérieusement à
ouvrir les portes de la place aux indépendants. Le bataillon
de la 5e retourna à la Croix-des-Bouquets. Dessalines avait
imprimé une telle impulsion aux opérations militaires, dans
l'Ouest, que les Français, chassés des campagnes, avaient été
réduits à s'enfermer dans le bourg de la Croix-des-Bouquets et
dans quelques blockhaus de la plaine du Cul-de-Sac. La fortune
s'était enfin prononcée en faveur de nos armes, et tout
annonçait l'évacuation prochaine des troupes européennes. Le
long des cotes, les indigènes communiquaient avec les Anglais.
La corvette de Sa Majesté Britannique la "Surinam", commandée
par le capitaine Tucker, vint mouiller entre Jacmel et les
Anses-à-Pitres. Le général Cangé, commandant de l'armée
indépendante qui assiégeait Jacmel, envoya, pendant une nuit,
à bord de la "Surinam", plusieurs officiers chargés de traiter
avec les Anglais l'achat de quelques munitions de guerre. Les
indigènes échangèrent du café contre plusieurs milliers de
poudre.
Le général Cangé, vigoureusement secondé par le commandant
Magloire Ambroise, poussa avec activité le siège de Jacmel. Le
grand fort dominait la rade ou se tenait en station la
corvette la "Vigilante". Cangé résolut de s'emparer de cette
position d'ou il pouvait facilement incendier la ville,
contraindre par ses boulets la corvette à appareiller et
réduire la garnison à mettre bas les armes. Mais il était de
la plus haute difficulté de se rendre maitre de cette
position. Le grand fort bien armé renfermait une bonne
garnison, et était en outre protégé par plusieurs batteries.
Cangé usa d'un stratagème qui lui réussit parfaitement. Il
envoya en parlementaire auprès du général Pageot qui
commandait l'arrondissement un officier de l'armée indigène,
Jean-Louis Lafontant, chargé de proposer un armistice. Le
parlementaire avait autrefois servi avec distinction, sous les
ordres de Pageot, dans l'armée française. Introduit au bureau
de l'arrondissement, Lafontant dit au général français que les
indigènes avaient appris l’existence de la guerre entre la
France et l'Angleterre et qu'à cette nouvelle, ils avaient
senti se réveiller en eux tout leur ancien amour pour la mère
patrie; qu'ils n'avaient pris les armes que pour revendiquer
les droits politiques que le gouvernement du Premier Consul
leur avait enlevés, qu'ils défendraient toujours la Métropole
contre les Anglais; qu'ils voudraient les empêcher de pénétrer
dans le port de Jacmel. Il ajouta que le général Cangé
demandait qu'on lui livrât le grand fort afin qu'il put
protéger la ville contre un bombardement. Il proposa aux
Français d'ouvrir, aux portes de Jacmel, un marché ou seraient
réunies toutes sortes de provisions. La famine régnait dans la
place. Pageot accueillit avec empressement les propositions de
Cangé, ne se doutant pas du piège qui lui était tendu.
Ignorant ce qui se passait dans l'intérieur, la détermination
des indigènes de vivre désormais indépendants de la Métropole,
il lui avait paru naturel que des hommes, qui avaient combattu
les Anglais avec acharnement sous Bauvais et Rigaud, se
montrassent hostiles au gouvernement britannique. Lafontant
retourna parmi les siens après avoir accompli sa mission.
St-Marc, Jacmel, la Croix-des-Bouquets et le Port-
Républicain. Dessalines résolut de se rendre à la
Petite-Rivière de l'Artibonite, d'y laisser ses troupes se
reposer quelques jours, et d'aller en personne avec son
état-major, ranimer l'audace des indépendants du Nord, un peu
abattus depuis la défection des indigenes . Il se proposait
d'enlever ensuite St-Marc dont l'artillerie devait servir à
bombarder le Port-Républicain. Il partit de la plaine du
Cul-de-Sac et atteignit la Petite-Rivière de l'Artibonite. Il
nomma, en ce bourg, le jour qu'il y arriva, Gabart, général de
division, et Jean-Philippe Daut, général de brigade. Il partit
aussitôt après pour les Gonaïves d'ou il pénétra dans le Nord.
Il renforça le cordon qui s'étendait de la Marmelade au
Dondon, et que commandaient Christophe et Clervaux. Ce cordon
avait été établi pour contenir les indigenes qui récemment
s'étaient ralliés aux Français, comme nous l'avons vu.
Il se transporta au Port-de-Paix, et fut enthousiasmé des
succès qu'avait obtenus le général Capoix. De la il atteignit
l'anse du Port-Margot pour s'aboucher avec le chef des forces
navales de Sa Majesté Britannique le commodore Loring. II
envoya à son bord l'adjudant-général Bazelais qui acheta des
Anglais quelques munitions de guerre. Il retourna à la
Petite-Rivière de l'Artibonite, et prit aussitôt d'énergiques
mesures pour assaillir St-Marc. En moins de cinq jours, il
avait traversé le quartier de l'Artibonite, une partie du
Nord, et était revenu à la Petite-Rivière.
Depuis le départ de Rochambeau du Port-Républicain pour le
Cap, le général Sarrasin était venu, de Jérémie, prendre le
commandement du département de l'Ouest. Le général Lavalette
et Panis commandaient toujours, l’un l'arrondissement, l'autre
la place du Port-Républicain. La famine continuait à régner en
cette ville. Sarrasin vivait presque en hostilité avec
Lavalette et Panis. Désespérant de pouvoir se maintenir dans
la place, il leur proposait, chaque jour, mais sans succès, de
l'évacuer. Il se résolut à s'embarquer seul. Mais il voulut
emporter avec lui quelques ressources. Il réunit le commerce
et lui proposa de subvenir aux besoins de la garnison. Les
négociants lui déclarèrent qu'il n'y avait pas de comestibles
dans les magasins. Mais Sarrasin apprit qu'ils avaient chez
eux, la plupart, beaucoup de farine que consommaient leurs
familles. Il fit faire des visites domiciliaires, réunit cent
vingt barils de farine dont il s'empara. Il les vendit pour
son compte particulier, quoiqu'on éprouvât généralement des
privations de tous genres. Peu de jours après, il s'embarqua
clandestinement pour l'île de Cuba, abandonnant son
commandement. Il emporta les malédictions des troupes et des
habitants. Quelques années après, il fut envoyé aux bagnes
pour avoir commis le crime de bigamie.
Lavalette et Panis, tout dévoués à Rochambeau, dirigèrent des
persécutions contre ceux des Blancs qui ne craignaient pas de
dire ouvertement que la colonie ne devait ses calamites qu'à
l'administration du capitaine-général. Ils tentèrent d'arrêter
le commissaire ordonnateur Colbert qui s'était hautement
prononcé contre le système du gouvernement. Colbert se sauva
en laissant un écrit qui renfermait le portrait fidèle de
Rochambeau.
La famine sévissait de plus en plus. Un pain d'une livre se
vendait trois piastres, et un sac de patates douze piastres.
Les vivres et les légumes devenus très rares étaient cultivés
dans l'enceinte de la ville, au quartier du Morne-à-Tuf. Les
indigènes, maitres des environs, avaient détourné les eaux de
Turgeot qui alimentent les fontaines. On buvait l'eau de
puits.
Pendant que Dessalines se transportait de la Petite Rivière de
l'Artibonite, dans le Nord, comme nous venons de le voir,
Lavalette faisait proposer à Pétion d'ouvrir aux Français un
marché aux portes de la ville, à l'instar de celui de la
Petite-Anse, près du Cap. Pétion lui offrit une entrevue qui
fut acceptée. On convint que la conférence aurait lieu à
Turgeot. Les indigènes conçurent aussitôt l'idée d'arrêter le
général français. Pétion ordonna au colonel Giles Drouet, de
se tenir en embuscade dans les chemins du Bois-Chêne qui
conduisent à Turgeot, avec deux bataillons de la 3e indigène.
Lavalette craignant un piège ne se rendit pas à l'entrevue. Il
y envoya le citoyen St-James, commandant de la cavalerie de la
garde nationale. Pétion annonça à celui-ci qu'il exigeait,
avant toute négociation, que son neveu Meyronnet fut envoyé à
l'Arcahaie. Meyronnet, qui était en ville, souhaitait depuis
plusieurs mois, d'aller joindre les indépendants. Lavalette
accéda à la volonté du général indigène. Le lendemain, un
officier, homme de couleur, Caneaux, vint au Port-Républicain,
en parlementaire. Il fut introduit auprès de Lavalette auquel
il exposa l'objet de sa mission. Au sortir du bureau de
l'arrondissement, il fut conduit au rivage de la mer ou il
rencontra Meyronnet qui s'embarqua avec lui dans une chaloupe.
Il fit voile pour l'Arcahaie. Pétion remit la conférence au
jour suivant. Mais il se retira au Boucassin avec la 3e
indépendante. Il y trouva son neveu, et il ne fut plus
question de marché. En cette circonstance, Pétion manqua à sa
parole. Les Français avaient tellement trompé les indigènes
que ceux-ci ne croyaient pas qu'ils fussent liés envers eux,
lors même qu'ils avaient engagé leur parole d'honneur.
Néanmoins l'histoire doit condamner ces actes de déloyauté
qui, à des époques plus ou moins rapprochées, ne produisent
que de déplorables résultats.
Lavalette et Panis prirent la résolution, qu'ils ne soutinrent
pas, de défendre la place jusqu'a la dernière extrémité. Se
défiant de la plus grande partie des indigènes, ils voulurent
désarmer la garde nationale, presque en entier composée de
Noirs et d'hommes de couleur. Ils mandèrent au
Port-Républicain un des bataillons de la 5e légère, cantonnée
à la Croix-des-Bouquets. Ce bataillon entra en ville pendant
la nuit, dans le plus grand silence, pour ne pas éveiller
l'attention des citoyens. Il y eut le lendemain, sur la place
du gouvernement, une revue de tous les hommes en état de
porter les armes. Lavalette fut tellement frappé de l'attitude
menaçante des indigènes, qu'il n'osa commander de les désarmer
: il eut fallu livrer un sanglant combat dont le résultat
pouvait lui être contraire. C'était la seconde fois que les
Français reculaient devant cette mesure. Des lors les citoyens
noirs et de couleur refusèrent de faire le service des postes
conjointement avec les Blancs, et songèrent sérieusement à
ouvrir les portes de la place aux indépendants. Le bataillon
de la 5e retourna à la Croix-des-Bouquets. Dessalines avait
imprimé une telle impulsion aux opérations militaires, dans
l'Ouest, que les Français, chassés des campagnes, avaient été
réduits à s'enfermer dans le bourg de la Croix-des-Bouquets et
dans quelques blockhaus de la plaine du Cul-de-Sac. La fortune
s'était enfin prononcée en faveur de nos armes, et tout
annonçait l'évacuation prochaine des troupes européennes. Le
long des cotes, les indigènes communiquaient avec les Anglais.
La corvette de Sa Majesté Britannique la "Surinam", commandée
par le capitaine Tucker, vint mouiller entre Jacmel et les
Anses-à-Pitres. Le général Cangé, commandant de l'armée
indépendante qui assiégeait Jacmel, envoya, pendant une nuit,
à bord de la "Surinam", plusieurs officiers chargés de traiter
avec les Anglais l'achat de quelques munitions de guerre. Les
indigènes échangèrent du café contre plusieurs milliers de
poudre.
Le général Cangé, vigoureusement secondé par le commandant
Magloire Ambroise, poussa avec activité le siège de Jacmel. Le
grand fort dominait la rade ou se tenait en station la
corvette la "Vigilante". Cangé résolut de s'emparer de cette
position d'ou il pouvait facilement incendier la ville,
contraindre par ses boulets la corvette à appareiller et
réduire la garnison à mettre bas les armes. Mais il était de
la plus haute difficulté de se rendre maitre de cette
position. Le grand fort bien armé renfermait une bonne
garnison, et était en outre protégé par plusieurs batteries.
Cangé usa d'un stratagème qui lui réussit parfaitement. Il
envoya en parlementaire auprès du général Pageot qui
commandait l'arrondissement un officier de l'armée indigène,
Jean-Louis Lafontant, chargé de proposer un armistice. Le
parlementaire avait autrefois servi avec distinction, sous les
ordres de Pageot, dans l'armée française. Introduit au bureau
de l'arrondissement, Lafontant dit au général français que les
indigènes avaient appris l’existence de la guerre entre la
France et l'Angleterre et qu'à cette nouvelle, ils avaient
senti se réveiller en eux tout leur ancien amour pour la mère
patrie; qu'ils n'avaient pris les armes que pour revendiquer
les droits politiques que le gouvernement du Premier Consul
leur avait enlevés, qu'ils défendraient toujours la Métropole
contre les Anglais; qu'ils voudraient les empêcher de pénétrer
dans le port de Jacmel. Il ajouta que le général Cangé
demandait qu'on lui livrât le grand fort afin qu'il put
protéger la ville contre un bombardement. Il proposa aux
Français d'ouvrir, aux portes de Jacmel, un marché ou seraient
réunies toutes sortes de provisions. La famine régnait dans la
place. Pageot accueillit avec empressement les propositions de
Cangé, ne se doutant pas du piège qui lui était tendu.
Ignorant ce qui se passait dans l'intérieur, la détermination
des indigènes de vivre désormais indépendants de la Métropole,
il lui avait paru naturel que des hommes, qui avaient combattu
les Anglais avec acharnement sous Bauvais et Rigaud, se
montrassent hostiles au gouvernement britannique. Lafontant
retourna parmi les siens après avoir accompli sa mission.
Maximo- Super Star
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Localisation : Haiti
Loisirs : football - Gagè
Date d'inscription : 01/08/2007
Feuille de personnage
Jeu de rôle:
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Dans la soirée du même jour, les troupes européennes
évacuèrent le grand fort. Les indigènes y pénétrèrent
aussitôt. Le lendemain, au lever du soleil, ils avaient déjà
établi des gabions en face de la rade. En moins de trente-six
heures, toutes les pièces de la fortification avaient été
tournées contre la ville. Alors les cultivateurs qui s'étaient
présentés aux portes de Jacmel, avec des vivres, prirent la
fuite en menaçant les Blancs d'une prochaine extermination.
Pageot fut au désespoir d'avoir été trompé par Cangé qu'il
traita de misérable petit mulâtre. Magloire Ambroise fit
trainer, au moyen de fortes lianes, une pièce de 12 de Martot
au grand fort, l'espace de neuf lieues. Les batteries de la
ville ne purent contraindre les indépendants à abandonner
cette position. La corvette la "Vigilante" fut canonnée sans
discontinuation. Pour faire cesser le feu des indigènes, les
matelots exposèrent, sur le pont, aux boulets du grand fort,
trente Noirs et hommes de couleur qui étaient retenus
prisonniers à bord. Mais Cangé n'en ordonna pas moins de
nourrir activement le feu. Le capitaine de la "Vigilante" fit
savoir au général Pageot qu'il se disposait à prendre le large
afin que son navire ne fut pas coulé à fond Comme il n'y avait
dans la rade que cette corvette et deux goélettes, le général
Pageot pour ne pas demeurer à la discrétion de l'ennemi
résolut sur-le-champ d'évacuer. Il envoya demander à Cangé une
suspension d'armes, par un prisonnier indigène, Louis Georges,
homme de couleur. Cangé lui fit répondre qu'il lui enverrait
le chef de bataillon Gabriel Raymond, homme de couleur, pour
traiter de la capitulation, s'il consentait, de son coté, à
lui remettre en otage, le commandant de la place, le colonel
By. Pageot accepta cette proposition. Gabriel Raymond entra à
Jacmel, et le colonel By vint au camp indigène. Il fut convenu
que les Français abandonneraient l'arsenal garni d'armes et de
munitions, le magasin de l'Etat rempli d'habillements, et que
les indigènes respecteraient les propriétés des Blancs qui ne
pourraient s'embarquer avec la garnison. Dans l'après-midi du
17 septembre 1803, le colonel By était rentré à Jacmel, et la
légion du Cap, qui en formait la garnison, était à bord de la
"Vigilante". Cette corvette fit voile pour Sto-Domingo.
A dix heures du soir de la même journée, Cangé et Magloire
Ambroise, à la tête de leur armée forte de 6,000 hommes,
entrèrent à Jacmel. Ces bandes presque nues, depuis si
longtemps livrées à toutes sortes de privations, respectèrent
les propriétés et observèrent la plus sévère discipline. Mais,
au milieu de la nuit des cris de fureur éclatèrent contre les
Français, et peu s'en fallut que tous les Blancs ne fussent
égorgés : un officier européen, nommé Mansui, en abandonnant
le blockhaus, avait répandu une grande quantité de poudre sous
les lits de camp. Ceux des indigènes qui étaient entrés dans
le blockhaus pendant la nuit, se mirent à fumer en se
couchant. Un moment après, la fortification sauta par une
explosion qui ébranla la ville. La plupart de ceux qui s'y
trouvaient furent victimes de la méchanceté cruelle de
l'officier français.
Pendant que Jacmel était assiégée par Cangé, les Français
évacuaient la ville de Saint-Marc. Cette place était confiée
au général d'Henin, et la légion expéditionnaire en formait la
garnison sous les ordres d'un colonel intrépide. La garde
nationale, commandée par le chef de bataillon Faustin
Répussard, homme de couleur, était tout-à-fait dévoué à la
France. Elle était la terreur des indépendants de
l'Artibonite; et toutes les fois qu'elle faisait des sorties,
elle culbutait les troupes indigènes et les poursuivait au
loin. Les femmes et même les enfants qui l'accompagnaient,
dans ces sorties, rentraient dans la place, chargés de vivres.
Dessalines, avant sa tournée dans le Nord, avait annonce, par
des dépêches, au capitaine James Walker, commandant de la
frégate anglaise le "Vanguard", en croisière à la vue du Mole
St-Nicolas, son intention d'assiéger St-Marc. Le capitaine
anglais l'avait prié de ne pas en égorger la garnison si elle
se soumettait, et de la laisser se rendre au Mole St-Nicolas.
Le capitaine Walker vint croiser devant St-Marc. Dès qu'il
apparut, le général d'Henin qui était réduit à la dernière
extrémité, et dont les troupes se nourrissaient depuis
plusieurs jours de viande de cheval, lui envoya un
parlementaire pour lui proposer de traiter des conditions de
la capitulation. L'officier anglais, de son coté, envoya en
ville le sieur Cathéart pour lui annoncer que sa proposition
était accueillie. D'Henin vint ensuite lui-même à bord du
"Vanguard" et signa, le 4 septembre, le traité de
capitulation(1). D'une autre part, Dessalines, lorsqu'il se
disposait à se rendre dans le Nord, avait ordonné au général
Gabart d'aller camper aux portes de St-Marc, se proposant
lui-même de venir, à son retour, assaillir cette place. Gabart
s'était établi devant cette ville à la tête de deux
bataillons, dont l'un de la 4e commandé par Pierre Toussaint,
homme de couleur, et l'autre de la 7e sous les ordres du chef
de bataillon Pierrot, Noir. Il avait sommé en vain le général
d'Henin d'évacuer la place. Il avait tenu les Français en
échec et avait protégé le passage de l'artillerie indigène,
sortie de la Petite-Rivière, que Dessalines avait ordonné de
trainer vers le Port-Républicain pour en faire le siège.
Dans la nuit du 4 au 5 septembre, d'Henin et la garnison dont
le chiffre s'élevait à 850 hommes, s'embarquèrent à bord des
bâtiments de la rade, avec presque toute la garde nationale
qui nourrissait contre les indépendants une haine implacable.
Il abandonna la place garnie de sa grosse artillerie. Les
Anglais le conduisirent au Mole, qu'occupaient encore les
Français. Le lendemain, à la pointe du jour, Gabart pénétra à
St-Marc qu'il livra au plus affreux pillage. Les femmes furent
entièrement dépouillées; on ne leur laissa pas même des
chemises pour couvrir leur nudité. Les soldats de la 4e et de
la 7e, en se livrant à ces excès sur ces malheureuses,
prétendaient venger le massacre que les Français avaient fait
de la 12e demi-brigade en 1802. Ces cruelles vengeances
répandront la terreur au Port-Républicain, et beaucoup
d'indigènes de cette ville fuiront avec les Français la terre
de St-Domingue, redoutant le sort des habitants de St-Marc. Le
pillage dura plusieurs jours. L'ordre ne fut rétabli qu’à
l'arrivée de Dessalines et du général Vernet. Alors, toutes
les femmes furent amenées sur la place publique; elles étaient
nues la plupart; elles furent passées en revue par le général
en chef. Après les avoir livrées en spectacle à ses soldats,
Dessalines les renvoya ignominieusement en leurs demeures. Le
général Bazelais, son chef d'état-major, avait découvert sa
mère dans la foule; il l'avait arrachée à cette scène
humiliante.
Pendant que les indépendants prenaient possession de St-Marc,
les émissaires que le général Pétion entretenait au
Port-Républicain, conseillèrent aux plus audacieux des
citoyens de cette ville, d'envoyer à Dessalines une adresse
par laquelle celui-ci serait supplié de venir les délivrer du
joug des Français. La conduite généreuse qu'avait tenue le
général Geffrard à Jérémie, avait déterminé beaucoup de
citoyens à demander à Dessalines sa protection contre la
férocité de Panis. Le général en chef était déjà en route pour
la plaine du Cul-de-Sac quand il reçut cette adresse. Il était
parti de St-Marc dans la soirée du 16 septembre. Il était à la
tête des 4e, 20e, 8e et 3e demi-brigades, qui fournissaient
une force effective de 6.000 hommes. Le célèbre Larose, de
l'Arcahaie, commandait la 8e au grade de colonel. Il avait
fait sa soumission à Dessalines après l'arrestation de Lamour
Dérance, dont il avait été un zélé partisan. Dessalines, qui
aimait son courage, avait avec sincérité, oublié le passé à
son égard. Le général en chef attendit à l'Arcahaie
l'artillerie de St-Marc, qu'il avait aussi ordonné de trainer
dans la plaine du Cul-de-Sac ou les Français occupaient
toujours la Croix-des-Bouquets et des blockhaus sur les
habitations Drouillard, Damien, Santo et Grande-Rivière. Le 30
Fructidor, (17 septembre), après avoir distribué des gabions
aux 4e, 20e, 8e et 3e demi-brigades, Dessalines et Pétion
partirent de l'Arcahaie, à la pointe du jour; et a dix heures
du soir, ils avaient déjà intercepté toutes les communications
qui existaient entre le Port-Républicain et les points de la
plaine du Cul-de-Sac au pouvoir des Français. L'armée indigène
était rangée dans la grande route entre Sarthe et Drouillard.
Les 11e et 12e demi-brigades qui vinrent la grossir en
portèrent le chiffre a 10.000 hommes.
Le blockhaus de Drouillard était occupé par quatre-vingts
soldats européens. Dans la même nuit, le général Pétion
établit sur un mornet à droite de la route qui domine
l’habitation, trois pièces, dont deux de quatre et une de six.
Dès l'aurore du premier jour complémentaire, (18 septembre) il
attaqua le blockhaus. Au sixième coup de canon, les Français
amenèrent leur pavillon et se rendirent à discrétion. Ils
s'étaient trouvés enveloppés par 10.000 hommes, sans nul
espoir d'être secourus. Ils n'avaient pu se replier sur le
Port-Républicain, car les manœuvres de Dessalines, pendant la
nuit, avaient échappé à leur vigilance.
(1) Rapport du capitaine James Walker du 9 septembre 1803, à
l'amiral Duckworth.
évacuèrent le grand fort. Les indigènes y pénétrèrent
aussitôt. Le lendemain, au lever du soleil, ils avaient déjà
établi des gabions en face de la rade. En moins de trente-six
heures, toutes les pièces de la fortification avaient été
tournées contre la ville. Alors les cultivateurs qui s'étaient
présentés aux portes de Jacmel, avec des vivres, prirent la
fuite en menaçant les Blancs d'une prochaine extermination.
Pageot fut au désespoir d'avoir été trompé par Cangé qu'il
traita de misérable petit mulâtre. Magloire Ambroise fit
trainer, au moyen de fortes lianes, une pièce de 12 de Martot
au grand fort, l'espace de neuf lieues. Les batteries de la
ville ne purent contraindre les indépendants à abandonner
cette position. La corvette la "Vigilante" fut canonnée sans
discontinuation. Pour faire cesser le feu des indigènes, les
matelots exposèrent, sur le pont, aux boulets du grand fort,
trente Noirs et hommes de couleur qui étaient retenus
prisonniers à bord. Mais Cangé n'en ordonna pas moins de
nourrir activement le feu. Le capitaine de la "Vigilante" fit
savoir au général Pageot qu'il se disposait à prendre le large
afin que son navire ne fut pas coulé à fond Comme il n'y avait
dans la rade que cette corvette et deux goélettes, le général
Pageot pour ne pas demeurer à la discrétion de l'ennemi
résolut sur-le-champ d'évacuer. Il envoya demander à Cangé une
suspension d'armes, par un prisonnier indigène, Louis Georges,
homme de couleur. Cangé lui fit répondre qu'il lui enverrait
le chef de bataillon Gabriel Raymond, homme de couleur, pour
traiter de la capitulation, s'il consentait, de son coté, à
lui remettre en otage, le commandant de la place, le colonel
By. Pageot accepta cette proposition. Gabriel Raymond entra à
Jacmel, et le colonel By vint au camp indigène. Il fut convenu
que les Français abandonneraient l'arsenal garni d'armes et de
munitions, le magasin de l'Etat rempli d'habillements, et que
les indigènes respecteraient les propriétés des Blancs qui ne
pourraient s'embarquer avec la garnison. Dans l'après-midi du
17 septembre 1803, le colonel By était rentré à Jacmel, et la
légion du Cap, qui en formait la garnison, était à bord de la
"Vigilante". Cette corvette fit voile pour Sto-Domingo.
A dix heures du soir de la même journée, Cangé et Magloire
Ambroise, à la tête de leur armée forte de 6,000 hommes,
entrèrent à Jacmel. Ces bandes presque nues, depuis si
longtemps livrées à toutes sortes de privations, respectèrent
les propriétés et observèrent la plus sévère discipline. Mais,
au milieu de la nuit des cris de fureur éclatèrent contre les
Français, et peu s'en fallut que tous les Blancs ne fussent
égorgés : un officier européen, nommé Mansui, en abandonnant
le blockhaus, avait répandu une grande quantité de poudre sous
les lits de camp. Ceux des indigènes qui étaient entrés dans
le blockhaus pendant la nuit, se mirent à fumer en se
couchant. Un moment après, la fortification sauta par une
explosion qui ébranla la ville. La plupart de ceux qui s'y
trouvaient furent victimes de la méchanceté cruelle de
l'officier français.
Pendant que Jacmel était assiégée par Cangé, les Français
évacuaient la ville de Saint-Marc. Cette place était confiée
au général d'Henin, et la légion expéditionnaire en formait la
garnison sous les ordres d'un colonel intrépide. La garde
nationale, commandée par le chef de bataillon Faustin
Répussard, homme de couleur, était tout-à-fait dévoué à la
France. Elle était la terreur des indépendants de
l'Artibonite; et toutes les fois qu'elle faisait des sorties,
elle culbutait les troupes indigènes et les poursuivait au
loin. Les femmes et même les enfants qui l'accompagnaient,
dans ces sorties, rentraient dans la place, chargés de vivres.
Dessalines, avant sa tournée dans le Nord, avait annonce, par
des dépêches, au capitaine James Walker, commandant de la
frégate anglaise le "Vanguard", en croisière à la vue du Mole
St-Nicolas, son intention d'assiéger St-Marc. Le capitaine
anglais l'avait prié de ne pas en égorger la garnison si elle
se soumettait, et de la laisser se rendre au Mole St-Nicolas.
Le capitaine Walker vint croiser devant St-Marc. Dès qu'il
apparut, le général d'Henin qui était réduit à la dernière
extrémité, et dont les troupes se nourrissaient depuis
plusieurs jours de viande de cheval, lui envoya un
parlementaire pour lui proposer de traiter des conditions de
la capitulation. L'officier anglais, de son coté, envoya en
ville le sieur Cathéart pour lui annoncer que sa proposition
était accueillie. D'Henin vint ensuite lui-même à bord du
"Vanguard" et signa, le 4 septembre, le traité de
capitulation(1). D'une autre part, Dessalines, lorsqu'il se
disposait à se rendre dans le Nord, avait ordonné au général
Gabart d'aller camper aux portes de St-Marc, se proposant
lui-même de venir, à son retour, assaillir cette place. Gabart
s'était établi devant cette ville à la tête de deux
bataillons, dont l'un de la 4e commandé par Pierre Toussaint,
homme de couleur, et l'autre de la 7e sous les ordres du chef
de bataillon Pierrot, Noir. Il avait sommé en vain le général
d'Henin d'évacuer la place. Il avait tenu les Français en
échec et avait protégé le passage de l'artillerie indigène,
sortie de la Petite-Rivière, que Dessalines avait ordonné de
trainer vers le Port-Républicain pour en faire le siège.
Dans la nuit du 4 au 5 septembre, d'Henin et la garnison dont
le chiffre s'élevait à 850 hommes, s'embarquèrent à bord des
bâtiments de la rade, avec presque toute la garde nationale
qui nourrissait contre les indépendants une haine implacable.
Il abandonna la place garnie de sa grosse artillerie. Les
Anglais le conduisirent au Mole, qu'occupaient encore les
Français. Le lendemain, à la pointe du jour, Gabart pénétra à
St-Marc qu'il livra au plus affreux pillage. Les femmes furent
entièrement dépouillées; on ne leur laissa pas même des
chemises pour couvrir leur nudité. Les soldats de la 4e et de
la 7e, en se livrant à ces excès sur ces malheureuses,
prétendaient venger le massacre que les Français avaient fait
de la 12e demi-brigade en 1802. Ces cruelles vengeances
répandront la terreur au Port-Républicain, et beaucoup
d'indigènes de cette ville fuiront avec les Français la terre
de St-Domingue, redoutant le sort des habitants de St-Marc. Le
pillage dura plusieurs jours. L'ordre ne fut rétabli qu’à
l'arrivée de Dessalines et du général Vernet. Alors, toutes
les femmes furent amenées sur la place publique; elles étaient
nues la plupart; elles furent passées en revue par le général
en chef. Après les avoir livrées en spectacle à ses soldats,
Dessalines les renvoya ignominieusement en leurs demeures. Le
général Bazelais, son chef d'état-major, avait découvert sa
mère dans la foule; il l'avait arrachée à cette scène
humiliante.
Pendant que les indépendants prenaient possession de St-Marc,
les émissaires que le général Pétion entretenait au
Port-Républicain, conseillèrent aux plus audacieux des
citoyens de cette ville, d'envoyer à Dessalines une adresse
par laquelle celui-ci serait supplié de venir les délivrer du
joug des Français. La conduite généreuse qu'avait tenue le
général Geffrard à Jérémie, avait déterminé beaucoup de
citoyens à demander à Dessalines sa protection contre la
férocité de Panis. Le général en chef était déjà en route pour
la plaine du Cul-de-Sac quand il reçut cette adresse. Il était
parti de St-Marc dans la soirée du 16 septembre. Il était à la
tête des 4e, 20e, 8e et 3e demi-brigades, qui fournissaient
une force effective de 6.000 hommes. Le célèbre Larose, de
l'Arcahaie, commandait la 8e au grade de colonel. Il avait
fait sa soumission à Dessalines après l'arrestation de Lamour
Dérance, dont il avait été un zélé partisan. Dessalines, qui
aimait son courage, avait avec sincérité, oublié le passé à
son égard. Le général en chef attendit à l'Arcahaie
l'artillerie de St-Marc, qu'il avait aussi ordonné de trainer
dans la plaine du Cul-de-Sac ou les Français occupaient
toujours la Croix-des-Bouquets et des blockhaus sur les
habitations Drouillard, Damien, Santo et Grande-Rivière. Le 30
Fructidor, (17 septembre), après avoir distribué des gabions
aux 4e, 20e, 8e et 3e demi-brigades, Dessalines et Pétion
partirent de l'Arcahaie, à la pointe du jour; et a dix heures
du soir, ils avaient déjà intercepté toutes les communications
qui existaient entre le Port-Républicain et les points de la
plaine du Cul-de-Sac au pouvoir des Français. L'armée indigène
était rangée dans la grande route entre Sarthe et Drouillard.
Les 11e et 12e demi-brigades qui vinrent la grossir en
portèrent le chiffre a 10.000 hommes.
Le blockhaus de Drouillard était occupé par quatre-vingts
soldats européens. Dans la même nuit, le général Pétion
établit sur un mornet à droite de la route qui domine
l’habitation, trois pièces, dont deux de quatre et une de six.
Dès l'aurore du premier jour complémentaire, (18 septembre) il
attaqua le blockhaus. Au sixième coup de canon, les Français
amenèrent leur pavillon et se rendirent à discrétion. Ils
s'étaient trouvés enveloppés par 10.000 hommes, sans nul
espoir d'être secourus. Ils n'avaient pu se replier sur le
Port-Républicain, car les manœuvres de Dessalines, pendant la
nuit, avaient échappé à leur vigilance.
(1) Rapport du capitaine James Walker du 9 septembre 1803, à
l'amiral Duckworth.
Maximo- Super Star
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Localisation : Haiti
Loisirs : football - Gagè
Date d'inscription : 01/08/2007
Feuille de personnage
Jeu de rôle:
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Ces derniers texte sont d'une importance cruciale pour comprendre ce qui va arriver apres dans la chasse au pouvoir et le jeu des principaux generaux de la guerre de l'Independance .
Invité- Invité
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Mes réflexions aujourd’hui voudraient être une Lettre d’Amitié
à la jeunesse de mon pays, l’espoir de ce coin de terre
toujours en crise et en pleurs. La Jeunesse de mon pays est
l’étoile solitaire de nos espoirs qui brille dans la nuit de
nos déboires qui n’en finissent plus et de notre rédemption
qui recule de génération en génération.
Les jeunesses désarmées de cette nation souffrante auront pour
tache d’arracher notre dignité avilie des mains de l’imposture
locale associée aux desseins de l’Etranger. Elle doit sauver
le pays des conséquences de l’infâme trahison de Dessalines
par nos isto ryens indigène et du silence mortel de la
conspiration des ententes.
Pont-rouge n’est qu’une farce des ambitions d’une époque quand
on la compare à la tragédie que nos ainés ont imposé à nos
vies pour diriger notre avenir de peuple. Pont-rouge n’est
qu’un phare artificiel d’un puissant appel émotionnel dont se
servent nos ainés pour nous aveugler et nous empêcher de voir
la laideur de toutes les vérités qui mettront en cause leur
sagesse, leur loyauté à la patrie et leur compétence
individuelle.
Tous ceux qui se donnent le temps de relire avec soin les
petits manuels d’Histoire d’Haïti qui ont servi à nous éduquer,
notre patriotisme, jeter un peu de lumière sur notre passé
noble et triste ne peuvent qu’éprouver un choc indéniable à
l’âge de la maturité. On se sent immensément gêné par tant
d’incompétence ou de malice.
On sent sans pouvoir la définir une trahison latente et
profonde au fond de ces récits maladroits, dans ces valeurs
que l’on nous propose comme modèles .On se sent trahis par
toutes ces manœuvres qui essaient de nous inculquer
hâtivement des notions gauches d'un patriotisme que l'on tente
de nous imposer comme un appel impérieux du moi collectif à
l’indécision de l'égoïsme du moi individuel :
Le General Dessalines, le mythe de notre histoire bafouée,
n’est qu’un pauvre pion sur l’échiquier des ambitions d’une
conquête dont les idées vont à l’encontre de son esprit et de
son courage .Il faut faire un violent effort sur soi même pour
arriver a reprendre ses sens et se servir de la critique de la
logique et du raisonnement pour découvrir le piège qui nous a
été tendu avec tant de dextérité par l’Imposture :
Notre héro Dessalines tombe une fois encore victime de la
mystification de ses ennemis qui se réclament bruyamment et
sans honte aucune de sa lignée et de son héritage. Et ce n'est
plus Pont-Rouge qui est en cause mais bien les manipulateurs
des événements du Pont-Rouge qui se trouvent au banc des
accusés .
Comment nos fameux isto ryens qui écrivent sous l’influence du
Moi Imposteur introduisent-ils Dessalines l’homme- héro dont
les actions sublimes devaient soulever dans nos âmes et dans
nos cœurs des vagues puissantes de la conscience patriotique
qui déferleront dans nos vies pour créer une nation forte,
légitime et soucieuse du bien-être de tous ses enfants ?
Je pose la question pour vous jeunes lecteurs des
générations présentes qui doivent passer le flambeau de notre
naissance, de notre histoire aux générations futures dont vous
êtes aujourd’hui les bergers malgré les conditions établies
pour assurer votre échec. Votre devoir est d’aider à déchirer
le voile des mensonges qui occultent le chemin de notre
délivrance.
Nous devons savoir pourquoi on nous demande de crier Au loup !
Au loup ! Parce que nous soupirons après le courage, les
sacrifices et la gloire méritée de nos Aïeux. Pourquoi
n’arrivons pas à émuler ces modèles qui devaient fortifier
l’âme nationale ?
A cet effet, je me retire pour vous céder la place de la
Jeunesse, qui est celle de premières loges, afin que vous
assistiez à l’infamie de plusieurs générations plus incapables
qu’ambitieux. Libres de penser et d’agir, vous jugerez vous
mêmes de l’ampleur de la malice des choix faits pour nous par
nos aines ou de leur incompétence partisane, complices des
menées subversives de l’Imposture contre le destin national.
Une prière pour raffermir notre foi éprouvée : Miserere nobis.
Vous comme moi aviez appris par cœur les premiers faits
rapportes de notre histoire mythique qui soulèvent notre
indignation .Qui pis est, nous sommes incapables de
l’exprimer a cause des sentiments de honte attaches a ces
événements que l’on a négliges volontairement de nous
expliquer rationnellement.
Serait-ce que notre esprit soit trop faible âpres avoir boucle
les cycles d’études qui mènent au baccalauréat qui exigent de
nous l’analyse de la vie des autres et de leurs écrits
?Pourquoi dois-je comprendre Voltaire ,Rousseau, Diderot ,
Montaigne, Musset ,Victor Hugo , Lamartine et tant d’autres
alors que je demeure incapable et proscrit d’analyser la vie
et les actions des hommes qui ont crée cette nation ?
Cette décision de la médiocrité partisane n’a rien à voir avec
la protection intellectuelle de nos jeunes esprits
inquisiteurs ou l’enseignement d’un patriotisme dévoyé
incapable d’assurer ses fondements historiques dans les
réalités de notre brutal passe avant et âpres l’Indépendance.
Notre histoire est le dénominateur commun de notre Haïtianité
forgée par les indigènes –créoles au fond des précipices de
l’action.
Le méchant portrait de Dessalines que nous offre nos petits
recueils d’Histoire nous dit simplement qu’il s’était révolte
contre l’esclavage, était devenu un « marron » et qu’inculte
et violent il passa au service de Toussaint Louverture. Là
nous découvrons, à notre grande surprise, un guerrier brave et
farouche, bon à recevoir et à exécuter des ordres de son chef.
Il ne semblait pas avoir de la famille, l’aspect social qui
aurait intégré son héroïsme a notre vie.
Quand finalement, nos isto ryens décidèrent de le mythifier ou
de le mystifier des années plus tard nous avons affaire a un
homme qui n’est qu’un vantard incapable de marier ses actions
aux exigences de ses convictions. Nos tuteurs, les ennemis
jurés mais non-déclarés de Dessalines, informent notre esprit
de ce trait de son caractère à travers la manipulation
hypocrite du langage :
Ils ne l’accusent pas mais ils nous montrent le chemin en
invoquant malicieusement une idée saugrenue : Un puissant
General-estafette abandonne son poste et va chercher du
renfort pour ses troupes assiégées a l’intérieur d’un fort.
L’Imposteur témoigne ainsi de son mépris du courage de
Dessalines et de sa loyauté envers ses troupes.
Mais, le tour est joue. Nos isto ryens, maintenant
intelligents au service de la trahison, voulaient seulement
nous instruire, forcer notre esprit qui s’attend a un
événement héroïque de Dessalines après ses braves
déclarations du matin a ses troupes assiégées, de cette vérité
qui va servir à miner notre confiance en Dessalines, dans le
silence effrayant du raisonnement. Ils ne nous ont pas fourni
d’autres explications qui nous empêcheraient de conclure que
Dessalines s’était enfui comme un voleur à la faveur de nuit
après avoir renie les obligations de son commandement.
C’est ca la pédagogie éducative de ces importants messieurs
qui disent vouloir former le caractère patriotique de la
jeunesse du pays. Et cette histoire avilissante est encore la
dans toutes nos écoles pour faire de nous des citoyens
déformes des générations montantes.
Je les entends souvent répéter cette infamie, nos pauvres
écoliers .Cette imposition d'une vision de l'histoire sert a
avilir subtilement leur conscience et crée la fondation d’un
contrat psychologique qui les fera perdre confiance dans le
sérieux et les paroles rassurantes de nos leaders à ces
moments critiques du destin national.
Je ne sais pas ce que vous pensez en ce moment mais je meurs
d’envie de savoir la raison qu’ils invoqueraient pour
expliquer le sacre, le tabou de ces mensonges calcules. Je
suis curieux d’apprendre la raison de la peur qui les oblige à
ne pas toucher au monstre mythique qu’ils ont crée et qu’ils
ont introduit contre toute raison dans la psychologie de notre
tempérament de peuple a travers deux révolutions aussi ineptes
que destructrices.
Quel est ce medium qui est plus important que la Vérité ?
Trente pièces d’argent, je dis.
La Crête-a-Pierrot
Dessalines commande un fort stratégiquement place et bien
aménage pour soutenir un siège, nous dit-on. Il avait reçu
l’ordre de Toussaint Louverture de barrer la route à l avance
des troupes de Napoléon Bonaparte dont la mission était de
rétablir l’esclavage dans la colonie. Nous savons déjà que
Toussaint Louverture lui faisait confiance .Il était son bras
droit dans la colonie de Saint-Domingue avant l’arrivée des
forces expéditionnaires sous le commandement de Leclerc,
beau-frère de Napoléon, et Rochambeau, son âme damnée.
A l’aube, nous dit-on, Dessalines s’aperçut que le fort
était encercle et que les troupes françaises allaient donner
l’assaut. Il décida alors de s’adresser aux troupes, et je
pense, dans le but d’exalter leur courage dans un moment si
difficile.
-Nous serons attaques ce matin .Que ceux qui veulent redevenir
esclave des français sortent du fort, et que ceux qui au
contraire veulent mourir en hommes libres se rangent autour de
moi.
La garnison toute entière cria :
Nous mourrons tous pour la liberté !
Alors Dessalines s’écria :
-Je vous fais tout sauter si les Français pénètrent dans ce
fort.
C’est beau ! L’héroïsme et la bravoure de l’homme coulent de
ces paroles de notre sacre historique.
O ! Je me souviens de cette scène mythique qui me
remplissait, à l’époque de l’adolescence, d’orgueil et de
fierté. Mieux vaut mourir que redevenir esclaves de ces
maudits français ! Je me voyais en uniforme et crier à pleins
poumons ce serment du courage et de la volonté d’être libre.
Plus tard, bien plus tard, je me suis rendu compte que c’était
aussi le premier coup bas de l’Imposture contre le héro qui
devait nous servir de modèle. Chapeau ! C’était d’un
machiavélisme sans pareil.
Surpris ?
Retournons à la prose des isto ryens afin de jeter un regard
intelligent sur ce qui se dit. Essayons de comprendre le
processus et la structure mythique de la glorification de
notre héro formulés bien longtemps après le passage de
l’événement. Voyons de plus près le symbolisme que l’on nous
propose.
Dessalines est debout, une torche a la main qu’il agite et
son pied se repose sur un caisson de poudre. Il défie la mort.
-Nous serons attaques ce matin.
La garnison, je vous le rappelle est en état d’alerte. Elle
devait bien savoir ce qui allait se passer sans cette annonce
de notre General. Nous sommes en guerre et nous attendons
l’ennemi de pied ferme. Il y avait des tours de garde et
surement des sentinelles qui faisaient la ronde, je crois, a
cette époque ?
Mais nous n’allons pas chercher querelle au récit de nos isto
ryens à ce moment précis de la mythification car la création
du mythe peut s’accommoder des excès du langage dans un
espace sacre du temps mythique qui par définition transcende
même la définition du Temps.
-« Que ceux qui veulent redevenir esclaves des français
sortent du fort, », …
Dessalines, le guerrier farouche, Commandant du fort
Crête-a-Pierrot, n’utiliserait pas ce langage. Il connaît
l’ardeur des troupes qui sont sous son commandement pour la
défense du fort .Il les a choisies. Il n’est pas la par hasard
et contre sa volonté.
Les officiers et soldats, c’étaient les mêmes vieux compagnons
de combats de l’indépendance, ceux qui avaient combattu
vaillamment contre le parti colonial. Pas un de ces soldats
aurait cru que Général Dessalines n’allait pas exécuter les
timides qui voudraient se faire esclaves par peur de mourir.
La fondation du mythe commence à se désintégrer sous nos
yeux parce que le but du MYTHE n’est pas le symbolisme que
l’on essaie de nous faire croire. La création mythique à ses
lois et ses structures malgré l’invraisemblance de l’événement
en cours. C’est à ce prix que la raison accepte les
propositions transcendantales, symboliques et super naturelles
de l’imagination :
Le mythe doit chanter les louanges, les vertus du héro et
condamner la conduite du vilain de l’histoire. C’est à ce
symbolisme que retournera la conscience collective en cas de
crise nationale.
-« Et que ceux qui au contraire veulent mourir en hommes
libres se rangent autour de moi.
La on voit que l’auteur du mythe se débrouille tant bien que
mal pour sortir sain et sauf –mais sans attirer notre
attention – des contraintes sémantiques qui se posent en
obstacle a son œuvre de sabotage. C’est ce qu’on appelle
communément dans la langue anglaise "anti-climax" .L’auteur
nous propose la folie prétentieuse de son verbe a la place du
mythe !
Qui peut se douter a ce moment la que les soldats indigènes
habitués aux sévices de l’esclavage et de Rochambeau n’étaient
pas prêts à mourir en homme libres ? Les soldats indigènes
voulaient mourir en hommes libres.
C’est ce qui explique leur présence dans le fort avec le
Général Dessalines : Barrer la route aux Français au risque
de périr dans l’action. Encore, même aseptisé, ce n’est point
le langage associé à la psychologie de Dessalines, un chef
aguerri.
« -Je vous fais tout sauter si les Français pénètrent dans ce
fort »
Maintenant le piège est tendu .L’imposture va chercher à
discréditer Dessalines à nos yeux. Elle le fait avec une
dextérité sans pareille. On ne peut vraiment l’accuser de
parti pris. Elle fait semblant de glorifier le héro du matin
afin de mieux l’avilir à la fin du récit.
Qu’apprenons-nous par la suite ? Le combat est engagé et, coup
de théâtre !,
« Dessalines abandonne ses troupes, quitte le fort pour
aller chercher du renfort … » et les honneurs du jour
appartiennent à deux hommes braves et courageux, Magny et
Lamartine , qui organisent une retraite digne de rentrer dans
les annales des grandes stratégies militaires.
L’Imposture montre furtivement son visage. Elle est forcée à
le faire pour satisfaire les besoins de sa manipulation.
Elle est habile, l’imposture ! Elle nous offre en compensation
à notre peine d’autres héros du terroir pour soulager notre
fierté et notre orgueil blessés. Elle sait ce qu’elle fait car
elle va en profiter pour semer la discorde .Elle fait d’une
pierre deux coups.
Délibérément, elle fait de Dessalines un homme indigne de
notre confiance. Le héro du matin est « déchouke » par le
moi imposteur qui a pris possession de cette nation après le
passage de Dessalines, de Christophe et de Pétion.
Maintenant nous sommes silencieux et confus. Nous essayons de
comprendre le message subliminal que l’on nous transmet :
Dessalines est un lâche .Il est un « Dyoler ». Ce n’est pas
un vrai modèle de courage et de bravoure.
Votre héro, nous dit l’imposteur, n’est pas vraiment un héro
car il fuit devant l’avance des troupes ennemies et abandonne
son poste sous prétexte d’aller chercher du renfort qui
n’arrivera jamais. Je vous propose en guise de ce « Dyoler »
deux autre héros dignes de votre confiance.
Mais, c’est un cheval de Troie. Il faut, pour accepter cette
offre de la générosité de l’Imposture, reconnaitra la lâcheté
de Dessalines, la destruction du mythe !
Pouvons nous accepter de nos hardis intellos qu’il n’y a pas
meilleur moyen d’expliquer le comportement d’un héro mythique
? Attribueriez-vous cette histoire à l’incompétence ou au
machiavélisme outre du moi imposteur ?
On nous cache toutes les vérités bonnes à savoir de notre
histoire, on nous montre l’homme Dessalines, sous un jour
nouveau mais défavorable. Le symbolisme de l’histoire est noyé
dans la corruption de l’intelligence de l’Imposture.
Elle se saisit d’une opportunité pour l’avilir et, elle
rencontre l’approbation générale de la sagesse, du
patriotisme et d’une soif de vérité macabre de nos auteurs
qui ont écrit nos petits recueils d’histoire ! Peuvent-ils
jamais plaider qu’ils méritaient le bénéfice des circonstances
atténuantes ?
Non ! Ils n’ont pas su prouver au cours des tortures qu’ils
ont imposées aux faits connus de notre histoire ce « désir »
d’avouer la vérité non conforme a leurs desseins …Nous
assisterons, petits écoliers, malheureux, abusés et
impuissants , violés dans notre âme et les valeurs que l’on
prétend vouloir nous inculquer, à sa joie à peine contenue
quand elle décrit la défaite de Toussaint, la reddition de
Dessalines et de Christophe.
«Toussaint était vaincu partout. Dessalines et Christophe
avaient déjà fait leur soumission au commandement de l’armée
expéditionnaire »
Pas d’informations explicatives .C’est fini. Il n’y a pas
mieux comme pierre tombale : Voici le courage de vos preux, de
vos soldats d’opérette face a la valeur de vrais soldats
français.
Plus tard, nous verrons, quand Dessalines aura démenti leurs
prophéties, Rochambeau ne remettra pas publiquement son épée
comme le font tous les vaincus. Il aura combattu avec
vaillance et ne se rendit que pour épargner la vie des braves
soldats .Il était prêt a mourir sur le champ de bataille. On
lui accorde les honneurs de son rang et on le laisse filer à
l’anglaise …
Naturellement, nous autres "descendants" n’avons point besoin
de ce symbolisme de l’ennemi qui se rend à notre courage et
chérir ce moment de notre victoire sur le prédateur qui nous
traitait pire que des chiens sans logis. Mais nous avions
besoin de l’approbation du General cruel, arrogant et
insolent à Vertières pour nous accorder des honneurs
militaires !
Cong oh !
Ils ne sont pas seulement les descendants en ligne directe de
ces hommes et femmes qui composaient les factions tribales qui
haïssaient le General créole Dessalines. Ce serait preuve
d’un pauvre jugement de ma part si je n’incluais tous ces
hommes et femmes qui se servent de son mythe et de sa mort
brutale pour nous berner, avilir sa renommée de soldat
héroïque, saboter notre volonte de peuple et régler leurs
différends avec l’histoire au détriment des intérêts de la
collectivité. Aujourd’hui, ils ont toutes les couleurs des
arcs-en-ciel permanents qui nous annoncent les mauvais temps.
Vous et moi avions été empoisonnes par l’Imposture des le plus
jeune âge. C’est ce poison introduit dans notre psychologie
depuis l’enfance qui nous empêche de bâtir et de créer une
nation a la mesure de nos rêves et de notre génie national
.Maintenant, sur de sa victoire, l’Imposture a proclame la
médiocrité, reine de nos vies.
Voici le flambeau du refus que je voudrais vous passer jeunes
de mon pays pour vous aider à comprendre notre histoire et
voir enfin comment nous avions erre sous le joug de
l’Imposture QUI change de visage a l’arrivée de chaque
génération.
Quelle est la vraie signification de cet héritage historique
sur nos vies ? N’est-ce pas la confusion que cet héritage
sème dans nos esprits ? Nos isto ryens vantards qui
choisissent les lambeaux d’histoire qui doivent servir a notre
« patriotisme « ne pouvaient mieux faire ?
Toussaint trahi et fait prisonnier .Mort de faim et de
privations dans un fort étranger. Pas d’explication
intelligente.
Dessalines trahi et assassiné. Pas d’explication
intelligente.
Capois mort assassiné. Pas d’explication intelligente.
Pétion mort de maladie. Pas d’explication intelligente.
Christophe assassiné avec une balle en or dans la tête et sa
famille part pour l’exil -Pas d’explication intelligente.
Dites-moi ! Que pouvons-nous faire d’un pareil héritage
imposé aussi brutalement à notre conscience pendant les
cycles de formation scolaire ? Nous n’avons pas droit à des
explications ? Et ca nous a rendus meilleurs ?
à la jeunesse de mon pays, l’espoir de ce coin de terre
toujours en crise et en pleurs. La Jeunesse de mon pays est
l’étoile solitaire de nos espoirs qui brille dans la nuit de
nos déboires qui n’en finissent plus et de notre rédemption
qui recule de génération en génération.
Les jeunesses désarmées de cette nation souffrante auront pour
tache d’arracher notre dignité avilie des mains de l’imposture
locale associée aux desseins de l’Etranger. Elle doit sauver
le pays des conséquences de l’infâme trahison de Dessalines
par nos isto ryens indigène et du silence mortel de la
conspiration des ententes.
Pont-rouge n’est qu’une farce des ambitions d’une époque quand
on la compare à la tragédie que nos ainés ont imposé à nos
vies pour diriger notre avenir de peuple. Pont-rouge n’est
qu’un phare artificiel d’un puissant appel émotionnel dont se
servent nos ainés pour nous aveugler et nous empêcher de voir
la laideur de toutes les vérités qui mettront en cause leur
sagesse, leur loyauté à la patrie et leur compétence
individuelle.
Tous ceux qui se donnent le temps de relire avec soin les
petits manuels d’Histoire d’Haïti qui ont servi à nous éduquer,
notre patriotisme, jeter un peu de lumière sur notre passé
noble et triste ne peuvent qu’éprouver un choc indéniable à
l’âge de la maturité. On se sent immensément gêné par tant
d’incompétence ou de malice.
On sent sans pouvoir la définir une trahison latente et
profonde au fond de ces récits maladroits, dans ces valeurs
que l’on nous propose comme modèles .On se sent trahis par
toutes ces manœuvres qui essaient de nous inculquer
hâtivement des notions gauches d'un patriotisme que l'on tente
de nous imposer comme un appel impérieux du moi collectif à
l’indécision de l'égoïsme du moi individuel :
Le General Dessalines, le mythe de notre histoire bafouée,
n’est qu’un pauvre pion sur l’échiquier des ambitions d’une
conquête dont les idées vont à l’encontre de son esprit et de
son courage .Il faut faire un violent effort sur soi même pour
arriver a reprendre ses sens et se servir de la critique de la
logique et du raisonnement pour découvrir le piège qui nous a
été tendu avec tant de dextérité par l’Imposture :
Notre héro Dessalines tombe une fois encore victime de la
mystification de ses ennemis qui se réclament bruyamment et
sans honte aucune de sa lignée et de son héritage. Et ce n'est
plus Pont-Rouge qui est en cause mais bien les manipulateurs
des événements du Pont-Rouge qui se trouvent au banc des
accusés .
Comment nos fameux isto ryens qui écrivent sous l’influence du
Moi Imposteur introduisent-ils Dessalines l’homme- héro dont
les actions sublimes devaient soulever dans nos âmes et dans
nos cœurs des vagues puissantes de la conscience patriotique
qui déferleront dans nos vies pour créer une nation forte,
légitime et soucieuse du bien-être de tous ses enfants ?
Je pose la question pour vous jeunes lecteurs des
générations présentes qui doivent passer le flambeau de notre
naissance, de notre histoire aux générations futures dont vous
êtes aujourd’hui les bergers malgré les conditions établies
pour assurer votre échec. Votre devoir est d’aider à déchirer
le voile des mensonges qui occultent le chemin de notre
délivrance.
Nous devons savoir pourquoi on nous demande de crier Au loup !
Au loup ! Parce que nous soupirons après le courage, les
sacrifices et la gloire méritée de nos Aïeux. Pourquoi
n’arrivons pas à émuler ces modèles qui devaient fortifier
l’âme nationale ?
A cet effet, je me retire pour vous céder la place de la
Jeunesse, qui est celle de premières loges, afin que vous
assistiez à l’infamie de plusieurs générations plus incapables
qu’ambitieux. Libres de penser et d’agir, vous jugerez vous
mêmes de l’ampleur de la malice des choix faits pour nous par
nos aines ou de leur incompétence partisane, complices des
menées subversives de l’Imposture contre le destin national.
Une prière pour raffermir notre foi éprouvée : Miserere nobis.
Vous comme moi aviez appris par cœur les premiers faits
rapportes de notre histoire mythique qui soulèvent notre
indignation .Qui pis est, nous sommes incapables de
l’exprimer a cause des sentiments de honte attaches a ces
événements que l’on a négliges volontairement de nous
expliquer rationnellement.
Serait-ce que notre esprit soit trop faible âpres avoir boucle
les cycles d’études qui mènent au baccalauréat qui exigent de
nous l’analyse de la vie des autres et de leurs écrits
?Pourquoi dois-je comprendre Voltaire ,Rousseau, Diderot ,
Montaigne, Musset ,Victor Hugo , Lamartine et tant d’autres
alors que je demeure incapable et proscrit d’analyser la vie
et les actions des hommes qui ont crée cette nation ?
Cette décision de la médiocrité partisane n’a rien à voir avec
la protection intellectuelle de nos jeunes esprits
inquisiteurs ou l’enseignement d’un patriotisme dévoyé
incapable d’assurer ses fondements historiques dans les
réalités de notre brutal passe avant et âpres l’Indépendance.
Notre histoire est le dénominateur commun de notre Haïtianité
forgée par les indigènes –créoles au fond des précipices de
l’action.
Le méchant portrait de Dessalines que nous offre nos petits
recueils d’Histoire nous dit simplement qu’il s’était révolte
contre l’esclavage, était devenu un « marron » et qu’inculte
et violent il passa au service de Toussaint Louverture. Là
nous découvrons, à notre grande surprise, un guerrier brave et
farouche, bon à recevoir et à exécuter des ordres de son chef.
Il ne semblait pas avoir de la famille, l’aspect social qui
aurait intégré son héroïsme a notre vie.
Quand finalement, nos isto ryens décidèrent de le mythifier ou
de le mystifier des années plus tard nous avons affaire a un
homme qui n’est qu’un vantard incapable de marier ses actions
aux exigences de ses convictions. Nos tuteurs, les ennemis
jurés mais non-déclarés de Dessalines, informent notre esprit
de ce trait de son caractère à travers la manipulation
hypocrite du langage :
Ils ne l’accusent pas mais ils nous montrent le chemin en
invoquant malicieusement une idée saugrenue : Un puissant
General-estafette abandonne son poste et va chercher du
renfort pour ses troupes assiégées a l’intérieur d’un fort.
L’Imposteur témoigne ainsi de son mépris du courage de
Dessalines et de sa loyauté envers ses troupes.
Mais, le tour est joue. Nos isto ryens, maintenant
intelligents au service de la trahison, voulaient seulement
nous instruire, forcer notre esprit qui s’attend a un
événement héroïque de Dessalines après ses braves
déclarations du matin a ses troupes assiégées, de cette vérité
qui va servir à miner notre confiance en Dessalines, dans le
silence effrayant du raisonnement. Ils ne nous ont pas fourni
d’autres explications qui nous empêcheraient de conclure que
Dessalines s’était enfui comme un voleur à la faveur de nuit
après avoir renie les obligations de son commandement.
C’est ca la pédagogie éducative de ces importants messieurs
qui disent vouloir former le caractère patriotique de la
jeunesse du pays. Et cette histoire avilissante est encore la
dans toutes nos écoles pour faire de nous des citoyens
déformes des générations montantes.
Je les entends souvent répéter cette infamie, nos pauvres
écoliers .Cette imposition d'une vision de l'histoire sert a
avilir subtilement leur conscience et crée la fondation d’un
contrat psychologique qui les fera perdre confiance dans le
sérieux et les paroles rassurantes de nos leaders à ces
moments critiques du destin national.
Je ne sais pas ce que vous pensez en ce moment mais je meurs
d’envie de savoir la raison qu’ils invoqueraient pour
expliquer le sacre, le tabou de ces mensonges calcules. Je
suis curieux d’apprendre la raison de la peur qui les oblige à
ne pas toucher au monstre mythique qu’ils ont crée et qu’ils
ont introduit contre toute raison dans la psychologie de notre
tempérament de peuple a travers deux révolutions aussi ineptes
que destructrices.
Quel est ce medium qui est plus important que la Vérité ?
Trente pièces d’argent, je dis.
La Crête-a-Pierrot
Dessalines commande un fort stratégiquement place et bien
aménage pour soutenir un siège, nous dit-on. Il avait reçu
l’ordre de Toussaint Louverture de barrer la route à l avance
des troupes de Napoléon Bonaparte dont la mission était de
rétablir l’esclavage dans la colonie. Nous savons déjà que
Toussaint Louverture lui faisait confiance .Il était son bras
droit dans la colonie de Saint-Domingue avant l’arrivée des
forces expéditionnaires sous le commandement de Leclerc,
beau-frère de Napoléon, et Rochambeau, son âme damnée.
A l’aube, nous dit-on, Dessalines s’aperçut que le fort
était encercle et que les troupes françaises allaient donner
l’assaut. Il décida alors de s’adresser aux troupes, et je
pense, dans le but d’exalter leur courage dans un moment si
difficile.
-Nous serons attaques ce matin .Que ceux qui veulent redevenir
esclave des français sortent du fort, et que ceux qui au
contraire veulent mourir en hommes libres se rangent autour de
moi.
La garnison toute entière cria :
Nous mourrons tous pour la liberté !
Alors Dessalines s’écria :
-Je vous fais tout sauter si les Français pénètrent dans ce
fort.
C’est beau ! L’héroïsme et la bravoure de l’homme coulent de
ces paroles de notre sacre historique.
O ! Je me souviens de cette scène mythique qui me
remplissait, à l’époque de l’adolescence, d’orgueil et de
fierté. Mieux vaut mourir que redevenir esclaves de ces
maudits français ! Je me voyais en uniforme et crier à pleins
poumons ce serment du courage et de la volonté d’être libre.
Plus tard, bien plus tard, je me suis rendu compte que c’était
aussi le premier coup bas de l’Imposture contre le héro qui
devait nous servir de modèle. Chapeau ! C’était d’un
machiavélisme sans pareil.
Surpris ?
Retournons à la prose des isto ryens afin de jeter un regard
intelligent sur ce qui se dit. Essayons de comprendre le
processus et la structure mythique de la glorification de
notre héro formulés bien longtemps après le passage de
l’événement. Voyons de plus près le symbolisme que l’on nous
propose.
Dessalines est debout, une torche a la main qu’il agite et
son pied se repose sur un caisson de poudre. Il défie la mort.
-Nous serons attaques ce matin.
La garnison, je vous le rappelle est en état d’alerte. Elle
devait bien savoir ce qui allait se passer sans cette annonce
de notre General. Nous sommes en guerre et nous attendons
l’ennemi de pied ferme. Il y avait des tours de garde et
surement des sentinelles qui faisaient la ronde, je crois, a
cette époque ?
Mais nous n’allons pas chercher querelle au récit de nos isto
ryens à ce moment précis de la mythification car la création
du mythe peut s’accommoder des excès du langage dans un
espace sacre du temps mythique qui par définition transcende
même la définition du Temps.
-« Que ceux qui veulent redevenir esclaves des français
sortent du fort, », …
Dessalines, le guerrier farouche, Commandant du fort
Crête-a-Pierrot, n’utiliserait pas ce langage. Il connaît
l’ardeur des troupes qui sont sous son commandement pour la
défense du fort .Il les a choisies. Il n’est pas la par hasard
et contre sa volonté.
Les officiers et soldats, c’étaient les mêmes vieux compagnons
de combats de l’indépendance, ceux qui avaient combattu
vaillamment contre le parti colonial. Pas un de ces soldats
aurait cru que Général Dessalines n’allait pas exécuter les
timides qui voudraient se faire esclaves par peur de mourir.
La fondation du mythe commence à se désintégrer sous nos
yeux parce que le but du MYTHE n’est pas le symbolisme que
l’on essaie de nous faire croire. La création mythique à ses
lois et ses structures malgré l’invraisemblance de l’événement
en cours. C’est à ce prix que la raison accepte les
propositions transcendantales, symboliques et super naturelles
de l’imagination :
Le mythe doit chanter les louanges, les vertus du héro et
condamner la conduite du vilain de l’histoire. C’est à ce
symbolisme que retournera la conscience collective en cas de
crise nationale.
-« Et que ceux qui au contraire veulent mourir en hommes
libres se rangent autour de moi.
La on voit que l’auteur du mythe se débrouille tant bien que
mal pour sortir sain et sauf –mais sans attirer notre
attention – des contraintes sémantiques qui se posent en
obstacle a son œuvre de sabotage. C’est ce qu’on appelle
communément dans la langue anglaise "anti-climax" .L’auteur
nous propose la folie prétentieuse de son verbe a la place du
mythe !
Qui peut se douter a ce moment la que les soldats indigènes
habitués aux sévices de l’esclavage et de Rochambeau n’étaient
pas prêts à mourir en homme libres ? Les soldats indigènes
voulaient mourir en hommes libres.
C’est ce qui explique leur présence dans le fort avec le
Général Dessalines : Barrer la route aux Français au risque
de périr dans l’action. Encore, même aseptisé, ce n’est point
le langage associé à la psychologie de Dessalines, un chef
aguerri.
« -Je vous fais tout sauter si les Français pénètrent dans ce
fort »
Maintenant le piège est tendu .L’imposture va chercher à
discréditer Dessalines à nos yeux. Elle le fait avec une
dextérité sans pareille. On ne peut vraiment l’accuser de
parti pris. Elle fait semblant de glorifier le héro du matin
afin de mieux l’avilir à la fin du récit.
Qu’apprenons-nous par la suite ? Le combat est engagé et, coup
de théâtre !,
« Dessalines abandonne ses troupes, quitte le fort pour
aller chercher du renfort … » et les honneurs du jour
appartiennent à deux hommes braves et courageux, Magny et
Lamartine , qui organisent une retraite digne de rentrer dans
les annales des grandes stratégies militaires.
L’Imposture montre furtivement son visage. Elle est forcée à
le faire pour satisfaire les besoins de sa manipulation.
Elle est habile, l’imposture ! Elle nous offre en compensation
à notre peine d’autres héros du terroir pour soulager notre
fierté et notre orgueil blessés. Elle sait ce qu’elle fait car
elle va en profiter pour semer la discorde .Elle fait d’une
pierre deux coups.
Délibérément, elle fait de Dessalines un homme indigne de
notre confiance. Le héro du matin est « déchouke » par le
moi imposteur qui a pris possession de cette nation après le
passage de Dessalines, de Christophe et de Pétion.
Maintenant nous sommes silencieux et confus. Nous essayons de
comprendre le message subliminal que l’on nous transmet :
Dessalines est un lâche .Il est un « Dyoler ». Ce n’est pas
un vrai modèle de courage et de bravoure.
Votre héro, nous dit l’imposteur, n’est pas vraiment un héro
car il fuit devant l’avance des troupes ennemies et abandonne
son poste sous prétexte d’aller chercher du renfort qui
n’arrivera jamais. Je vous propose en guise de ce « Dyoler »
deux autre héros dignes de votre confiance.
Mais, c’est un cheval de Troie. Il faut, pour accepter cette
offre de la générosité de l’Imposture, reconnaitra la lâcheté
de Dessalines, la destruction du mythe !
Pouvons nous accepter de nos hardis intellos qu’il n’y a pas
meilleur moyen d’expliquer le comportement d’un héro mythique
? Attribueriez-vous cette histoire à l’incompétence ou au
machiavélisme outre du moi imposteur ?
On nous cache toutes les vérités bonnes à savoir de notre
histoire, on nous montre l’homme Dessalines, sous un jour
nouveau mais défavorable. Le symbolisme de l’histoire est noyé
dans la corruption de l’intelligence de l’Imposture.
Elle se saisit d’une opportunité pour l’avilir et, elle
rencontre l’approbation générale de la sagesse, du
patriotisme et d’une soif de vérité macabre de nos auteurs
qui ont écrit nos petits recueils d’histoire ! Peuvent-ils
jamais plaider qu’ils méritaient le bénéfice des circonstances
atténuantes ?
Non ! Ils n’ont pas su prouver au cours des tortures qu’ils
ont imposées aux faits connus de notre histoire ce « désir »
d’avouer la vérité non conforme a leurs desseins …Nous
assisterons, petits écoliers, malheureux, abusés et
impuissants , violés dans notre âme et les valeurs que l’on
prétend vouloir nous inculquer, à sa joie à peine contenue
quand elle décrit la défaite de Toussaint, la reddition de
Dessalines et de Christophe.
«Toussaint était vaincu partout. Dessalines et Christophe
avaient déjà fait leur soumission au commandement de l’armée
expéditionnaire »
Pas d’informations explicatives .C’est fini. Il n’y a pas
mieux comme pierre tombale : Voici le courage de vos preux, de
vos soldats d’opérette face a la valeur de vrais soldats
français.
Plus tard, nous verrons, quand Dessalines aura démenti leurs
prophéties, Rochambeau ne remettra pas publiquement son épée
comme le font tous les vaincus. Il aura combattu avec
vaillance et ne se rendit que pour épargner la vie des braves
soldats .Il était prêt a mourir sur le champ de bataille. On
lui accorde les honneurs de son rang et on le laisse filer à
l’anglaise …
Naturellement, nous autres "descendants" n’avons point besoin
de ce symbolisme de l’ennemi qui se rend à notre courage et
chérir ce moment de notre victoire sur le prédateur qui nous
traitait pire que des chiens sans logis. Mais nous avions
besoin de l’approbation du General cruel, arrogant et
insolent à Vertières pour nous accorder des honneurs
militaires !
Cong oh !
Ils ne sont pas seulement les descendants en ligne directe de
ces hommes et femmes qui composaient les factions tribales qui
haïssaient le General créole Dessalines. Ce serait preuve
d’un pauvre jugement de ma part si je n’incluais tous ces
hommes et femmes qui se servent de son mythe et de sa mort
brutale pour nous berner, avilir sa renommée de soldat
héroïque, saboter notre volonte de peuple et régler leurs
différends avec l’histoire au détriment des intérêts de la
collectivité. Aujourd’hui, ils ont toutes les couleurs des
arcs-en-ciel permanents qui nous annoncent les mauvais temps.
Vous et moi avions été empoisonnes par l’Imposture des le plus
jeune âge. C’est ce poison introduit dans notre psychologie
depuis l’enfance qui nous empêche de bâtir et de créer une
nation a la mesure de nos rêves et de notre génie national
.Maintenant, sur de sa victoire, l’Imposture a proclame la
médiocrité, reine de nos vies.
Voici le flambeau du refus que je voudrais vous passer jeunes
de mon pays pour vous aider à comprendre notre histoire et
voir enfin comment nous avions erre sous le joug de
l’Imposture QUI change de visage a l’arrivée de chaque
génération.
Quelle est la vraie signification de cet héritage historique
sur nos vies ? N’est-ce pas la confusion que cet héritage
sème dans nos esprits ? Nos isto ryens vantards qui
choisissent les lambeaux d’histoire qui doivent servir a notre
« patriotisme « ne pouvaient mieux faire ?
Toussaint trahi et fait prisonnier .Mort de faim et de
privations dans un fort étranger. Pas d’explication
intelligente.
Dessalines trahi et assassiné. Pas d’explication
intelligente.
Capois mort assassiné. Pas d’explication intelligente.
Pétion mort de maladie. Pas d’explication intelligente.
Christophe assassiné avec une balle en or dans la tête et sa
famille part pour l’exil -Pas d’explication intelligente.
Dites-moi ! Que pouvons-nous faire d’un pareil héritage
imposé aussi brutalement à notre conscience pendant les
cycles de formation scolaire ? Nous n’avons pas droit à des
explications ? Et ca nous a rendus meilleurs ?
Invité- Invité
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
L'insurrection générale gagne du terrain et affecte toutes les
couches sociales indécises de la colonie. Le temps de la
délivrance est proche. Une fois de plus, nous observerons dans
le déroulement de notre histoire que la vraie liberté ne
s'acquiert jamais autour des tables de négociations .Cette
"liberté" sortie de la magie des tables tournantes que nous
connaitrons après l'occupation de 1915 a prostitué nos notions
originales de liberté.
Je suis aussi certain que nous allons assister et vivre
maintenant sous la plume de l'honnête Thomas Madiou toutes les
horreurs de la guerre de l'indépendance au fur et à mesure que
les troupes indigènes victorieuses prennent possession des
territoires abandonnes par l'ennemi :
Traitrises, coups bas, héroïsme, vengeance, massacre, parfois
le réveil des nobles sentiments de notre humanité, tout va y
passer.
L'homme va se démontrer être capable d'être ange aussi bien
que bête à la fois. Le faible verni des propositions de la
civilisation craque sous le poids des exigences de la guerre
.Il nous révèle, dans toute sa nudité, la dualité de notre
nature dans tout ce qu'il y a de plus horrible, de plus noble
chez l'être humain. C'est la guerre sans merci .
...Pageot fut au désespoir d'avoir été trompé par Cangé qu'il
traita de misérable petit mulâtre.
Nous retrouverons cette expression du mépris du mulâtre par le
Blanc plus tard lors des différends entre hommes a la peau
noire et claire qui sont passe a cote de leur mission
historique : Bâtir une société viable pour tous les enfants de
1803...
C'est bien dommage que les mulâtres qui se sont emparés du
pouvoir après 1915 n'ont jamais pu réaliser que les Pageot
oublient vite la dignité de leur humanité, ses valeurs
intrinsèques , pour se référer à leur "sang noir" dès qu'ils
sont insatisfaits de la loyauté de leur servitude. Le pire
c'est que grand nombre de mulâtres - pas tous, j'en connais
qui refusent ce compromis désastreux qui abêtit tout l'être
citoyen - ont accepté ce contrat psychologique avec le Blanc
au nom de leurs complexes d’infériorité qui leur apportent la
jouissance artificielle d'un bien-être au fond de
l'humiliation .
...Pour faire cesser le feu des indigènes, les matelots
exposèrent, sur le pont, aux boulets du grand fort, trente
Noirs et hommes de couleur qui étaient retenus prisonniers à
bord.
Voici encore nos tuteurs à l'œuvre ! Ils sont les mêmes qui
voudront condamner plus tard le General Dessalines parce
qu'il les a livrés à la fureur des troupes indigènes qui ont
vécu les vicissitudes et les tortures de l’esclavage jusqu'aux
combats de Vertières.
Voici un exemple frappant de l’innocence, de la chevalerie, de
la droiture et des sentiments d'honneur des troupes
mercenaires du tyran mégalomane Napoléon Bonaparte face aux
victoires de l'armée indigène dans la colonie :
Ces bandes presque nues, depuis si longtemps livrées à toutes
sortes de privations, respectèrent les propriétés et
observèrent la plus sévère discipline.
Je l'ai toujours dit et je le répète : La noblesse des
sentiments de l'honneur avaient pris refuge dans le camp
indigène. Mais, on ne gagne pas la guerre contre des ennemis
prêts à tout pour s'assurer de sa victoire et de notre
défaite en épousant les principes supérieurs de notre humanité
.
Notre héro Dessalines était la réponse au concept napoléonien
"All out war " ou "guerre sans merci ". Et l'Imposture qui
nous a préparé les mets empoisonnés de notre histoire a raison
de le haïr .
Mais, au milieu de la nuit des cris de fureur éclatèrent
contre les Français, et peu s'en fallut que tous les Blancs ne
fussent égorgés :
un officier européen, nommé Mansui, en abandonnant le
blockhaus, avait répandu une grande quantité de poudre sous
les lits de camp.
Ah !On lui fait grâce de la vie et il veut nous exterminer .Je
me demande ce que pensent les moralistes de sa conduite .Et
comment faire pour empêcher que pareille traitrise ne se
reproduise ?
Ceux des indigènes qui étaient entrés dans le blockhaus
pendant la nuit, se mirent à fumer en se couchant. Un moment
après, la fortification sauta par une explosion qui ébranla la
ville.
La plupart de ceux qui s'y trouvaient furent victimes de la
méchanceté cruelle de l'officier français.
On comprendra tantôt pourquoi Dessalines ordonna le massacre
des français qui abusaient de sa générosité et complotaient
dans le but de faire revenir dans la colonie les forces de
l'esclavage: Les soldats Français du Consulat napoléonien
n’avait, en général. , aucun respect de la parole donnée et de
la vie des soldats indigènes.
Dessalines, avant sa tournée dans le Nord, avait annonce, par
des dépêches, au capitaine James Walker, commandant de la
frégate anglaise le "Vanguard", en croisière à la vue du Mole
St-Nicolas, son intention d'assiéger St-Marc. Le capitaine
anglais l'avait prié de ne pas en égorger la garnison si elle
se soumettait, et de la laisser se rendre au Mole St-Nicolas.
Le capitaine Walker vint croiser devant St-Marc. Dès qu'il
apparut, le général d'Henin qui était réduit à la dernière
extrémité, et dont les troupes se nourrissaient depuis
plusieurs jours de viande de cheval, lui envoya un
parlementaire pour lui proposer de traiter des conditions de
la capitulation.
Je ne peux que m'exclamer : Encore les Anglais !
Mais qu'est-ce qu'ils foutaient là bon dieu de bon dieu !
N'avaient t-ils pas enfin compris que nos isto ryens allaient
décider que leur présence était inutile et qu'ils devaient se
contenter de rester à bord de leur navire a boire du thé ?
Nous n'avions pas besoin d'aide ! Nous avions tout fait à
l'aide de notre courage et de la magie inutile de nos loas .
...Le lendemain, à la pointe du jour, Gabart pénétra à St-Marc
qu'il livra au plus affreux pillage.
C'est bien ce que prônait Napoléon : Guerre sans merci.
Les femmes furent entièrement dépouillées;
J'aime cette tournure de la psychologie des hommes de
l'Occident qui brandit les fanions de la femme et des enfants
pour partir en guerre ou se livrer au massacre et au pillage
de leur voisin . Helene de Troie !
Je dois supposer que les hommes furent aussi dépouillés ou
tués si les troupes sont arrivées jusqu'aux femmes et aux
enfants incapables de se défendre ...
.on ne leur laissa pas même des chemises pour couvrir leur
nudité.
On dirait que la morale abandonnée en cours de route sert
maintenant à plaindre le sort des vaincus si les faits
rapportés viennent du rapport du Capitaine James Walker ...
Combien de ces rapports nous présentent un exposé détaillé des
cruautés des légionnaires français dans la colonie ? Il me
semble que l’existence même des mulâtres dans la colonie était
une trahison de la morale violée et martyrisée au niveau de
tous ses principes fondamentaux.
Les soldats de la 4e et de la 7e, en se livrant à ces excès
sur ces malheureuses, prétendaient venger le massacre que les
Français avaient fait de la 12e demi-brigade en 1802.
Regrettable que la bestialité s'empare presque toujours des
soldats victorieux .Mais en ce temps là, les soldats
victorieux considéraient toute ville conquise comme butin de
guerre. Les souvenirs de la deuxième guerre mondiale n'ont pas
encore disparu de notre mémoire.
Mais ,il est bon que Madiou nous rappelle ces faits de notre
histoire .Je suis tout à fait sur que nous aurions grandi avec
plus de respect pour la dignité des autres si nos tuteurs ,nos
braves ainés de la plume , nous avaient instruit des horreurs
de la guerre même au service d'une noble cause.
Mais hélas ! Incapables de trouver le juste milieu de leur
moralité douteuse et mal acquise , incapables de vivre les
horreurs de la guerre ou de les comprendre, ils se sont jeté
corps et âmes, tête baissée dans la guérilla des mots pour se
faire une réputation à la mesure de leur suffisance.
Notre bon Madiou ne savait pas encore de quoi était capable le
Blanc quand la technologie lui permet de tuer sans se salir
les mains ... littéralement . Il n'y a pas de moralité des
qu'on rentre en guerre. Et même nos fameuses conventions
d'aujourd'hui sont sujettes à interprétations selon la force
militaire du pays prédateur.
Thomas Madiou est un honnête homme .Il est un homme de bien
dont les valeurs ont été répudiées par les isto ryens de cette
société pourrie qui vivent de l'opportunisme et des
circonstances de nos malheurs.
Mais il ne faut point oublier là ou nous nous tenions à ce
moment de notre histoire .Même Thomas Madiou, après avoir
vécu en France, a beaucoup de mal à s'expliquer et comprendre
la traitrise et la cruauté des soldats français de Napoléon
Bonaparte et les horreurs de cette guerre qui visait à la
destruction totale d'une race d'hommes ou son asservissement
dans les fers de l’esclavage.
Et, il existe dans notre psyché cette vérité indigente qui
nous regarde aussi droit dans les yeux malgré tous les hoquets
d'indignation -après coup- de notre moralité. Il n'existe pas
une manière morale de tuer.
Le but et la mission du soldat sur le champ de bataille, de
tout temps, c'est de tuer pour ne pas être tué, réduire
l'ennemi à sa plus simple expression, lui retirer tous ses
moyens de fonctionnement, le vassaliser, le dominer et
l'asservir, lui imposer cette vérité de la politique romaine
applicable aux pays conquis :
Diviser pour mieux régner
couches sociales indécises de la colonie. Le temps de la
délivrance est proche. Une fois de plus, nous observerons dans
le déroulement de notre histoire que la vraie liberté ne
s'acquiert jamais autour des tables de négociations .Cette
"liberté" sortie de la magie des tables tournantes que nous
connaitrons après l'occupation de 1915 a prostitué nos notions
originales de liberté.
Je suis aussi certain que nous allons assister et vivre
maintenant sous la plume de l'honnête Thomas Madiou toutes les
horreurs de la guerre de l'indépendance au fur et à mesure que
les troupes indigènes victorieuses prennent possession des
territoires abandonnes par l'ennemi :
Traitrises, coups bas, héroïsme, vengeance, massacre, parfois
le réveil des nobles sentiments de notre humanité, tout va y
passer.
L'homme va se démontrer être capable d'être ange aussi bien
que bête à la fois. Le faible verni des propositions de la
civilisation craque sous le poids des exigences de la guerre
.Il nous révèle, dans toute sa nudité, la dualité de notre
nature dans tout ce qu'il y a de plus horrible, de plus noble
chez l'être humain. C'est la guerre sans merci .
...Pageot fut au désespoir d'avoir été trompé par Cangé qu'il
traita de misérable petit mulâtre.
Nous retrouverons cette expression du mépris du mulâtre par le
Blanc plus tard lors des différends entre hommes a la peau
noire et claire qui sont passe a cote de leur mission
historique : Bâtir une société viable pour tous les enfants de
1803...
C'est bien dommage que les mulâtres qui se sont emparés du
pouvoir après 1915 n'ont jamais pu réaliser que les Pageot
oublient vite la dignité de leur humanité, ses valeurs
intrinsèques , pour se référer à leur "sang noir" dès qu'ils
sont insatisfaits de la loyauté de leur servitude. Le pire
c'est que grand nombre de mulâtres - pas tous, j'en connais
qui refusent ce compromis désastreux qui abêtit tout l'être
citoyen - ont accepté ce contrat psychologique avec le Blanc
au nom de leurs complexes d’infériorité qui leur apportent la
jouissance artificielle d'un bien-être au fond de
l'humiliation .
...Pour faire cesser le feu des indigènes, les matelots
exposèrent, sur le pont, aux boulets du grand fort, trente
Noirs et hommes de couleur qui étaient retenus prisonniers à
bord.
Voici encore nos tuteurs à l'œuvre ! Ils sont les mêmes qui
voudront condamner plus tard le General Dessalines parce
qu'il les a livrés à la fureur des troupes indigènes qui ont
vécu les vicissitudes et les tortures de l’esclavage jusqu'aux
combats de Vertières.
Voici un exemple frappant de l’innocence, de la chevalerie, de
la droiture et des sentiments d'honneur des troupes
mercenaires du tyran mégalomane Napoléon Bonaparte face aux
victoires de l'armée indigène dans la colonie :
Ces bandes presque nues, depuis si longtemps livrées à toutes
sortes de privations, respectèrent les propriétés et
observèrent la plus sévère discipline.
Je l'ai toujours dit et je le répète : La noblesse des
sentiments de l'honneur avaient pris refuge dans le camp
indigène. Mais, on ne gagne pas la guerre contre des ennemis
prêts à tout pour s'assurer de sa victoire et de notre
défaite en épousant les principes supérieurs de notre humanité
.
Notre héro Dessalines était la réponse au concept napoléonien
"All out war " ou "guerre sans merci ". Et l'Imposture qui
nous a préparé les mets empoisonnés de notre histoire a raison
de le haïr .
Mais, au milieu de la nuit des cris de fureur éclatèrent
contre les Français, et peu s'en fallut que tous les Blancs ne
fussent égorgés :
un officier européen, nommé Mansui, en abandonnant le
blockhaus, avait répandu une grande quantité de poudre sous
les lits de camp.
Ah !On lui fait grâce de la vie et il veut nous exterminer .Je
me demande ce que pensent les moralistes de sa conduite .Et
comment faire pour empêcher que pareille traitrise ne se
reproduise ?
Ceux des indigènes qui étaient entrés dans le blockhaus
pendant la nuit, se mirent à fumer en se couchant. Un moment
après, la fortification sauta par une explosion qui ébranla la
ville.
La plupart de ceux qui s'y trouvaient furent victimes de la
méchanceté cruelle de l'officier français.
On comprendra tantôt pourquoi Dessalines ordonna le massacre
des français qui abusaient de sa générosité et complotaient
dans le but de faire revenir dans la colonie les forces de
l'esclavage: Les soldats Français du Consulat napoléonien
n’avait, en général. , aucun respect de la parole donnée et de
la vie des soldats indigènes.
Dessalines, avant sa tournée dans le Nord, avait annonce, par
des dépêches, au capitaine James Walker, commandant de la
frégate anglaise le "Vanguard", en croisière à la vue du Mole
St-Nicolas, son intention d'assiéger St-Marc. Le capitaine
anglais l'avait prié de ne pas en égorger la garnison si elle
se soumettait, et de la laisser se rendre au Mole St-Nicolas.
Le capitaine Walker vint croiser devant St-Marc. Dès qu'il
apparut, le général d'Henin qui était réduit à la dernière
extrémité, et dont les troupes se nourrissaient depuis
plusieurs jours de viande de cheval, lui envoya un
parlementaire pour lui proposer de traiter des conditions de
la capitulation.
Je ne peux que m'exclamer : Encore les Anglais !
Mais qu'est-ce qu'ils foutaient là bon dieu de bon dieu !
N'avaient t-ils pas enfin compris que nos isto ryens allaient
décider que leur présence était inutile et qu'ils devaient se
contenter de rester à bord de leur navire a boire du thé ?
Nous n'avions pas besoin d'aide ! Nous avions tout fait à
l'aide de notre courage et de la magie inutile de nos loas .
...Le lendemain, à la pointe du jour, Gabart pénétra à St-Marc
qu'il livra au plus affreux pillage.
C'est bien ce que prônait Napoléon : Guerre sans merci.
Les femmes furent entièrement dépouillées;
J'aime cette tournure de la psychologie des hommes de
l'Occident qui brandit les fanions de la femme et des enfants
pour partir en guerre ou se livrer au massacre et au pillage
de leur voisin . Helene de Troie !
Je dois supposer que les hommes furent aussi dépouillés ou
tués si les troupes sont arrivées jusqu'aux femmes et aux
enfants incapables de se défendre ...
.on ne leur laissa pas même des chemises pour couvrir leur
nudité.
On dirait que la morale abandonnée en cours de route sert
maintenant à plaindre le sort des vaincus si les faits
rapportés viennent du rapport du Capitaine James Walker ...
Combien de ces rapports nous présentent un exposé détaillé des
cruautés des légionnaires français dans la colonie ? Il me
semble que l’existence même des mulâtres dans la colonie était
une trahison de la morale violée et martyrisée au niveau de
tous ses principes fondamentaux.
Les soldats de la 4e et de la 7e, en se livrant à ces excès
sur ces malheureuses, prétendaient venger le massacre que les
Français avaient fait de la 12e demi-brigade en 1802.
Regrettable que la bestialité s'empare presque toujours des
soldats victorieux .Mais en ce temps là, les soldats
victorieux considéraient toute ville conquise comme butin de
guerre. Les souvenirs de la deuxième guerre mondiale n'ont pas
encore disparu de notre mémoire.
Mais ,il est bon que Madiou nous rappelle ces faits de notre
histoire .Je suis tout à fait sur que nous aurions grandi avec
plus de respect pour la dignité des autres si nos tuteurs ,nos
braves ainés de la plume , nous avaient instruit des horreurs
de la guerre même au service d'une noble cause.
Mais hélas ! Incapables de trouver le juste milieu de leur
moralité douteuse et mal acquise , incapables de vivre les
horreurs de la guerre ou de les comprendre, ils se sont jeté
corps et âmes, tête baissée dans la guérilla des mots pour se
faire une réputation à la mesure de leur suffisance.
Notre bon Madiou ne savait pas encore de quoi était capable le
Blanc quand la technologie lui permet de tuer sans se salir
les mains ... littéralement . Il n'y a pas de moralité des
qu'on rentre en guerre. Et même nos fameuses conventions
d'aujourd'hui sont sujettes à interprétations selon la force
militaire du pays prédateur.
Thomas Madiou est un honnête homme .Il est un homme de bien
dont les valeurs ont été répudiées par les isto ryens de cette
société pourrie qui vivent de l'opportunisme et des
circonstances de nos malheurs.
Mais il ne faut point oublier là ou nous nous tenions à ce
moment de notre histoire .Même Thomas Madiou, après avoir
vécu en France, a beaucoup de mal à s'expliquer et comprendre
la traitrise et la cruauté des soldats français de Napoléon
Bonaparte et les horreurs de cette guerre qui visait à la
destruction totale d'une race d'hommes ou son asservissement
dans les fers de l’esclavage.
Et, il existe dans notre psyché cette vérité indigente qui
nous regarde aussi droit dans les yeux malgré tous les hoquets
d'indignation -après coup- de notre moralité. Il n'existe pas
une manière morale de tuer.
Le but et la mission du soldat sur le champ de bataille, de
tout temps, c'est de tuer pour ne pas être tué, réduire
l'ennemi à sa plus simple expression, lui retirer tous ses
moyens de fonctionnement, le vassaliser, le dominer et
l'asservir, lui imposer cette vérité de la politique romaine
applicable aux pays conquis :
Diviser pour mieux régner
Invité- Invité
Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Presque aussitôt après la soumission du blockhaus de
Drouillard, Dessalines apprit que le colonel français Lux,
sorti de la Croix-des-Bouquets, à la tête de sept cents hommes
de la 5e légère, de cinquante cavaliers noirs et jaunes, se
rendait au Port-Républicain, escortant un convoi de vivres, et
marchant avec deux pièces de 4 et deux caissons, il ordonna
sur le champ à sa cavalerie d'aller s'établir près du
blockhaus de Damien pour tenir en échec les Français qui
occupaient cette position. Certain que l'ennemi abandonnerait
la grande route et pénétrerait dans les chemins de traverse,
il plaça en embuscade dans le sentier qui s'étend entre Sarthe
et Drouillard la 11e demi-brigade et deux bataillons de la 8e,
commandés par le colonel Larose. Il ordonna au général Pétion
d'aller occuper avec la 3e la butte de Chancerelle pour couper
la retraite à l'ennemi. Le centre de la colonne française
devait être attaqué par la 20e et la queue par le 2e bataillon
de la 4e. Quand Lux parvint sur l’habitation Damien, il apprit
que dix mille hommes de troupes indigènes occupaient les
chemins qui conduisaient au Port-Républicain. Il arrêta sa
marche; il était onze heures du matin. Le soleil inondait
l'azur du ciel de ses rayons brulants. Les officiers de son
corps, réunis en conseil de guerre, désespérant de pouvoir
passer aux travers de ces masses de troupes ennemies, lui
conseillèrent de retourner à la Croix-des-Bouquets d'ou il
pourrait se jeter dans la partie espagnole. Lux, vieillard
septuagénaire, indigné de ces conseils, se tourna vers ses
soldats, et leur dit: "Braves de la 5e ! Des masses de
brigands n'ont pu résister à une poignée de vos frères
d'armes, à la savane Oblond. Quels prodiges ne ferez-vous pas,
aujourd'hui que vous êtes tous réunis ? A votre aspect, cette
multitude sans tactique prendra la fuite. En avant !" Les
Français, au pas de charge, pénétrèrent dans le sentier qui
conduit de Damien à Sarthe. Ils étaient pleins d'ardeur. Ils
levèrent à coups de canon toutes les embuscades qu'ils
rencontrèrent. Sur l'habitation Sarthe, ils furent
vigoureusement attaqués par la 8e; mais leur artillerie bien
servie, et leurs feux de pelotons, réguliers et meurtriers,
abattirent un grand nombre d'indigènes. Ceux-ci armés de
fusil, mais sans munitions, la plupart, se précipitaient
néanmoins sur la 5e en poussant des hurlements affreux. Lux, à
cheval, au milieu d'un bataillon carré, demeurait inébranlable
dans les jardins de Sarthe. Les 4e et 20e indigènes n'ayant
pas de cartouches, étaient témoins du combat, immobiles sur le
champ de bataille. Dessalines voyant fléchir les soldats de la
8e, se précipita au milieu d'eux, et releva leur courage. Au
même instant, les deux pièces de 4 lancèrent la mitraille la
plus meurtrière. Les indigènes ébranlés de nouveau perdirent
du terrain. "En avant! En avant!" s'écria Dessalines, bravant
la mort au premier rang. Les soldats répondaient à sa voix:
"Général, nous n'avons pas de poudre". Dessalines, bouillant
de colère : "Prenez-les avec vos ongles et vos dents !". Alors
le colonel Larose mit le feu aux Cannes dont les Français
étaient entourés. Les cris des indigènes et les tourbillons de
fumée déconcertèrent les soldats européens qui, les yeux
pleins de fureur, ressemblaient à des lions enveloppés de feu.
Larose s'élança sur les canons; il allait en massacrer les
artilleurs, quand ceux-ci enclouèrent leurs pièces et se
firent sauter en mettant le feu aux caissons. Dévouement
héroïque par lequel ils sauvèrent leurs compagnons en privant
l'ennemi de munitions. Abandonnant l'habitation Sarthe, avec
un peu de précipitation, la 5e légère s'ouvrit passage à la
baïonnette, dans des chemins de traverse ou la cavalerie
indigène ne pouvait l'atteindre. Elle parvint à Blanchard ou
elle put un peu se refaire. De la Lux se dirigea sur
l'habitation Drouillard, croyant qu'elle était encore au
pouvoir des Français, à travers les rangs des 4e, 8e, 11e et
20e. Dessalines, admirant le colonel français dont le panache
dominait les baïonnettes sanglantes de la 5e, s'écria: "Ce
vieux Lux est un démon, qu'il est brave ! Ne serait-il pas
honteux, si nous n'arrêtions pas sa marche ?". Il lança contre
lui le 3e bataillon de la 4e qui se rangea en bataille au pied
du blockhaus de Drouillard. Des que Lux déboucha dans la
savane de Drouillard, il se précipita à la baïonnette sur la
4e qui, saisie tout à coup d'une terreur panique, prit la
fuite dans le plus grand désordre. Dessalines commanda à la
cavalerie de charger. La, 5e réduite à 500 hommes ne put
résister à l'impétuosité de 600 dragons commandés par
Charlotin Marcadieux. Elle fut rompue et culbutée. Elle ne se
rallia que dans les bosquets d'acacias de l'habitation
Drouillard. Elle traversa les sentiers de l'habitation
Chancerelle, et vint déboucher dans la grande route du
Port-Républicain, vis-à-vis du mornet qu'occupait le
divisionnaire Pétion. Elle attaqua la 3e, s'efforçant de
s'emparer de cette position pour éviter la cavalerie et y
attendre des secours de la ville. On se battit corps à corps
sur la butte. Pétion la rejeta dans la grande route ou elle
fut chargée par nos dragons. Elle gagna les bois de
Chancerelle et de Robert et vint déboucher à la Saline. Lux
parvint au Portail St-Joseph à la tête de 200 hommes, sans
avoir perdu un seul drapeau. Il était trois heures de
l'après-midi. Les Français, noircis par la poudre et couverts
de poussière, entrèrent dans la ville la baïonnette en avant,
les yeux hagards, étourdis, prêts à se précipiter sur les
figures noires et jaunes qu'ils rencontraient. On était obligé
de redresser leurs baïonnettes, de les rappeler à eux-mêmes et
de leur dire avec force : "5e légère vous êtes avec vos amis".
Ils furent portés en triomphe par leurs compagnons d'armes qui
avaient perdu l'espoir de les revoir. La 5e compta 500 hommes
tués ou blessés et Dessalines près de 400. Nous avons vu que
l'armée indigène était forte de 10.000 hommes. Mais dans toute
cette multitude, il n'y avait pas 600 cartouches, Dessalines
les avait distribuées à ses meilleurs tireurs en leur disant:
"Nous n'en avons pas d'autres; que chaque coup porte". Les
Français, au nombre de 700, ont du avoir tiré plus de 14.000
coups de fusil et au moins 40 coups de canon. Il n'est pas
extraordinaire qu'ils aient forcé le passage. Beaucoup de
Français ont succombé dans les jardins de Blanchard, étranglés
par des indigènes qui s'étaient précipités sur leurs
baïonnettes. Une colonne que Lavalette avait rangée en
bataille hors de la ville, aussitôt après qu'il eut entendu
les premiers coups de canon de l'affaire de Sarthe, parcourut
les bois de Chancerelle et de Robert et recueillit beaucoup de
soldats blessés et harassés de fatigue qui furent conduits en
ville. Il était resté à la Croix-des-Bouquets trois cents
hommes, malades et convalescents de la 5e légère. Ils firent
avertir les garnisons de Damien et de Santo de se réunir à eux
pendant la nuit. N'ayant pas l'espoir de pouvoir se maintenir
dans le bourg, ils avaient pris la résolution de traverser
aussi l'armée indigène pour atteindre le Port-Républicain.
Dessalines, devinant leurs projets, se détermina, à 5 heures
du soir, de la même journée, à faire attaquer les blockhaus de
Damien et de Santo. Il envoya sur le champ à Damien un de ses
aides de camp qui somma le commandant du blockhaus de se
rendre, en lui promettant que son existence ainsi que celle de
ses soldats, serait respectée. Comme l'officier français
refusait d'obéir a la sommation, Dessalines approcha du
blockhaus deux pièces de canon soutenues par trois bataillons.
Les cent grenadiers qui en formaient la garnison se rendirent
à discrétion.
Vers dix heures du soir, le général en chef apprit que les
Français, demeurés au bourg de la Croix-des-Bouquets, après le
départ du colonel Lux, s'étaient mis en route pour la partie
de l'Est, aussitôt après la reddition du blockhaus de Damien.
Il lança à leur poursuite des cavaliers qui ne purent les
atteindre. Suivi de son état-major, il pénétra à la
Croix-des-Bouquets à 11 heures du soir. II y trouva un dépôt
considérable de munitions. A minuit, l'adjudant-général
Bazelais prit possession du blockhaus de Santo; quatre-vingts
soldats français qui en composaient la garnison furent faits
prisonniers.
Ainsi la journée du premier jour complémentaire, 18 septembre
1803, avait suffi à Dessalines pour chasser entièrement les
Français de la plaine du Cul-de-Sac. Il avait en son pouvoir
trois cents prisonniers européens. Le 19 septembre, après leur
avoir promis la vie sur sa parole d'honneur, il leur annonça
qu'ils allaient être conduits à l'Arcahaie ou ils trouveraient
d'abondantes nourritures. Quand ils furent partis, il dit à
l'officier chargé de les accompagner; "Vous les ferez mourir
en chemin".— "Quoi ! s'écria l'adjudant-général Bonnet qui
était à ses cotés; vous oubliez donc, général en chef, votre
parole d'honneur ?".— "Taisez-vous, Bonnet, répondit
Dessalines; ne savez-vous pas que depuis la révolution il n'y
a plus de parole d'honneur". Les trois cents malheureux
Français furent sacrifiés dans la plaine de l'Arcahaie.
Dessalines laissa ses troupes se reposer les 2e, 3e et 4e
jours complémentaires, (19, 20, 21 septembre). Des le 19, il
avait appris l'entrée des indigènes à Jacmel.
Le 5e jour complémentaire (22 septembre), l'adjudant-général
Marion, de la division de Léogane et de Jacmel, vint au bourg
de la Croix-des-Bouquets. Il annonça au général en chef que
Cangé était campé à la Coupe avec 5.000 hommes d'infanterie,
50 artilleurs et 200 cavaliers. Dessalines, voulant assaillir
le Port-Républicain, envoya l'ordre à Cangé d'aller tenir en
échec le fort Bizoton. Cangé partit de la Coupe et s'établit
sur un morne qui domine la fortification et le grand chemin de
Léogane. Il intercepta les communications entre le
Port-Républicain et Bizoton.
Drouillard, Dessalines apprit que le colonel français Lux,
sorti de la Croix-des-Bouquets, à la tête de sept cents hommes
de la 5e légère, de cinquante cavaliers noirs et jaunes, se
rendait au Port-Républicain, escortant un convoi de vivres, et
marchant avec deux pièces de 4 et deux caissons, il ordonna
sur le champ à sa cavalerie d'aller s'établir près du
blockhaus de Damien pour tenir en échec les Français qui
occupaient cette position. Certain que l'ennemi abandonnerait
la grande route et pénétrerait dans les chemins de traverse,
il plaça en embuscade dans le sentier qui s'étend entre Sarthe
et Drouillard la 11e demi-brigade et deux bataillons de la 8e,
commandés par le colonel Larose. Il ordonna au général Pétion
d'aller occuper avec la 3e la butte de Chancerelle pour couper
la retraite à l'ennemi. Le centre de la colonne française
devait être attaqué par la 20e et la queue par le 2e bataillon
de la 4e. Quand Lux parvint sur l’habitation Damien, il apprit
que dix mille hommes de troupes indigènes occupaient les
chemins qui conduisaient au Port-Républicain. Il arrêta sa
marche; il était onze heures du matin. Le soleil inondait
l'azur du ciel de ses rayons brulants. Les officiers de son
corps, réunis en conseil de guerre, désespérant de pouvoir
passer aux travers de ces masses de troupes ennemies, lui
conseillèrent de retourner à la Croix-des-Bouquets d'ou il
pourrait se jeter dans la partie espagnole. Lux, vieillard
septuagénaire, indigné de ces conseils, se tourna vers ses
soldats, et leur dit: "Braves de la 5e ! Des masses de
brigands n'ont pu résister à une poignée de vos frères
d'armes, à la savane Oblond. Quels prodiges ne ferez-vous pas,
aujourd'hui que vous êtes tous réunis ? A votre aspect, cette
multitude sans tactique prendra la fuite. En avant !" Les
Français, au pas de charge, pénétrèrent dans le sentier qui
conduit de Damien à Sarthe. Ils étaient pleins d'ardeur. Ils
levèrent à coups de canon toutes les embuscades qu'ils
rencontrèrent. Sur l'habitation Sarthe, ils furent
vigoureusement attaqués par la 8e; mais leur artillerie bien
servie, et leurs feux de pelotons, réguliers et meurtriers,
abattirent un grand nombre d'indigènes. Ceux-ci armés de
fusil, mais sans munitions, la plupart, se précipitaient
néanmoins sur la 5e en poussant des hurlements affreux. Lux, à
cheval, au milieu d'un bataillon carré, demeurait inébranlable
dans les jardins de Sarthe. Les 4e et 20e indigènes n'ayant
pas de cartouches, étaient témoins du combat, immobiles sur le
champ de bataille. Dessalines voyant fléchir les soldats de la
8e, se précipita au milieu d'eux, et releva leur courage. Au
même instant, les deux pièces de 4 lancèrent la mitraille la
plus meurtrière. Les indigènes ébranlés de nouveau perdirent
du terrain. "En avant! En avant!" s'écria Dessalines, bravant
la mort au premier rang. Les soldats répondaient à sa voix:
"Général, nous n'avons pas de poudre". Dessalines, bouillant
de colère : "Prenez-les avec vos ongles et vos dents !". Alors
le colonel Larose mit le feu aux Cannes dont les Français
étaient entourés. Les cris des indigènes et les tourbillons de
fumée déconcertèrent les soldats européens qui, les yeux
pleins de fureur, ressemblaient à des lions enveloppés de feu.
Larose s'élança sur les canons; il allait en massacrer les
artilleurs, quand ceux-ci enclouèrent leurs pièces et se
firent sauter en mettant le feu aux caissons. Dévouement
héroïque par lequel ils sauvèrent leurs compagnons en privant
l'ennemi de munitions. Abandonnant l'habitation Sarthe, avec
un peu de précipitation, la 5e légère s'ouvrit passage à la
baïonnette, dans des chemins de traverse ou la cavalerie
indigène ne pouvait l'atteindre. Elle parvint à Blanchard ou
elle put un peu se refaire. De la Lux se dirigea sur
l'habitation Drouillard, croyant qu'elle était encore au
pouvoir des Français, à travers les rangs des 4e, 8e, 11e et
20e. Dessalines, admirant le colonel français dont le panache
dominait les baïonnettes sanglantes de la 5e, s'écria: "Ce
vieux Lux est un démon, qu'il est brave ! Ne serait-il pas
honteux, si nous n'arrêtions pas sa marche ?". Il lança contre
lui le 3e bataillon de la 4e qui se rangea en bataille au pied
du blockhaus de Drouillard. Des que Lux déboucha dans la
savane de Drouillard, il se précipita à la baïonnette sur la
4e qui, saisie tout à coup d'une terreur panique, prit la
fuite dans le plus grand désordre. Dessalines commanda à la
cavalerie de charger. La, 5e réduite à 500 hommes ne put
résister à l'impétuosité de 600 dragons commandés par
Charlotin Marcadieux. Elle fut rompue et culbutée. Elle ne se
rallia que dans les bosquets d'acacias de l'habitation
Drouillard. Elle traversa les sentiers de l'habitation
Chancerelle, et vint déboucher dans la grande route du
Port-Républicain, vis-à-vis du mornet qu'occupait le
divisionnaire Pétion. Elle attaqua la 3e, s'efforçant de
s'emparer de cette position pour éviter la cavalerie et y
attendre des secours de la ville. On se battit corps à corps
sur la butte. Pétion la rejeta dans la grande route ou elle
fut chargée par nos dragons. Elle gagna les bois de
Chancerelle et de Robert et vint déboucher à la Saline. Lux
parvint au Portail St-Joseph à la tête de 200 hommes, sans
avoir perdu un seul drapeau. Il était trois heures de
l'après-midi. Les Français, noircis par la poudre et couverts
de poussière, entrèrent dans la ville la baïonnette en avant,
les yeux hagards, étourdis, prêts à se précipiter sur les
figures noires et jaunes qu'ils rencontraient. On était obligé
de redresser leurs baïonnettes, de les rappeler à eux-mêmes et
de leur dire avec force : "5e légère vous êtes avec vos amis".
Ils furent portés en triomphe par leurs compagnons d'armes qui
avaient perdu l'espoir de les revoir. La 5e compta 500 hommes
tués ou blessés et Dessalines près de 400. Nous avons vu que
l'armée indigène était forte de 10.000 hommes. Mais dans toute
cette multitude, il n'y avait pas 600 cartouches, Dessalines
les avait distribuées à ses meilleurs tireurs en leur disant:
"Nous n'en avons pas d'autres; que chaque coup porte". Les
Français, au nombre de 700, ont du avoir tiré plus de 14.000
coups de fusil et au moins 40 coups de canon. Il n'est pas
extraordinaire qu'ils aient forcé le passage. Beaucoup de
Français ont succombé dans les jardins de Blanchard, étranglés
par des indigènes qui s'étaient précipités sur leurs
baïonnettes. Une colonne que Lavalette avait rangée en
bataille hors de la ville, aussitôt après qu'il eut entendu
les premiers coups de canon de l'affaire de Sarthe, parcourut
les bois de Chancerelle et de Robert et recueillit beaucoup de
soldats blessés et harassés de fatigue qui furent conduits en
ville. Il était resté à la Croix-des-Bouquets trois cents
hommes, malades et convalescents de la 5e légère. Ils firent
avertir les garnisons de Damien et de Santo de se réunir à eux
pendant la nuit. N'ayant pas l'espoir de pouvoir se maintenir
dans le bourg, ils avaient pris la résolution de traverser
aussi l'armée indigène pour atteindre le Port-Républicain.
Dessalines, devinant leurs projets, se détermina, à 5 heures
du soir, de la même journée, à faire attaquer les blockhaus de
Damien et de Santo. Il envoya sur le champ à Damien un de ses
aides de camp qui somma le commandant du blockhaus de se
rendre, en lui promettant que son existence ainsi que celle de
ses soldats, serait respectée. Comme l'officier français
refusait d'obéir a la sommation, Dessalines approcha du
blockhaus deux pièces de canon soutenues par trois bataillons.
Les cent grenadiers qui en formaient la garnison se rendirent
à discrétion.
Vers dix heures du soir, le général en chef apprit que les
Français, demeurés au bourg de la Croix-des-Bouquets, après le
départ du colonel Lux, s'étaient mis en route pour la partie
de l'Est, aussitôt après la reddition du blockhaus de Damien.
Il lança à leur poursuite des cavaliers qui ne purent les
atteindre. Suivi de son état-major, il pénétra à la
Croix-des-Bouquets à 11 heures du soir. II y trouva un dépôt
considérable de munitions. A minuit, l'adjudant-général
Bazelais prit possession du blockhaus de Santo; quatre-vingts
soldats français qui en composaient la garnison furent faits
prisonniers.
Ainsi la journée du premier jour complémentaire, 18 septembre
1803, avait suffi à Dessalines pour chasser entièrement les
Français de la plaine du Cul-de-Sac. Il avait en son pouvoir
trois cents prisonniers européens. Le 19 septembre, après leur
avoir promis la vie sur sa parole d'honneur, il leur annonça
qu'ils allaient être conduits à l'Arcahaie ou ils trouveraient
d'abondantes nourritures. Quand ils furent partis, il dit à
l'officier chargé de les accompagner; "Vous les ferez mourir
en chemin".— "Quoi ! s'écria l'adjudant-général Bonnet qui
était à ses cotés; vous oubliez donc, général en chef, votre
parole d'honneur ?".— "Taisez-vous, Bonnet, répondit
Dessalines; ne savez-vous pas que depuis la révolution il n'y
a plus de parole d'honneur". Les trois cents malheureux
Français furent sacrifiés dans la plaine de l'Arcahaie.
Dessalines laissa ses troupes se reposer les 2e, 3e et 4e
jours complémentaires, (19, 20, 21 septembre). Des le 19, il
avait appris l'entrée des indigènes à Jacmel.
Le 5e jour complémentaire (22 septembre), l'adjudant-général
Marion, de la division de Léogane et de Jacmel, vint au bourg
de la Croix-des-Bouquets. Il annonça au général en chef que
Cangé était campé à la Coupe avec 5.000 hommes d'infanterie,
50 artilleurs et 200 cavaliers. Dessalines, voulant assaillir
le Port-Républicain, envoya l'ordre à Cangé d'aller tenir en
échec le fort Bizoton. Cangé partit de la Coupe et s'établit
sur un morne qui domine la fortification et le grand chemin de
Léogane. Il intercepta les communications entre le
Port-Républicain et Bizoton.
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Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Dessalines, de son coté, fit occuper tous les blockhaus de la
plaine, Le 6e jour complémentaire (23 septembre}, ses troupes
s'ébranlèrent. Renforcées de la division Cangé, elles
montaient à 15,000 hommes. Le Port-Républicain fut
régulièrement cerné. La division de l'Artibonite commandée par
Gabart, était établie entre le Portail St-Joseph et le fort
National. Celle de l'arrondissement du Port-Républicain
occupait l'espace qui s'étend entre le fort National et le
morne de l'Hôpital; et celle du général Cangé était établie
entre la Porte de Léogane et le fort Bizoton. Dessalines
choisit pour son quartier général la source Turgeot à une
demi-lieue de la place. Le 1er Vendémiaire (24 sept) le
général Pétion dressa sur un mornet de l'habitation
Philippeaux, au sud-est de la ville, à 200 toises de la
poudrière, une batterie de deux pièces, l'une de 4 et l'autre
de 8, et d'un obusier de 6 pouces qu'il avait fait venir du
Petit-Goave. Il lança sur le poste de la poudrière plusieurs
bombes qui contraignirent les Français à l'évacuer. Les
indigènes, sous le feu de 17 pièces de canon qui répandaient
la mort dans leurs rangs, resserraient néanmoins sans cesse le
blocus de la ville. La 11e demi-brigade commandée par
Frontiche s'approcha, jusqu'à une portée de fusil, des
retranchements qui fermaient l'enceinte de la place. Quoique
toutes les pièces des fortifications fussent dirigées contre
elle, elle parvint à dresser une batterie dont le feu
incommoda considérablement les Français. Le général Lavalette
faisait tous ses efforts pour exciter la garde nationale,
composés presque en entier d'indigènes, à seconder la garnison
européenne. Mais il ne rencontrait que découragement ou
trahison. Un citoyen, Balthazar Inginac, en lequel il avait
quelque confiance, faisait néanmoins une propagande sourde et
active en faveur de Dessalines. Il réunissait chez lui,
pendant la nuit, des jeunes gens pleins d'audace et de
résolution, et s'entretenait avec eux sur les moyens de livrer
la place aux indigènes, si les Français ne se hâtaient pas de
l'évacuer. Les troupes françaises, réduites à 1.400 hommes,
étaient harassées de fatigue. Elles n'avaient aucun repos ni
jour ni nuit; elles faisaient le service de tous les postes,
n'osant plus en confier un seul à la garde nationale.
Le fort Bizoton était toujours occupé par les Français; mais
ils ne pouvaient communiquer par terre avec la ville. Le 8
Vendémiaire, 1er octobre, deux acons chargés de munitions(1)
de bouche furent remorqués à travers la grande rade par deux
gros navires qui, pendant cinq heures, tirèrent sur les
retranchements du général Cangé. Trois fois les Français
tentèrent de débarquer, trois fois ils furent repoussés. Ils
rentrèrent dans le petit port sans avoir pu communiquer avec
la garnison de Bizoton. Il y avait sur l'habitation Dessource
qui domine Bizoton un blockhaus que les Français y avaient
élevé. Ils l'abandonnèrent après en avoir fait sauter la
poudrière, (2 octobre). Le même jour, ils sortirent du fort en
bon ordre, repoussèrent les indépendants qui les attaquèrent,
et s'acheminèrent vers le rivage. Ils s'embarquèrent sur le
cotter l'Amitié". La faim les avait contraints à évacuer.
Après avoir arboré le drapeau indigène sur les remparts de
Bizoton, Cangé établit sur un des mornet du Piémont, dominant
la rue du Magasin de l'Etat, une batterie de quatre pièces
dont deux de 24 et deux de 18. Ses boulets parcoururent la
ville dans toute sa longueur et répandirent l'effroi dans
toutes les familles. Alors la crainte des vengeances des
indépendants donna quelque énergie à ceux des bourgeois noirs
et de couleur qui jusqu'à présent avaient servi la cause
française. Comme ils voyaient que la garnison européenne ne
pouvait plus se maintenir dans la place, ils parlaient
hautement d'aller se joindre à l'armée assiégeante. Beaucoup
d'entre eux songeaient déjà à entourer Dessalines de
flatteries et de séductions pour conserver leurs positions et
même pour obtenir des faveurs. Les plus jeunes, pendant la
nuit, se rendaient au quartier général de Pétion, vantaient
leurs patriotismes. A les entendre le succès de la guerre de
l'indépendance appartenait à leurs efforts.
La ville ne pouvait pas opposer une plus longue résistance;
quinze mille hommes la bloquaient; les eaux de Turgeot et de
Bizoton, détournées de leurs cours, n'y parvenaient plus
depuis quelque temps; la viande de bœuf ne se vendait plus au
marché. La chair de plusieurs chameaux que le général Boudet
avait fait débarquer à l'arrivée de l'expédition française fut
distribuée aux troupes. La garnison était sur le point, chaque
jour, d'en venir aux mains avec la garde nationale qui voulait
se rendre.
Cependant le général Lavalette qui avait juré de s'ensevelir
sous les ruines de la place, voulut encore tenter le
désarmement des citoyens noirs et de couleur. Il réunit la
garde nationale sur la place du gouvernement. Il s'aperçut
qu'elle était résolue à se défendre vaillamment. Tous les
bourgeois blancs, désapprouvant cette mesure, étaient dans les
plus vives inquiétudes. Lavalette à cheval, dressé sur ses
étriers, était plein de fureur. L'attitude des Noirs et des
hommes de couleur le contraignit à renoncer à son projet. Il
parcourut néanmoins les rangs de la garde nationale et dit aux
citoyens : "Hommes de couleur et Noirs, vous croyez sans doute
que St-Domingue vous restera, vous vous trompez; si la force
des circonstances nous obligeait à évacuer, nous reviendrions
avant six mois. La France est puissante; la guerre maritime ne
durera pas toujours. Elle n'abandonnera jamais sa colonie".
Les troupes retournèrent dans leurs casernes, et les indigènes
se dispersèrent dans la ville, surveillant les mouvements des
Blancs.
Le lendemain, le général Pétion canonna et bombarda activement
l'hôpital, par un feu plongeant. Les malades saisis de terreur
se répandirent dans les rues, en jetant de hauts cris. La
frayeur s'empara de toutes les femmes. Lavalette, craignant
que la ville ne fût livrée au plus affreux pillage, si elle
était prise d'assaut, songea à capituler. Il appela au
gouvernement ceux des indigènes et des Blancs qui avaient sa
confiance. Il leur annonça qu'il était résolu à demander à
Dessalines une suspension d'armes de cinq jours, pour qu'il
puisse faire ses préparatifs d'évacuation. Un officier
supérieur français, précédé d'une trompette, se rendit au
quartier général de Turgeot. Il fut présenté au général en
chef qui, après l'avoir entendu, lui dit qu'il le chargeait
d'annoncer au général Lavalette qu'il n'écouterait ses
propositions que lorsqu'il les lui enverrait par écrit.
Dessalines réunit les officiers généraux de son armée et les
consulta sur le traitement qu'il aurait à faire subir à la
ville du Port-Républicain. Ils furent d'avis la plupart,
qu'elle fut livrée au pillage comme Saint-Marc, parce qu'elle
s'était montrée trop longtemps dévouée aux Français. Mais
l'adjudant-général Bonnet et le général Pétion furent d'une
opinion contraire. Bonnet fit observer que le pillage
entrainerait un désordre général, que l'Etat serait privé
d'immenses ressources qui deviendraient nulles en tombant en
des milliers de mains; que beaucoup d'indigènes très dévoués à
la cause indépendante, mais que différentes circonstances
avaient contraints à demeurer en ville, seraient sacrifiés;
que ce dur traitement appliqué aux citoyens du
Port-Républicain porterait les habitants des Cayes et du Cap à
soutenir les Français jusqu'à la dernière extrémité; que le
pillage de St-Marc avait déjà beaucoup nui a la cause
indépendante; qu'il conviendrait mieux d'établir des
contributions sur la ville. Le général Pétion, de son coté,
demandait avec instances, qu'on épargnât une telle calamité à
sa ville natale. Dessalines, vaincu et par les arguments de
l'un et par les prières de l'autre, déclara que la ville ne
serait pas pillée. Il fit rédiger une adresse aux habitants
par laquelle il leur promit que leurs propriétés seraient
respectées quand il entrerait en ville. Il la remit à
l'officier français qu'on avait tenu à l'écart pendant la
délibération. Beaucoup d'officiers indigènes étaient
mécontents de cette décision. Ils osaient dire qu'elle ne
serait pas exécutée à l'égard de tous; que les Blancs seraient
massacrés et que leurs biens seraient pillés. Le parlementaire
rentra en ville, rendit compte au général français de sa
mission. Beaucoup de Blancs accoururent au gouvernement,
avides de nouvelles et pleins d'anxiété. L'officier qui
revenait de Turgeot, leur annonça que le général en chef lui
avait dit que leurs biens seraient respectés. Ils furent un
peu rassurés sur leur avenir. Quant à la population noire et
jaune, elle était libre d'inquiétude, elle attendait les
indépendants comme des libérateurs.
(1) Deux navires américains venaient d'arriver avec ces
provisions.
plaine, Le 6e jour complémentaire (23 septembre}, ses troupes
s'ébranlèrent. Renforcées de la division Cangé, elles
montaient à 15,000 hommes. Le Port-Républicain fut
régulièrement cerné. La division de l'Artibonite commandée par
Gabart, était établie entre le Portail St-Joseph et le fort
National. Celle de l'arrondissement du Port-Républicain
occupait l'espace qui s'étend entre le fort National et le
morne de l'Hôpital; et celle du général Cangé était établie
entre la Porte de Léogane et le fort Bizoton. Dessalines
choisit pour son quartier général la source Turgeot à une
demi-lieue de la place. Le 1er Vendémiaire (24 sept) le
général Pétion dressa sur un mornet de l'habitation
Philippeaux, au sud-est de la ville, à 200 toises de la
poudrière, une batterie de deux pièces, l'une de 4 et l'autre
de 8, et d'un obusier de 6 pouces qu'il avait fait venir du
Petit-Goave. Il lança sur le poste de la poudrière plusieurs
bombes qui contraignirent les Français à l'évacuer. Les
indigènes, sous le feu de 17 pièces de canon qui répandaient
la mort dans leurs rangs, resserraient néanmoins sans cesse le
blocus de la ville. La 11e demi-brigade commandée par
Frontiche s'approcha, jusqu'à une portée de fusil, des
retranchements qui fermaient l'enceinte de la place. Quoique
toutes les pièces des fortifications fussent dirigées contre
elle, elle parvint à dresser une batterie dont le feu
incommoda considérablement les Français. Le général Lavalette
faisait tous ses efforts pour exciter la garde nationale,
composés presque en entier d'indigènes, à seconder la garnison
européenne. Mais il ne rencontrait que découragement ou
trahison. Un citoyen, Balthazar Inginac, en lequel il avait
quelque confiance, faisait néanmoins une propagande sourde et
active en faveur de Dessalines. Il réunissait chez lui,
pendant la nuit, des jeunes gens pleins d'audace et de
résolution, et s'entretenait avec eux sur les moyens de livrer
la place aux indigènes, si les Français ne se hâtaient pas de
l'évacuer. Les troupes françaises, réduites à 1.400 hommes,
étaient harassées de fatigue. Elles n'avaient aucun repos ni
jour ni nuit; elles faisaient le service de tous les postes,
n'osant plus en confier un seul à la garde nationale.
Le fort Bizoton était toujours occupé par les Français; mais
ils ne pouvaient communiquer par terre avec la ville. Le 8
Vendémiaire, 1er octobre, deux acons chargés de munitions(1)
de bouche furent remorqués à travers la grande rade par deux
gros navires qui, pendant cinq heures, tirèrent sur les
retranchements du général Cangé. Trois fois les Français
tentèrent de débarquer, trois fois ils furent repoussés. Ils
rentrèrent dans le petit port sans avoir pu communiquer avec
la garnison de Bizoton. Il y avait sur l'habitation Dessource
qui domine Bizoton un blockhaus que les Français y avaient
élevé. Ils l'abandonnèrent après en avoir fait sauter la
poudrière, (2 octobre). Le même jour, ils sortirent du fort en
bon ordre, repoussèrent les indépendants qui les attaquèrent,
et s'acheminèrent vers le rivage. Ils s'embarquèrent sur le
cotter l'Amitié". La faim les avait contraints à évacuer.
Après avoir arboré le drapeau indigène sur les remparts de
Bizoton, Cangé établit sur un des mornet du Piémont, dominant
la rue du Magasin de l'Etat, une batterie de quatre pièces
dont deux de 24 et deux de 18. Ses boulets parcoururent la
ville dans toute sa longueur et répandirent l'effroi dans
toutes les familles. Alors la crainte des vengeances des
indépendants donna quelque énergie à ceux des bourgeois noirs
et de couleur qui jusqu'à présent avaient servi la cause
française. Comme ils voyaient que la garnison européenne ne
pouvait plus se maintenir dans la place, ils parlaient
hautement d'aller se joindre à l'armée assiégeante. Beaucoup
d'entre eux songeaient déjà à entourer Dessalines de
flatteries et de séductions pour conserver leurs positions et
même pour obtenir des faveurs. Les plus jeunes, pendant la
nuit, se rendaient au quartier général de Pétion, vantaient
leurs patriotismes. A les entendre le succès de la guerre de
l'indépendance appartenait à leurs efforts.
La ville ne pouvait pas opposer une plus longue résistance;
quinze mille hommes la bloquaient; les eaux de Turgeot et de
Bizoton, détournées de leurs cours, n'y parvenaient plus
depuis quelque temps; la viande de bœuf ne se vendait plus au
marché. La chair de plusieurs chameaux que le général Boudet
avait fait débarquer à l'arrivée de l'expédition française fut
distribuée aux troupes. La garnison était sur le point, chaque
jour, d'en venir aux mains avec la garde nationale qui voulait
se rendre.
Cependant le général Lavalette qui avait juré de s'ensevelir
sous les ruines de la place, voulut encore tenter le
désarmement des citoyens noirs et de couleur. Il réunit la
garde nationale sur la place du gouvernement. Il s'aperçut
qu'elle était résolue à se défendre vaillamment. Tous les
bourgeois blancs, désapprouvant cette mesure, étaient dans les
plus vives inquiétudes. Lavalette à cheval, dressé sur ses
étriers, était plein de fureur. L'attitude des Noirs et des
hommes de couleur le contraignit à renoncer à son projet. Il
parcourut néanmoins les rangs de la garde nationale et dit aux
citoyens : "Hommes de couleur et Noirs, vous croyez sans doute
que St-Domingue vous restera, vous vous trompez; si la force
des circonstances nous obligeait à évacuer, nous reviendrions
avant six mois. La France est puissante; la guerre maritime ne
durera pas toujours. Elle n'abandonnera jamais sa colonie".
Les troupes retournèrent dans leurs casernes, et les indigènes
se dispersèrent dans la ville, surveillant les mouvements des
Blancs.
Le lendemain, le général Pétion canonna et bombarda activement
l'hôpital, par un feu plongeant. Les malades saisis de terreur
se répandirent dans les rues, en jetant de hauts cris. La
frayeur s'empara de toutes les femmes. Lavalette, craignant
que la ville ne fût livrée au plus affreux pillage, si elle
était prise d'assaut, songea à capituler. Il appela au
gouvernement ceux des indigènes et des Blancs qui avaient sa
confiance. Il leur annonça qu'il était résolu à demander à
Dessalines une suspension d'armes de cinq jours, pour qu'il
puisse faire ses préparatifs d'évacuation. Un officier
supérieur français, précédé d'une trompette, se rendit au
quartier général de Turgeot. Il fut présenté au général en
chef qui, après l'avoir entendu, lui dit qu'il le chargeait
d'annoncer au général Lavalette qu'il n'écouterait ses
propositions que lorsqu'il les lui enverrait par écrit.
Dessalines réunit les officiers généraux de son armée et les
consulta sur le traitement qu'il aurait à faire subir à la
ville du Port-Républicain. Ils furent d'avis la plupart,
qu'elle fut livrée au pillage comme Saint-Marc, parce qu'elle
s'était montrée trop longtemps dévouée aux Français. Mais
l'adjudant-général Bonnet et le général Pétion furent d'une
opinion contraire. Bonnet fit observer que le pillage
entrainerait un désordre général, que l'Etat serait privé
d'immenses ressources qui deviendraient nulles en tombant en
des milliers de mains; que beaucoup d'indigènes très dévoués à
la cause indépendante, mais que différentes circonstances
avaient contraints à demeurer en ville, seraient sacrifiés;
que ce dur traitement appliqué aux citoyens du
Port-Républicain porterait les habitants des Cayes et du Cap à
soutenir les Français jusqu'à la dernière extrémité; que le
pillage de St-Marc avait déjà beaucoup nui a la cause
indépendante; qu'il conviendrait mieux d'établir des
contributions sur la ville. Le général Pétion, de son coté,
demandait avec instances, qu'on épargnât une telle calamité à
sa ville natale. Dessalines, vaincu et par les arguments de
l'un et par les prières de l'autre, déclara que la ville ne
serait pas pillée. Il fit rédiger une adresse aux habitants
par laquelle il leur promit que leurs propriétés seraient
respectées quand il entrerait en ville. Il la remit à
l'officier français qu'on avait tenu à l'écart pendant la
délibération. Beaucoup d'officiers indigènes étaient
mécontents de cette décision. Ils osaient dire qu'elle ne
serait pas exécutée à l'égard de tous; que les Blancs seraient
massacrés et que leurs biens seraient pillés. Le parlementaire
rentra en ville, rendit compte au général français de sa
mission. Beaucoup de Blancs accoururent au gouvernement,
avides de nouvelles et pleins d'anxiété. L'officier qui
revenait de Turgeot, leur annonça que le général en chef lui
avait dit que leurs biens seraient respectés. Ils furent un
peu rassurés sur leur avenir. Quant à la population noire et
jaune, elle était libre d'inquiétude, elle attendait les
indépendants comme des libérateurs.
(1) Deux navires américains venaient d'arriver avec ces
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Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Le 12 vendémiaire (5 octobre), un autre officier français porteur d'une lettre pour Dessalines, arriva à Turgeot. Lavalette s'engageait envers le général en chef à évacuer la ville, s'il lui accordait quelques jours pour approvisionner les bâtiments de guerre. Il lui disait qu'il voulait éviter l'effusion du sang. Dessalines lui répondit que s'il lui envoyait en otage un officier supérieur dont la personne serait garantie par un officier supérieur de même grade de l'armée indigène qu'il enverrait au Port-Républicain, il lui accorderait cinq jours pour faire ses préparatifs d'évacuation. Lavalette accepta ces conditions. Il envoya en otage à Turgeot, un officier supérieur, Andrieux. Aussitôt après, l'adjudant-général Bonnet se rendit au Port-Républicain, chargé en même temps de traiter les conditions de la capitulation. Il était accompagné de Diaquoi, aide de camp de Dessalines, et de plusieurs autres officiers. Pendant cet intervalle, le général Cangé qui ignorait les négociations, continuait à tirer sur la ville. Dessalines ne l'avait pas averti de la suspension d'armes. Le général Lavalette fut contraint de se plaindre de cette infraction de la convention. Alors Dessalines envoya l'ordre à Cangé de cesser le feu des troupes de sa division. Celui-ci plein de fougue et d'emportement refusa d'obéir. Dessalines par un second ordre lui fit savoir que s'il entendait encore un seul coup de canon, il le ferait fusiller sur-le-champ. Comme le général en chef ne menaçait pas en vain, la batterie du morne de Piémont se tut aussitôt. Le colonel Lux, commandant de la 5e légère était curieux de voir Dessalines avant de s'embarquer. L'intrépidité et le génie militaire du général indigène l'avaient vivement frappé. Il sortit de la ville, s'achemina sur Turgeot. Des qu'il apparut au quartier général, Dessalines le découvrant, demanda à ses officiers quel était ce vieillard ? C'est le colonel Lux, lui répondit-on. "Approche lui cria-t-il; vous vous êtes battu comme un lion, à Sarthe j'avais ordonné à tous mes fusiliers de tirer sur vous; que je désirais alors vous abattre ! Vous n'avez pas été atteint d'une seule balle; on serait tenté de croire que des sortilèges vous garantissaient de nos coups". Le colonel français lui exprima combien il était flatté de l'accueil qu'il lui faisait, et lui dit qu'il eut été fâché de retourner en France sans l'avoir vu. Après avoir causé un moment avec Dessalines sur l'art de la guerre, il se retira. Pendant qu'il s'éloignait, le général en chef dit, en le montrant du doigt: "S'il n'était pas Blanc, je le nommerais mon lieutenant au commandement des armées indigènes". Le préfet apostolique, le père Lecun, vint aussi rendre ses hommages à Dessalines. Celui-ci lui fit un accueil flatteur et le renvoya satisfait. L'adjudant-général Bonnet traita des conditions de la reddition de la place avec talent et dignité. Il obtint de Lavalette que les arsenaux et les magasins du gouvernement demeurassent garnis d'armes, de munitions et d'habillements. Déjà les Français avaient commencé à jeter dans la mer plusieurs milliers de poudre et quelques canons. II fut convenu que ceux des Noirs et des Mulâtres anciens esclaves qui ne voudraient pas suivre leurs maitres pourraient demeurer avec les indépendants. Bonnet et Diaquoi persuadèrent à un grand nombre de ces malheureux de ne pas s'embarquer. On en vit cependant qui, abrutis par la servitude, ne voulurent pas se séparer de leurs maîtres. Bonnet parcourut la ville, inspira de la confiance aux familles qui éprouvaient des inquiétudes, et s'efforça de concilier tous les intérêts. Pour sa conduite, Dessalines lui adressa des félicitations remarquables.
Le général Lavalette réunit les habitants en assemblée paroissiale, leur donna lecture des conditions de la capitulation et de la pièce par laquelle Dessalines leur promettait protection et sécurité. Les habitants, satisfaits, envoyèrent à Dessalines, pour le remercier de sa générosité, deux hommes de couleur, Balthazar Inginac et Lafontant. Inginac par ses paroles insinuantes, par le patriotisme qu'il démontra en son langage, séduisit Dessalines. Lavalette fit ensuite abandonner tous les forts par les troupes européennes. Elles s'embarquèrent sous les yeux de Bonnet, avec armes et bagages. L'adjudant-général Bonnet et Diaquoi parcoururent ensuite la rade et se convainquirent, en visitant chaque bâtiment, que les Blancs n'avaient, de vive force, embarqué ni un Noir ni un homme de couleur.
Le 15 Vendémiaire (8 octobre), le général Lavalette annonça à Dessalines que les troupes françaises dont on n'avait pas besoin pour le service des postes, étaient à bord des navires de la rade.
Le 16 Vendémiaire (9 octobre), jour de l'expiration du délai accordé pour l'évacuation, les bâtiments de commerce chargés de troupes et de familles allèrent mouiller dans la grande rade. La garde nationale fit la police de la ville, en attendant l'entrée de l'armée indigène. L'ordre fut partout maintenu. Beaucoup de Blancs, ne se fiant pas à la générosité de Dessalines, s'étaient embarqués. Le père Lecun qui vantait la grandeur d'âme du général en chef depuis qu'il l'avait visité à Turgeot, condamna ce manque de confiance. Il dit en chaire que le général en chef avait promis d'oublier le passé et se montrait disposé à accorder toutes sortes de faveurs aux colons qui demeureraient dans le pays. "Désormais il ne s'appellera plus Dessalines, dit-il; ce nom sous lequel il a été sévère et intolérant ne s'harmonise pas avec ses nouvelles dispositions. Il se nommera Jean-Jacques le Bon". La plupart des Blancs qui s'étaient déjà embarqués, apprenant de nouveau ces dispositions généreuses du général en chef, descendirent à terre et rentrèrent sous leurs toits. La plupart des chefs de l'armée indigène ne désiraient au contraire, avec ardeur, que l'extermination des Blancs; Dessalines lui-même ne faisait aux colons que des promesses trompeuses. Comme les Cayes, le Cap et le Mole étaient encore au pouvoir des Français, la politique lui commandait d'user de modération pour qu'il n'exaspérât pas contre lui les habitants de ces villes.
Quant au père Lecun, disposé à tout sacrifier, même ses semblables, pour conserver sous ce nouvel ordre de choses une dignité qui lui rapportait honneur et richesses, il enleva aux Blancs une heureuse occasion d'échapper à la mort, en les exhortant à ne pas s'embarquer avec les troupes, et en proclamant, lui, Européen et ecclésiastique, que Dessalines était devenu Jean-Jacques le Bon.
Dans la soirée du 9 octobre, les navires français, réunis en convoi, appareillèrent, après que Lavalette eut livré la place à l'adjudant-général Bonnet. Il venait d'embarquer les derniers détachements de troupes européennes qui gardaient encore quelques postes importants.
Le lendemain, (17 Vendémiaire), 10 octobre, à sept heures du matin, l'armée indépendante, marchant sur trois colonnes, fit son entrée triomphale au Port-au-Prince,(1) par le portail St-Joseph, les portes de Léogane et de Montalet. Dessalines, portant un habit rouge couvert d'or, et un pantalon de même couleur, s'avançait par la porte Montalet, ayant Pétion à sa droite et Gabart à sa gauche. Il était suivi de toute son artillerie de campagne. Le général Pétion simplement vêtu portait à son chapeau un plumet noir. L'armée indigène composée de soldats presque nus, contrastait dans l'esprit des habitants avec la garnison européenne qui, l'avant-veille, s'était embarquée magnifiquement équipée. Dessalines se rendit au palais du gouvernement au milieu des cris de joie de toute la population indigène. Il fut ordonné aux troupes de respecter les propriétés et d'observer la plus sévère discipline. Cependant, vers le milieu de la journée, le colonel Bedouet, homme de couleur, qui avait été nommé commandant de la place, avertit le général Pétion, commandant de la 2e division de l'Ouest, que le colonel de la 12e, Thomas Marie-Jeanne, à la tête d'un grand nombre de soldats, surtout de la 4e, avait pénétré, de vive force, dans les boutiques de la rue des Fronts-Forts, et se livrait au pillage.
Pétion se rendit aussitôt au gouvernement d'ou il se transporta avec Dessalines au lieu du désordre. Dès que les pillards les aperçurent, ils se dispersèrent. Thomas Marie Jeanne fut arrêté et emprisonné, et les 4e et 8e reçurent l'ordre d'aller camper hors de la ville. Dans la soirée, les rues furent illuminées, et les habitants fêtèrent les états-majors des corps de l’armée.
Le lendemain, (11 octobre), Dessalines, après avoir reçu les félicitations de toutes les classes de citoyens, réunit sur la place du gouvernement’2' la population des trois couleurs en état de porter les armes, et la passa en revue, après avoir ordonné aux Blancs de sortir des rangs. Il fit enrôler tous les jeunes gens noirs et de couleur qui faisaient partie de la garde nationale. Il grossit son armée, qui allait bientôt marcher sur le Cap, de plus de 1,600 hommes déjà aguerris et disciplinés, Il fit entrer dans le 3e bataillon de la 4e plus de 400 de ces jeunes gens. Il s'approcha ensuite des Blancs qui se tenaient à l'écart, à l'une des extrémités de la place, les obligea à rendre leurs armes, leur dit qu'ils pouvaient se retirer chez eux et que les charges de l'Etat ne pèseraient jamais sur eux. C'était leur déclarer qu'ils ne seraient pas citoyens sous le nouvel ordre de choses. Dans la même journée, on les traita en vaincus en établissant sur eux une forte contribution, au prorata de leurs revenus. Les paroles de Dessalines sur la place d'armes et cette contribution plongèrent dans la consternation les familles européennes auxquelles, en même temps, il fut défendu de s'embarquer. On entendit ceux des Français que l'intérêt avait retenus en ville, au moment de l'évacuation des troupes, se dire entre eux: "Nous leur donnerons notre argent, et ils ne nous tueront pas moins".
Les bâtiments chargés des troupes, des bourgeois et des femmes qui avaient évacué le Port-au-Prince formaient un convoi assez considérable. Ils rencontrèrent les Anglais vers la Gonâve. Comme les navires n'avaient pas suffi pour contenir toutes les familles, beaucoup de canots et de chaloupes remplis de gens de toutes conditions suivaient le convoi. Les Anglais les attaquèrent et les capturèrent en grand nombre. Après avoir dépouillé leurs prisonniers, ils leur permirent d'atteindre l'ile de Cuba. "L'Aimable de Bordeaux" qui portait le général Lavalette, les débris de la 5e légère et presque tous les officiers de la garnison échappa aux croiseurs par la rapidité de sa marche, et parvint a St-Yague de Cube"'.
Pendant que Dessalines prenait possession du Port-au-Prince, le général Brunet, réduit aux Cayes aux dernières extrémités, aimait mieux traiter avec les Anglais qu'avec le général Geffrard. Il ne pouvait agir autrement. S'il avait traité avec les indigènes, les Anglais, maîtres de la mer, l'auraient attaqué à sa sortie du port. Il envoya le colonel Lefèvre en parlementaire à bord du "Pélican", capitaine Whitby, pour lui proposer une capitulation qui fut acceptée. Il livra au commodore Cumberland toute l'artillerie de la place, les fusils et les poudres, et embarqua ensuite sur quatre navires marchands qui étaient en rade la garnison, les employés de l'administration, ainsi que les familles qui voulurent le suivre. Beaucoup de Blancs, pleins de confiance en la loyauté de Geffrard, n'abandonnèrent pas la ville. Brunet, accueilli avec distinction à bord de la frégate anglaise, fut conduit à la Jamaïque avec ses soldats. D'après les termes de la capitulation, les malades et les blesses français furent transportés au Mole St-Nicolas ou commandait encore le général Noailles; et ceux des Blancs colons qui voulurent se rendre à Cuba y furent conduits. Le 17 octobre, l'armée indigène du Sud entra aux Cayes. Les personnes et les propriétés furent religieusement respectées. Le général Geffrard reçût des Anglais les canons de la place que Brunet leur avait livrés. Peu de jours après, le général en chef apprit la prise des Cayes. II se disposa aussitôt à marcher sur le Cap.
(1) Dès cette époque le Port-Républicain reprit son ancien nom de Port-au-Prince.
(2) Baptisée place de l'Indépendance en 1926 (note de l'éditeur).
(1) En 1804, le consul français de St-Yague ordonna au général Lavalette de partir avec les débris de l'ancienne garnison du Port-au-Prince pour Sto-Domingo ou flottait encore le pavillon français. Lavalette s'embarqua pour aller renforcer le général Ferrand qui commandait dans la Partie de l'Est. Mais il fut englouti dans les flots par la tempête en vue de la pointe Maysi. Le navire que montait Panis put atteindre Sto-Domingue.
Le général Lavalette réunit les habitants en assemblée paroissiale, leur donna lecture des conditions de la capitulation et de la pièce par laquelle Dessalines leur promettait protection et sécurité. Les habitants, satisfaits, envoyèrent à Dessalines, pour le remercier de sa générosité, deux hommes de couleur, Balthazar Inginac et Lafontant. Inginac par ses paroles insinuantes, par le patriotisme qu'il démontra en son langage, séduisit Dessalines. Lavalette fit ensuite abandonner tous les forts par les troupes européennes. Elles s'embarquèrent sous les yeux de Bonnet, avec armes et bagages. L'adjudant-général Bonnet et Diaquoi parcoururent ensuite la rade et se convainquirent, en visitant chaque bâtiment, que les Blancs n'avaient, de vive force, embarqué ni un Noir ni un homme de couleur.
Le 15 Vendémiaire (8 octobre), le général Lavalette annonça à Dessalines que les troupes françaises dont on n'avait pas besoin pour le service des postes, étaient à bord des navires de la rade.
Le 16 Vendémiaire (9 octobre), jour de l'expiration du délai accordé pour l'évacuation, les bâtiments de commerce chargés de troupes et de familles allèrent mouiller dans la grande rade. La garde nationale fit la police de la ville, en attendant l'entrée de l'armée indigène. L'ordre fut partout maintenu. Beaucoup de Blancs, ne se fiant pas à la générosité de Dessalines, s'étaient embarqués. Le père Lecun qui vantait la grandeur d'âme du général en chef depuis qu'il l'avait visité à Turgeot, condamna ce manque de confiance. Il dit en chaire que le général en chef avait promis d'oublier le passé et se montrait disposé à accorder toutes sortes de faveurs aux colons qui demeureraient dans le pays. "Désormais il ne s'appellera plus Dessalines, dit-il; ce nom sous lequel il a été sévère et intolérant ne s'harmonise pas avec ses nouvelles dispositions. Il se nommera Jean-Jacques le Bon". La plupart des Blancs qui s'étaient déjà embarqués, apprenant de nouveau ces dispositions généreuses du général en chef, descendirent à terre et rentrèrent sous leurs toits. La plupart des chefs de l'armée indigène ne désiraient au contraire, avec ardeur, que l'extermination des Blancs; Dessalines lui-même ne faisait aux colons que des promesses trompeuses. Comme les Cayes, le Cap et le Mole étaient encore au pouvoir des Français, la politique lui commandait d'user de modération pour qu'il n'exaspérât pas contre lui les habitants de ces villes.
Quant au père Lecun, disposé à tout sacrifier, même ses semblables, pour conserver sous ce nouvel ordre de choses une dignité qui lui rapportait honneur et richesses, il enleva aux Blancs une heureuse occasion d'échapper à la mort, en les exhortant à ne pas s'embarquer avec les troupes, et en proclamant, lui, Européen et ecclésiastique, que Dessalines était devenu Jean-Jacques le Bon.
Dans la soirée du 9 octobre, les navires français, réunis en convoi, appareillèrent, après que Lavalette eut livré la place à l'adjudant-général Bonnet. Il venait d'embarquer les derniers détachements de troupes européennes qui gardaient encore quelques postes importants.
Le lendemain, (17 Vendémiaire), 10 octobre, à sept heures du matin, l'armée indépendante, marchant sur trois colonnes, fit son entrée triomphale au Port-au-Prince,(1) par le portail St-Joseph, les portes de Léogane et de Montalet. Dessalines, portant un habit rouge couvert d'or, et un pantalon de même couleur, s'avançait par la porte Montalet, ayant Pétion à sa droite et Gabart à sa gauche. Il était suivi de toute son artillerie de campagne. Le général Pétion simplement vêtu portait à son chapeau un plumet noir. L'armée indigène composée de soldats presque nus, contrastait dans l'esprit des habitants avec la garnison européenne qui, l'avant-veille, s'était embarquée magnifiquement équipée. Dessalines se rendit au palais du gouvernement au milieu des cris de joie de toute la population indigène. Il fut ordonné aux troupes de respecter les propriétés et d'observer la plus sévère discipline. Cependant, vers le milieu de la journée, le colonel Bedouet, homme de couleur, qui avait été nommé commandant de la place, avertit le général Pétion, commandant de la 2e division de l'Ouest, que le colonel de la 12e, Thomas Marie-Jeanne, à la tête d'un grand nombre de soldats, surtout de la 4e, avait pénétré, de vive force, dans les boutiques de la rue des Fronts-Forts, et se livrait au pillage.
Pétion se rendit aussitôt au gouvernement d'ou il se transporta avec Dessalines au lieu du désordre. Dès que les pillards les aperçurent, ils se dispersèrent. Thomas Marie Jeanne fut arrêté et emprisonné, et les 4e et 8e reçurent l'ordre d'aller camper hors de la ville. Dans la soirée, les rues furent illuminées, et les habitants fêtèrent les états-majors des corps de l’armée.
Le lendemain, (11 octobre), Dessalines, après avoir reçu les félicitations de toutes les classes de citoyens, réunit sur la place du gouvernement’2' la population des trois couleurs en état de porter les armes, et la passa en revue, après avoir ordonné aux Blancs de sortir des rangs. Il fit enrôler tous les jeunes gens noirs et de couleur qui faisaient partie de la garde nationale. Il grossit son armée, qui allait bientôt marcher sur le Cap, de plus de 1,600 hommes déjà aguerris et disciplinés, Il fit entrer dans le 3e bataillon de la 4e plus de 400 de ces jeunes gens. Il s'approcha ensuite des Blancs qui se tenaient à l'écart, à l'une des extrémités de la place, les obligea à rendre leurs armes, leur dit qu'ils pouvaient se retirer chez eux et que les charges de l'Etat ne pèseraient jamais sur eux. C'était leur déclarer qu'ils ne seraient pas citoyens sous le nouvel ordre de choses. Dans la même journée, on les traita en vaincus en établissant sur eux une forte contribution, au prorata de leurs revenus. Les paroles de Dessalines sur la place d'armes et cette contribution plongèrent dans la consternation les familles européennes auxquelles, en même temps, il fut défendu de s'embarquer. On entendit ceux des Français que l'intérêt avait retenus en ville, au moment de l'évacuation des troupes, se dire entre eux: "Nous leur donnerons notre argent, et ils ne nous tueront pas moins".
Les bâtiments chargés des troupes, des bourgeois et des femmes qui avaient évacué le Port-au-Prince formaient un convoi assez considérable. Ils rencontrèrent les Anglais vers la Gonâve. Comme les navires n'avaient pas suffi pour contenir toutes les familles, beaucoup de canots et de chaloupes remplis de gens de toutes conditions suivaient le convoi. Les Anglais les attaquèrent et les capturèrent en grand nombre. Après avoir dépouillé leurs prisonniers, ils leur permirent d'atteindre l'ile de Cuba. "L'Aimable de Bordeaux" qui portait le général Lavalette, les débris de la 5e légère et presque tous les officiers de la garnison échappa aux croiseurs par la rapidité de sa marche, et parvint a St-Yague de Cube"'.
Pendant que Dessalines prenait possession du Port-au-Prince, le général Brunet, réduit aux Cayes aux dernières extrémités, aimait mieux traiter avec les Anglais qu'avec le général Geffrard. Il ne pouvait agir autrement. S'il avait traité avec les indigènes, les Anglais, maîtres de la mer, l'auraient attaqué à sa sortie du port. Il envoya le colonel Lefèvre en parlementaire à bord du "Pélican", capitaine Whitby, pour lui proposer une capitulation qui fut acceptée. Il livra au commodore Cumberland toute l'artillerie de la place, les fusils et les poudres, et embarqua ensuite sur quatre navires marchands qui étaient en rade la garnison, les employés de l'administration, ainsi que les familles qui voulurent le suivre. Beaucoup de Blancs, pleins de confiance en la loyauté de Geffrard, n'abandonnèrent pas la ville. Brunet, accueilli avec distinction à bord de la frégate anglaise, fut conduit à la Jamaïque avec ses soldats. D'après les termes de la capitulation, les malades et les blesses français furent transportés au Mole St-Nicolas ou commandait encore le général Noailles; et ceux des Blancs colons qui voulurent se rendre à Cuba y furent conduits. Le 17 octobre, l'armée indigène du Sud entra aux Cayes. Les personnes et les propriétés furent religieusement respectées. Le général Geffrard reçût des Anglais les canons de la place que Brunet leur avait livrés. Peu de jours après, le général en chef apprit la prise des Cayes. II se disposa aussitôt à marcher sur le Cap.
(1) Dès cette époque le Port-Républicain reprit son ancien nom de Port-au-Prince.
(2) Baptisée place de l'Indépendance en 1926 (note de l'éditeur).
(1) En 1804, le consul français de St-Yague ordonna au général Lavalette de partir avec les débris de l'ancienne garnison du Port-au-Prince pour Sto-Domingo ou flottait encore le pavillon français. Lavalette s'embarqua pour aller renforcer le général Ferrand qui commandait dans la Partie de l'Est. Mais il fut englouti dans les flots par la tempête en vue de la pointe Maysi. Le navire que montait Panis put atteindre Sto-Domingue.
Dernière édition par Maximo le Mar 12 Juil 2011 - 15:40, édité 1 fois
Maximo- Super Star
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Feuille de personnage
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Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Dans le Nord, le général Romain avait déployé tant d'énergie
qu'il était parvenu à détruire le marché que les c,o,n,g,o,s
avaient ouvert aux Français à la Petite-Anse. Les habitants du
Cap, ne recevant plus les vivres qui, chaque semaine,
affluaient à ce marché, ressentaient déjà une forte disette.
Au milieu d'octobre, la population de cette ville de 30.000
âmes, et les troupes de la garnison voyaient avec désespoir
les magasins dégarnis de farine, de biscuits et de salaisons.
Quant à la viande fraiche, on n'en mangeait qu'à la table de
l'état-major et chez une douzaine de négociants qui payaient
au poids de l'or à quelques c,o,n,g,o,s audacieux un veau, un
mouton ou un cabri. Le commissaire Hubert, chargé du service
des approvisionnements, annonça au général Rochambeau qu'il
n'y avait, dans les magasins de l'Etat que 299 barils de
farine pesant 53.871 livres; 9.082 livres de légumes secs;
24.676 livres de beurre, mantègue ou saindoux; 32.043 pintes
de vin; 107.845 pintes de vinaigre.
Ce fut alors qu'on apprit au Cap l'évacuation du
Port-au-Prince. Aussitôt beaucoup de citoyens et de militaires
proposèrent au capitaine-général Rochambeau d'évacuer sur
Sto-Domingo, avant l'arrivée de Dessalines. Mais une armée de
cinq mille hommes de troupes de ligne et de mille gardes
nationaux, eut-elle pu, suivie de nombreux malades, traverser
plus de cent lieues de plaines et de montagnes, sans cesse
harcelée par 12.000 hommes aguerris et disciplinés ? L'armée
française retardée dans sa marche par une foule éperdue de
femmes, de vieillards et d'enfants, tombant à chaque instant
dans des embuscades, n'eut pas atteint St-Yague. Elle eut été
exterminée par les généraux Romain, Capoix, Clervaux et
Christophe. Rochambeau qui ne perdit jamais l'espoir de
conserver le Cap à la France, et dont l'intrépidité
grandissait dans le danger repoussa ces conseils d’évacuation
sur Sto-Domingo comme enfantés par l'égarement de la peur.
Aussi se détermina-t-il à approvisionner la ville par tous les
moyens possibles. Les navires américains, au lieu d'entrer au
Cap ou au Mole, allaient trafiquer avec les indigènes aux
Gonaïves, à St-Marc, à l'Arcahaie, à Jérémie. Les Américains
étaient satisfaits des malheurs des Français à St-Domingue;
car depuis l'arrivée de l'expédition sous les ordres de
Leclerc, ils avaient perdu tous les avantages commerciaux dont
ils jouissaient sous Toussaint Louverture. Le général
Noailles, croisant à la pointe du Mole St-Nicolas,
contraignait, d'après les instructions qu'il avait reçues de
Rochambeau, la plupart des navires américains qui pénétraient
dans la baie de la Gonâve d'entrer dans le port du Mole. Il
envoyait au Cap, par le cabotage, les comestibles dont ces
bâtiments se trouvaient chargés. Au 23 octobre, il avait fait
parvenir au Cap 544 barils de farine, pesant 61,920 livres, et
59,255 livres de biscuits.
Mais comment payer ces marchandises ? Les caisses de l'Etat
étaient vides; Rochambeau et ses agents les avaient pillées.
Ces dilapidations avaient éteint le patriotisme des riches
citoyens qui ne se pressaient pas d'accourir au secours du
gouvernement. Rochambeau fit publier un emprunt force de
800.000 francs sur la ville du Cap. Huit négociants blancs,
millionnaires d'après la voix publique, furent taxés, chacun à
33,000 francs, par le capitaine-général lui-même qui leur
promit des récépissés négociables sur le trésor de la
Métropole. Le conseil des Notables taxa les autres citoyens
proportionnément à leurs fortunes. Les huit négociants étaient
dans l'obligation de verser au trésor public, sous peine de
mort, chacun 33,000 frs. Cinq refusèrent de payer, les
citoyens Allard, Hardivilliers, Brassier, Wantron et Fédon.
Ils furent emprisonnés. Rochambeau, ayant appris que Wantron
possédait une fortune bien au-dessous de celle qu'on lui
attribuait, réduisit sa contribution et le fit mettre en
liberté. Allard, Brassier et Hardivilliers, effrayés de la
mort qui les menaçait, se hâtèrent de payer. Quant à Fédon, il
refusa obstinément de se soumettre à l'arrêté du
capitaine-général. L'adjudant-général Néraud, alors commandant
de la place, commanda aussitôt, par les ordres de Rochambeau,
de le faire fusiller. L'ordonnateur Perroud apprit que cet
infortuné n'avait pas en caisse la somme de 33,000 francs. Il
se rendit auprès de Rochambeau et lui annonça que les citoyens
Renouard et Stransant, membres du conseil des Notables,
s'étaient entendus pour réunir la somme que devait Fédon.
Alors l'adjudant-général Néraud donna un second ordre ainsi
conçu: "Si dans une heure, les six mille gourdes ne sont pas
versées au trésor, le citoyen Fédon sera fusillé, conformément
aux ordres du général en chef.
Pendant cet intervalle, Rochambeau, indigné qu'on eut osé
résister à ses volontés, et voulant, par la mort de Fédon,
terrifier ceux qu'il appelait des anglomen, ordonna de hâter
l'exécution. Fédon s'était toujours énergiquement prononcé
contre le système du capitaine-général. Rochambeau le
soupçonnait, sans raison, d'avoir incité, en novembre dernier,
Clausel, Thouvenot et Magnytot à conspirer contre lui. Le chef
d'escadron Colbert, commandant de la gendarmerie du Cap,
l'entraina à deux portées de fusil du palais national, et le
malheureux reçut la mort le 3 Brumaire an XII, à neuf heures
du matin, (26 octobre 1803.) Quand les citoyens Renouard et
Stransant se présentèrent au bureau de la place, avec les
6.000 gourdes, l'adjudant-général Néraud leur apprit la mort
de Fédon. Cette exécution plongea la ville du Cap dans une
profonde consternation. Fédon, homme de probité, était
généralement estimé. Cependant l'armée demeura convaincue
qu'il avait été un conspirateur. Tels sont les crimes qui
naissent du régime de l'arbitraire. Rochambeau, oubliant que
la force sans le droit est finalement impuissante, se livrait
à toutes sortes de violences, en excitant les soldats qu'il
avait égarés contre les honnêtes citoyens. Le drapeau français
flottait encore au Cap et au Mole St-Nicolas. Tous les autres
points de l'ancienne partie française étaient au pouvoir des
indépendants. Le Cap renfermait dans son sein 5,000 vétérans,
les débris de l'armée expéditionnaire. Rochambeau avait
l'espoir de conserver à la France cette position importante;
il attendait de nouvelles forces pour reconquérir les villes
qu'il avait été contraint d'abandonner à la liberté. Un grand
nombre de jeunes officiers qui admiraient son courage,
attendaient avec impatience l'occasion de se couvrir de
gloire. Hérissé de forteresses, le Cap présentait un front si
formidable que Rochambeau, plein de sécurité, ne croyait pas
que les indigènes pussent oser venir encore l'y attaquer. Il
ne redoutait que la famine : le port était toujours bloqué par
le commodore Loring, et presque tous les bâtiments qui
tentaient de forcer la ligne anglaise étaient capturés.
Plusieurs forts s'élevaient sur le plateau du Haut du Cap, et
menaçaient d'anéantir l'ennemi qui tenterait de s'approcher de
la ville. Le fort Breda, armé de huit pièces de canon, se
dressait, à une lieue de la place, sur une éminence qui
dominait le chemin du Cap. Il renfermait 600 grenadiers sous
les ordres du chef de bataillon Péjot. A un mille plus loin,
vers la ville, s'élevait sur un mornet le fort Vertières,
baigné dans la saison des pluies, par les eaux de la ravine
Charrier. Douze pièces faisaient le tour de ses remparts. La
11e légère en formait la garnison. La ville était en outre
protégée par les forts Champin, Pierre-Michel, de l'Hôpital et
du Bélair. De toutes parts l’on découvrait, au milieu de
vastes champs que la guerre avait ravagés, des murs noircis
par les flammes, quelques touffes de campêches et de nombreux
ossements demeurés sans sépulture. Entre Breda et Vertières
s'étendait une grande allée de chênes et de palmiers. C'était
la que les Français se livraient aux exercices de la course et
aux évolutions militaires.
Rochambeau, dans son brillant palais, entouré de baïonnettes
et de canons, se croyait dans une position inexpugnable. A le
voir se livrer aux plus douces jouissances, enivré dans les
bras de voluptueuses Créoles, on eut été tenté de croire qu'il
oubliait que sa couche était sur le cratère d'un volcan qui
devait bientôt engloutir tout ce qui portait le nom français.
Pendant cet intervalle, Dessalines ne laissait pas se ralentir
l'ardeur de ses troupes. Après leur avoir accorde onze jours
de repos au Port-au-Prince, il leur annonça son projet d'aller
attaquer le Cap. Il partit de la plaine du Cul-de-Sac le 28
Vendémiaire, an XII (21 octobre 1803), après avoir confié au
général Pétion le commandement de la seconde division de
l'Ouest. Le 8 Brumaire (31 octobre), la 3e demi-brigade, la
4e, la 41e et la 20e partirent de la Petite-Rivière de
l'Artibonite et atteignirent les Gonaïves au milieu de la
nuit. Le lendemain, Dessalines les passa en revue. Le même
jour elles partirent pour le carrefour du Limbé, ou devaient
se réunir toutes les troupes d'élite du Sud, de l'Ouest, de
l’Artibonite et du Nord. Mais la division du Sud, sous les
ordres du général Geffrard, n'atteignit pas même le
Port-au-Prince. Des qu'elle arriva au Grand-Goave, on apprit
qu'une révolte venait d'éclater dans les mornes de Jacmel,
contre l'autorité de Dessalines. Le général Pétion en avisa le
général en chef qui ordonna à Geffrard d'aller l’étouffer et
d'occuper ensuite les campagnes de Jacmel jusqu'à la fin de la
campagne entreprise contre le Cap. Geffrard pénétra dans les
mornes de Jacmel, dispersa les révoltés peu nombreux et arrêta
leurs principaux chefs qui étaient d'anciens partisans de
Lamour Dérance. L'ordre fut rétabli de toutes parts.
qu'il était parvenu à détruire le marché que les c,o,n,g,o,s
avaient ouvert aux Français à la Petite-Anse. Les habitants du
Cap, ne recevant plus les vivres qui, chaque semaine,
affluaient à ce marché, ressentaient déjà une forte disette.
Au milieu d'octobre, la population de cette ville de 30.000
âmes, et les troupes de la garnison voyaient avec désespoir
les magasins dégarnis de farine, de biscuits et de salaisons.
Quant à la viande fraiche, on n'en mangeait qu'à la table de
l'état-major et chez une douzaine de négociants qui payaient
au poids de l'or à quelques c,o,n,g,o,s audacieux un veau, un
mouton ou un cabri. Le commissaire Hubert, chargé du service
des approvisionnements, annonça au général Rochambeau qu'il
n'y avait, dans les magasins de l'Etat que 299 barils de
farine pesant 53.871 livres; 9.082 livres de légumes secs;
24.676 livres de beurre, mantègue ou saindoux; 32.043 pintes
de vin; 107.845 pintes de vinaigre.
Ce fut alors qu'on apprit au Cap l'évacuation du
Port-au-Prince. Aussitôt beaucoup de citoyens et de militaires
proposèrent au capitaine-général Rochambeau d'évacuer sur
Sto-Domingo, avant l'arrivée de Dessalines. Mais une armée de
cinq mille hommes de troupes de ligne et de mille gardes
nationaux, eut-elle pu, suivie de nombreux malades, traverser
plus de cent lieues de plaines et de montagnes, sans cesse
harcelée par 12.000 hommes aguerris et disciplinés ? L'armée
française retardée dans sa marche par une foule éperdue de
femmes, de vieillards et d'enfants, tombant à chaque instant
dans des embuscades, n'eut pas atteint St-Yague. Elle eut été
exterminée par les généraux Romain, Capoix, Clervaux et
Christophe. Rochambeau qui ne perdit jamais l'espoir de
conserver le Cap à la France, et dont l'intrépidité
grandissait dans le danger repoussa ces conseils d’évacuation
sur Sto-Domingo comme enfantés par l'égarement de la peur.
Aussi se détermina-t-il à approvisionner la ville par tous les
moyens possibles. Les navires américains, au lieu d'entrer au
Cap ou au Mole, allaient trafiquer avec les indigènes aux
Gonaïves, à St-Marc, à l'Arcahaie, à Jérémie. Les Américains
étaient satisfaits des malheurs des Français à St-Domingue;
car depuis l'arrivée de l'expédition sous les ordres de
Leclerc, ils avaient perdu tous les avantages commerciaux dont
ils jouissaient sous Toussaint Louverture. Le général
Noailles, croisant à la pointe du Mole St-Nicolas,
contraignait, d'après les instructions qu'il avait reçues de
Rochambeau, la plupart des navires américains qui pénétraient
dans la baie de la Gonâve d'entrer dans le port du Mole. Il
envoyait au Cap, par le cabotage, les comestibles dont ces
bâtiments se trouvaient chargés. Au 23 octobre, il avait fait
parvenir au Cap 544 barils de farine, pesant 61,920 livres, et
59,255 livres de biscuits.
Mais comment payer ces marchandises ? Les caisses de l'Etat
étaient vides; Rochambeau et ses agents les avaient pillées.
Ces dilapidations avaient éteint le patriotisme des riches
citoyens qui ne se pressaient pas d'accourir au secours du
gouvernement. Rochambeau fit publier un emprunt force de
800.000 francs sur la ville du Cap. Huit négociants blancs,
millionnaires d'après la voix publique, furent taxés, chacun à
33,000 francs, par le capitaine-général lui-même qui leur
promit des récépissés négociables sur le trésor de la
Métropole. Le conseil des Notables taxa les autres citoyens
proportionnément à leurs fortunes. Les huit négociants étaient
dans l'obligation de verser au trésor public, sous peine de
mort, chacun 33,000 frs. Cinq refusèrent de payer, les
citoyens Allard, Hardivilliers, Brassier, Wantron et Fédon.
Ils furent emprisonnés. Rochambeau, ayant appris que Wantron
possédait une fortune bien au-dessous de celle qu'on lui
attribuait, réduisit sa contribution et le fit mettre en
liberté. Allard, Brassier et Hardivilliers, effrayés de la
mort qui les menaçait, se hâtèrent de payer. Quant à Fédon, il
refusa obstinément de se soumettre à l'arrêté du
capitaine-général. L'adjudant-général Néraud, alors commandant
de la place, commanda aussitôt, par les ordres de Rochambeau,
de le faire fusiller. L'ordonnateur Perroud apprit que cet
infortuné n'avait pas en caisse la somme de 33,000 francs. Il
se rendit auprès de Rochambeau et lui annonça que les citoyens
Renouard et Stransant, membres du conseil des Notables,
s'étaient entendus pour réunir la somme que devait Fédon.
Alors l'adjudant-général Néraud donna un second ordre ainsi
conçu: "Si dans une heure, les six mille gourdes ne sont pas
versées au trésor, le citoyen Fédon sera fusillé, conformément
aux ordres du général en chef.
Pendant cet intervalle, Rochambeau, indigné qu'on eut osé
résister à ses volontés, et voulant, par la mort de Fédon,
terrifier ceux qu'il appelait des anglomen, ordonna de hâter
l'exécution. Fédon s'était toujours énergiquement prononcé
contre le système du capitaine-général. Rochambeau le
soupçonnait, sans raison, d'avoir incité, en novembre dernier,
Clausel, Thouvenot et Magnytot à conspirer contre lui. Le chef
d'escadron Colbert, commandant de la gendarmerie du Cap,
l'entraina à deux portées de fusil du palais national, et le
malheureux reçut la mort le 3 Brumaire an XII, à neuf heures
du matin, (26 octobre 1803.) Quand les citoyens Renouard et
Stransant se présentèrent au bureau de la place, avec les
6.000 gourdes, l'adjudant-général Néraud leur apprit la mort
de Fédon. Cette exécution plongea la ville du Cap dans une
profonde consternation. Fédon, homme de probité, était
généralement estimé. Cependant l'armée demeura convaincue
qu'il avait été un conspirateur. Tels sont les crimes qui
naissent du régime de l'arbitraire. Rochambeau, oubliant que
la force sans le droit est finalement impuissante, se livrait
à toutes sortes de violences, en excitant les soldats qu'il
avait égarés contre les honnêtes citoyens. Le drapeau français
flottait encore au Cap et au Mole St-Nicolas. Tous les autres
points de l'ancienne partie française étaient au pouvoir des
indépendants. Le Cap renfermait dans son sein 5,000 vétérans,
les débris de l'armée expéditionnaire. Rochambeau avait
l'espoir de conserver à la France cette position importante;
il attendait de nouvelles forces pour reconquérir les villes
qu'il avait été contraint d'abandonner à la liberté. Un grand
nombre de jeunes officiers qui admiraient son courage,
attendaient avec impatience l'occasion de se couvrir de
gloire. Hérissé de forteresses, le Cap présentait un front si
formidable que Rochambeau, plein de sécurité, ne croyait pas
que les indigènes pussent oser venir encore l'y attaquer. Il
ne redoutait que la famine : le port était toujours bloqué par
le commodore Loring, et presque tous les bâtiments qui
tentaient de forcer la ligne anglaise étaient capturés.
Plusieurs forts s'élevaient sur le plateau du Haut du Cap, et
menaçaient d'anéantir l'ennemi qui tenterait de s'approcher de
la ville. Le fort Breda, armé de huit pièces de canon, se
dressait, à une lieue de la place, sur une éminence qui
dominait le chemin du Cap. Il renfermait 600 grenadiers sous
les ordres du chef de bataillon Péjot. A un mille plus loin,
vers la ville, s'élevait sur un mornet le fort Vertières,
baigné dans la saison des pluies, par les eaux de la ravine
Charrier. Douze pièces faisaient le tour de ses remparts. La
11e légère en formait la garnison. La ville était en outre
protégée par les forts Champin, Pierre-Michel, de l'Hôpital et
du Bélair. De toutes parts l’on découvrait, au milieu de
vastes champs que la guerre avait ravagés, des murs noircis
par les flammes, quelques touffes de campêches et de nombreux
ossements demeurés sans sépulture. Entre Breda et Vertières
s'étendait une grande allée de chênes et de palmiers. C'était
la que les Français se livraient aux exercices de la course et
aux évolutions militaires.
Rochambeau, dans son brillant palais, entouré de baïonnettes
et de canons, se croyait dans une position inexpugnable. A le
voir se livrer aux plus douces jouissances, enivré dans les
bras de voluptueuses Créoles, on eut été tenté de croire qu'il
oubliait que sa couche était sur le cratère d'un volcan qui
devait bientôt engloutir tout ce qui portait le nom français.
Pendant cet intervalle, Dessalines ne laissait pas se ralentir
l'ardeur de ses troupes. Après leur avoir accorde onze jours
de repos au Port-au-Prince, il leur annonça son projet d'aller
attaquer le Cap. Il partit de la plaine du Cul-de-Sac le 28
Vendémiaire, an XII (21 octobre 1803), après avoir confié au
général Pétion le commandement de la seconde division de
l'Ouest. Le 8 Brumaire (31 octobre), la 3e demi-brigade, la
4e, la 41e et la 20e partirent de la Petite-Rivière de
l'Artibonite et atteignirent les Gonaïves au milieu de la
nuit. Le lendemain, Dessalines les passa en revue. Le même
jour elles partirent pour le carrefour du Limbé, ou devaient
se réunir toutes les troupes d'élite du Sud, de l'Ouest, de
l’Artibonite et du Nord. Mais la division du Sud, sous les
ordres du général Geffrard, n'atteignit pas même le
Port-au-Prince. Des qu'elle arriva au Grand-Goave, on apprit
qu'une révolte venait d'éclater dans les mornes de Jacmel,
contre l'autorité de Dessalines. Le général Pétion en avisa le
général en chef qui ordonna à Geffrard d'aller l’étouffer et
d'occuper ensuite les campagnes de Jacmel jusqu'à la fin de la
campagne entreprise contre le Cap. Geffrard pénétra dans les
mornes de Jacmel, dispersa les révoltés peu nombreux et arrêta
leurs principaux chefs qui étaient d'anciens partisans de
Lamour Dérance. L'ordre fut rétabli de toutes parts.
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Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Le 14 Brumaire (6 novembre), Dessalines, accompagné de trois
escadrons, arriva au carrefour du Limbé. Le temps était
affreux; depuis plusieurs semaines, les pluies n'avaient cessé
de tomber avec abondance. L'armée fut contrainte de s'arrêter.
Le 23 Brumaire, (15 novembre) elle reprit sa marche et
atteignit le Morne Rouge. Dessalines établit son quartier
général sur l'habitation Lenormand. Là se réunit toute l'armée
qui devait assiéger le Cap. Elle était forte de quinze
demi-brigades d'infanterie et de trois escadrons fournissant
27.000 hommes. Gabart était à la tête de la 3e, de la 11e, de
la 20e et de deux bataillons de la 4e. Le général Jean
Philippe Daut commandait le 10e et le 3e bataillon de la 4e
composée de l'élite de la jeunesse du Port-au-Prince.
Clervaux, le plus ancien des généraux de l'armée, était à la
tête de la 6e, Christophe, ayant sous ses ordres le général
Romain, commandait la 1ere et la 2e. Capoix la mort était à la
tête de deux bataillons de la 9e du Port-de-Paix; et les
troupes de Léogane, de Jacmel, du Petit-Goave, composant les
21e, 22e, 23e et 24e étaient sous les ordres de Cangé. Les 14e
et 7e étaient commandées par Vernet.
Autour de Dessalines étaient rangés les dragons de la plaine
de l'Artibonite, armés de longs sabres, et la tête chargée de
vieux casques ombragés de panaches verts. Le colonel Charlotin
Marcadieux et les chefs d'escadron Paul Prompt et Bastien les
commandaient.
Nos soldats de pied bien armés avaient, depuis la prise du
Port-au-Prince, des munitions en abondance. Mais ils étaient
presque nus. Ils portaient des havresacs de peau de chèvre,
des besaces pour gibernes, et des chapeaux de paille. La
plupart des sous-officiers sans habits ni chemises, avaient à
la tête les marques de leurs grades. La 9e du Port-de-Paix
était le seul corps qui fut convenablement habillé. Elle avait
trouvé à la Tortue un dépôt considérable de vêtements de
troupes. Quant aux généraux, ils étaient tous couverts d'or.
Nos soldats amaigris par des marches forcées, aguerris par
mille combats, les lèvres chargées d'épaisses moustaches
noires, offraient un aspect terrible; et si la discipline qui
régnait souveraine dans l'armée n'avait établi un ordre
parfait dans les rangs, on eut pu les prendre pour des hordes
de brigands. Ils étaient loin de posséder cette tactique
européenne qui terrasse souvent le courage le plus brillant;
mais l'amour de la liberté et de l'indépendance, la haine
profonde qu'ils avaient vouée à leurs oppresseurs, les
conduisaient joyeux au combat et les rendaient invincibles.
Ils allaient porter le dernier coup à la puissance coloniale.
La prise du Cap devait les affranchir à tout jamais de la
Métropole, et ils avaient jure de vaincre ou de mourir.
L'enthousiasme éclatait sur leurs visages, et les chants de
liberté retentissaient dans les campagnes.
Dessalines, entouré des braves qui composaient son état-major,
était joyeux de la gaieté de l'armée. Il lui montrait le Cap
comme le terme de ses fatigues, et le dernier refuge des
monstres qui s'étaient baignés dans le sang indigène.
Un roulement général de tambours remplit le camp d'un bruit
prolongé; un profond silence s'établit. Il parcourut les
rangs, et les troupes, partant du Morne Rouge, défilèrent sous
ses yeux. Dessalines apprit que Rochambeau ne se doutait
nullement de ses projets audacieux. Il résolut, avant
d'attaquer les forts Breda et Vertières, élevés le long de la
grande route, d'envoyer les généraux Christophe et Romain
s'emparer de la Vigie qui domine le Cap, du coté opposé. Cette
manœuvre hardie avait pour but d'empêcher Rochambeau menacé du
coté de la Vigie d'envoyer des troupes au secours de Breda et
de Vertières.
Christophe, à la tête des le et 2e, après avoir enlevé
plusieurs postes ennemis, annonça le 17 novembre, à
Dessalines, qu'il attendait, pour s'efforcer d'atteindre le
sommet de la Vigie, qu'on commençât l'attaque de Breda. Il
était midi. Dessalines monté sur un cheval plein de feu,
accompagné d'un ingénieur, s'approcha du fort Breda et
l'examina avec la plus scrupuleuse attention: un fossé
l'entourait et entre ce fossé et les remparts s'élevait une
haie impénétrable d'aloès et d'autres plantes épineuses
entrelacées de fortes lianes. Les Français qui l'avaient
laissé s'approcher sans obstacle, lui lancèrent, pendant qu'il
se retirait, une grêle de balles, sans l'atteindre.
Dans la nuit du 25 au 26 Brumaire (17 au 18 novembre), il
confia le commandement de l'avant-garde à Capoix, le plus
intrépide de nos généraux, avec ordre, des que l'action
commencerait, d'aller en avant et de ne s'arrêter qu'à la
barrière Bouteille(1), dut-il périr avec toute la 9e
demi-brigade, sous les feux des forts qui dominaient le
chemin.
Cette manœuvre qui sera en partie exécutée par Capoix
amènera la capitulation du Cap. Le général Clervaux fit
dresser, à 200 toises de Bréda, une batterie d'un obusier de 6
pouces, d'une pièce de 4 et d'une pièce de 8, dont le
commandement fut confié à deux artilleurs, Zénon et Lavelanet.
Dans la même nuit, Dessalines fit dresser des retranchements
autour de Vaudreuil, non loin de Vertières. Il forma le corps
de réserve destiné à demeurer auprès de lui, des deux premiers
bataillons de la 4e, de la 8e et de la 20e.
Le 26 Brumaire (18 novembre 1803), à la pointe du jour, le
général Clervaux ordonna de commencer l'attaque. Les Français
battaient la diane dans le fort. Un boulet alla se fixer dans
les remparts de Bréda. Aussitôt les forts répandirent la mort
de toutes parts dans les rangs indigènes. Déjà une foule de
nos artilleurs étaient abattus, et notre batterie fut
démontée. Aussitôt le général Rochambeau sortit du Cap, à la
tête de sa garde d'honneur, et vint s'établir près du
blockhaus de Vertières. En même temps, les généraux Christophe
et Romain, descendant de la Vigie, s'emparaient au pas de
charge de la position de d'Estaing et refoulaient les Français
dans la place. Dessalines s'aperçut que les divisions Gabart,
Vernet et Cangé, l'arme aux bras dans le grand chemin, se
trouvaient exposées au feu le plus meurtrier de Pierre-Michel
qui dominait toutes les autres fortifications. Il se détermina
à tourner Bréda, à l'attaquer par derrière et à assaillir en
même temps toutes les positions qu'occupait l'ennemi. Par
cette manœuvre, il devait affaiblir le feu des Français et
l'empêcher de se diriger sur un seul point. Il envoya aussitôt
l'ordre au général Capoix qui suivait audacieusement la grande
route du Cap, de changer de direction et d'aller s'emparer de
la butte de l’habitation Charrier qui dominait Vertières. Il
existait au centre du plateau un ravin que traversait, en face
du fort Vertières, un petit pont à moitié brisé. Entre ce pont
et le fort s'élevaient des barricades au-dessus desquelles
étaient braquées contre l'armée indigène quatre pièces de
canon. Pour atteindre Charrier, Capoix devait en longeant le
ravin passer sous le feu de cette batterie. Quand il arriva
vis-à-vis du pont, il fut accueilli par un feu si vif que les
soldats des 9e, 7e, et 14e, qui formaient l'avant-garde
chancelèrent. Capoix, qui n'avait jamais fui devant les
Français, releva par son audace le courage de ses grenadiers,
et leur fit entendre sa voix terrible : "Il faut, mes braves,
nous rendre maîtres de cette butte; le salut de l'armée en
dépend. En avant!". Les grenadiers de la 9e s'élancèrent avec
rage au-devant de la mort. Mais l’artillerie française, bien
servie, les culbuta par de vives décharges. La 9e jeta un peu
de désordre dans les rangs de la 7e et de la 14e qui se
replièrent sur le quartier général.
Dessalines lança contre Vertières les 3e, 11e, 20e
demi-brigades qui furent à leur tour horriblement maltraitées.
Capoix bouillant de rage ramena ses soldats au combat. Bravant
la mort au premier rang, il arrêta l'élan des Français qui
déjà avaient franchi le ravin poursuivant les indigènes, la
baïonnette aux reins. Le combat se rétablit; mais la mitraille
faisait de grands ravages dans nos rangs, et les soldats les
plus intrépides de la 9e étaient renversés. Capoix fit un
dernier effort. Monte sur un cheval richement caparaçonné, il
s'élança de nouveau plein d'ardeur contre le fort. Ses soldats
le suivent; ils sont repoussés; il s'indigne; il les exhorte à
le suivre encore; il jure d'enlever la batterie; ses
grenadiers atteignent les barricades; mais ils tombent sous la
mitraille et la fusillade. Un boulet renverse son cheval.
L'intrépide général tombe; mais il se relève aussitôt, marche,
et s'écrie : En avant! En avant! La foudre éclate. Son chapeau
garni de plumes est enlevé; nos rangs s'éclaircissent, et la
9e est arrêtée au bord du ravin. De grandes acclamations
retentissent du coté de l'habitation Vertières; l’on distingue
les cris de bravo ! bravo ! sortant des rangs de la garde
d'honneur de Rochambeau, spectatrice du combat. Un roulement
se fait entendre; le feu des Français cesse, et un cavalier,
se présentant devant le pont, dit aux indigènes : "Le
capitaine-général Rochambeau envoie son admiration à
l'officier général qui vient de se couvrir de tant de gloire".
Le hussard français se retira et le combat recommença avec une
nouvelle fureur. Les détonations multipliées du canon se
prolongeaient au fond des bois. Dessalines s'aperçut que s'il
ne s'emparait pas de la butte Charrier, le succès de la
journée lui échapperait. En se rendant maître de cette
position, il avait l'espoir de débusquer Rochambeau de la
butte de l'habitation Vertières et d'ouvrir à Capoix le chemin
de la barrière Bouteille. Capoix, depuis le commencement de la
journée, contenait l'ardeur des Français au pont du fort
Vertières. S'il avait fléchi un moment, l'armée indigène eut
été chassée du plateau du Haut du Cap. Dessalines demanda à
Gabart si, en s'emparant de Charrier, il ne serait pas certain
de la victoire. Gabart lui fit observer que les troupes, en
passant sous le feu croise des forts Bréda, Vertières et
Pierre Michel, s'exposeraient à être anéanties, "Je veux,
s'écria Dessalines, que le drapeau indigène flotte avant une
demi-heure sur le sommet de Charrier, dussé-je voir
disparaitre numéro par numéro tous les corps de l'armée; je
veux que vous passiez l'arme aux bras sous la mitraille des
forts". Qui eut pu arrêter l'élan de ces nombreuses colonnes
de troupes exaltées par cette énergique détermination de
Dessalines? Les Français avaient, depuis plusieurs
mois, désarmé la butte Charrier. Ils étaient loin de se douter
que les indigènes pussent concevoir le hardi projet de se
rendre maîtres de cette position protégée par Vertières. Le
soleil était déjà brulant; et les baïonnettes de la garde de
Rochambeau étincelaient au delà du ravin. II y avait trois
heures que l’on se battait avec acharnement sur tous les
points.
(1) Entrée du Cap.
escadrons, arriva au carrefour du Limbé. Le temps était
affreux; depuis plusieurs semaines, les pluies n'avaient cessé
de tomber avec abondance. L'armée fut contrainte de s'arrêter.
Le 23 Brumaire, (15 novembre) elle reprit sa marche et
atteignit le Morne Rouge. Dessalines établit son quartier
général sur l'habitation Lenormand. Là se réunit toute l'armée
qui devait assiéger le Cap. Elle était forte de quinze
demi-brigades d'infanterie et de trois escadrons fournissant
27.000 hommes. Gabart était à la tête de la 3e, de la 11e, de
la 20e et de deux bataillons de la 4e. Le général Jean
Philippe Daut commandait le 10e et le 3e bataillon de la 4e
composée de l'élite de la jeunesse du Port-au-Prince.
Clervaux, le plus ancien des généraux de l'armée, était à la
tête de la 6e, Christophe, ayant sous ses ordres le général
Romain, commandait la 1ere et la 2e. Capoix la mort était à la
tête de deux bataillons de la 9e du Port-de-Paix; et les
troupes de Léogane, de Jacmel, du Petit-Goave, composant les
21e, 22e, 23e et 24e étaient sous les ordres de Cangé. Les 14e
et 7e étaient commandées par Vernet.
Autour de Dessalines étaient rangés les dragons de la plaine
de l'Artibonite, armés de longs sabres, et la tête chargée de
vieux casques ombragés de panaches verts. Le colonel Charlotin
Marcadieux et les chefs d'escadron Paul Prompt et Bastien les
commandaient.
Nos soldats de pied bien armés avaient, depuis la prise du
Port-au-Prince, des munitions en abondance. Mais ils étaient
presque nus. Ils portaient des havresacs de peau de chèvre,
des besaces pour gibernes, et des chapeaux de paille. La
plupart des sous-officiers sans habits ni chemises, avaient à
la tête les marques de leurs grades. La 9e du Port-de-Paix
était le seul corps qui fut convenablement habillé. Elle avait
trouvé à la Tortue un dépôt considérable de vêtements de
troupes. Quant aux généraux, ils étaient tous couverts d'or.
Nos soldats amaigris par des marches forcées, aguerris par
mille combats, les lèvres chargées d'épaisses moustaches
noires, offraient un aspect terrible; et si la discipline qui
régnait souveraine dans l'armée n'avait établi un ordre
parfait dans les rangs, on eut pu les prendre pour des hordes
de brigands. Ils étaient loin de posséder cette tactique
européenne qui terrasse souvent le courage le plus brillant;
mais l'amour de la liberté et de l'indépendance, la haine
profonde qu'ils avaient vouée à leurs oppresseurs, les
conduisaient joyeux au combat et les rendaient invincibles.
Ils allaient porter le dernier coup à la puissance coloniale.
La prise du Cap devait les affranchir à tout jamais de la
Métropole, et ils avaient jure de vaincre ou de mourir.
L'enthousiasme éclatait sur leurs visages, et les chants de
liberté retentissaient dans les campagnes.
Dessalines, entouré des braves qui composaient son état-major,
était joyeux de la gaieté de l'armée. Il lui montrait le Cap
comme le terme de ses fatigues, et le dernier refuge des
monstres qui s'étaient baignés dans le sang indigène.
Un roulement général de tambours remplit le camp d'un bruit
prolongé; un profond silence s'établit. Il parcourut les
rangs, et les troupes, partant du Morne Rouge, défilèrent sous
ses yeux. Dessalines apprit que Rochambeau ne se doutait
nullement de ses projets audacieux. Il résolut, avant
d'attaquer les forts Breda et Vertières, élevés le long de la
grande route, d'envoyer les généraux Christophe et Romain
s'emparer de la Vigie qui domine le Cap, du coté opposé. Cette
manœuvre hardie avait pour but d'empêcher Rochambeau menacé du
coté de la Vigie d'envoyer des troupes au secours de Breda et
de Vertières.
Christophe, à la tête des le et 2e, après avoir enlevé
plusieurs postes ennemis, annonça le 17 novembre, à
Dessalines, qu'il attendait, pour s'efforcer d'atteindre le
sommet de la Vigie, qu'on commençât l'attaque de Breda. Il
était midi. Dessalines monté sur un cheval plein de feu,
accompagné d'un ingénieur, s'approcha du fort Breda et
l'examina avec la plus scrupuleuse attention: un fossé
l'entourait et entre ce fossé et les remparts s'élevait une
haie impénétrable d'aloès et d'autres plantes épineuses
entrelacées de fortes lianes. Les Français qui l'avaient
laissé s'approcher sans obstacle, lui lancèrent, pendant qu'il
se retirait, une grêle de balles, sans l'atteindre.
Dans la nuit du 25 au 26 Brumaire (17 au 18 novembre), il
confia le commandement de l'avant-garde à Capoix, le plus
intrépide de nos généraux, avec ordre, des que l'action
commencerait, d'aller en avant et de ne s'arrêter qu'à la
barrière Bouteille(1), dut-il périr avec toute la 9e
demi-brigade, sous les feux des forts qui dominaient le
chemin.
Cette manœuvre qui sera en partie exécutée par Capoix
amènera la capitulation du Cap. Le général Clervaux fit
dresser, à 200 toises de Bréda, une batterie d'un obusier de 6
pouces, d'une pièce de 4 et d'une pièce de 8, dont le
commandement fut confié à deux artilleurs, Zénon et Lavelanet.
Dans la même nuit, Dessalines fit dresser des retranchements
autour de Vaudreuil, non loin de Vertières. Il forma le corps
de réserve destiné à demeurer auprès de lui, des deux premiers
bataillons de la 4e, de la 8e et de la 20e.
Le 26 Brumaire (18 novembre 1803), à la pointe du jour, le
général Clervaux ordonna de commencer l'attaque. Les Français
battaient la diane dans le fort. Un boulet alla se fixer dans
les remparts de Bréda. Aussitôt les forts répandirent la mort
de toutes parts dans les rangs indigènes. Déjà une foule de
nos artilleurs étaient abattus, et notre batterie fut
démontée. Aussitôt le général Rochambeau sortit du Cap, à la
tête de sa garde d'honneur, et vint s'établir près du
blockhaus de Vertières. En même temps, les généraux Christophe
et Romain, descendant de la Vigie, s'emparaient au pas de
charge de la position de d'Estaing et refoulaient les Français
dans la place. Dessalines s'aperçut que les divisions Gabart,
Vernet et Cangé, l'arme aux bras dans le grand chemin, se
trouvaient exposées au feu le plus meurtrier de Pierre-Michel
qui dominait toutes les autres fortifications. Il se détermina
à tourner Bréda, à l'attaquer par derrière et à assaillir en
même temps toutes les positions qu'occupait l'ennemi. Par
cette manœuvre, il devait affaiblir le feu des Français et
l'empêcher de se diriger sur un seul point. Il envoya aussitôt
l'ordre au général Capoix qui suivait audacieusement la grande
route du Cap, de changer de direction et d'aller s'emparer de
la butte de l’habitation Charrier qui dominait Vertières. Il
existait au centre du plateau un ravin que traversait, en face
du fort Vertières, un petit pont à moitié brisé. Entre ce pont
et le fort s'élevaient des barricades au-dessus desquelles
étaient braquées contre l'armée indigène quatre pièces de
canon. Pour atteindre Charrier, Capoix devait en longeant le
ravin passer sous le feu de cette batterie. Quand il arriva
vis-à-vis du pont, il fut accueilli par un feu si vif que les
soldats des 9e, 7e, et 14e, qui formaient l'avant-garde
chancelèrent. Capoix, qui n'avait jamais fui devant les
Français, releva par son audace le courage de ses grenadiers,
et leur fit entendre sa voix terrible : "Il faut, mes braves,
nous rendre maîtres de cette butte; le salut de l'armée en
dépend. En avant!". Les grenadiers de la 9e s'élancèrent avec
rage au-devant de la mort. Mais l’artillerie française, bien
servie, les culbuta par de vives décharges. La 9e jeta un peu
de désordre dans les rangs de la 7e et de la 14e qui se
replièrent sur le quartier général.
Dessalines lança contre Vertières les 3e, 11e, 20e
demi-brigades qui furent à leur tour horriblement maltraitées.
Capoix bouillant de rage ramena ses soldats au combat. Bravant
la mort au premier rang, il arrêta l'élan des Français qui
déjà avaient franchi le ravin poursuivant les indigènes, la
baïonnette aux reins. Le combat se rétablit; mais la mitraille
faisait de grands ravages dans nos rangs, et les soldats les
plus intrépides de la 9e étaient renversés. Capoix fit un
dernier effort. Monte sur un cheval richement caparaçonné, il
s'élança de nouveau plein d'ardeur contre le fort. Ses soldats
le suivent; ils sont repoussés; il s'indigne; il les exhorte à
le suivre encore; il jure d'enlever la batterie; ses
grenadiers atteignent les barricades; mais ils tombent sous la
mitraille et la fusillade. Un boulet renverse son cheval.
L'intrépide général tombe; mais il se relève aussitôt, marche,
et s'écrie : En avant! En avant! La foudre éclate. Son chapeau
garni de plumes est enlevé; nos rangs s'éclaircissent, et la
9e est arrêtée au bord du ravin. De grandes acclamations
retentissent du coté de l'habitation Vertières; l’on distingue
les cris de bravo ! bravo ! sortant des rangs de la garde
d'honneur de Rochambeau, spectatrice du combat. Un roulement
se fait entendre; le feu des Français cesse, et un cavalier,
se présentant devant le pont, dit aux indigènes : "Le
capitaine-général Rochambeau envoie son admiration à
l'officier général qui vient de se couvrir de tant de gloire".
Le hussard français se retira et le combat recommença avec une
nouvelle fureur. Les détonations multipliées du canon se
prolongeaient au fond des bois. Dessalines s'aperçut que s'il
ne s'emparait pas de la butte Charrier, le succès de la
journée lui échapperait. En se rendant maître de cette
position, il avait l'espoir de débusquer Rochambeau de la
butte de l'habitation Vertières et d'ouvrir à Capoix le chemin
de la barrière Bouteille. Capoix, depuis le commencement de la
journée, contenait l'ardeur des Français au pont du fort
Vertières. S'il avait fléchi un moment, l'armée indigène eut
été chassée du plateau du Haut du Cap. Dessalines demanda à
Gabart si, en s'emparant de Charrier, il ne serait pas certain
de la victoire. Gabart lui fit observer que les troupes, en
passant sous le feu croise des forts Bréda, Vertières et
Pierre Michel, s'exposeraient à être anéanties, "Je veux,
s'écria Dessalines, que le drapeau indigène flotte avant une
demi-heure sur le sommet de Charrier, dussé-je voir
disparaitre numéro par numéro tous les corps de l'armée; je
veux que vous passiez l'arme aux bras sous la mitraille des
forts". Qui eut pu arrêter l'élan de ces nombreuses colonnes
de troupes exaltées par cette énergique détermination de
Dessalines? Les Français avaient, depuis plusieurs
mois, désarmé la butte Charrier. Ils étaient loin de se douter
que les indigènes pussent concevoir le hardi projet de se
rendre maîtres de cette position protégée par Vertières. Le
soleil était déjà brulant; et les baïonnettes de la garde de
Rochambeau étincelaient au delà du ravin. II y avait trois
heures que l’on se battait avec acharnement sur tous les
points.
(1) Entrée du Cap.
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Re: Forum spécial : Quand je suis haitien
Pendant que Capoix faisait des prodiges de valeur au pied du
fort Vertières entouré de cadavres, le général Gabart, armé
d'un fusil, et le général Jean-Philippe Daut, suivis tous les
deux d'un bataillon de la 10e et des jeunes soldats du
Port-au-Prince qui formaient le 3e bataillon de la 4e,
s'élancèrent dans la magnifique allée qui s'étendait le long
du ravin de Vertières. Les Français, voulant anéantir la
colonne, dirigèrent contre elle tous leurs coups. Des lignes
entières sont enlevées; mais elle avance au pas de charge,
sans être ébranlée, fière, au milieu de la mitraille, des
boulets et des balles. Le vide qui se fait dans les rangs est
aussitôt rempli par des soldats qui démontrent le plus grand
mépris de la mort. Ce feu ne put arrêter les deux bataillons
qui marchaient au travers de grands arbres renversés et de
cadavres indigènes. Enfin nos baïonnettes brillèrent avec
éclat au sommet de Charrier, et nos soldats répondirent
aussitôt au fort Vertières. Mais notre fusillade se tut
bientôt sous le feu nourri des Français. Il était onze heures.
Christophe qui avait établi une batterie au sommet de la Vigie
canonnait le Cap avec une prodigieuse activité. On entendait
sans interruption les détonations de l'artillerie et les
décharges de la mousqueterie. L'atmosphère était chargée d'une
épaisse fumée sans cesse déchirée par les obus et les bombes
qui éclataient dans l'air et venaient répandre la mort à
Charrier et au quartier général. Dessalines assis sur une
large pierre, donnait ses ordres et semblait jouir de ce
magnifique spectacle. Il s'aperçut que Rochambeau, à la tête
des grenadiers de sa garde, changeait de position. Craignant
qu'il n'allât débusquer Gabart et Jean-Philippe Daut de la
butte Charrier, il ordonna à Clervaux d'aller les renforcer, à
la tête de la 6e. Cette demi-brigade n'atteignit Charrier
qu'après avoir éprouvé des pertes considérables. Rochambeau,
voyant Capoix sur le point de forcer le passage que défendait
le fort Vertières, ne crut pas devoir donner assaut à la butte
Charrier : Capoix aurait pu, en s'élançant dans la savane
Champin, l'attaquer en queue et lui couper toute retraite sur
le Cap. Il fit établir au milieu de la savane une pièce de 16
qui joua activement contre Charrier. Malgré le feu soutenu des
forts, Dessalines fit aussitôt transporter par des canonniers
une pièce de 4 au sommet de Charrier. Elle ne tarda pas à
démonter la pièce de 16 que venaient d'établir les Français.
La cavalerie de la garde d'honneur de Rochambeau forte de 200
hommes se tenait immobile non loin du grand chemin, entre
Vertières et Champin, spectatrice de la bataille.
Sur le sommet étroit du tertre de Charrier étaient réunies les
4 e, 6 e et 10 e demi-brigades. Quatre généraux soutenaient le
courage des soldats que foudroyaient sans cesse les canons de
Vertières. Un espace de 200 pas s'étendait entre ces deux
positions. La fusillade des indigènes recommença, et la pièce
établie sur la butte Charrier joua vigoureusement. Le général
Clervaux, armé d'un fusil, sortait souvent des rangs, malgré
les instances des soldats, pour envoyer la mort aux Français.
L'adjudant-général Gérard, de son état-major, lorsqu'il allait
demander des ordres à Dessalines, au quartier-général, passait
avec la plus grande gaité sous le feu de Vertières. Gabart et
Jean-Philippe Daut excitaient l'admiration des soldats par
leur sang-froid. Les boulets et des bombes tonnant avec un
horrible fracas avaient écrasé la maison de Charrier. II n'y
eut plus aucun abri contre les projectiles. Clervaux ordonna
aux soldats de faire des élévations de terre contre la
mitraille. Le général Jean-Philippe Daut, dont le costume
brillant attirait les coups de l'ennemi, sortit aussitôt des
rangs et traça avec la pointe d'une baïonnette la ligne des
retranchements, sous des milliers de balles qui pleuvaient
autour de lui. Toutes les troupes se mirent à l'ouvrage et
malgré la mitraille des Français, les travaux furent achevés
en moins d'une heure. Auraient-ils pu ne pas vaincre, ces
braves, quand de tels généraux les guidaient au combat ?
Un caisson sauta dans l'enceinte de Vertières. L'explosion fut
si forte que les Français furent contraints de sortir du fort
rempli de fumée, avec deux pièces de canon. Aussitôt
Jean-Philippe Daut descendit pour les combattre. Il rencontra
un bataillon inébranlable contre lequel il fit de vains
efforts; il fut repoussé. Pendant que le désordre régnait dans
Vertières par l'explosion du caisson, Dessalines pensa qu'il
pourrait par une brillante charge de cavalerie s'ouvrir un
passage vers la barrière Bouteille. Il fit appeler Paul
Prompt, un des cavaliers les plus intrépides de l'Artibonite.
Celui-ci, la tête chargée d'un casque brillant, se présenta
devant le général en chef et le salua en inclinant la pointe
de de son sabre. "Paul Prompt, lui dit Dessalines, il faut que
dans quelques minutes, il n'y ait pas un seul blanc hors du
fort, ou que j'apprenne ta mort". Un escadron sortit du
quartier général, au son des fanfares, et fondit Paul Prompt
au premier rang, sur le carré que formaient les Français.
Chaque capitaine, à la tête de sa compagnie, attaqua
séparément. Les Français furent assaillis de toutes parts;
mais ils demeuraient inébranlables. Leur première ligne, genou
en terre, présentait la baïonnette, pendant que les deux
autres faisaient un feu des plus meurtriers. Nos dragons
venaient expirer contre ce rempart de fer et de feu. Par
intervalles les rangs ennemis s'ouvraient et la mitraille les
repoussait au loin. De nombreux chevaux remplissaient le ravin
du coté du pont brisé près de la barrière de Vertières. Paul
Prompt rallia ses cavaliers; et malgré les obstacles que des
chariots renversés présentaient dans le chemin, il se
précipita de nouveau contre le carré avec une si vive
impétuosité que les Français furent ébranlés. Alors
Dessalines voyant à ses cotés le commandant Dominique, lui
dit: "Dominique, je t'ai ôté ton bataillon à cause de ta
faiblesse dans diverses actions; eh bien ! voici l'occasion de
t'illustrer et de regagner mon estime; charge avec vaillance,
je te rendrai ton bataillon". Dominique se précipite sur les
Français, pousse son cheval jusque sur les baïonnettes et
reçoit la mort dans les rangs ennemis. Les dragons, animés par
l'exemple de Paul Prompt, attaquent le carré avec une espèce
de rage. Des chevaux se cabrant sur les baïonnettes de la
première ligne ouvrent un passage, et les Français, mis en
désordre et sabrés, rentrent dans le fort rempli de fumée.
Paul Prompt, emporté par son bouillant courage, pénètre dans
les fossés ou il reçoit la mort. Alors la cavalerie, vivement
mitraillée par les canons du fort, est culbuté; elle se replie
sur la 9e dont elle traverse les rangs, et rentre au quartier
général avec le corps de son chef. Dessalines se montra
affligé de la mort de Paul Prompt. La 7e, rangée en bataille à
cent pas du fort Vertières, et ayant à sa tête Guerrier, son
colonel, supportait héroïquement le feu des Français, depuis
le commencement de l'action. Après l'explosion du caisson,
elle s'était encore approchée du blockhaus.
fort Vertières entouré de cadavres, le général Gabart, armé
d'un fusil, et le général Jean-Philippe Daut, suivis tous les
deux d'un bataillon de la 10e et des jeunes soldats du
Port-au-Prince qui formaient le 3e bataillon de la 4e,
s'élancèrent dans la magnifique allée qui s'étendait le long
du ravin de Vertières. Les Français, voulant anéantir la
colonne, dirigèrent contre elle tous leurs coups. Des lignes
entières sont enlevées; mais elle avance au pas de charge,
sans être ébranlée, fière, au milieu de la mitraille, des
boulets et des balles. Le vide qui se fait dans les rangs est
aussitôt rempli par des soldats qui démontrent le plus grand
mépris de la mort. Ce feu ne put arrêter les deux bataillons
qui marchaient au travers de grands arbres renversés et de
cadavres indigènes. Enfin nos baïonnettes brillèrent avec
éclat au sommet de Charrier, et nos soldats répondirent
aussitôt au fort Vertières. Mais notre fusillade se tut
bientôt sous le feu nourri des Français. Il était onze heures.
Christophe qui avait établi une batterie au sommet de la Vigie
canonnait le Cap avec une prodigieuse activité. On entendait
sans interruption les détonations de l'artillerie et les
décharges de la mousqueterie. L'atmosphère était chargée d'une
épaisse fumée sans cesse déchirée par les obus et les bombes
qui éclataient dans l'air et venaient répandre la mort à
Charrier et au quartier général. Dessalines assis sur une
large pierre, donnait ses ordres et semblait jouir de ce
magnifique spectacle. Il s'aperçut que Rochambeau, à la tête
des grenadiers de sa garde, changeait de position. Craignant
qu'il n'allât débusquer Gabart et Jean-Philippe Daut de la
butte Charrier, il ordonna à Clervaux d'aller les renforcer, à
la tête de la 6e. Cette demi-brigade n'atteignit Charrier
qu'après avoir éprouvé des pertes considérables. Rochambeau,
voyant Capoix sur le point de forcer le passage que défendait
le fort Vertières, ne crut pas devoir donner assaut à la butte
Charrier : Capoix aurait pu, en s'élançant dans la savane
Champin, l'attaquer en queue et lui couper toute retraite sur
le Cap. Il fit établir au milieu de la savane une pièce de 16
qui joua activement contre Charrier. Malgré le feu soutenu des
forts, Dessalines fit aussitôt transporter par des canonniers
une pièce de 4 au sommet de Charrier. Elle ne tarda pas à
démonter la pièce de 16 que venaient d'établir les Français.
La cavalerie de la garde d'honneur de Rochambeau forte de 200
hommes se tenait immobile non loin du grand chemin, entre
Vertières et Champin, spectatrice de la bataille.
Sur le sommet étroit du tertre de Charrier étaient réunies les
4 e, 6 e et 10 e demi-brigades. Quatre généraux soutenaient le
courage des soldats que foudroyaient sans cesse les canons de
Vertières. Un espace de 200 pas s'étendait entre ces deux
positions. La fusillade des indigènes recommença, et la pièce
établie sur la butte Charrier joua vigoureusement. Le général
Clervaux, armé d'un fusil, sortait souvent des rangs, malgré
les instances des soldats, pour envoyer la mort aux Français.
L'adjudant-général Gérard, de son état-major, lorsqu'il allait
demander des ordres à Dessalines, au quartier-général, passait
avec la plus grande gaité sous le feu de Vertières. Gabart et
Jean-Philippe Daut excitaient l'admiration des soldats par
leur sang-froid. Les boulets et des bombes tonnant avec un
horrible fracas avaient écrasé la maison de Charrier. II n'y
eut plus aucun abri contre les projectiles. Clervaux ordonna
aux soldats de faire des élévations de terre contre la
mitraille. Le général Jean-Philippe Daut, dont le costume
brillant attirait les coups de l'ennemi, sortit aussitôt des
rangs et traça avec la pointe d'une baïonnette la ligne des
retranchements, sous des milliers de balles qui pleuvaient
autour de lui. Toutes les troupes se mirent à l'ouvrage et
malgré la mitraille des Français, les travaux furent achevés
en moins d'une heure. Auraient-ils pu ne pas vaincre, ces
braves, quand de tels généraux les guidaient au combat ?
Un caisson sauta dans l'enceinte de Vertières. L'explosion fut
si forte que les Français furent contraints de sortir du fort
rempli de fumée, avec deux pièces de canon. Aussitôt
Jean-Philippe Daut descendit pour les combattre. Il rencontra
un bataillon inébranlable contre lequel il fit de vains
efforts; il fut repoussé. Pendant que le désordre régnait dans
Vertières par l'explosion du caisson, Dessalines pensa qu'il
pourrait par une brillante charge de cavalerie s'ouvrir un
passage vers la barrière Bouteille. Il fit appeler Paul
Prompt, un des cavaliers les plus intrépides de l'Artibonite.
Celui-ci, la tête chargée d'un casque brillant, se présenta
devant le général en chef et le salua en inclinant la pointe
de de son sabre. "Paul Prompt, lui dit Dessalines, il faut que
dans quelques minutes, il n'y ait pas un seul blanc hors du
fort, ou que j'apprenne ta mort". Un escadron sortit du
quartier général, au son des fanfares, et fondit Paul Prompt
au premier rang, sur le carré que formaient les Français.
Chaque capitaine, à la tête de sa compagnie, attaqua
séparément. Les Français furent assaillis de toutes parts;
mais ils demeuraient inébranlables. Leur première ligne, genou
en terre, présentait la baïonnette, pendant que les deux
autres faisaient un feu des plus meurtriers. Nos dragons
venaient expirer contre ce rempart de fer et de feu. Par
intervalles les rangs ennemis s'ouvraient et la mitraille les
repoussait au loin. De nombreux chevaux remplissaient le ravin
du coté du pont brisé près de la barrière de Vertières. Paul
Prompt rallia ses cavaliers; et malgré les obstacles que des
chariots renversés présentaient dans le chemin, il se
précipita de nouveau contre le carré avec une si vive
impétuosité que les Français furent ébranlés. Alors
Dessalines voyant à ses cotés le commandant Dominique, lui
dit: "Dominique, je t'ai ôté ton bataillon à cause de ta
faiblesse dans diverses actions; eh bien ! voici l'occasion de
t'illustrer et de regagner mon estime; charge avec vaillance,
je te rendrai ton bataillon". Dominique se précipite sur les
Français, pousse son cheval jusque sur les baïonnettes et
reçoit la mort dans les rangs ennemis. Les dragons, animés par
l'exemple de Paul Prompt, attaquent le carré avec une espèce
de rage. Des chevaux se cabrant sur les baïonnettes de la
première ligne ouvrent un passage, et les Français, mis en
désordre et sabrés, rentrent dans le fort rempli de fumée.
Paul Prompt, emporté par son bouillant courage, pénètre dans
les fossés ou il reçoit la mort. Alors la cavalerie, vivement
mitraillée par les canons du fort, est culbuté; elle se replie
sur la 9e dont elle traverse les rangs, et rentre au quartier
général avec le corps de son chef. Dessalines se montra
affligé de la mort de Paul Prompt. La 7e, rangée en bataille à
cent pas du fort Vertières, et ayant à sa tête Guerrier, son
colonel, supportait héroïquement le feu des Français, depuis
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Du Civisme a l'organisation
Du civisme à l'organisation
Avec l'occupation, les cyclones et le tremblement de terre du 12 janvier 2010 qui ont contribué a acculer le pays dans un enfer financier ou le stress et la dépression demeurent la seule vraie économie de la Nation haitienne, celle ci doit rassembler son humanisme pour travailler à la réorganisation du pays. Le peuple doit savoir à présent qu'il est temps de se divorcer avec la mentalité meurtrière qui jette le pays dans le chaos pour penser à son organisation. Le peuple doit réaliser que certaines maximes barbares sont pire que la mort elle même pour le pays. On ne peut plus vivre sous le joug du ''degaje pa peche'' ou l'homme le plus magouilleur est le seul mieux qualitfié pour occuper le meilleur poste séparé de toute compétence si ce n'est que la partisannerie, le clientélisme, le parrainage qui commande les événements ou l'embauche. On ne peut plus vivre sous le joug infernal, funeste du ''degaje pas peche'' qui consacre le monde ténébreux de l'informel, de l'underground, de l'en dehors du rail, étant la déformation de la réalité ou tous les coups sont bons en dessous de la table. L'encensement ou le couronnement du chacun pour soi, chak koukou klere pour je li, naje pour soti.
La constitution est l'oeil ou mieux la boussole de la nation. Le code de la route qui empêche les accidents entre les automobilistes politiques, qui favorise la circulation de tous les chauffeurs de manière harmonieuse. Si l'on continue de croire dans la ''Baionnette se fer constitution se papier'', on sera porté à grossir le rang des baionettes tant pour se protéger que pour trouver sa patate vilement. Alors on grossira le camp de la raison du plus fort est toujours la meilleure de telle sorte qu'on finit par ériger une dictature de Baionnette, de lion, de renard pour entrainer la nation dans un ETAT DE NATURE commandé par la loi de homo homini lupus, donc dans le chaos l'absence de toute forme d'organisation.
Certes Bonaparte est à l'origine de la guerre de 1802 avec Toussaint après la promulgation de la constitution 1801qui le révoltait et de celle de 1803 avec Jean Jacques Dessalines. Car Napoleon avait pour projet macabre celui de détruire tous les chefs noirs ou indigènes. C'est un véritable monstre. Par contre, il jette des maximes pleines de réalités et de vérité qui appellent à la réflexion. Il y en une que tout Haitien doit garder en mémoire pour le guider. Au lieu d'un ''degaje pa peche'' ou d'un ''baionnette se fer constitution se papier'', qui nous égare dans la jungle politique, combien il serait mieux de se confier a sa maxime pleine de vérité teintée de sagesse, à savoir : ''avec des baionnettes on peut tout faire sauf s'asseoir sur elles''. C'est à dire qu'on peut conquérir le monde avec des armes, mais on ne peut nullement régner dans la violence. C'est dans ce même esprit que Ciceron a dit : Il faut que l'airain cède à la toge, c'est à dire que les militaires cèdent le pouvoir à un gouvernement civil.
A présent l'haitien doit apprendre à faire son choix entre 1) Le camp de la baionnette, du lion, de la force, du renard qui croit dans le degaje pa peche, symbole du chaos 2) et le camp de la loi, de la compétence, de la probité étant symbole de l'organisation.
Désormais tous doivent reconnaître que nul ne peut jamais asseoir sur des baionnettes. Alors messieurs respectez la constitution au lieu de la fouler au pied ou de la déchirer avec des baionnettes. Sinon les conducteurs, les chauffeurs politiques finiront pas s'accidenter dans un grand karanbolaj faute de code de la route et du respect des feux de la circulation.
Enfin pour mieux penser à l'unité et à l'organisation souvenons1) de notre titre honorifique de la prémière république noire du monde 2) de notre idéal national : liberté, égalité, fraternité et Indépendance 3) de notre devise nationale : L'union fait la force.
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